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MPOLEON I ET NAPOLEON III. V Aï* AT T ¥T °U ÏIT^f AUTATTÎ? PAE LE PROFESSEUR BIBAUD, JEUNE, I.L. D., PREMIER PRÉSIDENT DE L'INSTITUT POLYTECHNIQUE, MEMBRE HONORAI- RE DR LA SOCIÉTÉ HISTORIQUE DE L>ETAT DU MICHIOAN & C , AUTEUR D'UNE HISTOIRE INÉDITE DE I.'EUROPE DURANT LA RÉVOLUTION FRANÇAISE. Nul, avant ta fin, ne doit itrt acclamé Grand ou Heureux. CÉRAT ET BOURGUIGNON, IMPRIMEURS, 78 RUE NOTRE-DAME. 1860.

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MPOLEON I ET

NAPOLEON III.

V Aï* AT T ¥ T °U Ï I T ^ f AUTATTÎ?

PAE

LE PROFESSEUR B I B A U D , JEUNE, I.L. D . , PREMIER PRÉSIDENT

DE L ' I N S T I T U T P O L Y T E C H N I Q U E , MEMBRE HONORAI­

R E DR LA SOCIÉTÉ HISTORIQUE DE L>ETAT DU

MICHIOAN & C , A U T E U R D'UNE HISTOIRE

INÉDITE DE I.'EUROPE D U R A N T LA

RÉVOLUTION FRANÇAISE .

Nul, avant ta fin, ne doit itrt acclamé Grand ou Heureux.

C É R A T E T BOURGUIGNON, IMPRIMEURS, 78 RUE N O T R E - D A M E .

1860.

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L'homme de guerre, voilà sans doute ce qui a dominé en Napoléon Bonaparte. Comme tel, sa renommée a retenti par le monde,—retenti d'autant plus, qu'il ne fut, comme Charles XII, qu'un météore militaire. En effet, une carrière dont le résultat a été l'amoindrissement de la France ,»ar la perte de ses colonies et d'une partie con-«idérable de la frontière qu'elle possédait même sous l'an­cienne monarchie, ne reste pns comparable, par exemple, à celle du Grand Frédéric, qui a renouvelle tout l'art de la guerre, et qui, aux prises avec la France, l'Autriche et la Russie réunies, a résisté non-seulement à cette liguo apparamment irrésistible ; mais a aussi élevé l'électoral de Brandebourg au rang des grandes puissances de l'Eu­rope. Voilà ce que dit la simple raison, et cependant je ne manquerai pas de passer pour un téméraire aristarque. On va s'exclamer contre moi, je le pressens. Aussi m'empressé-je de me mettre en quête des hautes autori­tés qui mettent tout le monde à même d'apprécier Napo­léon a. sa juste valeur, même comme capitaine. Pour réussir au bout du compte, il ne suffit pas d'avoir certai­nes qualités guerrières : il faut les réunir toutes ou pres­que toutes. " Napoléon, dit M. Capefigue, est impétueux et sublime dans l'attaque, niais désordonné et irréfléchi •Jans la retraite. Ses plans sont subitement conçus com­me une illumination soudaine. Les chances diverses les modifient avec l'instinct de l'aigle. (*) Mais au moindre

£«] Quelque ingénieux qu'il fût cependant, lord Wellington, dans»» marche de la frontière du Portugal au torrent de Bayas, et Kutusof, dans la retraite de Russie, lui apprirent qu'une marche de flanc e n plus productive qu'une poursuite sur les talons. Votre vieux renard Kutusof m'a trompé par sa marche sur mes flancs, disait-il au géné-r»l . Protoratsky. Les alliés lui apprirent aussi à Waterloo, que la u i i t n'est pas nécessairement le terme dei combats.

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revers, Napoléon est abattu ; sa retraite est presque tou­jours une fuite : il attaque brillamment, mais il ne sait point résister." Or un tel capitaine ne devait-il pas finir par succomber ? . . . Ecoutons maintenant le baron I lo-gniat ; —" Ce général, extraordinaire, admirable pour combattre et vaincre ses ennemis sur un champ de ba­taille,—admirable pour les surprendre dans leur marche, attaquer et dissiper leurs colonnes, ne savait pas faire une guerre méthodique, la seule cependant qui puisse as­seoir des conquêtes stables en Europe. La tête remplie des hauts faits d'Alexandre, il courait le monde comme le héros grec à la tête d'une armée victorieuse, sans ap-pr écier la différence des circonstances, qui ne permet-tuient pas aux mêmes moyens d'opérer les mêmes résul­tats. La funeste campagne de Russie est une invasion dans le genre asiatique, où l'on n'aperçoit pas les plus lé­gères traces des précautions que nous prescrit la pruden­ce dans nos guerres européennes."

" Napoléon a péri ;—il a péri, dit le général Foy , pour avoir tenté avec les hommes du X I X e siècle l'œuvre des Attila et des Genghis Khan ;—pour avoir cédé à une ima­gination toute contraire à l'esprit contemporain ;—pour n'avoir point voulu s'arrêter le jour où il eut la conscien­ce de son impuissance k réussir. La nature a marqué'vin terme au delà.'duquel'les entreprises folles ne peuvent pas être conduites avec sagesse. Ce. terme, l'empereur l'atteignit en Espagne, et le dépassa en Russie. S'il eût échappé alors à sa ruine, son inflexible outrecuidance lui eût fait trouver ailleurs-Baylen et Moscou."

TJn passage du manifeste de l'Autriche à l'entrée de la campagne de Saxe , corrobore la pensée du général Foy " La campagne de 1812 fournit un exemple mé­morable de l'irréussile d'une entreprise soutenue par une puissance colossale, et conduite par un capitaine du pre­mier ordre, quand, se confiant dans de grands talents mi­litaires, il néglige les règles de la prudence, et dépasse les bornes do la nature."

" Les revers de l'armée française à Waterloo, dit le chevalier A?,aïs, furent immenses, épouvantables. Mais généralement, les revers de Napoléon ne pouvaient être que ressemblai» à ses succès. " Pour obtenir ceux-ci , il avait institué un système de haute et foudroyante impru­dence. Point de magasins, rien de préparé pour des ca-

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d e re t ra i te ; ses soldats ne deva ien t pas même s ' imagi­ner qu'un m o u v e m e n t de retrai te fût chose possible. Pa r d e tels procédés, si on ne saisit pas le but , on s'écrase, on s ' a n é a n t i t . "

Oui , Napoléon n ' a pas é té inoins imprudent là où il a réussi , q u e dans ses r eve r s . Nous avons ici le double té­m o i g n a g e de l ' a rchiduc Charles et du baron Rognia t . " Bi ionapar te , dit le premier , r isquant tout pour tout ga­gne r , préférant les choses ext raordinai res n u x é v ô n e m é n s na tu r e l s , les actions d 'éclat à une condui te sûre, e t les opérat ions 1 hasardées à c e l l é s q u e d ic te la prudence, tdm-ba sur les communica t ions de son adversa i re en exposant les s i ennes propres. Mêlas rassembla ce qu'i l put de ses t roupes èparses et les deux armées se rencontrèrent dans les c h a m p s de M a r e n g o . Un combat sanglant s 'engagea e t p e n c h a i t en faveur des Autr ichiens ; mais manquan t ' d ' ensemble , leurs troupes s 'éparpil lèrent , lés ailés n 'ap­p u y è r e n t pas le cen t r e , e t une réserve française se trou­va i t encore intacte à. T o r r e di Garofolo. Avec el le le b r a v e Desiiix se j e ta sur les ennemis dispersés, et périt en héros dans les brus de la victoire. Mêlas , surpris p a r l a défai te des siens, céda par convent ion toute l 'Italie jus­que au Mincio au trop heureux Buonupar te , qui décida le sort de la guerre , et qui , par une marche avanturée é leva la gloire des a rmes françaises au dessus des actions les plus br i l lantes de ses adversaires dans la campagne de 1 7 9 9 . "

" L e public , dit à son tour le généra l Rognia t ,—qui se r a n g e toujours du côté de la fortune, a b lâmé sévè remen t les c a m p a g n e s de Russie et de S a x e , tandis que les t rom­pe t tes d e la r e n o m m é e re tent issaient encore des louanges de la br i l lan te c a m p a g n e d'Ansterl i tz- Mais les connais­seurs , qui j u g e n t plutôt d 'après les principes de l'art que d 'après les é v è n e m e n s , aperçoivent dans cet te fameuse c a m p a g n e les m ê m e s fautes qui nous perdirent ici. On voi t Napo léon y faire la guer re sans bâse^d'opération a v e c plus d 'éc la t que de solidité ; e t cependan t , quelle diffé­r ence de résul ta t ; tarit il est v r a i q u e la fortune est bien puissante dans les affaires du m o n d e . " L e s campagnes non moins glorieuses d ' I é n a et de W a g r a m paraissent auss i fautives à cet a r i s ta rque , et Napo léon lu i -même lui a d o n n é raison, c o m m e on Va le voir, q u a n d on a u r a lu u n e p a g e où F o y p r é t e n d le justifier, après l'avoir con-

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damné. " Quelques généraux ont donné une bataille aussi bien que lui. On en citerait plusieurs qui l'ont mieux reçue. Tl l é sa surpassés tous dans la manière de diriger une campagne offensive. L e s guerres d 'Espagae et de Russie ne prouvent rien contre son génie. Ce n'est pas avec les règles de Montecuculli et de Turenne ma­nœuvrant sur la Renchen qu'il faut juger de telles entre» prises. Les uns guerroyaient pour avoir tel ou tel quar­tier d'hiver ; l'autre, pour conquérir le monde. Il lui fal» lait souvent non pas seulement gagner une bataille, mais la gagner de tells façon qu'elle épouvantât l 'Europe et amenût des résultats gigantesques. Ainsi les vues poli­tiques intervenaient sans cesse dans le génie stratégique, et pour l'apprécier tout entier, il ne finit pas se renfermer dans les limites de l'art de la guerre."—C'est fort bien 5 mais le général F o y ajoute aussitôt,—ce qui paraît incon­sistant :—" cet art ne se compose pas seulement de dé­tails techniques,—il a aussi sa philosophie. Quand N a ­poléon commandait de petites armées en Italie, sur l'A-. dige, tout fut observation des règles, tout lut beau, tout fut grand ; successivement, il a fait de grandes choses, mais souvent, l'emploi du moral a prédominé sur le posi­tif. L a sphère s'agrandit, tout fut chanceux, tout fut ca l ­culé pour de grands résultats. Quelque habile qu'on soit, il y a presque toujours, dans ce jeu terrible, des risque» proportionnés à la grandeur des profits." Eh ! voilà pré­cisément pourquoi, à la (in de la lutte, Napoléon et W e l ­lington s'accordaient à se défier du système de guerre sur une échelle sans p'roporlions qui avait été suivi depuis dix ans ! Au maréchal Gouvion S a i n t C y r , qui disait aussi à Napoléon que sa campugne d'Italie était son chef d'ODtivre, Napoléon acquiesçait à Dresde, et, bien loin do dédaigner comme le général Foy , la stratégie de Monte­cuculli et de Turenne, il déclarait ce dernier le plus par­fait général. Cette idée lui revenait ù. Ste. Hélène. " D e tous les généraux qui l'ont précédé, et peut être de tous ceux qiu l'ont suivi, Turenne est le plus grand." l i n e fesait point le même cas de Condé, dont le génie avai t pourtant beaucoup plus d'analygie avec le sien.

Comme le tacticien Lloyd le remarque du Grand F r é ­déric, Napoléon était inappliqué et sans expérience dans la guerre obsidiouale, branché pomr laquelle i ln ' ava i t pas

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« i i effet assez de patience : ce n'est pjtf lui qui serait res­té nn an à assiéger Sebastopol.

Quoiqu'il en soit, Napoléon a toujours été un guerrier dans tonte la forcé de l'expression. Il fesnit la guerre avec volupté ; il l'aimait comme on aime une amante au printems de la vie. C'était encore moins le but que la route à parcourir pour y arriver, qui souriait à son ima­gination ; car l'agitation était son élément : il se délec­tait au sein des tempêtes. Pour justifier aux autres, et peut-être à lui-même le dérèglement de ses projets, îl montrait la révolution française incompatible avec les préjugés prétendus suir lesquels roule le monde depuis la chute de l'empire romain. Tel est aussi Napoléon II I ; mais sa capacité stratégique a été restreinte par une mé­fiance bien raisonnée de celle de son devancier. Il n'y a que cela qui a mis en quelque sorte un frein aux mê­mes passions. Pour lui, ce n'est pas tout ou rion, comme pour Napoléon 1er : on ne court pas sans reprendre ha­leine après le merveilleux, quand on fait invariablement moins qu'on n'avait parié. Il devait enlever à la Russie la Crimée. L'a-t-il fait ?—Lui, qui promettait à ses sol-, dats de ne pas remettre l'épée dans le fourreau que l'é­tendard de l'Autriche n'eût reculé jusque à l'Adriatique, ne l'à-t-il pas laissée, au point de vue purement militaire, dans une plus menaçante attitude derrière son quadrila­tère, que quand elle avait à surveiller sous le canon des forteresses piémontaises la plaine de la Lorabardie ?

Toutefois la campagne de Solferino nous montre tout d'abord Napoléon III , général sans expérience assuré­ment, doué aussi, comme son oncle, d'une haute capacité stratégique. Or la stratégie, dans un capitaine, ce n'est pas tout, mais c'est le principal ; c'est cette qualité qui n'apparaît chez ceux qui commandent, qu'à des siècles de distance. Napoléon reconnaît de lo stratégie a Anni-bal. Pyrrhus ne connaissait que la tactique. Le géné­ral Jomini, dans la préface des esquisses militaires de l'archiduc Charles, aperçoit à peine un véritable exemple de stratégie en Gustave-Adolphe, puis, jusque à Frédéric le Grand, il cite, comme faits isolés, la marche de Marl-borough de la Meuse au Danube, et celle d'Eugène SUT Turin. C'est.donc beaucoup si un général entend la stra­tégie ; mais il faut'à'autresqualités, car celui qui com­mande est un homme multiple. II faut au besoin qu'il

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or/çanise, et dans tous les cas, la condui te d 'une a r m é e es t une manuten t ion compliquée.

C o m m e organisateur , ^fapoléon n ' a é té inférieur à per­sonne , que Frédér ic le Grand, s iu les br i sées ,duquel il a nécessa i rement m a r c h é . " l ia guerre' , considérée c o m m e sc ience technique, di t l?oy, a fait d e s progrés con t inue l s mais lents depuis l 'emploi de la poudre jusque au r e n o u ­ve l l emen t du pas égal e t au perfect ionnement du s y s t è m e do feu dans les a rmées prussiennes. E l l e res tera p roba­b l e m e n t s ta t ionnaire , t an t qu 'une découver te cap i ta le n e produira pas une révolution dans les a r t s . E n effet , 'vingt-qua t re années do batai l les l ivrées au monde ent ier par la plus ingénieuse des nat ions , n 'ont suggéré aucun c h a n g e ­m e n t à l 'armé principale des mode rnes , le fusil garni de la ba ïonnet te ; et la tac t ique n 'a guères été poussée a u delà des combinaisons que le Grand Frédér ic a v a i t i m a ­g inées . "

l i n e lîtut point cou foudre abso lumen t l 'organisat ion des troupes avec leur adminis t ra t ion, et encore moins avec leur discipline.

F o y est toujours ma sôuroe pouf i l lustrer ces différentes branches de la guer re . " L 'œuvre que les Romains a v a i e n t a c h e v é e e n c i n q cents ans , Napoléon essaya, d i t - i l /d 'e l 'accomplir à' lui seul e t avec ii'ne séiilé générat ion. I l voulut ravir en couran t la conquête du monde ; son se ­cret é t a i t d 'ar r iver v i t e , encore plus que de frapper fort:_ Profond dans l'art d 'émouvoir l ' imaginat ion , le jour où on ne le croirait plus sur parole, son as t re devui t pâlir dans-sa course. Cet te ter reur de son nom, qu i paral isa long­temps le courage des ennemis , il la commanda i t par d e s ma rches glorieusement rapides. Des lors, plus de m a g a ­sins échelonnés sur des lignes d 'opérations i m p r é v u e s , ptus d e convois de vivres organisés dans des d i rec t ions cont inue l lement var iables , et le moins possible d e ces bagages si bien appelés par les anc iens impedimenta. Ainsi q u e la ne ige précipitée du sommet des Alpes d a n s les val lons, nos a rmées innombrables dé t ru i sa ien t e n que lques heures par leur passage, les ressources de tou te une contrée . E l les b ivouaquaient hab i tue l l emen t , e t i :

c h a q u e gîte, nos soldats démolissaient des maisons bât ies depuis un demi-siècle , pour construire, a v e c les décombres ces longs villages al ignés qui, s o u v e n t nedeva ie i i t d u r e r Hu'un jour . Au défaut ; du bois des forêts, les a rb re s frui*

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t i e r s , les v é g é t a u x préc ieux , comme le mûrier, l 'ol ivier, l ' o ranger , se rva ien t à les réchauffer.* Celui-lu serait mor t de faim, qui aura i t a t t endu , pour m a n g e r , que l 'adminis­t ra t ion de l'a'ftnéé lui fît distribuer les ration de pain e t de v i a n d e . ' l ies j e u n e s conscrits, transportés par un pou­voir mag ique , du foyer paternel aux ext rémités de l 'Eu­rope , nièlès tout à coup avec les bommes de tontes les contYée's, et irrités à la ibis par le besoin et par le dnnger , cor î t raè ta ien l une ivresse morale dont nous ne cherchions pas à les guérir, car elle les empochai t do succomber à dès fat igues inouies . Nous les avons vus, dans i'nge où le corps n ' a pas encore acquis son "entier déve loppement , dévorés p a r l e soleil en é té , ayan t la neige pour lit en h i ­ver , faisant des marches sans souiliers à t ravers les murais de la Pologne on au milieu des pointes de rochers des Alfies ou d e s P y r é n n é e s , réduits à ar racher au laboureur la f rugale nourri ture de ses enfants . Plus d'une fois il a fallu, rions, leurs généraux et Jeursf pères, fermer les y e u x sur i.es souffrances des habifans pour conrerver la vie de c ë s ' j e u n e s França i s , qui deva ien t la sacrifier avec plus d 'u t i l i té pour la pa t r ie . Ce désordre é t a n t reconnu iné­v i t ab l e , i| n'a pas toujours été facile d 'en fixer la durée et la l im i t e . 11 s'est a t t aché à la guerre d ' envahissement c o m m e une plaie d é v o r a n t e . Ce fléau est devenu ter r i ­b l e encore lorsque des passions exal tées ont mis les a rmes aux mains de ceux que' la condition de leur vie n 'appe­la i t pas iTi les porter. Malheur alors, trois fois malheur a u so l 'quc foulait le char de la victoire ! L à guerre d ' a r m é e à peup le participe do 'a nature des guerres civiles ; e t l 'on y commet, de part et d 'antre des cr imes qui n'insjii-r e n t ni dégoût ni horreur . Nos soldats , toujours géné ­r e u x dans leurs relat ions avec les guerr iers , furent n m e -n é s à ê t re inexorables envers le patr iote armé pour dé­fendre les fruits de son jard in ou l 'honneur de sa fille. L e s relat ions mil i ta i res n e présentèrent plus qu 'une sans g l a n t e série de vi l lages saccagés e t de villes empor tées d ' a s s a u t ; et s'il a r r iva i t que les minis t res d'un Dieu d<* paix se t ransformassent en chefs d'insurrection e t de g u e r r e , on ne s 'é tonnai t plus de voir le suidai violer les c o u v e n s , les églises et jusque à l 'asile des t ombeaux . "

L ' a r m é e française saccagea la b ib l io thèque ' du pr ince H a r d e t n b e r g . E u Por tuga l elle brûla Alcobaçâ "un des plus b e a u x m o n u m e n s gothiques et dé te r ra les rois. E l l e ne-

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tfesl pas mieux condui te après l 'action de Ma legnano , e t n ' ava i t pas mieux fuit dans l 'expédition de iamerd 'Azof . (*) F es Turcos sont une des hontes de la soldatesque f rançaise . Mais comment la g rande a rmée aura i t -e l le été d i sc ip l inée , q u a n d Napoléon ne l 'étai t pas l u i - m ê m e . " Napoléon , d i t encore F o y , fut pour les Prussiens sans générosi té e t s ans pi t ié . îl avait débu té dans sou ent repr ise par insul ter d é -loyalement mie reine belle, héroïque et m a l h e u r e u s e . Des contributions et des vexat ions , imaginées par le gén i e d e la fiscalité, a c h e v è r e n t dans le pays conquis ce que le pi l lage du soldat ava i t épa rgné . "

Ici nous aiderons le généra l Foy . En en t ran t à Ber l in , il promit de rendre la noblesse prussien ne si pauvre qu ' e l l e 'fût rédui te a mendie r son pain, et envoya pour a insi d i re a u x galères les officiers de la garde cha rgés de fers a u x ­que ls étai t a t taché un boulet. Il donna ordre de fusiller l e prince de [LtlzfeH, pour avoir é té fidèle à sou p r ince . L e duc de Brunswick, son adversaire de batai l le , blessé à mor t , lui écrivit pour lui r ecommander ses é t a t s : il r é ­pondit pur une t i rade contre ce qu' i l appelai t la d é m e n c e flii vieillard, saisit ses é ta l s , proscrivit sa maison e t l 'obli­g e a d 'al ler mourir en exil à Altona. Il réduisit la P russe an désespoir, à une époque où on n e pouvai t guères p ré ­voir que les Prussiens pourchasseraient à leur tour les F rança i s a Plaucenoi t , à Gônappe e t à I s sy ,—qu 'un dé ta ­c h e m e n t de L u u d w e h r prussienne fermerai t la c h a m b r e des 'dépu tés , et qu 'un vaincu uTena,—Muff l ing , d e v i e n ­drai t gouverneur de Paris .

l in Espagne , Napoléon prévit et autorisa l'affreux m a s ­sacre de Tar rugone , coupable d 'avoir soutenu cinq a s ­sauts , et il s ' exclama un jour a v e c une joio féroce : le peuple Espagnol n'existe plus] E u Al lemagne il t r e m p a ses mains dans le s ang d 'Andréas Hofer, le héros du T y -rol , 35 ci toyens furent fusillés à Vienne et 17 à Ber l in . Il faut avouer que ses l ieutenans la secondèrent il m e r v e i l l e . Suchet,—<i(i aura peine a le croire—força Garcia C o n d e do lui rendre la c i tadel le de Ler ida , en y pourchassant i

C) La correspondant du Times lut cet amer reproche gravé par on officier russe sur nn objet brisé du Musée delà villtt de Yenifcale:—

" tëans ce temple J» passé, j'ai vu les traces d'une invasion de T«n- :

dfcles. Français oo Anglais, faite» la guerre à l'humanité, mai» ne U faites point à l'histoire I"

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coups de canon les f emmes et les enfans . Massena fe« cueil l i t pour ses soldats les femmes depuis l'âge de douze a n s ju sque à quaran te c inq .e ton les laissa ensuite mourir d e fa im. Sotilt e t Bessières prononcèrent la mort contre tout paysan qui sortirait a r m é de son village, et ne furent a r ­rê tés que par le parti pris de la J u n t e Suprême d 'ordonner trois exécut ions pour une qui serai t faite parles F r a n ç a i s . S u c h e t , Clarke, Davous t , Rapp, Morand et bien d ' au t res furent a u t a n t de Ver res dans les pays conquis. E n un mo t , Bonapar te é t a i t le champion du vanclulisme, com­m e le cznr A lexandre e t lord Wel l ing ton le furent de la c ivi l isa t ion. " N o u s sommes trop sensibles û la gloire , d isa i t Cha teaubr i and en 1814, pour ne nous pas sent i r touchés , quand nous voyons ce vér i table grand h o m m e p r o m e t t r e , lors de notre retrai te du Por tuga l , deux gui-n é e s pour chaque prisonnier français qu'on lui a m è n e r a v i v a n t . Pa r la seu le force de son carac tère , plus encore q u e p a r l a v igueur de la discipliné militaire, il «miraculeu­s e m e n t suspendu en envahissant nos provinces le ressen­t i m e n t des Portugais et la vengeance des Espagnols . "

" L e s h ô p i t a u x ! con t inne Foy, not re guide, c 'est ici q u e l ' humani té en pleurs accuse les f irfaits de l ' ambi t ion. Il n ' é t a i t plus permis aux cœurs généreux de palpiter an réc i t de la victoire : nos lauriers é ta ien t noyés dans une (

m e r de sang . L e s conscrits vivaient trop vite pour du re r l ong t ems . L ' e x t r ê m e mobilité des a n n é e s et l ' incer t i ­tude des lignes d 'opérat ion ne pe rmet t a i en t pas toujours de const i tuer des hôpi taux réguliers , et compromet ta ien t sans cesse les évacua t ions . Les blessés furent souvent a b a n d o n n é s faute de moyens de t ransport . Vainqueurs ou va incus , nous avons perdu qua t re fois pins de reonde par le désordre inséparable de notre sys tème de gue r r e , q u e par le fer ou le feu de l ' ennemi . "

" Napoléon put a u g m e n t e r a. sa fantaisie des a r m é e s des t inées à vivre a u x dépens de l ' é t ranger . L a disposi­t ion législat ive qui fixait à quatre années le service des conscri ts , fut com m e non avenue ; on en t ra dans le service mi l i t a i r e pour n ' en plus sortir v ivan t . Le vote des l e ­vées annue l les passa du corps législat if au sénat . U n consei l ler d 'é tat fut préposé à la direction de la conscr ip­t ion , et ce ne fut pas le moins important des dépa r t emens minis tér ie ls , que celui d 'approvisionner l 'autre du l ion . D e s colonnes mobiles parcoururent le territoire de la

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France , e t cont ra igni rent , l 'épée à la ma in , la nat ion à deveni r conqué ran t e . I l fallut établ ir une légis la t ion d 'except ion pour une foule de déli ts nés d 'une t y r a n n i e nouve l l e . Lu l imite de vingt à v ingt-c inq uns, é tab l ie par la loi famlainentale , no suffit pas longtems à la con­sommat ion de IVspèco. L e g o u v e r n e m e n t recula d a n s le pasïé, e t ant ic ipa sur l 'avenir . Accouplant ensemble la ruse, qui déconsidère, e t la force, qui fait haïr, il ima­gina, pour tromper le peuple, des appel lat ions inus i t ées . T a n t ô t des légions dites de réserve é t a i en t créées pour u n e dest inat ion spéciale, et à peine tonnées , on les t ranspor­tait à une autre . Tan tô t on fesait des appels de volon­taires , comme si le mot seul n 'eût pas é t é une dér i s ion . Les ci toyens mariés et l ivrés aux t r avaux utiles é ta ien t , r equ is e t dépaysés sous le nom d e gardes nationales en activité. Ou leurrait les j eunes soldats en les fo rmant en régimens-adjoints à la garde impér ia le , s ans en p a r t a g e r les prérogatives. Les conscrits, échappés au se rv ice à p r i s d 'argent , furent repris plus tard dans les g a r d e s d 'honneur , dans le t u n e t l ' a r r ié rc-ban. Désormais , pour un F r a n ç a i s , lu mort nature l le é t a i t ce l le qn'on t rouva i t au c h a m p d 'honneur . On on v i n t j u sque à d e m a n d e r onze cents mille soldats , en une seule a n n é e à u n e na t i on épuisée par trois mille combats et ba t a i l l e s . "

L e Journal des Débats a fait une remarque qui m e frap­pe. Lo duc do Wel l ing ton avuit une belle et g r a n d e qual i té ,—le respect pour la vie des h o m m e s : il m é n a g e a i t le s a n g . Mais c 'est imcore une de. ces qual i tés qu i n e sont pus fuites pour toucher les musses, et c'est p réc i sémen t par les soldats qu'el le est le moins appréciée . L ' e m p e ­reur n 'é ta i t point avare d 'hommes , et il est resté le d ieu des soldats et du p e u p l e . "

C'est un fait, et pour tan t ,que de dé loyauté n'y a-t-il pas d a n s le caractère m ê m e purement mil i taire de Bonapar te ! . . . . En E g y p t e , K l e b e r ne le dénonce t-il pas a v e c ra i -

sou au Directoire c o m m e déserteur de son a rmée ? N e le voit-on pas massacrer en pla ine la garnison de Jaf-fa—quat re mille h o m m e s , auxquels il v i e n t d ' accorder une capitulation ? N e rapporte-t-on pas la belle réponse du chi rurg ien Larrey , à qui il proposait de donner du poi-spn aux blessés ? E t cer tes ! la voix du soldat en f a v e u r d e Bonapar te eût été sans doute moins u n a n i m e , s'il n 'eût, t rouvé le moyeu de se défaire de l ' anc ienne a r m é e de l a

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République, —de l'armée de Morean, dont, la victoire d'Ohenlinden lui portait ombrage. Quelle fut la récom­pense de si glorieux services ? Il envoya cette arniée se faire tuer par les nègres d'Haïti ! Bonaparte a dit avec raison de. Pichegru, que le crime le plus révoltant est ce­lui de prêter soi-même la main à la tuerie de ses soldats. Or ce qu'a fait Pichegru, Bonaporte l'a fait lui-môme dans des circonstances bien plus aggravantes. Il répondait au citoyen Forfait, qui lui démontrait l'impolitique de l'ex­pédition: "foi besoin, vous dis-je, de me débarrasser de 60,000 hommes.'''' Il voulut corrompre les juges de Mo-reau pour faire trouver contre lui un crime capital ; mais il reçut d'un des membres du tribunal une réponse cligne des plus beaux tems de la magistrature. Pichegru fut trouvé mort dans son cachot par le moda d'exécution usité en. Turquie. Assurément ,dans les décrets de la la providence, la captivité de Ste. Hélène était un sort t ien doux pour l'auteur de si grands attentats contre l 'humanité. Le climat ne lui allait point ! Mais Tous­saint LouVerture, saisi à la faveur de la foi trompeuse d'un traité, ne fut-il point séparé de sa famille et envoyé au château de Jonx dans les montagnes du Jura, dans le des­sein de faire agir sur sa constitution un climat contraire au sien 1 Et comment l'organisateur des prisonsi.d'é­tat, dont le cardinal Pacca nous a laissé une si navrante peinture, a-t-il pu léguer l'opprobre de sa mort à la maison '.régnante d'Angleterre ? . . . . lui le geôlier de Pie et da Fernànd VII ! Etait-il bien Thôniistocies, et George, Ai-taxerxes?. Ce n'est point tout. Nous, avons vu comment il se comporta avec le duc de Brunswick. Ses impréca­tions contre Wellington ont fait dire à Lamartine : "des protestation n'altèrent pas les événemens et ne changent point les personnages historiques. Il faut être capable de regarder sa fortune en face quand elle est contraire comme quand elle est complaisante ; le génie devrait ren­dre justice au génie même dans un adversaire, et une diffamation comme celle-là n'est point du patriotisme. Elle n'a point exalté Napoléon n i : rabaissé Wellington." —Invoquons aussi le témoignage du réfugié Charas ; —" Il eût fait retraite s'il eût pu, a dit Napoléon ; triste vengeance du vaincu, que cette allégation tant répétée ! Le plan du général anglais, se reposait sur la défense du plateau de Mont Saint Jean jusque à l'arrivée des colon-

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n é s prussienne» ; e l l e s é t a i e n t pr .K-hr». n ,1 aurait renon­c é 4 lo d i s p u t e r a v e c I» masse d<- !„„• . . - . qui lut r o t u i m t e n c o r e ! . . . . Vous pouvez <*•;(•• U-id.i JJtH ; •)<»•;* «ont vos projets , vus ins t ruc t ions /~<| . - - teint m j«"*«|«e au dernier h ->mrac .~ -Ke in r . t , q iu a r<«rup!i*.> I v k m , dçnuuir d e d e s renforts :—QtiM n 'y i't»n»jii..t p . . - . < t eptM truntinite l a J u l i e . — L o mol d» la ji»un*êe C H I ( | * » I > » CI>» l u t v m q i t e a r é p o n d s digne» do l ' an t iqu i t é , d<-s plu» In-anx U-iu* da n o t r e R é p u b l i q u e . I! «..%t pu i -u l , | H - a lt-.n..Mble- vlo mé­connaî tre ses e n t r e m i s . " ( • )

Ma i s l e combla d e l ' appro^e ; r V \ t m tr*Uin>ent de, mourant , qui déc lare , q u e si le meurtre du dm- d'Iviglufa é t a i t 4 refa i re , il n ' hé s i t e r a i t p o m t , et .pu J i^ue 10,'KKî francs un hustnrd Cun t i t l on , q u i a l en t* iTuvattsiner ion • d v e r a i r e do Uuindle, " 11 y n des» actions <pn licinr»«ni l ' a u mu m lé. " » d i t M . Capet igm*.

Son par jure r é s e r v é , il n 'y à p o i n t pnnu.- nnr> parfit!» l i s t e d e forfatti & por ter ou e u r e p t e «le >' i|K>!é>>u III ; m a i s le fait qu ' i l em l'tuuqiio s o u t i e n eflkace de* déier-dres do tout g e n r e s qui se c o m m e t t e n t dans let I «égalions d o l ' E m i l i e , d o i t lo fa i re j u g e r «apwlde de tout. Mes ami» « o n t témoipw <}tte,d*âa le, début d e l a guerre d'l!:ili<\ je n'ai plu* r i e » a t t e n d u d e l » n «loi d e e e t >',*• ' î a n r w l d i , se lon e u x si d é s i n t é r e s s é . E t V«n va voir <p.te les traita d u - p o r t r n t du neveu «ont .n »r mbîui.tc» ilr> «ont point à oolut do l 'oncle, q u e l 'on peut p révo i r tpte *i la fortune lu i d e v i e n t c o n t r a i r e , il n 'aura pas non plu» assex de c œ u r pour l'eaT«i8g«r é igr ieraenî .

t*) I l faut arêtier qu*>}l* K<rér»ti<»!ir» Rare;>»» <« («( r«n<î»ft 6iet*. Ko rSVt, IJ écrirait »« n»r4<-twl iu»J tUn»',».! : ¥ > m «in h»»e IleArJ of our bailla i.f ibo I8ife. X»«ct .:.i ! , ( «ue!j * po*%-4 l n f tnateti, Itotb w«re wlial th« h»t*r* ttUgt;»-»» fMiparu <JW-aot mamaurr» »t ail. H» j a « *t»r««l f»r»»t4 m tk» <Ai #»>!*, la fa-luron» (*) , «nd drir>n »n t l» oid • Tl.» »„|_r .î.ff'frnt» * M Iqal ))« inued a u ' . i . ï »i:lt lit* mfatii»; «••! Mj<fiaf\*.J l> .»t, «.<b «•> «uniro-in* q'itntit/ uf «rltlUr/. We tt»<t f i * Jung Lira* tfce Kf«r.4.'« «alfcloj; abeat ut M if thsjr In4 t»«t» o»r «*;>. t • * « « M * I»« Bftttst» Inf*olry t w h A T » la w*ll.

t « ) J iniuii lui r«(>roeb* «i{4ltn>«nt c * u » » 5 i « j 4 » *«?assti pre-Êinds*, qui n'irait jniaais ravwi e^elr« K M li$<m M > ( i u n l i b«vuH»

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n.

B , ™ que les mœurs des t e m s m o d e r n e s ne donnent «u« t rés iw» d'encouragement à. nos g r a n d s hommes de se fkiiv pauer tour de s dieux on d e s p r o p h è t e s , d i t .auteur de J U T h é o r i e des S c n t i m c n s M o r a u x , l e succès cepen­dant j o i n t » «ne grande faveur p o p u l a i r e , leur a quelque-Ktu («urne In têtu au point ciuMs s e s o n t attribué une im­portance c l une habileté b ien a u - d e s s u s d e la réalité, et nu'nno toli.» présomption les a r e n d u s téméraires,—les a B B p a g é s dans des entr-prisos r u i n e u s e s . On peut surtout Ktnhtier à Nnpoléon I I I , bien plus e n c o r e qu'à Napoléon 1er , le portrait que le Chance l i e r C o w p e r fesnit du fa-. tne-nx l!*r><7, comte d'Oxford. ( * } M a i s l e fond du carac­tère de l'un rt du- l'riutre, est un c o m p o s é de supercherie et de d/upheitô, avec pur in terval l e s d e s a c c è s de franchi­se inattendue, de» exemples d'in Çàtuat ion indicibles, do rrmiN projets enfin, i n ' r e m f l é s de t r a i t s de petitesse. Mats N(!|t>îéi>u I l f agit davtbrttnge pa r soubresauts, ses «étions brillent d'un moindre ' . ' é c l a t , e t partant, il échap­pe m o i n s au jugement de l 'op in ion : e l l e le taquine, par-c«quM n«' lu réunit pas au s i l e n c e par. d e s coups de ton­nerre. Il n Vit point ce meteo.ee q n i peu t j e t e r tonte line nation dan» Pillimon ou dans la s t u p e u r j mais il poussa la dissimulation beaucoup plus l o in ; i l e s t le Louis X I , la îe Cruntwell de la F r ance , sous c e r a p p o r t .

Napoléon 1er. ne fesait de t r a i t é s , b i e n souvent, que pour cacher un projet qu'il n ' a u r a i t pu a v o u e r . e t sur lequel il-rouhnt qu'on prit le c h a n g e . T e l Çut te traité aveo Toussaint r .ouverture, qui fut s u i v i de l'arrestation de ce fondateur; tel fut aussi le t r a i t é d o S a n Lauranzo ponr la partition du Portugal, à l a q u e l l e i l n e songeait nulle­ment, mais dont il se servi t pou r r e m p l i r l'Espagne de •es troupe» ; car il p o s a i t d e p u i s lonc terns déjà à se * » ' d e « » t e monarchie. D e l a p a r t do Napoléon I I I ,

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les formalités du traité de Zurich maintenant virtuelle­ment annuité, ont semblé couvrir des projets non moina nébuleux. C'était de la part de l'oncle, se créer de l'em­barras bien inutilement; car il était plus maître de l'Es­pagne (JHC le gouvernement du pays même. Il crut long-tems avoir joué une fameuse pièce ; mais sou guet-à-pens tourna à la fin contre lui-même, car alors il aurait bien voulu se débarrasser de Barcelone, Pampelune, Figuières, Gérone, où il était entré en traître. A l'heure où il n'a­vait à opposer que 4>0,()00 conscrits aux alliés se rappro­chant su us cesse de Paris, 150,000 vieux soldats restaient inutiles dans les forteresses de l'Allemagne et de la. Pé­ninsule. Il renvoya Feruand VU en lui fesant promet­tre de lui rendre ses vétérans; Mais Wellington em­pêcha les Cortez de consentir à une évacuation qui aurait fourni -X Napoléon 50,000 grognards, avec lesquels il aurait peut-être refoulé la coalition sur le Rhin. Le com­missaire anglais Stuart dissuada également Bernadette de permettre à l'armée de Davoust d'évacuer Hambourg.

Napoléon voulant détrôner la maison de Bragance, se hftta trop de parler. Le prince Régent se refusait a. émi-grer au Brésil, quand Sidney Smith lui apporta le Moni­teur. Il y était écrit : La Maison de Bragance a fini de régner. C'est comme Napoléon d'aujourd'hui ; la France est sur le point d'avoir la gloire de posséder dans son sein un congrès qui va régler la question d'Italie ; les pléni­potentiaires sont nommés,—ils arrivent. Mais l'empe­reur ne peut retenir sa langue ; il lance dans le public f3 raille exemplaires de son incohérent quoique brillant pamphlet, et'le Congrès se disperse ou n'arriTe.plûs., "La tirade de Napoléon l ï ï à l'ambassadeur d'Auïricrie, le "pre­mier de l'an 18f>9,est la copie de l'éclat indiscret que lé.p.rp-raîer empereur fit dovant lord Whitworth enpr^sence de tout lç corps diplomatique, peu après la* paix' d'Amïéns. Napoléon 1er se jouait des traités diplomatiques ; mais çfn ne voit pas qu'il violât la parole donnée spontanément : il ne reste plus vestige de confiance dans l'empereur d'au­jourd'hui, parce qu'il viole, à la suite d'un traité solennel, la parole donnée sans demande à. son clergé et au Souve­rain Pontife. Chez le premier, c'était pour ne pas trop descendre de sa grandeur ; ce n'était pas manque de •wpercherie et d'infidélité. En effet, ce poterrtat crée là Confédération du Rhin ; il invite le roi de Prusse à cons-

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t i tuer u n e au t re Confédérat ion dans le Nord de l 'Allema­g n e ; mais il en exclu t expressément les Villes H a n a é a -ticjiics, et il négocie sous mains a v e c les électeurs de Hes.se e t d e fc'axe. pour les empêcher d'y entrer. Que restai t- i l peur former lo contre-projet do la Prusse 1—Il p rend en I ta l ie la cou remue de 1er il lu condit ion de la r e m e t t r e à u n . a u t r e aussitôt que les troupes é t rangères a u r o n t évacué i e , royaume de Naples , où il n'y avait point d ' an t re s troupes é t r angères que ses soldats . Il garantit l 'in­tégr i té d a X a Por te avec la Prusse , e t il envoie cependan t Laur i s ton saisir la Répub l ique d e i l a g u s e . I l défend Cons-t an t inop le .contre les Ang la i s et les Russes , et , p a r l e t rai té de .Tilsit, il laisse car te b lanche à la Russie . Lo rgi d e , S a x e ne lui douua-.t-il pas un exemple de fidélité m i n e u s e , ; en 1813 . e h bien 1 en essayant de nouer u n e négociat ion séparée avec le czar , il propose d'ôler a. son al l ié le g rand-duché de Varsovie, pourvu qu'on a g r a n ­disse le! r oyaume ,de Wesfpha l ie pour J é r ô m e Bonapar te . Que l trafic &'a-t-il pas fait de la Pologne ? Napoléon I J I sera- t - i l p lu s fidèle à ses all iés ? . . . On l 'accuse déjà d'a­voir a b a n d o n n é l 'Ang le te r re en C r i m é e . A-t-il é té sé­r ieux , q u a n d il a offert au pape , l a présidence d 'une Con­fédéra t ion I t a l i enne ? . . . Ce t i t re .n 'é ta i t pas moins futile,

• s inon,auss i . r id icule que celui d 'empereur .des deux A m é ­r iques , que Napoléon 1er fesait prendre au bpn.C.hnrlesIV, à.la ve i l l e de lui en l eve r ses .états., Mais de nos jours on ne t rouve plus de si'-bons. rois.. Napoléon I I I voulait bion p lacer à Naple,s un M u r â t ; mais le feu ro i s ' es t r e n c o n t r é , qui a . b r avé la F r a n c e et -Albion sa compagne . Pie I X a voulu imi te r . ce roi fort.au centre même de Jadaibiesse. (?)

•Le*ïè£ornxes;Wulue.s par . le ,s iècle.sont le p r é t e K t e d n s e ­cond e m p e r e u r . I l faut b i en qu'il fasse comme «on onc le , qui d o n n a à l 'Espagne des, réformes in tempest ives . R i e n

i f,>.Le, CapaiJa,;enToie,à§8.- le, témoignage; do l'admiration qt ie lui inspire un si grand.courage. MnisJe3organisatcurc de, l'assemblée, do Montréal ôht ' lu , entre autres torts, cellii '«"donnerl 'exclusion an pre­mier magis t ra t de la Cité . S 'ils ne s'étaient point réservé expreirt-mentiU monopoleûu'discpura. 'on aurait pu leur dire queleaiftots austi

qu'ils établissent nne comparaison, par exemple, entre l'autorité du Souverain Pontife et celle de Napoléon III, qui n'a pourtant d'autre base que le parjure. " Quels senoen» a-t-il violés I" dit de Pi« l * i « • 4èiM&t»îenflBerfc ! ! j : • : "' ' : ' . ; '

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n'était plus impolitique de sa part, dit l'historien Laval-lée, que de s'aliéner d'avance le Clergé ? Quant aux E s ­pagnols, ces réformes n'étaient point non plus de leur goût alors, quoique les idées révolutionnaires n'aient que trop germé dans leur malheureux pays. L e s moines nourrissaient le peuple et exerçaient l'hospitalité. L e menu peuple périt de misère partout où on abolit les moines, de l 'aveu tardif d'écrivains même protestans, tel que Tiuner. Tour Napoléon III , il est vrai qu'il ne s'est pas mis le CJergé à dos tout d'abord ; il a commencé par s'en servir, puis )>nr le tromper. Mais la sc ience du mo­raliste et du publieiste a été épuisée dans les réclamations d e s évéques d'Allemagne, d'Espagne, d'Irlande et des Etats-Unis, et dans cel les de l 'évêque d'Orléans, des com­tes de Fa Houx et de Montalembert ,de lord Nornianby et de MM. Villemain, Foisset, Veil lot , Poujoulat, Albert de Broglic, Alfred de Net tement , de Sacy. Aussi n'ai-je pas un mot à ajouter à ce qu'ils ont dit sur l'inviolabilité du pouvoir temporel du Saint S iège . Douter n'est plus permis qu'aux esprits totit-à-fait dévoyés . Il n'est pas fort étrange que Napoléon III , souverain illégitime , veui l le remplacer le droit par le fait ,— il ne l'est pas m ô m e que le fait récent lui convienne mieux que le fait ancien ; mais il l'est dn moins qu'il ose l'avouer, (f)

J'ai dit cependant qu'au mil ieu de la duplicité des deux empereurs, il y a parfois des accès inattendus de franchise. Voici quelques avQiix du premier. " Cette combinaison m'a perdu, dit-il, de la guerre d'Espagne,— toutes les circonstances de mes désastres v iennent se rat­tacher à ce nœud fatal ; elle & détruit ma moralité en Europe, compliqué mes embarras."

\ " La Russie ! . . . . n'est-ce pas la tête de l'hydre, l'An-tée de la Fable , dont on ne saurait venir à bout qu'en le saisissant au corps et l'étouffant dans ses bras 1 Mais où trouver l'Hercule ? Il n'appartenait qu'à nous d'oser y prétendre, et nous l'avons tenté gauchement, il faut en convenir." ) ..« J'ai été gâté, il faut l'avouer ; j'ai toujours comman­dé, dès mon entrée dans la v i e . J e me suis trouvé nanti

<f) L'arctavêque de Dublin, en Irlande, et l'é>ôque de St. ByaCH»' tue en Canada, avaient bien jugé de l'homme !

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d e la puissance, e t les circonstances e t m a force ont é t é te l les , que , dès que j ' a i en le c o m m a n d e m e n t , j e n ' a i plus r econnu ni maî t res ni lois."

D a n s le manifeste qui a suivi les prél iminaires de Villa F r a n c a , Napoléon I I I analyse ses mécomptes avec un non moindre a b a n d o n , peut -ê t re .

Napoléon 1er e t Napoléon I I I on t é té des tyrans dans tou te la force de l 'expression ; mais le premier ne s 'est g-uéres démen t i , tandis que le second est en contradict ion f lagran te avec lu i -même,—en F r a n c e , champion du des -potat , e t de la l iberté licencieuse e u I ta l i e , (f)

" Bonapar te r e l eva le t rône, dit le général Foy ; la postér i té dira au profit de qui . Hér i t i e r de la Révo lu­t ion e t succédant à la Républ ique , l 'autorité impériale fut s a n s frein, sans l imi tes . L e séna t appri t au peuple j u s ­q u e à quelle abject ion peut descendre une assemblée don t les membres , r ecommandab les d'ailleurs par l 'exer­cice individuel des ver tu? ou des ta lons, ne sont liés en t re e u x ni par le s e n t i m e n t des devoirs envers la pa t r ie , n i m ê m e par l 'esprit do corps. L a na t ion perdit le peu do l iber tés que l ' anc ien rég ime lui a v a i t laissées, et ton tes celles que le nouveau lui ava i t données . Droits politi­ques , in térêts particuliers, propriétés des communes , édu­ca t ion , science, pensée , le g o u v e r n e m e n t envahi t tout . O n sent i t son poids d a n s la famille c o m m e dans la C i t é . L e s F rança i s ne formèrent plus qu ' un gros bataillon m û au c o m m a n d e m e n t d ' u n seul h o m m e . Le Clergé fut ré­d u i t a u rôle d ' i n s t rumen t docile des volontés du mftître-(Le Clergé d'aujourd'hui tout-à-fait-'aveuglé tVabord, mon.

[ t ] Voici ce quo disaient en 1814, dans un cas analogno à ln dépo­sition du Pape par un Congrès, Talleyrand et le comte de Maistre :

" Pour reconnaître cette disposition, il faudrait reconnaître commo lée'uime, il faudrait tenir pour vrai que les nations de l'Europe ne sou point unies entre elles, par d'autres liens moraux que ceux qui les unis­sent aux insulaires de l'Océan austral ; qu'elles ne vivent entre_cllu* que sous les lois de la pure nature, et que ce qu'on nomme le droit pu­blic de l'Europe n'existe pas ; que, quoique toutes les sociétés civiles, par toute la terre soient entièrement ou en partie gouvernées par des coutumes qui sont pour elles des lois, les coutumes qui se sont établies entre les nations de l'Europe, et qu'elles ont universellement, cons­tamment et réciproquement conservées pendant trois siècles, no sont point une loi.pour elles ; en un mot, que tout est légitime à qui est le plus fort."

Un roi détrôné par une délibération, par un jugement formel de BO»

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trc bien un autre sputacle !) Dans ce t t e F r a n c e , si egité© peu a u p a r a v a n t par des assemblées turbulentes , les c i ­toyens n ' ava ien t plus lo pouvoir de se réuni r .—Quand OU veu t gouverner les' bouillies par leurs vices, on d e v r a i t ' s e garder de les éclairer , car l'effet des lumières .est de-jeté*! d a n s les esprits des idées justes sur les droits .et htn de-, voirs de chacun . Ici il y eut d a n s lu marche de ,>iiipo-léon une contradict ion qu 'expl ique son e n t r a î n e m e n t v e r s t ou t ce qui ava i t do l 'éclat . D'une, pa r t , , la presse é t a i t esclave ; la police repoussai!. l:i véri té avec a u t a n t d.ë soin i|ii<- s*il s e lut ajri d'écur'u'r l ' invasion de I V m i e m i . "

Mais Napoléon Bonapar te n 'écr ivai t pus os tens ib lement des pamphle ts ,—il ne s'imposait pus, a v e c ses min is t res , a u x gn/ . r i tes e t ne prétendait, pas y avoir le de rn ie r r a i ­son , comme l ' empereur d ' au jourd 'hu i . Une condu i t e auss i peu digne ne justifie que trop le surnom de .Napo­léon le l 'él i t , que Victor Hugo et l e s réfugiés lui on t don ­n é tout d 'abord. D'ail leurs, l 'oncle liilsiliait les d o c i u n e n s d e l 'é t ranger , c o m m e lo neveu a voulu qu'on falsifiât u n e al locution du pape . Quoi de plus amusant , pour nom* Catladions,que le inouvementqt ie se donne le po ten ta t pour empoche r do se r épandre la d e u x i è m e let t re de M p r . D u -pan loup l La suppression de l'Univers, jointe à ces belles évolut ions , n 'esl-el le pas la preuve que la, position par lui prise, fil. intenable (levant le tribuinil do l'opinion ? F r a p ­per n'est pas repondre , a dit Al. Guil iurdet . -i

" Bonapar te r e v e n a n t d 'Orient , dit Al. Thiers , l 'u t sa lué souvera in et appelé an pouvoir. Ce n 'é ta i t pas la l iber té qu ' i l vouai t cont inuer , car elle ne pouvait pus exis ter e b -core : il venait, sous les formes monarch iques con t inue r lu révolution dans le monde , en se plaçant , lui p lébé ien , isur le t rône, et mê lan t tous les peuples ;—en r é p a n d a n t les lois françaises en Al lemagne , en I ta l ie , en E s p a g n e , en ébran lan t et confondant toutes les choses. Voilà que l le tàe l ie profonde il a l la i t remplir ; e t , pendan t ce t e m p s , là nouve l l e société a l la i t se consolider a. l 'abri de son épée , et la l iberté deva i t ven i r un j o u r . " .

collègues, disait le comte de Illustre, c'est une idée raille fois plus terrible que tout ce qu'on a jamais débité à la tribune des Jiieobios ; car les Jacobins fesaient leur .métier ; mais lorsque les principes les plus sacrés sont attaqués par leurs défenseurs naturels, il faut pren­dre le 'deuil."

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Napoléon I I I r è g n e e n ce momen t . J e le d e n i ^ d o ' M . Tl i iers , Ja l iberté est-elle venue 1 . . . . La révolution doi t -el le durer é te rne l lement ? Qu 'a fuit l 'empereur , sinon me t t r e le feu dhns- ce t te I ta l ie , mille fois-' moins malheureuse-'-sous le joug régulier de l'A «(riche, 'qu'au-mil ieu d e la-discorde civi le '! N'auroi iNelles plus d ' te l io , ces-paroles ' chi -grand initiistre Cà t i n ing , prutroircàes on-1815 ? " Le formidable déluge q\ii ava i t submergé- le cou? c o n t i n e n t c o m m e n c e à• la isser ; les l imites des nations r e d e v i e n n e n t visibles, e t voici que les clo&h'ers et les tours dis anc i ens états - Commencen t à' repara î t re auidesstts' de» v a l u e s , qui -s'affaissent-." . j

• Il s e m b l e , au cont ra i re , que Napoléon I I I veuille d é ­t rui re pas à pus i 'œuVre des Congrès de l'époque, et que la Russie et la Prusse ne s'en soucient nul lement ,— ,1 ' eno parle pas:dé l 'Autriche,-laissée seule,—ni d'Albion, q u o le po ten ta t ilinsio'nnB en se - lésan t l ' instrument de sea ha ines contre le catholicisme, e t en é p o u s a n t s e s .idées d 'économie pol i t ique .—Ne peut-un passe flatter que l 'Eu­rope va bientôt sortir de sa léthargie ?

Mais quel sera r ecue i l du per turbateur du m o n d e ? — N o u s l ' ignorons. Cependan t le mot de Bossuet est resté : les hommes agitent, et Dieu les mène. L e pape croi'-il que les a r m e s tomberont des mains de mes soldats 1 disait Napo léon 1er, e t un historien protestant , Alison, avoue que la providence lui donna le démen t i à Moscou. U n e qual i té qui fait surtout défaut à l ' empereur , c'est le don. de prophétie : il le laisse bien voir dans le manifeste de Villa F r a n c a . Il y a pourtant des hommes qui l isent d a n s l 'avenir . Si ce n 'est pas M. Tli iers , c 'était peut-être le v icomte de Cha teaubr iand , quand il écrivait plusieurs mois a v a n t la ca tas t rophe du Mont Sa in t - Jean ,ce t t e bel le page dans le Moni teur de Gand :

" Bonapar te , placé par une fatalité é t range sur les côtes d e F r a n c e et d ' I ta l ie , <-st descendu comme Genseric là où l 'appelai t la colère de Dieu. Espoir do tout ce qu i avait, commis et de tout ce qui méditait un c r ime , il est v e n u , il a réussi. D e s hommes accablés de vos dons, le sein décoré de vos ordres, ont baisé le matin lu ma in roya le , que le soir ils ont t rahie . Sujets rebelles, mauva i s F r a n ç a i s , faux, cheva l i e r s , les .serrçens qu'i ls vena ien t de vous faire a |ïèiûc-r a s p i r é s su»- lexirg. Î6v'rés,.i;s sont a l l é s , le lys su r la poitrine",'jiîrèï pour ; âinsf ' 'x lJrê; je parjure à

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celui qui se montra si souvent lui-même Iraître, félon ei déloyal. Ces bouleversemens subits sont fréquens chez tous les jieiiples qui ont en l'affreux malheur de tomber sous 1» des|iotisme militaire. L'histoire du Bas-Empire, otUe de l'Egypte moderne et des Régences Barbarasques en est remplie ; tous les jours au Caire, à Alger, à Tunis, un bey proscrit réparait sur la frontière du désert, quel­ques Mamelucks se joignent à lui, le proclament leur chef et leur maître ; peur réussir dans sou entreprise, il n'a besoin ni d'un courage extraordinaire, ni de combi­naisons savantes ; ni de talcns supérieurs : il peut être le plus commun des homme», pourvu qu'il en soit le plus méchant. Animées pur l'espoir du (pillage, quelques ban­des de la milice se déclarent ; le peuple,consterné, trem­ble, regarde, pleure et se tait : une poignée de soldats armés en impose à la foule sans armes. Le despote s'a­vance au bruit des chaînes, entre dans la capitale de so» empire, triomphe, et meurt 1"