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ETUDE DE CAS Walt Disney Concert Hall - Los Angeles, Californie Bâtiment étudié : Walt Disney Concert Hall Lieu : Los Angeles, Californie Client : Comité Walt Disney Concert Hall Propriétaire : Comté de Los Angeles Architecte : Frank Gehry, Gehry Partners Design : Commencé en 1997 Construction : Début en 1999 Statut : Terminé en 2003 DELMAS Aymeric ESIROI CODE Novembre 2010

Etude de Cas - Architecture - DeLMAS

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ETUDE DE CAS

Walt Disney Concert Hall - Los Angeles, Californie

Bâtiment étudié : Walt Disney Concert Hall

Lieu : Los Angeles, Californie Client : Comité Walt Disney Concert Hall

Propriétaire : Comté de Los Angeles Architecte : Frank Gehry, Gehry Partners

Design : Commencé en 1997 Construction : Début en 1999

Statut : Terminé en 2003

DELMAS Aymeric – ESIROI CODE – Novembre 2010

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I° Présentation

Couronnent Bunker Hill dans le centre de Los Angeles, les courbes en acier

inoxydable du Walt Disney Concert Hall (WDCH), dessinées par l’architecte

mondialement connu Frank Gehry, apparaissent dans le soleil du Sud de la Californie.

L’édifice semble briller au milieu des ombres des grattes ciels environnant.

Le bâtiment est une merveille d'architecture, source parfaite pour de nombreuses

interprétations métaphoriques allant de la fleur s’épanouissant au voilier voguant au

grès des vents.

Comme son nom l’indique, c’est cette sorte d’étincelle architectural mêlant courbes et

lignes brisées qui deviendra par la suite la nouvelle salle de concert de l'Orchestre

philharmonique de Los Angeles. Tout le projet de Gehry s’orchestra autour de la

construction d’une des plus complexes salles de concert au monde, fournissant à la fois

un confort sonore et visuel au public, pour une intimité musicale et une expérience

inégalée. L'auditorium principal, conçu par Yasuhisa Toyota de Nagata Acoustics, est

salué pour sa qualité acoustique. Quant à l’existence même de l'édifice, elle relève du

miracle d’un point de vue logistique et technologique.

C‘est la première commande publique majeure de F. Gehry dans sa ville de Los

Angeles. Le projet, d’une valeur de 274 millions de dollars, bien que financé en grande

partie privée, est la propriété du comté de Los Angeles. La maitrise d’ouvrage a choisi

Gehry espérant obtenir un succès équivalent à celui rencontré auparavant pour le

Musée Guggenheim à Bilbao. En effet, ayant remporté un tel succès auprès du public,

les touristes et les amateurs d'architecture ont envahi la petite ville de Bilbao pour

venir admirer la réalisation de Gehry. C’est ce qu’on appellera par la suite « l’effet

Bilbao » !

Perspective

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II° Environnement

Situé sur un site de premier plan : au centre-ville historique et culturel de Los Angeles,

le Walt Disney Concert Hall est devenu le siège permanent de l'Orchestre

philharmonique de Los Angeles. La salle de concert située sur la colline historique de

Bunker Hill, à l'intersection de First Street et de Grand Avenue, est également à côté de

l'actuel Centre de musique de Los Angeles.

A l’origine de ce projet de 200.000 mètres carrés, un concours de design ouvert, au

cours duquel furent établis les principes fondamentaux de la conception.

Tout d’abord, l'entrée principale ouverte et accessible, favorise l’intégration et la

relation du bâtiment avec le Centre de Musique Dorothy Chandler et le quartier

environnant ;

tout comme la façade à l’échelle des

piétons le long de Grand Avenue ou

encore les nombreuses et généreuses

ouvertures vers l’extérieur et un

grand jardin.

Cependant, de nombreux éléments

de conception ont évolué depuis le

concours, notamment la forme de la

salle, la taille du hall d'accueil, ou

encore le projet futur d’un hôtel de

350 chambres.

La majorité du site consacrée aux

jardins est accessible non seulement

à partir de la salle, mais également

depuis les rues adjacentes, offrant ainsi une oasis parmi le milieu urbain environnant.

Une entrée située à l'angle de First Street et de Grand Avenue sert à relier les

installations existantes au Centre de musique, et une entrée secondaire quant à elle

située à l'angle de la deuxième et Grand Avenue offre un accès direct aux jardins.

Contrairement à la plupart des salles de concert, le hall de l'édifice s’étend tout le long

de la rue et reste ouvert durant la journée : de grandes baies vitrées peuvent être

actionnées afin de fournir le maximum d'accessibilité à des services divers, y compris

une boutique de cadeaux, un restaurant, un café, un parking souterrain et une salle de

conférence. Cette dernière permet d’accueillir des programmes éducatifs ou encore des

spectacles ou expositions temporaires.

Jardin extérieur

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III° Contraintes

Nature de l’édifice

L'objectif de la conception est la salle principale de

2300 sièges, dont l'intérieur et la forme résultent de

l’expression directe des paramètres acoustiques,

résultant eux-mêmes autant de l'intimité visuelle que

de l’acoustique.

Les prouesses techniques se retrouvent partout dans

l’œuvre de Gehry. Tout d’abord, la forme du plafond,

ondulée telle une voile de bateau, ou encore toute la

structure apparente et renforcée à cause des risques

sismiques.

L’élément principal est tout aussi extraordinaire, l’orgue situé au cœur de l’édifice,

occupe une position centrale entre les sièges et l’arrière scène. C’est en 1988

lorsque Frank Gehry est choisi sur concours pour concevoir l’auditorium et y intégrer

un orgue, qu’il est décidé que l’instrument constituera à la fois le cœur et le symbole de

l’édifice.

Politiques

Propriété du comté de Los Angeles, il a été salué comme symbole de la diversité de la

région et témoigne de l’intérêt culturel de la ville. Il est également la pièce maitresse

d'un projet de 1,2 milliard de dollars de réaménagement publique de la région de Los

Angeles.

Il apparaitra même comme un véritable événement urbain. En effet, l’arrivée de ce

grand édifice fut très attendu afin de dynamiser le downtown de Los Angeles, secteur

d'affaires sinistre le soir, situé à la jonction des quartiers Est, hispanophones et Ouest

où l'anglais est encore dominant, devant le coréen . Même si "L.A." est d’ores et déjà la

troisième plus grande "ville" coréenne du monde.

Tous ces aspects reflètent donc bien l’attente importante liée au projet.

Sans oublier bien sûr le fameux « Effet Bilbao » tant escompté, devant, par

l’importance du projet et par la renommée de

l’architecte, faire renaitre et dynamiser la vie

économique angeline.

Hall

Musée Guggenheim de Bilbao

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IV° La méthode Gehry

Modélisation

Tout le processus de création de Gehry et ses associés se base sur la modélisation. Toutes les

idées issues des matières premières, des plis d’une sculpture ou de la manipulation d’une

feuille de papier sont exploités, manipulés, analysés et numérisés afin de générer des dessins

de travail.

Tout commence par différents blocs définissent les espaces et la façon dont ils s’accordent les

uns avec les autres. Toutes les solutions et alternatives proposées sont étudiées par

informatique pour établir un coût.

Une fois l’orientation du projet définie, Gehry et ses associés peuvent modifier le modèle

initial, en jouant sur les formes, la structure…

Gehry travaille toujours sur deux ou trois échelles à la fois, toujours dans un soucis de

distance et d’objectivité par rapport au projet. Certains modèles sont assez petits pour tenir

dans une main, d'autres au contraire sont assez grands pour que l’on puisse marcher à

l’intérieur . La diversité des échelles et des inventions est surprenante : il peut y avoir plus de

trente variantes pour un seul projet.

Les projets mis à l'écart - comme un hôtel à Moscou ou un terminal de l'aéroport de Venise -

peuvent également inspirer un futur bâtiment, ce qui permet de pousser le potentiel des idées

et des matériaux à leur limite. D’où l’importance de l'ordinateur. Il permet de toujours plus

repousser ces mêmes limites liées au dessin traditionnel sur papier.

Contrôle du chaos

Gehry est un maniaque du contrôle auto-proclamé, il s'efforce en permanence de «contrôler le

chaos et de le relier à l'univers urbain ». C’est ce contrôle du chaos qui entraîne inévitablement

des collisions aux frontières entre-deux espaces, ce qui fait à la fois le côté le plus attachant

mais aussi le plus déroutant d’un projet Gehry.

C’est cette avancée technologique et ce style qui aujourd’hui se retrouvent dans les réalisations

de nombreux jeunes architectes , mais qui bien souvent se préoccupent peu de l'utilité du

bâtiment.

Besoin et contexte

Avec Gehry, la poésie et l'objet sont indissociables : les formes naissent du besoin et du

contexte. L'objectif est de refléter la lumière et de dématérialiser la masse, tout en révélant

l'activité 'intérieur grâce à l'ouverture des zones de circulation sur l’extérieur.

Gehry note également que la France s'accroche encore à la tradition des Beaux Arts où un

architecte présente un design au client et dont l’acceptation permet alors de travailler sur le

programme.

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L’échange avec le client est basé sur le 50-50. Le client donne les budgets, programmes ... les

forces motrices du projet. Les architectes travaillent avec Gehry, doivent comprendre sa

pensée. Ainsi, ils travaillent de manière intuitive en réponse à ces besoins. Il est donc difficile

d’expliquer ce processus. C'est une source d'inspiration intuitive.

« Il est difficile de créer un contexte dans son esprit, sans avoir eu la capacité d'apprendre à

connaître les gens personnellement, parce qu'ils ne vous invite pas chez eux. C’est comme le

sentiment de suivre un chemin dans l'obscurité, essayant de découvrir qui ils sont, ce qu'ils

représentent, ce qu'ils aiment, et de manière intuitive y répondre. »

Le travail de Gehry et de ses associés est un travail d’équipe. C’est un échange d’idées et de

modèles.

« C'est un processus lent, mais nous travaillons suivant des horaires normaux. Nous sommes

très fiers d'être capables de travailler sur les budgets et de développer des bâtiments qui sont

économiques. Je pense que les gens ne comprennent pas bien mon travail. Quelqu'un

d’inexpérimenté regarde ces bâtiments et pense qu'ils sont plus chers. Pourtant ils ne le sont

pas. Et techniquement, je passe beaucoup de temps sur de nombreux détails qui leur semblent

invisibles . »

La méthode Gehry

Modélisation

Contrôle du chaos

Besoins, contexte

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V° Les réponses techniques

Ouvert en Octobre 2003, la salle est l'une des structures les plus techniquement avancées au

monde. En effet, Frank Gehry, et l'acousticien, Yasuhisa Toyota, visèrent à créer une structure

égalent voire surpassent les meilleures salles de concert au monde. La conception a donc

nécessité l'utilisation des techniques de construction les plus modernes relevant presque de

l’extraordinaire.

A° CATIA : outil de modélisation informatique

Sans l'aide d'ordinateurs, le Walt Disney Concert Hall serait encore une esquisse sur le coin

d'une serviette en papier. Le mariage des courbes et des angles font qu'il est impossible pour

quiconque de projeter directement le projet sur plans. Le cabinet de Gehry a utilisé un

programme informatique appelé CATIA. Ce programme puissant a été développé à l'origine, en

France, pour la conception d’avions de combat. Gehry a rapidement modifié le programme afin

de dépeindre la fluidité des lignes et des angles irréguliers de ses dessins compliqués.

Avant que la technologie CATIA soit disponible, de nombreux concepts de design de Gehry

furent abandonnés ou limités par la nature des dessins à la main. Ses dessins rendent souvent

la structure plus compliquée qu'elle ne l'est réellement, ce qui rend difficile la tâche des

entrepreneurs. C’est ce qui compromet souvent le design à des structures plus traditionnelles.

De toute évidence, l'utilisation du programme a grandement facilité l'élaboration des plans

d'architecture et la conception globale du bâtiment.

CATIA est un programme de modélisation graphique orientée qui créer des images de synthèse

des éléments de construction. Cette approche graphique permet de décrire une image

mathématiquement comme un ensemble d'instructions nécessaire à la création de

l'objet. Cette approche contraste avec la modélisation par points, méthode largement utilisée,

qui représente une forme en tant que groupe de points noirs et blancs ou colorés disposés les

uns par rapport aux autres.

La modélisation graphique orientée permet à l'utilisateur de manipuler des objets comme des

unités entières. Pour modifier la longueur d'une ligne, par exemple, il multiplie l'unité entière

dans son ensemble dans toutes les dimensions de l'espace, tandis que la modélisation par

points nécessite de réorganiser chaque points. Cette méthode permet également d'introduire

aucune limite dans le zoom. Les objets peuvent également être superposés, tournés et

manipulés relativement facilement. Les vues peuvent être facilement placées dans l'espace et

visualisées en 3 dimensions, en perspective, permettant aux concepteurs de visualiser la

structure dans tous les angles possibles.

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Gehry, par exemple, commence toujours à partir d'un croquis manuscrit. Son équipe de

conception crée alors un modèle physique en argile, plastique ou avec d’autres

matériaux. Lorsque la conception des surfaces est finalisée avec ces modèles, elles sont

«cartographiées» sous CATIA grâce à un stylo à guidage laser. Ce processus se fait en orientant

le pointeur laser le long de chaque surface du modèle physique . Ainsi, l'équipe de conception

est en mesure de reproduire le modèle 3D par ordinateur presque exactement comme il

apparaît sous sa forme physique. L'ordinateur est également capable de lisser les surfaces et de

créer de meilleures transitions entre les surfaces.

Lorsque le modèle 3D est terminé, CATIA permet de dimensionner les éléments de

construction : poutres en acier, colonnes etc… Il permet donc d’estimer le coût de la

construction ainsi que l'estimation des matériaux nécessaires. Cela facilite aussi le processus

pendant la phase de construction chaque pièces étant exactement découpées et étiquetées. De

cette manière, CATIA permet la construction d'un édifice complexe comme le Walt Disney

Concert Hall.

Le Walt Disney Concert Hall est un pionnier dans le monde de l'architecture

informatique. Plus que tout autre bâtiment, sa forme non conventionnelle fait de la

modélisation par ordinateur une nécessité.

La technologie CATIA permet donc à l’imagination

de Gehry de s’épanouir totalement. Il n'a plus à faire

de compromis de conception en faveur de structures

plus simples. L'ordinateur peut accueillir toutes les

formes fluides et angulaires qui caractérisent le

travail de Gehry..

B° Le plafond

L'auditorium de 2273 places a été conçu pour obtenir à la fois l'intimité visuelle et

acoustique. Parmi les caractéristiques les plus distinctives on relève tout d’abord les murs en

formes de voile ou encore les plafonds en bois faisant penser à des nuages, faisant appel à

l’imaginaire et à l’imagerie navale.

La salle peut être assimilée à un instrument à vent, avec ses courbures intérieures. Son plafond

contribue à la richesse du son produit par la diffusion et la réflexion du son, tout en lui

ajoutant de la chaleur et de la résonance.

Structure Chacune des courbes possèdent environ 80 panneaux de bois. Le plafond quant à lui combine

84 structures différentes. Le plafond en lui-même comprend environ 34000 mètres carrés de

panneaux de bois finis dont les largueurs et longueurs varient de 4 x 8 pieds (1,2 x 2,4 mètres )à

20 x 40 (6 x 12 mètres) pour les plus larges.

Les panneaux sont fait en sapin de Douglas. Il a été choisi parce qu'il satisfait aux critères

acoustique et d'aspect de par ses propriétés structurelles.

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Les panneaux ont été recouverts par un procédé de traitement UV choisi par le fabricant de

panneau, car il assure la conformité avec les règles de construction environnementale en

matière de Composés Organiques Volatiles et de Hydrocarbures Aromatiques Polycyclique, ce

qui est obligatoire en Californie, et car il s’agit de l'une des méthodes les plus rentables pour ce

qui est la création d'une finition irréprochable. Columbia Showcase, le fabricant, a investi près

d'un demi-million de dollars pour l'équipement, l'installation et les autres frais de démarrage

afin de mettre en œuvre ce traitement UV ; autant d’un point de vue utilité et rentabilité pour

le projet WDCH, que pour des projets futurs.

Processus de finition Avant que la structure globale du plafond ai été assemblée, les panneaux ont été achevés sur

une toute nouvelle chaîne de traitement UV.

La première étape dans le processus de finition a été d'appliquer un scellant pour sceller les

pores du bois et uniformiser le grain du bois. Le produit traitant est appliqué en plusieurs

étapes comme un gel. La couche finale a été appliquée et durcie grâce à 2-3 secondes

d'exposition à la lumière UV. Pour une épaisseur totale de 2 millièmes de pouce (5 millièmes

de cm), il faut environ un million de couches superposées.

En sortant de la ligne de traitement UV, les panneaux ont été classés et assortis de telle sorte

que des panneaux avec des veines communes puissent être placés les uns à coté des autres

pour assurer l’uniformité du plafond.

Production et assemblage Le plafond est constitué de plus de 8.000 pièces de bois uniques, chacune nécessitant son

propre programme individuel de Construction Assistée par Ordinateur (CAO). Les formes ont

été définies par modèle informatique en 3D fourni par l'architecte, puis «aplaties» par

ordinateur pour faciliter la découpe. Après avoir terminé la reconstitution de ce puzzle géant

chaque panneau a été fixé à la charpente d'acier. Enfin, une couche mince de béton a été

projetée sur la face arrière de la structure afin d’atteindre les propriétés acoustiques désirées.

C° L’orgue

L’un des enjeux majeurs du projet fut de parvenir à concilier les contraintes techniques de

l’orgue et l’aspect résolument avant-gardiste que Gehry voulait donner à l’ensemble. L’objectif

se voulait à la fois musical et esthétique. Après avoir étudié, associé à l’acousticien Yasuhisa

Toyota, plus de 20 projets différents, ils optèrent pour cette étonnante façade symbolisant en

quelque sorte une explosion, un feu d’artifice, avec les tuyaux de façade orientés dans toutes

les directions, rompant de façon définitive avec la facture traditionnelle qui, jusqu’à

aujourd’hui, continue d’aligner les tuyaux en rangs d’oignons.

Un orgue classique ne peut posséder que des tubes verticaux alignés. La raison en est simple :

les registres étant des planches coulissantes, les tuyaux d’un même jeu ne peuvent qu’être

alignés. Il est néanmoins possible d’implanter les tuyaux n’importe où en ayant recours au

postage, mais cela complique la construction et alourdit le coût de l’instrument. L’orgue du

Walt Disney Concert Hall se voulant à la fois un instrument de musique à part entière et un

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modèle d’orgue du XXIe siècle, Franck Gehry et Yasuhisa Toyota ont pensé, à juste raison,

qu’il fallait réellement sortir des sentiers battus et que non seulement la façade de l’instrument

devait surprendre, mais aussi la forme incurvée des tuyaux de 32 pieds, une première

mondiale.

Il faudra néanmoins attendre 1998 pour que ce projet pharaonique trouve enfin une assise

financière qui permette sa mise en route. L’installation de l’orgue s’est déroulée en plusieurs

tranches de travaux effectuées entre octobre 2002 et octobre 2003. L’harmonisation qui a

commencée ce même mois d’octobre 2003 est achevée en avril 2004.

Caractéristiques remarquables

-L’orgue comporte 72 jeux réels (102 avec les extensions et emprunts) pour 109 rangs et 6134

tuyaux.

-Il a été transporté par bateau dans six conteneurs pour un poids de 40 tonnes.

-L’installation de la tuyauterie s’est déroulée d’avril à juin 2003.

-Le tuyau le plus gros pèse 362 kilos et mesure 11 mètres de long.

-Les grands tuyaux courbés (première mondiale) de

la façade ont été réalisés en bois, en douglas massif.

-Les autres jeux en bois sont en chêne et en pin

massifs.

-Les tuyaux de façade en métal (Prestant 16) sont en

alliage étain-plomb à 90% d’étain. Les autres tuyaux

sont à 75%.

-L’ensemble du châssis et du corps de l’orgue est

construit selon des normes parasismiques (première

mondiale).

D° L'intimité et l'inclusion

En plus de l'orchestre philharmonique, le WDCH est

également le nouveau domicile de la Chorale de Los

Angeles Master et le Roy et Edna Disney’s Cal Arts

Theater. Au centre du bâtiment, au propre comme au figuré, se trouve la salle principale de

2265 places.

Selon Gehry, l'WDCH a été conçu de l'intérieur. Les objectifs principaux étaient de permettre

aux musiciens sur scène de se parler tout en permettant au public de créer un lien étroit avec

l’orchestre. Il a cherché à créer une «synergie» dans l'intimité et l'inclusion. Intime, le

bâtiment l’est. Bien que l’on se trouve dans un énorme cube de béton et d’acier recouvert de

bois, on se sent bien à l'intérieur de cet auditorium sculpté dans le cèdre et le sapin

Douglas. Le public entoure également la scène, qui est légèrement plus élevée que les fauteuils

qui lui sont adjacents.

La disposition des sièges est une protestation contre l'élitisme des salles de concert habituelles,

rejetant les poulaillers. Bien que les prix des billets puissent encore empêcher certaines

personnes de se rendre assister à un concert, les sièges exclusifs ne le sont pas. En effet, chaque

L'orgue

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emplacement est visuellement et acoustiquement unique. Le plafond en bois flottant se

décroche légèrement de l’ensemble pour couvrir une position stratégique afin de capturer les

premières réflexions sonores si importante acoustiquement. La chaleur du bois, les formes

moulées, et le dynamisme du son qui en résultent se combinent pour créer l'impression d'être

à l’intérieur d’un être vivant. La musique est son pouls.

Mais le seul inconvénient est que la créature fait entendre ses propres bruits. Un programme

qui tombe, une porte qui se ferme, ou une simple toux deviennent une partie de l’orchestre

symphonique dans cette salle acoustiquement unique. Mais cela reste tout de même un petit

prix à payer lorsque la salle permet de discerner individuellement une flute dans l'orchestre.

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VI° Analyse personnelle

Points posititfs

La réussite de ce projet vient

du fait qu’il répond

parfaitement à son objectif

premier : interpeller !

De par la performance esthétique, technique ou d’intégration dans son environnement, le

bâtiment ne laisse pas indifférent dans un contexte urbain standardisé d’alignement continu

de buildings.

D’un point de vue ingénierie le projet touche à un tel nombre de domaines différents et avec

tant de précision qu’il en devient imposant de par le travail accompli.

Points négatifs

On pourrait tout de même reprocher à Gehry d’avoir très peu envisagé l’approche

environnementale. Surtout pour un projet de cette envergure.

Autre ombre au tableau, mais qui ne peut être en rien modifiée, c’est le « style Gehry ». A la

fois grandiose et spectaculaire, il peut choquer voire irriter, faisant penser à une filon, une

mode basée sur l’événement, plus qu’un style architectural à proprement parler.

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