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Charles de Secondat de Montesquieu De l’esprit des lois source: http://www.uqac.uquebec.ca/zone30

ESPRIT DES LOIS - ecole-alsacienne.org · Charles de Secondat de Montesquieu De l’esprit des lois Une édition électronique réalisée à partir du livre Montesquieu, De l'esprit

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  • Charles de Secondatde Montesquieu

    De lesprit des lois

    source: http://www.uqac.uquebec.ca/zone30

  • Charles de Secondatde MontesquieuDe lesprit des lois

    Une dition lectronique ralise partir du livre Montesquieu, De l'esprit deslois (1758). (Texte de 1758, dernier tat du texte revu par Montesquieu.L'orthographe a t modernis et la ponctuation lgrement, mais non lagraphie. dition tablie par Laurent Versini, Paris, ditions Gallimard, 1995.

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    Table des matiresAvertissement de l'auteurPrface

    Premire partieLivre I. - Des lois en gnral.

    Chapitre I. Des lois, dans le rapport qu'elles ont avec les divers tresChapitre II. Des lois de la natureChapitre III. Des lois positives

    Livre II. - Des lois qui drivent directement de la nature du gouvernement.

    Chapitre I. De la nature des trois divers gouvernementsChapitre II. Du gouvernement rpublicain et des lois relatives la dmocratieChapitre III. Des lois relatives la nature de l'aristocratieChapitre IV. Des lois dans leur rapport avec la nature du gouvernement monarchiqueChapitre V. Des lois relatives la nature de l'tat despotique

    Livre III. - Des principes des trois gouvernements.

    Chapitre I. Diffrence de la nature du gouvernement et de son principeChapitre II. Du principe des divers gouvernementsChapitre III. Du principe de la dmocratieChapitre IV. Du principe de l'aristocratieChapitre V. Que la vertu n'est point le principe du gouvernement monarchiqueChapitre VI. Comment on supple la vertu dans le gouvernement monarchiqueChapitre VII. Du principe de la monarchieChapitre VIII. Que l'honneur n'est point le principe des tats despotiquesChapitre IX. Du principe du gouvernement despotiqueChapitre X. Diffrence de l'obissance dans les gouvernements modrs et dans les gouvernementsdespotiquesChapitre XI. Rflexions sur tout ceci

    Livre IV. - Que les lois de l'ducation doivent tre relatives aux principes du gouvernement.

    Chapitre I. Des lois de l'ducationChapitre II. De l'ducation dans les monarchiesChapitre III. De l'ducation dans le gouvernement despotiqueChapitre IV. Diffrence des effets de l'ducation chez les anciens et parmi nousChapitre V. De l'ducation dans le gouvernement rpublicainChapitre VI. De quelques institutions des GrecsChapitre VII. En quel cas ces institutions singulires peuvent tre bonnesChapitre VIII. Explication d'un paradoxe des anciens par rapport aux murs

    Livre V. - Que les lois que le lgislateur donne doivent tre relatives au principe de gouvernement.

    Chapitre I. Ide de ce livreChapitre II. Ce que c'est que la vertu dans l'tat politiqueChapitre III. Ce que c'est que l'amour de la rpublique dans la dmocratieChapitre IV. Comment on inspire l'amour de l'galit et de la frugalitChapitre V. Comment les lois tablissent l'galit dans la dmocratieChapitre VI. Comment les lois doivent entretenir la frugalit dans la dmocratieChapitre VII. Autres moyens de favoriser le principe de la dmocratieChapitre VIII. Comment les lois doivent se rapporter au principe du gouvernement dans l'aristocratie

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    Chapitre IX. Comment les lois sont relatives leur principe dans la monarchieChapitre X. De la promptitude de l'excution dans la monarchieChapitre XI. De l'excellence du gouvernement monarchiqueChapitre XII. Continuation du mme sujetChapitre XIII. Ide du despotismeChapitre XIV. Comment les lois sont relatives au principe du gouvernement despotiqueChapitre XV. Continuation du mme sujetChapitre XVI. De la communication du pouvoirChapitre XVII. Des prsentsChapitre XVIII. Des rcompenses que le souverain donneChapitre XIX. Nouvelles consquences des principes des trois gouvernements

    Livre VI. - Consquences des principes des divers gouvernements par rapport la simplicit des loisciviles et criminelles, la forme des jugements et l'tablissement des peines.

    Chapitre I. De la simplicit des lois civiles dans les divers gouvernementsChapitre II. De la simplicit des lois criminelles dans les divers gouvernementsChapitre III. Dans quels gouvernements et dans quels cas on doit juger selon un texte prcis de la loiChapitre IV. De la manire de former les jugementsChapitre V. Dans quel gouvernement le souverain peut tre jugeChapitre VI. Que, dans la monarchie, les ministres ne doivent pas jugerChapitre VII. Du magistrat uniqueChapitre VIII. Des accusations dans les divers gouvernementsChapitre IX. De la svrit des peines dans les divers gouvernementsChapitre X. Des anciennes lois franaisesChapitre XI. Que lorsqu'un peuple est vertueux, il faut peu de peinesChapitre XII. De la puissance des peinesChapitre XIII. Impuissance des lois japonaisesChapitre XIV. De l'esprit du snat de RomeChapitre XV. Des lois des Romains l'gard des peinesChapitre XVI. De la juste proportion des peines avec le crimeChapitre XVII. De la torture ou question contre les criminelsChapitre XVIII. Des peines pcuniaires et des peines corporellesChapitre XIX. De la loi du talionChapitre XX. De la punition des pres pour leurs enfantsChapitre XXI. De la clmence du prince

    Livre VII. - Consquences des diffrents principes des trois gouvernements, par rapport aux loissomptuaires, au luxe et la condition des femmes.

    Chapitre I. Du luxeChapitre II. Des lois somptuaires dans la dmocratieChapitre III. Des lois somptuaires dans l'aristocratieChapitre IV. Des lois somptuaires dans les monarchiesChapitre V. Dans quels cas les lois somptuaires sont utiles dans une monarchieChapitre VI. Du luxe la ChineChapitre VII. Fatale consquence du luxe la ChineChapitre VIII. De la continence publiqueChapitre IX. De la condition des femmes dans les divers gouvernementsChapitre X. Du tribunal domestique chez les RomainsChapitre XI. Comment les institutions changrent Rome avec le gouvernementChapitre XII. De la tutelle des femmes chez les RomainsChapitre XIII. Des peines tablies par les empereurs contre les dbauches des femmesChapitre XIV. Lois somptuaires chez les RomainsChapitre XV. Des dots et des avantages nuptiaux dans les diverses constitutionsChapitre XVI. Belle coutume des Samnites

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    Chapitre XVII. De l'administration des femmes

    Livre VIII. - De la corruption des principes des trois gouvernements.

    Chapitre I. Ide gnrale de ce livreChapitre II. De la corruption du principe de la dmocratieChapitre III. De l'esprit d'galit extrmeChapitre IV. Cause particulire de la corruption du peupleChapitre V. De la corruption du principe de l'aristocratieChapitre VI. De la corruption du principe de la monarchieChapitre VII. Continuation du mme sujetChapitre VIII. Danger de la corruption du principe du gouvernement monarchiqueChapitre IX. Combien la noblesse est porte dfendre le trneChapitre X. De la corruption du principe du gouvernement despotiqueChapitre XI. Effets naturels de la bont et de la corruption des principesChapitre XII. Continuation du mme sujetChapitre XIII. Effet du serment chez un peuple vertueuxChapitre XIV. Comment le plus petit changement dans la constitution entrane la ruine des principesChapitre XV. Moyens trs efficaces pour la conservation des trois principesChapitre XVI. Proprits distinctives de la rpubliqueChapitre XVII. Proprits distinctives de la monarchieChapitre XVIII. Que la monarchie d'Espagne tait dans un cas particulierChapitre XIX. Proprits distinctives du gouvernement despotiqueChapitre XX. Consquence des chapitres prcdentsChapitre XXI. De l'empire de la Chine

    Seconde partieLivre IX. - Des lois dans le rapport qu'elles ont avec la force dfensive.

    Chapitre I. Comment les rpubliques pourvoient leur sretChapitre II. Que la constitution fdrative doit tre compose d'tats de mme nature, surtout d'tatsrpublicainsChapitre III. Autres choses requises dans la rpublique fdrativeChapitre IV. Comment les tats despotiques pourvoient leur sretChapitre V. Comment la monarchie pourvoit sa sretChapitre VI. De la force dfensive des tats en gnralChapitre VII. RflexionsChapitre VIII. Cas o la force dfensive d'un tat est infrieure sa force offensiveChapitre IX. De la force relative des tatsChapitre X. De la faiblesse des tats voisins

    Livre X. - Des lois dans le rapport qu'elles ont avec la force offensive.

    Chapitre I. De la force offensiveChapitre II. De la guerreChapitre III. Du droit de conquteChapitre IV. Quelques avantages du peuple conquisChapitre V. Glon, roi de SyracuseChapitre VI. D'une rpublique qui conquiertChapitre VIII Continuation du mme sujetChapitre VIII. Continuation du mme sujetChapitre IX. D'une monarchie qui conquiert autour d'elleChapitre X. D'une monarchie qui conquiert une autre monarchieChapitre XI. Des murs du peuple vaincuChapitre XII. D'une loi de CyrusChapitre XIII. Charles XII

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    Chapitre XIV. AlexandreChapitre XV. Nouveaux moyens de conserver la conquteChapitre XVI. D'un tat despotique qui conquiertChapitre XVII. Continuation du mme sujet

    Livre XI. - Des lois qui forment la libert politique dans son rapport avec la constitution.

    Chapitre I. Ide gnraleChapitre II. Diverses significations donnes au mot de libertChapitre III. Ce que c'est que la libertChapitre IV. Continuation du mme sujetChapitre V. De l'objet des tats diversChapitre VI. De la constitution d'AngleterreChapitre VII. Des monarchies que nous connaissonsChapitre VIII. Pourquoi les anciens n'avaient pas une ide bien claire de la monarchieChapitre IX. Manire de penser d'AristoteChapitre X. Manire de penser des autres politiquesChapitre XI. Des rois des temps hroques chez les GrecsChapitre XII. Du gouvernement des rois de Rome et comment les trois pouvoirs y furent distribusChapitre XIII. Rflexions gnrales sur l'tat de Rome aprs l'expulsion des roisChapitre XIV. Comment la distribution des trois pouvoirs commena changer aprs l'expulsion desroisChapitre XV. Comment, dans l'tat florissant de la rpublique, Rome perdit tout coup sa libertChapitre XVI. De la puissance lgislative dans la rpublique romaineChapitre XVII. De la puissance excutrice dans la mme rpubliqueChapitre XVIII. De la puissance de juger dans le gouvernement de RomeChapitre XIX. Du gouvernement des provinces romainesChapitre XX. Fin de ce livre

    Livre XII. - Des lois qui forment la libert politique dans son rapport avec le citoyen.

    Chapitre I. Ide de ce livreChapitre II. De la libert du citoyenChapitre III. Continuation du mme sujetChapitre IV. Que la libert est favorise par la nature des peines et leur proportionChapitre V. De certaines accusations qui ont particulirement besoin de modration et de prudenceChapitre VI. Du crime contre natureChapitre VII. Du crime de lse-majestChapitre VIII. De la mauvaise application du nom de crime de sacrilge et de lse-majestChapitre IX. Continuation du mme sujetChapitre X. Continuation du mme sujetChapitre XI. Des pensesChapitre XII. Des paroles indiscrtesChapitre XIII. Des critsChapitre XIV. Violation de la pudeur dans la punition des crimesChapitre XV. De l'affranchissement de l'esclave pour accuser le matreChapitre XVI. Calomnie dans le crime de lse-majestChapitre XVII. De la rvlation des conspirationsChapitre XVIII. Combien il est dangereux dans les rpubliques de trop punir le crime de lse-majestChapitre XIX. Comment on suspend l'usage de la libert dans la rpubliqueChapitre XX. Des lois favorables la libert du citoyen dans la rpubliqueChapitre XXI. De la cruaut des lois envers les dbiteurs dans la rpubliqueChapitre XXII. Des choses qui attaquent la libert dans la monarchieChapitre XXIII. Des espions dans la monarchieChapitre XXIV. Des lettres anonymesChapitre XXV. De la manire de gouverner dans la monarchie

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    Chapitre XXVI. Que, dans la monarchie, le prince doit tre accessibleChapitre XXVII. Des murs du monarqueChapitre XXVIII. Des gards que les monarques doivent leurs sujetsChapitre XXIX. Des lois civiles propres mettre un peu de libert dans le gouvernement despotiqueChapitre XXX. Continuation du mme sujet

    Livre XII. - Des rapports que la leve des tributs et la grandeur des revenus publics ont avec lalibert.

    Chapitre I. Des revenus de l'tatChapitre II. Que c'est mal raisonn de dire que la grandeur des tributs soit bonne par elle-mmeChapitre III. Des tributs dans les pays o une partie du peuple est esclave de la glbeChapitre IV. D'une rpublique en cas pareilChapitre V. D'une monarchie en cas pareilChapitre VI. D'un tat despotique en cas pareilChapitre VII. Des tributs dans les pays o l'esclavage de la glbe n'est point tabliChapitre VIII. Comment on conserve l'illusionChapitre IX. D'une mauvaise sorte d'imptChapitre X. Que la grandeur des tributs dpend de la nature du gouvernementChapitre XI. Des peines fiscalesChapitre XII. Rapport de la grandeur des tributs avec la libertChapitre XIII. Dans quels gouvernements les tributs sont susceptibles d'augmentationChapitre XIV. Que la nature des tributs est relative au gouvernementChapitre XV. Abus de la libertChapitre XVI. Des conqutes des MahomtansChapitre XVII. De l'augmentation des troupesChapitre XVIII. De la remise des tributsChapitre XIX. Qu'est-ce qui est plus convenable au prince et au peuple, de la ferme ou de la rgie destributs?Chapitre XX. Des traitants

    Troisime partieLivre XIV. - Des lois dans le rapport qu'elles ont avec la nature du climat.

    Chapitre I. Ide gnraleChapitre II. Comment les hommes sont diffrents dans les divers climatsChapitre III. Contradiction dans les caractres de certains peuples du MidiChapitre IV. Cause de l'immutabilit de la religion, des murs, des manires, des lois, dans les paysd'OrientChapitre V. Que les mauvais lgislateurs sont ceux qui ont favoris les vices du climat et les bons sontceux qui s'y sont oppossChapitre VI. De la culture des terres dans les climats chaudsChapitre VII. Du monachismeChapitre VIII. Bonne coutume de la ChineChapitre IX. Moyens d'encourager l'industrieChapitre X. Des lois qui ont rapport la sobrit des peuplesChapitre XI. Des lois qui ont du rapport aux maladies du climatChapitre XII. Des lois contre ceux qui se tuent eux-mmesChapitre XIII. Effets qui rsultent du climat d'AngleterreChapitre XIV. Autres effets du climatChapitre XV De la diffrente confiance que les lois ont dans le peuple selon les climats

    Livre XV. - Comment les lois de l'esclavage civil ont du rapport avec la nature du climat.

    Chapitre I. De l'esclavage civilChapitre II. Origine du droit de l'esclavage chez les jurisconsultes romains

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    Chapitre III. Autre origine du droit de l'esclavageChapitre IV Autre origine du droit de l'esclavageChapitre V. De l'esclavage des ngresChapitre VI. Vritable origine du droit de l'esclavageChapitre VII. Autre origine du droit de l'esclavageChapitre VIII. Inutilit de l'esclavage par-mi nousChapitre IX. Des nations chez lesquelles la libert civile est gnralement tablieChapitre X. Diverses espces d'esclavageChapitre XI. Ce que les lois doivent faire par rapport l'esclavageChapitre XII. Abus de l'esclavageChapitre XIII. Danger du grand nombre d'esclavesChapitre XIV. Des esclaves armsChapitre XV. Continuation du mme sujetChapitre XVI. Prcautions prendre dans le gouvernement modrChapitre XVII. Rglements faire entre le matre et les esclavesChapitre XVIII. Des affranchissementsChapitre XIX. Des affranchis et des eunuques

    Livre XVI. - Comment les lois de l'esclavage domestique ont du rapport avec la nature du climat.

    Chapitre I. De la servitude domestiqueChapitre II. Que dans les pays du Midi il y a dans les deux sexes une ingalit naturelleChapitre III. Que la pluralit des femmes dpend beaucoup de leur entretienChapitre IV. De la polygamie, ses diverses circonstancesChapitre V. Raison d'une loi du MalabarChapitre VI. De la polygamie en elle-mmeChapitre VII. De l'galit du traitement dans le cas de la pluralit des femmesChapitre VIII. De la sparation des femmes d'avec les hommesChapitre IX. Liaison du gouvernement domestique avec le politiqueChapitre X. Principe de la morale d'OrientChapitre XI. De la servitude domestique indpendante de la polygamieChapitre XII. De la pudeur naturelleChapitre XIII. De la jalousieChapitre XIV. Du gouvernement de la maison en OrientChapitre XV. Du divorce et de la rpudiationChapitre XVI. De la rpudiation et du divorce chez les Romains

    Livre XVII. - Comment les lois de la servitude politique ont du rapport avec la nature du climat.

    Chapitre I. De la servitude politiqueChapitre II. Diffrence des peuples par rapport au courageChapitre III. Du climat de lAsieChapitre IV. Consquence de ceciChapitre V. Que, quand les peuples du nord de l'Asie et ceux du nord de l'Europe ont conquis, leseffets de la conqute n'taient pas les mmesChapitre VI. Nouvelle cause physique de la servitude de l'Asie et de la libert de l'EuropeChapitre VII. De l'Afrique et de l'AmriqueChapitre VIII. De la capitale de l'empire

    Livre XVIII. - Des lois dans le rapport qu'elles ont avec la nature du terrain.

    Chapitre I. Comment la nature du terrain influe sur les loisChapitre II. Continuation du mme sujetChapitre III. Quels sont les pays les plus cultivsChapitre IV. Nouveaux effets de la fertilit et de la strilit du paysChapitre V. Des peuples des lesChapitre VI. Des pays forms par l'industrie des hommes

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    Chapitre VII. Des ouvrages des hommesChapitre VIII. Rapport gnral des loisChapitre IX. Du terrain de l'AmriqueChapitre X. Du nombre des hommes dans le rapport avec la manire dont ils se procurent lasubsistanceChapitre XI. Des peuples sauvages et des peuples barbaresChapitre XII. Du droit des gens chez les peuples qui ne cultivent point les terresChapitre XIII. Des lois civiles chez les peuples qui ne cultivent point les terresChapitre XIV. De l'tat politique des peuples qui ne cultivent point les terresChapitre XV. Des peuples qui connaissent l'usage de la monnaieChapitre XVI. Des lois civiles chez les peuples qui ne connaissent point l'usage de la monnaieChapitre XVII. Des lois politiques chez les peuples qui n'ont point l'usage de la monnaieChapitre XVIII. Force de la superstitionChapitre XIX. De la libert des Arabes et de la servitude des TartaresChapitre XX. Du droit des gens des TartaresChapitre XXI. Loi civile des TartaresChapitre XXII. D'une loi civile des peuples GermainsChapitre XXIII. De la longue chevelure des rois FrancsChapitre XXIV. Des mariages des rois FrancsChapitre XXV. ChildricChapitre XXVI. De la majorit des rois FrancsChapitre XXVII. Continuation du mme sujetChapitre XXVIII. De l'adoption chez les GermainsChapitre XXIX. Esprit sanguinaire des rois FrancsChapitre XXX. Des assembles de la nation chez les FrancsChapitre XXXI. De l'autorit du clerg dans la premire race

    Livre XIX. - Des lois dans le rapport qu'elles ont avec les principes qui forment l'esprit gnral, lesmurs et les manires d'une nation.

    Chapitre I. Du sujet de ce livreChapitre II. Combien pour les meilleures lois il est ncessaire que les esprits soient prparsChapitre III. De la tyrannieChapitre IV. Ce que c'est que l'esprit gnralChapitre V. Combien il faut tre attentif ne point changer l'esprit gnral d'une nationChapitre VI. Qu'il ne faut pas tout corrigerChapitre VII. Des Athniens et des LacdmoniensChapitre VIII. Effets de l'humeur sociableChapitre IX. De la vanit et de l'orgueil des nationsChapitre X. Du caractre des Espagnols et de celui des ChinoisChapitre XI. RflexionChapitre XII. Des manires et des murs dans l'tat despotiqueChapitre XIII. Des manires chez les ChinoisChapitre XIV. Quels sont les moyens naturels de changer les murs et les manires d'une nationChapitre XV. Influence du gouvernement domestique sur le politiqueChapitre XVI. Comment quelques lgislateurs ont confondu les principes qui gouvernent les hommesChapitre XVII. Proprit particulire au gouvernement de la ChineChapitre XVIII. Consquence du chapitre prcdentChapitre XIX. Comment s'est faite cette union de la religion, des lois, des murs et des manires chezles ChinoisChapitre XX. Explication d'un paradoxe sur les ChinoisChapitre XXI. Comment les lois doivent tre relatives aux murs et aux maniresChapitre XXII. Continuation du mme sujetChapitre XXIII. Comment les lois suivent les mursChapitre XXIV. Continuation du mme sujetChapitre XXV. Continuation du mme sujet

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    Chapitre XXVI. Continuation du mme sujetChapitre XXVII. Comment les lois peuvent contribuer former les murs, les manires et le caractred'une nation

    Quatrime partieLivre XX. - Des lois dans le rapport qu'elles ont avec le commerce considr dans sa nature et sesdistinctions.

    Chapitre I. Du commerceChapitre II. De l'esprit du commerceChapitre III. De la pauvret des peuplesChapitre IV. Du commerce dans les divers gouvernementsChapitre V. Des peuples qui ont fait le commerce d'conomieChapitre VI. Quelques effets d'une grande navigationChapitre VII. Esprit de l'Angleterre sur le commerceChapitre VIII. Comment on a gn quelquefois le commerce d'conomieChapitre IX. De l'exclusion en fait de commerceChapitre X. tablissement propre au commerce d'conomieChapitre XI. Continuation du mme sujetChapitre XII. De la libert du commerceChapitre XIII. Ce qui dtruit cette libertChapitre XIV. Des lois de commerce qui emportent la confiscation des marchandisesChapitre XV. De la contrainte par corpsChapitre XVI. Belle loiChapitre XVII. Loi de RhodesChapitre XVIII. Des juges pour le commerceChapitre XIX. Que le prince ne doit point faire de commerceChapitre XX. Continuation du mme sujetChapitre XXI. Du commerce de la noblesse dans la monarchieChapitre XXII. Rflexion particulireChapitre XXIII. quelles nations il est dsavantageux de faire le commerce

    Livre XXI. - Des lois dans le rapport qu'elles ont avec le commerce, considr dans les rvolutionsqu'il a eues dans le monde.

    Chapitre I. Quelques considrations gnralesChapitre II. Des peuples d'AfriqueChapitre III. Que les besoins des peuples du midi sont diffrents de ceux des peuples du nordChapitre IV. Principale diffrence du commerce des anciens d'avec celui d'aujourd'huiChapitre V. Autres diffrencesChapitre VI. Du commerce des anciensChapitre VII. Du commerce des GrecsChapitre VIII. D'Alexandre. Sa conquteChapitre IX. Du commerce des rois grecs aprs AlexandreChapitre X. Du tour de l'AfriqueChapitre XI. Carthage et MarseilleChapitre XII. le de Dlos. MithridateChapitre XIII. Du gnie des Romains pour la marineChapitre XIV. Du gnie des Romains pour le commerceChapitre XV. Commerce des Romains avec les BarbaresChapitre XVI. Du commerce des Romains avec l'Arabie et les IndesChapitre XVII. Du commerce aprs la destruction des Romains en OccidentChapitre XVIII. Rglement particulierChapitre XIX. Du commerce depuis l'affaiblissement des Romains en OrientChapitre XX. Comment le commerce se fit jour en Europe travers la barbarie

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    Chapitre XXI. Dcouverte de deux nouveaux mondes: tat de l'Europe cet gardChapitre XXII. Des richesses que l'Espagne tira de l'AmriqueChapitre XXIII. Problme

    Livre XXII. - Des lois dans le rapport qu'elles ont avec l'usage de la monnaie.

    Chapitre I. Raison de l'usage de la monnaieChapitre II. De la nature de la monnaieChapitre III. Des monnaies idalesChapitre IV. De la quantit de l'or et de l'argentChapitre V. Continuation du mme sujetChapitre VI. Par quelle raison le prix de l'usure diminua de la moiti lors de la dcouverte des IndesChapitre VII. Comment le prix des choses se fixe dans la variation des richesses de signeChapitre VIII. Continuation du mme sujetChapitre IX. De la raret relative de l'or et de l'argentChapitre X. Du changeChapitre XI. Des oprations que les Romains firent sur les monnaiesChapitre XII. Circonstances dans lesquelles les Romains firent leurs oprations sur la monnaieChapitre XIII. Oprations sur les monnaies du temps des empereursChapitre XIV. Comment le change gne les tats despotiquesChapitre XV. Usage de quelques pays d'ItalieChapitre XVI. Du secours que l'tat peut tirer des banquiersChapitre XVII. Des dettes publiquesChapitre XVIII. Du payement des dettes publiquesChapitre XIX. Des prts intrtChapitre XX. Des usures maritimesChapitre XXI. Du prt par contrat et de l'usure chez les RomainsChapitre XXII. Continuation du mme sujet

    Livre XXIII. - Des lois dans le rapport qu'elles ont avec le nombre des habitants.

    Chapitre I. Des hommes et des animaux par rapport la multiplication de leur espceChapitre II. Des mariagesChapitre III. De la condition des enfantsChapitre IV. Des famillesChapitre V. Des divers ordres de femmes lgitimesChapitre VI. Des btards dans les divers gouvernementsChapitre VII. Du consentement des pres au mariageChapitre VIII. Continuation du mme sujetChapitre IX. Des fillesChapitre X. Ce qui dtermine au mariageChapitre XI. De la duret du gouvernementChapitre XII. Du nombre des filles et des garons dans diffrents paysChapitre XIII. Des ports de merChapitre XIV. Des productions de la terre qui demandent plus ou moins d'hommesChapitre XV. Du nombre des habitants par rapport aux artsChapitre XVI. Des vues du lgislateur sur la propagation de l'espceChapitre XVII. De la Grce et du nombre de ses habitantsChapitre XVIII. De l'tat des peuples avant les RomainsChapitre XIX. Dpopulation de l'universChapitre XX. Que les Romains furent dans la ncessit de faire des lois pour la propagation de l'espceChapitre XXI. Des lois des Romains sur la propagation de l'espceChapitre XXII. De l'exposition des enfantsChapitre XXIII. De l'tat de l'univers aprs la destruction des RomainsChapitre XXIV. Changements arrivs en Europe par rapport au nombre des habitantsChapitre XXV. Continuation du mme sujet

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    Chapitre XXVI. ConsquencesChapitre XXVII. De la loi faite en France pour encourager la propagation de l'espceChapitre XXVIII. Comment on peut remdier la dpopulationChapitre XXIX. Des hpitaux

    Cinquime partieLivre XXIV. - Des lois dans le rapport qu'elles ont avec la religion tablie dans chaque pays, .

    Chapitre I. Des religions en gnralChapitre II. Paradoxe de BayleChapitre III. Que le gouvernement modr convient mieux la religion chrtienne et le gouvernementdespotique la mahomtaneChapitre IV. Consquences du caractre de la religion chrtienne et de celui de la religionmahomtaneChapitre V. Que la religion catholique convient mieux une monarchie, et que la protestantes'accommode mieux d'une rpubliqueChapitre VI. Autre paradoxe de BayleChapitre VII. Des lois de perfection dans la religionChapitre VIII. De l'accord des lois de la morale avec celles de la religionChapitre IX. Des EssensChapitre X. De la secte stoqueChapitre XI. De la contemplationChapitre XII. Des pnitencesChapitre XIII. Des crimes inexpiablesChapitre XIV. Comment la force de la religion s'applique celle des lois civilesChapitre XV. Comment les lois civiles corrigent quelquefois les fausses religionsChapitre XVI. Comment les lois de la religion corrigent les inconvnients de la constitution politiqueChapitre XVII. Continuation du mme sujetChapitre XVIII. Comment les lois de la religion ont l'effet des lois civilesChapitre XIX. Que c'est moins la vrit ou la fausset d'un dogme qui le rend utile ou pernicieux auxhommes dans l'tat civil, que l'usage ou l'abus que l'on en faitChapitre XX. Continuation du mme sujetChapitre XXI. De la mtempsycoseChapitre XXII. Combien il est dangereux que la religion inspire de l'horreur pour des chosesindiffrentesChapitre XXIII. Des ftesChapitre XXIV. Des lois de religions localesChapitre XXV. Inconvnient du transport d'une religion d'un pays un autreChapitre XXVI. Continuation du mme sujet

    Livre XXV. - Des LOIS dans le rapport qu'elles ont avec l'tablissement de la religion .

    Chapitre I. Du sentiment pour la religionChapitre II. Du motif d'attachement pour les diverses religionsChapitre III. Des templesChapitre IV. Des ministres de la religionChapitre V. Des bornes que les lois doivent mettre aux richesses du clergChapitre VI. Des monastresChapitre VII. Du luxe de la superstitionChapitre VIII. Du pontificatChapitre IX. De la tolrance en fait de religionChapitre X. Continuation du mme sujetChapitre XI. Du changement de religionChapitre XII. Des lois pnalesChapitre XIII. Trs humble remontrance aux inquisiteurs d'Espagne et de Portugal

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    Chapitre XIV. Pourquoi la religion chrtienne est si odieuse au JaponChapitre XV. De la propagation de la religion

    Livre XXVI. - Des lois dans le rapport qu'elles doivent avoir avec l'ordre des choses sur lesquelleselles statuent.

    Chapitre I. Ide de ce livreChapitre II. Des lois divines et des lois humainesChapitre III. Des lois civiles qui sont contraires la loi naturelleChapitre IV. Continuation du mme sujetChapitre V. Cas o l'on peut juger par les principes du droit civil, en modifiant les principes du droitnaturelChapitre VI. Que l'ordre des successions dpend des principes du droit politique ou civil, et non pasdes principes du droit naturelChapitre VII. Qu'il ne faut point dcider par les prceptes de la religion lorsqu'il s'agit de ceux de la loinaturelleChapitre VIII. Qu'il ne faut pas rgler par les principes du droit qu'on appelle canonique les chosesrgles par les principes du droit civilChapitre IX. Que les choses qui doivent tre rgles par les principes du droit civil peuvent rarementl'tre par les principes des lois de la religionChapitre X. Dans quel cas il faut suivre la loi civile qui permet, et non pas la loi de la religion quidfendChapitre XI. Qu'il ne faut point rgler les tribunaux humains par les maximes des tribunaux quiregardent l'autre vieChapitre XII. Continuation du mme sujetChapitre XIII. Dans quel cas il faut suivre, l'gard des mariages, les lois de la religion, et dans quelcas il faut suivre les lois civilesChapitre XIV. Dans quels cas, dans les mariages entre parents, il faut se rgler par les lois de la nature;dans quels cas on doit se rgler par les lois civilesChapitre XV. Qu'il ne faut point rgler par les principes du droit politique les choses qui dpendent desprincipes du droit civilChapitre XVI. Qu'il ne faut point dcider par les rgles du droit civil quand il s'agit de dcider parcelles du droit politiqueChapitre XVII. Continuation du mme sujetChapitre XVIII. Qu'il faut examiner si les lois qui paraissent se contredire sont du mme ordreChapitre XIX. Qu'il ne faut pas dcider par les lois civiles les choses qui doivent l'tre par les loisdomestiquesChapitre XX. Qu'il ne faut pas dcider par les principes des lois civiles les choses qui appartiennent audroit des gensChapitre XXI. Qu'il ne faut pas dcider par les lois politiques les choses qui appartiennent au droit desgensChapitre XXII. Malheureux sort de l'Inca AthualpaChapitre XXIII. Que lorsque, par quelque circonstance, la loi politique dtruit l'tat, il faut dcider parla loi politique qui le conserve, qui devient quelquefois un droit des gensChapitre XXIV. Que les rglements de police sont d'un autre ordre que les autres lois civilesChapitre XXV. Qu'il ne faut pas suivre les dispositions gnrales du droit civil, lorsqu'il s'agit dechoses qui doivent tre soumises des rgles particulires tires de leur propre nature

    Sixime partieLivre XXVII.

    Chapitre unique. De l'origine et des rvolutions des lois des romains sur les successions livre vingt-huitime. - de l'origine et des rvolutions des lois civiles chez les franais.

    Livre XXVIII. Du diffrent des lois des peuples germains

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    Chapitre I. Du diffrent caractre des lois des peuples germainsChapitre II. Que les lois des Barbares furent toutes personnellesChapitre III. Diffrence capitale entre les lois saliques et les lois des Wisigoths et des BourguignonsChapitre IV. Comment le droit romain se perdit dans le pays du domaine des Francs, et se conservadans le pays du domaine des Goths et des BourguignonsChapitre V. Continuation du mme sujetChapitre VI. Comment le droit romain se conserva dans le domaine des LombardsChapitre VII. Comment le droit romain se perdit en EspagneChapitre VIII. Faux capitulaireChapitre IX. Comment les codes des lois des Barbares et les capitulaires se perdirentChapitre X. Continuation du mme sujetChapitre XI. Autres causes de la chute des codes des lois des Barbares, du droit romain, et descapitulairesChapitre XII. Des coutumes locales; rvolution des lois des peuples barbares et du droit romainChapitre XIII. Diffrence de la loi salique ou des Francs saliens d'avec celle des Francs ripuaires et desautres peuples barbaresChapitre XIV. Autre diffrenceChapitre XV. RflexionChapitre XVI. De la preuve par l'eau bouillante tablie par la loi saliqueChapitre XVII. Manire de penser de nos presChapitre XVIII. Comment la preuve par le combat s'tenditChapitre XIX. Nouvelle raison de l'oubli des lois saliques, des lois romaines et des capitulairesChapitre XX. Origine du point d'honneurChapitre XXI. Nouvelle rflexion sur le point d'honneur chez les GermainsChapitre XXII. Des murs relatives aux combatsChapitre XXIII. De la jurisprudence du combat judiciaireChapitre XXIV. Rgles tablies dans le combat judiciaireChapitre XXV. Des bornes que l'on mettait l'usage du combat judiciaireChapitre XXVI. Du combat judiciaire entre une des parties et un des tmoinsChapitre XXVII. Du combat judiciaire entre une partie et un des pairs du seigneur. Appel de fauxjugementChapitre XXVIII. De l'appel de dfaute de droitChapitre XXIX. poque du rgne de saint LouisChapitre XXX. Observation sur les appelsChapitre XXXI. Continuation du mme sujetChapitre XXXII. Continuation du mme sujetChapitre XXVIII. Continuation du mme sujetChapitre XXXIV. Comment la procdure devint secrteChapitre XXXV. Des dpensChapitre XXXVI. De la partie publiqueChapitre XXXVII. Comment les tablissements de saint Louis tombrent dans l'oubliChapitre XXXVIII. Continuation du mme sujetChapitre XXXIX. Continuation du mme sujetChapitre XL. Comment on prit les formes judiciaires des dcrtalesChapitre XLI. Flux et reflux de la juridiction ecclsiastique et de la juridiction laieChapitre XLII. Renaissance du droit romain et ce qui en rsulta. Changements dans les tribunauxChapitre XLIII. Continuation du mme sujetChapitre XLIV. De la preuve par tmoinsChapitre XLV. Des coutumes de France

    Livre XXIX. - De la manire de composer les lois.

    Chapitre I. De l'esprit du lgislateurChapitre II. Continuation du mme sujetChapitre III. Que les lois qui paraissent s'loigner des vues du lgislateur y sont souvent conformesChapitre IV. Des lois qui choquent les vues du lgislateur

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    Chapitre V. Continuation du mme sujetChapitre VI. Que les lois qui paraissent les mmes n'ont pas toujours le mme effetChapitre VII. Continuation du mme sujet. Ncessit de bien composer les loisChapitre VIII. Que les lois qui paraissent les mmes n'ont pas toujours eu le mme motifChapitre IX. Que les lois grecques et romaines ont puni l'homicide de soi-mme, sans avoir le mmemotifChapitre X. Que les lois qui paraissent contraires drivent quelquefois du mme espritChapitre XI. De quelle manire deux lois diverses peuvent tre comparesChapitre XII. Que les lois qui paraissent les mmes sont quelquefois rellement diffrentesChapitre XIII. Qu'il ne faut point sparer les lois de l'objet pour lequel elles sont faites. Des loisromaines sur le volChapitre XIV. Qu'il ne faut point sparer les lois des circonstances dans lesquelles elles ont t faitesChapitre XV. Qu'il est bon quelquefois qu'une loi se corrige elle-mmeChapitre XVI. Choses observer dans la composition des loisChapitre XVII. Mauvaise manire de donner des loisChapitre XVIII. Des ides d'uniformitChapitre XIX. Des lgislateurs

    Livre XXX. - Thorie des lois fodales chez les Francs dans le rapport qu'elles ont avec l'tablissementde la monarchie.

    Chapitre I. Des lois fodalesChapitre II. Des sources des lois fodalesChapitre III. Origine du vasselageChapitre IV. Continuation du mme sujetChapitre V. De la conqute des FrancsChapitre VI. Des Goths, des Bourguignons et des FrancsChapitre VII. Diffrentes manires de partager les terresChapitre VIII. Continuation du mme sujetChapitre IX. Juste application de la loi des Bourguignons et de celle des Wisigoths sur le partage desterresChapitre X. Des servitudesChapitre XI. Continuation du mme sujetChapitre XII. Que les terres du partage des Barbares ne payaient point de tributsChapitre XIII. Quelles taient les charges des Romains et des Gaulois dans la monarchie des FrancsChapitre XIV. De ce qu'on appelait censusChapitre XV. Que ce qu'on appelait census ne se levait que sur les serfs, et non pas sur les hommeslibresChapitre XVI. Des leudes ou vassauxChapitre XVII. Du service militaire des hommes libresChapitre XVIII. Du double serviceChapitre XIX. Des compositions chez les peuples barbaresChapitre XX. De ce qu'on a appel depuis la justice des seigneursChapitre XXI. De la justice territoriale des glisesChapitre XXII. Que les justices taient tablies avant la fin de la seconde raceChapitre XXIII. Ide gnrale du livre de l'tablissement de la monarchie franaise dans les Gaules,par M. l'abb DubosChapitre XXIV. Continuation du mme sujet. Rflexion sur le fond du systmeChapitre XXV. De la noblesse franaise

    Livre XXXI. Thorie des lois fodales chez les Francs, dans le rapport qu'elles ont avec lesrvolutions de leur monarchie.

    Chapitre I. Changements dans les offices et les fiefsChapitre II. Comment le gouvernement civil fut rformChapitre III. Autorit des maires du palais

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    Chapitre IV. Quel tait, l'gard des maires, le gnie de la nationChapitre V. Comment les maires obtinrent le commandement des annesChapitre VI. Seconde poque de l'abaissement des rois de la premire raceChapitre VII. Des grands offices et des fiefs sous les maires du palaisChapitre VIII. Comment les alleus furent changs en fiefsChapitre IX. Comment les biens ecclsiastiques furent convertis en fiefsChapitre X. Richesses du clergChapitre XI. tat de l'Europe du temps de Charles MartelChapitre XII. tablissement des dmesChapitre XIII. Des lections aux vchs et abbayesChapitre XIV. Des fiefs de Charles MartelChapitre XV. Continuation du mme sujetChapitre XVI. Confusion de la royaut et de la mairerie. Seconde raceChapitre XVII. Chose particulire dans l'lection des rois de la seconde raceChapitre XVIII. CharlemagneChapitre XIX. Continuation du mme sujetChapitre XX. Louis le DbonnaireChapitre XXI. Continuation du mme sujetChapitre XXII. Continuation du mme sujetChapitre XXIII. Continuation du mme sujetChapitre XXIV. Que les hommes libres furent rendus capables de possder des fiefsChapitre XXV. Cause principale de l'affaiblissement de la seconde race. Changement dans les alleusChapitre XXVI. Changement dans les fiefsChapitre XXVII. Autre changement arriv dans les fiefsChapitre XXVIII. Changements arrivs dans les grands offices et dans les fiefsChapitre XXIX. De la nature des fiefs depuis le rgne de Charles le ChauveChapitre XXX. Continuation du mme sujetChapitre XXXI. Comment l'empire sortit de la maison de CharlemagneChapitre XXXII. Comment la couronne de France passa dans la maison de Hugues CapetChapitre XXXIII. Quelques consquences de la perptuit des fiefsChapitre XXXIV. Continuation du mme sujet

    Table analytique et alphabtique des matirescontenues dans De l'Esprit des lois et Dfense de l'Esprit des lois

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    ... Prolem sine matre creatam.OVIDE.

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    Avertissement de l'auteur1 Pour l'intelligence des quatre premiers livres de cet ouvrage, il faut observer que ce que

    j'appelle la vertu dans la rpublique est l'amour de la patrie, c'est--dire l'amour de l'galit. Ce n'estpoint une vertu morale, ni une vertu chrtienne; c'est la vertu politique; et celle-ci est le ressort qui faitmouvoir le gouvernement rpublicain, comme l'honneur est le ressort qui fait mouvoir la monarchie.J'ai donc appel vertu politique l'amour de la patrie et de l'galit. J'ai eu des ides nouvelles; il a bienfallu trouver de nouveaux mots, ou donner aux anciens de nouvelles acceptions. Ceux qui n'ont pascompris ceci m'ont fait dire des choses absurdes, et qui seraient rvoltantes dans tous les pays dumonde, parce que, dans tous les pays du monde, on veut de la morale.

    2 Il faut faire attention qu'il y a une trs grande diffrence entre dire qu'une certaine qualit,modification de l'me, ou vertu, n'est pas le ressort qui fait agir un gouvernement, et dire qu'elle n'estpoint dans ce gouvernement. Si je disais: telle roue, tel pignon ne sont point le ressort qui fait mouvoircette montre, en conclurait-on qu'ils ne sont point dans la montre? Tant s'en faut que les ver-tusmorales et chrtiennes soient exclues de la monarchie, que mme la vertu politique ne l'est pas. En unmot, l'honneur est dans la rpublique, quoique la vertu politique en soit le ressort; la ver-tu politiqueest dans la monarchie, quoique l'honneur en soit le ressort.

    Enfin, l'homme de bien dont il est question dans le livre III, chapitre V, n'est pas l'homme de bienchrtien, mais l'homme de bien politique, qui a la vertu politique dont j'ai parl. C'est l'homme quiaime les lois de son pays, et qui agit par l'amour des lois de son pays. J'ai donn un nouveau jour toutes ces choses dans cette dition-ci, en fixant encore plus les ides: et, dans la plupart des endroitso je me suis servi du mot de vertu, j'ai mis vertu politique.

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    PRFACESi, dans le nombre infini de choses qui sont dans ce livre, il y en avait quelqu'une qui, contre mon

    attente, pt offenser, il n'y en a pas du moins qui y ait t mise avec mauvaise intention. Je n'ai pointnaturellement l'esprit dsapprobateur. Platon remerciait le ciel de ce qu'il tait n du temps de Socrate; et moi, je lui rends grces de ce qu'il m'a fait natre dans le gouvernement o je vis, et de ce qu'il avoulu que j'obisse ceux qu'il m'a fait aimer.

    Je demande une grce que je crains qu'on ne m'accorde pas: c'est de ne pas juger, par la lectured'un moment, d'un travail de vingt annes; d'approuver ou de condamner le livre entier, et non pasquelques phrases. Si l'on veut chercher le dessein de l'auteur, on ne le peut bien dcouvrir que dans ledessein de l'ouvrage.

    J'ai d'abord examin les hommes, et j'ai cru que, dans cette infinie diversit de lois et de murs, ilsn'taient pas uniquement conduits par leurs fantaisies.

    J'ai pos les principes, et j'ai vu les cas particuliers s'y plier comme d'eux-mmes, les histoires detoutes les nations n'en tre que les suites, et chaque loi particulire lie avec une autre loi, ou dpendred'une autre plus gnrale.

    Quand j'ai t rappel l'antiquit, j'ai cherch en prendre l'esprit, pour ne pas regarder commesemblables des cas rellement diffrents, et ne pas manquer les diffrences de ceux qui paraissentsemblables.

    Je n'ai point tir mes principes de mes prjugs, mais de la nature des choses.Ici, bien des vrits ne se feront sentir qu'aprs qu'on aura vu la chane qui les lie d'autres. Plus

    on rflchira sur les dtails, plus on sentira la certitude des principes. Ces dtails mme, je ne les aipas tous donns; car, qui pour-rait dire tout sans un mortel ennui?

    On ne trouvera point ici ces traits saillants qui semblent caractriser les ouvrages d'aujourd'hui.Pour peu qu'on voie les choses avec une certaine tendue, les saillies s'vanouissent; elles ne naissentd'ordinaire que parce que l'esprit se jette tout d'un ct, et abandonne tous les autres.

    Je n'cris point pour censurer ce qui est tabli dans quelque pays que ce soit. Chaque nationtrouvera ici les raisons de ses maximes; et on en tirera naturellement cette consquence, qu'iln'appartient de proposer des changements qu' ceux qui sont assez heureusement ns pour pntrerd'un coup de gnie toute la constitution d'un tat.

    Il n'est pas indiffrent que le peuple soit clair. Les prjugs des magistrats ont commenc partre les prjugs de la nation. Dans un temps d'ignorance, on n'a aucun doute, mme lorsqu'on fait lesplus grands maux; dans un temps de lumire, on tremble encore lorsqu'on fait les plus grands biens.On sent les abus anciens, on en voit la correction; mais on voit encore les abus de la correction mme.On laisse le mal, si l'on craint le pire; on laisse le bien, si on est en doute du mieux. On ne regarde lesparties que pour juger du tout ensemble; on examine toutes les causes pour voir tous les rsultats.

    Si je pouvais faire en sorte que tout le monde et de nouvelles raisons pour aimer ses devoirs, sonprince, sa patrie, ses lois; qu'on pt mieux sentir son bonheur dans chaque pays, dans chaquegouvernement, dans chaque poste o l'on se trouve; je me croirais le plus heureux des mortels.

    Si je pouvais faire en sorte que ceux qui commandent augmentassent leurs connaissances sur cequ'ils doivent prescrire, et que ceux qui obissent trouvassent un nouveau plaisir obir, je me croiraisle plus heureux des mortels.

    Je me croirais le plus heureux des mortels, si je pouvais faire que les hommes pussent se gurir deleurs prjugs. J'appelle ici prjugs, non pas ce qui fait qu'on ignore de certaines choses, mais ce quifait qu'on s'ignore soi-mme.

    C'est en cherchant instruire les hommes, que l'on peut pratiquer cette vertu gnrale quicomprend l'amour de tous. L'homme, cet tre flexible, se pliant dans la socit aux penses et auximpressions des autres, est galement capable de connatre sa propre nature lorsqu'on la lui montre, etd'en perdre jusqu'au sentiment lorsqu'on la lui drobe.

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    J'ai bien des fois commenc, et bien des fois abandonn cet ouvrage; j'ai mille fois envoy aux 1

    vents les feuilles que j'avais crites, je sentais tous les jours les mains paternelles tomber 2 ; je suivaismon objet sans former de dessein; je ne connaissais ni les rgles ni les exceptions; je ne trouvais lavrit que pour la perdre. Mais, quand j'ai dcouvert mes principes, tout ce que je cherchais est venu moi; et, dans le cours de vingt annes, j'ai vu mon ouvrage commencer, crotre, s'avancer et finir.

    Si cet ouvrage a du succs, je le devrai beaucoup la majest de mon sujet; cependant je ne croispas avoir totalement manqu de gnie. Quand j'ai vu ce que tant de grands hommes, en France, enAngleterre et en Allemagne, ont crit avant moi, j'ai t dans l'admiration; mais je n'ai point perdu lecourage: Et moi aussi, je suis peintre 3, ai-je dit avec le Corrge.

    1 Ludibria ventis.2 Bis patri cecidere manus3 Ed io anche son pittore.

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    PREMIRE PARTIE

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    Livre premierDes lois en gnralChapitre IDes lois, dans le rapport qu'elles ont avec les divers tres

    Les lois, dans la signification la plus tendue, sont les rapports ncessaires qui drivent de lanature des choses; et, dans ce sens, tous les tres ont leurs lois, la divinit 4 a ses lois, le mondematriel a ses lois, les intelligences suprieures l'homme ont leurs lois, les btes ont leurs lois,l'homme a ses lois.

    Ceux qui ont dit qu'une fatalit aveugle a produit tous les effets que nous voyons dans le monde,ont dit une grande absurdit: car quelle plus grande absurdit qu'une fatalit aveugle qui aurait produitdes tres intelligents ?

    Il y a donc une raison primitive ; et les lois sont les rapports qui se trouvent entre elle et lesdiffrents tres, et les rapports de ces divers tres entre eux.

    Dieu a du rapport avec l'univers, comme crateur et comme conservateur: les lois selon lesquellesil a cr sont celles selon lesquelles il conserve. Il agit selon ces rgles, parce qu'il les connat; il lesconnat parce qu'il les a faites; il les a faites, parce qu'elles ont du rapport avec sa sagesse et sapuissance.

    Comme nous voyons que le monde, form par le mouvement de la matire, et priv d'intelligence,subsiste toujours, il faut que ses mouvements aient des lois invariables; et, si l'on pouvait imaginer unautre monde que celui-ci, il aurait des rgles constantes, ou il serait dtruit.

    Ainsi la cration, qui parat tre un acte arbitraire, suppose des rgles aussi invariables que lafatalit des athes. Il serait absurde de dire que le crateur, sans ces rgles, pour-rait gouverner lemonde, puisque le monde ne subsisterait pas sans elles.

    Ces rgles sont un rapport constamment tabli. Entre un corps m et un autre corps m, c'estsuivant les rapports de la masse et de la vitesse que tous les mouvements sont reus, augments,diminus, perdus; chaque diversit est uniformit, chaque changement est constance.

    Les tres particuliers intelligents peuvent avoir des lois qu'ils ont faites; mais ils en ont aussi qu'ilsn'ont pas faites. Avant qu'il y et des tres intelligents, ils taient possibles; ils avaient donc desrapports possibles, et par consquent des lois possibles. Avant qu'il y et des lois faites, il y avait desrapports de justice possibles. Dire qu'il n'y a rien de juste ni d'injuste que ce qu'ordonnent oudfendent les lois positives, c'est dire qu'avant qu'on et trac de cercle, tous les rayons n'taient pasgaux.

    Il faut donc avouer des rapports d'quit antrieurs la loi positive qui les tablit: comme, parexemple, que, suppos qu'il y et des socits d'hommes, il serait juste de se conformer leurs lois;que, s'il y avait des tres intelligents qui eussent reu quelque bienfait d'un autre tre, ils devraient enavoir de la reconnaissance; que, si un tre intelligent avait cr un tre intelligent, le cr devrait resterdans la dpendance qu'il a eue ds son origine; qu'un tre intelligent, qui a fait du mal un tre intelli-gent, mrite de recevoir le mme mal; et ainsi du reste.

    Mais il s'en faut bien que le monde intelligent soit aussi bien gouvern que le monde physique.Car, quoique celui-l ait aussi des lois qui par leur nature sont invariables, il ne les suit pasconstamment comme le monde physique suit les siennes. La raison en est que les tres particuliersintelligents sont borns par leur nature, et par consquent sujets l'erreur; et, d'un autre ct, il est deleur nature qu'ils agissent par eux-mmes. Ils ne suivent donc pas constamment leurs lois primitives;et celles mme qu'ils se donnent, ils ne les suivent pas toujours.

    On ne sait si les btes sont gouvernes par les lois gnrales du mouvement, ou par une motionparticulire. Quoi qu'il en soit, elles n'ont point avec Dieu de rapport plus intime que le reste du monde

    4 La loi, dit Plutarque, est la reine de tous mortels et immortels. Au trait Qu'il est requis qu'un prince soit

    savant.

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    matriel; et le sentiment ne leur sert que dans le rapport qu'elles ont entre elles, ou avec d'autres tresparticuliers, ou avec elles-mmes.

    Par l'attrait du plaisir, elles conservent leur tre particulier; et, par le mme attrait, elles conserventleur espce. Elles ont des lois naturelles, parce qu'elles sont unies par le sentiment; elles n'ont point delois positives, parce qu'elles ne sont point unies par la connaissance. Elles ne suivent pourtant pasinvariablement leurs lois naturelles: les plantes, en qui nous ne remarquons ni connaissance nisentiment, les suivent mieux.

    Les btes n'ont point les suprmes avantages que nous avons; elles en ont que nous n'avons pas.Elles n'ont point nos esprances, mais elles n'ont pas nos craintes; elles subissent comme nous la mort,mais c'est sans la connatre; la plupart mme se conservent mieux que nous, et ne font pas un aussimauvais usage de leurs passions.

    L'homme, comme tre physique, est, ainsi que les autres corps, gouvern par des lois invariables.Comme tre intelligent, il viole sans cesse les lois que Dieu a tablies, et change celles qu'il tablit lui-mme. Il faut qu'il se conduise; et cependant il est un tre born: il est sujet l'ignorance et l'erreur,comme toutes les intelligences finies; les faibles connaissances qu'il a, il les perd encore. Commecrature sensible, il devient sujet mille passions. Un tel tre pouvait tous les instants oublier soncrateur; Dieu l'a rappel lui par les lois de la religion. Un tel tre pouvait tous les instants s'oublierlui-mme; les philosophes l'ont averti par les lois de la morale. Fait pour vivre dans la socit, il ypouvait oublier les autres; les lgislateurs l'ont rendu ses devoirs par les lois politiques et civiles.Livre I : des lois en gnral

    Chapitre IIDes lois de la nature

    Avant toutes ces lois, sont celles de la nature, ainsi nommes, parce qu'elles drivent uniquementde la constitution de notre tre. Pour les connatre bien, il faut considrer un homme avantl'tablissement des socits. Les lois de la nature seront celles qu'il recevrait dans un tat pareil.

    Cette loi qui, en imprimant dans nous-mmes l'ide d'un crateur, nous porte vers lui, est lapremire des lois naturelles par son importance, et non pas dans l'ordre de ces lois. L'homme, dansl'tat de nature, aurait plutt la facult de connatre, qu'il n'aurait des connaissances. Il est clair que sespremires ides ne seraient point des ides spculatives: il songerait la conservation de son tre,avant de chercher l'origine de son tre. Un homme pareil ne sentirait d'abord que sa faiblesse; sa timi-dit serait extrme: et, si l'on avait l-dessus besoin de l'exprience, l'on a trouv dans les forts deshommes sauvages 5 ; tout les fait trembler, tout les fait fuir.

    Dans cet tat, chacun se sent infrieur; peine chacun se sent-il gal. On ne chercherait donc point s'attaquer, et la paix serait la premire loi naturelle.

    Le dsir que Hobbes donne d'abord aux hommes de se subjuguer les uns les autres, n'est pasraisonnable. L'ide de l'empire et de la domination est si compose, et dpend de tant d'autres ides,que ce ne serait pas celle qu'il aurait d'abord.

    Hobbes demande pourquoi, si les hommes ne sont pas naturellement en tat de guerre, ils vonttoujours arms, et pourquoi ils ont des clefs pour fermer leurs maisons. Mais on ne sent pas que l'onattribue aux hommes avant l'tablissement des socits, ce qui ne peut leur arriver qu'aprs cettablissement, qui leur fait trouver des motifs pour s'attaquer et pour se dfendre.

    Au sentiment de sa faiblesse, l'homme joindrait le sentiment de ses besoins. Ainsi une autre loinaturelle serait celle qui lui inspirerait de chercher se nourrir.

    J'ai dit que la crainte poilerait les hommes se fuir: mais les marques d'une crainte rciproque lesengageraient bientt s'approcher. D'ailleurs ils y seraient ports par le plaisir qu'un animal sent l'approche d'un animal de son espce. De plus, ce charme que les deux sexes s'inspirent par leurdiffrence, augmenterait ce plaisir; et la prire naturelle qu'ils se font toujours l'un l'autre, serait unetroisime loi.

    5 Tmoin le sauvage qui fut trouv dans les forts de Hanover, et que l'on vit en Angleterre sous le rgne de

    George 1er.

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    Outre le sentiment que les hommes ont d'abord, ils parviennent encore avoir des connaissances;ainsi ils ont un second lien que les autres animaux n'ont pas. Ils ont donc un nouveau motif de s'unir;et le dsir de vivre en socit est une quatrime loi naturelle.

    Livre I : des lois en gnral

    Chapitre IIIDes lois positives

    Sitt que les hommes sont en socit, ils perdent le sentiment de leur faiblesse; l'galit, qui taitentre eux, cesse, et l'tat de guerre commence.

    Chaque socit particulire vient sentir sa force; ce qui produit un tat de guerre de nation nation. Les particuliers, dans chaque socit, commencent sentir leur force; ils cherchent tourneren leur faveur les principaux avantages de cette socit; ce qui fait entre eux un tat de guerre.

    Ces deux sortes d'tat de guerre font tablir les lois parmi les hommes. Considrs commehabitants d'une si grande plante, qu'il est ncessaire qu'il y ait diffrents peuples, ils ont des lois dansle rapport que ces peuples ont entre eux; et c'est le DROIT DES GENS. Considrs comme vivantdans une socit qui doit tre maintenue, ils ont des lois dans le rapport qu'ont ceux qui gouvernentavec ceux qui sont gouverns; et c'est le DROIT POLITIQUE. Ils en ont encore dans le rapport quetous les citoyens ont entre eux; et c'est le DROIT CIVIL.

    Le droit des gens est naturellement fond sur ce principe, que les diverses nations doivent se faire,dans la paix, le plus de bien, et, dans la guerre, le moins de mal qu'il est possible, sans nuire leursvritables intrts.

    L'objet de la guerre, c'est la victoire; celui de la victoire, la conqute; celui de la conqute, laconservation. De ce principe et du prcdent doivent driver toutes les lois qui forment le droit desgens.

    Toutes les nations ont un droit des gens; et les Iroquois mme, qui mangent leurs prisonniers, enont un. Ils envoient et reoivent des ambassades; ils connaissent des droits de la guerre et de la paix :le mal est que ce droit des gens n'est pas fond sur les vrais principes.

    Outre le droit des gens, qui regarde toutes les socits, il y a un droit politique pour chacune. Unesocit ne saurait subsister sans un gouvernement. La runion de toutes les forces particulires, dit trsbien Gravina, forme ce qu'on appelle l'TAT POLITIQUE.

    La force gnrale peut tre place entre les mains d'un seul, ou entre les mains de plusieurs.Quelques-uns ont pens que, la nature ayant tabli le pouvoir paternel, le gouvernement d'un seul taitle plus conforme la nature. Mais l'exemple du pouvoir paternel ne prouve rien. Car, si le pouvoir dupre a du rapport au gouvernement d'un seul, aprs la mort du pre, le pouvoir des frres ou, aprs lamort des frres, celui des cousins germains ont du rapport au gouvernement de plusieurs. La puissancepolitique comprend ncessairement l'union de plusieurs familles.

    Il vaut mieux dire que le gouvernement le plus conforme la nature est celui dont la dispositionparticulire se rapporte mieux la disposition du peuple pour lequel il est tabli.

    Les forces particulires ne peuvent se runir sans que toutes les volonts se runissent. La runionde ces volonts, dit encore trs bien Gravina, est ce qu'on appelle l'TAT CIVIL.

    La loi, en gnral, est la raison humaine, en tant qu'elle gouverne tous les peuples de la terre; et leslois politiques et civiles de chaque nation ne doivent tre que les cas particuliers o s'applique cetteraison humaine.

    Elles doivent tre tellement propres au peuple pour lequel elles sont faites, que c'est un trs grandhasard si celles d'une nation peuvent convenir une autre.

    Il faut qu'elles se rapportent la nature et au principe du gouvernement qui est tabli, ou qu'onveut tablir; soit qu'elles le forment, comme font les lois politiques; soit qu'elles le maintiennent,comme font les lois civiles.

    Elles doivent tre relatives au physique du pays; au climat glac, brlant ou tempr; la qualitdu terrain, sa situation, sa grandeur; au genre de vie des peuples, laboureurs, chasseurs ou pasteurs;elles doivent se rapporter au degr de libert que la constitution peut souffrir; la religion deshabitants, leurs inclinations, leurs richesses, leur nombre, leur commerce, leurs murs, leursmanires. Enfin elles ont des rapports entre elles; elles en ont avec leur origine, avec l'objet du

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    lgislateur, avec l'ordre des choses sur lesquelles elles sont tablies. C'est dans toutes ces vues qu'ilfaut les considrer.

    C'est ce que j'entreprends de faire dans cet ouvrage. J'examinerai tous ces rapports : ils formenttous ensemble ce que l'on appelle l'ESPRIT DES LOIS.

    Je n'ai point spar les lois politiques des civiles: car, comme je ne traite point des lois, mais del'esprit des lois, et que cet esprit consiste dans les divers rapports que les lois peuvent avoir avecdiverses choses, j'ai d moins suivre l'ordre naturel des lois, que celui de ces rapports et de ces choses.

    J'examinerai d'abord les rapports que les lois ont avec la nature et avec le principe de chaquegouvernement: et, comme ce principe a sur les lois une suprme influence, je m'attacherai le bienconnatre; et, si je puis une fois l'tablir, on en verra couler les lois comme de leur source. Je passeraiensuite aux autres rapports, qui semblent tre plus particuliers.

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    Livre deuximeDes lois qui drivent directementde la nature du gouvernement

    Chapitre IDe la nature des trois divers gouvernements

    Il y a trois espces de gouvernements: le RPUBLICAIN, le MONARCHIQUE et leDESPOTIQUE. Pour en dcouvrir la nature, il suffit de l'ide qu'en ont les hommes les moinsinstruits. Je suppose trois dfinitions, ou plutt trois faits: l'un que le gouvernement rpublicain estcelui o le peuple en corps, ou seulement une partie du peuple, a la souveraine puissance; lemonarchique, celui o un seul gouverne, mais par des lois fixes et tablies; au lieu que, dans ledespotique, un seul, sans loi et sans rgle, entrane tout par sa volont et par ses caprices.

    Voil ce que j'appelle la nature de chaque gouvernement. Il faut voir quelles sont les lois quisuivent directement de cette nature, et qui par consquent sont les premires lois fondamentales.

    Chapitre IIDu gouvernement rpublicain et des lois relatives la dmocratie

    Lorsque, dans la rpublique, le peuple en corps a la souveraine puissance, c'est une dmocratie.Lorsque la souveraine puissance est entre les mains d'une partie du peuple, cela s'appelle unearistocratie.

    Le peuple, dans la dmocratie, est, certains gards, le monarque; certains autres, il est le sujet.Il ne peut tre monarque que par ses suffrages qui sont ses volonts. La volont du souverain est le

    souverain lui-mme. Les lois qui tablissent le droit de suffrage sont donc fondamentales dans cegouvernement. En effet, il est aussi important d'y rgler comment, par qui, qui, sur quoi, lessuffrages doivent tre donns, qu'il l'est dans une monarchie de savoir quel est le monarque, et dequelle manire il doit gouverner.

    Libanius 6 dit qu'a Athnes un tranger qui se mlait dans l'assemble du peuple, tait puni demort. C'est qu'un tel homme usurpait le droit de souverainet.

    Il est essentiel de fixer le nombre des citoyens qui doivent former les assembles; sans cela, onpourrait ignorer si le peuple a parl, ou seulement une partie du peuple. Lacdmone, il fallait dixmille citoyens. Rome, ne dans la petitesse pour aller la grandeur; Rome, faite pour prouvertoutes les vicissitudes de la fortune; Rome, qui avait tantt presque tous ses citoyens hors de sesmurailles, tantt toute l'Italie et une partie de la terre dans ses murailles, on n'avait point fix cenombre 7 ; et ce fut une des grandes causes de sa ruine.

    Le peuple qui a la souveraine puissance doit faire par lui-mme tout ce qu'il peut bien faire; et cequ'il ne peut pas bien faire, il faut qu'il le fasse par ses ministres.

    Ses ministres ne sont point lui s'il ne les nomme: c'est donc une maxime fondamentale de cegouvernement, que le peuple nomme ses ministres, c'est--dire ses magistrats.

    Il a besoin, comme les monarques, et mme plus qu'eux, d'tre conduit par un conseil ou snat.Mais, pour qu'il y ait confiance, il faut qu'il en lise les membres; soit qu'il les choisisse lui-mme,comme Athnes; ou par quelque magistrat qu'il a tabli pour les lire, comme cela se pratiquait Rome dans quelques occasions. 6 Dclamations 17 et 18.7 Voyez les Considrations sur les causes de la grandeur des Romains et de leur dcadence, ch. IX.

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    Le peuple est admirable pour choisir ceux qui il doit confier quelque partie de son autorit. Il n'a se dterminer que par des choses qu'il ne peut ignorer, et des faits qui tombent sous les sens. Il saittrs bien qu'un homme a t souvent la guerre, qu'il y a eu tels ou tels succs: il est donc trs capabled'lire un gnral. Il sait qu'un juge est assidu, que beaucoup de gens se retirent de son tribunalcontents de lui, qu'on ne l'a pas convaincu de corruption; en voil assez pour qu'il lise un prteur. Il at frapp de la magnificence ou des richesses d'un citoyen; cela suffit pour qu'il puisse choisir undile. Toutes ces choses sont des faits dont il s'instruit mieux dans la place publique, qu'un monarquedans son palais. Mais saura-t-il conduire une affaire, connatre les lieux, les occasions, les moments,en profiter? Non: il ne le saura pas.

    Si l'on pouvait douter de la capacit naturelle qu'a le peuple pour discerner le mrite, il n'y auraitqu' jeter les yeux sur cette suite continuelle de choix tonnants que firent les Athniens et lesRomains; ce qu'on n'attribuera pas sans doute au hasard.

    On sait qu' Rome, quoique le peuple se ft donn le droit d'lever aux charges les plbiens, il nepouvait se rsoudre les lire; et quoiqu' Athnes on pt, par la loi d'Aristide, tirer les magistrats detoutes les classes, il n'arriva jamais, dit Xnophon 8, que le bas peuple demandt celles qui pouvaientintresser son salut ou sa gloire.

    Comme la plupart des citoyens, qui ont assez de suffisance pour lire, n'en ont pas assez pour trelus; de mme le peuple, qui a assez de capacit pour se faire rendre compte de la gestion des autres,n'est pas propre grer par lui-mme.

    Il faut que les affaires aillent, et qu'elles aillent un certain mouvement qui ne soit ni trop lent nitrop vite. Mais le peuple a toujours trop d'action, ou trop peu. Quelquefois avec cent mille bras ilrenverse tout; quelquefois avec cent mille pieds il ne va que comme les insectes.

    Dans l'tat populaire, on divise le peuple en de certaines classes. C'est dans la manire de fairecette division que les grands lgislateurs se sont signals; et c'est de l qu'ont toujours dpendu ladure de la dmocratie et sa prosprit.

    Servius Tullius suivit, dans la composition de ses classes, l'esprit de l'aristocratie. Nous voyonsdans Tite-Live 9 et dans Denys d'Halicarnasse 10) comment il mit le droit de suffrage entre les mainsdes principaux citoyens. Il avait divis le peuple de Rome en cent quatre-vingt-treize centuries, quiformaient six classes. Et mettant les riches, mais en plus petit nombre, dans les premires centuries;les moins riches, mais en plus grand nombre, dans les suivantes, il jeta toute la foule des indigentsdans la dernire: et chaque centurie n'ayant qu'une voix 11 c'taient les moyens et les richesses quidonnaient le suffrage, plutt que les personnes.

    Solon divisa le peuple d'Athnes en quatre classes. Conduit par l'esprit de la dmocratie, il ne lesfit pas pour fixer ceux qui devaient lire, mais ceux qui pouvaient tre lus: et, laissant chaquecitoyen le droit d'lection, il voulut 12 que, dans chacune de ces quatre classes, on pt lire des juges;mais que ce ne ft que dans les trois premires, o taient les citoyens aiss, qu'on pt prendre lesmagistrats.

    Comme la division de ceux qui ont droit de suffrage est, dans la rpublique, une loi fondamentale,la manire de le donner est une autre loi fondamentale.

    Le suffrage par le sort est de la nature de la dmocratie; le suffrage par choix est de celle del'aristocratie.

    Le sort est une faon d'lire qui n'afflige personne; il laisse chaque citoyen une espranceraisonnable de servir sa patrie.

    Mais, comme il est dfectueux par lui-mme, c'est le rgler et le corriger que les grandslgislateurs se sont surpasss.

    Solon tablit Athnes que l'on nommerait par choix tous les emplois militaires, et que lessnateurs et les juges seraient lus par le sort.

    8 Pp. 691 et 692, dition de Wechelius, de l'an 1596.9 Liv. I [43, 10].10 Liv. IV, art. 15 et suiv.11 Voyez dans les Considrations sur les causes de la grandeur des Romains et de leur dcadence, ch. IX,

    comment cet esprit de Servius Tullius se conserva dans la Rpublique.12 Denys d'Halicarnasse, loge dIsocrate, p. 97, t. II, dition de Wechelius. Pollux, liv. VIII, chap. X, art. 130.

  • 28

    Il voulut que l'on donnt par choix les magistratures civiles qui exigeaient une grande dpense, etque les autres fussent donnes par le sort.

    Mais, pour corriger le sort, il rgla qu'on ne pourrait lire que dans le nombre de ceux qui seprsenteraient; que celui qui aurait t lu serait examin par des juges 13, et que chacun pour-raitl'accuser d'en tre indigne 14 : cela tenait en mme temps du sort et du choix. Quand on avait fini letemps de sa magistrature, il fallait essuyer un autre jugement sur la manire dont on s'tait comport.Les gens sans capacit devaient avoir bien de la rpugnance donner leur nom pour tre tirs au sort.

    La loi qui fixe la manire de donner les billets de suffrage est encore une fois fondamentale dans ladmocratie. C'est une grande question si les suffrages doivent tre publics ou secrets. Cicron 15 critque les lois 16 qui les rendirent secrets dans les derniers temps de la rpublique romaine, furent une desgrandes causes de sa chute. Comme ceci se pratique diversement dans diffrentes rpubliques, voici,je crois, ce qu'il en faut penser.

    Sans doute que, lorsque le peuple donne ses suffrages, ils doivent tre publics 17 ; et ceci doit treregard comme une loi fondamentale de la dmocratie. Il faut que le petit peuple soit clair par lesprincipaux, et contenu par la gravit de certains personnages. Ainsi, dans la rpublique romaine, enrendant les suffrages secrets, on dtruisit tout; il ne fut plus possible d'clairer une populace qui seperdait. Mais lorsque, dans une aristocratie, le corps des nobles donne les suffrages 18, ou dans unedmocratie, le snat 19 ; comme il n'est l question que de prvenir les brigues, les suffrages nesauraient tre trop secrets.

    La brigue est dangereuse dans un snat; elle est dangereuse dans un corps de nobles: elle ne l'estpas dans le peuple, dont la nature est d'agir par passion. Dans les tats o il n'a point de part augouvernement, il s'chauffera pour un acteur, comme il aurait fait pour les affaires. Le malheur d'unerpublique, c'est lorsqu'il n'y a plus de brigues; et cela arrive lorsqu'on a corrompu le peuple prixd'argent: il devient de sang-froid, il s'affectionne l'argent, mais il ne s'affectionne plus aux affaires:sans souci du gouvernement et de ce qu'on y propose, il attend tranquillement son salaire.

    C'est encore une loi fondamentale de la dmocratie, que le peuple seul fasse des lois. Il y apourtant mille occasions o il est ncessaire que le snat puisse statuer; il est mme souvent proposd'essayer une loi avant de l'tablir. La constitution de Rome et celle d'Athnes taient trs sages. Lesarrts du snat 20 avaient force de loi pendant un an; ils ne devenaient perptuels que par la volont dupeuple.

    Chapitre IIIDes lois relatives la nature de laristocratie

    Dans l'aristocratie, la souveraine puissance est entre les mains d'un certain nombre de personnes.Ce sont elles qui font les lois et qui les font excuter; et le reste du peuple n'est tout au plus leurgard que, comme dans une monarchie, les sujets sont l'gard du monarque.

    On n'y doit point donner le suffrage par sort; on n'en aurait que les inconvnients. En effet, dansun gouvernement qui a dj tabli les distinctions les plus affligeantes, quand on serait choisi par lesort, on n'en serait pas moins odieux: c'est le noble qu'on envie, et non pas le magistrat.

    Lorsque les nobles sont en grand nombre, il faut un snat qui rgle les affaires que le corps desnobles ne saurait dcider, et qui prpare celles dont il dcide. Dans ce cas, on peut dire que

    13 Voy. l'oraison de Dmosthne, De falsa legatione, et l'oraison contre Timarque [32].14 On tirait mme pour chaque place deux billets: l'un qui donnait la place, l'autre qui nommait celui qui devait

    succder, en cas que le premier ft rejet.15 Liv. I et III [15, 33-34] des Lois.16 Elles s'appelaient lois tabulaires. On donnait chaque citoyen deux tables: la premire marque d'un A, pour

    dire antiquo; l'autre d'un U et d'un R, uti rogas.17 Athnes, on levait les mains.18 Comme Venise.19 Les trente tyrans dAthnes voulurent que les suffrages des aropagites fussent publics, pour les diriger

    leur fantaisie : Lysias, Orat. contra Agorat., cap. VIII [37].20 Voyez Denys d'Halicarnasse, liv. IV [41] et IX [37].

  • 29

    l'aristocratie est en quelque sorte dans le snat, la dmocratie dans le corps des nobles, et que le peuplen'est rien.

    Ce sera une chose trs heureuse dans l'aristocratie si, par quelque voie indirecte, on fait sortir lepeuple de son anantissement: ainsi Gnes la banque de Saint-Georges, qui est administre engrande partie par les principaux du peuple 21, donne celui-ci une certaine influence dans legouvernement, qui en fait toute la prosprit.

    Les snateurs ne doivent point avoir le droit de remplacer ceux qui manquent dans le snat; rien neserait plus capable de perptuer les abus. Rome, qui fut dans les premiers temps une espced'aristocratie, le snat ne se supplait pas lui-mme; les snateurs nouveaux taient nomms 22 par lescenseurs.

    Une autorit exorbitante, donne tout coup un citoyen dans une rpublique, forme unemonarchie, ou plus qu'une monarchie. Dans celles-ci les lois ont pourvu la constitution, ou s'y sontaccommodes; le principe du gouvernement arrte le monarque; mais, dans une rpublique o uncitoyen se fait donner 23 un pouvoir exorbitant, l'abus de ce pouvoir est plus grand, parce que les lois,qui ne l'ont point prvu, n'ont rien fait pour l'arrter.

    L'exception cette rgle est lorsque la constitution de l'tat est telle qu'il a besoin d'unemagistrature qui ait un pouvoir exorbitant. Telle tait Rome avec ses dictateurs, telle est Venise avecses inquisiteurs d'tat; ce sont des magistratures terribles, qui ramnent violemment l'tat la libert.Mais, d'o vient que ces magistratures se trouvent si diffrentes dans ces deux rpubliques? C'est queRome dfendait les restes de son aristocratie contre le peuple; au lieu que Venise se sert de sesinquisiteurs d'tat pour maintenir son aristocratie contre les nobles. De l il suivait qu' Rome ladictature ne devait durer que peu de temps, parce que le peuple agit par sa fougue, et non pas par sesdesseins. Il fallait que cette magistrature s'exert avec clat, parce qu'il s'agissait d'intimider lepeuple, et non pas de le punir; que le dictateur ne ft cr que pour une seule affaire, et n'et uneautorit sans bornes qu' raison de cette affaire, parce qu'il tait toujours cr pour un cas imprvu. Venise, au contraire, il faut une magistrature permanente: c'est l que les desseins peuvent trecommencs, suivis, suspendus, repris; que l'ambition d'un seul devient celle d'une famille, et l'ambi-tion d'une famille celle de plusieurs. On a besoin d'une magistrature cache, parce que les crimesqu'elle punit, toujours profonds, se forment dans le secret et dans le silence. Cette magistrature doitavoir une inquisition gnrale, parce qu'elle n'a pas arrter les maux que l'on connat, mais prvenirmme ceux que l'on ne connat pas. Enfin, cette dernire est tablie pour venger les crimes qu'ellesouponne; et la premire employait plus les menaces que les punitions pour les crimes, mme avouspar leurs auteurs.

    Dans toute magistrature, il faut compenser la grandeur de la puissance par la brivet de sa dure.Un an est le temps que la plupart des lgislateurs ont fix; un temps plus long serait dangereux, unplus court serait contre la nature de la chose. Qui est-ce qui voudrait gouverner ainsi ses affairesdomestiques? Raguse 24, le chef de la rpublique change tous les mois, les autres officiers toutes lessemaines, le gouverneur du chteau tous les jours. Ceci ne peut avoir lieu que dans une petiterpublique 25 environne de puissances formidables, qui cor-rompraient aisment de petits magistrats.

    La meilleure aristocratie est celle o la partie du peuple qui n'a point de part la puissance, est sipetite et si pauvre, que la partie dominante n'a aucun intrt l'opprimer. Ainsi, quand Antipater 26

    tablit Athnes que ceux qui n'auraient pas deux mille drachmes seraient exclus du droit de suffrage,il forma la meilleure aristocratie qui ft possible; parce que ce cens tait si petit qu'il n'excluait quepeu de gens, et personne qui et quelque considration dans la cit.

    Les familles aristocratiques doivent donc tre peuple autant qu'il est possible. Plus une aristocratieapprochera de la dmocratie, plus elle sera parfaite; et elle le deviendra moins, mesure qu'elleapprochera de la monarchie.

    21 Voyez M. Addisson, Voyages d'Italie, p. 16.22 Ils le furent d'abord par les consuls.23 C'est ce qui renversa la rpublique romaine. Voyez les Considrations sur les causes de la grandeur des

    Romains et de leur dcadence [chap. IX].24 Voyages de Tournefort.25 Lucques, les magistrats ne sont tablis que pour deux mois.26 Diodore, liv. XVIII [18], p. 601, dition de Rhodoman.

  • 30

    La plus imparfaite de toutes est celle o la partie du peuple qui obit est dans l'esclavage civil decelle qui commande, comme l'aristocratie de Pologne, o les paysans sont esclaves de la noblesse.

    Chapitre IVDes lois dans leur rapport avec la nature du gouvernement monarchique

    Les pouvoirs intermdiaires subordonns et dpendants constituent la nature du gouvernementmonarchique, c'est--dire de celui o un seul gouverne par des lois fondamentales. J'ai dit les pouvoirsintermdiaires, subordonns et dpendants: en effet, dans la monarchie, le prince est la source de toutpouvoir politique et civil. Ces lois fondamentales supposent ncessairement des canaux moyens par ocoule la puissance: car, s'il n'y a dans l'tat que la volont momentane et capricieuse d'un seul, rienne peut tre fixe, et par consquent aucune loi fondamentale.

    Le pouvoir intermdiaire subordonn le plus naturel est celui de la noblesse. Elle entre en quelquefaon dans l'essence de la monarchie, dont la maxime fondamentale est: point de monarque, point denoblesse; point de noblesse, point de monarque; mais on a un despote.

    Il y a des gens qui avaient imagin, dans quelques tats en Europe, d'abolir toutes les justices desseigneurs. Ils ne voyaient pas qu'ils voulaient faire ce que le parlement d'Angleterre a fait. Abolissezdans une monarchie les prrogatives des seigneurs, du clerg, de la noblesse et des villes; vous aurezbientt un tat populaire, ou bien un tat despotique.

    Les tribunaux d'un grand tat en Europe frappent sans cesse, depuis plusieurs sicles, sur lajuridiction patrimoniale des seigneurs, et sur l'ecclsiastique. Nous ne voulons pas censurer desmagistrats si sages; mais nous laissons dcider jusqu' quel point la constitution en peut trechange.

    Je ne suis point entt des privilges des ecclsiastiques: mais je voudrais qu'on fixt bien une foisleur juridiction. Il n'est point question de savoir si on a eu raison de l'tablir: mais si elle est tablie; sielle fait une partie des lois du pays, et si elle y est partout relative; si, entre deux pouvoirs que l'onreconnat indpendants, les conditions ne doivent pas tre rciproques; et s'il n'est pas gal un bonsujet de dfendre la justice du prince, ou les limites qu'elle s'est de tout temps prescrites.

    Autant que le pouvoir du clerg est dangereux dans une rpublique, autant est-il convenable dansune monarchie, surtout dans celles qui vont au despotisme. O en seraient l'Espagne et le Portugaldepuis la perte de leurs lois, sans ce pouvoir qui arrte seul la puissance arbitraire? Barrire toujoursbonne, lorsqu'il n'y en a point d'autre: car, comme le despotisme cause la nature humaine des mauxeffroyables, le mal mme qui le limite est un bien.

    Comme la mer, qui semble vouloir couvrir toute la terre, est arrte par les herbes et les moindresgraviers qui se trouvent sur le rivage; ainsi les monarques, dont le pouvoir parat sans bornes,s'arrtent par les plus petits obstacles, et soumettent leur fiert naturelle la plainte et la prire.

    Les Anglais, pour favoriser la libert, ont t toutes les puissances intermdiaires qui formaientleur monarchie. Ils ont bien raison de conserver cette libert; s'ils venaient la perdre, ils seraient undes peuples les plus esclaves de la terre.

    M. Law, par une ignorance gale de la constitution rpublicaine et de la monarchique, fut un desplus grands promoteurs du despotisme que l'on et encore vu en Europe. Outre les changements qu'ilfit, si brusques, si inusits, si inous, il voulait ter les rangs intermdiaires, et anantir les corpspolitiques: il dissolvait 27 la monarchie par ses chimriques remboursements, et semblait vouloirracheter la constitution mme.

    Il ne suffit pas qu'il y ait, dans une monarchie, des rangs intermdiaires; il faut encore un dpt delois. Ce dpt ne peut tre que dans les corps politiques, qui annoncent les lois lorsqu'elles sont faiteset les rappellent lorsqu'on les oublie. L'ignorance naturelle la noblesse, son inattention, son mprispour le gouvernement civil, exigent qu'il y ait un corps qui fasse sans cesse sortir les lois de lapoussire o elles seraient ensevelies. Le Conseil du prince n'est pas un dpt convenable. Il est, parsa nature, le dpt de la volont momentane du prince qui excute, et non pas le dpt des loisfondamentales. De plus, le Conseil du monarque change sans cesse; il n'est point permanent; il nesaurait tre nombreux; il n'a point un assez haut degr la confiance du peuple: il n'est donc pas entat de l'clairer dans les temps difficiles, ni de le ramener l'obissance.

    27 Ferdinand, roi dAragon, se fit grand matre des ordres, et cela seul altra la constitution.

  • 31

    Dans les tats despotiques, o il n'y a point de lois fondamentales, il n'y a pas non plus de dptde lois. De l vient que, dans ces pays, la religion a ordinairement tant de force; c'est qu'elle forme uneespce de dpt et de permanence : et, si ce n'est pas la religion, ce sont les coutumes qu'on y vnre,au lieu des lois.

    Chapitre VDes lois relatives la nature de l'tat despotique

    Il rsulte de la nature du pouvoir despotique, que l'homme seul qui l'exerce le fasse de mmeexercer par un seul. Un homme qui ses cinq sens disent sans cesse qu'il est tout, et que les autres nesont rien, est naturellement paresseux, ignorant, voluptueux. Il abandonne donc les affaires. Mais, s'illes confiait plusieurs, il y aurait des disputes entre eux; on ferait des brigues pour tre le premieresclave; le prince serait oblig de rentrer dans l'administration. Il est donc plus simple qu'ill'abandonne un vizir 28 qui aura d'abord la mme puissance que lui. L'tablissement d'un vizir est,dans cet tat, une loi fondamentale.

    On dit qu'un pape, son lection, pntr de son incapacit, fit d'abord des difficults infinies. Ilaccepta enfin et livra son neveu toutes les affaires. il tait dans l'admiration, et disait: Je n'auraisjamais cru que cela et t si ais. Il en est de mme des princes d'Orient. Lorsque de cette prison,o des eunuques leur ont affaibli le cur et l'esprit, et souvent leur ont laiss ignorer leur tat mme,on les tire pour les placer sur le trne, ils sont d'abord tonns: mais, quand ils ont fait un vizir, et quedans leur srail ils se sont livrs aux passions les plus brutales; lorsqu'au milieu d'une cour abattue ilsont suivi leurs caprices les plus stupides, ils n'auraient jamais cru que cela et t si ais.

    Plus l'empire est tendu, plus le srail s'agrandit, et plus, par consquent, le prince est enivr deplaisirs. Ainsi, dans ces tats, plus le prince a de peuples gouverner, moins il pense augouvernement; plus les affaires y sont grandes, et moins on y dlibre sur les affaires.

    28 Les rois d'Orient ont toujours des vizirs, dit M. Chardin.

  • 32

    Livre troisime

    Des principes des trois gouvernements

    Chapitre IDiffrence de la nature du gouvernement et de son principe

    Aprs avoir examin quelles sont les lois relatives la nature de chaque gouvernement, il faut voircelles qui le sont son principe.

    Il y a cette diffrence 29 entre la nature du gouvernement et son principe, que sa nature est ce qui lefait tre tel, et son principe ce qui le fait agir. L'une est sa structure particulire, et l'autre les passionshumaines qui le font mouvoir.

    Or les lois ne doivent pas tre moins relatives au principe de chaque gouvernement qu' sa nature.Il faut donc chercher quel est ce principe. C'est ce que je vais faire dans ce livre-ci.

    Chapitre IIDu principe des divers gouvernements

    J'ai dit que la nature du gouvernement rpublicain est que le peuple en corps, ou de certainesfamilles, y aient la souveraine puissance; celle du gouvernement monarchique, que le prince y ait lasouveraine puissance, mais qu'il l'exerce selon des lois tablies; celle du gouvernement despotique,qu'un seul y gouverne selon ses volonts et ses caprices. Il ne m'en faut pas davantage pour trouverleurs trois principes; ils en drivent naturellement. Je commencerai par le gouvernement rpublicain,et je parlerai d'abord du dmocratique.

    Chapitre IIIDu principe de la dmocratie

    Il ne faut pas beaucoup de probit pour qu'un gouvernement monarchique ou un gouvernementdespotique se maintiennent ou se soutiennent. La force des lois dans l'un, le bras du prince toujourslev dans l'autre, rglent ou contiennent tout.

    Mais, dans un tat populaire, il faut un ressort de plus, qui est la VERTU.Ce que je dis est confirm par le corps entier de l'histoire, et est trs conforme la nature des

    choses. Car il est clair que dans une monarchie, o celui qui fait excuter les lois se juge au-dessus deslois, on a besoin de moins de vertu que dans un gouvernement populaire, o celui qui fait excuter leslois sent qu'il y est soumis lui-mme, et qu'il en portera le poids.

    Il est clair encore que le monarque qui, par mauvais conseil ou par ngligence, cesse de faireexcuter les lois, peut aisment rparer le mal: il n'a qu' changer de conseil, ou se corriger de cettengligence mme. Mais lorsque, dans un gouvernement populaire, les lois ont cess d'tre excutes,comme cela ne peut venir que de la corruption de la rpublique, l'tat est dj perdu.

    Ce fut un assez beau spectacle, dans le sicle pass, de voir les efforts impuissants des Anglaispour tablir parmi eux la dmocratie. Comme ceux qui avaient part aux affaires n'avaient point devertu, que leur ambition tait irrite par le succs de celui qui avait le plus os 30, que l'esprit d'unefaction n'tait rprim que par l'esprit d'une autre, le gouvernement changeait sans cesse; le peuple

    29 Cette distinction est trs importante, et j'en tirerai bien des consquences; elle est la clef d'une infinit de

    lois.30 Cromwell.

  • 33

    tonn cherchait la dmocratie et ne la trouvait nulle part. Enfin, aprs bien des mouvements, deschocs et des secousses, il fallut se reposer dans le gouvernement mme qu'on avait proscrit.

    Quand Sylla voulut rendre Rome la libert, elle ne put plus la recevoir; elle n'avait plus qu'unfaible reste de vertu, et, comme elle en eut toujours moins, au lieu de se rveiller aprs Csar, Tibre,Caus, Claude, Nron, Domitien, elle fut toujours plus esclave; tous les coups portrent sur les tyrans,aucun sur la tyrannie.

    Les politiques grecs, qui vivaient dans le gouvernement populaire, ne reconnaissaient d'autre forcequi pt les soutenir que celle de la vertu. Ceux d'aujourd'hui ne nous parlent que de manufactures, decommerce, de finances, de richesses et de luxe mme.

    Lorsque cette vertu cesse, l'ambition entre dans les curs qui peuvent la recevoir, et l'avarice entredans tous. Les dsirs changent d'objets: ce qu'on aimait, on ne l'aime plus; on tait libre avec les lois,on veut tre libre contre elles. Chaque citoyen est comme un esclave chapp de la maison de sonmatre; ce qui tait maxime, on l'appelle rigueur; ce qui tait rgle, on l'appelle gne; ce qui y taitattention, on l'appelle crainte. C'est la frugalit qui y est l'avarice, et non pas le dsir d'avoir. Autrefoisle bien des particuliers faisait le trsor public; mais pour lors le trsor public devient le patrimoine desparticuliers. La rpublique est une dpouille; et sa force n'est plus que le pouvoir de quelques citoyenset la licence de tous.

    Athnes eut dans son sein les mmes forces pendant qu'elle domina avec tant de gloire, et pendantqu'elle servit avec tant de honte. Elle avait vingt mille citoyens 31 lorsqu'elle dfendit les Grecs contreles Perses, qu'elle disputa l'empire Lacdmone, et qu'elle attaqua la Sicile, Elle en avait vingt millelorsque Dmtrius de Phalre les dnombra 32 comme dans un march l'on compte les esclaves. QuandPhilippe osa dominer dans la Grce, quand il parut aux portes d'Athnes 33, elle n'avait encore perduque le temps. On peut voir dans Dmosthne quelle peine il fallut pour la rveiller: on y craignaitPhilippe, non pas comme l'ennemi de la libert, mais des plaisirs 34. Cette ville, qui avait rsist tantde dfaites, qu'on avait vue renatre aprs ses destructions, fut vaincue Chrone, et le fut pourtoujours. Qu'importe que Philippe renvoie tous les prisonniers ? Il ne renvoie pas des hommes. Il taittoujours aussi ais de triompher des forces dAthnes qu'il tait difficile de triompher de sa vertu.

    Comment Carthage aurait-elle pu se soutenir? Lorsque Annibal, devenu prteur, voulut empcherles magistrats de piller la rpublique, n'allrent-ils pas l'accuser devant les Romains ? Malheureux, quivoulaient tre citoyens sans qu'il y et de cit, et tenir leurs richesses de la main de leurs destructeurs!Bientt Rome leur demanda pour otages trois cents de leurs principaux citoyens; elle se fit livrer lesarmes et les vaisseaux, et ensuite leur dclara la guerre. Par les choses que fit le dsespoir dansCarthage dsarme 35 on peut juger de ce qu'elle aurait pu faire avec sa vertu, lorsqu'elle avait sesforces.

    Chapitre IVDu principe de l'aristocratie

    Comme il faut de la ver-tu dans le gouvernement populaire, il en faut aussi dans l'aristocratique. Ilest vrai qu'elle n'y est pas si absolument requise