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Essais d'améliorationde la culture descéréales en TunisieM. F. BœufPublished online: 08 Jul 2014.

To cite this article: M. F. Bœuf (1909) Essais d'amélioration de laculture des céréales en Tunisie, Bulletin de la Société Botanique deFrance, 56:9, LXXXII-LXXXVIII, DOI: 10.1080/00378941.1909.10832133

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sions qui viennent de se terminer, ouvre à l'agriculture tunisienne une ère de prospérité nouvelle.

Après le départ de M. le Résident général, la séance reprend son cours. La parole est donnée à M. Bœuf pour la communication suivante :

Essais d'amélioration de la culture des céréales en Tunisie;

PAil M. F. BOEUF.

Au cours de la séance tenue à Gabès par la Société botanique de France, M. le Docteur TnAD{)T a développé, avec l'autorité que donne un quart de siècle d'expérimentation, les avantages que l'Agriculture peut retirer des études botaniques, et M. AARONSOHN vient de nous faire un éloquent tableau des mécomptes auxquels ont abouti beaucoup d'entreprises de colonisation, faute d'une étude scientifique approfondie des pays à mettre en exploitation.

C'est sur un point du vaste programme, que l'on a ainsi tracé, des recherches de botanique appliquées à l'agriculture, que je désire retenir un instant l'attention : sur l'amélioration de la culture des céréales en Tunisie.

Les indigènes distinguent et nomment une vingtaine ùe variétés de Blés tlm·s, et twis ou quatre Orges; quant aux Blés tendres et aux Avoines, cultivés seulement par les Eumpéens, ils sont tous d'introduction récente.

Une vftriété culturale actuelle n'est pas forrnée de plantes se mpportant tontes au même type. -Il suffit d'examiner avec soin un champ de blé, d'y herboriser en botaniste attentif, pour trou­ver, confondues sous un même nom, un nombre plus ou moins considérable de formes distinctes. C'est ainsi que l'on peut iso­ler, dans les cultures de Blé mahmoudi, des pieds à épis glab1·es ou velus, plats ou canés, lâches ou denses, à paille pleine ou creuse, à grains ambrés ou roux.

Plus de :WO sortes de céréales ont été réunies dans les collec­tions de l'École, et l'exploration botanique de nos cultures est encore très incomplète.

Quelle est l'utilité ùe cette recherche, dont la minutie peut

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paraître au premier abord dépourvue de tout intérêt pratique1 C'est de permettre la pt·oduction de types purs qui présente, sur la culture de nos mélanges actuels, de très grands avantages.

L'importance de cette sélection botanique préalable a été démontrée par les travaux du laboratoire de SvALÜF, en Suède, et il est indiscutable qu'un pays comme la Tunisie, où la culture des céréales occupe une place prépondérante, a le plus grand inté­rêt à mettre en œuvre les nouvelles méthodes préconisées par cet important établissement de t•echerches.

Une culture pure présente une 1'emat·quaùle unifm·mité de végé­tation. - La levée, l'épiage, la maturité ont lieu avec la plus grande régularité, les tiges sont de la même hauteur ce qui donne à la récolte le plus bel aspect et lui assure un rendement élevé 1

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les grains sont de même forme, de même couleur, et cette uni­formité constitue une excellente qualité au point de vue de leur vente.

Les différences de précocité que l'on peut ainsi reconnaitre entre les types purs sont très importantes dans les régions, comme la Tunisie, où la brièveM de la période de végétation fait donner la préférence aux céréales hâtives, parce qu'elles ont plus de chance d'échapper à l'échaudage par le sit·oco, ou de mûrir avant les sécheresses printanières. Dès maintenant, il a été possible d'isoler des Orges très précoces et d'autres très tardives, extrêmement feuillées, dont la cu Hure étagée permettra d'accroî­tre beaucoup la durée Je la période pendant laquelle cette céréale peut être utilisée comme fourrage vert. De même, cer­taines formes de Blé tendre sont suffisamment précoces pour échapper presque complètement à la rouille, qui était un gros obstacle à leur culture.

Un type unique possède des exigences b·ien définies, sous le rap­port du sol, des engrais, du climat, ce qui permet de réaliser très complètement les meilleures conditions de son développement, de placer ehaque variété dans le milieu qui lui convient le mieux, de doter ainsi chaque localité des sortes de céréales qui peuvent y donner le meilleur résultat.

Pour arriver à ce but, les formes reconnues intéressantes à la

L Les cultures ùe lu Station expüimentale de l'École, visitées par les congressistes, offraient un ùel exemple ùe cette régularité.

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Station expérimentale seront mises à l'épreuve, dès la prochaine année agricole, dans les diverses régions de la Tunisie.

Une autre conséquence très importante de cette uniformité d'exigences est la rap~"dité avec laquelle on peut acclimater, dans­une 1·égion donnée, certaines sortes provenant de contrées parfois fm·t éloignées. Un excellent exemple de ce fait nous est actuelle­ment fourni par un essai de culture de l'Orge à deux rangs, uti­lisée par la brasserie. Une poignée de grains reçus de Stras­bourg furent semés en 1907; l'ensemble de la culture de f908 fut misérable, et il eût pu paraître logique de conclure à un échec de l'acclimatement de cette Orge. L'examen des plantes récoltées permit de reconnaître huit types différents : ils furent semés à part en 1908, et la récolte de 1909 permet dès maintenant des constatations intéressantes : l'une des formes isolées est plus. précoce que les autres d'environ dix jours; une autre présente une paille rigide, non sujette à la verse, de très beaux épis; il semble que ces deux types pourront être cultivés avec succès, tandis que les autres, beaucoup plus tardifs, à paille très peu résistante, seront abandonnés, leur acclimatement étant incer­tain et ne pouvant se réaliser que par des modifications progres­sives demandant beaucoup de temps.

La méthode des cultures pures appliquées à d'autres introduc­tions Je céréales d'Espagne, de Portugal, d'Italie, de Sicile, d'Australie, etc., enrichira vraisemblablement notre flore agri­cole de quelques bonnes variétés.

La n!sistance aux malad,ies crypto,r;amiques des d1:verses sm·tes de cé1·éales est très rüffërente; certaines d'entre elles sont déplo­rablement sujettes à la rouille par exemple, tandis que d'autres, cultivées dans les mêmes conditions, au voisinage immédiat des premières, restent presque complètement indemnes. Depuis deux ans, les champs de la Station expérimentale fournissent une démonstration évidente de ce fait, et il semble bien que le choix judicieux des variétés sera, dans un pt·ochain avenir, le meilleur moyen de lutte conh·e le plus terrible parasite de nos céréales en Tunisie.

Les produits d"une culture ptere ont des caractères constants, ou tout au moins très peu vadables, et cette uniformité constitue un avantage économique considérable. Les grains et leur dérivés

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sont livrés aux industriels : minotiers, boulangers, brasseurs, et l'idéal serait d'obtenir des produits de composition invariable pouvant être garantis au moment de la vente. Un Blé de teneur .constante en amidon et gluten, une Orge dont tous les grains se maltent dans le même délai, ne peuvent pas être donnés par les mélanges de types divers cultivés actuellement. Les proportions respectives des constituants de ces mélanges varient, non seule­ment d'une exploitation à la voisine, mais d'une année à la sui­vante, selon que les conditions climatériques ont été plus ou moins favorables à l'une ou à l'autre de ces sortes.

Les produits d'une culture pure sont uniformes pour une "Situation donnée; l'influence du sol et du climat pourra être déterminée par des analyses corn paratives, dont le nombre n'aura .pas besoin d'être considérable.

Il est probable que les industriels ne seront pas longs à com­·prendre les avantages que leur offrent des produits purs et à ~eur accorder, au moins la préférence, sinon des prix plus élevés.

Les cultures pures permettent seules une ·inte17n·étation exacte de nos pmcédés culturaux et de nos méthodes d'amél-ioration. Le but de tous les soins culturaux est d'augmenter le rendement : les uns s'appliquent au sol et constituent les diverses opérations de la culture, les autres agissent directement sur les plantes et ·Consistent surtout dans la sélection des semences, parfois dans .le croisement des types entre eux.

Chaque sorte de céréales présente des caractères fixes, stables, qui la distinguent des autres (forme et densité de l'épi, forme .des glumes, couleur et forme du grain, etc.), et des caractères variables, individuels (longueur des épis, hauteur des tiges, gros­seur du grain, etc.).

Les premiers sont généralement des particularités très minimes, sans importance au point de vue économique, parfois même d'observation difficile; ils servent au botaniste à effectuer la séparation des sortes.

Les caractères variables sont, au contraire, les facteurs du rendement; ils sont sous la dépendance des conditions de milieu, et c'est à déterminer leur variation dans un sens utile que doit s'appliquer le cultivateur. Il est de toute évidence que l'inter­prétation des résultats obtenus dans cette voie par nos méthodes

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de culture ne peut avoir quelque précision qu'à la condition d'appliquer ces dernières à des types purs. Quand on veut con­naître le milieu de culture qui convient le mieux à une espèce microbienne, on commence par isoler celle-ci à l'état de pureté; il faut en faire autant pour les plantes cultivées.

L'amélioration directe des céréales par sélection des semences ne peut également présenter de certitude que si ce choix s'exerce parmi Jes individus appartenant à un seul type. Prélever, par exemple, comme semences, les plus beaux épis d'un champ ne portant pas une culture pure, aboutit, après un nombre plus ou moins considérable de générations, à faire prédominer, parmi les différentes sortes qui composaient la variété soumise à la sélection, quelques-unes (l'entre elles, parfois une seule, corres­pondant à l'idéal du sélectionneur. Cette séparation aveugle ne repose sur aucune donnée précise; elle n'est jamais suffisante pour isoler complètement une sorte pure, et la dégénérescence de la variété améliorée, qui se produit dès que cesse la sélection, est d'autant plus rapide qu'il était resté davantage de réprésen­tants des sortes les moins bonnes.

La séparation méthodique des sortes pures fournit, au con­traire, le moyen d'arriver immédiatement et d'une manière défi­nitive, sans risque de retour en arrière, à la culture des formes les meilleures. Il reste à déterminer dans quelle mesure la sélec­tion peut concourir à modifiet· les caractères variables d'un type, par exemple la longueur des épis et ]a grosseur des grains. Ces caractères étant varia!Jles, peuvent être améliorés, mais, en raison même de leur nature instable, leur amélioration n'est que temporaire, non héréditaire.

En 1. 907-1908, les grains provenant des plus longs épis d'une sorte d'Orge (8;) à 90 grains par épi) et ceux qui provenaient des plus pehts épis de la même sorte (12 à 1lï grains par épi), semés eôte à côte, ont donné des épis dont la longueur moyenne a été la même dans les deux cultures.

En 1908-1909, nous avons disposé de nombreuses expériences pour nous rendre compte de la valeur des anciennes méthodes de sélection lorsqu 'on les applique à des sortes pures; la pro­chaine récolte permettra certainement des observations impor­tantes sur ce sujet.

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Il ne faut pas oublier que la sélection ne comporte aucune force créatrice; le choix des sujets les meilleurs n'est possible qu'autant qu'ils existent au prealable, et leur apparition est due à des causes souvent inconnues, que l'on peut généralement rapporter au milieu. Augmenter le rendement par une bonne culture soutenue pendant plusieurs générations, par un grand écartement des portes-graines, par exemple, parait constituer un moyen d'entraîner en quelque sorte un type végétal à produire beaucoup, et l'amélioration se conserve ensuite, comme une habitude acquise, qui ne disparaît que peu à peu, lorsqu'on replace les plantes dans les conditions normales de la grande culture. Nos expériences sur ce fait sont encore trop peu nom­breuses pour en tirer des conclusions, mais elles font déjà pré­voir l'avantage qu'auraient les cultivateurs à préparer spéciale­ment leurs semences dans un champ riehe et bien travaillé, au lieu de les prélever, même par sélection, sur l'ensemble de leur récolte.

Ce court aperçu des études d'ordre botanique et agronomique à poursuivre sur les céréales montre combien la tâche est intéressante, mais aussi combien elle est vaste et longue à réaliser. Rechercher les sortes de céréales du pays, en faire la dassification, étudier leurs exigences, leur valeur économique, leur adaptation aux différentes régions, déterminer les moyens J'accroître leur rendement, essayer aussi l'introduction et l'acclimatement des variétés étrangères susceptibles de réussir, tel est le programme à remplir. Il y a trop peu de temps qu'il est à l'étude pour qu'il soit possible de conclure. Les résultats que montrent les cultures actuelles sont des plus encourageants; ils ont intéressé les nombreux agriculteurs qui les ont constatés, et on ne saurait trop remercier le Directeur de l'Agriculture, du Commerce et de la Colonisation, d'avoir bien voulu assurer le développement de ces recherches par la création, à l'École de Tunis, d'une Station expérimentale affectée à l'étude des ques­tions se rapportant à la production végétale.

Je me permettrai seulement une conclusion d'ordre plus général.

L'amélioration des plantes cultivées, si largement réalisée déjà par des praticiens émérites, est aussi l'un des plus beaux

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sujets d'étude qui puisse passionner les botanistes. Pendant long­temps, ces derniers ont dédaigné les plantes cultivées, pour accorder toute leur attention aux espèces spontanées; il semblait que les variétés agricoles et horticoles, par leur nombre et leur variabilité, étaient pour ainsi dire hors de la nature et défiaient toute méthode scientifique d'observation. Ce défaut de collabo­ration entre la production végétale et la science botanique a laissé le cultivatem· à peu près livré aux pratiques empiriques, en même temps qu'elle privait le botaniste du champ d'observa­tion et d'expérimentation le plus vaste que l'on puisse rêver. Où peut-on mieux étudier, par exemple, la fixité ou la variation des végétaux que dans des cultures qui couvrent des milliers d'hectares et se répètent depuis des siècles!

L'agriculture doit beaucoup de ses progrès à la chimie agri­cole, particulièrement à la connaissance du sol et de ses rapports avec la plante, mais il semble hien qu'il faille attendre, dans l'avenir, les perfectionnements essentiels de l'agriculture d'une étude plus approfondie et surtout plus précise des végétaux.

Aussi ne saurais-je terminer sans remercier personnellement mes Collègues de la Société botanique de France de tout ce que j'ai appris, grâce à eux, pendant nos herborisations en commun. Je suis heureux qu'à l'étude de la flore spontanée nous ayons pu joindre de nombreuses observations de botanique appliquée. J'ai l'espoir que les relations si cordiales de ces quelques semaines ne seront pas rompues par le départ, mais qu'elles seront le début d'une véritable et féconde collaboration!

M. Perrot présente ensuile le travail ci-dessous :

Contribution à l'étude de la flore marocaine. Première liste des plantes récoltées

par M. Gentil;

PRÉSENTÉE PAR ~L EAI. p ERROT.

Les investigations phytographiques en terre marocaine sont encore hien récentes et hien peu nombreuses. Aussi, au cours de ses explorations géologiques, M. L. GENTIL, dont les travaux des

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