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Epreuve orale d’histoire des arts – 2011/2012 sujet : Peinture Sujet : Frida KALHO « La colonne brisée », 1944 peinture à l’huile

Epreuve orale d’histoire des arts 2011/2012 sujet : Peinture · Atteinte d’une grave pneumonie, Frida Kahlo meurt dans la nuit du 13 juillet 1954, sept jours après son quarante-septième

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Epreuve orale d’histoire des arts – 2011/2012

sujet : Peinture

Sujet : Frida KALHO « La colonne brisée », 1944 peinture à l’huile

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Frida Kahlo, née le 6 juillet 1907 à Coyoacán au Mexique et morte le 13 juillet 1954, est une artiste peintre mexicaine qui a joué un rôle important dans le mouvement artistique mexicain de son époque. À l'âge de 6 ans, Frida est atteinte par la poliomyélite. Le symptôme principal est que sa jambe droite s’atrophie et son pied ne grandit plus. Il n'atteindra jamais la taille qu'il devrait avoir. C'est ce qui lui vaudra le surnom de « Frida-la-boiteuse » par ses camarades de classe. En 1922, à l'âge de 16 ans, elle intègre l'Escuela Nacional Preparatoria, considérée comme le meilleur établissement scolaire du Mexique. Elle souhaite alors devenir médecin. Malgré l’intérêt qu’elle porte aux beaux-arts, elle n’envisage pas de se lancer dans une carrière artistique. Le 17 septembre 1925, Frida prend le bus pour rentrer chez elle après ses cours. Soudain, l’autobus sort de la route et percute un tramway. Plusieurs personnes trouvent la mort lors de l’accident. Frida, elle, est grièvement blessée. Son abdomen est transpercé par une barre de métal qui transperce egalement son vagin et l'empêche donc de donner la vie, sa jambe gauche subit un grand nombre de fractures, onze au total. Son pied droit est également cassé. Le bassin, les côtes et la colonne vertébrale sont eux aussi brisés. L'épaule n'est que démise. Elle reste alitée pendant trois mois, dont un mois à l’hôpital. Mais environ un an après l’accident, elle doit retourner à l’hôpital, car on remarque qu’une de ses vertèbres lombaires est fracturée. Frida sera alors contrainte de porter durant neuf long mois des corsets en plâtre. C’est alors qu’elle commence à peindre. Pour l'aider, ses proches placent un baldaquin au-dessus de son lit avec un miroir pour ciel. Elle peut alors se servir de son reflet comme modèle, ce qui est probablement l'élément déclencheur de la longue série d'autoportraits qu'elle réalisera, sur 143 tableaux, 55 sont des autoportraits. Elle doit subir de nombreuses interventions chirurgicales qui l'obligent à rester couchée sur un lit d'hôpital. En 1928, Frida Kahlo s’inscrit au Parti communiste mexicain. Elle s’intéresse particulièrement à l’émancipation de la femme dans la société mexicaine qui est encore très machiste. Elle a un désir de voyage, d'étudier, elle veut la liberté et le plaisir. Cette même année, Frida rencontre Diego Rivera (1886-1957) dans l'auditorium de son école (celui-ci y faisait une murale). En décembre 1938, Frida et Diego divorcent. Elle ressent de grandes douleurs dans la colonne vertébrale et contracte une mycose aiguë à la main droite. En septembre 1940, elle se rend à San Francisco pour être soignée par le docteur Eloesser. Pour le remercier de ses soins, elle peint pour lui Autoportrait dédié au Dr. Eloesser. En 1943, elle dirige une classe de peinture à l’académie des Beaux-Arts. Mais sa mauvaise santé l'oblige à enseigner chez elle. Des douleurs permanentes dans le pied droit et dans le dos l’empêchent de marcher correctement. Elle doit porter un corset de fer (que l’on retrouve dans La Colonne brisée). En juin 1946, elle subit une opération de la colonne vertébrale qui lui laisse deux immenses cicatrices dans le bas du dos. Atteinte d’une grave pneumonie, Frida Kahlo meurt dans la nuit du 13 juillet 1954, sept jours après son quarante-septième anniversaire. Les derniers mots de son journal furent « J'espère que la sortie sera joyeuse… et j’espère bien ne jamais revenir… Frida ». Pourtant, en travers de son dernier tableau, peint juste avant de mourir, elle a écrit « Viva la Vida » (« Vive la Vie »).

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Correction :

1) Introduction – Présentation de la peinture

→ C’est une image présentant une œuvre intitulée « la colonne brisée » . C’est une peinture créée

par l'artiste mexicain Frida Kalho. Elle est réalisée à la peinture à l’huile. La date d’exécution de l’œuvre est 1944, date

qui nous rappelle bien évidemment l’approche de la sortie de la seconde guerre mondiale. Cette date nous rappelle aussi

le débarquement en Normandie fin 1944 tournant décisif de la seconde guerre mondiale. Frida Kalho est reconnue

pour ses œuvres qui témoignent de sa vie, ses pensées, de ses ruptures. Il ne faut pas oublier que Frida se mit à la

peinture après un accident qui lui laissera des séquelles à vie, une colonne vertébrale brisée. Elle dut palier aux

longues heures de convalescence et de souffrance, allongées sur son lit, en pratiquant la peinture comme un moyen

d’expression avec un sujet récurrent l’autoportrait. « La colonne brisée » est peint en 1944 lorsque son état de santé

empira et qu’il lui fallut porter un corset de métal.

2) Description et analyse

Cette peinture est un autoportrait, figurative où l’on reconnait Frida aisément. Ce tableau représente une

femme fendue au milieu d'elle- même qui laisse voir ce qui semble être sa colonne vertébrale, représenté par

une colonne antique fissurée symbolisant une grande fragilité. Elle semble retenue par une sorte de corset en

fer (on le remarque bien grâce aux reliures) ; ce maintien est également représenté par les clous omniprésents

sur l'ensemble de son corps. Ce corset met en valeur sa poitrine et donc sa féminité. Elle retient son vêtement

en lui donnant un forme comme si elle allait se mettre en mouvement ce qui est impossible vue l'immense faille

au milieu de son corps et sa posture extrêmement droite et immobile. Ses yeux, mis en valeur par ses sourcils,

expriment de la souffrance accentuée par ses pleurs (ce n’est pas de la tristesse). L'arrière- plan représente

une sorte de désert déchiré. C'est un horizon monotone. Les couleurs choisies n'attirent pas l'oeil mais la

mettent extrêmement bien en valeur.

Frida Kahlo est paralysée de la colonne vertébrale, elle peignit cet autoportrait lorsque son état de santé

empira et qu'il lui fallut porter un corset de métal. Ce qui explique son « vêtement ». Une colonne ionique

brisée en plusieurs endroits symbolise sa colonne vertébrale blessée. La fente dans son corps et les sillons du

paysage déchiré, monotone deviennent le symbole de sa souffrance et de sa solitude.

Dans les années 1930, après l'arrivée au pouvoir des nazis en Allemagne, Frida écrit son nom « Frieda », de

«Frieden », « paix » en allemand. Le 9 janvier 1937, le président Lázaro Cárdenas del Río accorde,

conformément à ses pouvoirs constitutionnels, l'asile politique à Léon Trotski. Lui et sa femme sont accueillis

par Frida et Diego, à La Casa Azul (La Maison bleue). Une brève liaison que l'on dit passionnée se développa

entre Trotski et Frida. À la fin de cette aventure, l'artiste lui offre « affectueusement » pour son

anniversaire, le 7 novembre 1937, Autoportrait dédié à Léon Trotski où elle se montre sous son meilleur jour

avec une dédicace :

« Pour Léon Trotski, je dédicace cette peinture avec tout mon amour… »

« La colonne brisée » , d’un point de vue plastique, montre une utilisation de la couleur très lisse et en surface.

Le Bleu du ciel , en arrière- plan, contraste fortement avec la couleur chair, chaude et lumineuse du corps de

la femme. D’ailleurs, il semblerait que la lumière émane du corps de manière autonome. Elle est indépendante

du paysage désertique en arrière- plan. Mais nous pouvons très bien envisager un deuxième type de lumière qui

viendrait d’au- dessus comme si la représentation de Frida était sous un rayon de soleil malgré le ciel froid et

pesant de l’arrière- plan. Enfin nous pouvons apercevoir une lueur lumineuse par un dégradé léger en bas à

gauche du ciel. Frida y déposait la lumière de manière très subjective (selon ces trois sources lumineuses) et

invite le spectateur à pénétrer dans un monde onirique (comme dans un rêve).

D’autre part, à travers une composition basée sur des lignes de construction, l’artiste nous montre qu’il

souhaite accorder plus d’importance à la terre qu’au ciel. En effet la ligne d’horizon est placé très haute dans

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le tableau et prend ¼ de la surface totale. La tête se trouve dans le ciel et la posture de son corps permet à la

colonne vertébrale, antique d’être sur la ligne médiane verticale du tableau, traçant ainsi une composition en

croix. De plus notre regard circule de haut en bas dans ce tableau découpant ainsi l’espace de la toile en 4 :

Une bande bleu avec le visage, une bande jusqu’à la médiane horizontale qui inclut la poitrine symbole de la

féminité, une bande qui va de la poitrine au drapé qui montre un bassin brisé, l’impossibilité d’avoir des enfants

et une bande qui inclut les mains et le vêtement blanc qui cache le reste du corps.

L’espace de l’œuvre fonctionne très simplement. Au premier plan, l’autoportrait, le sujet du tableau ; le second

qui montre un désert fissuré, blessée qui montre des irrégularités et de la matière (peinture plus épaisse) qui

contraste avec la frontalité du corps de Frida et enfin l’arrière-plan du ciel bleu. La profondeur du désert

symbolise la grande solitude et souffrance de Frida Kalho.

Frida utilise une technique de glacis pour déposer la peinture (de fines couches de peinture transparente

superposées les unes sur les autres), un peu moins visible dans le traitement du désert. Le modelé du corps y

est très peu nuancé qui montre une sérénité du geste. D’ailleurs de la peau est en fort contraste avec les clous

noirs et pointus qui recouvrent une grande partie du corps.

3) Interprétation

L’œuvre s’appuie beaucoup sur des principes narratifs symboliques. Les clous, présent sur une grande partie du

corps, varie de taille selon les endroits. Nous pouvons supposer que Frida souffre plus à la hanche, à la colonne

vertébrale mais aussi « au cœur » par rapport à leur taille donc par rapport à leur importance. Si on trace la

ligne de l’angle en bas à gauche jusqu’à l’angle haut droite nous nous apercevons que les clous les plus gros sont

sur cette ligne. De ce fait Frida voulait offrir par cette diagonale une vision de la souffrance se terminant par

« le cœur brisé ».

De plus par son oeuvre, Frida exprime ce qu'elle endure et la souffrance dû au corset en fer qu'elle va devoir

porter. Son handicap l'a fait souffrir mais elle affirme malgré tout rester une femme. Le corset, serrant le

corps et donc privé le corps de toute liberté y est significatif par le blanc. Cela renvoie au blanc du drapé

renvoyant au fait que Frida doit se résoudre à porter ce corset comme seul vétement. Frida a porté de

l’importance à montrer sa féminité mais en même temps sa poitrine se trouve pris au piège entre deux

ossatures de son corset.

Nous pouvons interpréter le choix de la composition en croix comme une allusion à la crucifixion du christ ou,

associer l’image de Frida à l’image de Saint Sébastien, les clous remplaçant les flèches, les clous cause des

stigmates du christ. Est-ce une allusion biblique ? Frida se présente-elle comme une martyre ?

Frida Kalho nous présente à travers cet autoportrait sa pensée, son état d’âme. Dans un état de souffrance et

dans un univers onirique voire, pour certains, cauchemardesque, elle montre à travers sa représentation sa

condition féminine privée de liberté. Frida était une femme qui s’était toujours battu pour être libre, nier en

bloc la société machiste mexicaine de l’époque et vivre intensément. Cet représentation de la souffrance

physique nous amène à penser qu’elle offre au spectateur une souffrance morale privé de liberté. Ne serait-ce

pas une réflexion sur le monde de l’époque qui vit destruction, guerre et dictature ? Ou la quête de retrouver

un jour la liberté soumis par l’oppression (ici, représenté par le corset) ?

4) Conclusion – Impact de l’œuvre

L’œuvre de Frida Kalho a profondément marqué les esprits par sa sincérité. Elle a participé à réveiller les

consciences féminismes qui a droit à toutes les distinctions les plus égalitaires. Partout dans le monde, la

dictature recule et perd du terrain, laissant place à des événements historiques qui respire la liberté comme la

libération de Paris en août 1944. Malgré tout, Frida continue de souffrir physiquement et moralement, œuvre

qui exprime toute la fragilité de la femme.

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