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EHESS Essai sur la royauté sacrée en République mexicaine by Danièle Dehouve Review by: Véronique Duchesne Archives de sciences sociales des religions, 52e Année, No. 138 (Apr. - Jun., 2007), pp. 146-147 Published by: EHESS Stable URL: http://www.jstor.org/stable/30128786 . Accessed: 16/06/2014 00:16 Your use of the JSTOR archive indicates your acceptance of the Terms & Conditions of Use, available at . http://www.jstor.org/page/info/about/policies/terms.jsp . JSTOR is a not-for-profit service that helps scholars, researchers, and students discover, use, and build upon a wide range of content in a trusted digital archive. We use information technology and tools to increase productivity and facilitate new forms of scholarship. For more information about JSTOR, please contact [email protected]. . EHESS is collaborating with JSTOR to digitize, preserve and extend access to Archives de sciences sociales des religions. http://www.jstor.org This content downloaded from 185.44.78.76 on Mon, 16 Jun 2014 00:16:37 AM All use subject to JSTOR Terms and Conditions

Essai sur la royauté sacrée en République mexicaineby Danièle Dehouve

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Essai sur la royauté sacrée en République mexicaine by Danièle DehouveReview by: Véronique DuchesneArchives de sciences sociales des religions, 52e Année, No. 138 (Apr. - Jun., 2007), pp. 146-147Published by: EHESSStable URL: http://www.jstor.org/stable/30128786 .

Accessed: 16/06/2014 00:16

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146 - ARCHIVES DE SCIENCES SOCIALES DES RELIGIONS

renciant la position protestante de la catho- lique romaine.

Un livre de c dialogue >, plus qu'un livre d'entretiens. Au cours du face-a-face, le philo- sophe pose l'6tude du phenomine religieux a partir de la mediologie, tandis que le th6olo- gien, croyant et professant une foi, aborde le religieux & partir de la th~ologie. Le premier cherche a c d&terminer comment un objet cultu- rel se constitue par sa transmission mime >

(p. 42), tandis que le second ne peut c s'int&- resser simplement g la diversiti des rites, des mythes, des pratiques, en faire le "relev6 topo- graphique" en quelque sorte, sans se poser la question de l'intentionnalite religieuse qui pr&- side A leur elaboration c (p. 47). Deux intellec- tuels qui tentent de confronter leurs approches des faits religieux, et qui contribuent a pr&ciser ce qu'ils nomment c religion >. Le philosophe n'envisage pas le religieux (et la c religion >)

sans un &troit rapport A la communautd poli- tique : c J'appelle "sacr&" ce par quoi advient une unit6, ce par quoi prend corps une commu- naut ; c'est d'ailleurs pourquoi je remplace- rais volontiers le terme de "religion" par celui de "communion". En effet, les deux versants - pour le coup, invariants - du terme "reli- gion" sont A mes yeux d'une part "que fait- on ensemble" ? et d'autre part "en quoi est-on uni ?" > (p. 58). Le theologien, en revanche, d~finit < "la religion" comme le rapport des hommes a une certaine "alteritd" >, qui se per- goit par c une fonction qui conduit B un d&cen- trement de l'homme vers autre chose que lui- mime, vers un "ailleurs"; et done vers un depassement de ce que vous appelez l'"in- completude" et qu'on peut appeler la fini- tude > (p. 62).

Serait-il done pertinent d'opposer une quite du c faire lien > c une quite du c faire sens > ? Une difference d'accent: dans la mesure oi le faire sens > advient dans un langage commun, il y a une priorit6 a poser le liturgique avant I'hermineutique. L'action commune enonce la gratuit6 d'une vie donnie aux vivants. Dimension doxologique, souligne le theologien, qui repose la question de l'in- compl&tude soulevee par le philosophe, pour qui la finitude humaine appelle constitutive- ment > un dl1ment d'infini. La r~flexion s'oriente alors en direction de l'origine, enten- due par le thiologien comme fondamentum (et non comme cause premiere), li oi0 l'homme commence, en direction d'une ext~riorite qu'en raison mime de son incomplitude - ~prouv&e en presence de la mort -, I'homme regoit

comme un appel. Le philosophe admet volon- tiers ce fondamentum, qu'il assimile au fait d'8tre jet6 dans l'experience (moment ph~no- menologique), mais qu'il interprite comme exercice de la capacite symbolique: le fait de ramener le vu a de l'invisible. Distinguer le spi- rituel du religieux est ici l'acte d'une pens&e

mqdiologique qui s'efforce d'itudier comment

les groupes humains ne peuvent s'abstraire du religieux - que l'on qualifiera volontiers de transcendance, c'est-a-dire ce point de fuite par lequel ils ancrent l'immanence de leur constitution sociale -, sans pour autant acc&- der au spirituel: < Il y a une r~partition des domaines entre d'une part celui de l'intriorit6 et du spirituel, et d'autre part celui de la fac- tualitC, de la socialite, de la communauth, qui est le champ propre du religieux c (p. 93).

II est impossible de rendre parfaitement compte des chemins par lesquels la discussion entre ces deux grands intellectuels se d~ploie. Ils abordent, dans leurs d&tours, les questions li&es au disenchantement du monde, la confron- tation des religions dans leurs pritentions a la veritr, l'&tablissement du sens et bien d'autres aspects du dialogue entre pensie thbologique et midiologie. La formule du dialogue rap- porte, pour stimulante qu'elle soit, se prite mal a la synthese. Ceux qui auront friquenti au prialable les deux auteurs separement y trouveront une articulation; pour les autres, il donne un avant-gofit de ce que le pont jet6 entre les pens~es produit de deplacements intellectuels.

Nicolas de Bremond d'Ars

138-30 Danible DEHOUVE

Essai sur la royaut sacrie en Republique mexicaine Paris, Editions du CNRS, 2006, 147 p.

Sous un titre un brin provocateur, ce que l'auteur reconnait des les premieres lignes, cet essai est une analyse fine et detaille d'un concept tres connu en ethnologie mais jus- qu'alors non retenu pour parler des soci&ts indiennes Ctudiies par l'auteur. Les theories classiques parlent en effet du < systeme des charges > indien (aussi appele hi&rarchie civile et religieuse >,

, systime de cargos > ou

< chelle de cofit et de prestige >), que l'on retrouve dans de nombreuses communautes indiennes du Mexique et de l'Amerique centrale, soit dans l'ancienne Mesoambrique (definie par les archbologues en fonction de certains

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BULLETIN BIBLIOGRAPHIQUE - 147

traits tels que l'agriculture d'irrigation, l'archi- tecture monumentale, un type de calendrier). L'organisation sociale y est structurbe par des ensembles de postes administratifs et rituels, des charges qu'occupent les hommes, selon un systeme hierarchique en apparence. Ces charges visent le respect des rituels qui sou- dent la communautd et l'organisation des fetes, d'oui des dipenses. Elles ont done un double aspect religieux et &conomique, que trop de travaux distinguent soigneusement des fonctions politiques.

A partir de sa longue exp&rience de terrain (principalement chez les Indiens du Guerrero, au Mexique, depuis la fin des annies 1960), Daniele Dehouve a constat6 les nombreuses inconsis- tances du modele, qui prend rarement en compte d'autres fonctions secondaires, et minimise les imbrications du politique et du rituel. Elle note, en effet, I'importance du jefine avant la prise de fonction, ou le caractere sacre des symboles du pouvoir. Ceci la conduit B effectuer un retour critique sur les moddles classiques du < systime des charges c (chap. I) pour ensuite (chap. II) explorer les theories sur la royaute sacr&e. La royauti sacr&e est d'abord distingu&e de la royaut6 de droit divin (comme ce fut le cas en Occident des rois du Moyen Age installs dans la gestion des affaires terrestres par une cglise catholique qui se r~servait le commerce avec Dieu) et de la monarchie absolue. Pour d~fi- nir le < systeme de royauti sacrie >, l'auteur reprend principalement l'analyse thborique de A.-M. Hocart (developpie dans son ouvrage sur les iles Fidji et Ceylan, Rois et courtisans, 1978, 1e

ed. en anglais en 1936). Nous rete-

nons que la royaute sacrde est indissociable de la soci&t qu'elle incarne, et porte en elle- mime la responsabiliti religieuse du fonction- nement social; un personnage central (ou un ensemble de personnages) cumule le pouvoir et des attributions sacries; il est garant de la prosperit6 de la communaute et responsable de l'infortune publique, si bien que la vie de chaque individu prise isolkment depend, en fin de compte, de lui ; il est 4galement le sacrifiant principal, cens6 recueillir les bienfaits des sacri- fices au nom du groupe. Dans cette approche thiorique, la notion de differentiation des fonctions remplace done celle de separation du temporel et du spirituel.

Cette imbrication du politique et du reli- gieux, que l'on retrouve dans des commu- nautis du Guerrero, du Chiapas, ou du Yucatan, remonterait a une origine prihispanique, I la royautr6 azthque, dont D. Dehouve brosse un

rapide portrait (chap. III). La d6finition de I'auteur, qui au terme de c roi c substitue celui de c personnage central c cumulant certaines fonctions li~es a l'obtention de la prospbrite collective au moyen du rituel, lui permet de rechercher cette figure dans les republiques d'Indiens constituees apres la chute des royautes pr&colombiennes, aprbs que les Espagnols eurent fait disparaitre tous les rois indiens (chap. IV et V).

Dans cet ouvrage, remarquablement syn- th~tique (146 p.) et bien structure, Danidle Dehouve, anthropologue et ethnohistorienne, r6ussit a tracer une continuit6 de la p~riode pr&colombienne a nos jours en montrant comment ce qu'il est maintenant convenu d'appeler, avec l'auteur, le c modile m6so- americain de royaut6 sacr&e > a surv&cu depuis la Conqu&te espagnole, durant pr&s de cinq siacles, au sein des Etats coloniaux puis natio- naux. Sa these est forte et bien argument&e, le moddle prisenti permet, effectivement, d'ex- pliquer des aspects n~gliges du systeme &tudi&. On peut cependant se demander si l'esquisse que brosse l'auteur sur la royauti sacr&e azteque fait aujourd'hui l'unanimite parmi les chercheurs de cette aire culturelle. Cet essai apporte indubitablement un eclairage nouveau sur un aspect des communautes indiennes du Mexique et plus largement de la Mesoam&- rique, que les modeles anciens n'itaient pas parvenus a expliquer. II est une contribution de valeur A la connaissance anthropologique portant sur les rapports entre le pouvoir et le sacr6, aussi bien que sur la question de la secularisation.

VWronique Duchesne

138-31 Ralph DEKONINCK

Ad Imaginem. Statuts, fonctions et usages de I'image dans la littirature spirituelle j6suite du xvai sibcle Geni~ve, Droz, coil, c Travaux du Grand Siicle ,, XXVI, 2005, 423 p,

Le titre de l'ouvrage laisse entrevoir un des aspects subtilement demontres par l'au- teur, les liens encore 6troits entre le pensie de l'image d~veloppie au sein de la Compagnie de Jesus et la culture medievale de l'imago qui prend sa source dans une conception de l'homme cre ad imaginem et similitudinem Dei. Ces liens rappels, il reste a voir, et c'est pr&cis&- ment l'objet de ce livre, les evolutions ou transformations du statut des images dans

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