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1 Essai de compréhension des facteurs de succès des projets de transformation numérique Noureddine AIT ERRAYS LERASE-ERED-Université IBN ZOHR Adresse: FPT, Lastah, B.P : 271, 83000 Taroudant Maroc [email protected] Amina TOURABI LISAD-ERMI-Université IBN ZOHR Adresse: ENSA, B.P. 1136, 80000 Agadir, Maroc [email protected] Fadoua TAMTAM LISAD-ERMI-Université IBN ZOHR Adresse: ENSA, B.P. 1136, 80000 Agadir, Maroc [email protected] Résumé L’objectif de ce papier est de comprendre les facteurs susceptibles de contribuer au succès des projets de la transformation numérique des entreprises. Pour cela, nous avons mené une enquête qualitative, à l’aide d’entretien, auprès de Six entreprises dont la représentation s’est avérée très riche. Ainsi, et à travers le rapprochement entre l’analyse des verbatims des résultats de l’enquête et les conclusions de la revue de littérature consultée, nous avons dégagé un alignement entre les indicateurs théoriques qui mesurent la perception et les facteurs de succès évoqués par les auteurs, et entre les déclarations des représentants des entreprises autour des mêmes interrogations. Les résultats ont révélé essentiellement une attitude positive des interviewés vis-à-vis de l’implémentation de la transformation numérique incarnant trois dimensions : technologique, organisationnelle et humaine. Nous constatons également que le succès de la transformation numérique dépend principalement de facteurs endogènes (personnel qualifié, manque de fonds, soutien du dirigeant, acceptation de la technologie, etc.) et un facteur exogène lié au soutien étatique. Mots-Clés : transformation numérique, projets, outputs, opportunités, facteurs de succès. Abstract This article aims to understand the factors that may contribute to the success of the digital transformation of business. To do this, we conducted a qualitative survey, using interviews, of five representative companies. Thus, and through the comparison between the analysis of the verbatim of the survey results and the conclusions of the literature review consulted, we have identified an alignment between the theoretical indicators that measure perception and the success factors evoked by the authors, and the statements made by company representatives around the same questions. The results essentially revealed a positive attitude of the interviewees towards the implementation of the digital transformation embodying three dimensions: technological, organizational, and human. We also note that the success of the digital transformation depends mainly on endogenous factors (qualified personnel, lack of funds, support from the leader, acceptance of the technology, etc.) and an exogenous factor related to state support.

Essai de compréhension des facteurs de succès des projets

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Page 1: Essai de compréhension des facteurs de succès des projets

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Essai de compréhension des facteurs de succès des projets de

transformation numérique

Noureddine AIT ERRAYS

LERASE-ERED-Université IBN ZOHR

Adresse: FPT, Lastah, B.P : 271, 83000 Taroudant Maroc

[email protected]

Amina TOURABI LISAD-ERMI-Université IBN ZOHR

Adresse: ENSA, B.P. 1136, 80000 Agadir, Maroc

[email protected] Fadoua TAMTAM

LISAD-ERMI-Université IBN ZOHR

Adresse: ENSA, B.P. 1136, 80000 Agadir, Maroc

[email protected]

Résumé

L’objectif de ce papier est de comprendre les facteurs susceptibles de contribuer au succès des projets de la

transformation numérique des entreprises. Pour cela, nous avons mené une enquête qualitative, à l’aide

d’entretien, auprès de Six entreprises dont la représentation s’est avérée très riche. Ainsi, et à travers le

rapprochement entre l’analyse des verbatims des résultats de l’enquête et les conclusions de la revue de

littérature consultée, nous avons dégagé un alignement entre les indicateurs théoriques qui mesurent la

perception et les facteurs de succès évoqués par les auteurs, et entre les déclarations des représentants des

entreprises autour des mêmes interrogations. Les résultats ont révélé essentiellement une attitude positive des

interviewés vis-à-vis de l’implémentation de la transformation numérique incarnant trois dimensions :

technologique, organisationnelle et humaine. Nous constatons également que le succès de la transformation

numérique dépend principalement de facteurs endogènes (personnel qualifié, manque de fonds, soutien du

dirigeant, acceptation de la technologie, etc.) et un facteur exogène lié au soutien étatique.

Mots-Clés : transformation numérique, projets, outputs, opportunités, facteurs de succès.

Abstract

This article aims to understand the factors that may contribute to the success of the digital transformation of

business. To do this, we conducted a qualitative survey, using interviews, of five representative companies.

Thus, and through the comparison between the analysis of the verbatim of the survey results and the conclusions

of the literature review consulted, we have identified an alignment between the theoretical indicators that

measure perception and the success factors evoked by the authors, and the statements made by company

representatives around the same questions. The results essentially revealed a positive attitude of the interviewees

towards the implementation of the digital transformation embodying three dimensions: technological,

organizational, and human. We also note that the success of the digital transformation depends mainly on

endogenous factors (qualified personnel, lack of funds, support from the leader, acceptance of the technology,

etc.) and an exogenous factor related to state support.

Page 2: Essai de compréhension des facteurs de succès des projets

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Keywords : digital transformation, projects, outputs, opportunities, success factors

Introduction

Depuis 2008, et avec l’avènement de la crise des subprimes, les échanges internationaux des

capitaux et des biens physiques ont connu un véritable ralentissement, ce qui a dévoilé les

effets négatifs des modèles économiques traditionnels, et obligé les entreprises à investir dans

les technologies du numérique. Ces dernières transforment radicalement leurs modes de

fonctionnement et les engagent dans un changement continu en profondeur. Ainsi, dans leurs

relations avec leurs environnements, et pour rester compétitives, performantes et modernisées,

les entreprises subissent plusieurs changements induits par le numérique. La transformation

numérique paraît une opportunité pour les entreprises marocaines qui veulent croitre dans un

marché très compétitif qui ne cesse de se globaliser. Une situation qui s’est accélérée avec

l’avènement de la pandémie Covid-19.

Certes, la crise de coronavirus est une puissante force de perturbation et une tragédie sans

précédent. Mais c'est aussi une source de créativité. C'est l'occasion de développer de

nouvelles solutions, de nouvelles façons de travailler et de nouveaux partenariats, aujourd'hui

et pour les années à venir. Même les personnes les plus réticentes ont commencé à découvrir

l’achat ou le paiement en ligne. En Europe, 13 % des consommateurs ont déclaré, début avril,

qu'ils prévoyaient consulter pour la première fois des sites de vente en ligne. En Italie, les

transactions de commerce électronique ont augmenté de 81 % depuis la fin février.

Au Maroc, il existe des exemples impressionnants d’organisations publiques et privées qui ont

pu dématérialiser leurs services en intégrant la technologie numérique et modifiant

fondamentalement leur business modèles. Nous citons parmi d’autres, la dématérialisation du

paiement de la vignette ou le paiement des taxes et impôts, le paiement de l’électricité et de

l’eau, la mise en place du "Tribunal numérique" par le ministère de la justice, le lancement

du guichet numérique unique, Rokhas.ma, des autorisations d’urbanisme, la mise en place par

Renault Maroc du Digital hub pour accélérer sa transformation en une industrie 4.0, sans

oublier les opérateurs marocains de télécom et leurs initiatives dans le domaine… Toutefois,

ces efforts déployés en matière de digitalisation ne semblent pas suffisants pour dynamiser le

potentiel national en matière du numérique et en faire une locomotive du développement. Une

opportunité dont certains arrivent à saisir et d’autres non.

Suite à ces constatations, il y a un besoin considérable de recherches plus détaillées sur la

transformation numérique qui exploreraient les attitudes et les facteurs de succès des

entreprises marocaines pour ce type de projet. C’est dans cette perspective que s’inscrit notre

recherche. Elle vise à identifier les facteurs susceptibles de favoriser le succès des projets de

transformation numérique des entreprises marocaines. Il s’agit de répondre à la

problématique : que représente la transformation numérique pour les entreprises

marocaines et quels sont les facteurs déterminants son succès ? Cette question de recherche

vise à explorer les éléments explicatifs du succès des projets de transformation numérique des

entreprises marocaines. L’intérêt de notre questionnement est triple (théorique,

méthodologique et opérationnel) : sur le plan théorique, notre thème de recherche nous place

d’emblée dans une approche transversale mobilisant un large fonds théorique afin

d’appréhender les facteurs de succès de la transformation numérique. D’un point de vue

méthodologique, notre démarche est basée sur une approche qualitative au moment où la

majorité des recherches menées jusqu’ici sur la numérisation des entreprises adoptent une

approche quantitative. Pour ce qui est de l’intérêt opérationnel, cette recherche permettra aux

praticiens, politiciens et/ou managers, de promouvoir la numérisation dans les entreprises

Page 3: Essai de compréhension des facteurs de succès des projets

3

marocaines ; et d’identifier les leviers d’action stratégiques et opérationnels pour concevoir et

mettre en œuvre des projets réussis. Afin d’apporter quelques éléments de réponse à notre

interrogation, notre article est scindé en quatre parties. La première partie consiste en une

revue de la littérature. La deuxième partie est consacrée au cadrage méthodologique,

décrivant la logique et la stratégie d’investigation qui ont orienté de manière générale toute

notre démarche de connaissance au cours de cette recherche. La troisième partie débute avec

la restitution des résultats obtenus à travers une analyse thématique des entrevues. Elle se

poursuit avec une discussion des résultats, dans une quatrième partie, cherchant ainsi à

développer une compréhension profonde et une conceptualisation de notre objet de recherche.

1. Revue de littérature

1.1. La transformation numérique, essai de définition

Au début, les mots numérisation digitalisation évoquaient la même signification, mais

aujourd’hui, la numérisation a un autre sens que digitalisation. La numérisation est le fait de

convertir des informations en numérique (ex. scanner des papiers en PDF). Elle consiste à

transformer un élément matériel en format numérique, grâce à des technologies. La

digitalisation comprend en plus l’intégration des technologies digitales dans l’ensemble de ses

activités et d’en créer d’autres et se diversifier. Elle consiste surtout à repenser toute

l’organisation d’une entreprise, aussi bien au niveau des échanges humains (travail

collaboratif), qu’au niveau des outils. C’est une véritable mutation de l’entreprise, qui lui

permet de s’adapter aux nouvelles réalités de son environnement et, en particulier, des attentes

de ses clients. Par conséquent, la numérisation est un passage préalable à la digitalisation. Elle

en représente une dimension parmi d’autres. La numérisation a principalement un aspect

technique, la digitalisation est davantage culturelle et organisationnelle, déclenchée par la

numérisation.

Depuis 2000, l’expression « Digital transformation » prend une envergure de plus en plus

prégnante du fait de la vitesse de son développement (Patel et McCarthy, 2000). Ce contexte

invite les entreprises à repenser leurs stratégies pour pouvoir s’adapter aux nouveaux

comportements des consommateurs ou encore pour tirer profit des technologies en termes

d’innovation ou de productivité (Reyre Isabel, Lippa Marc, 2015).

Certains la caractérisent comme étant “des changements induits par les technologies

numériques dans tous les aspects de la vie humaine” (Stolterman et Fors, 2004). Les seconds

estiment de façon plus provocante que “la transformation digitale, c’est l’exploitation

radicale des possibilités d’Internet” ou encore “the use of technology to radically improve

performance or reach of enterprises” (Westerman et al, 2011). Selon Ettien et Peron, (2019),

la transformation digitale c’est aussi identifier, mobiliser et organiser les ressources pour aller

d’un point à un autre. Cette définition a été également évoquée par Germain (2006), dans son

ouvrage « Management des nouvelles technologies et e-transformation » de la façon suivante :

« De façon métaphorique, l’e-transformation est cette énergie de changement initiée par la

dynamique d’internet, les potentialités des technologies de l’information et de la

communication, et la volonté des hommes dans un univers d’entreprise marqué par la

convergence numérique ». Bos (2018) la définit comme étant « l’adoption des compétences

technologiques facilement accessibles qui transforme la réactivité de l’organisation face aux

changements du marché ». Elle consiste à conduire le changement des business modèles et de

l’écosystème d’une organisation en s’appuyant sur les techniques numériques.

Entre les définitions qui préconisent qu’elle désigne les possibilités de connexion continue

qu’offre les technologies numériques, et celles qui la perçoivent comme la capacité à utiliser

le maximum des nouvelles technologies par les organisations, la transformation numérique

apparait comme un concept encore protéiforme dont les acceptions diffèrent entre

universitaires et praticiens.

Page 4: Essai de compréhension des facteurs de succès des projets

4

Par ailleurs, la transformation numérique ne peut pas se résumer seulement par l’adoption

intensive des nouveaux outils et technologies de l’information et de la communication

(NTIC). C’est une action plus profonde qui touche toutes les dimensions de l’entreprise :

technologique, organisationnelle et culturelle. Dans ce sens, Blague (2014) affirme qu’elle

« remet en question les modèles économiques, les chaînes de valeur, l’environnement

concurrentiel, les organisations et leur fonctionnement, les métiers, les modes de travail et de

collaboration des hommes et des femmes, la vie quotidienne des salariés ». Comme il est

résumé dans le tableau ci-dessous, la transformation numérique est souvent décrite comme

une combinaison de l’automatisation, de la dématérialisation et de la réorganisation des

process déjà en place.

Tableau 1 : Les composantes de la transformation numérique

Composante Désignation

Automatisation Productivité du travail, du capital, optimisation des énergies et des matières premières,

augmentation des capacités d’individualisation de l’offre.

Dématérialisation Apparition des nouveaux canaux de communication et de distribution qui transforment

les réseaux physiques classiques (diminution des coûts de transaction).

Désintermédiation :

ré-intermédiations

Réorganisation des chaînes de valeur, irruption des nouveaux acteurs, réinvention des

modèles d’intermédiation

Si les technologies numériques participent à la transformation de l’organisation et des modes

de fonctionnement à travers l’automatisation des processus et l’évolution des pratiques, leur

enjeu c’est de participer à l’amélioration des processus de création de valeur, tout en tenant

compte de la gestion des risques et des performances techniques (Bounfour et al. 2016).

Au niveau économique, ces technologies favorisent de nouveaux modes d’organisation et de

nouvelles intermédiations, transformant en profondeur les modèles économiques hérités de la

révolution industrielle, et la place du consommateur / utilisateur.

Les enjeux humains du numérique sont de plus en plus pressantes allant de la question de

l’appropriation (De Vaujany, 2005 ; Grimand, 2012), aux questions d’évolution des

compétences individuelles et collectives (Jaujard, 2015).

Les enjeux de la responsabilité sociétale de l’entreprise dans le futur sont intimement liés à la

transformation numérique des organisations. Nous ne pouvons pas passer sous silence les voix

qui nous alertent sur les risques structurels liés à cette transformation, qu’il s’agisse de la

destruction d’emplois (Brynjolfsson et McAfee, 2012), ou de la mutation d’un web devenant

une “machine à produire de l’entropie” (Stiegler, 2015).

1.2. Les facteurs de succès des projets

Les projets quel que soit leur nature, possèdent certaines caractéristiques communes. Etant

donné qu’il s’agit d’une activité visant à atteindre un but global, elle reste très spécifique,

originale et non reproductible à l’identique. Répondant à un besoin exprimé en combinant

plusieurs disciplines, cette activité demeure soumise à l’incertitude et l’irréversibilité qui

l’accompagnent inévitablement pour construire une réalité à venir (Gilles, 2011).

La question de la détermination des facteurs de succès des projets est loin d'être spécifique à

la gestion de projet. Elle plonge ses racines dans la gestion elle-même. Face aux problèmes de

qualité, de délai et de coût causés par l'inflation des demandes d'informations, les spécialistes

des systèmes d'information, notamment les chercheurs du M.I.T, se sont lancés vers la fin des

années soixante-dix dans la démarche « recherche des facteurs critiques de succès ». Selon

Hazebroucq (1993), les pionniers sont Rockart (1982), Boynton et Zmud (1984).

Rockart (1982) propose une méthode en trois étapes pour déterminer les facteurs critiques de

succès dans le cas de la planification stratégique : déterminer ce qui favorise le succès dans un

type d'affaires donné, en mesurer l'importance et réduire leur nombre à une liste de sept à dix

Page 5: Essai de compréhension des facteurs de succès des projets

5

facteurs les plus déterminants et enfin trouver des critères de mesure de performance pour

chacun des facteurs. Le but visé est de doter les entreprises d'une aptitude à atteindre leurs

objectifs.

Les recherches sur les facteurs de succès des projets montrent qu'il est tout simplement

impossible d'en obtenir une liste exhaustive et adéquate pour tous les projets. Les facteurs de

succès diffèrent d'un projet à l'autre compte tenu par exemple de l'envergure, de l'unicité ou de

la complexité des projets (Lavagnon, et al. 2009).

Depuis la fin des années 1960, les chercheurs en gestion de projet tentent de comprendre et

surtout, déterminer quels sont les facteurs clefs qui mènent à la réussite d'un projet. La

définition de ce concept varie selon les auteurs, nous citerons celle énoncée par Leidecker et

Bruno (1984), cité et traduite par Rajaobelina, Durif et Ricard (2007). Les facteurs clés de

succès sont vus comme des « caractéristiques, conditions ou variables qui, lorsqu'elles sont

correctement suivies, maintenues et gérées, peuvent avoir un impact significatif sur le succès

d'une firme dans un secteur donné ». Ainsi, ils peuvent être définis comme étant des « leviers

sur lesquels le gestionnaire de projet peut s’appuyer pour accroître les chances de succès du

projet (Lavagnon, 2004).

Concernant, les facteurs clés de succès des projets, la recherche a d'abord focalisé l'attention

sur les aspects du contrôle de projet en mettant l’accent sur le triptyque « coût-qualité-délai ».

C'est à Slevin et Pinto (1986), cité par Lavagnon, (2004), que revient le mérite d'avoir proposé

une base scientifique de 10 facteurs clés de succès : la mission du projet, le soutien de la

direction générale, la planification et les échéanciers, l'écoute des clients, le personnel, les

tâches techniques, l'approbation du client, le pilotage et la rétroaction, la communication et la

gestion des problèmes. À ces 10 facteurs plus ou moins « contrôlables » par l'équipe de projet,

Pinto et Slevin (1988b) ajoutent 4 facteurs réputés extérieurs au processus d'implantation du

projet et donc incontrôlables par l’équipe : les compétences du chef de projet, le pouvoir et les

enjeux politiques, l'environnement et l'urgence. Plus tard, la classification de Selvin et Pinto

(1988b) sera reprise et adaptée par O'Shaughnessy (2006a). En comparant les travaux de Pinto

et Selvin, (1988b) et de O'Shaughnessy, 2006a), il s'est avéré que chaque facteur clefs de

succès, cités précédemment, est spécifique à une étape bien précise du cycle de vie du projet.

Le Tableau ci-dessous présente les facteurs clefs les plus influents et importants pour chacune

des phases du cycle de vie d'un projet.

Tableau 2 : Principaux facteurs clefs de succès

Facteurs clefs de succès

Cycle de vie d'un projet Slevin et Pinto (1988 b) O 'Shaughnessy (2006a)

Phase 1 :

Conception et

évaluation du projet

1. La mission du projet

4. L'écoute des clients

1. La mission du projet

2. Le soutien de la haute direction

4. Communication continuelle avec le client

à différentes étapes du projet

5. Les ressources humaines

6. L'expertise technique

7. Doter l'organisation de processus de

méthodologie et de standards de gestion de

projet

8. La communication avec les principales

parties prenantes du projet

9. S'assurer de la capacité organisationnelle

à entreprendre le projet

Phase 2 :

Planification

1. La mission du projet

2. Le soutien de la direction

générale

3. Planification des activités

4. Communication continuel le avec le client

à différentes étapes du projet

Page 6: Essai de compréhension des facteurs de succès des projets

6

7. L'approbation du client

14. L'urgence

5. Les ressources humaines

6. L'expertise technique

7. Doter l'organisation de processus de

méthodologie et de standards de gestion de

projet

9. La communication avec les principales

parties prenantes du projet

10. S'assurer de la capacité organisationnelle

à entreprendre le projet

Phase 3 :

Exécution/Réalisation

Suivi et contrôle

1. La mission du projet

3. La planification et les

échéanciers

4. L’écoute des clients

6. Les tâches techniques

10. La gestion des problèmes

11. Les compétences du chef de

projet

4. Communication continuelle avec le client

à différentes étapes du projet

5. Les ressources humaines

7. Doter l'organisation de processus de

méthodologie et de standards de gestion de

projet

8. Le suivit et le contrôle de l'exécution du

projet et la gestion des modifications

9. La communication avec les principales

parties prenantes du projet

Phase 4 : Évaluation de

la performance du

projet réalisé

1. La mission du projet

4. L'écoute des clients

6. Les tâches techniques

1. Communication continuelle avec le client

à différentes étapes du projet

7. Doter l'organisation de processus de

méthodologie et de standards de gestion de

projet

8. Le suivi et le contrôle de l'exécution du

projet et la gestion des modifications

9. La communication avec les principales

parties prenantes du projet

Source : adapté de O'Shaughnessy, (2006a) et de Lavagnon, et al. (2009)

Malgré la multitude de critères et de facteurs clefs de succès issues de la littérature en gestion

de projet, il est impossible d'en obtenir une liste définitive, complète, adéquate et applicable à

tous les projets (Belasri et Tukel, 1996 ; Westeryeld, 2003 ; Hyvari, 2006). Cependant, de

nombreux auteurs, notamment Belasri et Tukel (1996) constatent qu'en général, le succès ou

l'échec dépend rarement d'un seul facteur clef de succès mais plutôt d'une combinaison de

plusieurs facteurs clefs de succès à différentes étapes du cycle de vie du projet. Une nouvelle

approche est alors élaborée. Elle consiste à réaliser des regroupements universels des facteurs

clefs de succès afin de dégager plus facilement les éléments (ou groupes de facteurs) sur

lesquels le succès repose. Cette approche commence à faire sa place dans la littérature

(Belasri et Tukel, 1996 ; Lim et Mohamed, 1999 ; ou encore, Westerveld, 2003).

Belasri et Tukel (1996), par exemple, distinguent quatre types de facteurs clefs de succès d’un

projet : les facteurs relatifs à l'environnement externe ; les facteurs relatifs à l'organisation ou

l'environnement interne ; les facteurs relatifs au dirigeant et à l'équipe de projet et enfin, les

facteurs relatifs au projet.

Westerveld (2003) de son côté, démontre le lien entre les critères, les facteurs clef de succès

et le type de projet et en conclut que pour chaque type de projet il faut établir un mix de

critères et de facteurs clefs de succès spécifiques. Il identifie également sept groupes des

facteurs clefs de succès : leadership et l'équipe, la politique et stratégie, le management des

parties prenantes, les ressources, les contrats, la gestion de projet et enfin les facteurs

externes.

Page 7: Essai de compréhension des facteurs de succès des projets

7

Plus tard, Hyvari (2006) reprendra la même typologie de Belasri et Tukel (1996). Il regroupe

dans un premier temps les principaux facteurs clefs trouvés dans la littérature en fonction de

leur lien avec le projet, l'organisation, l'environnent externe, le gestionnaire et enfin les

membres de l'équipe de projet. Par la suite, il détermine les facteurs les plus critiques de

chaque groupement. Il en ressort par exemple, que l'engagement, les habiletés à coordonner et

le leadership sont des facteurs critiques qui se rapportent aux gestionnaires. Pour l'équipe de

projet, il s'agit de l'engagement, la communication et les expériences techniques. En ce qui

concerne le projet lui-même, les principaux acteurs sont les buts et l'objectif clair,

l'engagement des uti1isateurs et les ressources financières et matérielles. Les principaux

résultats de la recherche sont présentés au tableau ci-dessous.

Dans le tableau ci-dessous, nous comparons entre les facteurs clefs de succès retenus par

Belasri et Tukel (1996) et Hyvari (2006). Deux des auteurs les plus cités lorsqu’il s’agit des

critères de mesure du succès des projets ou des facteurs de succès.

Tableau 3 : Comparaison des facteurs clés de succès

Belasri et Tukel (1996) Hyvari (2006)

Facteurs se

rapportant au

gestionnaire de

projet.

- Habilité à déléguer l'autorité

- Habileté à négocier

- Habiletés de coordination

- Perception de son rôle et

responsabilité

- Compétences

- Engagement

- Engagement

- Habileté à coordonner

- Leadership

- Compétences

- Gestion situationnelle

- Habileté de déléguer l'autorité

- Gestion du changement

- Perception de son rôle et responsabilités

- Confiance

-Avoir une expérience passée pertinente

- Résolution de conflits

- Habileté à négocier

- Gestion des contrats

- Autre communication

Facteurs se

rapportant à l'équipe

de projet

- Connaissance technique

- Compétences en communication

- Sources de difficultés

- Engagement

- Engagement

- Communication

- Expérience techniques

- Pilotage et rétroaction

- Gestion des conflits

-Autre compétences (scope) connues par les

membres.

Facteurs se

rapportant au projet

- Envergure et valeur

- Activité unique

- Densité du projet adéquate

- Cycle de vie

- Urgence

- Buts et objectifs clairs

- Engagement des utilisateurs finaux

-Ressources financières et matérielles

- Planification ou calendrier réaliste

- Densité du réseau du projet

- Avoir des limites ou frontières claires

- Activité du projet unique

- Taille et valeur

- Urgence

- Cycle de vie du projet

Facteurs se

rapportant à

l'organisation

- Support du haut dirigeant

- Structure organisationnelle projet

- Support du dirigeant fonctionnel

- Excellence comme but

- Support de la haute direction

-Organisation et description de tâches claires

- Structure organisationnelle de type projet

- Comité de pilotage

-Support des gestionnaires fonctionnels

Page 8: Essai de compréhension des facteurs de succès des projets

8

- Champion

Facteurs se

rapportant à

l'environnement

externe

- Politique

- Économique

- Social

- Technologie

- Nature

- Client

- Concurrents

- Sous-traitants

- Client

- Environnement technologique

- Sous-traitants

- Environnement économique

- Environnement social

- Compétiteurs

- Environnement politique

- Nature

Source : adapté de Belasri et Tukel (1996) et Hyvari (2006)

De son côté, Lavagnon, et al. (2009) suggèrent que pour déterminer les facteurs critiques de

succès il faut tenir compte du cycle de vie des projets. Dans la phase de conception du projet,

la mission du projet et l'écoute des clients se révèlent les plus importantes. Dans la phase de

planification, les facteurs clés de succès sont la mission du projet, le soutien de la direction

générale, l'approbation du client et l'urgence. Dans la phase d'exécution, ce sont la mission du

projet, les compétences du chef de projet, la gestion des problèmes, la planification et les

échéanciers, les tâches techniques et l'écoute des clients. Enfin, dans la phase de- clôture, les

facteurs clés de succès des projets sont plutôt les tâches techniques, la mission du projet et

l'écoute des clients.

De leur côté, Gudienė, et al. (2013) ont proposé un modèle global comprenant sept groupes de

facteurs de succès critiques pour les projets. Les éléments du modèle proposé sont :

Les facteurs externes attribués au macro-environnement.

Facteurs institutionnels attribués au méso-environnement.

Les facteurs internes sont ceux qui sont sous le contrôle de l’équipe de projet.

Facteurs liés au projet : la taille, le type, la complexité, les objectifs, les risques, etc.

Facteurs liés à la gestion de projet / membres de l'équipe : la compétence, l'expérience,

l'efficacité de la prise de décision, la motivation, la capacité technique et les problèmes

de personnel.

Facteurs liés au chef de projet : le leadership, les compétences organisationnelles et de

coordination des chefs de projet, leur expérience, leur autorité et leur confiance.

Facteurs liés à l'entrepreneur. L'expertise et les performances.

Facteurs liés au client : expérience du client, type du client (privé ou public), sa taille,

degré de participation aux différentes phases du projet…

L’implication des parties prenantes : communication, participation, acceptation.

Face à l’approche universelle des facteurs clés de succès des projets s’est développé une

approche contingente dont les principaux précurseurs sont Dvir, et al. (1998). Le mérite et le

propre de cette approche contingente sont de regarder le projet dans sa particularité, dans sa

singularité et dans son unicité.

2. Démarche méthodologique

2.1 Objectif et cadre méthodologique de la recherche

La visée de cette recherche est fondamentalement exploratoire. Deux considérations

légitiment l’objectif exploratoire. D’une part, le sujet de recherche offre encore peu de

propositions de concepts et d’hypothèses sur les motivations et les obstacles à la

transformation numérique ; d’autre part, les spécificités du contexte de recherche, en

l’occurrence du Maroc en tant que pays émergent, nous amène à avancer avec prudence et à

rejeter un itinéraire parfaitement tracé.

Page 9: Essai de compréhension des facteurs de succès des projets

9

Le cadre de la recherche se déploie à travers une démarche qualitative. Celle-ci a été mise en

œuvre par la succession d’opérations visant à faire surgir le sens et la structure de notre objet

d’étude dans notre terrain de recherche. Plus précisément, elle a été déployée dans des

techniques de production et d’analyse des données qualitatives :

La collecte des données a été réalisée grâce à des entretiens semi-directifs ;

L’analyse de contenu thématique (codification) : suivant les recommandations de

Miles et Huberman (2003), cette opération a été réalisée à partir des retranscriptions

littérales des entretiens et formalisée dans des fiches appelées ici des fiches de

synthèse d’entretien. Ces fiches ont été conçues de manière à être autosuffisantes.

Notre unité de découpage est le fragment de discours portant une signification et

représentant un thème empirique ;

L’élaboration d’un référentiel théorique (catégorisation) : pour cela, notre analyse a

été guidés par la recherche de sens. À ce titre, l’analyse de contenu des données a été

réalisée à la main, ou « artisanalement » (Gombault, 2000), de manière à ne jamais

considérer ces données hors du contexte dans lesquels elles ont été produites. En

suivant Gombault (2000), aucun logiciel ne peut déconstruire et reconstruire le sens de

la réalité sociale construite par les acteurs dans un discours spécifique et une logique

propre. Les logiciels d’analyse, comme le célèbre InVivo, autorisent certes le repérage

partiel de « bulles de sens » (Wacheux, 1996) mais ne peuvent suffire à générer une

construction descriptive et explicative du phénomène étudié (Gombault, 2000).

Apparaissant comme une technique d’un apport marginal au mouvement de réflexion,

le recours à l’analyse de contenu informatisée a donc été écarté. Cette analyse de

contenu manuelle a exigé du temps mais elle a soutenu la compréhension, permettant

de dégager une construction descriptive, explicative et des propositions ;

La mise en relation (diagramme de causalité) : il s’agit de repérer les facteurs, les

causalités et les processus qui sous-tendent notre construction. Notre exploration du

phénomène étudié nous a conduit à vouloir le comprendre et l’expliquer. Il s’agit de

formuler une synthèse finale qui donne une interprétation « en compréhension » de

l’ensemble étudié (Gombault, 2000).

Notre recherche a tenté également de satisfaire aux critères de fiabilité et de validation

propres aux méthodes qualitatives.

La fiabilité est assurée par la complétude et la saturation. La complétude s’assure que la

production de résultats est la plus complète possible par des procédés de triangulation et la

plus cohérente possible dans une présentation d’ensemble de l’évolution et des résultats de la

recherche. Dans notre étude, les données ont été triangulées par plusieurs techniques de

production de l’information et par plusieurs types d’analyse théorique des données recueillies.

Dans notre recherche, nous nous sommes contentés au recueil des données par le biais des

entretiens semi-directifs constituant la méthode la plus adéquate à notre recherche. Une

analyse documentaire a été également quelques fois réalisée à partir des publications sur la

transformation numérique des entreprises marocaines. Leur contenu a été mobilisé comme

"deuxième source" pour comprendre le contexte dans lequel la numérisation se réalise. Par

contre, l’observation n’a pas été utilisée. Également, dans notre recherche, seuls les

responsables des projets de numérisation ont été interviewés. Nous avons essayé d’interroger

plusieurs personnes dans chaque entreprise, mais nous avons remarqué qu’elles nous

renvoient tous vers une seule personne, celle que nous avons interrogée. Au sens de Wacheux

(1996), nous avons aussi veiller à évaluer que chaque étape de notre processus de recherche

était pertinente par rapport à l’objet théorique et opérer la réorientation nécessaire. Dans notre

recherche, nous avons aussi respecté le principe de saturation défini par Yin (1990). Ce dernier

affirme que le nombre d’observations est estimé suffisant lorsque chaque nouvelle

observation n’apporte plus d’information supplémentaire par rapport à la précédente.

Page 10: Essai de compréhension des facteurs de succès des projets

10

L’objectif est d’obtenir une confiance satisfaisante des résultats. Yin juge que le nombre

d’observations se situe généralement entre deux et six.

Conformément aux recommandations de Wacheux (1996), la validité des résultats est donnée

par l’acceptation interne d’une part ; la cohérence interne et l’acceptation ou confirmation

externe d’autre part. L’acceptation interne désigne le degré d’approbation qui s’établit entre le

sens que le chercheur attribue aux données recueillies et sa plausibilité telle que perçue par les

personnes interviewées. L’acceptation interne est recherchée au niveau de l’acceptation du

chercheur par le milieu où se déroule la recherche et au niveau de l’interprétation des

données. D’une part, nous avons multiplié nos visites aux entreprises enquêtée. Cette présence

prolongée sur le terrain nous a permis de développer une dimension relationnelle qu’il est

nécessaire de prendre en compte pour apprécier la validité de la production et de l’analyse des

données. D’autre part, nous avons veiller à associer les acteurs à l’ensemble de notre

démarche est primordiale en leur soumettant les résultats, enregistrer leurs critiques, puis

intégrer ces réactions à l’analyse finale. Ainsi, cette intersubjectivité avec les acteurs confère à

notre recherche une validité phénoménologique ou de signifiance, qui vérifie le fait que les

données sont bien le résultat d’une réelle compréhension de la part des acteurs et que le

chercheur a bien compris le dire et le faire des acteurs.

Notre processus de recherche s’est également efforcé de satisfaire la cohérence interne et la

confirmation externe. La cohérence interne concerne la logique interne des interprétations

produites (Wacheux, 1996). Elle renvoie à une logique organisatrice matérialisée par une

construction intellectuelle qui doit être crédible et compréhensible par la communauté des

chercheurs. Ainsi, la littérature mobilisée représente des connaissances validées par des

travaux reconnus et notamment les plus importantes. D’autres actions de contrôle nous ont

permis de vérifier la cohérence interne. Des rencontres régulières avec les co-auteurs ont

permis de cadrer le travail de recherche et suscité des retours qui ont entraîné parfois des

réajustements. La confirmation externe renvoie à l’acceptabilité de nos résultats de la

recherche par les praticiens et les chercheurs du domaine. Les méthodes utilisées et les

analyses faites doivent être acceptées. La confirmation externe manifeste donc le degré de

confiance accordé à la recherche. Elle a principalement été vérifiée par la validation des

personnes interviewées et les professeurs membres de notre laboratoire de recherche lors

d’une journée d’échange.

2.2 Le déploiement de la recherche

Afin d’explorer en profondeur le sujet, des entrevues semi-dirigées ont été réalisées auprès de

Six entreprises homogènes par rapport à l’objet de recherche et riches en données sur le

phénomène étudier. Précisons à ce niveau que le pouvoir explicatif des études qualitatives

n’augmente pas nécessairement avec la taille de l’échantillon Yin (1990). Si la définition de

l’échantillonnage a reposé sur différents critères de sélection des sites et des personnes

interrogées destinés à assurer une certaine représentativité de l’échantillon au regard de la

population concernée.

Plusieurs critères ont présidé à la sélection des participants à notre enquête. À cet égard, nous

n’avons fait aucune distinction entre les entreprises qui ont réalisées leur transformation

numérique et celles qui ne l’ont pas encore fait. Par ailleurs, nous avons insisté à n’interroger

que les personnes qui sont impliquées dans des projets de transformation numérique. En outre, le profil des entreprises enquêtées, lieu de recrutement des personnes interviewées, a

été diversifié. Dans la littérature, nous avons trouvé que certains chercheurs distinguent entre

les PME et les grandes entreprises. Dans notre recherche et guidé par notre question de

recherche, aucune distinction n’a été faite dans ce sens. Le profil des entreprises enquêtées est

présenté d’une manière synthétique dans le tableau ci-dessous.

Tableau 4 : Profil des entreprises enquêtées

Page 11: Essai de compréhension des facteurs de succès des projets

11

Lieu/ Structure Interviewé Fonction

Univers startups et

entrepreneurs

Abdellah Bourt Business Developer, à Univers Startup et Entrepreneur

- Agadir

WEELITE Mohamed Bouhsani Directeur générale de la société Weelite, à Agadir

IPSEN Tahereddine Alaoui Représentant d’IPSEN dans le sud de Maroc - Agadir

Voiture Au Maroc Haytam Boussaid Manager à Voiture Au Maroc - CASABLANCA

Orange Maroc Mehdi El Bahi Social Media manger et E-réputation

Soglama Zakaria Oulad Directeur générale

Les entrevues ont été réalisées en personne (face à face). Les entrevues ont été enregistrées

sur des cassettes audio et retranscrites. La durée moyenne des entretiens a été de 45 minutes.

3. Présentation des résultats

En s’appuyant sur le cadre conceptuel développé précédemment, il s’agit à travers ce point de

restituer les principaux résultats de notre enquête. Tout au long de la présente partie, l’analyse

sera appuyée par des verbatims offrant un aperçu plus direct des réponses apportées en

présentant quelques extraits.

3.1. La transformation numérique dans les entreprises et concepts associés

Cette section aborde la perception de la transformation numérique par les participants et les

associations effectués avec ce concept.

Dans nos discussions avec les interviewées, la majorité utilisent le mot "informatiser" ou

"digitaliser" pour décrire une "transformation numérique" ceci en faisant référence à

différentes formes. Un interlocuteur nous affirme que l’entreprise qui a réussi à se digitaliser est celle

qui a réussi à informatiser tous ses process. C'est-à-dire « avoir une communication digitale, une

gestion de l’information digitalisée, et une gestion des processus de production digitalisées,

etc. » (Weelite). Une autre personne interrogée évoque qu’il s’agit d’informatiser toutes les

procédures de travail habituelles « la transformation numérique pour nous c’est le fait de

transférer toutes les procédures qui se faisaient d’une façon manuelle vers des plateformes

digitales, ou en utilisant des outils digitaux ou les outils informatiques. » (Univers Startup et

Entrepreneur). « Digitaliser la gestion des flux de l’information et des flux physiques dans une

entreprise » (IPSEN) est une autre forme citée par un interviewé. Globalement, c’est un

phénomène qui résulte en un changement profond dans les pratiques et les habitudes.

L’analyse des résultats nous a également révélé que même si la transformation numérique

peut prendre différentes formes, tous nos interlocuteurs sont d’accord sur son caractère

obligatoire « pour mieux être productif, pour optimiser le temps et pour s’aligner avec ce qui se fasse

à l’échelle international, aussi pour mieux s’organiser » (Weelite). Sans doute les outils digitaux sont

utiles pour l’entreprise, aujourd’hui je trouve que ce n’est pas un luxe mais c’est une utilité qui est

purement absolue. Elle procure un avantage concurrentiel « un avantage concurrentiel très

important » (Orange). C’est une obligation indispensable pour rester compétitive sur le marché

(Soglama). En effet, la transformation digitale offre plusieurs opportunités aux entreprises, notamment « une forte

visibilité sur le web » affirme le représentant de Soglama. La transformation digitale permet aux

entreprises d’explorer de nouveaux marchés, mais également de renforcer sa position sur les

marchés traditionnels, affirment les responsables d’ISPN et d Voiture au Maroc. L’entreprise

devienne « plus attractive et plus accessible, ainsi qu’optimiser le temps de travail », selon

l’interlocuteur d’Univers startups et entrepreneurs. La digitalisation offre aussi l’occasion de réduire

ses charges et d’augmenter le retour sur investissement (ROI) « La transformation digitale permet aux

entreprises de réduire leurs coûts, ainsi d’avoir un retour sur investissement plus détaillé » (Orange et

Weelite).

Page 12: Essai de compréhension des facteurs de succès des projets

12

Pour décrire des exemples de projets qui ont été conduits les entreprises en vue de réaliser la transition

digitale, tous nos interlocuteurs évoquent la mise en place d’un ERP comme un passage obligatoire de

leur transition numérique « Par exemple, tous ce qui est facturation à univers startup et entrepreneurs

ne se fait plus maintenant en utilisant Excel. Aujourd’hui, nous sommes passés à un outil digital qui

relève de la transformation digitale qui est entièrement un ERP » (Univers startup et entrepreneurs).

Une personne interrogée a parlé du lancement de concepts audiovisuels sur les réseaux sociaux « cette

solution nous permet d’appliquer les principes de l'inbound marketing. C’est une stratégie marketing

visant à faire venir le client à soi plutôt que d'aller le chercher avec les techniques de marketing

traditionnelles) (Weelite). Deux interviewés évoquent que l’utilisation des réseaux sociaux témoigne

de leur volonté à se digitaliser « on ne peut pas parler d’une transformation digitale si on n’a pas des

outils digitaux, c'est-à-dire l’utilisation des réseaux sociaux » (Univers startup et entrepreneurs).

Tandis que notre interlocuteur d’Orange Maroc évoque des outils tels que : les solutions Google, e-

CRM (Electronic Costumer Relationship Management), e-réputation et les outils d'organisation du

travail comme Ando.

3.2. Les facteurs de succès de la transformation numérique

Nos résultats empiriques nous ont révélés que la transformation numérique repose sur

plusieurs facteurs différents mais complémentaires et dont l’absence peut être obstacle.

Deux autres personnes interviewées ont mis en exergue « la volonté des dirigeants » d’investir

dans la transformation digitale, « en général, les dirigeants voient que ça n’aura pas d’impact

et que c’est seulement de l’argent perdu …aussi ça ne permet pas de garder la confidentialité

des process utilisés, des recettes et de la manière. (Univers Startup et entrepreneurs). La

volonté du dirigeant renvoie automatiquement au style de management dans l’entreprise. Un

management fondé sur une confiance partagée entre le dirigeant et ses collaborateurs, et une

confiance en la technologie, selon les responsables d’IPSEN et d’Orange Maroc. La

digitalisation a impacté positif les pratiques du management. Généralement, elle demande une

refonte des pratiques habituelles et l’adoption de nouvelles pratiques. Grâce au digital les

décisions sont justes et les employés sont plus efficaces, nous dit le responsable d’Univers

startups et entrepreneurs. Deux autres personnes interviewées nous parlent d’un changement

de la culture de l’entreprise (Weelite et Soglama). Ce qui nous fait savoir que la réussite d’un

projet de transformation numérique est davantage humaine que technique. Nos interlocuteurs nous également ont affirmé que l’ère du numérique engendre certainement de

nouveaux comportements, « certainement une bonne partie des collaborateurs seront obligés de

changer leurs habitudes de travail » (Weelite). Donc « l’acceptation de se digitaliser » par les

collaborateurs est primordiale. Pour cela, la transformation digitale des outils internes des entreprises

doit apporter un véritable confort ergonomique et pratique, « lorsque nous conceptualisations une

application, l’expérience utilisateur est au cœur de nos réflexions » (Univers Startups et

entrepreneurs). Dans cette perspective, tous nos interlocuteurs insistent sur l’importance de la conduite

du changement comme levier de succès des projets de numérisation. Elle permet à l’entreprise de

rencontrer des résistances chez les utilisateurs des nouvelles technologies (Weelite).

En outre, nos résultats nous ont révélé deux catégories de compétences dont les entreprises ont besoin

pour réussir leur transformation numérique, techniques et humaines. Pour les compétences humaines,

notre interlocuteur d’IPSN met l’accent sur l’ouverture d’esprit chez les dirigeants, et sur la proximité,

l’écoute et la compréhension des collaborateurs. Deux autres personnes que nous avons interviewées

ont mis l’accent sur la capacité de résilience de l’entreprise et des employés (IPSN, Weelite). Pour

réussir sa transformation numérique, le DSI (directeur du système d’information) constitue le pivot,

affirment tous nos interlocuteurs. Son rôle est de s’assurer que les solutions choisies soient non

seulement fiables mais également compatibles avec les besoins de ses collaborateurs. Pour les

compétences techniques, nos interlocuteurs insistent sur le rôle important de la formation en parallèle à

l’investissement en nouvelles technologies de l’information et de la communication, « elle permet de

maximiser l’utilisation des outils digitaux et avoir un bon retour sur investissement » (Voiture au

Maroc). « Les entreprises doivent avoir un ensemble de compétences soit des compétences techniques

en digital, en marketing digital et en expérience client », affirme de responsable d’Orange Maroc.

Page 13: Essai de compréhension des facteurs de succès des projets

13

Cependant, si les compétences techniques sont difficilement accessibles, les entreprises peuvent

recourir à la sous-traitance, selon le représentant d’Weelite.

Il ressort également de nos résultats qu’une forte propension au risque peut se traduire par un

coût plus élevé, susceptible de limiter l’investissement des entreprises en numérique. Dans ce

sens, tous nos interlocuteurs invoquent le risque de rupture du service rendu qui est souvent la

conséquence des pannes consécutives du système. « Lorsque les pannes techniques se

multiplient, le risque de rupture de services augmente. Si on ne tient pas compte ça, notre

image risque de perdre son attrait, de causer de la frustration et d’éloigner les clients », nous

affirme le responsable de Weelite. En même temps, deux parmi ces personnes ajoutent le

risque lié à la cybersécurité (le risque d’être piraté ou le risque de fuite de l’information)

comme facteurs décisifs. La sécurité est l’un des principaux défis posés par la technologie du

numérique. Le responsable d’Orange Maroc nous fait savoir que « Le risque pour la

cybersécurité augmente en raison des vulnérabilités causées par l’incapacité à sécuriser une

technologie qui évolue constamment et en absence de mises à jour ». Il ajoute que

« l’évolution constante des technologies de l’information accélère l’obsolescence des

systèmes ».

Par ailleurs, trois de nos interlocuteurs ont affirmé que la réussite d’un projet de digitalisation

nécessite d’avoir à priori « une vision claire du projet et une bonne planification ». L’absence

d’une vision et d’un programme claire peut entrainer des coûts très élevés pour les entreprises,

nous fait savoir le responsable de « Voiture au Maroc ». La transformation numérique est un

investissement très coûteux et durable, parce qu’il y a toujours du nouveau, il mérite d’être

bien réfléchi, nous font savoir nos interlocuteurs (Soglama et Orange Maroc).

Parmi les autres facteurs de réussite des projets de transformation numérique les plus cités par

les personnes interviewées, sans être le plus important, on trouve : les ressources financières.

Le manque de fonds pour financer le projet de transformation pourrait représenter un risque

de son abandon prématuré. Les problèmes de financement interviennent surtout en phase de

conception et de démarrage des projets. Ce résultat a été relevé par les six personnes

rencontrées « Se digitaliser c’est important. Mais ça demande de l’argent, parce qu’on a

besoin de renouveler nos outils et nos méthodes, de former les collaborateurs... et si on n’a

pas l’argent nécessaire, on ne peut rien faire » (Weelite). Les résultats ont révélé également

que les personnes interviewées ne font pas de distinction entre le manque de fonds et le coût

du projet. Les deux facteurs sont étroitement liés. Les résultats suggèrent que « les coûts

élevés » peuvent avoir un effet négatif sur la propension des entreprises à investir dans la

technologie du numérique. Ainsi, les entreprises qui considèrent comme excessif le coût

risque de présenter une propension plus faible pour la transformation numérique.

En ce qui concerne le soutien de l’État à la transformation numérique des entreprises, toutes les

personnes que nous avons rencontrées n’y sont pas totalement satisfaits, « Il y a pas mal de discours et

de promesses mais les soutiens de l’état sont très faibles … » (Orange Maroc). Pour eux, même si le

Plan « Maroc Digital 2020 » a réussi à pallier certaines difficultés et apporter quelques soutiens aux

entreprises, il est loin de satisfaire les besoins des entreprises. Par exemple, jusqu’à aujourd’hui le

Maroc n’a pas réussi à dissuader les cerveaux marocains de quitter le pays. Des compétences qu’il a

formées mais à qui il ne fait rien pour les inciter à faire carrière au Maroc, nous fait savoir le

représentant de Voiture au Maroc. Pour accompagner les entreprises dans leur transformation

numérique, l’apport de l’État doit aller dans plusieurs sens. Un soutien financier pour combler le coût

excessif de la numérisation, selon le représentant de Weelite, en proposant des programmes de

formation et d’accompagnement, en créant des labelles dédiés aux entreprises qui ont réussies leur

transformation digitale, selon les interlocuteurs d’Orange et d’Univers startups et entrepreneurs.

Par rapport à d’autres pays, nos interlocuteurs affirment que la comparaison du Maroc avec des pays

étrangers est certes importante, mais il faut la faire en prenant en compte les spécificités de chaque

pays et de chaque secteur « La pêche elle est très en retard même pour l’agriculture, l’hôtellerie… À

part les entreprises du digital, du secteur bancaire et du télécom, tout le reste des secteurs sont en

retard … Certaines organisations publiques ont également franchi un long chemin dans le numérique

Page 14: Essai de compréhension des facteurs de succès des projets

14

(ministère de la justice, ministère de la finance, ministère d’aménagement… » (Soglama). Selon tous

nos interlocuteurs, « on est en retard, par rapport au pays occidentaux. Par rapport à l’Afrique on est

un précurseur, et par rapport aux pays nord-africains (Tunisie) on est sur le même niveau de

compétences » (Orange Maroc). Toutefois, il y a aujourd’hui toute une dynamique autour de la

digitalisation soutenue par la bonne volonté de l’État.

4. Discussion des résultats

D’après les résultats obtenus, toutes les entreprises enquêtées considèrent la transformation

numérique comme un levier essentiel à leur vie. Pendant que certains mettent l’accent sur le

changement, dans les procédures et les démarches managériales, induit par l’utilisation des

outils informatiques pour définir la transformation numérique. Ces résultats sont conformes à

ceux déjà trouvés par Stolterman et Fors (2004). D’autres préfèrent parler de la

modernisation, dans l’exécution du travail, causée par l’intégration de l’automatisation et de

la robotisation dans leurs chaînes de production. Ce résultat renvoie à celui déjà trouvé par

Bos (2018). Certains considèrent la transformation numérique comme étant la possibilité

d’une entreprise à rendre l’ensemble des services informatisés. Ceci rappel la définition selon

laquelle la transformation numérique c’est le fait d’exploiter radicalement les possibilités

d’Internet (Dudézert, 2018). Par ailleurs, la majorité des personnes rencontrées assurent que la

transformation digitale n’est plus un luxe mais c’est une obligation pour toutes entreprises.

Les résultats obtenus montrent également que la transformation numérique se jouent sur deux

fronts. Le premier est technologie, c’est-à-dire que la digitalisation passe d’abord par un

investissement en nouvelles technologies et outils du digital : cloud, plateforme, ERP, réseaux

sociaux, DATA, intelligence artificielle, automatisme… Certes c’est un préalable important,

mais il est insuffisant. Parce que le succès du projet repose surtout sur des facteurs plus de

type « Soft » que « Hard ».

Les résultats escomptés de la transformation sont multiples, mais qui se résument en deux

catégories : financiers et commerciaux. Comme il a été avancé, les entreprises qui se lancent

dans des projets de digitalisation, visent dans un premier lieu à réduire leurs charges et à

augmenter leurs rendements. Cet objectif est atteint grâce à l’optimisation des processus et le

gain du temps que permet la numérisation. Ceci va dans le sens de ce qu’a été déjà trouvé par

des auteurs tel que (Reyre et Lippa, 2015 ; Deloitte, 2017 ; Isaac et Pouyat, 2018 ; Okamba,

2018, Dudézert, 2018). En outre, nos résultats montrent que la technologie du numérique

permet aussi d’avoir un retour sur les investissements et une forte compétitivité. Par ailleurs,

la question du retour sur investissement (ROI) est totalement illusoire quant à la dimension

culturelle de l’entreprise. Dans ce cas, une approche par activité serait plus judiciable qu’une

approche par les coûts. Ce qui nous amène à se demander “qu’est-ce que je risque si je ne fais

pas” au lieu de se dire “combien ça rapporte si je fais”. Le ROI c’est bien mais le RONI

(return on non investment) peut aussi aider à prendre une décision efficace. L’autre visée de la

transformation numérique est plutôt de type commercial. En effet, elle permet à l’entreprise

de s’engager sur de nouveaux marchés. Grace au outils informatiques et à l’intelligence

artificielle, les entreprises pourront un jour anticiper les besoins des clients. La digitalisation

peut également aider les entreprises à détracter leurs clients pour optimiser leurs offres

commerciales. Certains affirment que le choix du numérique est surtout lié aux avantages en

termes de communication commerciale : plus de visibilité sur le web, possible

personnalisation de l’offre... Ces résultats confirment ceux déjà trouvé par Alexandre (2017).

Pour cela, le rapport établi par le cabinet McKinsey (2014) propose que la transformation

numérique favorise l’innovation, la créativité. Ces derniers volets ont un impact sur la vision

stratégique des décideurs. Dans ce sens, on peut dire que la transformation numérique favorise

ce qu’on appelle « l’Inbound marketing », c’est-à-dire exploiter les opportunités, et

Page 15: Essai de compréhension des facteurs de succès des projets

15

« l’Outbound marketing », qui veut dire explorer de nouvelles opportunités. Le schéma ci-

dessous résume ces propos :

Figure 1 : les outputs du succès des projets de transformation numérique

Source : Auteurs

Parmi les facteurs de succès des projets de transformation numérique les plus importants, on

trouve :

- Le soutien du dirigeant et la confiance. Globalement, un style de management fondée sur la

confiance et le partage peut induire une perception positive des coûts de la transformation

numérique et ainsi favoriser le lancement ou la réussite des projets de numérisation. Ces

résultats sont conformes à ce que nous avons trouvé dans la littérature suggérant que

(Kerravala, 2017 ; OCDE, 2019). Dans ce cas, on peut dire que les entreprises qui considèrent

que le coût de la transformation est trop élevé ont tendance à ne pas se transformer. Viennent

s’ajouter le caractère disruptif des projets de transformation numérique et le manque du

soutien du top management, augmentant l’incertitude quant au succès de la transformation

numérique et par conséquent augmentant la perception des coûts qui lui sont inférés. Ceci est

confirmé les travaux de Belasri et Tukel (1996) et de Hyvari (2006).

- Le « manque de personnel qualifié » est présenté comme un levier important du succès de la

transformation numérique des entreprises. Par conséquent, les entreprises, qui font face à des

situations telles que le manque de personnel qualifié, ont moins de propension à vouloir

investir dans le numérique. Plusieurs études (IACE, 2016 ; Euan D. 2016 ; Philippe Dulbecco

et al. 2018 ; Schilliger et Steiger, 2018, Dudézert, 2018) soutiennent ces résultats et défendent

la thèse selon laquelle le manque de personnel qualifié peut être un sérieux obstacle au

développement du processus de numérisation. Il est aujourd’hui reconnu dans la littérature

que pour réaliser des innovations réussies les entreprises doivent combiner de manière

efficace des compétences de natures différentes. Dans ce cas, les entreprises doivent combiner

des compétences techniques utiles pour l’usage des nouvelles technologies avec des savoir-

être nécessaires pour accepter de changer et en faire un style de vie. Au Maroc, la fuite des

nouveaux diplômés vers l’étranger, la politique publique d’emploi et le manque du soutien du

politique aggravent la situation et rendent la transformation numérique à long terme une

action incertaine.

- La « propension au risque » est un autre levier évoqué par les personnes interviewées. La

cybersécurité et le risque de rupture du service (Irréversibilité) sont en effet des

problématiques récurrentes des technologies du numérique. En effet, l'appréciation du risque,

que peut avoir un dirigeant, se caractérise soit par un goût ou une volonté avérée pour investir

dans des projets de transformation numérique. Par conséquent, lorsque la perception du risque

l’emporte sur les avantages perçus de la transformation, cela diminue la propension au risque

et engendre un parti pris évident pour le statu quo. Ceci a déjà été mentionné par Bounfour

(2017) et Schöpfel (2020). Par exemple, le marché mondial des logiciels de cybersécurité

Page 16: Essai de compréhension des facteurs de succès des projets

16

devrait ainsi connaître une forte croissance dans le futur. En effet, la fuite de l’information ou

le risque de se voir pirater n’encouragent pas les entreprises à se doter d’un projet de

transformation numérique. La transformation numérique va de pair avec de nouvelles

vulnérabilités et des défis croissants en matière de sécurisation de chaînes entières de création

de valeurs. Si le monde du travail gagne en souplesse et en efficacité, il devient aussi

potentiellement de plus en plus vulnérable. Toutefois, la propension au risque est en partie

une question d'appréciation. Pour cela, les entreprises sont tenues d'adapter en permanence

leurs stratégies. Par ailleurs, la gestion du risque ne saurait être assurées que dans le cadre

d'une approche globale. Il faut mettre en place des contre-mesures techniques,

organisationnelles, sociétales, politiques et légales. Une stratégie de gestion du risque

intégrale doit comprendre des efforts en matière d'identification précoce, de résilience et de

gouvernance. Cependant, Il ne faut surtout pas penser la gestion du risque dans une dimension

uniquement organisationnelle ; il est essentiel également d'intégrer la dimension nationale et

internationale dans l'élaboration de la stratégie.

- Nos résultats nous ont également montrés que la transformation numérique conduit souvent

vers une transition des usages et des modes de fonctionnement qui s’accompagne par des

résistances au changement: la peur de ne pas maîtriser les nouvelles technologies, d’être

dépassé; un questionnement sur la place de chacun dans la relation client omnicanale

(concurrence des médias digitaux perçue par les collaborateurs), le choc frontal entre les

nouveaux modes de collaboration et de communication engendrés par les réseaux sociaux et

les anciens styles de management très verticaux (marqués par le command & control). C’est la

raison pour laquelle nos résultats empiriques ont mis en exergue « l’acceptation des

technologies » comme facteur principal de succès. Ce qui oblige les entreprises à prévoir des

programmes d’accompagnement au changement. Ces résultats vont dans le sens de ceux déjà

trouvés dans la littérature (Frimousse et Peretti, 2017 ; Pouyol, 2017).

- Les résultats de notre enquête ont révélé également que « la capacité de financement » est un

autre facteur souvent associé à la propension des entreprises à vouloir investir dans la

technologie du numérique et, par conséquent, être un levier de réussite de la transformation

numérique. Dans le cas contraire, nous pouvons dire que face à la rareté des sources de

financement, les entreprises ont une propension réduite à vouloir se numériser. Les résultats

obtenus sont similaires à ceux d'autres recherches, où le manque de financement est un

obstacle important à la transformation numérique (McKinsey ; OCDE, 2018). Le rôle majeur

des contraintes financières est en ligne avec la perception du système financier national qui

privilégie les projets sûrement rentables et ou le capital risque est moins fréquent. Il est aussi

en ligne avec la taille des entreprises. Ce constat a été déjà mis en avant par Munier (2002).

Pour lui les PME n’ont pas les capacités financières suffisantes pour pouvoir financer leurs

activités de manière autonome ni le pouvoir de marché qui leur facilitent l’accès financements

externes. Dans ce cas, la coopération ou le crowdfoundig compensera la perception des

contraintes à la transformation numérique. Ainsi la coopération est un atout précieux pour

faire face aux défis la transformation numérique.

- La transformation numérique n’est pas qu'une affaire d’outils et de technologies, elle est une

révolution dans les modèles d’affaires et opérationnels, centrée autour d’une vision partagée

et cohérente. À ce titre, elle remet en cause les fondements de l’entreprise, afin d’accroître son

intelligence collective et, au final, sa performance. Pour cela, notre investigation empirique

nous a aussi montré qu’« adopter une vision » globale se traduisant par une démarche

rationnelle est un levier de succès des projets de digitalisation. Pour cela, il faut penser leur

transformation numérique en prenant en compte leurs relations avec l’écosystème. Ce qui

confirme le caractère stratégique de la transformation numérique. Ce qui confirme les travaux

d’Auvray (2017). Transformer une entreprise nécessite deux ingrédients essentiels : une vision et un

Page 17: Essai de compréhension des facteurs de succès des projets

17

engagement des dirigeants pour que le changement se produise à tous les niveaux. Par

Conséquent, une transformation numérique réussie dépendra plus que jamais de l’humain.

- Le soutien de l’État est le dernier facteur évoqué par nos interlocuteurs du succès des projets

de transformation numérique. En effet, il y a un consensus dans la littérature sur le rôle de

l’état à aider et accompagner les entreprises pour franchir l’ère du digital. Pour accompagner

les ambitions entreprises, le Maroc a lancé, en 2016, la stratégie Maroc Digital 2020, pour

accélérer la transformation numérique du pays avec comme objectifs la mise en ligne de 50%

des démarches administratives, la réduction de la fracture numérique de 50% et la connexion

de 20% des PME marocaines (Harraou 2019). Cette stratégie vise, également, de positionner

le Maroc en tant que hub numérique régional avec une relance stratégique forte du BPO sur

l'Europe et un positionnement en tant que hub numérique en Afrique francophone. Pour

garantir une mise en œuvre efficiente de cette stratégie, une agence dédiée à l’économie

numérique et au e-gouvernement a été créée. Malgré toutes ces actions, les professionnels

perçoivent qu’elles sont insuffisantes pour répondre à leurs besoins qui changent et évoluent

en perpétuité.

En résumé, nos résultats le succès des projets de transformation numérique dépend de facteurs

endogènes, notamment des facteurs se rapportant à l’organisation (personnel qualifié, manque

de fonds, soutien du dirigeant), des facteurs liés à au projet (acceptation de la technologie),

des facteurs se rapportant à l’équipe de projet (adopter une vision, propension au risque), les

facteurs se rapportant au gestionnaire de projet (style de management), et d’un facteur

exogène lié au soutien de l’État.

L’ensemble de ces constats est présenté dans le schéma ci-dessous :

Figure 2 : Synthèse des résultats

Source : Auteurs

Conclusion

Page 18: Essai de compréhension des facteurs de succès des projets

18

Dans cette recherche, nous avons essayé, d’abord, de comprendre l’attitude des responsables

d’entreprises envers la transformation numérique, ensuite de connaître leur perception des

barrières qui peuvent les dissuader à se dématérialiser et à abandonner un projet

d’investissement en technologie du numérique. Ces informations pourraient être d’une grande

utilité pour la création des conditions de leur dynamisme et de leur croissance. Pour atteindre

nos objectifs, nous avons mené une enquête qualitative à l’aide d’un guide d’entretien. Sous

l’effet de saturation, notre enquête a été menée auprès de six entreprises marocaines.

Les résultats ont révélé une attitude positive vis-à-vis de transformation numérique, ceci

conformément à ce que nous avons trouvé dans la littérature. Une attitude qui cache une

motivation latente susceptible d’augmentée si on dispose d’une vision et on arrive à élabore

des programmes ciblés. C’est un concept qui incarne parfaitement trois dimensions largement

mise en lumière dans des recherches antérieures : technologique, organisationnelle et

humaine.

En outre, la perception des obstacles est déterminante dans la décision de lancer ou

abandonner un projet de transformation numérique. Dans la poursuite de leur transformation

numérique, les entreprises font face à un certain nombre d'obstacles liés aux coûts élevés du

projet, aux problèmes de financement, à la disponibilité d’un personnel qualifié et à la sécurité

des données. Dans ce cas, réaliser un audit interne pour identifier ses besoins en matière de

digitalisation, définir une vision et mettre en place un programme d’accompagnement au

changement des collaborateurs dans l’entreprise, seraient des facteurs clés de succès. La

numérisation de l’entreprise est aussi une aventure humaine et elle ne peut en aucun cas être

envisagée de façon isolée. Elle doit s’intégrer dans la stratégie globale de l’entreprise. En ce

qui concerne le problème du financement, la coopération pourrait être une solution. Mais le

manque de programmes étatique efficaces prenant en compte les intérêts des petites

entreprises et l’absence de culture favorable au digital pourrait aggraver la situation et

décourager les entreprises à vouloir se digitaliser et créer les conditions de leur continuité.

Notre étude fait ressortir surtout des complémentarités entre les obstacles sans donner une

idée sur la nature de la cause ni de l’effet. Tout ce que notre analyse suggère c'est que ces

obstacles apparemment indépendants font partie d'une même problématique. Une solution à

l'un de ces obstacles va probablement requérir une solution à l'obstacle qui lui est

complémentaire. Bien que les obstacles internes importent pour les décideurs, car ils aident à

comprendre la capabilité des entreprises, les obstacles externes quant à eux peuvent fournir un

terrain pour une intervention politique et pour la mise en place de programmes nationaux,

voire locaux, d’accompagnement des entreprises à se digitaliser. Les actions de soutien à la

transformation numérique ne correspondent pas toujours aux besoins des entreprises ou qui

correspondent à une catégorie (les grandes) et excluent une autre (les petites). Dans ce cas,

développer des programmes de soutien efficaces et efficiences permettant d’éliminer sinon

réduire les obstacles à la transformation digitale en assistant ces entreprises à réduire le risque

économique et financier et d’orienter les programmes de formation vers l’amélioration de la

qualification du personnel et ses compétences. Dans ce sens, l’état peut intervenir auprès des

opérateurs de télécom pour les inciter à renforcer l’infrastructure. Globalement, le numérique

doit préalablement être un service public de base. En amont, le rôle de l'État est bien de

concevoir et mettre en œuvre une réglementation adaptée à l'environnement numérique pour

protéger les personnes, les biens et les transactions. En aval, son rôle est surtout d’assurer la

disponibilité en compétences humaines adaptées. L’État est le seul garant de l’inclusion

numérique. En soutenant certains et en laissant de côté certains, l’État serait une source de

fracture numérique territoriale car les entreprises se situant dans des territoires isolés et mal

connectés ressentent une situation de décrochage, où la transition numérique est vécue comme

une menace. L’État a également un rôle à jouer pour lutter contre l'illéctronisme. En fait, il

Page 19: Essai de compréhension des facteurs de succès des projets

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faut repenser la transformation numérique des entreprises comme étant un facteur de

compétitivité, nationale et internationale.

De notre point de vue, nous sommes conscients du caractère réducteur du choix

méthodologique que nous avons fait. Tout d’abord, les difficultés d’accès au terrain ont limité nos

efforts de triangulation méthodologique. En effet, la progression des investigations empiriques nous a

amené à identifier plusieurs pistes d’approfondissement et de prolongement de nos conclusions

analytiques. Néanmoins, cela supposait des itérations, retours plus fréquents sur le terrain ou l’accès à

d’autres sources de données, ce qui n’était pas toujours possible compte tenu de notre position et de la

disponibilité des acteurs du terrain. Les limites méthodologiques du présent travail ont également trait

à sa validité externe. Comme nous l’avions indiqué dans la méthodologie de recherche, l’échantillon

des entreprises contactées ne saurait prétendre à une quelconque représentativité au sens statistique du

terme. Notons, à cet égard, que la notion d’échantillon représentatif n’a guère de sens dans le cadre

d’un phénomène émergent comme la transformation numérique, notamment dans la perspective d’un

pays en développement. Il serait donc risqué de faire des généralisations à partir de cas

particuliers. Le but de ce travail de recherche n’était pas forcément de donner des réponses

concrètes mais d’essayer de contribuer, même si d’une façon limitée aux problématiques

actuelles concernant la transformation numérique des entreprises.

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