Epopée_Légende

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  • 8/15/2019 Epopée_Légende

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    Les Dépêches de Brazzaville - Samedi 7 mai 2016

    - www.lesdepechesdebrazzaville.fr -

    1ÉDITION DU SAMEDI

    www.adiac-congo.comN° 2603 DU 07 AU 13 MAI 2016 / 200 FCFA, 300 FC, 1€

     

    JEUX

    HOROSCOPEPAGE 16

    PAGE 15

    L’Afrique a perdu un grand baobab. Une personnalité hors pair dont le talent

    ne peut être circonscrit dans une case particulière. Papa Wemba. Un homme,plusieurs styles, plusieurs sobriquets, un parcours atypique et passionnant.Il est en Afrique, l’un des rares qui a eu une carrière bien remplie, riche entubes et en rebondissements. Ce qui a fait de lui l’un des artistes les plus

    prolifiques de sa génération. Sur les deux rives du fleuve Congo, les bouches

    s’accordent pour faire de lui le roi de la religion « kitendi ». Seul son nom suf-fit pour mettre tout le monde d’accord. Le 4 mai dernier, Papa Wemba a étéinhumé à la Nécropole entre terre et ciel dans la commune de N’Sele devantune foule immense venue des quatre coins du monde.

    La Nécropole entre terre et ciel dans la commune de N’Sele, zone périphérique de Kinshasa,est la nouvelle adresse temporaire du maestro, Jules Shungu Wembadio Pene Kikumba ditPapa Wemba en attendant qu’un mausolée lui soit construit. Son dernier voyage le mercredi4 mai a eu les honneurs de la population tout entière. Page 14

    RIVA KALIMAZI LOMBUME 

    « Il avait la capacité de semettre au même niveau queses interlocuteurs »

    Page 4

    Spécial Papa Wemba

    L’épopée d’une légende

    Credit photo AFP 

    Nécropole entre terre et ciel

    La nouvelle demeure de Papa Wemba

     Lieu réservé pour l’oraison funèbre de Papa Wemba à la Nécropole entre terre et ciel 

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    Les Dépêches de Brazzaville - Samedi 7 mai 2016

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    2 / NUMÉRO SPÉCIAL

    LES DÉPÊCHESDE BRAZZAVILLE

    Les Dépêches de Brazzaville sont une publicationde l’Agence d’Information d’Afrique centrale (ADIAC)

    Site Internet : www.brazzaville-adiac.com

    DIRECTION

    Directeur de la publication : Jean-Paul PigasseSecrétariat : Raïssa Angombo

    RÉDACTIONS

    Directeur des rédactions : Émile GankamaAssistante : Leslie KangaPhotothèque : Sandra Ignamout

    Secrétariat des rédactions : Clotilde Ibara, Jean KodilaRewriting : Arnaud Bienvenu Zodialo,Norbert Biembedi, François Ansi

    Rédaction de BrazzavilleRédacteurs en chef : Guy-Gervais Kitina,Thierry NoungouService Société : Parfait Wilfried Douniama (chef de service)Guillaume Ondzé, Fortuné Ibara, Lydie Gisèle OkoService Politique : Roger Ngombé (chef de service),Jean Jacques Koubemba, Firmin Oyé Service Économie : Nancy France Loutoumba (chef de service) ;Quentin Loubou, Fiacre Kombo, Lopelle Mboussa GassiaService International : Nestor N’Gampoula (chef de service),Yvette Reine Nzaba, Josiane Mambou Loukoula,Rock Ngassakys

    Service Culture et arts : Bruno Okokana (chef de service),Hermione Désirée Ngoma, Rosalie BindikaService Sport : James Golden Eloué (chef de service),Rominique Nerplat Makaya

    Rédaction de Pointe-NoireRédacteur en chef : Faustin AkonoLucie Prisca Condhet N’Zinga, Hervé Brice Mampouya,Charlem Léa Legnoki, Prosper Mabonzo, Séverin IbaraCommercial : Mélaine EtaBureau de Pointe-Noire : Av. Germain Bikoumat :Immeuble Les Palmiers (à côté de la Radio-CongoPointe-Noire). Tél. (+242) 06 963 31 34

    Rédaction de KinshasaDirecteur de l’Agence : Ange PongaultCoordonateur : Jules Tambwe Itagali

    Politique : Alain DiassoÉconomie : Laurent EssolomwaSociété : Lucien DianzenzaSports : Martin EnyimoService commercial : Adrienne LondoleBureau de Kinshasa : 20, avenue de la paix Gombe -Kinshasa - RDC - Tél. (+243) 015 166 200MaquetteEudes Banzouzi (chef de service)Cyriaque Brice Zoba, Mesmin Boussa, Stanislas Okassou

    INTERNATIONALDirectrice: Bénédicte de CapèleAdjoint à la direction : Christian BalendeRédaction : Camille Delourme, Noël Ndong,

    Marie-Alfred NgomaAdministration : Béatrice Ysnel

    ÉDITION DU SAMEDIDirecteur de rédaction : Émile GankamaRédactrice en chef : Meryll MezathDurly-Émilia Gankama

    ADMINISTRATION ET FINANCESDAF : Lydie PongaultSecrétariat : Armelle MounzeoDAF Adjoint,Chef de service : Abira KiobiSuivi des fourrnisseurs : Farel MbokoComptabilisation des ventes, suivi des annonces : WilsonGakossoPersonnel et paie : Martial MombongoStocks : Arcade Bikondi

    Caisse principale : Sorrelle Oba

    PUBLICITÉDirecteur : Charles ZodialoAssistante commerciale : Hortensia OlabouréCommercial Brazzaville : Rodrigue Ongagna,Mildred MoukengaCommercial Pointe-Noire : Mélaine Eta Anto

    DIFFUSIONDirecteur : Philippe GarcieAssistante de direction : Sylvia AddhasDiffusion de Brazzaville : Guyche Motsignet,Brice Tsébé, Irin MaouakaniDiffusion Kinshasa : Adrienne Londole

    Diffusion Pointe-Noire : Bob Sorel Mou mbelé Ngono

    INFORMATIQUEDirecteur : Gérard Ebami-SalaNarcisse Ofoulou Tsamaka (chef de service),Rively Gérard Ebami-Sala, Myck Mienet Mehdi,Mbenguet Okandzé

    IMPRIMERIEDirecteur : Emmanuel MbenguéAssistante : Dina Dorcas TsoumouDirecteur adjoint: Guillaume PigasseAssistante : Marlaine AngomboGestion des ressources humaines : Martial MombongoChef de service pré-presse :Eudes BanzouziChef de production : François Diatoulou MayolaGestion des stocks : Elvy Bombete

    LIBRAIRIE BRAZZAVILLEDirectrice : Lydie PongaultÉmilie Moundako Éyala (chef de service), Eustel ChrispainStevy Oba, Nely Carole Biantomba, Epiphanie MozaliAdresse : 84, bd Denis-Sassou-N’Guesso, immeubleLes Manguiers (Mpila), Brazzaville - République du CongoTél. : (+242) 06 930 82 17

    GALERIE CONGO BRAZZAVILLE

    Directrice : Lydie PongaultHélène Ntsiba (chef de service), Astrid Balimba

    LIBRAIRIE-GALERIE CONGO PARIS

    Directrice : Bénédicte de CapèleResponsable achats, logistique : Béatrice YsnelResponsable animation : Marie-Alfred NgomaAssistante : Laura Ikambi23, rue Vaneau - 75007 Paris - FranceTél. : (+33) 1 40 62 72 80Site : www.lagaleriecongo.com

    ADIACAgence d’Information d’Afrique centrale

    www.lesdepechesdebrazzaville.comSiège social : 84, bd Denis-Sassou-N’Guesso,immeuble Les Manguiers (Mpila), Brazzaville,

    République du Congo / Tél. : (+242) 05 532.01.09

    Président : Jean-Paul PigasseDirectrice générale : Bénédicte de CapèleSecrétaire général : Ange Pongault

    Bureau de Paris (France)38 rue Vaneau 75007 Paris/Tél. : (+33) 1 45 51 09 80

    Éditorial

    Dimanche 24 avri l 2016. Il est 5h24 mi-nutes, les lampions s’é teignent. Uneicône de la musique congolaise vient

    de tirer sa révérence, comme un soldat, l’armeà la main sur un champ de batail le. Ce géant dela musique africaine, star intercontinentale, leroi de la sape , c’est Papa Wemba.

    Dans cette livraison, nous faisons une part belleà ce fils de Matonge, le chef coutumier du village

    Molokaï et roi de la rumba. Dieu a donné, Dieua retiré dans des circonstances assez diffici les,mais c’est tel qu’il aura aimé et même prophétisédans certains médias.

    Cet ami de l’art d ’Orphée s’en va choir six piedssous terre au pays des ancêtres. Plusieurs té-moignages de ses compagnons nous ont faitl’amitié de parler de ce monument. Chacunavec ses propres mots. Ce dandy humble quis’habillait ave goût, marchait avec une pres-tance bien recherchée et chantait comme u nrossignol. L’artiste intergénérationnel a faussécompagnie au monde entier qui attendait en-core voir ses prouesses.

    Sa mort a eu un écho, dans le monde entier dumiddle East au pays de l’oncle Sam en passantpar Paris, sa vil le bien affectionnée. Un hom-mage bien mérité lui a été rendu.

    Ses anciens poulains et compères, des amis etdes relations de toutes sortes lui ont aussi renduun hommage à la hauteur de son talent. Sans ou-

    blier la presse internationale. La communautémondiale des sapeurs venus de toute part n’apas été en reste.

    Ses obsèques sont intervenues le 4 mars.Le cimétière Nécropole entre ciel et terre àKasangulu a reçu en ses installations la dé-pouille de l ’illustre disparu. L’émotion estgrande. L’instant est grave. La plaie encorebien béante. Nous faisons chorus avec toute lacommunauté artistique et sapologique inter-nationale, partageant ces instants de malheuret de douleur.

    Ce numéro est un hommage rendu à ce dignefils d’Afrique. Notre façon de faire nos condo-léances à toute sa famille éplorée.

     Les Dépêches de Brazzaville

    Très affecté par la mort du roi de la ru-

    mba, Jules Shungu Wembadio dit PapaWemba, l’artiste musicien congolais, Ro- ga-Roga s’est rendu dans la capitale dela République démocratique du Congo(RDC) où il a non seulement pleurénon le maestro, mais aussi le parraindu groupe Extra musica. Le concert duPalais du peuple a été un moment émou-vant parmi tant d’autres. 

    Fantastique, c’est l’adjectif qui convientpour qualifier la prestation de Roga-Rogaau Palais du peuple. En effet, après avoirfredonné une chanson au studio à Braz-zaville pour rendre hommage à l’illustredisparu, Roga-Roga missile a traversé lefleuve Congo pour prendre part aux dif-férentes activités liées aux obsèques dePapa Wemba, à travers notamment unspectacle à la hauteur de l’événement.« Problème sur problème », « Les goûtset les couleurs » et « Sorcellerie kindoki » accompagnés d’un spectacle ponctué parplusieurs animations, tel a été le menu dela prestation de Roga-Roga sur le plan-cher du majestueux podium dressé surla devanture du Palais du peuple. « Notrespectacle est vraiment extraordinaire »,reconnait l’artiste lui-même.Les fans de Kinshasa ont dansé aurythme et au son de la musique dugroupe Extra musica. « Je sens que les

     fans de Kinshasa ont vraiment cette en-vie de vouloir assister à un concert d’Ex-tra musica. Nous sommes en train denous organiser avec des producteurs pourvenir prester ici », a-t-il annoncé au pu-

    blic qui a largement ovationné

    le groupe Exta Musica.L’autre temps fort du spec-tacle c’est lorsque Roga- Rogaa fait mention de la sape. PapaWemba étant un grand sapeur,Roga-Roga, pour valoriser ladiscipline de son parrain, a

     jeté un pied de sa chaussurede marque « lassée en peau de

     python d’une valeur de 6.000Euros » au public. A l’issue duspectacle l’artiste s’est livré auxDépêches de Brazzaville. « Lamort de Papa Wemba est tra-

     gique. J’étais très malheureux et j’ai fondu en larmes. Nous avons perdu notre parrain, le parrain

    du groupe Extra musica. C’est pourquoi je suis venu à Kinshasa pour lui rendre un hommage mé-rité à travers la chanson, teintéun peu de la sape. Je ne pouvais

     pas rendre un hommage à PapaWemba seulement à travers ledépôt de fleurs. Il me fallait joueraussi. Je suis heureux d’avoir ho-noré Papa Wemba comme il le

     fallait, les Kinois l’ont même re-connu ». Aussi, Roga-Roga a de-mandé aux artistes musiciens decultiver la paix. La mort de Papa Wembadoit ser vir d’exemple. « Il faut savoir quePapa Wemba était plus que nous. Il étaitnotre bible de la rumba. Je pense qu’impé-

    rativement sa mort doit réunir les artistesmusiciens. Nous sommes trop divisés. Il ya des calomnies et des diffamations pour

    rien. Il faut savoir que l’union fait la force. Je crois qu’on doit être uni pour emmenernotre rumba plus haut ; pour relever ledéfi. Ce n’est que dans l’unité qu’on pour-ra gérer le reste. Ça ne sert donc à riende faire les polémiques parce que nous nesommes que des mortels ».

    Bruno Okokana

    Obsèques de Papa Wemba

    Roga-Roga donne un show au Palais du peuple

    Roga-Roga jetant son pied de chaussure en peaude python à la foule

    Hommage au« Dandy humble »

    Le chiffre Proverbe africain

    Kasa soki ekweyi na nzete bapesaka fautese na mopepe : Quand la feuille tombe

    d’un arbre on incrimine toujours le vent.

    Phrase reprise dans la chanson Phare adressée

    à Amazone, l’épouse de Papa Wemba5000C’est le nombre de fans, tout de blanc vêtus, qui avaient

    pris d’assaut la salle Anoumabo du Palais de la culture

    de Treichville (en Côte d’Ivoire) pour les funérailles

    de Papa Wemba

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    Les Dépêches de Brazzaville - Samedi 7 mai 2016

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    3NUMÉRO SPÉCIAL /

     

    En effet, c’est 38 ans aprèsqu’arrive la réponse. Ceci parl’émergence d’une Société desambianceurs et des personnesélégantes dit la sape. Ce phéno-mène prit corps dans les quar-tiers populaires de Brazzavilleavec un fort enracinement àBacongo et de fil en aiguillese répand à Kinshasa précisé-ment, vers 1982. C’est un natif

    du village tshombe, sur la terredes Atetela, dans le Sankuruau Kasai , en République duZaïre , qui prit rapidement lamesure de la chose et la por-ta très haut . C’est à juste titreque toutes les bouches sur lesdeux rives du Fleuve Congos’accordent pour faire de lui leroi de la nouvelle religion. Seulson nom suffit pour mettretout le monde d’accord. Ain-si, le code vestimentaire de lanouvelle élégance est lancé.Désormais, on s’habillera en ytenant compte. Il remit les pen-dules à l’heure.

    Qui est donc cet homme?De son vrai nom Shungu Wem-badio Pene Kikumbi Jules, PapaWemba est né le 14 juin 1949.Arrivé très jeune à Kinshasaavec sa mère maman Nyondo,le jeune garçon a effectué sesétudes primaires à l’école deMatonge. Fervent catholique,il intègre rapidement la choraleparoissiale de l’Église catho-lique Saint Joseph de Matonge,où le « kid» fît ses premiers

    pas comme chantre et parfaitsa technique de chant. Lors-qu’il atteint sa majorité, il ef-fectue un bref passage à stukasauprès de Libeki Lita Bembo,avant de créer en compagniede ses compères Pepe Ma-nuaku Waku et Roger NyokaLongo, l’orchestre Zaiko LangaLanga en 1970. Ensemble mu-sical dont il fît défection très

     vite. Avec son copain MavueleSomo, ils créeront Isifi Lokoleet ensuite Yoka Lokole avecMachakado Mbuta et Bozi Bo-ziana.

    De mésentente en mésentente,le groupe se disloque. C’est en1976, qu’il créera son orchestreViva la musica et, fit sa sortieofficielle le 24 février 1977 surla chaîne de la télévision natio-nale du Zaïre. Cette dénomi-nation lui viendrait du concertdu musicien haïtien CoupéCloué, auteur du succès plané-taire « allez, allez» qui lors d’un

    show, dans l’allégresse et par-faite symbiose avec son publicaurait lancé le cri « che viva lamusica». C’est ce substantif quele dandy de Kinshasa adopteracomme raison sociale de sonorchestre.

    Dynosaure de la musiquecongolaiseAussi, ce chanteur a eu unecarrière bien remplie, riche en

    tubes et en rebondissements.Ce qui a fait de lui l’un des ar-tistes les plus prolifiques de sagénération. Près de 100 albumsà son actif. Ce dinosaure àplusieurs facettes est un per-sonnage absolument difficile àcerner.Abordant son côté humaniste,Grand Bokul a été sur tous lesfronts. Il a fait chorus à toutesles causes nobles de son temps.Il a stigmatisé la traite négrièreainsi que l’apartheid qui sévis-sait encore en Afrique du Suddans les années 80. Ces deux

    idéologies deshumanisantes etignobles dont l’humanité porteencore des séquelles n’ont paséchappé à sa voix dans son titre« liberté ». Il se présentait sur lapochette de l’album les mainsdans les fers , symbole de l’en-fermement et de la souffrancede toute une race, mis sur lecompte de la bêtise humaine.Il a chanté aux côtés de Yous-

    sou Ndour, Manu Dibango,Alpha Blondi, Salif Keita etautres pour sensibiliser à lalutte contre la sécheresse et lafamine en Afrique avec le cé-lèbre refrain « pourquoi la faimafrica oh oh ». Il n’était pas dureste pendant le lancement dela monnaie nationale le Franccongolais par Mzee LaurentDésiré Kabila. La monnaienationale, symbole d’unité,

    d’indépendance et de fierté na-tionale vers les années 2000.Wemba a chanté le grandCongo qui va, de Lubumbashià Pointe-Noire, de Souankéà Mungbara. Ces deux paysà cheval sur l’Equateur, bai-gnés par le majestueux FleuveCongo à travers sa chanson «ebale ya Congo » insistant surl’unité nationale, l’amour dela patrie et l’amitié entre lespeuples.Il fût un grand séducteur, cen’est un secret pour personne.Il tire sa révérence en laissant

    ainsi une progéniture de 33enfants connus et plusieurs pe-tits fils, en bon chef coutumier.Certainement sur les traces deson père qui lui-même avaitquatre épouses et une bellecour d’école. Bon sang ne sau-rait jamais mentir.Il adorait presque sa mère. Sachanson « mama » en est uneparfaite illustration. Aussi, Il

    fut peintre, et a vendu quelquestableaux. Ces tableaux se si-tuaient entre le surréalisme etle classicisme. Si le grand Pi-casso s’est inspiré lui-même dela sculpture et de la peinture dechez lui, de quoi aurait-il honte.« Qui n’a pas imité ne sera ja-mais original », avait dit Vic-tor Hugo. L’artiste en compteencore quelques-uns dans uncoin de son atelier kinois, dans

    sa résidence de ma campagne.Acteur hors pair, il a donnéune prestation au sommet deson art dans le film la Vie estbelle avec la jolie Brigitte kru-bi dit kabibi, dont ils ont par-tagé la vedette. Glorifiant ladébrouillardise et cultivant lesens des objectifs. Ce film res-tera un classique du cinémaCongolais. Il a su exporter toutun pays, sinon son art dans unpays lointain.Il sied de signaler que le kuruYaka fut le créateur des idoles.A ses côtés, on a vu défiler de

    grandes stars dont il a accordéla chance et propulsé dans ledomaine musical.

    L’artiste africain le plusphotographiéQuant à sa discographie, elleest plus qu’ abondante. Près de100 albums, 1000 chansons etfeaturings. Il dirigeait à la foisViva la musica aile Kinsha-

    sa, Viva international et PapaWemba. Il a encouragé FelixWazekua et Karmapa d’em-brasser une carrière musicale.Sa musique de prédilection futla rumba mais, ne manquaitpas de faire un clin d’oeil à lasalsa, au slow, au Rhythm andblues, à la pop musique, augospel sans oublier le folkloreTetela d’où il puisait son éner-gie. Il a accordé plus de 1000

    interviews aux journalistes àtravers le monde et a participéà moult plateaux de télévisionsou radio pour parler de la sapeou de sa musique. C’est l’artisteafricain le plus photographiéde son temps et le troisièmedans le monde après MichaelJackson et James Brown.Bookul aimait chanter, c’étaitson job. Un jour répondant àun confrère ivoirien il disait: « je me sens bien sur scène. C’estcomme si je plane. C’est peut-être l’énergie du public. Oui,

     je ne sais pas, peut-être que je

     partirai comme ça, devant mon public». C’est précisément dansces conditions que le roi de larumba s’en est allé.Ekumani était un homme debon goût qui affectionnaitWolfgang amadeus Mozart,écoutait Julio Iglesias et EdithPiaff, partageait la scène avecPeter Gabriel et savait imiter

    Hommage à Papa Wemba

    L’épopée d’une légende Nous sommes au plus chaud de la seconde guerre mondiale. La France est pr ise dans l’étau de la wehrmacht. Le maréchal Pétain capitule et signe l’armistice de la

    France à Rethondes . Le général De Gaulle alors sous- secrétaire d’Etat à la défense s’enfuit en Grande Bretagne. Lorsque ce géant rencontre Sir Winston Churchill pour la première fois, l’échange n’est pas des plus courtois. Emmitouflé dans un costume à carreaux sur une chemise à raillures et une cravate rouge a pois, le général français dit ouvertement à son hôte, qu’il ignorait que Londres ressemblait à un grand cirque. Et monsieur le Premier ministre de répondre « je n’aimerais pas m’ha-biller comme un soldat inconnu ». Voilà lancée le 16 juin 1940, la problématique sur le code vestimentaire moderne.

    Crédit photo AFP 

    Suite page 4

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    Les Dépêches de Brazzaville(LDB) : Quel souvenir gar-dez-vous de Papa Wemba ?

    Riva Kalimasi Lombume :  Si je dois parler de la personne dePapa Wemba, il avait énormé-ment d’amis. Il connaissait beau-coup de monde, mais ne mettaitpas tout le monde dans le mêmesac. C’est ce qui était magnifique.Il tenait compte et respectaitl’amitié. Si l’on me demandait detrouver un mot qui caractérisaitPapa Wemba, je dirais, le res-pect. Il respectait les gens, même

    les moins que rien ou les dému-nis. Et aujourd’hui, l’on se rendcompte de sa grandeur parce quedes chefs d’État du monde en-tier réagissent à sa mort. J’ai ludernièrement encore que JohnKerry, vice-président des États-Unis d’Amérique transmettaitses hommages à Papa Wembaet ses condoléances à sa famille.Ali Bongo qui s’exprimait sur sapage Facebook disant ; « Je viensde perdre un ami ». Il était l’amides grands de ce monde et on le

     voyait côtoyer, parler et discuterhumblement avec la plèbe, lesshégués. Il avait cette capacité dese mettre au même niveau que sesinterlocuteurs. Quand il parlaitavec les enfants de la rue, il adop-tait leurs mimiques et utilisaitleur langage et quand il se trou-

     vait avec les grands de ce monde,c’était pareil. Il avait l’attitude despersonnes avec lesquelles il s’en-tretenait. Très humble et respec-tueux. Voilà, je le définis par cesdeux qualificatifs

    L.D.B. : La Vie est belle, ça vachercher loin, mais vous sou- venez-vous d’une anecdote enrapport avec le tournage de cefilm ?R. K. L. :  Il nous est arrivé, àPapa Wemba et moi, de regarderdes extraits ensemble mais la der-nière fois que nous avons regardé

    le film dans son entièreté, c’était àla Monuc vers 2005-2006. Depuislors, je n’arrive plus à le regarderdans son entièreté parce qu’il y atellement de comédiens qui sontmorts entretemps. Et, je me sou-

     viens, après le film, il m’a dit :« Ah, Riva, Totikali lisusu mingi tena film ‘ango ! » ( Ah, Riva, il n’enreste pas beaucoup des acteurs dufilm !). « Kaka Kabibi, yo, na nga !

    » (Juste Kabibi, toi et moi !). Tousles autres étaient partis. Et depoursuivre : « Pépé Kallé, Emoro,

     Mama Mvuandu, Mvuandu lui-même, bango nionso bakeyi, to-tikali muke ! (Pépé Kallé, Emoro,

     Mama Mvuandu et Mvuandu lui-même sont tous partis. Il en restesi peu). Entre nous, ce film, j’ai dumal à le suivre. Il passe mainte-

    nant en boucle à la télé. J’évite dele regarder, je n’y arrive pas. Main-tenant, une anecdote par rapportau film, c’est par rapport auxautres acteurs et pas Papa Wembalui-même. C’est au sujet d’Emoroqui était un adorable copain. Danstous les lieux de tournage, « il semariait ». Papa Wemba me faisaitremarquer : « Papa Rody azui li-susu mwasi mususu awa. (PapaRody s’est encore trouvé une

    femme ici). Dans chaque lieu detournage, il y avait une copine àEmoro, aussi bizarre que cela pa-raisse. Et, Papa Wemba les avait àl’œil, à Selembao, par exemple, ilme dit : « Tiens, voici encore une

    copine à Emoro ! ». Là, on se mar-rait.

    L.D.B. : Vous faites partie dufameux Village Molokaï, com-ment est-il né ?R. K. L. :. Je n’étais pas à Kinsha-sa à l’époque. Mais, ce que je saisc’est que bien avant sa naissance,

     vers les années 1963-1964, il yavait des projections de film encité, du cinéma de rue, proposéespar l’abbé Corneille. Il projetaitdes films dans les rues de la ville,que ce soit à Bandal, Matonge,Yolo, etc. Et, dans un des films,il était question du Village Mo-

    lokaï. C’était le vi llage des lépreuxdu frère Damien. Et, il paraîtqu’après cette projection organi-sée au foyer social de Matonge, les

     vieux du quartier, aînés de PapaWemba, parce que lui aussi étaitassez jeune à l’époque, en voyantce film avaient décidé : « Voilà,notre quartier, s’appelle le Village

     Molokaï ».  Ils ont surnommé lequartier en référence à ce film. Et,des années plus tard, quand PapaWemba créera l’orchestre Viva laMusica, c’était l’époque où Fela auNigéria avait son village Kalakuta.Il a dit moi je vais créer le VillageMolokaï parce que c’est la cité deMolokaï. Et, comme par hasard,en réfléchissant, on est parvenuà faire correspondre ce nom enmettant ensemble les premièreslettres des avenues du coin enles plaçant les unes à la suite desautres. M de Masimanimba, Ode Oshwe, Lo de Lokolama, Kade Kandanda, puis I de Inzia. Çaa donné Molokaï. C’était parfait,ça tombait dans le sens du mot.

    Mais Molokaï ne se limitait pas àces trois, quatre, cinq avenues. Çareprenait tout le secteur. Et donc,aujourd’hui, Molokaï ce n’est pluscet acronyme, mais bien tout unétat d’esprit. C’est un village des

    gens qui réfléchissent comme lui,qui vivent dans le même monde. « Molokaï ezali awa, Molokaï ezali pe na poto. Bana poto bazali awabazali pe bana Molokaï. (Molokaïc’est ici, c’est aussi en Europe. Ceuxqui sont venus d’Europe pour les

     funérailles sont aussi des fils de MoloKaï) ».

    L.D.B. : Étiez-vous au demeu-rant un bon ami de Papa Wem-ba à l’image de ce que vous êtesdans La Vie est belle ?R. K. L. : Oui, mais dans le tard.Il est plus âgé que moi, c’est monaîné. C’est à la base un très grand

    ami à mon frère aîné, le ColonelJagger. D’ailleurs, dans l’une deses chansons, il le dit. C’était sonami d’enfance.

    L.D.B. : Qu’est-ce qui vous rendnostalgique en pensant aux mo-ments passés avec cet ami delongue date ?R. K. L. : Il y a tellement de sou-

     venirs qui me remontent à l’es-prit…Mais il y a la bouffe. Tardle soir, il était sobre, on mangeaitdes conserves, du corned-beef.Lui, il appelait cela « Kundulu ».A une heure du matin, parce

    qu’il venait me rendre visite trèstard la nuit. Et, quand on avaitfaim, nous achetions du corned-beef. Il suffisait juste de chaufferet nous le dégustions avec de lachikwangue acheté à Djakarta. Iln’était pas compliqué. Voilà, c’estce genre de souvenir qui me re-

     vient là tout de suite.

    Propos recueillis par Nioni Masela

    / NUMÉRO SPÉCIAL

    les voix de Rochereau et TinoRossi et écoutait attentive-ment les chansons de Lutum-ba. Il adorait contempler lestableaux de Pablo Picasso, ar-borait les griffes de haute fac-ture et s’intéressait au folklore

    tetela. La preuve, il a intégré lelokole dans la musique congo-laise moderne.Enfin, au-delà de l’opulentediscographie que la star lègue àla postérité et idéaux qu’il a supartager aux générations quil’ont environné, ce géant nousconvie à pratiquer l’amour àl’instar de Martin luthier king,de Mandela et de Malcom x. Illègue aussi un caractère. « Ne

     jamais abdiquer, jusqu’au sa-crifice suprême ».C’est ainsi qu’il a tiré sa révé-

    rence à Abidjan, sur scène, ce24 avril 2016 en plein exer-cice de sa passion. Élevé à titreposthume par le raïs Kabila

    Kabange, au rang de grand of-ficier dans l’ordre national des

    héros nationaux , Jules Pres-ley a été inhumé le mercredi04 mai à Kinshasa, au cime-tière du nécropole entre ciel

    et terre, après une messe derequiem dite en la cathédrale

    Notre dame de Lingwala parl’Archevêque de Kinshasa, MgrLaurent Mosengwo Pasinia.Appelé au repos éternel, il gît

    aux Champs-Elysées prêt àprendre place au panthéon, aux

    côtés de James Brown, Dalida,Myriam Makeba , Elvis Presley, Tabu Ley, Franklin Boukakaainsi que tous les autres .

    Merci Papa Wemba. Tu aurastout donné. Ces hommages

    qui te sont rendus sont à lahauteur de ta grandeur. Queton âme repose en paix.

     Alain Zoka

    Riva Kalimazi Lombume : « Il avait la capacité de se mettreau même niveau que ses interlocuteurs »

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    Les Dépêches de Brazzaville :Quelles sont les circonstances de

     votre rencontre à Papa Wemba ?embo Kash : J’ai eu le tempsde l’approcher vraiment en 1999 àl’époque du Festival Fula ngenge.Je faisais partie du comité d’orga-nisation en travaillant avec Rivaet Georges ainsi que Marie-Laure.Ma tâche consistait à s’occuper descréations graphiques. Il m’avait étédemandé de créer un logo pour lefestival. C’est à cette époque que

     j’ai conçu le logo officiel de PapaWemba, le M’Zee Fula Ngenge quel’on connaît aujourd’hui. Celui oùil a les deux bras levés qu’il s’estmême tatoué sur le cou ou sur lebras.

    D.B. : Pourriez-vous nous tou-cher un mot sur la conception dulogo, qu’elle a été sa source d’ins-piration ?T.K. :Riva, Georges et Jean-PierreEale m’avaient sollicité à cet effet.J’avais demandé à regarder des

     vidéos. Pour créer un logo, j’aimebien agir de la sorte. Les idéesfusent quand je suis face à desimages. Ils m’ont donné plusieurs

     vidéos et c’est à force de les regar-der que j’ai eu ma petite idée sur ceque j’allais créer. J’avais remarqué

    qu’en concert, après uncertain nombre de chan-

    son, il faisait le mêmesigne. Il élevait les brasaprès avoir chanté. Jene savais pas si c’étaitpour dire au musicienque le chant s’arrêtaitlà, mais il le répétait et

     j’avais beaucoup aimé legeste. Des fois je pausaisl’image juste à ce mo-ment-là. Je me suis dit,c’est caractéristique. Iln’y a que lui qui le fait.Si je fais un logo avecce geste, les gens pour-ront le reconnaître. Mais encore,

     je voulais faire un logo juste avec

    sa silhouette sans détails, à l’instarde Jordan en train de marquer sonpanier légendaire. J’avais vu undocumentaire sur lui où il en étaitquestion. Où de l’image, on avait

     juste gardé la silhouette. J’avais dé-cidé de m’en inspirer et donc, il mefallait capter un geste typique dePapa Wemba de sorte que les genspuissent l’identifier presque toutde suite. J’avais dès lors commencéà faire des croquis. J’y ajoutais leslongues vestes qu’il avait coutumede porter si bien que dans les pre-mières esquisses il en portait. Mais

    comme Koffi venait de jouer auZénith et s’était habillé avec une

     veste du même genre, les gens à

    qui je les montrais pensaient plutôtà lui. J’ai coutume de faire appré-cier mon travail par d’autres yeuxcar il faut que les gens acquiescentc’est pour eux que je le fais et paspour moi. J’ai repris mes dessinsen observant mieux ses vêtements.J’ai aimé un pantalon bouffant avecune espèce de veste chinoise. J’airepris le modèle que j’ai posé surle personnage. Et quand j’ai refaitles croquis quatre des cinq per-sonnes à qui je les avais montrésont dit tout de suite : « Bokul ! ».Ensuite j’ai un peu triché avec la

    posture des jambes pour que l’on

     voit les Timberland et penché satête pour que la silhouette soit plus visible parce qu’humainement cen’était pas une position réalisable.L’on ne peut pas être de face, la têtesur le côté et les jambes écartées,logiquement, ce n’est pas possible.J’ai triché pour qu’il soit recon-naissable. Et, Riva et Georges ontapprécié sur le coup. Lui-mêmea aimé tout de suite, il a refait lemouvement et nous l’avons rete-nu pour le festival. Je me souviensaussi que Botembe avait été soumisau même exercice de création maisles organisateurs n’avaient pas étéconvaincus par son ouvrage.

    L.D.B. : Quel souvenir gar-dez-vous de ce rapprochementavec Papa Wemba ?T.K. : J’étais impressionné par sasimplicité. Et, l’on ne s’ennuyaitpas avec lui. Il avait toujours deshistoires à raconter. Il était taquinmais ce n’était jamais méchant,mais plutôt sympa. C’est l’imageque j’ai gardé de lui. Et, quelquesannées plus tard, je suis allé le voirpour que l’on parle de la suite àdonner au logo. Je l’avais appelé la

     veille pour le prévenir de ma visite.Il faisait chaud, il y avait une cou-pure d’électricité, il m’a demandé

    alors si nous pouvions nous mettreà l’ombre sous la paillote. Nousavions discuté simplement, c’étaitsympa. C’était le genre de star au-thentique. De ces grands espritsqui malgré qu’il fût monté trèshaut, il était resté très accessible.L’on avait du mal à s’imaginer quec’était le Grand Papa Wemba carc’était quelqu’un de très abordable.Après avoir discuté du logo, il a de-mandé notre avis sur l’album qu’ilpréparait et voulait intituler 100%Star. Il venait de terminer cetteœuvre où il avait travaillé avec unepléiade de vedettes dont LokuaKanza, Ray Lema et Sec Bidens. Jeretiens de lui sa simplicité. Il étaitdésarmant de simplicité. Je croisque lui-même ne réalisait pas àquel point il était devenu grand.J’étais malheureux des fois lorsquedes gens qu’il a sorti de l’anonymat,sont passés par son orchestre pou-

     vaient lui manquer de respect pourdes raisons de polémiques. Bana-liser son travail comme si c’étaitquelqu’un d’ordinaire. Mais nousmélomanes, nous savons. Les mé-

    lomanes purs jus savent qui était

    Papa Wemba. Et, l’hommage mon-dial qui lui est rendu témoignesuffisamment qu’il était grand.Des gens comme Manu Dibangoqui sont montés très haut ont eude justes mots pour parler de lui. «C’est un des musiciens africains quiont élevé notre musique au firma-ment », a-t-il dit. C’est on ne peutplus vrai. Le roi est mort, vive leroi !

    L.D.B. : Comment appré-ciez-vous l’œuvre de Papa Wem-ba dont vous êtes vraisemblable-ment un fan inconditionnel ?T.K. : C’est un artiste qui a tou-

    ché avec bonheur presque tous lesstyles musicaux. Il pouvait fairede la rumba pure dans le genrecubain, à l’instar de Grand Kallé.Il le faisait bien. Il pouvait adop-ter la rumba odemba dans le styleFranco ou de Tabu Ley et ça mar-chait. Il pouvait s’essayer au sou-kouss, faire du cavacha, la worldavec bonheur. Je ne sais pas s’il ya de tous les musiciens qui ont tra-

     vaillé au pays mis à part les LokuaKanza et Ray Lema, un qui a faitcette musique de recherche avecbrio. Il suffit d’écouter les albumsLe Voyageur ou Émotion, l’on est

    étonné de voir que ce soit abouti.Ce n’est pas comme Every body ouNzinzi de feu King Kester. Là onsent qu’il y a eu beaucoup de pro-grammation et qu’il a posé ensuitesa voix. Cela se marie bien certes,mais à écouter Émotion, si tu neconnais pas Papa Wemba, tu peuxcroire que c’est son genre de prédi-lection, celui qu’il a toujours prati-qué alors que c’est un One shot. Ilavait cette facilité de se couler danstoutes les formes de musique et çamarchait. Quand dans son der-nier album, il chante par exemple,Africain comme toi avec la fille de

    Kouyaté, accompagné par la kora,il avait cette facilité de chanter dansun registre ouest africain. Mais en-core, il s’intéressait à tous les arts. Il

    a fait ses preuves au cinéma dans lesfilms de Mweze Ngangura. Barly luia prêté sa plume pour raconter sonhistoire. Et, l’année passée, on a as-sisté à l’exposition de peintures qu’ila faites avec un jeune peintre, Alain.

     Nioni Masela

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    Les Dépêches de Brazzaville :Pouvez-vous nous toucher unmot sur votre collaboration avecPapa Wemba ?Barly Baruti : Je crois que j’ai unegrande histoire avec Papa Wem-

    ba. D’abord une histoire d’ami-tié avant celle du travail. Nousnous sommes retrouvés pendantle tournage du film La Vie estbelle et tout de suite, il y a eu uneconnexion. Je m’occupais de la dé-coration du film. On m’avait de-mandé de faire quelque chose avecPapa Wemba. C’est ainsi que j’ensuis venu à réaliser la bande dessi-née ‘’Papa Wemba Viva la Musica’’qui accompagnait le film La Vieest belle. Aujourd’hui, ça va fairepresque trente ans qu’elle existe, laBD est sortie il y a vingt-neuf ans.C’était là le point de départ d’unegrande amitié, après cela nous nesommes plus quittés. Il m’a dit deschoses qu’il n’avait pas dites à lapresse afin que je les incorporedans la BD et donc, pour celanous avons été ensemble souventet pendant longtemps.

    L.D.B : N’avez-vous jamais penséà donner suite à ce premier jet,car comme vous le dites, La Vieest belle date de quasiment trois

    décennies, il en a coulé de l’eausous les ponts depuis ?B. B : Nous aurions pu mais nousavons travaillé plusieurs fois sur

    le plan musical. Il lui arrivait desfois de venir me voir alors que je jouais. Il prenait le micro et semettait à chanter avec moi. Nousavons eu ce genre de collabora-tion. Mais nous nous retrouvionssouvent avec lui et Manuaku pourparler de la culture de manière gé-nérale.

    L.D.B : Vous souvenez-vousd’une anecdote du tournage de

    La Vie est belle ?B. B : Je me souviens d’une sé-quence du film tournée à Lolo lacrevette. Il était question que PapaWemba mange un liboke (poissonen papillote) et dise : « Hum, c’est

    bon ! ». Le tournage a commencé.Il a mangé le premier mais la prisen’était pas bonne. On a dû refaire

    une seconde fois et une troisième.Mais pour cette fois, il n’y avaitplus de liboke. Il a fallu en cuireun assez rapidement mais il n’étaitpas cuit car il fallait gagner dutemps. Il a dû le manger en l’état etil s’est exclamé : « Hum, c’est bon! ». Curieusement, c’était la bonneprise alors que le plat n’était pasbon du tout. C’est un souvenir quim’est resté.

     Nioni Masela

     Lorsque le dessinateur a eu la charge de créer le logo de M’zee Fula ngenge, il a pensé en faire un qui reprenne juste sa silhouette sans détails, inspiré par celui du basketteur Michael Jordan marquant son panier légen-daire. Dans cette interview exclusive avec Les Dépêches de Brazzaville, il parle de la trouvaille qui lui a per-mis d’y parvenir. Après avoir scruté des vidéos de concert, il observe qu’après un certain nombre de chansonsPapa Wemba répétait un même geste.

    embo Kash, dessinateur du logo officiel de Papa Wemba,

    le Mzee Fula Ngenge

    Barly Baruti : « J’ai une grandehistoire avec Papa Wemba » La Vie est belle, ce long métrage qui passe désormais en boucle depuisla mort de Nkuru comporte une version BD. Il s’agit d’une adaptationdu film faite par le dessinateur Barly Baruti résidant actuellement enBelgique. Les Dépêches de Brazzaville l’ont rencontré assis près de lachapelle ardente, le mardi 3 mai, la veille des funérailles pour lesquellesil est revenu exprès au pays.

    Thembo Kash : « Il me fallait capter un geste typique de Papa Wemba » 

    Barly Baruti à quelques pas de la chapelle ardente

     Le logo M’Zee Fula Ngenge repris

    sur l’album Mwalimu

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    Les Dépêches de Brazzaville :Parmi les derniers artistes invi-tés à chanter avec Papa Wembadans son dernier opus, commentavez-vous vécu ces moments ?Barbara Kanam : J’ai été contac-tée par Papa Wemba en 2013

    alors qu’il préparait son albumMaître d’école. La personne qu’ila déléguée pour cela m’a fait partde l’insistance de Papa ainsi : «Il veut que ce soit toi qui chantela chanson Triple option ». Je medemandais bien ce que ça voulaitdire Triple option, j’ai deman-dé à avoir le texte pour que j’encomprenne le fond, connaisse lethème de la chanson. J’ai été trèssurprise parce que Papa Wembay mettait la femme en valeur.Cela m’a beaucoup touché et j’aidit tout de suite oui. Parce quecela me donnait une occasion de

    parler des valeurs et de la beau-té de la femme. Et donc, nousavons enregistré à Kinshasa celas’est très bien passé. C’est-à-direqu’en une ou deux prises, j’avaisfini. Papa lui-même étonné eta dit qu’il ne s’y attendait pas.Surtout que moi, n’étant pas del’école Viva la Musica, ce n’étaitpas mon style mais je l’ai fait

    spontanément. Je me suis très

    bien adaptée parce que déjà j’étais honorée de chanter auprèsde lui car je l’aime beaucoup.C’était vraiment un moment deplaisir et une belle expériencepour moi. Pareil pour le studio,on était comme deux complices,on avait l’impression de seconnaître depuis des années. Et j’en garde un très bon souvenir.

    L.D.B : S’il fallait le présenter àquelqu’un qui voudrait en sa- voir plus sur la personne, quediriez-vous ?B. K : Papa Wemba c’est unmonsieur qui était grand. Granddans le sens où il avait beaucoupd’humilité. Il savait s’effacerpour mettre en valeur les autres.

    Il savait donner de la place auxautres et avait de la considéra-tion pour les gens. Il n’y a paseu une interview où Papa Wem-ba n’a pas parlé de Barbara Ka-nam. Qu’est-ce que j’avais à luidonner à part ma voix ? Je n’aipas la carrière ni le talent qu’il a,mais il était heureux de m’avoirdans son album. Et cela restera

    à jamais gravé dans mon cœur, j’en garde un très bon souvenir.Il a créé un vide énorme. Pourmoi, c’était un papa, un ami, ungrand frère et puis c’était un ar-tiste énorme que l’on ne pourra jamais remplacer.L.D.B : Avez-vous une anecdoteen rapport avec votre collabora-

    tion dans Maître d’école ?B. K : Oui, Papa disait : « Oyebi,Triple option eza nzembo na yo,eza sur mesure » (Tu sais, Tripleoption c’est ta chanson, elle a étéfaite sur mesure). Par ailleursquand j’avais posé ma voix, jen’avais pas encore entendu letexte de Papa Wemba. Et donc,quand la chanson est terminée,

     j’ai entendu « Barbara nsunga !». Je lui ai dit, mais Papa t’étaispas obligé de rajouter tout ça. Ilm’a répondu : «Si, si, parce quec’est comme ça, tu le mérites, tuas toute ta place ». Je pense qu’ilme portait dans son cœur etça se ressent. Aujourd’hui toutle monde m’appelle « Barbaransunga, Barbara Triple option». J’ai comme l’impression quec’est un héritage que Papa m’a lé-gué. J’espère continuer son écoleparce qu’il était « Maître d’école». Un maître d’école c’est celuiqui enseigne, montre le cheminet celui qu’il nous a montré etlaissé, c’est celui du travail, del’amour et du respect. Parce quePapa Wemba aimait les pauvreset les riches, il ne regardait pasle rang social, il était avec tout lemonde. Il a parcouru le mondeentier. La preuve, tous ces hom-mages lui sont rendus parce quec’était un homme grand. Il avaitune grandeur de cœur d’abord.L.D.B : Au-delà des hommagescollectifs qui sont faits mainte-nant, avez-vous à l’esprit de luidédier une chanson ?

    B. K : C’est déjà fait. Elle est to-talement de moi. Je lui ai renduhommage parce que j’avais be-soin de lui faire…je ne dirai pasune forme d’adieu... Mais bon,

     je pense que l’on se reverra. Jetenais vraiment à le faire parcequ’il représentait beaucouppour moi.

      Nioni Masela

    Pour porter l’écho des trémolosde leurs illustres voix à l’Olym-pie, de Top One Frisson, Gloria,Gina Wa Gina, Balou Kanta,Delvis Salsero, Djuna Djanana,Bozi Boziana à Loko Massen-go, et avec d’autres artistes en-core, tout le monde est venudonner de sa partition. Toushabités d’un unique leitmotiv :rendre hommage à Papa Wem-ba, artiste qui, à l’image de sa

     vie, a su lutter et se donner lesmoyens d’aller jusqu’au bout deses rêves.« La vie est belle » est, au demeu-rant, un film réalisé en 1987 parNgangura Dieudonné Mwezeet Benoît Lamy. Le synopsis du

    film décrit les aventures rocam-bolesques d’un jeune paysan,Kourou, alias Papa Wemba, qui

     vient à la ville pour faire de lamusique alors qu’il s’adonneà tous les métiers. Il tombeamoureux de la sublime Kabibi

    en même temps que Nouan-dou, son patron, qui essaie defaire échouer cette alliance.Pure coïncidence avec la viede Papa Wemba. Après maintsdéboires, il ne deviendra mu-sicien professionnel qu’aprèsla mort de son père, chasseur,et mobilisé dans l’armée belgelors de la seconde Guerre mon-diale. Ce dernier plaçait tous

    ses espoirs en son fils pour unecarrière de journaliste ou d’avo-cat. Et pourtant, Papa Wembaa plutôt puisé ses gènes du côtématernel, sa mère étant « pleu-reuse professionnelle » dans lessoirées funéraires, pour devenirun initié de la musique tradi-tionnelle avant de mener sapropre carrière musicale.Invité par Bénédicte de Ca-pèle au Salon du livre en 2014au Stand Livres et Auteurs duBassin du Congo, Papa Wem-

    ba avait interprété « la vie estbelle ». « Dans les hautes sphèresde la culture, c’est la chanson quime vient à l’esprit car c’est celle-ci qui illustre l’universalité de laculture Bantoue aux yeux dureste du monde », confiait-il àSauve-Gérard Ngoma, journa-liste de Télécongo, producteurde l’émission « Cultura ».

      Marie Alfred Ngoma

    « La vie est belle » accompagne PapaWemba au temple de l’olympe musicaldu Bassin du CongoTirée d’un film culte, sur une idée de Passi et Cyriaque Bas-soka, la chanson la vie est belle a été reprise par une tren-taine d’artistes réunis pour rendre hommage à Papa Wemba.Le clip accompagnant ce genre musical circule sur les réseauxsociaux depuis le 6 mai.

    Barbara Kanam : « Je n’ai ni la carrière ni letalent qu’il avait, mais il était heureux de m’avoir

    dans son album »Présente à la seconde et dernière veillée mortuaire de PapaWemba, la nuit de mardi à mercredi, la chanteuse était as-sise non loin de sa dépouille mortelle pour compatir avecla famille mais aussi lui rendre la considération qu’il avait

     pour elle. Dans cet entretien exclusif avec Les Dépêches deBrazzaville elle dit tout le bonheur ressenti à chanter Tripleoption avec le « Maître d’école ».

    Papa Wemba et Barbara Kanam dans un extrait du clip Triple Option

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    D’entrée de jeu, lorsque Les Dépêches de Brazzaville

    l’ont approché après le départ du cortège funèbre dela Cathédrale Notre dame du Congo pour le cime-tière, Kadhitoza Bwapwa a annoncé la couleur. « Jesouligne que je ne suis pas seulement sapeur. Je suisà la base styliste. Je suis styliste-sapeur, créateur dela marque congolaise Kaditoza. Je m’inscris dans lavision du chef de l’État et du ministre Germain Kam-binga qui nous recommandent de consommer congo-lais », a-t-il souligné.

    Bien introduit dans le milieu de la sape avec notam-ment le grand concours du pape de la sape, il nous araconté que sa rencontre avec Papa Wemba « s’est faite

    comme par aventure ». Et de poursuivre : « Je pensaiscommencer par approcher JB Mpiana et Werra, quisont ses cadets, avant de le voir ensuite. Mais Dieu m’afait la grâce d’être remarqué par lui lors d’un concert.Il m’a pointé du doigt et fait monter sur le podiumoù j’ai offert un spectacle. Ce qu’il y a d’étonnant c’estque face à toute l’assistance, lorsque papa Wemba

    s’est rendu compte que j’étais un styliste du Congo, il

    a demandé à ce que je l’habille de la même manièreque je l’étais. Cela m’avait énormément surpris. J’en aieu la chair de poule. Et, il est arrivé carrément quePapa Wemba me sollicite pour l’habiller ainsi que toutl’orchestre Viva la Musica pour le clip de la chansonShaana en 2011. Je ne savais pas qu’il aimait son paysà ce point. Je ne pensais pas qu’un « Grand prêtre »comme lui, habitué à consommer des produits occi-dentaux, un homme qui a sillonné le monde souhai-terait que moi je l’habille ».Et de renchérir avec émotion que plus surprenant en-core, après l’expérience Shaana, « Papa Wemba s’estmis à faire des commandes expresses ». De s’exclameralors : « Dire que j’étais un simple couturier ! Grâceaux marchés qu’il m’avait donnés, il m’a permis de m’of-

     frir ma première machine industrielle. Et, alors qu’ilsétaient les précurseurs du mouvement de la sape, lui etses pairs, il a fait en sorte que moi aussi je voyage. C’estdonc par le biais de la sape que j’ai été en Europe. J’yai présenté un spectacle, j’ai exposé, j’ai été payé consé-quemment, cela m’a fait un grand bien ».Kadhitoza s’est réjoui que cela ne se soit pas arrêté là.« J’ai depuis lors souvent pris l’avion. Ce, grâce au faitque Papa Wemba et les siens avaient initié la sape. Des

     portes s’ouvrent à moi. Je prends l’avion sans problème pour des raisons qui ne sont pas toujours en rapportavec la sape. Bravo à l’artiste Papa Wemba ! Qu’il viveà jamais ! ». Son nom, soutient-il, demeure gravé dansle cœur de ses enfants et de ses disciples. Et, quitte àmanifester son indéfectible attachement à la mémoirede son idole, il s’est promis d’honorer à chaque foisla date du 24 avril. « Je fournirais l’effort de me trou-ver au pays à la date anniversaire de sa mort afin dene pas y manquer. Quelque soit le coin du globe où jeme trouverais, je ferais de mon mieux pour rentrer au

     pays pour célébrer ce jour. Je vais en Suisse en juin. J’yvais pour trois mois. S’il arrivait que le quarantième

     jour après son décès tombe pendant la période de monséjour, je reviendrai juste pour cela. Vraiment bravol’artiste ! », a-t-il réaffirmé.

     Nioni Masela

    Les Dépêches de Brazzaville :Malgré qu’il était de l’anciennegénération, Papa Wemba res-tait une référence de la musiquecongolaise. Que représente-t-ilà vos yeux ?Joss Diena : C’est déjà mon idole.Je le confirme, c’est un Foridole,formateur des idoles. Il avait pasmal de sobriquets qui étaient si-gnificatifs. Ils ne les portaientpas au hasard. Fula ngenge, jeconfirme que c’était véritable-ment un fula ngenge. QuandPapa Wemba disait un mot, ilavait son effet. Je le compare à unsportif, s’il en était un, il serait unprofessionnel et je le placerais auniveau des dirigeants de l’UEFAou de la Fifa. Ainsi, la Fifa auraitdit Papa Wemba est un ballond’or que personne n’oserait le

    contester. J’ai eu la chance de l’en-tendre affirmer dans Station One que j’étais un grand chanteur. Il l’a confir-mé après m’avoir entendu chanter surle plateau de l’émission de Jo K Kaben-gele. Je ne peux pas l’oublier.

    L.D.B : Entreteniez-vous des re-lations personnelles avec PapaWemba ?J. D : Non, nous n’avions pas derelations personnelles. Nous noussommes rencontrés à Paris. J’aurais

     voulu les tisser sur le plan musicalà travers un feat. Je pensais à l’ho-norer de la sorte. Je pensais avoirle temps. On ne s’attendait pas quela mort viendrait le surprendre si

     vite. Je rends grâce à Dieu pour

    cela. Je nourrissais le rêve de chan-ter avec lui mais malheureusementle sort nous a surpris. On ne le feraplus mais on ne sait jamais peut-être qu’avec la technologie actuelledes choses peuvent se faire. Il nefaut rien écarter comme possibili-

    té. Avec la technologie, ça pourraitêtre possible.L.D.B : Pour vous à quoi serait com-parée la mort de Papa Wemba, lachute d’un baobab comme l’ont affir-mé certains de vos homologues ?J. D : Je ne sais pas. Mais j’estime quePapa Wemba, c’est plus qu’un baobab.C’est difficile de parler de lui à l’im-parfait, mais on le doit, il avait uneintelligence incomparable. Il n’étaitpas guitariste mais il essayait d’élargirson monde artistique. C’est le cas avecles arts plastiques quand il a essayé decréer ses tableaux. Il a tourné dans desfilms, il est artiste humanitaire. Moi jecrois que ça va au-delà de la dimensiond’un baobab et je ne sais pas à quoi ilconviendrait de le comparer, quel mot

    traduirait cette réalité. Mais, réflexionfaite, je crois immortel suffirait. Parcequ’il va demeurer de génération en gé-nération. Les futures, celles qui vien-dront après nous entendront parler deson nom.

     N.M.

    « On a tous eu une expérienceunique avec Papa Wemba»,  indique d’entrée de jeuLexxus Legal. Mais de spéci-fier non sans une pointe defierté : « La mienne est non

    seulement unique mais éga-lement ultime. Oui, sans levouloir, le titre Ahende dansmon nouvel album, Léop’Artse trouve être sa dernière col-laboration ».

     Aux yeux du chanteur hiphop bien connu pour sondiscours engagé, le titre,soutient-il, est d’une por-tée inestimable, a valeur detestament. « Cette chanson

    apparaît aujourd’hui pourmoi comme le testament dece grand artiste : Il y appellele peuple tétéla à l’unité (il

    est l’objet des divisions or-chestrées par des politiques).Cet appel à l’unité est trans- posable à l’échelle du Congotout entier », f ait-il savoir.Par ailleurs, c’est bien lamort dans l’âme que Lexxusregrette de ne pas avoir réa-lisé la vidéo d’Ahende. Pourlui, cela aurait constitué desinstants significatifs pourl’illustre disparu. De souli-gner à ce propos : « Le pro-

     jet du tournage du clip au-

    rait pu constituer un grandmoment marquant le retouren terre ancestrale du digne

     fils auprès de sa communau-té ».  Car, selon les planifi-cations, nous confie-t-il, «le shooting était prévu austade de Lodja en présencede milliers de fans. Mon

    plus grand regret reste quela Providence n’ait pas pupermettre la matérialisationde ce projet ».

    Lexxus, comme on l’ima-gine, est très affecté par ladisparition d’Ekumani, ilne s’est d’ailleurs pas gardéde l’affirmer et nous a priésde « trouver en ces quelquesmots, la force d’excuser sonsilence ». Car, avoue-t-il : «depuis la triste nouvelle, lesilence me parle, les mots meboudent. Je suis peut-être enmanque d’inspiration et c’esttant mieux ». En effet, les

     jours qui ont suivi l’annoncede la mort subite de l’icônede la musique congolaisequi a endeuillé sa nationet l’Afrique entière, maispas que, il était de ceux quin’avaient pas osé une quel-conque déclaration, visible-ment sous le choc.

      N.M.

    SapeKadhitoza dit bravo l’artiste ! Le styliste-sapeur, créateur de la marque congolaise Kaditoza a salué l’honneur que Kolo histoire lui a fait enlui demandant de l’habiller lui et son orchestre alors qu’il n’était encore qu’un simple couturier.

    Kadhitoza à la Cathédrale Notre dame du Congoaprès le départ du cortège funèbre pour le cimetière

    Joss Diena : « Papa Wemba, mon idole »

    Musique : Papa Wemba a signé un de ses derniers featurings avec Lexxus Legal Natif de la même contrée que Bakala dia kuba, le chanteur hip hop tient la chanson Ahende,un titre de son tout nouvel album Léop’Art chanté en tétéla, leur langue maternelle com-mune, pour sa dernière collaboration musicale.

     Lexxus Legal 

     Assis à quelques mètres de la chapelle ardente la veille des obsèques, le musi-

    cien qui fait partie de la génération actuelle des jeunes leaders d’orchestre aune grande estime pour le Foridole. Aux Dépêches de Brazzaville il a confiécombien il jugeait important le personnage avec qui il regrette de n’avoir pastissé des liens.

     Joss Diena assis à quelques mètres de lachapelle ardente

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    9NUMÉRO SPÉCIAL /

     Le président Joseph Kabila et les officiels rendant un dernier hommage

    FUNÉRAILLES EN IMAGES

     Les amis de Papa Wemba, Otiss, Micha Mulongo, Riva Kalimazi et Denis Kanga

     Jocelyn Armel Le Bachelor (Connivences Boutique)

     Arrivée de la dépouille de Papa Wemba à Kinshasa

     Le ministre Bienvenu Okiémi deposant la gerbe de fleurs

     La délégation ivoirienne déposant une gerbe de fleurs

    Une vue des Sapeurs

     La foule accompagnant la dépouille de Papa Wemba au village Molokaï 

    Crédits photos AFP 

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    10 / NUMÉRO SPÉCIAL

    Sorti de son Lubefu natal, dans le

    Sankuru, en République démocra-tique du Congo, un certain 14 juin1949, Jules Shungu Wembadio nesavait pas quel destin l’attendait

    lorsqu’il embrassa très jeune la car-rière de musicien. Pour dire qu’ilétait devenu l’un des grands de ce

    monde dans le domaine qu’il ado-rait, celui de la chanson évidem-ment, faisons le tour des chaînes detélévision et de radio, feuilletons

    les journaux, cliquons sur le Net etentrons dans les réseaux sociauxnous archiverons tant de données

    sur l’homme. Jamais mort d’ar-tiste-musicien du continent afri-cain n’avait été célébrée au sens des

    hommages qui lui sont rendus du jour où il s’en est allé, ce 24 avrilà l’aube, à celui de ses obsèques, ce4 mai. De fait, de la vie à la mort,

    celui qui vendit bien son nom descène de Papa Wemba a composéavec le succès.

    De l’autre côté de la rive droite dufleuve Congo où il avait ses habi-tudes, le chef coutumier du villageMolokaï sait combien Brazzavillelui rendait les civilités. Il passaitpar Brazzaville pour gagner Paris,

    et regagnait Kinshasa via Braz-zaville. Parce qu’il savait accrocherles Brazzavillois, savait conter la vieavec gaîté, avait l’art de valorisertout à la fois son talent musical, samise vestimentaire, son lingala dumilieu. Et il a su s’adapter aux par-cours de sa carrière de musicien ac-

    compli, devenant inclassable pourses contemporains. A ce titre, on nepouvait dire de Papa Wemba qu’ilchantait mieux que l’un ou l’autregrand nom de la rumba établi àBrazza ou à Kin ; on ne pouvait nonplus dire qu’il n’arrivait pas à la che-

     ville de tel ou tel autre musicien desa génération. Non, il avait sa placeet cela suffisait de le considérerdans son gabarit exceptionnel.Roi de la Rumba, mais aussi de laSape, Papa Wemba ne tarissait pasd’éloges pour les grands noms de

    la mode, des Italiens, aux Anglaiset passant par les Japonais. De sesamitiés avec Strervos Niarcos, il re-tint le conseil, disons la consigneinviolable des guides spirtuels dela réligion Kitendi, parmi lesquelsKoko Waya et Kula Mambo. CesNkaka ou «grands pêtres» recom-mandaient en toute circonstance

    à leurs idoles de : « s’habiller, s’ha-biller, toujours s’habiller, et bien !»Son sociétaire dans Viva la Musicaavant de voler de ses propres ailesavec Victoria Eleyson, King KesterEmeneya vouait à Papa Wemba uneconsidération de tous les instantssur ce plan de la Sape. Il l’appelait

    « l’ancêtre », en quelque sorte legrand héritier de la chose. On savaitEmeneya polémiste en matière deSape et de réussite musicale. Il « al-lumait » littéralement les plateauxde télévision, revendiquant pour cequi concerne la société des ambian-ceurs et des personnes élégantes ledeuxième rang de plus grand sapeurdes musiciens de Kinshasa après son« ancêtre ». Emeneya disait avoir ré- volutionné la rumba.L’autre dimension par laquelle PapaWemba jouait les inimitables, c’était

    la liste de ses surnoms. Se définis-sant volontiers comme un Yan-kee (homme branché), il revêtittour à tour les chapeaux de NkuruYaka, Ekumani, M’Zée, Mwalimu,Jules-Presley, Bakala Dia Kuba,Vieux Bokul, Grand Maya, Elombe,chef coutumier, Formateur desidoles. Au point de faire s’éclipserses noms de naissance Jules Shun-

    gu Wembadio Pene Kikumba. Ilétait sur ce point en symbiose avecStrervos Niarcos Mukaravia Ed-die-Barra, né Andrien MombeleSamba Ngatshie et de José KadimaKula Mambo dit Mwatu Kumwata.Ecoutez la chanson « Proclamation» (1984), vous saurez chez qui Papa

    Wemba prenait costumes, chemises,cravates et chaussures ; écoutez «Kaokokokorobo » vous apprendrezdans la langue des « Yankee » quece titre en forme d’onomatopée si-gnifie « Notre père qui es aux cieux». Il en fit lui-même la révélation àl’émission Karibu variétés animée surla chaîne de la télévision nationale deson pays par le chroniqueur musicalémérite Manda Tchebwa Tchamalu.Nous sommes sans doute en 2001. EtWemba a continué sa carrière avec lemême sourire large, la même gaîté,

    la même joie de vivre comme depuistoujours. Jusqu’au jour fatidique de lascène d’Anoumabo, à Abidjan, cette ville ivoirienne animée qu’il aimaittant, qu’il avait tant honorée dans seschansons. Mercredi, il rejoindra lessiens pour l’éternité.

    Adieu l’artiste !Gankama N’Siah

    C’est connu Pascal Phoba a contri-bué dans une certaine mesure àétoffer le répertoire de Papa Wembanotamment avec le tube Maman. Leparolier nous apprend, l’existenced’une récente réalisation. « Il y aune toute dernière chanson qui est

    encore dans la machine, n’est pas en-

    core sortie. Nous avons travaillé avecPapa Wemba le 14 avril et il est mortle 24 avril. Alors, je suis la dernière personne avec qui il a travaillé », a-t-il dit.« J’ai travaillé avec Papa Wembadans la chanson Maman et plusieurs

    autres encore notamment celle desti-

    née à la campagne pour la distribu-tion des moustiquaires imprégnées», souligne Pascal Phoba. La ren-contre des deux artistes s’est faiteautour du tube Maman dont le pa-rolier lui a fait don en 1998. Il en afait le récit avec une sorte de nostal-gie. « Notre première entrevue avaitété organisée dans le but que je luicède la chanson Maman. Pour cela,

     je m’étais rendu chez lui à la mai-

    son. Il m’a bien accueilli », a-t-il af-firmé. Et d’ajouter que Mwalimu luia même manifesté son étonnementà la lecture du texte écrit de sa mainde la sorte : « Mais, comment yo

     Mukongo okoki kosala nzembo kito-ko boye. Kaka batu ya lac, batu yabamayi nde bakomaka biloko ya ki-toko. Yo inspiration oyo ozui yangowapi ? (Mais, comment se fait-il quetoi, un Mukongo, tu écrives une aus-si belle chanson ? (Seuls ceux qui ha-bitent du côté du lac, une référenceaux ressortissants de l’ex- province

    de Bandundu, l es natifs des eaux qui

    écrivent d’aussi belles choses. D’oùtiens-tu cette inspiration ?), m’a-t-ildemandé ». Et je m’en souviens en-core bien à ce jour.« Le souvenir qui me reste de lui au- jourd’hui, nous a confié Pascal, serattache à la période où je lui avaisdonné la chanson Maman ». Et d’ex-pliquer : « Je l’avais tout de suite pré-venu qu’il devait s’attendre à ce que j’en parle aux médias, la télévision

    ou la radio. Il m’a dit d’emblée : “Pasde problème nga nasi na yebana.Yope luka oyebana na ndenge na yo.Loba yango, cele ne me gênera nul-lement“ ».  Des propos qui peuventse traduire de la sorte : « Pas de pro-blème, moi je suis déjà connu. Toiaussi cherche à te faire connaître.Dis-le, cela ne me gênera aucune-ment ». C’est rare de trouver un ar-tiste ici au Congo qui accepte cela.La simplicité que j’ai remarquée enla personne de Papa Wemba n’a pasd’égal. Il est le seul à agir de la sorte.

     Nioni Masela

    Ekumani!

    Musique 

    Pascal Phoba, le dernier à travailler avec Papa WembaRencontré à la Cathédrale Notre Dame du Congo quelques instants après la levée du corps pour l’inhumation à la Nécropole Entre terre et ciel, le chanteur

    mais surtout célèbre parolier, a affirmé avoir enregistré un titre avec le Nkuru Yaka juste dix jours avant sa mort.

    Pascal Phoba aux funérailles de Vieux Bokul 

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    En décembre 1969, lorsque Pépé Fel-ly rencontre Papa Wemba pour la pre-mière fois sur Luozi au cœur du quar-tier Matonge, il était loin de se douterque leur destin serait lié à jamais aussibien sur le plan personnel qu’artistique.« J’ai eu l’occasion de partager l’intimitéavec Papa Wemba. Artistiquement, jecrois qu’à travers ses compositions j’ai été

     positivement influencé à bien jouer à la guitare. ». Cet ancien de l’Académie desbeaux-arts de Kinshasa dit tout son ad-miration pour celui qui lui demandaitdes choses complexes, l’invitant à se sur-passer. « Des fois, il me demandait deschoses qui me paraissaient impossible àréaliser. Et lui-même ne parvenait pas àme le décrire parce qu’il ne connaissait

     pas le code. Mais, avec la patience et la persévérance que j’avais pendant qu’ontravaillait et que je déchiffrais les accords,

     je parvenais à cerner sa demande et à pé-nétrer la profondeur de l’expression dontil avait vraiment besoin ». Cette conni-

     vence a permis aux deux compères decréer des chansons fabuleuses.« En 1970-1971, confie-t-il, nous avionschanté ‘‘Marie Rosa Bibi’’. Il s’agissaitd’un boléro. Cependant, après avoir finid’arranger la première version du bolé-ro, Papa Wemba me regarde et me dit,‘‘c’est bien ce qu’on a fait. Mais essayonsd’introduite un deuxième rythme quisera le refrain tout en étant assez ryth-

    mé’’. C’était une bonne idée. Mais pourqu’on y arrive, il fallait bien casser lepremier rythme lent. Pour aborder lapartie assez rythmée il fallait faire unemodulation. Nous sommes partis de latonalité « DO », la fondamentale, pouratteindre la quinte qui est la note « SOL». Alors quand on s’est retrouvé sur lagamme de « SOL », curieusement lacarte c’est « Do ». Tout ceci est mathé-matique. Et, il n’était pas capable de medonner la formule telle que je viens del’expliquer ». Patience et écoute ont ca-ractérisé leur collaboration. Pépé Fellyen garde de bons souvenirs et se dit ravid’avoir « bénéficié des sages conseils deMonsieur Papa Wemba »S’il doit son pseudonyme à Papa Wem-ba, il demeure à ce jour, le seul musiciende Zaïko ayant joué dans un album deViva la Musica, « Pole position ». Malgréle décès de Papa Wemba, dit il, « il nelaisse pas un vide. Sur le plan artistique,il a légué un bon patrimoine. Il a produit

     plusieurs albums. L’artiste ne meurt pas.On ne va plus le voir certes, heureuse-ment que la technologie a bien évolué.Nous gardons ses images. On va le revoiret écouter ses mélodies tel qu’il chantait. »Puis de conclure, pour lui rendre unmeilleur hommage, « nous continueronsde perpétuer sa mémoire en utilisant l’artd’Orphée ».

     Meryll Mezath

    Àla question de sa-

     voir quel était leplus récent sou- venir qu’il gardait de sonancien collaborateur, MarayMaray a répondu qu’il lui au-rait fait part de ses dernières volontés. « Papa Wemba m’alaissé un message auquel les gens ne croiront peut-être pas. Il m’a dit, Maray, si jemeurs, toute ma fortune etmes biens devront revenir àmaman Amazone. C’est à elleque revient la charge de les gérer. Celui qui souhaiteraitavoir quelque chose doit pas-ser par elle »,  a-t-il affirmé.Bakala dia Kuba, soutient-il,lui a fait cette confidencela semaine précédant cellede sa mort. Ce qu’il nous aconfirmé de la sorte : « C’estce qu’il m’avait laissé commemessage il y a trois semaines». Face au scepticisme af-fiché par Les Dépêches de

    Brazzaville sur le moment,il a mentionné un témoinprésent lors de cette éton-nante conversation à mêmede confirmer ses dires. « C’est

    vrai. Vous pouvez demanderà Aïcha Okoko, elle était là ce jour-là ».À ces instructions ultimesfaites dans les détours d’une

    répétition alors qu’ils allaient

    se quitter, il a ajouté une re-commandation, a affirméMaray. « J’étais à la répétitionde Papa Wemba parce que jem’apprêtais à partir. C’est làqu’il m’a encore dit : “Vous faites quoi en Europe ? Il fautrentrer au pays et y travailler.Votre nom n’est pas inconnu.Ici les gens vous connaissent“.Il m’avait donné ce conseilcomme s’il m’avertissait qu’ilallait partir et que je devaisrevenir », a-t-il soutenu.Et, dans la foulée des décla-rations prémonitoires, il en aévoqué un autre qui porte, letroisième, sur les souvenirsqu’il a gardés en mémoiredes derniers moments pas-sés avec le Grand Mayas.Ce qu’il nous a raconté de lasorte : « Le troisième sou-venir qui me revient c’est le jour où il a consacré quinzeminutes avant de commencer

    son concert à parler de moi.

    Devant tout le monde à Free-box, il m’a fait des éloges. Ilest revenu sur mon parcoursdans son groupe. Il a notam-ment avancé : “Au momentoù ma carrière connaissaitune baisse, Maray Maray estvenu et m’a aidé à remon-ter“. Il a ainsi parlé de moi pendant quinze minutes. J’ai pleuré dans la salle. Les musi-ciens de Viva la Musica m’ont prié de monter sur le podium pour chanter avec eux, je nele pouvais pas parce que tropému ». Après l’évocation deces trois faits, il a jugé bond’en circonscrire la période.« Voilà, ce sont là les troisderniers souvenirs que j’ai dePapa Wemba. Ils se sont pro-duits en près de trois mois.Enfin, je l’ai vu trois fois entrois mois ici à Kinshasa »,a-t-il renchéri.

      Nioni Masela

    Pépé Felly : « Papa Wemba ne laisse pas un vide »Guitariste de talent, ancien chef d’orchestre de Zaiko Langa Langa, Fé-lix Manuaku Waku dit Pépé Felly, évoque son passé commun avec PapaWemba dont il a été l’un des fidèles amis et frères

    Pépé Felly à Kinshasa lors des obsèques de Papa Wemba

    Succession

    Maray Maray révèle les dernières volontés de Papa Wemba L’ex-chanteur de Viva la Musica affirme que Vieux Bokul lui « a laissé un message » il y a trois semaines, une sorte de testament verbal où ildisait léguer tous ses avoirs à son épouse Marie-Rose Luzolo plus connue sous le pseudonyme d’Amazone.

     Maray Maray devant les marches du hall principal du Palais du peuple la

    veille des funérailles de Papa Wemba

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    On le surnommait...Papa WembaMaître d’écoleBokulaka, MwalimuMzeeBakala dia KubaChef coutumier Petit RossiLinioko ya tembeEkumaniJules Presley BokulVieux BokulFormateur des idoles

    Fula NgengeKema FumbeKolo histoireKuru Yaka,Grand MayaElombeNotre PèreLe roi de la sape

    Le lendemain de la mort de « Pe-tit Rossi », Princesse a confié aux

    Dépêches de Brazzaville non sansregret : « Papa a fait un feat avecmoi sur le titre Stranger. Il m’auralaissé comme présent cette parti-cipation dans mon album Amour

     virtuel qui sort bientôt dont jedevais commencer la promotionradio cette semaine. Nous avonstout arrêté jusqu’à l’enterrementde Papa. On avait déjà fait le clipde la chanson. Il était toujours dis-ponible et si simple ! Sa présencerassurait. Il était adorable et dispo-nible comme toujours ».Princesse Joss Kalim est celle quele chanteur disparu appelait af-

    fectueusement « La grande ». Lesurnom lui est resté après qu’il enait fait mention dans Six millionsya ba soucis, un des tubes de l’opusNotre père où elle a prêté sa voix àl’instar de Nathalie Makoma. Ceuxqui ont écouté l’album Notre pèreont sûrement entendu cette phraseoù le regretté patron de Viva laMusica dit : « La grande, mwanaya Cameroun ». C’est justement àPrincesse Joss Kalim qu’il fait al-

    lusion. Ce passage de Six millionsya ba soucis n’est plus ni moins

    qu’une invitation à chanter de plusbelle, ce qu’elle fait dans la dernièrestrophe. Beaucoup l’ignorent l’at-tribuant à Nathalie Makoma qui achanté les trois précédents et qui,du reste est la seule à figurer dansle clip. Mais il suffit de faire bien at-tention pour se rendre compte quela voix qui dit : « Soki eza contraireenvoûtement ewuti wapi ? Tokendeepayi ya ba pasteurs ba délivrer yooh !... ( Et si c’est le contraire alorsd’où vient cet envoûtement ? Allonsauprès des pasteurs pour ta déli-vrance… » diffère.La chanteuse qui a pour style de

    prédilection le zouk a soulignéà cet effet : « Le souvenir le plusmarquant de notre collaborationc’est quand on préparait l’albumNotre père. Je suis intervenu dansdeux titres, Six millions ya ba sou-cis et Mima. Pour la chanson Sixmillions ya ba soucis, Papa se lais-sait souvent guider sur la façon dechanter. Tout Papa Wemba qu’ilétait, il écoutait mes propositionssur telle ou telle autre façon de faire

    les choses. Beaucoup de leaders de groupe congolais ne le font pas. »

    Princesse a expliqué ainsi les cir-constances de sa rencontre avecle « Maître d’école » : « C’est Bar-ly Baruti qui m’a présenté à PapaWemba, ce jour-là, on a échangésur la musique. Il est ensuite pas-sé nous écouter en concert. J’avaisenvie de faire un featuring aveclui au départ, à ma grande sur-prise, c’est lui qui m’a proposé del’accompagner dans sa formuleacoustique. Et, d’encadrer les fillesqui constituaient le chœur fémi-nin. Je suis fière d’avoir travaillé àses côtés ».Au bout du compte affirme-t-

    elle avec un profond regret : « DePapa Wemba, je garde le souvenird’un géant qui ignorait qu’il enétait un. Une super star accessible,disponible, simple, à l’écoute desautres… et pourtant si charisma-tique ! Je pleure car j’ai perdu un

     père, un parrain, un confident…savoir qu’il était là me rassuraitmême si je ne le voyais pas chaque

     jour. Qu’il repose en paix ! » Nioni Masela

    En tout bien tout honneur, sonExcellence Pierre Michel Nguim-bi, ambassadeur du Congo-Braz-zaville au Sénégal a effectué ledéplacement pour soutenir sonhomologue diplomate avec qui ilspartagent déjà depuis quelques an-nées une passion particulière pourla musique de leurs deux pays.Les médias nationaux ont été au

    rendez-vous pour immortaliser lacérémonie qui a démarré dès 11h30 du matin avec la réception del’icône internationale sénégalaiseYoussou Ndour en sa double quali-té de ministre conseiller du chef del’Etat Sénégalais, son ExcellenceMacky Sall. Ce dernier a apportéson témoignage sur sa rencontreet sa collaboration avec Papa

    Wemba, mais aussi et surtout sursa proposition à instituer au Séné-gal, en Afrique et dans le monde leWemba Day, tous les 24 avril, toutcomme cela l’est pour Bob Marley.Il s’est engagé à apporter sa contri-bution matérielle pour le grandconcert en hommage à Papa Wem-ba ce vendredi 06 mai à la Place duSouvenir de Dakar, initié par l’am-

    bassade de la RDC.D’autres stars sénégalais et non pasdes moindres comme Omar Pèneou encore Ismaël Lô ont effectuéle déplacement pour honorer lamémoire de leur frère et inscrireleurs témoignages et condoléancessur le livre d’Or prévu à cet effet.Ismaël Lô a témoigné de sa der-nière prestation à Kinshasa oùPapa Wemba s’était spontanémentinvité sur sa scène pour effectuerun duo avec lui, un moment qu’iln’oubliera jamais.Saintrick notre star congolaise ré-sidant au Sénégal n’a pas manqué àl’appel. En compagnie de son ma-nager Luc Mayitoukou, ils ont ap-posé leurs témoignage et signaturesur le livre d’Or et échangé avec lesmembres de l’ambassade dont leChargé d’Affaires qui a été très sen-sible à la présence de Saintrick. Cedernier lui aurait confié deux deses anecdotes avec le Kuru : « Ons’est croisé plusieurs fois, d’aborden 1995 à Abidjan au Masa, puis àBrazza et Yaoundé où j’ai travaillésur le son de ses prestations, à Pa-ris et dernièrement à Kinshasa où

    il nous avait reçu à son domicile en2012. J’ai eu l’honneur d’avoir étél’artisan de sa seule rencontre avecla défunte Bébé Manga dont il ainterprété la chanson ‘’Ami oh’’, etlors de notre visite à sa demeurede Ma Campagne, Papa Wembam’avait confié avoir reçu mon al-bum ‘’Nsamina’’   par un ami à luien Suède. Pour me confirmer qu’ils’agissait bien du mien, il m’avaitdit : Saintrick, c’est bien toi lecongolais qui chante en wolof et enlari non ? J’avais été très touché parla grandeur de cet artiste, son hu-milité et sa sensibilité. Je suis heu-reux qu’il soit parti comme il l’asouhaité, mais très triste qu’il nousait quittés si tôt ! Chapeau l’artisteet que ton âme repose en paix ! »Autour des artistes et musiciensdes deux Congo de Dakar, des ar-tistes sénégalais ont célébré l’icônemondiale Papa Wemba, ce ven-dredi 06 mai 2016, à la Place duSouvenir de la corniche ouest de lacapitale, à quelques patté de mai-son de la résidence de l’ambassadedu Congo- Brazzaville.

    Sara Mezath

    Hommage à Papa Wemba

    Saintrick et les stars sénégalaises signent le livre d’Or à l’ambassadede la RD Congo à Dakar

     Le Chargé d’Affaires de l’Ambassade de la République démocratique du Congo, Nicolas

    Fataki Lungele Mussambya a convié les artistes et hommes de culture du Sénégal à rendrehommage à Papa Wemba le mercredi 04 mai 2016, jour de l’inhumation, par la signaturedu livre d’Or mis en place à son honneur.

    Saintrick signant le livre d’Or à l’ambassade de la RDC à Dakar 

    Collaboration Papa Wemba a laissé un featuringavec Princesse Joss KalimStranger est le titre sur lequel il avait placé sa voix dans l’album Amour virtuel, elle s’apprêtait à lancer la promotion la semaine dernière mais la mort inopinée de son « Papa » intervenue à quelques jours près, ledimanche 24 avril, l’a pris de court et contraint de tout remettre à plus tard.

    Papa Wemba et Princesse à l’époque de ses années Viva la Musica Photo 2 : Une des séances d’enregistrement de Stranger

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    Un humble au grand cœurDans la pléthore de témoi-gnages un mot revient surplusieurs lèvres : humilité.Malgré son immense talentet sa notoriété qui dépas-saient les frontières natio-nales et continentales, il étaitresté humble et proche ducommun des mortels. At-taché à Matonge, quartierau cœur de l’ambiance deKinshasa la capitale, où il estné sur l’avenue Kanda-Kan-da, il venait régulièrements’y ressourcer et participer àplusieurs événements heu-reux ou malheureux. C’est de

    là que tout est parti en 1977avec la création de l’orchestreViva la Musica.Un tenancier d’un nganda –

    ces petits bars où l’on vendboissons et grillades en pleinair – sur l’avenue Oshwe, lequalifie de « Dandy humble». Deux termes qui semblentantagonistes mais qui résu-ment bien la personnalité

    de Bokul. Un être capablede s’adapter à l’ambiancedes quartiers moins nantisou des palaces, de s’expri-mer avec le même enthou-siasme tant dans les petitsbars de Kinshasa que dansles grandes salles mythiquesà Paris, New-York, Tokyo,Montréal et sur les scènes des

    festivals à travers le monde.Un autre trait de caractèrequi ressort au fil des témoi-gnages c’est l’homme augrand cœur. Pour les jeunesdu quartier qui l’appellentaffectueusement « Papa »ou « Vieux – sous entenduBokul », il était celui que l’onallait voir pour les conseils etles orientations. Sa généro-sité légendaire était souventsollicitée pour régler desproblèmes de frais de scola-rité, contribuer à des funé-railles ou résoudre d’autressoucis de la vie quotidienne.Un ami proche, qui dé-

    pendait totalement de luiconfie le regard hagard sondésarroi. Un autre nous ex-hibe, une montre de grande

    marque souvenir d’un de cesélans de générosité dont ilavait le secret.Le roi de la SAPEDepuis l’annonce de la dis-paration de l’icône de lamusique congolaise, tout

    se passe autour des avenuesM, Oshwe, Lokolama, KA I ( MOLOKAI en sigle).C’est là que se réunissent lesproches du quartier, les fanset les disciples. Dans les ruesavoisinantes les adeptes dela religion Kitendi font leuradieu au porte-étendard dela SAPE (Société des Am-

    bianceurs et des PersonnesElégantes). Comme un piedde nez à la mort, ils arborentdurant cette période de deuilleurs plus beaux atours.L’adieu à Papa, se fait sousforme de « Battles » des frin-gues. Pas pour faire la guerremais pour honorer et saluercelui qui leur a inculqué l’artdu propre : « bien rasé, biencoiffé, bien parfumé, na ba griffes yasomo ! »Les griffes Papa Wemba sa-

     vait les manier et les mé-langer avec finesse et origi-nalité. On pouvait le croiserle matin en style américainplus relax, l’après-midi encostard british « classic man» et le soir en tenue plus ex-centrique digne d’un défiléde mode d’un styliste italien,français ou japonais. L’élé-gance de son âme se reflétaitdans ses accoutrements et luidonnait une aura particu-lière et universelle.

    Précurseur et explorateurmusicalDans la musique commedans la mode, Papa Wembaétait un visionnaire et pré-curseur. Il a toujours prisdes risques musicalement.Dans la seconde générationde la musique congolaise, ilest le premier à explorer la

    piste de la musique tradi-tionnelle et à l’intégrer dansson répertoire. Analengo,puisant dans le folklore Tete-la, son ethnie d’origine.Il sera aussi l’un des premiersafricains à s’aventurer dans leterrain de la World Music.

    Sa collaboration avec PeterGabriel donnera naissanceà deux albums phares « Le voyageur » et « Emotion »qui restent graver dans lesmémoires des amoureux dela musique.Ouvert à plusieurs stylesmusicaux, il a fait du Gospel(avec le chœur Luc Gillon),du classique (avec l’orchestrede chambre del’INA), du Jazz( La passion du maître ? ).

    Acteur ,« playeur »et formateurArtiste complet, il fera aussides incursions dans le sep-tième art avec notammentl’interprétation du rôle pharedans le film de NganguraMweze « la vie est belle » ets’était mis à la peinture avantde nous quitter.Dans sa vie, il a plusieurs fa-cettes qui semble découlerd’une schizophrénie entrete-nue qui sépare la vie de Shun-gu Wembadio – le père, le chef

    de famille, le vieux du quar-tier- de celle du Kuru yaka.Jules Manswa l’un des fidèlesparmi les fidèles parle mêmed’une segmentation des rela-tions. « Il avait clairementdivisé en compartiments sa

     vie ; il y avait les amis de tousles jours, les relations d’af-faires, les amis pour la fête et l

    ‘ambiance… »En jouant sa vie comme unrôle dans le cinéma planétaire,Papa Wemba a fait briller sonétoile sur plusieurs. Dans safilmographie plusieurs ac-teurs de second rôle on étépropulsés au premier car ilpartageait son savoir-faire

    et sa lumière artistique avecles autres. De King Kester àAwilo Longomba en passantpar Reddy Amissi et StinoMubi, il a laissé une école quia le défi de préserver son styleet sa mémoire.Humaniste engagéHumaniste ayant le soucidu plus grand nombre, il achanté pour plusieurs causeshumanitaires et participé àplusieurs actions pour la dé-fense des droits humains.

    Plusieurs chansons reflètentson combat pour la cause del’Afrique et du peuple noir –Le voyageur, Logembo dansBazonkion – son nationa-lisme « Ebalé ya Congo » etl’unité africaine. Plusieursassociations humanitaireslouent son abnégation et sonengagement pour les plusdémunis.Le sacre de la rumbaAu seuil de sa vie, il est cou-ronné roi de la Rumba. Un

    titre mérité au regard de soncheminement artistique. Illègue à l’humanité plus de1000 chansons et plusieursalbums qui continueront àfaire le bonheur des mélo-manes du monde entier.Que Viva la Musica ! QueViva Papa Wemba.

     Pour le collectif MMD

    Que viva Papa Wemba - Que Viva la Musica :De Molokaï à l’immortalité

     La République Démocratique du Congo et l’Afrique viennent de perdre une star planétaireque l’on ne peut circonscrire dans une case particulière. Un homme, plusieurs styles, plu-sieurs sobriquets qui dénotent les nombreuses facettes de l’illustre disparu: Jules Presley,chef coutumier du village Molokaï, Kuru Yaka, Papa Wemba, Bokul, Bokulaka, Mwali-mu, Ekumanyi, Vieux MuZee, Maître d’ école, le roi de la Sape, le roi de la rumba…Tousces surnoms décrivent un parcours riche et révèlent la grandeur de l’homme. Que retenirde Papa Wemba ? Le collectif des agences de communication congolaises vous invite à unvoyage à travers Shungu Wembadio.

  • 8/15/2019 Epopée_Légende

    14/16

    Les Dépêches de Brazzaville - Samedi 7 mai 2016

    - www.lesdepechesdebrazzaville.fr -

    14 / NUMÉRO SPÉCIAL

     La Nécropole entre terre et ciel dansla commune de N’Sele, zone périphé-

    rique de Kinshasa, est la nouvelleadresse temporaire du maestro, JulesShungu Wembadio Pene Kikumbadit Papa Wemba en attendant qu’unmausolée lui soit construit. Son der-nier voyage le mercredi 4 mai a eules honneurs de la population toutentière. Une foule immense a assis-té à l’inhumation de cet artiste qui aconnu un parcours élogieux.Après la messe qui a été dite par lecardinal Laurent Mossengwo Pasi-nya à la Cathédrale Notre Dame duCongo à Kinshasa, le corps sans viede Papa Wemba a été conduit à sadernière demeure. Tout au long du

    chemin, de la commune de Lingwa-la en passant par Kasavubu, Kalamu,

    Limete, Matete, N’Djili, Masina etN’Sele, une immense foule était dansla rue pour dire au revoir à PapaWemba. De la tristesse combinée àla joie, c’est paradoxalement ce quel’on pouvait lire sur les visages desKinois (jeunes, personnes âgées oudes familles entières) perchées sur lestoits des maisons ou regroupés toutau long de l’avenue Lumumba, prin-cipale avenue qui conduit à la Nécro-pole entre terre et ciel, chantant et ap-plaudissant le passage de la dépouillede Papa Wemba.À l’arrivée de la dépouille de PapaWemba à la Nécropole, une cérémo-

    nie funèbre a été organisée. Dans sonoraison, l’administrateur du cime-

    tière a évoqué que Shungu a toujoursété aux avant-gardes de l’histoire dela musique congolaise sans jamaismanquer à son devoir de bon père defamille. Qu’il s’est toujours battu pourle rayonnement de son pays à traversla musique. Après avoir parcouru lemonde et ramené autant de trophées,il a su rester humble, mesuré et dis-cret. Papa Wemba quitte ce mondel’arme à la main sur le planché de lamusique comme le fit Molière…Jules Presley Shungu poursuit-il atant prôné l’espérance, il a revisité larumba pour la rendre maniable etacceptable par la jeunesse montanteet aussi par le monde international…Merci d’avoir su nous guider dansnotre quête de la perfection musicale.« Chers amis, ainsi enrichi et défié par

    toutes les évocations si haut, et cellesd’il y a 10 jours depuis Abidjan en

     passant par le village Molokaï, le pa-lais du peuple. Nous proclamons hautet fort qu’à compter de cet instant, lemaestro, Jules Presley Shungu Wem-badio Pene Kikumba dit Papa Wemban’est plus à chercher sur un quelconque

     planché de festival, ni au village Mola-kai, ni dans la commune de Ngaliemaau N°16 de l’avenue Fauré quartier

     Joli palme, car il vient de changerd’adresse et de commune en élisant

    domicile dans cette belle citée qu’est laNécropole de Kinshasa dans la com-

    mune de la N’Sele, dans le quartierVIP culture, sur l’avenue du souvenirau N°6. Chers amis, Shungu a changéd’adresse »,  a déclaré l’administrateurde la Nécro