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Congrès International ADELF-SFSP / Revue d’Épidémiologie et de Santé Publique 61S (2013) S206–S264 S223 la prostitution. Elles étaient ivoiriennes (67,7 %) et célibataires (89 %). Parmi elles, 66 % avaient au moins un enfant et 76,3 % avaient fait leur test de dépistage de fac ¸on volontaire à la Clinique Confiance (94 %). Seules 31 % d’entre elles avaient informé un tiers de leur statut sérologique et dans 71 % des cas des mois plus tard ; 85 % n’avaient pas informé leurs partenaires sexuels de leur statut sérologique mais 96 % des PSS utilisaient des préservatifs. Celles qui avaient des enfants ne les avaient pas informés (68,18 %) de leur statut sérologique néanmoins elles ne se sentaient pas différentes des autres (94 %) ; 87 % des PSS exerc ¸aient toujours la prostitution et celles qui avaient abandonné la prostitu- tion exerc ¸aient maintenant un commerce (69,20 %) ; 36,8 % recevaient de l’aide financière de Espace Confiance. D’autres recevaient de la part de l’entourage de l’aide (74 %) qui était d’ordre financier (58,10 %) et moral (35,10 %). Elles trouvaient l’appui financier acceptable (66 %). Conclusion.– La prostitution couplée à la séropositivité au VIH constitue une « double plaie » pour les PSS. Leur sensibilisation et leur prise en charge effi- ciente devraient réduire la transmission du VIH. http://dx.doi.org/10.1016/j.respe.2013.07.061 Session B3 – Prévention et personnes placées sous main de justice B3-1 État des lieux des actions de prévention en milieu pénitentiaire – enquête 2010 K. Chemlal , M.-C. Paty , P. Deutsch Institut national de prévention et d’éducation pour la santé, Saint-Denis, France Introduction.– Dans le cadre du plan d’actions stratégiques 2010/2014 des per- sonnes placées sous main de justice, l’INPES a réalisé en 2010, à l’aide d’un groupe de travail, un état des lieux sur les conditions de réalisations des actions de prévention et d’éducation à la santé (EPS) en milieu pénitentiaire. Méthodes.– Un questionnaire a été adressé à l’ensemble des unités sanitaires (US ex UCSA). Ce questionnaire portait entre autres sur l’organisation de la mise en place des actions de prévention, sur leur nombre, leur typologie, les freins et les leviers identifiés. Résultats.– Le taux de participation était de 63 %. Des actions d’EPS étaient réalisées dans 85 % des établissements répondants. Il existait un comité de pilo- tage dans moins de la moitié des établissements. Un programme d’EPS a été élaboré dans 68 % des établissements répondants. Les actions étaient réalisées par les US seules ou associées à d’autres partenaires dans 90 % des cas. Les agences régionales de santé financ ¸aient ou participaient au financement de 40 % des actions et les établissements de santé à hauteur de 36 %. Parmi les difficultés relevées, le manque de temps soignant est souligné par 51 % des répondants et les difficultés de financement dans 42 %. La qualité de la coopération avec l’administration pénitentiaire est un facteur facilitant pour près de 40 % des répondants. La sollicitation des personnes détenues dans la définition des actions reste faible. Conclusions.– Le taux de réponse à l’enquête est bon et témoigne de l’investissement des équipes sur cette question en dépit des difficultés rencon- trées dans la réalisation des actions d’EPS qui apparaissent encore hétérogènes. Les recommandations issues de l’enquête ont été diffusées au niveau natio- nal, régional et local et ont pour objectif d’améliorer la structuration des programmes d’EPS en milieu pénitentiaire. La production prochaine d’un réfé- rentiel d’intervention pourrait être un outil structurant supplémentaire pour tous les intervenants dans ce champ. http://dx.doi.org/10.1016/j.respe.2013.07.062 B3-2 Y a-t-il une surmortalité à la sortie de prison ? Analyse de la survie à cinq ans d’une cohorte de sortants de prison A. Désesquelles a , A. Kensey b a Institut national d’études démographiques (Ined), Paris, France b Direction de l’administration pénitentiaire, Paris, France Contexte et objectif.– En France, la mortalité des personnes détenues à leur sortie de prison a été très peu étudiée. Une fois contrôlé l’effet de la structure par âge et par sexe très particulière de cette sous-population, on s’attend à une surmortalité significative par rapport à la population générale. De nombreuses études ont en effet montré qu’en moyenne, l’état de santé des personnes détenues est médiocre. La sortie de prison est en outre une période à risque : réexposition à divers risques dont celui lié à la consommation de stupéfiants, interruption potentielle de traitements, difficultés de réinsertion, etc. Données et méthodes.– La communication proposée s’appuiera sur l’exploitation d’une base de données constituée par le Ministère de la Justice à partir des fiches pénales et d’extraits du casier judiciaire d’une cohorte de sortants. Le décès des personnes nées en France ayant un casier judiciaire est reporté au casier. L’échantillon comprend 8419 personnes détenues sorties entre le 1 er juin et le 31 décembre 2002. La survie dans les cinq ans suivant la sortie sera comparée à celle observée en population générale, à structures par âge et sexe comparables. Des modèles de régression logistique seront également mis en œuvre pour étudier l’effet des caractéristiques à la sortie (caractéristiques sociodémographiques et parcours pénal) sur le risque de décéder. http://dx.doi.org/10.1016/j.respe.2013.07.063 B3-3 Réduire les incarcérations de personnes atteintes de troubles psychiatriques sévères et en grande précarité, Marseille, France C.-O. Doron , A. Kartner , J.-F. Corty , V. Girard Médecins du Monde, Paris, France Les nombreuses personnes malades incarcérées, les effets délétères de l’incarcération sur la santé, couplés à une difficulté à soigner les personnes en prison, constituent depuis quelques années un problème à la fois éthique et de santé publique non négligeable. En particulier, la question de l’incarcération et du maintien en prison de personnes atteintes de troubles psychiatriques sévères a fait l’objet de critiques et de condamnations multiples. Dans les pays anglo-saxons, ce problème a suscité depuis le début des années 1990 le développement d’un très grand nombre d’initiatives, visant à réduire ce type d’incarcérations et à mettre en place des mesures alternatives évaluées, témoignant d’un meilleur ratio coût/efficacité, d’une meilleure prise en charge des pathologies et d’une meilleure intégration sociale. La plupart de ces initiatives prennent en considération le croisement significa- tif existant entre troubles psychiatriques sévères/sans-abrisme et incarcération, et développent, en conséquence, des prises en charge multidisciplinaires avec logement, accompagnement social et prise en charge médicale. Dans le contexte franc ¸ais, nous proposons d’organiser notre intervention autour de trois moments : – l’état des données concernant le croisement troubles psychiatriques sévères/prison et grande précarité, notamment en France ; – une présentation des diverses initiatives développées, sous le titre de « jail diversion », pour répondre aux questions sanitaires et sociales posées par ce croisement ; – la description d’un dispositif expérimental visant à réduire l’incarcération de personnes souffrant de troubles psychiatriques sévères et en grande précarité, que Médecins du Monde envisage de développer à Marseille. Nous insisterons en particulier sur la nécessité d’intervenir, en amont de la prison, dans la phase correctionnelle et en particulier lors des procédures de comparutions immédiates, phase mal appréhendée. C’est en effet via cette porte d’entrée que les troubles psychiatriques sévères en prison se multiplient, et c’est pourtant une phase généralement mal étudiée. http://dx.doi.org/10.1016/j.respe.2013.07.064

État des lieux des actions de prévention en milieu pénitentiaire – enquête 2010

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Congrès International ADELF-SFSP / Revue d’Épidémiologie et de Santé Publique 61S (2013) S206–S264 S223

la prostitution. Elles étaient ivoiriennes (67,7 %) et célibataires (89 %). Parmielles, 66 % avaient au moins un enfant et 76,3 % avaient fait leur test de dépistagede facon volontaire à la Clinique Confiance (94 %). Seules 31 % d’entre ellesavaient informé un tiers de leur statut sérologique et dans 71 % des cas des moisplus tard ; 85 % n’avaient pas informé leurs partenaires sexuels de leur statutsérologique mais 96 % des PSS utilisaient des préservatifs. Celles qui avaientdes enfants ne les avaient pas informés (68,18 %) de leur statut sérologiquenéanmoins elles ne se sentaient pas différentes des autres (94 %) ; 87 % des PSSexercaient toujours la prostitution et celles qui avaient abandonné la prostitu-tion exercaient maintenant un commerce (69,20 %) ; 36,8 % recevaient de l’aidefinancière de Espace Confiance. D’autres recevaient de la part de l’entouragede l’aide (74 %) qui était d’ordre financier (58,10 %) et moral (35,10 %). Ellestrouvaient l’appui financier acceptable (66 %).Conclusion.– La prostitution couplée à la séropositivité au VIH constitue une« double plaie » pour les PSS. Leur sensibilisation et leur prise en charge effi-ciente devraient réduire la transmission du VIH.

http://dx.doi.org/10.1016/j.respe.2013.07.061

Session B3 – Prévention et personnes placées sous main dejustice

B3-1

État des lieux des actions de prévention enmilieu pénitentiaire – enquête 2010K. Chemlal , M.-C. Paty , P. DeutschInstitut national de prévention et d’éducation pour la santé, Saint-Denis,France

Introduction.– Dans le cadre du plan d’actions stratégiques 2010/2014 des per-sonnes placées sous main de justice, l’INPES a réalisé en 2010, à l’aide d’ungroupe de travail, un état des lieux sur les conditions de réalisations des actionsde prévention et d’éducation à la santé (EPS) en milieu pénitentiaire.Méthodes.– Un questionnaire a été adressé à l’ensemble des unités sanitaires(US ex UCSA). Ce questionnaire portait entre autres sur l’organisation de lamise en place des actions de prévention, sur leur nombre, leur typologie, lesfreins et les leviers identifiés.Résultats.– Le taux de participation était de 63 %. Des actions d’EPS étaientréalisées dans 85 % des établissements répondants. Il existait un comité de pilo-tage dans moins de la moitié des établissements. Un programme d’EPS a étéélaboré dans 68 % des établissements répondants. Les actions étaient réaliséespar les US seules ou associées à d’autres partenaires dans 90 % des cas. Lesagences régionales de santé financaient ou participaient au financement de 40 %des actions et les établissements de santé à hauteur de 36 %. Parmi les difficultésrelevées, le manque de temps soignant est souligné par 51 % des répondantset les difficultés de financement dans 42 %. La qualité de la coopération avecl’administration pénitentiaire est un facteur facilitant pour près de 40 % desrépondants. La sollicitation des personnes détenues dans la définition des actionsreste faible.Conclusions.– Le taux de réponse à l’enquête est bon et témoigne del’investissement des équipes sur cette question en dépit des difficultés rencon-trées dans la réalisation des actions d’EPS qui apparaissent encore hétérogènes.Les recommandations issues de l’enquête ont été diffusées au niveau natio-nal, régional et local et ont pour objectif d’améliorer la structuration desprogrammes d’EPS en milieu pénitentiaire. La production prochaine d’un réfé-rentiel d’intervention pourrait être un outil structurant supplémentaire pour tousles intervenants dans ce champ.

http://dx.doi.org/10.1016/j.respe.2013.07.062

B3-2

Y a-t-il une surmortalité à la sortie deprison ? Analyse de la survie à cinq ansd’une cohorte de sortants de prison

A. Désesquelles a, A. Kensey b

a Institut national d’études démographiques (Ined), Paris, Franceb Direction de l’administration pénitentiaire, Paris, France

Contexte et objectif.– En France, la mortalité des personnes détenues à leursortie de prison a été très peu étudiée. Une fois contrôlé l’effet de la structurepar âge et par sexe très particulière de cette sous-population, on s’attend à unesurmortalité significative par rapport à la population générale. De nombreusesétudes ont en effet montré qu’en moyenne, l’état de santé des personnes détenuesest médiocre. La sortie de prison est en outre une période à risque : réexpositionà divers risques dont celui lié à la consommation de stupéfiants, interruptionpotentielle de traitements, difficultés de réinsertion, etc.Données et méthodes.– La communication proposée s’appuiera surl’exploitation d’une base de données constituée par le Ministère de la Justiceà partir des fiches pénales et d’extraits du casier judiciaire d’une cohorte desortants. Le décès des personnes nées en France ayant un casier judiciaire estreporté au casier. L’échantillon comprend 8419 personnes détenues sorties entrele 1er juin et le 31 décembre 2002. La survie dans les cinq ans suivant la sortiesera comparée à celle observée en population générale, à structures par âge etsexe comparables. Des modèles de régression logistique seront également misen œuvre pour étudier l’effet des caractéristiques à la sortie (caractéristiquessociodémographiques et parcours pénal) sur le risque de décéder.

http://dx.doi.org/10.1016/j.respe.2013.07.063

B3-3

Réduire les incarcérations de personnesatteintes de troubles psychiatriques sévèreset en grande précarité, Marseille, FranceC.-O. Doron , A. Kartner , J.-F. Corty , V. GirardMédecins du Monde, Paris, France

Les nombreuses personnes malades incarcérées, les effets délétères del’incarcération sur la santé, couplés à une difficulté à soigner les personnes enprison, constituent depuis quelques années un problème à la fois éthique et desanté publique non négligeable. En particulier, la question de l’incarcération etdu maintien en prison de personnes atteintes de troubles psychiatriques sévèresa fait l’objet de critiques et de condamnations multiples.Dans les pays anglo-saxons, ce problème a suscité depuis le début des années1990 le développement d’un très grand nombre d’initiatives, visant à réduirece type d’incarcérations et à mettre en place des mesures alternatives évaluées,témoignant d’un meilleur ratio coût/efficacité, d’une meilleure prise en chargedes pathologies et d’une meilleure intégration sociale.La plupart de ces initiatives prennent en considération le croisement significa-tif existant entre troubles psychiatriques sévères/sans-abrisme et incarcération,et développent, en conséquence, des prises en charge multidisciplinaires aveclogement, accompagnement social et prise en charge médicale.Dans le contexte francais, nous proposons d’organiser notre intervention autourde trois moments :– l’état des données concernant le croisement troubles psychiatriquessévères/prison et grande précarité, notamment en France ;– une présentation des diverses initiatives développées, sous le titre de « jaildiversion », pour répondre aux questions sanitaires et sociales posées par cecroisement ;– la description d’un dispositif expérimental visant à réduire l’incarcération depersonnes souffrant de troubles psychiatriques sévères et en grande précarité,que Médecins du Monde envisage de développer à Marseille.Nous insisterons en particulier sur la nécessité d’intervenir, en amont de laprison, dans la phase correctionnelle et en particulier lors des procédures decomparutions immédiates, phase mal appréhendée. C’est en effet via cette ported’entrée que les troubles psychiatriques sévères en prison se multiplient, et c’estpourtant une phase généralement mal étudiée.

http://dx.doi.org/10.1016/j.respe.2013.07.064