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Journée pédagogique du 26 octobre 2016

Thème : « l’accompagnement des émotions

autour du jeune enfant »

Intervenante : Laurence RAMEAU

I - Les émotions de la Petite Enfance

Les enfants de 0-4 ans peuvent tous être considérés comme des bébés.

Photo du bébé avec un pinceau plein de peinture dans la bouche

L’enfant découvre le monde (ici la peinture). L’enfant ne commet jamais de bêtise.

La bêtise = qualification et jugement de valeur chez l’adulte.

Photo du bébé qui crie

L’enfant ne fait jamais de colère. « Tu me fais une colère » n’existe pas chez l’enfant.

2 - Qu’est-ce qu’une émotion ?

En IPE (institut Petite Enfance), Laurence Rameau côtoie des chercheurs. Ceux-ci travaillent en milieu

fermé (laboratoire) et ne peuvent constater les applications pratiques. Laurence Rameau est en

charge de créer le lien entre les progrès scientifiques et le terrain. A ce jour, 30 ans sont nécessaires

pour mettre en application la découverte scientifique par les professionnels sur le terrain. L’objectif

est de mettre en lumière le plus tôt possible tout ce que l’on sait désormais sur le bébé pour que les

professionnels se l’approprient et en fassent bénéficier l’enfant.

L’émotion est une sensation physique. Elle est ponctuelle, furtive. Par exemple : la joie, la tristesse, la

peur, la colère, la surprise, le dégoût, la rage. Elle se différencie du sentiment. Celui-ci est plus diffus

et installé dans le temps.

L’émotion peut se transformer en sentiment. Exemple : la peur.

3 - Comment naissent les émotions ?

Les émotions sont à la fois du domaine de l’inné et de l’acquis. Boris CYRULNIK a une expression à ce

sujet « Les émotions, c’est 100 % d’inné et 100 % d’acquis ». Tout être humain porte en lui des gènes

transmis par ses parents, grands-parents…. Autour de la génétique s’est développée l’épigénétique –

la génétique modifiée par l’environnement. Ainsi, il est constaté que 3 générations sont impactées

par le comportement de l’adulte. Exemple : un adulte ne devrait fumer qu’après avoir conçu ses

enfants. Les répercussions d’un adulte qui fume ne s’estompent qu’à partir de la 4ième génération. Il en

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est de même pour le lien d’attachement. La biologie de l’attachement permet de constater les

conséquences d’une insécurité affective jusqu’à 3 générations.

Les émotions et la culture sont les bases de l’apprentissage. La culture et donc l’éducation ont un

impact important sur le devenir de l’enfant. La culture française impose dès le plus jeune âge de

« cacher ses émotions ». L’adulte encourage l’enfant à « arrêter de pleurer » lorsqu’il se fait mal en

lui disant que ce n’est rien. Il pourrait dire « ok. Je vois tu as que mal. Tu peux pleurer si tu en as

envie ».

4 - Comment un bébé ressent les émotions ?

A savoir : personne ne se souvient de sa petite enfance. Les souvenirs arrivent après le langage (le

langage modifie le cerveau) et pourtant tout se construit dans les 6 premières années. Aucun

souvenir intérieur des apprentissages avant le langage. On considère que le langage est en place dès

la 4ième année (Michèle KAIL). Il est donc essentiel de repenser un autre mode de réflexion face aux

bébés. Dépasser la transmission actuelle de l’éducation et de la reproduction de l’apprentissage qui

n’est pas adaptée aux très jeunes enfants et donc aux futurs adultes. En France, les adultes (depuis

des générations) encouragent les enfants à être « grands ». C’est bien d’être grand. Après la crèche,

l’enfant est grand, il va à la maternelle. Puis il est grand, il va en CP…puis en 6ième…et à chaque

passage, il redevient le plus petit du cycle. Cela met l’enfant dans un stress constant tout au long de

sa scolarité et ce, dès la maternelle.

Avant la naissance, les émotions sont sensorielles. Dès la naissance, les bébés ont conscience d’eux-

mêmes et peut-être avant, cela reste à étudier. Le bébé reconnaît si le doigt posé sur sa bouche est le

sien ou celui de sa maman. La grossesse chez l’Homme est très courte au regard de celle des autres

espèces vivantes. En 9 mois, le bébé est loin d’être construit. La maturation cérébrale s’achève à 25

ans. Il est difficile d’apprendre après cet âge alors que le terrain est propice à « l’apprentissage » dès

les premières années. Un enfant issu de 2 cultures et langues différentes s’approprie en parallèle les

deux (bilingue très rapidement) avec facilité.

5 - les émotions du tout petit.

A la naissance : détresse, surprise, contentement, dégoût…

Vers 3 mois : tristesse, peur, sourire…

Vers 4 mois : découverte du rire

Après 1 an : fierté, culpabilité, honte

Vers 2 ans : détresse transformée en colère

Le bien-être ou mal-être (malaise) du bébé se développe très rapidement. Lorsque le malaise du

bébé s’installe, il est question de destruction psychophysiologique (troubles névrotiques).

En dehors de l’épigénétique, le lien d’attachement est insécure lorsque l’adulte ne répond pas à ses

pleurs. Il est sécure lorsque l’adulte répond. Cela conditionne le reste de la vie.

6 - Comment le bébé comprend les émotions.

L’imitation et les neurones miroirs

Giacomo Rizzolatti a découvert les neurones miroirs par sérendipité. Alors qu’il travaillait à des

expériences avec des singes équipés de casques munis de capteurs, il a fait une pause repas avec son

équipe. Il a ainsi pu constater que les singes envoyaient des signaux de plaisir en regardant les

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humains manger. Contrairement aux bébés et aux singes, les adultes ont la faculté de désactiver les

neurones miroirs. Ils peuvent également les laisser activés. Par exemple, un pianiste ou un

footballeur regarde les gestes techniques (mains ou pieds) du virtuose, ce qui lui permet d’améliorer

ses propres capacités. Pour ce faire, la « proximité » est nécessaire. Par exemple : le bébé qui rampe

regarde le bébé qui se déplace à 4 pattes. Par l’observation, il va intégrer le processus du 4 pattes

beaucoup plus rapidement que s’il est seul et parce qu’il est proche de cette nouvelle « capacité ». Le

bébé de 1 ou 2 ans qui marche à côté de lui ne permet pas aux neurones miroirs de fonctionner

naturellement par manque de proximité.

L’empathie

Empathie : ressentir ce que l’autre ressent sans toutefois le vivre. Par exemple : quelqu’un a le doigt

coincé dans une porte, le spectateur souffre avec lui. Les émotions se transmettent. Un bébé qui

pleure (rit…) dans un groupe peut en entraîner un autre avec lui et en faire pleurer (rire…) un 3ième

puis tout le groupe

L’empathie est innée. En fonction de l’environnement, elle se développe ou non. Si l’environnement

dans lequel évolue le bébé est très dur (pas de réponse à ses émotions), l’empathie ne se

développera pas ou peu.

L’immaturité cérébrale

Le bébé découvre et s’approprie plus de choses de notre monde en 3, 4 ans que pendant tout le

reste de sa vie. Apprendre à parler une langue en 4 ans monopoliserait une très grande partie de

notre temps pour pouvoir l’utiliser. L’enfant « apprend »beaucoup d’autres choses en parallèle.

En fonction de l’environnement, le corps du bébé (et de l’adulte) produit des sécrétions hormonales.

Dans un environnement de stress, le cortisol créé engendre des effets négatifs (cf effets indésirables

de la prise de cortisone sur un temps trop long). Un environnement chaleureux, doux et calme

protège le cerveau et permet au corps de créer de l’ocytocine (anti-stress). Les câlins sont reconnus

pour cela.

Le visage impassible

Il s’agit d’un test scientifique du docteur Edward TRONICK.

Il est demandé à une maman de partager des moments habituels (échange verbal, sourires,

complicité). Le bébé, grâce notamment à ses neurones miroirs, renvoie à la maman les émotions qu’il

reçoit. Il est ensuite demandé à la maman de composer un visage impassible, sans aucune émotion.

La scène devient alors d’une violence terrible. Le bébé est totalement perdu. Il n’a plus aucun repère.

Il regarde ailleurs pour trouver une réassurance qu’il ne trouve plus chez sa mère. Pour le bébé,

l’essentiel est le visage de l’adulte. A 5 mois, le bébé voit correctement. Dès lors, il cherche le regard

de l’autre et l’émotion qui peut en découler.

Pierre ROUSSEAU interroge la pratique des maternités dès la naissance de l’enfant du contact peau

à peau entre la mère et son bébé alors que l’essentiel serait pour le bébé de regarder sa mère. Le

bébé pourrait (devrait ?) être positionné en contact peau à peau suffisamment haut pour croiser le

regard de la maman.

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7 - L’attachement : une donnée biologique

Les yeux et la bouche décodent les émotions. A 11 mois, beaucoup d’enfants ne comprennent pas de

nombreux mots. L’adulte doit exprimer le NON avec un visage fermé et le OUI avec un visage ouvert.

Le bébé comprend très peu de mots. En revanche, il s’imprègne de toute la bienveillance de l’adulte.

La pédagogie Loczy est intéressante si elle est naturelle. Le fait de parler à l’enfant n’est pas utile si le

visage est avenant et exprime le bien-être qu’il peut apporter à l’enfant. Les neurones miroirs

toujours en éveil doivent inciter les adultes à toujours être vigilants à ce qu’il renvoie comme image à

l’enfant (cf « les douces violences » Christine SCHUHL) ;

Après la guerre 1939 -1945, John BOWLBY a fait un constat essentiel sur la théorie de l’attachement.

Il a été constaté dans une pouponnière dans laquelle les nurses anglaises répondaient uniquement

aux besoins élémentaires des bébés (nourriture et change) des retards de développement voire des

morts qui ne s’expliquaient pas. John Bowlby a expérimenté le lien d’attachement avec des souris et

a mis en relief les connections qui s’effectuaient (ou non) en fonction de l’isolement ou de la

bienveillance à l’égard des souris. Les multiples liens d’attachement sont bénéfiques. Pour un

développement optimal du bébé, 8 à 10 figures d’attachement sont importantes.

Le bébé est autocentré. Il ne peut imaginer que « l’autre » ne pense pas (ou n’aime pas) la même

chose que lui. Chaque enfant a une demande différente à laquelle il faut répondre. Leurs attentes ne

sont pas les mêmes. Par exemple : L’adulte propose à 3 enfants qu’il désigne une activité peinture.

Les autres enfants qui souhaitaient y aller ne comprennent pas s’il n’y a pas une activité aussi

intéressante proposée. L’enfant « rejeté » pense simplement à l’instant T, « cet adulte ne m’aime

pas ». Si l’enfant est en devenir, il se construit au présent. « L’enfant est au top de son développement

à l’instant T » Josette SERRES.

Le professionnel qui applique aujourd’hui « la juste distance » (se détacher du lien affectif) doit

évoluer vers « la juste proximité » - expression de Laurence Rameau pour dire qu’il est possible (et

nécessaire) de faire un câlin à l’enfant qui le souhaite ou si le professionnel décèle ce besoin chez un

enfant qui n’ose pas le demander. Toujours partir du besoin de l’enfant.

8 - Sécure ou insécure ?

Enfant sécure – Eprouve de la peine quand le parent part - serein sans le parent

Eprouve de la joie quand le parent revient - s’autorise à jouer seul

Enfant insécure - il est soit indifférent - ne compte pas sur l’adulte

- Soit préoccupé - ne peut s’en passer

L’enfant qui ne joue pas est soit en insécurité soit en observation des actions extérieures.

Le bébé doit être sécurisé. A cet âge, il doit faire « seulement » 2 choses :

- Explorer

- Expérimenter

L’adulte doit être le phare, le port d’attache, l’ancrage qui rassure. L’enfant est le bateau qui sait qu’il

peut parcourir le monde puisqu’il sait :

- pouvoir revenir à son port d’attache si nécessaire

- revenir vers son phare si besoin

- pouvoir s’ancrer à nouveau (se ressourcer) avant de repartir à l’aventure

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Le bébé peut être dans notre monde et dans le monde intérieur qu’il s’invente en parallèle. Les

adultes qui se rapprochent le plus des bébés sont les chercheurs et les poètes.

9 - La niche affective et la juste proximité

Chaque enfant est différent comme chaque adulte est différent. L’essentiel est d’ouvrir la palette des

personnalités différentes possibles. Les multiples liens d’attachement sont bénéfiques.

10 - Impact du stress émotionnel des bébés (Catherine GUEGUEN et Isabelle FILLIOZAT)

Traumatisme causé dans la petite enfance = baisse des capacités cérébrales, fragilités

moindre développement des connections cérébrales

facteurs de vulnérabilité ultérieure

impossibilité de gérer ses émotions adulte

trouble des émotions

La résilience : processus multifactoriel déclenché par un traumatisme, qui comporte des aspects

biologiques, psychologiques et affectifs consistant à mettre en œuvre des capacités, des

compétences, des ressources en vue d’un néo-développement post traumatique positif.

11 - Ce qui provoque le stress émotionnel

Niche affective défectueuse = violence conjugale, tensions, mal être, stress parental…

Un désaccord entre les parents et les professionnels qui accueillent leur enfant crée du stress pour

l’enfant. Les professionnels doivent éviter tout jugement de valeur. Que ce soit le parent qui ne

travaille pas et confie son enfant aux professionnels ou que l’enfant passe 10 heures par jour 5 jours

par semaine 11 mois de l’année, la représentation du parent quant à son rôle n’est pas

nécessairement la représentation du professionnel. Le jugement de valeur d’un adulte au sujet d’un

autre adulte est totalement étranger au besoin de l’enfant. Eviter les conseils aux parents.

Violences éducatives : isolement, rejet, cris, interprétations négatives, absence de soutien,

violences physiques, moqueries… (voir questions de fin d’intervention)

Mondes incompréhensibles des bébés : Absence de régularité, empêchement, enfermement

Le mode d’adaptation en crèche à l’heure actuelle est inapproprié. Le bébé ne comprend

pas la progressivité mais la régularité (le bébé demande toujours la même histoire – Patrick

BEN SOUSSAN). L’adulte doit créer un monde compréhensible pour le bébé, c’est-à-dire au

moins 3 jours identiques et ajouter une variable le 4ième jour. 1 seule variable. On constate

une meilleure adaptation très souvent chez les accueils d’urgence car si la 1ère journée peut

être difficile, les autres jours se répètent (répétition et non progression). Le bébé constate

très vite que tous les jours sont identiques et donc s’adapte vite. Il est important de

transmettre l’idée de régularité aux parents = mode régulier du jeu auquel on apporte une

variable dans le temps.

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12 - Comment le bébé apprend à gérer ses émotions ?

Le bébé apprend à gérer ses émotions :

- grâce à l’accompagnement de l’adulte : décodage, étayage, langage. L’adulte

doit accompagner le bébé en lui posant des questions. Il doit l’aider à

comprendre ses émotions à l’instant même où il les ressent

- En faisant des hypothèses : importance de la régularité des comportements

- En expérimentant : action / réaction. Je mords, il crie…j’essaie à nouveau

13 - Colère, agressivité, morsure,…

Le bébé ne possède pas la théorie de l’esprit, il est autocentré. A cet âge, c’est moi. Maintenant. Il ne

peut pas passer après les autres ni prêter ses jouer. « Je veux bien prêter mes jouets mais à moi ».

Tenter de lui enseigner l’attente « tu joueras après » est inutile. Le bébé ne peut pas.

Pour un groupe d’enfants, les jouets doivent être identiques en tous points (forme et couleur) et ce,

dès la naissance car le bébé distingue les couleurs dès la naissance.

Le bébé fonctionne par proto-conversation. Un bébé fait une action, un autre la répète puis propose

une autre action et le premier la répète, etc. ils apprennent par imitation et innovation. L’un

propose, l’autre imite et vice versa ;

Organiser l’environnement pour le plaisir du jeu. Compter le nombre de barrières et le nombre de

NON formulés à l’enfant (cf : empêchement, enfermement). Le cadre doit respecter l'impératif

suivant : être accessible au niveau de l'enfant pour ne pas le décourager, tout en représentant un

défi suffisant pour attiser sa curiosité et encourager son envie de découvrir et d'apprendre (Céline

ALVAREZ).

14 - La théorie de l’esprit : Vers la conscience des autres

L’enfant est autocentré. Il pense que l’autre pense la même chose. Le bébé ne sait pas mentir. A

partir de ce principe, s’il sait ce qu’il a fait de sa journée, ses parents le savent aussi. Il est inutile de

leur raconter. Le jeu du coucou : le bébé cache ses yeux avec sa main et pense que les enfants et

adultes autour ne le voient plus.

Il est nécessaire d’inclure l’enfant lors des transmissions aux parents pour qu’il constate le besoin

des parents de connaître sa journée.

C’est en grandissant que l’enfant va comprendre que l’autre est différent.

Test de l’alimentation. L’adulte montre à l’enfant un visage réjoui en mangeant des brocolis. Il fait

goûter à l’enfant qui ne comprend pas (sidération). Il lui propose des gâteaux. L’enfant les mange. Le

test est renouvelé jusqu’au jour où l’enfant comprend que les goûts peuvent être différents. « Toi, tu

aimes les brocolis, tu les gardes. Moi, je préfère les gâteaux. Chacun a ainsi ce qu’il aime. »

15 - Les émotions des adultes

Les professionnels qui accueillent l’enfant peuvent laisser transparaître leurs émotions avec l’enfant.

Par exemple, je suis heureuse, j’ai fait la fête hier ou je suis triste…inutile de rentrer dans le détail

mais pouvoir traduire son émotion du moment.

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Pour que l’enfant apprenne (imitation, apprentissage implicite), l’adulte doit pouvoir montrer ses

émotions (pas raconter sa vie). Le pire pour l’enfant est l’impassibilité, l’indifférence et la non

réactivité mais aussi l’irrégularité des réponses émotionnelles par une même personne. L’intérêt de

la diversité des intervenants autour du bébé est la possibilité accrue des apprentissages (8 à 10

figures de lien d’attachement).

16 - La théorie de l’affordance de James J. GIBSON : une pédagogie adaptée au tout petit

Pour Gibson, l'affordance est l'ensemble de toutes les possibilités d'action d'un environnement.

Celles-ci sont objectives, mais doivent toujours être mises en relation avec l'acteur qui peut les

utiliser. Par exemple un escalier n'a pas l'affordance d'être escaladé du point de vue d'un nourrisson.

L'affordance des objets ne dépend pas des besoins de l'utilisateur ni de son action de perception,

celle-ci est suggérée par l'objet lui-même, elle est une partie constitutive de ce dernier. Cependant

chez Gibson les affordances ne sont pas des propriétés à part entière de l'objet mais plutôt des

combinaisons invariantes de variables qui dépendraient du contexte de l'action.

Questions posées à Laurence RAMEAU

Comment des professionnels peuvent gérer un groupe d’enfants lorsqu’ils ne sont pas en nombre

suffisant ?

- Dans la petite enfance, la notion de groupe n’existe pas. Il est soit nécessaire de

penser une organisation pédagogique moindre soit d’inventer une pédagogie

inverse. Oublier les activités de groupe et proposer du jeu libre avec un

accompagnement (méthode MONTESSORI)

Que faire quand la politique actuelle consiste à remplir les crèches ?

- Le plus important reste la pédagogie. Nous devons œuvrer vers le qualitatif et

surtout le faire savoir à tous les niveaux (politiques locales comme nationales).

La PSU (prestation de service unique) imposée par la caf et l’Etat lors des

conventions d’objectifs et de gestion (COG) a fait beaucoup de mal à l’éducatif.

Il existe un collectif anti-PSU. Je préfère positiver auprès des enfants et des

professionnels et tenter de faire remonter les bases : retour à l’éveil des sens.

L’enfant mordu et son parent sont-ils suffisamment pris en considération ?

- L’adulte doit l’accompagner dans cette émotion totalement négative en lui

disant « je comprends ta douleur. Je vois que tu as mal » et en le soignant. Le

parent doit être informé dès la signature du contrat ou lors de la réunion de

parents en début d’année que le risque de morsures et de griffures fait partie

intégrante de la collectivité à cet âge. Une fois, le parent informé en début

d’année, lorsque cela arrive, le personnel qui était présent peut dire qu’il a fait

tout ce qu’il fallait. Il ne s’agit nullement d’un défaut de surveillance. Cela peut

arriver. C’est toujours bien de tenir le parent de l’enfant mordu informé. Ce qui

n’est pas nécessaire pour l’enfant mordeur sinon le dire au parent en

l’informant que c’est arrivé à la crèche et que cela va se gérer en interne. Cela

n’a aucun sens que le parent revienne sur un incident qui s’est produit plusieurs

heures avant, et dont le bébé n’a plus souvenir.

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Comment passer de l’adaptation progressive actuelle à l’adaptation régulière ?

- Transmettre aux parents la nécessité de la familiarisation : Les procédures de

familiarisation systématique. La familiarisation permet d'acquérir et de mettre

en mémoire les multiples informations que fournit la vie quotidienne. L'étude

des capacités cognitives (différenciation, identification, mémorisation) du

nourrisson humain fait largement appel à des procédures de familiarisation

systématique, c'est-à-dire de présentations répétées d'un même stimulus ou de

présentation unique pendant une assez longue durée. Demander au parent

« comment souhaitez-vous que cela se passe ? ». Souvent les parents vont

parler de l’enfant qu’ils connaissent à la maison (différent quand il est en

crèche), alors laisser de côté le questionnaire pour adaptation. Dire au parent

« Que dois-je savoir sur l’enfant ? » Ce n’est pas rassurant pour le professionnel,

c’est cependant plus intéressant. Si le parent ne sait pas, l’accompagner en

citant des exemples « certains parents font ceci ou cela ». Peu importe le

nombre d’heures mais 3 jours identiques minimum. Trouver le terrain

d’entente entre les impératifs de la crèche et des parents. Une étude é été faite

en crèche. Après la 1ère visite d’une heure des parents dans la crèche où tout

leur a été expliqué, la seule chose véritablement retenue par les parents est le

prénom du professionnel qui va s’occuper de leur enfant

Un enfant qui passe 10h/jour, 5jours/semaine, 11 mois sur 12 en collectif, n’est-ce pas trop ?

- A partir du moment où l’espace de l’enfant est aménagé pour qu’il puisse

explorer et expérimenter avec des adultes qui l’accompagnent dans son univers

d’exploration et d’expérimentation, l’enfant éprouve seulement du plaisir…et le

personnel qui l’accompagne aussi puisqu’il entre dans l’univers de l’enfant.

Comment 2 professionnels peuvent accompagner les enfants quand ils sont 16 ?

- La première des choses est de garder la confiance en soi. Je suis une bonne

professionnelle, je connais mon métier, je vais m’en sortir. Si le professionnel

angoisse et se dit « je ne m’en sors pas » l’enfant peut être en état de stress.

L’enfant qui « plafonne » regarde ailleurs est pire que l’enfant qui pleure.

L’enfant qui pleure demande une réponse l’enfant qui est perdu ne l’attend

plus. L’adulte qui est persuadée qu’il pourra s’occuper des enfants y arrive et il

y a de fortes chances que le bébé ne pleure plus ou moins…ou qu’il continue.

C’est possible aussi. Pour éviter la frustration de l’enfant dans un groupe (voire

du personnel), l’organisation doit être revue. Le professionnel se place à

l’entrée, accueille les enfants par leur prénom et si possible en interaction avec

le groupe à proximité. Travailler sur l’environnement est indispensable : par

exemple, pour un atelier peinture, la salle doit être préparée (protection des

murs, sols, tabliers, bassine pour lavage des mains). L’exploration peut débuter.

Le parent vient chercher son enfant et raconte sa vie après avoir scanné ?

- La PSU et les badgeuses… il est indispensable de se réapproprier l’espace. Il faut

trouver une autre organisation qui puisse permettre de libérer un personnel à

disposition des parents pour les transmissions.

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Que pensez-vous de la référence ? De son utilité dans l’adaptation ?

- Pourquoi ne pas laisser l’enfant choisir son lien d’attachement et donc se choisir

un référent ? Ce référent peut changer en fonction du lien d’attachement que

l’enfant crée. Pour l’organisation, il est nécessaire de prévoir un personnel

référent mais celui-ci peut changer très rapidement selon les affinités créées

par l’enfant mais aussi par le parent. Le parent peut être très rassuré par un

personnel qui n’est pas le référent de son enfant. Pourquoi ne le deviendrait-il

pas si c’est la demande de l’enfant et du parent ?

Le cri sur l’enfant fait partie des violences éducatives : aucun cri pour exprimer le refus ?

- L’adulte ne doit jamais crier sur l’enfant. Il doit lui dire doucement et

fermement avec un visage fermé « Non, je ne veux pas ». Un exemple pour

illustrer : un enfant fait des percussions avec des objets qu’il a rassemblés, ce

qui attire tous les autres enfants autour de lui. L’adulte qui s’en occupe lui crie

de l’autre côté de la pièce d’arrêter d’être aussi bruyant. En dehors de la

connotation négative qu’il peut renvoyer à l’enfant, il lui montre l’exemple d’un

adulte hyper bruyant par le son de sa voix. Ne pas crier sur l’enfant, ne pas

l’isoler. Faire une autre proposition d’activité à l’enfant voire un câlin plutôt que

du bruit à cet endroit -là ou à ce moment-là. Il est possible de lui proposer M.

Colère s’il le souhaite mais après avoir proposé plusieurs choses (idem pour le

doudou et la tétine)

Expérience de la crèche du Parlement Européen à Luxembourg

117 enfants – 5 salles + 1 salle de motricité + 1 salle de repos + 1 couloir

2 coordinatrices s’occupent de l’intendance pour 70 enfants. Et 1 seule coordinatrice par plus petit

groupe. Le 1er constat a été « trop de changes ». La priorité pour le bébé n’est pas le change. Lorsque

l’enfant poursuit son activité, il n’a pas besoin d’être changé.

Pédagogie de l’itinérance ludique

Entre pairs, les enfants jouent ensemble par imitation. Ils apprennent très vite (proto-conversation)

alors qu’il est plus difficile pour un adulte de leur enseigner des choses. L’adulte ne doit pas avoir

d’attentes de ce que l’enfant peut faire dans son univers ludique. Expérimentation-choses nouvelles.

Par exemple, les gommettes à Noël. Les enfants mettent du temps à décoller les gommettes, puis ils

les collent à un endroit, puis les décollent, puis les recollent à un autre endroit. Toute pédagogie se

construit sur le terrain (Montessori, Freynet…). L’adulte doit toujours oser, sans cesse présenter un

environnement pour voir ce que l’enfant va faire. Inutile de solliciter l’enfant, l’espace étant

aménagé, il va explorer, découvrir ce nouvel univers. L’important, c’est la régularité dans le

changement. Cela peut être un univers pendant une semaine puis un autre…ou pendant 24h…ou le

changer pendant la sieste. Tous les univers doivent être réfléchis (avec des contenants et des

contenus). La pédagogie doit imposer des limites. L’enfant peut jouer dans la salle avec les lego ou

quitter la salle pour découvrir d’autres univers, en revanche les lego ne quittent pas la salle. Dans la

salle, les cloisons doivent être basses.

Le bébé est acteur de son jeu « Montessori »

Le bébé est auteur de son jeu « Rameau ».

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BIBLIOGRAPHIE RELATIVE A LA JOURNEE PEDAGOGIQUE

LAURENCE RAMEAU

Les pratiques pédagogiques des crèches à l’appui de la recherche

De nombreuses recherches en psychologie du développement de l’enfant, en sciences cognitives et en

neurosciences, nous apportent de nouvelles connaissances au sujet des petits.

En se rapprochant des chercheurs, les praticiens gagnent en confiance, en compétence et c’est l’enfant

qui, au final, est mieux respecté dans son être et son devenir. Dans une confrontation inédite entre la

recherche et la pratique, les toutes dernières connaissances en matière de développement et

d’apprentissage pénètrent les murs de la crèche, décloisonnant ainsi le champ du savoir théorique de

celui de la pratique, pour offrir un véritable espace d’épanouissement au jeune enfant.

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CHRISTINE SCHUHL

Rédactrice en chef de la revue Les métiers de la petite enfance, (Elsevier Masson), elle anime des

séminaires et des conférences destinés essentiellement aux professionnels de la petite enfance.

Conseillère pédagogique, elle travaille avec des équipes, à partir d'observations "participatives" et des

groupes d'analyse des pratiques professionnelles.

Auteur d’une dizaine d’ouvrages à la Chronique sociale, elle axe ses réflexions sur le concept de

"douce violence" qu'elle a défini dans son premier ouvrage Vivre en crèche, remédier aux douces

violences.

Son approche pluridisciplinaire permet d'ouvrir les débats à partir des "banalités du quotidien" dans le

respect de chaque individu...

JOSETTE SERRES

Docteur en psychologie du développement, ingénieur de recherche CNRS.

(Re)construire les pratiques grâce aux neurosciences. Ce livre engage les lecteurs professionnels de la

petite enfance, à toujours se placer du point de vue de l'enfant en s'appuyant sur les connaissances

scientifiques actuelles pour ajuster en permanence leurs pratiques. Il s'agit bien ici d'un regard croisé

entre neurosciences et pédagogie au profit du tout petit.

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Première en son genre, une encyclopédie de référence sur la petite enfance : 38 spécialistes de

renommée internationale et toutes disciplines confondues se sont en effet réunis pour livrer

connaissances et savoirs sur cette période cruciale de 0 à 6 ans. Chercheurs comme praticiens ouvrent

ainsi les portes de la petite enfance en livrant les clefs de ce monde sur lequel Boris Cyrulnik, directeur

de l'ouvrage, n'a que cesse d'insister.

Comment l’enfant élabore sa vision du monde ? Quel rôle jouent sur ses représentations son

environnement et son entourage ? Comment penser, au final, l’articulation entre ses déterminismes

biologiques et culturels et sa liberté ?

Partir à la recherche de ce que pourrait être un monde d’enfants… Boris Cyrulnik a fait de cette

formule élégante l’un de ses nombreux « péchés » de curiosité. Les parents et les enfants n’ont de

toute évidence pas la même façon de percevoir les choses et les êtres. Le petit est un être humain en

voie de développement. La jeune mère et le jeune père ont tendance à projeter sur lui leurs valeurs

d’adultes. C’est le prototype même de la relation asymétrique. « Il existe, résume le chercheur, un

adultocentrisme comme il existe un anthropocentrisme. » L’enfant n’est certes jamais un créateur

original. C’est un point important. Sa représentation du monde est sculptée par le milieu dans lequel il

baigne. Mais comment expliquer qu’un petit élevé dans un environnement « à risque » s’en sorte

malgré tout ? Où trouve-t-il ses ressources ? Comment son rapport au monde se transforme-t-il ? La

capacité de résilience, c’est-à-dire d’affirmer la vie face à l’adversité, est au centre des recherches de

B. Cyrulnik.

Comment se forge la représentation du monde chez l’enfant ?

L’enfant a une vision du monde qui s’élargit de plus en plus avec le temps, au fur et à mesure de son

développement cognitif et de ses interactions avec l’extérieur.

Son univers est d’abord sensoriel. Très tôt déjà, dès les dernières semaines de grossesse, le bébé a des

pleurs ou des sourires intra-utérins qu’on voit très bien à l’échographie. Il sursaute. Il lui arrive aussi

de ressentir un stress quand sa mère est angoissée. Ces premières interactions avec l’extérieur tracent

dans sa mémoire interne des sensibilités préférentielles et des habiletés relationnelles qui sont propres

à orienter son rapport futur aux choses et aux êtres. Ainsi, le jour où il naît, il est déjà doté d’un

appareil à percevoir le monde.

L’univers de l’enfant se conceptualise vers 2-3 ans, lorsqu’il se saisit des mots. Dès cet instant, son

monde est métamorphosé. Les personnes, les gestes et les objets prennent un nouvel éclairage ; il

commence lui-même à agir sur le monde grâce au langage. Sa faculté d’imagination se met en place.

Lorsqu’on lui demande par exemple de dessiner un bateau sur l’eau, bien souvent il dessine la forme

qu’il voit, mais aussi ce qu’il ne voit pas, la coque et l’hélice. Il répond désormais plus à la

représentation qu’à la perception.

Vers l’âge de 4 ans, l’enfant découvre qu’autrui répond à son idée propre du réel, à ses sentiments

particuliers. Désormais, pour comprendre le dehors, il lui faut aussi deviner ce qui se passe dans

l’univers mental des autres.

L’enfant élargit à nouveau son univers vers 7 ans, quand son système de connexions neuronales lui

permet de se représenter le temps. acquérant une neurologie du temps, l’enfant peut s’approprier les

histoires de sa culture.

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CELESTIN FREINET

Les piliers de la pédagogie Freinet

« Toute méthode est regrettable qui prétend faire boire un cheval qui n’a pas soif. Toute méthode est

bonne qui ouvre l’appétit de savoir et aiguise le besoin puissant de travail. » (Les Dits de Mathieu,

1959).

La pédagogie Freinet n'est pas qu'affaire de méthodes. C''est une refondation de l'école : le savoir ne

naît pas à l'école, mais il provient de la vie quotidienne et de l'intelligence sociale. Elle est donc

centrée sur l'enfant. C'est pour cela que la théorie, outre qu'elle se nourrit de la réflexion productive de

son temps, se développe de façon pragmatique au contact même des élèves : Freinet observe, analyse

le comportement de ses élèves. En ce sens, il se distingue - s'éloigne ? - des théoriciens pionniers de

l'éducation nouvelle : « La libération pédagogique sera l'œuvre des éducateurs eux-mêmes ou ne sera

pas. », disait-il.

Principes

La coopération dans l'apprentissage. Ce choix pédagogique est aussi un choix politique et

social. La coopération implique la gestion du travail : répartition des responsabilités,

élaboration de règles de vie et de travail, régulation des conflits.

Le tâtonnement expérimental : les élèves émettent des hypothèses personnelles, les vérifient

par une phase action-essai et ainsi la connaissance se construit. Une hypothèse erronée est

abandonnée ou bien remplacée par une autre. Une hypothèse peut être implicite et non

verbalisée. Les situations d'apprentissage sont ancrées dans la réalité : elles sont vraies et

problématiques.

Expression et communication : entretiens, textes libres, expression corporelle et artistique.

L'école doit permettre l'épanouissement de l'enfant et l'expression de ses pensées.

Ces principes découlent de l'observation d' "invariants pédagogiques", que le militant avant la lettre

des droits des enfants a listés au nombre de 30 en 1964.

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Michèle KAIL est directeur de recherche au CNRS et dirige le Laboratoire cognition et développement

(UMR Université Paris V)

Réunissant quelques-uns des meilleurs spécialistes, ce volume est consacré à l'émergence du langage

chez le bébé et le jeune enfant : le fonctionnement cérébral et les bases biologiques de l'acquisition du

langage (à partir des techniques d'imagerie), la perception et la production de la parole avant deux ans,

la constitution du lexique, l'acquisition de la phonologie et le bilinguisme précoce, l'acquisition d'une

langue des signes, l'analyse du contexte social interactif et les diverses pathologies de l'oral. Cet

ouvrage est un outil d'information et de réflexion destiné aux étudiants des 2e et 3e cycles, aux

enseignants et aussi aux chercheurs.

A l'évidence, faire quelque chose et imaginer le faire ne reviennent pas au même. Et pourtant ! Il se

pourrait bien que, pour notre cerveau, la pensée et l'action soient une seule et même chose. Voilà ce

que révèlent Giacomo Rizzolatti et son équipe, qui ont découvert des neurones étonnants : ils s'activent

lorsqu'on effectue une action, mais aussi lorsqu'on voit quelqu'un d'autre la réaliser lui-même. Ce livre

décrit les stupéfiantes propriétés de ces " neurones miroirs ", explique leur mécanisme et souligne leur

importance. Ils sont les promoteurs du langage, ils expliquent pourquoi nous parlons aussi avec nos

mains. Ils rendent compte de l'expression des émotions ; ils sont le mécanisme de notre compréhension

d'autrui. Au terme de ce parcours inédit dans le cerveau, une interrogation surgit : et si ces neurones

miroirs étaient à la base de nos comportements sociaux ?

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Dans ce volume, le premier d'une trilogie, John Bowlby examine à la lumière de travaux récents les

processus qui sous-tendent la relation de l'enfant à sa mère.

Comment, au sortir de la Seconde Guerre mondiale, ce pédopsychiatre, psychanalyste et passionné

d’éthologie, élabora une théorie devenue centrale dans la psychologie du développement.

La théorie de l’attachement considère la tendance à établir des liens affectifs étroits comme un élément

essentiel à la survie de l’être humain. Selon Bowlby (1969), l’attachement à la figure maternelle

servirait de base de sécurité à l’enfant pour explorer l’environnement (ayant pour fonction de protéger

l'enfant des dangers, en particulier des prédateurs..). Dès la petite enfance, l’enfant développerait un

modèle d’attachement particulier en fonction de l’attitude de la figure maternelle à son égard. Bowlby

prétend que ce lien d’attachement en devenant intériorisé, servirait par la suite de modèle à toutes les

relations intimes et sociales de l’individu.

Le Dr Catherine GUEGUEN est pédiatre à l'Institut hospitalier franc-britannique depuis vingt-sept

ans. Spécialisée dans le soutien à la parentalité, elle anime aussi des groupes de travail pour les

médecins, psychologues, éducateurs et sages-femmes.

Les dernières découvertes scientifiques sur le développement et le fonctionnement du cerveau

bouleversent notre compréhension des besoins de l'enfant. Elles démontrent qu'une relation

empathique est décisive pour permettre au cerveau des enfants et des adolescents d'évoluer au

mieux, en déployant pleinement ses capacités intellectuelles et affectives.

Catherine Gueguen nous fait partager ces découvertes et propose des conseils éducatifs pour les

parents et les professionnels. Un véritable plaidoyer en faveur d'une éducation bienveillante qui

remet en cause nombre d'idées reçues.

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EDWARD TRONICK est professeur de psychologie et neurophysiologie du développement de l’enfant.

Dans cette expérience du « visage impassible » (still face en anglais), ou une mère ne montre plus aucune

expression à son bébé, le Dr Edward Tronick, de l’Université de Boston, décrit à quel point le manque

d’attention des parents est nuisible pour la bonne socialisation des enfants. Dès que la maman cesse de

réagir aux tentatives de communication du bébé, il devient tendu et tente par tous les moyens de la faire

réagir. N’y parvenant pas, il perd le contrôle de lui-même.

Docteur Pierre Rousseau, Gynécologue-obstétricien Chercheur, Service des Sciences de la Famille,

Faculté de Psychologie et des Science de l'Education, Université de Mons

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Motricité libre et activité autonome : libérez les bébés !

Tout au long de sa vie, la pédiatre hongroise Emmi Pikler a démontré l’importance de la motricité

libre qui inspire aujourd’hui bon nombre de professionnels de la petite enfance. Libre de ses

mouvements, l’enfant nous prouve qu’il est pleinement compétent et autonome. A nous de trouver

notre place pour l’accompagner sans interférer dans ses découvertes et son développement.

En 1946, Emmi Pikler, pédiatre et psychopédagogue déjà renommée pour ses écrits, crée à la demande

du gouvernement hongrois, une pouponnière pour accueillir les enfants orphelins et abandonnés. Ce

sera l’Institut Lóczy du nom de la rue où il est installé à Budapest. L’équipe va y mettre en place des

conditions d’accueil particulièrement innovantes pour l’époque, basées sur le respect de l’enfant, de

son rythme de développement et de ses envies. Contemporaine de Maria Montessori qui s’intéresse

alors aux enfants de plus de 3 ans, Emmi Pikler sera l’une des rares à observer les nourrissons. Forte

de son expérience auprès des familles, elle constate que les tout-petits peuvent développer des

compétences innées, sans aucun enseignement ni apprentissage extérieur, sous le regard attentif des

parents ou des éducateurs qui les observent, les accompagnent, les soutiennent et veillent à leur

apporter un cadre stimulant

Maria Montessori, médecin et pédagogue avant-gardiste

Célèbre pédagogue italienne, le docteur Maria Montessori (1870-1952) a créé une méthode pour

l’éducation des enfants qui a rencontré un très grand succès, en Italie d’abord, puis dans le monde

entier.

1 : Les qualités innées des enfants :

Les enfants sont naturellement des expérimentateurs, des explorateurs de leur environnement, de

courageux travailleurs : « curieux de tout, capables d’une extraordinaire concentration et prêts à tout

absorber comme les éponges absorbent l’eau » (L’esprit Absorbant).

2 : Le développement de l’enfant avec un matériel pédagogique approprié :

Une grande partie du travail porte sur le développement des sens, la coordination des gestes,

l’observation du monde extérieur, certains aspects de la vie pratique et de la vie sociale, certaines

opérations intellectuelles, lire écrire, les nombres, l’arithmétique, la nature, etc. Il consiste en

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l’acquisition par l’enfant d’une familiarité avec des objets qu’il doit manipuler ou utiliser : Objets de

l’environnement ordinaire mais aussi matériels pédagogiques variés qui représentent les réalités

concrètes ou abstraites qu’ils doivent comprendre.

3 : Les éducateurs et leur mission :

L’éducatrice (il allait de soi, à l’époque, qu’il s’agissait d’un métier féminin) doit « aider là où c’est

nécessaire. Elle doit avoir pour chacun un sourire, un mot d’encouragement. Elle doit veiller sur

l’enfant qui se trompe, qui ne réussit pas, qui reste inactif. Elle doit s’approcher, délicatement,

proposer un travail, montrer comment on se sert du matériel. Elle doit suivre un à un ces enfants,

surveiller personnellement tout ce qu’ils font. Il faut qu’elle remarque les besoins de chacun, et

qu’elle soit là quand on a besoin d’elle.

Il ne faut pas qu’elle interrompe un enfant. C’est sous la savante direction d’une telle maîtresse, et

dans une ambiance ou personne n’est dérangé, que les enfants finissent toujours par s’intéresser à un

travail. »

« Il faut laisser les enfants exercer leurs qualités innées, et bien entendu ne rien faire qui puisse les

étouffer. »

Au coeur des émotions de l’enfant

Quentin se roule par terre dans le supermarché, Lucie pleure toutes les larmes de son corps parce

que son ballon a éclaté, François se réveille toutes les nuits parce qu´un monstre le poursuit, Pierre

est terrifié par les tunnels…

Les parents sont souvent démunis devant les émotions de leurs enfants. Que faire devant les larmes

? Que dire face aux hurlements ? Comment réagir vis-à-vis des paniques ? Que dire aussi à Paul qui

a perdu son papa ? à Mathilde, atteinte d’un cancer ? à Simon dont les parents divorcent ?

Voici un livre très concret qui, puisant ses exemples dans le quotidien, vous aidera à accompagner

votre enfant vers l´autonomie, à retrouver le contact avec votre propre enfance et à aller vers

davantage d´harmonie familiale.

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Patrick Ben Soussan

Cet ouvrage, écrit par un pédopsychiatre, est un régal pour les complexés de la lecture, petits et grands.

L’auteur plaide avec passion pour toutes les lectures accessibles à l’enfant, ni utilitaristes ni éducatives, mais simplement de découverte de soi et des autres.

Pour nous en convaincre, il psychanalyse ses propres émois de petit garçon s’inquiétant que Oui-Oui

ait perdu son grelot et, vent debout contre les censeurs élitistes, défend le goût de sa mère pour la

collection “Blanche” d’Harlequin (des intrigues dans le milieu médical), qui fut à l’origine de sa

propre vocation. Patrick Ben Soussan sait écrire sur l’enfant en difficulté dont le regard s’illumine au

fil des pages d’un livre. Et, surtout, il donne envie d’entrer dans une librairie avec son bébé, son enfant, son ado, sans ordonnance intellectuelle ni a priori

La révolution de l'éducation à l'école et pour les parents.

L'enfant naît câblé pour apprendre et pour aimer. Chaque jour, les neurosciences nous révèlent son

incroyable potentiel, sa capacité à se nourrir du monde pour former son intelligence. Pourtant, par

manque d'information, nous imposons à l'enfant un système éducatif inadapté aux leviers naturels

de son jeune cerveau, qui l'empêche d'apprendre qui freine l'apprentissage et n'encourage pas sa

bienveillance innée. Plus de 40% d'entre eux sortent du primaire avec des lacunes qui les

empêcheront de poursuivre une scolarité normale.

Céline Alvarez a mené une expérience dans une maternelle en « zone d'éducation prioritaire » et «

plan violence », à Gennevilliers. Elle a respecté les « lois naturelles de l'enfant » et les résultats ont

été exceptionnels. A la fin de la deuxième année, tous les enfants de grande section et 90% de

moyenne section, étaient lecteurs et affichaient d'excellentes compétences en arithmétique. Ils

avaient par ailleurs développé de grandes qualités morales et sociales.

Ce livre fondateur révèle une autre façon de voir l'enfant et de concevoir son éducation à la maison

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et à l'école. Céline Alvarez explique de manière limpide les grands principes scientifiques qui sous-

tendent l'apprentissage et l'épanouissement. Elle partage son

expérience, les activités qui peuvent aider les enfants à développer leur potentiel, ainsi que la

posture appropriée de l'adulte.

La révolution de l'éducation est possible.

James Gibson

James Jerome Gibson est un psychologue américain. 1904-1979.

Diplômé de Northwestern University, docteur de l'université Princeton, où il rencontre le psychologue

gestaltiste Kurt Koffka, James Gibson a été professeur de psychologie à Smith College, puis à

l'université Cornell.

Les travaux de James Gibson

Gibson a consacré toute son œuvre à la perception et a apporté une importante contribution au

développement de nos connaissances dans ce domaine. Intéressé par l'approche philosophique de la

perception, il pose de manière originale les vrais problèmes de la perception: comment percevons-nous

l'environnement qui nous entoure?, comment voyons-nous ses surfaces, leur arrangement, leurs

couleurs et leur grain?, comment voyons-nous où nous sommes dans cet environnement?, comment

percevons-nous que nous bougeons ou pas, et si nous bougeons, où allons-nous ? .

Les ouvrages de James Gibson

Dès le début, l'approche de Gibson a été écologique. Cette démarche est encore plus nette dans son

dernier ouvrage (The Ecological Approach to Visual Perception). Il y reprend les différents concepts

qu'il a exposés dans ses précédentes publications et introduit, avec la notion d'affordances, une

nouvelle dimension dans sa théorie. Les affordances sont des propriétés psychologiques de

l'environnement. Elles désignent la valeur d'usage d'un objet, un lieu, un événement, une personne. Les

affordances d'un même objet diffèrent d'un animal à un autre, d'un nourrisson à un adulte, d'une

situation à une autre. Nous percevons de notre environnement d'abord les possibilités d'action qu'il

offre, ensuite seulement ses propriétés physiques.