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Ecclesia non abhorret a sanguine. Les elections episcopates dans l'Eglise armenienne aux IV e -V e siecles Aram Mardirossian Pour les fils d'Aaron, tu feras des tuniques et des ceintures. Tu leur feras aussi des calottes qui leur ferom une glorieuse parure. Tu en revetiras Aaron, ton frere, et ses fils, puis tu les oindras, tu les in- vestiras et tu les consacreras a mon sacerdoce (...). Les pretres le- vites, toute la tribu de Levi, nauront point de part ni d'heritage avec Israel: ils vivront des mets offerts a Yahve et de son patri- moine. Cette tribu n'aura pas d'heritage au milieu de ses freres; c'est Yahve qui sera son heritage, ainsi qu'il le lui a dit. 1 "L'eveque doit porter en lui le modele de la conduite angelique et de la vie eternelle et de meme tous les docteurs; ou il n'y a pas de parente ni d'acception de personne, ni de corruption, ni aucune glorification de for- tune, mais avec modestie et observation des commandements ils s'appliquent a devenir le peuple de Dieu." 2 Cet extrait des Canons de Sa- 1 Exod28, 40-41, Deut 18, 1-2. 2 Canon 49 de Sahak le Parthe (V. Hakobyan, Livre des canons armeniens, vol. I, Erevan 1964, 409-410). Sauf mention contraire, l'ensemble des traductions des ca- nons armeniens et grecs qui suivent sont les notres. Les Canons de Sahak le Parthe font partie du Livre des canons armeniens (Kanonagirk' Hayoc\ desormais KH) compose par le catholicos Yovhannes Awjnec'i en 719. V. Hakobyan a donne une excellente edi- siecle et le XF siecle (Livre des canons armeniens, vol. II, Erevan 1971). La recente remise en cause de ce travail philologique par A. Hakobyan, Les sources de la littera- ture canonique armenienne V e -XIF siecles. Catalogue de Imposition Armenie: La magie de l'ecrit au Centre de la Vieille Charite a Marseille (27 avril-22 millet 2007), Paris/Marseille 2007, 158-159, nemporte pas la conviction. Examen des Canons de Sahak le Parthe par N. Akinian, Les canons attribues a saint Sahak. Etude litteraire, Handes Amsoreay 60, 1946-1947, 48-70, ici 61, qui nidentifie toutefois pas leur veri- table auteur, cf. A. Mardirossian, Le Livre des canons armeniens (Kanonagirk' Hayoc) Brought to you by | New York University Elmer Holmes Bobst Library Authenticated Download Date | 10/19/14 1:03 AM

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Ecclesia non abhorret a sanguine. Les elections episcopates dans l'Eglise armenienne aux IVe-Ve

siecles

Aram Mardirossian

Pour les fils d'Aaron, tu feras des tuniques et des ceintures. Tu leur feras aussi des calottes qui leur ferom une glorieuse parure. Tu en revetiras Aaron, ton frere, et ses fils, puis tu les oindras, tu les in-vestiras et tu les consacreras a mon sacerdoce (...). Les pretres le-vites, toute la tribu de Levi, nauront point de part ni d'heritage avec Israel: ils vivront des mets offerts a Yahve et de son patri-moine. Cette tribu n'aura pas d'heritage au milieu de ses freres; c'est Yahve qui sera son heritage, ainsi qu'il le lui a dit.1

"L'eveque doit porter en lui le modele de la conduite angelique et de la vie eternelle et de meme tous les docteurs; ou il n'y a pas de parente ni d'acception de personne, ni de corruption, ni aucune glorification de for­tune, mais avec modestie et observation des commandements ils s'appliquent a devenir le peuple de Dieu."2 Cet extrait des Canons de Sa-

1 Exod28, 40-41, Deut 18, 1-2.

2 Canon 49 de Sahak le Parthe (V. Hakobyan, Livre des canons armeniens, vol. I, Erevan 1964, 409-410). Sauf mention contraire, l'ensemble des traductions des ca­nons armeniens et grecs qui suivent sont les notres. Les Canons de Sahak le Parthe font partie du Livre des canons armeniens (Kanonagirk' Hayoc\ desormais KH) compose par le catholicos Yovhannes Awjnec'i en 719. V. Hakobyan a donne une excellente edi-

siecle et le X F siecle (Livre des canons armeniens, vol. II, Erevan 1971). La recente remise en cause de ce travail philologique par A. Hakobyan, Les sources de la littera-ture canonique armenienne V e-XIF siecles. Catalogue de Imposition Armenie: La magie de l'ecrit au Centre de la Vieille Charite a Marseille (27 avril-22 millet 2007), Paris/Marseille 2007, 158-159, nemporte pas la conviction. Examen des Canons de Sahak le Parthe par N. Akinian, Les canons attribues a saint Sahak. Etude litteraire, Handes Amsoreay 60, 1946-1947, 48-70, ici 61, qui nidentifie toutefois pas leur veri­table auteur, cf. A. Mardirossian, Le Livre des canons armeniens (Kanonagirk' Hayoc)

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hak le Parthe, pseudepigraphe compose au debut du VIF siecle par Yovhannes Mayragomec'i - chef de la frange julianiste au sein de l'Eglise armenienne - denonce en termes colores la principale caracteiistique du clerge armenien antique et medieval, a savoir l'heredite du sacerdoce, et plus particulierement de l'episcopat3. En ce sens, l'Eglise armenienne ne detestait done pas le sang, et cette specificite remontait a ses origines qu'il faut dater de la conversion au christianisme du pays par le roi Trdat IV le Grand en 311.4 En effet, contre toute attente, la conversion officielle des institutions et des personnes n'entraina pas de profondes remises en cause. Trdat aide de Grigor l'llluminateur - premier patriarche du pays a partir de 314 - s'efforcerent de substituer le christianisme au zoroastrisme - qui etait jusqu'alors la religion officiellement pronee par le pouvoir - en modi-fiant le moins possible l'ordre de la societe ou de l'Etat. Ainsi, au sein de la societe armenienne, le principe d'heredite et le systeme des trois classes - a savoir les princes (isxan) ou dynastes (naxarar), les nobles (azat) et les non nobles (ramik ou Hnakan) - etaient si profondement ancres qu'ils s'etendaient meme a l'Eglise.5 Des lors, le principe du cursus honorum qui, en theorie, regissait alors l'accession a l'episcopat dans l'Empire romain n'avait guere de chance de trouver une application en Armenie.

C'est contre cet etat de fait que les autorites ecclesiastiques arme-niennes tenterent de reagir a l'occasion du synode de Sahapivan de AAA en elaborant une legislation canonique destinees a instaurer un recrutement a l'episcopat fonde desormais sur le merite du candidat et non plus sa nais-

de Yovhannes Awjnec i. Eglise, droit et societe en Annenie du IV* au VIIF siecle, CSCO 606 Subsidia 116, Louvain2004, 582-588.

3 Sur Yovhannes Mayragomec'i et son immense ceuvre de faussaire qui s'etend aussi bien au droit, q u a la theologie, la pastorale ou la liturgie, cf. Mardirossian, Le Livre (cit. note 2), 255-268, 533-625. En dehors des textes canoniques, les Conseils moraux (Xrat varuc) - faussement attribues au patriarche Yovhannes Mandakuni (478-490) -constitue l'une des creations les plus importantes du vardapet (docteur) julianiste "Conseils moraux (en armenien classique)", Venise I860; traduction francaise Y. Ta-bakian, Les sermons de Jean Mandakuni, these de l'lnstitut catholique de Paris 1970, cf. aussi K. Ter Mkrc'ean, Yovhan Mandakuni et Yovhan Mayragomec'i, Solakat 1913,84-136).

4 A. Mardirossian, Le synode de Valarsapat (491) et la date de la conversion au christia­nisme du royaume de Grande Armenie (311), Revue des etudes armeniennes N.S. 28, 2001-2002, 249-260, pour l'hypothese d'une conversion de Trdat en 311. L'episcopat hereditaire n'etait alors pas uniquement present en Armenie. On le retrouve aussi, par exemple, au sein de l'Eglise merovingienne, cf. M. Heinzelmann, Bischofsherrschaft in Gallien. Zur Kontinuitat romischer Fiihrungsschichten vom 4. bis zum 7. Jahrhun-

vaux et Memoires 13, 2000, 683-705, id 695-696.

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sance.6 Chacun salt qu'en matiere de droit, il faut toujours distinguer la theorie et la pratique. Une chose est le programme contenu dans un texte juridique, une autre est son application concrete sur le terrain. Notre ex­pose sur les elections episcopales dans l'Eglise armenienne de l'Antiquite tardive sera done porte par cette dialectique, d'abord la theorie, puis la pratique.

La theorie

Afin de cerner au mieux la strategie mise en place par les autorites eccle-siastiques armeniennes, nous esquisserons dans un premier temps le sys-teme traditionnel d'accession hereditaire a l'episcopat, avant d'examiner, dans un second temps, les mesures elaborees par le synode de Sahapivan pour lutter contre ce systeme traditionnel.

Lesysteme traditionnel

Le caractere pregnant du principe d'heredite au sein de l'Eglise arme­nienne de l'Antiquite tardive a tout d'abord pour consequence que le cler-ge loin de former une classe particuliere est issu des deux classes supe-rieures, a savoir les princes ou dynastes et les nobles. Ainsi le patriarche -et non encore catholicos puisque ce titre n'apparait officiellement qu'au Vie si^cle7 _ e s t u n i n c e c o m m e k - e u r e i e d e s iYt a l o r s

les pretres, les diacres et les religieux sont principalement des nobles. A ce titre, tous beneficient d'une immunite fiscale qui fait d'eux des "azat 'libre' dans le Christ."8 Ensuite, a l'instar du patriarche, les autres membres de la

6 Hakobyan, Livre (cit. note 2), 422-466 pour l'edition des dispositions de ce sy­node dont le contenu a ete analyse par N. Akinian, Les canons du synode de Sahapivan. Etude litteraire a loccasion du 1500= anniversaire [du synode], Handes Amsoreay 63, 1949, 79-170 (en armenien moderne) et Mardirossian, Le Livre (cit. note 2), 41-251, 501-510.

7 N. Garsoi'an, L'Armenie, in: Histoire du christianisme. Vol. 3. Les Eglises d'Orient et d'Occident (432-610), ed. par J.-M. Mayeur et alii, Paris 1998, 1125-1167, 1130 n. 20.

8 Expression employee par Lazar P'arpeci dans sa Lettre a Vahan Mamikonean (Lazar P'arpec'i, Histoire de l'Armenie et Lettre a Vahan Mamikonean [en armenien clas-sique], ed. par G. Ter Mkrtc'ean et S. Makaseanc', Tbilissi 1904 [= New York 1985]; R.W. Thomson, The History of Lazar P'arpec'i, Atlanta 1991, 250). Cf. aussi Elise, ch. 2 (R. W. Thomson, Elishe. History of Vartan and the Armenian War, Cambridge, Ma. 1982, 97).

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hierarchie ecclesiastique transmettent en principe le sacerdoce a leurs des­cendants, en meme temps que les biens fonciers qui sont lies a la charge.

L'existence d u n tel type de clerge constitue une reprise pure et simple du systeme qui regissait la caste sacerdotale de l'ancien culte. De meme, qu'apres la christianisation du pays, Grigor l'llluminateur, chef de la nou-velle Eglise, reprend a son compte l'ensemble des titres et prerogatives detenus precedemment par le chef de la religion zoroastrienne, les autres membres du nouveau clerge heritent des droits et des biens des sanctuaires et ministres de l'ancienne religion. Toutefois, afin d'eviter qu'une telle mesure ne soit assimilee a une ^possession sommaire qui deboucherait immanquablement sur un engrenage de vengeance de sang entre les clans de l'ancienne caste sacerdotale et ceux des ministres chretiens, le roi Trdat le Grand et Grigor l'llluminateur deciderent d'elever de facon systema-tique les descendants des pretres paiens dans la foi chretienne, pour les rendre aptes a succeder a leurs parents comme ministres du vrai Dieu.9

Cependant, en raison de l'accroissement des lieux de culte, mais aussi de la liquidation de certaines families de l'ancienne caste sacerdotale restees fideles a leur culte traditionnel, et enfin, du probable refus de Grigor l'llluminateur de faire appel aux clercs du courant chretien syrien presents depuis longtemps dans le sud de l'Armenie, il fut necessaire de faire venir des ecclesiastiques de l'etranger. Ceci pourrait expliquer le long sejour de Grigor a Sebastee, en Armenie Mineure, pour recruter un "grand nombre de freres", selon l'expression d'Agat'angelos - source anonyme redigee vers 451 par un auteur qui se presentait faussement comme secretaire du roi Trdat le Grand - a qui Grigor confererait le sacerdoce et qu'il enverrait evangeliser le royaume de Grande Armenie.10

Le principe hereditaire et la societe dynastique ne concedaient aux au-torites ecclesiastiques qu'une faible maitrise sur le recrutement de ses cadres. Dans la societe de l'epoque, ou toutes les charges et tous les privi­leges resultaient de droits hereditaires et inalienables des families nobles ou princieres, l'impossibilite de choisir veritablement les eveques et les pretres

9 J.-P. Mahe, Loys Hawat: Foi lumineuse. La christianisation de l'Armenie, in: Tresors de l'Armenie ancienne, des origines au IVe siecle (Exposition au musee Dobree), ed. par J. Santrot e.a., Nantes 1996, 256-263, ici 259-262. Pour des exemples de cycles de vengeances dans l'Armenie antique et medievale, cf. N. Garsoi'an, Prolegomena to a Study of the Iranian Aspects in Arsacid Armenia", in: Ead., Armenia between Byzan­tium and Sasanians, Variorum Reprints, Londres 1985, X, col. 214-215 n. 47.

10 Agat'angelos, Histoire de l'Armenie 806 (R. W. Thomson, Agat'angefos. History of the Armenians, Albany et New York, 1976, 344-345), cf. les commentaires de G. Ga-ritte, Documents pour l'etude du livre d'Agathange, Studi e Testi 127, Vatican 1946 ; J.-P. Mahe, Le premier siecle de l'Armenie chretienne (298-387): De la litterature a l'histoire, Roma-Armenia, Le Vatican 1999, 64-72.

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affaiblissait grandement 1'institution patriarcale, surtout apres l'abolition de la royaute armenienne en 428 par l'empire perse et plus encore apres la disparition en 438 de Sahak le Parthe, qui fut Fultime descendant de Gri-gor rilluminateur a la tete de l'Eglise armenienne. II ne fait guere de doute, qu'une telle situation etait particulierement perilleuse au moment ou cette derniere, menee par les disciples de Sahak le Parthe et de Mesrop Mastoc', l'inventeur de l'alphabet armenien, luttait pour sa survie. En effet, l'empereur perse Yazdgerd II, qui regne a partir de 438, decide d'imposer le zoroastrisme a tous les territoires armeniens places sous son autorite. C'est dans ces conditions que le 24 juin AAA, l'ensemble des dy-nastes et des princes armeniens, accompagnes de leurs armees, ainsi que des eveques et des clercs assembles pour la reunion traditionnelle du nou-vel an dans la residence du general en chef, Vardan Mamikonean a Sahapivan, deciderent, pour la premiere fois dans l'histoire de l'Eglise armenienne de se consumer en synode.11 L'objectif premier de cette as­semble etait d'elire et de consacrer Yovsep' Holoc'mec'i, disciple de Me­srop Mastoc', comme patriarche. Mais les peres de Sahapivan estimerent aussi que l'adoption dune legislation canonique reellement adaptee au pays constituait un acte essentiel pour la preservation de leur Eglise face a la menace perse, ainsi qua celle que faisait peser les differents courants heterodoxes presents alors dans le pays.12

Les dispositions qu'ils promulguerent n'etaient pas entierement nou-velles: certaines reprenaient la Collection d'Antioche - premier corpus ca-

tion en armenien etait alors toute recente, tandis que d'autres s'inspiraient de la Doctrine des apotres, c'est-a-dire une serie de canons pseudo-apostoliques syriens egalement presents dans le pays depuis peu de temps.13 Afin de donner plus d'autorite et d'autonomie a 1'institution pa­triarcale, le synode de Sahapivan prit des dispositions pratiquement revo-lutionnaires qui heurtaient de front le mode traditionnel d'accession a la clericature et tout particulierement a l'episcopat. Passons a l'examen de ces mesures.

11 Determination de cette date par Akinian, Les canons (cit. note 6), 91-97. 12 Mardirossian, Le Livre (cit. note 2), 41-251, 501-532. 13 Sur la Collection d'Antioche, cf. A. Mardirossian, La Collection canonique d'Antioche.

Eglise, her&ie et droit a travers le premier recueil de legislation canonique, ACHC Byz, Paris 2010 et pour l'edition de la Doctrine des apotres Y. Tasean, Doctrine des apotres. Livre de canons apocryphes (en armenien classique), Vienne 1896.

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La reformedu synode de Sahapivan

Commencons immediatement par mentionner le texte initial du canon 16 du synode de Sahapivan debarrasse des interpolations operees par la suite au Vlie siecle par Yovhannes Mayragomec'i, dont nous avons deja parle plus haut: "Que nul sans la volonte de l'eveque principal du pays ne de-vienne eveque." Le passage est court mais clair. La suite du canon qui evoque les ordinations de facon generale ajoute que, si pour installer des prelats ou des pasteurs pour l'Eglise, l'ordinand "accepte des gratifications et refuse de choisir la verite, c'est-a-dire le candidat le plus digne, meme si ce candidat fait partie des plus humbles et des plus meprisables, que ceux qui ont recu les dons corrupteurs soient anathematises par le Seigneur, et qu'ils restituent le double. Ceux qui ont donne les dons corrupteurs ne pourront les reprendre, et ceux-ci seront distribues aux pauvres."14

II ressort de ce texte que desormais le merite constitue l'unique critere de recrutement des nouveaux eveques, afin d'instaurer un acces egal a la clericature. Pour cela, le canon denonce les autorites ecclesiastiques qui se rendent coupables de simonie ou de partialite dans 1'intention d'ecarter les candidats de basse origine. Ainsi ce texte condamne aussi bien le corrup­t e e que l'ordinand, tout en rappelant que les candidats aux dignites eccle­siastiques ne doivent pas etre choisis en fonction de leur origine sociale, mais en raison de leurs merites personnels, "meme s'il s'agit — ajoute le texte - d u n individu des moins honorables et des plus meprises, pourvu qu'il ait le zele de la saintete et de la loi divine". Sur ce point, les peres de Sahapivan pouvaient s'inspirer du canon 20 de la Doctrine des apotres d'origine syrienne qui disposaient que: "Ceux qui ecartent leur personne de Mamon, et ne courent pas apres le gain pecuniaire, qu'ils soient choisis et s'approchent du ministere de l'autel". De plus le canon 26 de ce meme texte precise: "Celui qui est revetu de l'autorite sacerdotale ne doit pas agir d'une facon injuste et malhonnete, mais uniquement avec justice et sans hypocrisie."15

Quoiqu'il en soit, le synode de Sahapivan laisse entendre qu'il y avait deja a cette epoque en Armenie des dignitaires ecclesiastiques d'origine non noble. Le canon 16 de cette assembled evoque en effet "les eveques ou les pretres d'origine noble ou paysanne." Mais de tels cas devaient etre relativement rares, l'objectif de la disposition etant precisement de sup-primer toute discrimination sociale, car dans la pratique, lorsqu'une per­sonne de basse origine cherchait a acceder a l'episcopat, elle pouvait en etre

14 Cf. Mardirossian, Le Livre (cit. note 2), 142-162.

15 Mardirossian, Le Livre (cit. note 2), 144-145.

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empechee au moins de deux manieres: soit par prejuge nobiliaire, soit par corruption. Ceci nous amene a passer au second volet de notre expose, qui peut se resumer en une question: la legislation revolutionnaire du synode de Sahapivan relative a l'accession a l'episcopat a-t-elle connu une application concrete surle terrain?

La pra t ique

Le canon 16 de Sahapivan indiquait de facon imperative que nul ne pou-vait devenir eveque sans l'accord du patriarche. Le pouvoir de consacrer de nouveaux eveques revient au chef de l'Eglise armenienne des saint Grigor rilluminateur. Apres la conversion du royaume, il est probable - comme nous l'avons vu - que ce dernier avait recrute la majeure partie des eveques de son Eglise parmi les "freres de Sebastee", qu'il avait ramene avec lui en grande Armenie. En effet, sur les douze eveques consacres par le saint qui sont mentionnes par Agat'angelos, huit portent des noms d'origine grecque ou semitique et, par consequent, ne peuvent etre des enfants des membres de l'ancienne caste sacerdotale locale.16 Grigor rilluminateur souhaitait evidemment placer des hommes de confiance pour encadrer les pretres et les diacres de la nouvelle Eglise, qui, dans leur majorite eux devaient etre les descendants de ces pretres de l'ancien culte. Grigor et le roi Trdat ont du en l'occurrence negocier avec les chefs de ces families princieres allies, afin qu'ils acceptent, dans un premier temps, qu'un prelat etranger soit l'eveque de leur canton, quitte a ce que par la suite, une fois le diocese mieux organise, un membre du clan local prenne le relais.17

Le pouvoir exclusif reconnu au patriarche de creer des eveques, qui procurait a son detenteur une tres grande autorite, y compris vis-a-vis du pouvoir seculier, ne fut que tres rarement remis en cause.18 Le Buzandamn - source armenienne anonyme redigee vers 470 et attribute a tort a un

ayant etabli Yusik II a sa place, en le dispensant de se rendre a Cesaree de Cappadoce pour recevoir la consecration episcopale, l'archeveque de cette

16 Agat'angelos 845 (Thomson, Agat'angelos. [cit. note 10], 378-381).

N. Garsoi'an et J.-P. Mahe, Des Parthes au Califat. Quatre lemons sur la formation de I'identite armenienne. Centre de recherche d'histoire et de civilisation de Byzance, Paris 1997,79-105,88.

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cite aurait replique en reunissant un concile provincial, qui decida de reti-rer au chef de l'Eglise armenienne le droit de consacrer des eveques. De-sormais tous les futurs candidats a l'episcopat auraient du - d'apres le Bu-zandaran - se rendre a Cesaree pour y etre consacres.19 Mais Nina Garsoi'an a montre que ce recit confond deux evenements distincts: dune part l'arret de facto de la consecration du patriarche armenien a Cesaree, et d'autre part, a la suite de cette rupture, la consecration des eveques arme-niens sous le controle des Perses au V^ siecle, ce qui represent! une pra­tique contemporaine et de fait bien connu de l'auteur du Buzandaran™

Si le canon 16 de Sahapivan ne formule aucune autre exigence concer-nant la mise en place des eveques, il n'en va de meme pour les dispositions de la Collection d'Antioche. Pour une meilleure clarte de l'analyse, il con­sen t de mentionner a grand traits, l'ensemble des modalites d'acces a l'episcopat en vigueur dans l'Eglise imperiale aux IVe-Ve siecles. L'accession de l'eveque a la fonction se deroule en deux etapes. Dans un premier temps, le choix de la personne, pour lequel la regie est l'election; puis dans un second temps, la consecration. Mais il faut reconnaitre que la distinction entre les deux phases n'est pas toujours tres claire dans certains textes. Un bon exemple est fourni dans ce domaine par le canon 4 du concile de Nicee qui emploie successivement deux expressions differentes: kathistasthai, puis cheirotonia, deux termes dont les sens respectifs peuvent preter a discussion. Certains auteurs estiment que le premier vocable fait reference a l'ensemble de la procedure d'accession a l'episcopat, a savoir l'election, la consecration ainsi que Installation, et de fait, ils le traduisent par "etre etabli". Quand au second mot, cheirotonia, il indiquerait l'accomplissement d'un rite d'ordination, d'ou sa traduction par "conse­cration."21

Dans tous les cas, s'agissant du choix, le principe est que tous les eveques de la province doivent prendre part a l'election de leur nouveau collegue, qui devra etre confirmee par le metropolitain comme le precise de facon explicite le canon 19 du concile d'Antioche reuni en 328: "Un eveque ne sera pas ordonne sans un synode ni la presence de l'eveque de la metropole de la province ; celui-ci present, mieux vaut en tout cas que se trouvent avec lui tous [les eveques] de la province collegues dans le minis-

19 Buzandaran V, 29 (N. Garsoi'an, The Epic Histories Attributed to P'awstos Buzand, Cambridge Ma. 1989,209-210).

20 Garsoi'an, Epic Histories (cit. note 19), 322-323 n. 7. 21 C. Vogel, Ordinations inconsistantes et caractere inamissible, Turin 1978, J. Gaude-

met, L'Eglise dans l'Empire romain (IVe"Ve siecles), Paris 21990, 330; P. L'Huillier, The Church of the Ancient Councils. The Disciplinary Work of the Four First Ecu­menical Councils, Crestwood, NY 1996, 36-37.

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tere, que le metropolite doit convoquer par lettre ; et si tous peuvent venir, ce sera mieux ; mais si cela etait difficile, au moins faut-il que la majorite en tout cas soit presente ou apporte ses suffrages par ecrit a institution [de l'eveque] ; et, de cette facon, l'institution se fera en presence ou avec le suffrage de la majorite. Mais s'il arrive que l'institution ait lieu dune ma-mere contraire a ce qui a ete reglemente, l'ordination sera sans effet. Mais si l'institution a lieu selon le canon reglemente, [et] que quelques-uns s'y opposent par leur esprit de chicane, le vote de la majorite l'emportera."22

Peu apres, les Canons de Laodicee rappellent que "les eveques seront etablis par le jugement des metropolites et des eveques des environs pour l'autorite ecclesiastique, apres avoir ete longuement eprouves a la fois dans l'expression de la foi et dans l'honnetete de leur conduite de vie."23

Le silence de ces differents canons sur une quelconque participation du clerge diocesain ou des laics a la designation de l'eveque ne signifiait pas que ceux-ci ne jouaient aucun role a cette occasion. Cette participation parait toutefois se reduire progressivement au IV* siecle, et la hierarchie gagne ce que perd le peuple. S'agissant de la consecration, le concile de Nicee et les autres dispositions de la Collection d'Antioche laissent entendre que celle-ci doit se derouler en presence de tous les comprovinciaux. Tou­tefois, une procedure moins exigeante est prevue au cas ou des motifs se-rieux rendraient impossible cette reunion pleniere. En effet, la presence de trois eveques sera alors suffisante, les autres faisant parvenir leur accord par ecrit.24

Quelle effective pouvait avoir ces differentes mesures en Armenie? A priori, l'heredite du sacerdoce avait pour consequence d'exclure tout sys-

22 Mardirossian, La Collection (cit. note 13), 296-297. Sur la date de ce concile longtemps confondu avec l'assemblee inEncaeniis tenue dans la meme ville en 341, cf. E. Schwartz, Zur Geschichte des Athanasius, in: Id., Gesammelte Schrifien, Vol. 3, Berlin 1959, 216-230 ; R. W. Burgess, The Date of the Deposition of Eustathius of Antioch, journal of Theological Studies, NS 51,2000, 150-160. La version armenienne du c. 19 d'Antioche present dans le KH (Hakobyan, Livre [cit. note 2], 217-218) reprend assez fidelement son "modele" grec, cf. Mardirossian, Le Livre (cit. note 2), 332-333.

23 Mardirossian, La Collection (cit. note 13), 304-305. C. 12. La encore, le texte ar-menien (Hakobyan, Livre [cit. note 2], 217-218) reste tres proche de l'original grec, cf. Mardirossian, Le Livre (cit. note 2), p. 333. Examen de la version latine du canon par j . Gaudemet, Note sur la transmission des canons 12 et 13 du Concile de Laodi­cee relatifs a la designation des eveques, Liber amicorum Monseigneur Onclin, ed. par R.Baccarie.a.,Gembloux 1976, 87-98.

24 C. 4 du concile de Nicee. Les Canons apostoliques (c. 1) prevoient une procedure encore plus souple: "L'eveque est done ordonne par deux ou trois eveques (...)", tra­duction M. Metzger, Les Constitutions apostoliques, t. Ill, Sources chretiennes 336, Paris 1987, 275, cf. Mardirossian, La Collection (cit. note 13), 173-174.

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446 Aram Mardirossian

teme electif et on note que les peres de Sahapivan n'emploient a aucun moment le terme antrut'iwn qui signifie "election" en armenien, mais plutot l'expression "celui qui devient {lic'i) eveque." De plus, en l'absence d'organisation metropolitan, tous les dioceses dependen t directement du patriarcat. Par consequent, l'unique type d'assemblee synodale connu pour notre periode est celui qui reunissait l'ensemble de l'episcopat autour du patriarche et done, seul ce synode general aurait pu servir de support a la procedure collective prevue par les canons de la Collection d'Antioche. Or, aucun des synodes generaux connus ne parait avoir eu pour objet de designer un simple eveque. Cela se comprend aisement du fait que, la reunion de ces assemblies constituait une procedure materiellement ex-tremement lourde qu'il etait impossible de repeter regulierement. Des lors, compte tenu du principe hereditaire et du systeme des classes, on peut penser que lorsque, dans un canton, le siege episcopal etait vacant, le clan maitre des lieux designait l'un de ses membres comme successeur de l'ancien eveque. Ce candidat devait ensuite etre consacre par le patriarche, qui, en theorie, pouvait le rejeter s'il ne lui convenait pas. Face a cette sorte de droit de veto dont disposait le chef de l'Eglise, le prince du clan pouvait s'adresser au roi, puis apres 428, au gouverneur (marzpan) pour lui de­m a n d s de faire pression sur le patriarche, afin qu'il acceptat de consacrer son candidat. L'issue dun tel conflit devait dependre avant tout du rap­port de force entre les parties.25

Observons que le synode de Sahapivan ne dit mot sur trois autres questions soulevees par differents canons de la Collection d'Antioche, a savoir les interstices, l'age du candidat a l'episcopat et la libre acception de la prelature par ce candidat. Ce silence pourrait d'une maniere generale s'expliquer par le fait que ces differentes modalites d'accession a l'episcopat devaient largement s'effacer devant le caractere imperieux de l'heredite du sacerdoce dans le pays de Grigor l'llluminateur.26

Quel bilan pouvons-nous dresser de la reforme projetee par le canon 16 du synode de Sahapivan?

Force est de constater quelle ne put s'appliquer integralement et du-rablement. En depit d'une nouvelle et vigoureuse tentative impulsee -pour des motifs totalement differents que les peres de Sahapivan - par Yovhannes Mayragomec'i au debut du VIF siecle contre l'heredite du sacerdoce, l'ensemble des resistances evoquees ci-dessus aboutit a ce que ni le systeme des classes, ni l'heredite du sacerdoce ne furent reellement remis

25 Mardirossian, Le Livre (cit. note 2), 155. 26 Mardirossian, Le Livre (cit. note 2), 157-159.

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Ecclesianonabhorret a sanguine 4 4 7

en cause.27 Bien au contraire, au debut du VIIF siecle, le synode de Duin, reuni en 719 par le catholicos Yovhannes Awjnec'i - redacteur a cette occasion du corpus officiel de droit canonique armenien, le Kanonagirk' Hayoc'- legitime le principe d'heredite lorsqu'il replique avec vigueur aux critiques formulees, en 692, par le concile in Trullo sur cet aspect des moeurs ecclesiastiques armeniennes.28 Yovhannes Awjnec'i proclame dans le canon 8 du synode de Duin, "qu'il convient, selon la regie des Levites, de recevoir a titre hereditaire la grace de l'Eglise." Les temps avaient chan­ge. Contrairement aux peres de Sahapivan qui representaient une Eglise aux abois, recherchant ardemment la communion de l'Eglise grecque, le catholicos Yovhannes Awjnec'i est le chef dune institution solidement etablie, concordataire avec le califat et premunie, par les armes arabes, contre toute intervention byzantine. Le catholicos constitue desormais la seule autorite stable, representant permanent de la nation toute entiere. Promoteur dune politique anti-chalcedonienne de rupture avec l'empire byzantin, il milite pour la preservation des particularismes de l'organi-sation ecclesiastique armenienne dont l'heredite du sacerdoce constitue un des elements les plus notable.

27 L'episcopat cessa certes d'etre hereditaire en Armenie apres la disparition en 438 du patriarche Sahak le Parthe - lui-meme marie - , mais le reste du clerge demeura large-ment hereditaire. Les pretres et les diacres pouvaient avoir une epouse pour peu qu'ils aient pris la peine de se marier avant leur ordination. Plus generalement, meme pour les eveques et les prelats reguliers, le sacerdoce - ainsi que les biens qui y etaient atta­ches - restaient en principe au sein du clan, car, c'est presque toujours un proche pa­rent qui prenait la suite du clerc defunt y compris parfois s'agissant du catholicos, cf. Mahe, Le role (cit. note 18), 84-85. Des donnees importantes sont fournies en matiere de droit successoral par le synode de Duin de 645 (c. 8) dont les dispositions n'ont pas ete integrees par Yovhannes Awjnec'i dans son KH, cf. Mardirossian, Le Livre (cit. note 2), 277-278, 352.

28 C. 33 du concile in Trullo, cf. H. Ohme, Concilium Quinisextum - Das Konzil Quinisextum, Turnhout 2006, 74-75. Les Seconds canons apostoliques (c. 70) presents dans le KH (Hakobyan, Livre [cit. note 2], 94) - dont loriginal grec avait ete compose vers 370 a Antioche, cf. Mardirossian, La Collection (cit. note 13), 65-72 - prohi-baient deja l'heredite des offices ecclesiastiques, cf. Mahe, Le role (cit. note 18), 82 n. 13. De plus, le concile d'Antioche (c. 22) defendait a un eveque de designer son suc­cesses: "II n'est pas permis a un eveque d'etablir quelqu'un a sa place, s'il est deja pres de la mort. Mais si une chose de ce genre se produit, Installation de cet (homme-)la sera invalide. Mais il faut observer les dispositions de l'Eglise, a savoir qu'on ne peut pas faire un eveque, a moins de promouvoir quelqu'un en union avec d'autres eveques et a la suite d'une election faites par eux apres la mort de l'eveque, selon leur pouvoir et le selon le merite du candidat" (traduction C. Mercier, j . -P . Mahe, Les canons des conciles cecumeniques et locaux en version armenienne, Revue des etudes arme­niennes N.S. 15, 1981, 187-262); cf Mardirossian, Le Livre (cit. note 2), 333 n. 228.

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