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Etude d'une transformation paysagère - Mémoire de fin d'étude - Marion François

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La vallée du Rupt-de-Mad : un territoire rural en mutation

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Etude d'une transformation paysagère

La vallée du Rupt-de-Mad, un territoire rural en mutation

Mémoire de fin d’étude - Marion François - juillet 2014Directrices de mémoire : Anne-Marie Crozetière, Nadège Bagard

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Le clocher de Bayonville depuis les jardins à l’ar-rière

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Etude d'une transformation paysagère La vallée du Rupt-de-Mad, un territoire rural en

mutation

Au sein de la basse vallée du Rupt-de-Mad, comment (re)penser une évolution des espaces urbains et des ex-tensions nouvelles qui respecte et mette en valeur les

qualités paysagères de ce territoire rural ?

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S O M M A I R E

Un territoire créé par la géographie et l'histoire L'eau et le relief, les éléments constitutifs du paysage naturel Une hydrographie qui dessine le territoire Une forte topographie qui façonne le paysage

Unespaceruralaucœurdesconflitsterritoriaux DespremierspeuplementspréhistoriquesàlafinduMoyen-âge Un territoire divisé et morcelé jusqu'à son rattachement au royaume de France en 1766 AuXIXèmeetleXXèmesiècle,unesociétéruraleprisedanslesgrandsconflitseuro- péens et mondiaux

Un paysage rural de qualité mais peu entretenu Un paysage géré et aménagé par l'homme Un paysage organisé en fonction de la topographie L’implantation des villages par rapport à la rivière et au relief L’adaptation des formes du village traditionnel lorrain aux contraintes de la vallé du Rupt-de-Mad

Une qualité paysagère aujourd'hui menacée ? La dégradation de la qualité paysagère par le non entretien des espaces naturels L’absence de prise en compte du paysage dans les nouveaux aménagements

Préserver et valoriser les qualités paysagères et architecturales de la vallée : l’enjeu de la pédagogie

Unterritoireruralsousinfluencesurbaines Un territoire tourné vers l'axe mosellan et la ville de Metz L'influencemessine,hieretaujourd'hui L’organisation est-ouest des dynamiques

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LesProblématiquesdefluxetd'attractivitédusite

Arnaville, porte d'entrée de la vallée Unrichepassésousinfluencemessine L'insertion dans un paysage remarquable La prolifération de la forme du chalet au niveau des extensions Les problématiques de développement dues à la géographie du site

Conserver les services et les activités du territoire : l’enjeu de la colla- boration entre les communes et des projets communs

L'aménagement de l'espace public au sein des communes rurales Un espace public dégradé, à revaloriser et à adapter aux usages contemporains La nécessaire adaptation des centres anciens suite aux changements des usages L’intégartion des espaces urbains nouveaux aux tissus existants Lesgrandestendancesdesrequalificationsdanslavallée

Repenser l'espace public dans la vallée du Rupt-de-Mad Les réalisations à Rembercourt Les Propositions pour Jaulny

Morphologie de l'habitat et transformations : le bouleversement du tissu rural par la construction neuve Morphologie de l'habitat jusqu'au milieu du XXème siècle

Les nouvelles formes de l'habitat : les exemples de Villecey et Waville Villecey : Un développement rapide et non maîtrisé dû à l'absence de documents d'urbanisme Waville:unlotissementprivéenruptureaveclebâtiexistantetseslogiquesd'im- plantation

Gérer les extensions et maintenir une offre résidentielle de qualité : l’enjeudelaplanificationparlesdocumentsd’urbanisme

Conclusion : Pour un urbanisme des zones rurales ?

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Ce texte me permet de revenir sur les in-tentions qui m’ont guidée lors du choix du sujet et de la problématique développés dans ce mémoire. Ce travail de fin d’étude me semblait l’occasion de mettre à profit les connaissances acquises au cours de ces cinq ans de formation en architecture à tra-vers l’élaboration d’un travail pluridisciplinaire. Je souhaitais lier les domaines abordés dans les dif-férents enseignements : l’architecture, l’urbanisme, le paysage,... lors d’un travail concret d’analyse et de diagnostic d’un territoire choisi. Cette entité paysagère et géographique serait cartographiée et analysée à travers différentes pistes de réflexions afin d’en permettre une étude critique. Le mémoire présenterait une réponse à une véritable interroga-tion sur le site et en offrirait une lecture riche et plurielle bien que non exhaustive.

Afin de répondre au mieux à ces inten-tions, le choix du territoire exploré est celui d’un espace connu car parcouru et vécu avant mes étu-des en école d’architecture. Le site d’étude est la partie aval d’une vallée en Meurthe et Moselle, en-tre Metz et Nancy, où se développent huit villages de moins de 500 habitants chacun. Le mémoire lie le ressenti, l’expérience et le champ du souvenir à l’analyse documentée et objective. J’ai d’abord vécu ce territoire par la répétition de trajets quoti-diens ou de promenades au sein du site. Cependant c’est seulement en m’éloignant de cet espace que j’en ai dessiné clairement les contours et les limites et que j’ai identifié les caractères unitaires qui en faisaient une entité territoriale.

Depuis plusieurs années, Arnaville,

PREAMBULE

Bayonville, Vandelainville, Onville, Villecey, Wa-ville, Rembercourt et Jaulny, sont le terrain d’amé-nagements urbains et architecturaux qui transfor-ment rapidement et durablement leur territoire. Ces transformations, qui touchent l’architecture privée et publique, l’occupation de l’espace public, l’in-sertion du bâti dans le paysage,... sont directement liées aux changements d’usages et de pratiques des habitants, aujourd’hui plus souvent urbains que ru-raux. Comme 95 % des communes rurales en Fran-ce, ces villages sont polarisés par une aire urbaine, et leurs transformations actuelles sont directement liées aux relations qu’ils entretiennent avec les vil-les proches du sillon lorrain. La commune rurale n’est plus un lieu autonome, fonctionnant en quasi autarcie, mais un espace de flux humains et éco-nomiques en connection avec les espaces urbains alentour, et régi par des documents d’urbanisme d’échelle régionale. Il m’a semblé repérer des mécanismes de modification du paysage auxquels j’ai été sensibili-sée au cours de mes études et entendre chez des ha-bitants des préoccupations quant aux conséquences de ces changements sur le cadre de vie au sein de la vallée. Je souhaitais approfondir mes connais-sances sur les effets de ces transformations, les mé-caniques décisionnelles et les acteurs qui en sont à l’origine.

Afin de compléter l’analyse sensible du site, mon travail a débuté par plusieurs heures de marche, depuis les méandres du Rupt-de-Mad au pied de Jaulny, jusqu’à son embouchure dans la Moselle. Il s’agissait d’acquérir une connaissance

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La vallée du Rupt-de-Mad entre Metz et Nancy

source : carte de Cassini

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plus complète du territoire et d’en repérer les cou-pures, les percées, de ressentir la topographie, de capter les sons proches ou lointains, de définir les différentes ambiances au sein des villages. Le par-cours des espaces bâtis m’a permis de comprendre les limites entre espaces privés, publics et entre bâ-tis anciens et nouveaux. J’ai pu percevoir des carac-téristiques communes aux différents villages et des éléments de différenciations, les compositions des centres anciens et les logiques d’implantation des sites urbains nouveaux. A cette première phase d’usage et de par-cours du site est venue s’ajouter une phase de re-

cherches et de rencontres de plusieurs acteurs du territoire : habitants, maires, CAUE, ABF,... Ces points de vue et expériences diverses de profession-nels, d’habitants et d’élus m’ont permis d’enrichir ma connaissance des lieux et chaque rencontre a été l’occasion de pousser plus loin la réflexion et de l’ouvrir vers d’autres problématiques.

Afin de comprendre les phénomènes à l’origine des transformations du site, plusieurs axes d’étude furent dégagés suite aux phases de parcours des lieux et aux entretiens : les dynamiques de dé-veloppement externes qui agissent sur le territoire,

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et notamment les liens avec Metz, l’occupation et l’aménagement de l’espace public et les nouvelles formes de l’habitat comme leur insertion dans le site.

Pour chaque thématique, un ou deux vil-lages ont été choisis pour illustrer les propos de l’étude. Les communes choisies sont des exemples particulièrement parlant des phénomènes que l’on peut retrouver sur tout le territoire et au delà et per-mettront parfois d’être le support de propositions de projets et d’alternatives de développement.

L’intégration de Onville et de son clocher dans le paysage des coteaux fo-restiers et des jardins.

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INTRODUCTION

Tout d’abord, il semblerait que les huit communes possèdent des ressemblances morpho-logiques et démographiques, un passé commun, puisqu’ocuupant le même territoire. Cependant l’étude approfondie de leur histoire et de leur déve-loppement met en lumière des différences de struc-tures et de statuts importantes. Ces différences sont à prendre en compte lorsqu’on souhaite compren-dre et influer sur les problématiques de développe-ment et les mutations auxquelles les villages sont confrontés, de manière parfois décidée et parfois subie. Si leur démographie reste relativement stable, ces communes doivent faire face à un besoin d’agrandissement et de nouvelles constructions, au difficile maintien des activités économiques et des équipements publics, et aux impératifs de nouvel-les lois et documents d’aménagement. Ces amé-nagements qui transforment durablement le pay-sage, n’ont pas toujours été réfléchis et contrôlés à l’échelle du territoire de la vallée, ni pensés en coo-pération ou en concertation entre villages voisins. Pourtant ce mémoire fera apparaître à quel point chaque modification, même minime, sur une de ces communes, a des répercussions sur l’ensemble, tant le site est contenu dans un espace commun à tous, qui fonctionne en écosystème. Lorsqu’on emprunte la départementale qui traverse ce territoire, et qui donne à voir le paysage de la vallée, on est spectateur d’un paysage com-plexe et varié, savamment composé entre espaces de nature, de cultures, surfaces bâties, grand pano-rama sur la vallée, espaces plus intimes de resserre-ment entre deux coteaux boisés... Le promeneur qui découvre cet espace, et l’habitant qui le pratique

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Les villages et leur limite communale, qui corres-pondent aux limites de la basse vallée du Rupt-de-Mad

chaque jour, repèrent également très clairement les évolutions qui modifient le site et risquent parfois d’en détruire les qualités : étalement et mitage au niveau de la construction neuve, détérioration des centres villageois non qualifiés, délaissement des espaces de jardins et de vergers,... Au sein de la basse vallée du Rupt-de-Mad, comment (re)penser une évolution des espa-ces urbains et des extensions nouvelles qui respec-te, voire qui mette en valeur les qualités paysagères de ce territoire rural ? Dans un premier temps l’analyse des com-posants du paysage, l’eau, le relief, l’installation des hommes et l’étude de l’histoire de la vallée, permettront de dessiner les limites géographiques du territoire et de comprendre les éléments qui l’ont façonné. Puis l’étude des aires urbaines du sillon et des dynamiques de flux révéleront les influences actuelles qui agissent sur cet espace et le transfor-ment. Ces transformations interviennent à la fois sur les infrastructures et les aménagements urbains au sein des communes, mais touchent également la construction neuve. C’est à ces modifications de l’espace public et privé que nous nous intéres-serons, afin de comprendre leurs conséquences sur les mutations actuelles du paysage. L’objectif de cette étude est de comprendre les enjeux pour une évolution souhaitable du site .

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Un territoire créé par la géographie et l'histoire

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La retenue d’eau en aval de la vallée depuis les hauteurs d’Arnaville.

source : http://monar-brelorraine.blogspot.fr/

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L'eau et le relief, les éléments constitutifs du paysage naturel

Une hydrographie qui dessine le territoire

Le Rupt-de-Mad, rivière moyenne de Lor-raine, court d'ouest en est sur 50 kilomètres, depuis les pieds des côtes de Meuse, jusqu'à sa confluence avec la Moselle. La rivière prend sa source au ni-veau d'un étang, dans la forêt de la Reine, en Meu-se. La première moitié du bassin du Rupt-de-Mad se situe dans une zone plate et marécageuse de la plaine de la Woëvre, le ruisseau y est de faible am-pleur et ne forme pas encore de vallée importante.

Gérer l'hydrographie

Afin de pallier l'insalubrité et l'instabilité de ces zones marécageuses, les hommes ont tenté très tôt d'y maîtriser le réseau hydrographique. Au Moyen-âge déjà, furent creusés les étangs de Saint-Benoit en Woëvre et de Lachaussée. En 1965, on installe au niveau de Nonsart le plan d'eau de la Madine, espace de loisirs devenu le centre attractif

du Parc Naturel Régional de Lorraine (1976) dont fait partie la vallée du Rupt-de-Mad. Le plus récent plan d'eau du territoire est celui d'Arnaville, qui, depuis 1971, sert de réserve en eau potable pour la ville de Metz.

C'est à partir du village de Bouillonville, au niveau de la confluence avec la rivière la Madine, issue d'une zone marécageuse plus au nord, que le Rupt-de-Mad commence à creuser une réelle vallée. La rivière forme d'importants méandres, entre des coteaux de plus en plus abrupts. Le paysage change radicalement peu avant Jaulny, le cours d'eau taille alors, sur quatre kilomètres, les gorges calcaires des côtes de Moselle et forme une véritable vallée encaissée jusqu'à sa confluence avec la Moselle, au niveau d'Arnaville. Le paysage est ici bien dif-férent de celui de la plaine de la Woëvre. Afin de marquer cette différence, l'historien du XVIIIème siècle, Dom Calmet, emploie, dans sa Notice de la Lorraine, le mot ruisseau jusqu'à Thiaucourt, puis

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Le paysage composé par la rivière, sa ripisylve abondante, les espaces agricoles et les coteaux boisés, entre Waville et Rembercourt

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La transformation du paysage de la plaine de la Woëvre par la gestion de l’hydrographie, depuis le Moyen-Age jusqu’à aujourd’hui.

sources : carte de Cassini et carte IGN

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rivière, entre Jaulny et Arnaville. C'est précisément ce territoire de vallée encaissée qui sera étudié et nommé ''basse vallée du Rupt-de-Mad". Ici, le Rupt-de-Mad est un cours d'eau étroit, peu profond, particulièrement en été. Cependant à la fin de l'hiver, ou en automne, il don-ne régulièrement lieu à des crues importantes voire dangereuses par le passé. Ces inondations, actuelle-ment moins courantes et régulées, par la création du lac de Madine en aval, furent un avantage pour le sol, propice à l'agriculture traditionnelle en fond de vallée et à l'installation des premières populations de cultivateurs.

Sur ce parcours du Rupt de Mad, plusieurs rivières secondaires se raccordent à la vallée prin-cipale, au sein de vallons froids qui entaillent les coteaux forestiers. Ces vallons permettent la liaison avec le plateau et sont les refuges d'une biodiver-sité importante. Auparavant ces rivières avaient un débit beaucoup plus important qu'aujourd'hui, et certaines, telle Hacniveaux, ont presque disparues, captées en amont pour alimenter en eau potable les villages du plateau. <

La ripisylve en bords de rivière, masque plus ou moins le cours d’eau se-lon les saisons.

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La présence de l’eau dans la vallée : ruisseaux, et étangs en connexion avec le Rupt-de-Mad

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Une forte topographie qui façonne le paysage

Cet ensemble géographique de la basse vallée du Rupt-de-Mad est caractérisé par la forte topographie qui dessine lisiblement, sur le plateau de Haye, les contours de la zone d'étude. Ces limi-tes sont très clairement perçues par le promeneur qui parcourt le site. Tout comme pour la vallée de l'Esch plus au Sud, le cours d'eau, plus ancien que le plateau, a érodé la masse calcaire au fur et à mesure que celle-ci s'élevait, pour former, sur 15 kilomètres, une vallée étroite, contenue entre deux coteaux abrupts quasiment symétriques. Les hau-teurs des versants, atteignant 360m, surplombent le cours d’eau quelques centaines de mètres plus bas.

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Les superpositions d’es-paces naturels classés et protégés dans la vallée.

source : Parc Naturel Ré-gional de Lorraine

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La cassure topographie créée par la vallée dans les côtes de Moselle.

source : carte IGN

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Cette cassure topographique dans le plateau lorrain constitue une entité géographique caractéristique. Les coteaux nord et sud, parfois très proches dans les zones où la vallée est étroite, ferment le paysage. Cette perspective dessine des limites claires, un horizon net et renforce l'impres-sion d'une unité territoriale forte. Le versant sud est cependant moins abrupt, moins haut, et ainsi moins ensoleillé. Ces différences ont influencé le peuple-ment de la vallée, puisque seuls deux villages se situent sur ce versant, Jaulny, sur un éperon ro-cheux et Villecey, au niveau d'un élargissement de la vallée.

La hauteur des coteaux participe à l'isole-ment parfois vécu et souvent perçu par les habitants. Ce n'est qu'au XXème siècle, avec l'installation dif-ficile du chemin de fer, que la vallée est devenue véritablement un axe de circulation. Autrefois, la seule liaison possible entre le fond de la vallée et le plateau se situait au niveau du vallon du Soiron, en-

tre Rembercourt et Arnaville, et c'est donc par cette faille que sont arrivées les premières populations humaines de la vallée. Le cours d'eau et le relief ont créé un es-pace naturel riche, d'une grande diversité de lieux, zones de méandres, vallons froids, vallée élargie exposée au soleil et aux vents, pelouses calcaires, coteaux boisés,...cette quantité de lieux, encore relativement préservés, crée un paysage composé, protégé par de nombreux organismes nationaux et européens (Natura 2000, Znieff, Parc Naturel Ré-gional de Lorraine,...). Mais aucun site paysagé n'est ici inscrit ou classé.

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Bayonville depuis les hauteurs des coteaux

photographie : Henri Delvaux

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Le viaduc du train, et au loin Villecey et le pay-sage des coteaux

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Les vallons froids et humides

La ripisylve importante dans la zone de méandres

Les espaces agricoles du Val de Mad

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Retenue d’eau à Arnaville, en aval de la vallée

LaconfluenceentreRupt-de-MadetMoselle

Les aîtres médiévaux et les anciens vignobles

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Unespaceruralaucœurdesconflitsterritoriaux

A la fois source de bienfaits, pour la pêche et l'agriculture, et redoutée pour ses inondations, la rivière a eu un rôle de frontière important dans l'histoire du site. A l'Age de Fer déjà, le Rupt-de-Mad sert de frontière théorique entre deux peuplades celtes qui se partagent la région, les Leuques au sud et les Mé-diomatriques au nord. Plus tard, ces deux territoires donneront naissance à deux évéchés lorrains, l'évéché de Metz capitale des Médiomatriques, et l'évéché de Toul, capitale des Leuques. Au cœur de la Lorraine, les habitants de la vallée furent pris, au cours de l'histoire, dans les nombreux conflits qui secouèrent la région, guerres féodales, guerre de Trente Ans, grands affrontements mondiaux du XXème siècle...

DespremierspeuplementspréhistoriquesàlafinduMoyenAge

Les premières traces de peuplement de la vallée remontent à l'Age de Pierre, sur les éperons rocheux du versant nord, présentant une bonne si-tuation défensive. Les dernières découvertes, fai-tes dans les années 1980, au niveau d'une carrière à Jaulny, ont mis à jour une sépulture de l'Age de Bronze. (A la fin des années 1970, on avait déjà découvert dans la vallée des traces d'occupations humaines datant du Néolithique sur les hauteurs d'Arnaville, sur le site du Rudemont et au niveau du trou des fées à Bayonville.) Mais les premières installations sédentai-res et les premières exploitations agricoles remon-tent à l'Age de Fer. Les populations ont d'abord colonisé le plateau au nord, lieu de passage entre la vallée de la Meuse et la vallée de la Moselle de-puis la plaine de la Woëvre, à l'époque où la vallée du Rupt-de-Mad était encore un site trop sauvage et inhospitalier. Les populations celtes sont peu à peu descendues des hauteurs protectrices des ver-sants, pour exploiter les terres argileuses fertiles

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Maisons vigneronnes ac-colées autour de l’aître Saint-Julien de Bayon-ville

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L’implantation des popu-lations dans la vallée à l’époque celte.

source : Jacques Reisdor-fer

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de la vallée. Des oppida furent édifiés, au niveau d'Arnaville, et au-dessus des sources des ruisseaux du Soiron et de Grand-Fontaine. D'après l'historien Jacques Reisdorfer, la romanisation et l'assimilation se sont faites rapi-dement au niveau des fermes et des vici modestes des populations celtes, puis sur tout le territoire de la vallée. Ce sont précisément les romains qui in-troduisirent la culture de la vigne dans la vallée au Bas-Empire, alors que le site sert de grenier à blé pour la région, comme en témoignent les nombreux moulins encore présents au fil de la rivière.

Les villages actuels n'apparaissent réelle-ment qu'avec l'arrivée des Francs, et l'extension des vignobles, après l'an mil. Les noms des communes, à l'exception de Jaulny et de Villecey, sont ainsi formés à partir d'anthroponymes francs. Leur nom dérive des noms des chefs mérovingiens qui prirent possession des domaines sur lesquels sont appa-rues, à l'approche de l'an mil, les agglomérations

médiévales. A ces noms sont accolés le préfixe de curtis (court) signifiant le domaine, ou villa (ville) caractérisant une demeure agricole à la campagne. C'est ainsi que furent nommés Rember-court par juxtaposition de Ragemberti et Curtis (le domaine de Ragembert), Waville d'après le nom Inguald ou Inwald (Inwaldi villa), Onville, villa du chef Ondon (Odonis villa), Vandelainville (Vande-lini Villa), Bayonville, sur le nom Baio ou Bavo ( Baioni villa) et Arnaville, villa d'Arnald (Arnaldi Villa). Les six communes nous apparaissent encore aujourd'hui à leur emplacement d'origine, portant toujours le nom de leur créateur mérovingien. A cette époque, Jaulny est un domaine nommé Finis Galliniaga. A l'époque féodale il prend le nom de Jalney, ancêtre étymologique de Jaulny. Villecey doit son nom à un lieu de culte sur son site, Vallicella signifiant certainement le sanctuaire de la vallée, ou la Celle de la vallée (juxtaposition de Valli et Cella).

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L’implantation des popu-lations dans la vallée à l’époque franque.

source : Jacques Reisdor-fer

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Un territoire divisé et morcelé jusqu'à son rattachement au royaume de France en 1766

En Lorraine, les Trois-Évêchés, territoires des évêques de Metz, de Toul et de Verdun, relevant du Saint-Empire romain germanique, et les duchés de Bar et de Lorraine formaient une mosaïque ter-ritoriale complexe, objet de conflits récurrents. L'histoire des villages est marquée par un morcelle-ment très important entre ces différents possesseurs au sein même des communes, dont les territoires étaient souvent divisés entre possessions religieu-ses des abbayes voisines et petites seigneuries loca-les. Une limite forte existera entre les com-munes de la rive gauche, à l'est de la vallée, et les communes rive droite, en amont. Au Moyen Age, les cinq villages de la rive nord, Waville, Onville, Vandelainville, Bayonville et Arnaville, dépendent de l'abbaye de Gorze rattachée au diocèse de Metz. Jaulny et Villecey, sur la rive droite, sont sous in-fluence du duché de Lorraine. Rembercourt, instal-lé à cheval sur la rivière, appartenait également au duché de Lorraine. Les évêchés furent annexés par

la France en 1648, et les deux duchés furent ratta-chés au royaume de France à la mort de Stanislas en 1766.

Jusqu'à cette date, les communautés vil-lageoises du Rupt-de-Mad se trouvèrent régulière-ment prises dans des conflits parfois sanglants entre les différentes forces régionales. Parmi ces conflits, la Guerre de Trente Ans ( 1618-1648) fut certaine-ment la plus dévastatrice. Elle décima les popula-tions de la vallée et fut à l'origine d'une vague de grande régression démographique. Arnaville, On-ville et Bayonville perdirent la moitié de leur popu-lation. Le Rupt de Mad, à l'image d'autres sites, fut pillé et saccagé. Les villageois se réfugièrent dans les bois où ils moururent de la peste et du typhus.

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Les propriétés duca-les et épiscopales au Moyen-Age et jusqu’à l’Epoque Moderne

source : Carte des frères Naudin, 1736

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La mise en place des aîtres médiévaux

Afin de se protéger des pilleurs et des ar-mées, les villageois durent parfois organiser eux-mêmes une défense, dans cette région reculée, sans grand protecteur proche. C'est dans ce but qu'appa-raissent, à Waville, Onville, Vandelainville, Bayon-ville et Arnaville, des aîtres médiévaux autour des églises. L'aître, ou atrium, était primitivement le cimetière accolé à l'église, tous deux lieux d'asile. Au moyen-âge, pour faire face à l'insécurité, les vil-lageois construisirent leur maison en fer à cheval autour de l'église, formant ainsi un véritable fortin. En cas d'attaque, les habitants, pouvaient se réfugier à l'intérieur de l'aître, voire dans la tour fortifiée du clocher et les combles de la nef. L'accès était possi-ble par des passerelles en bois, depuis les maisons de l'aître, elles-mêmes ne s'ouvrant que vers l'église au centre, sur une ruelle dont on pouvait bloquer facilement l'accès aux envahisseurs. On pouvait entreposer à cet endroit ré-coltes et animaux, pour les protéger des pilleurs. A Vandelainville et à Bayonville, les maisons présen-tent encore les portes des celliers, au-dessus des-quelles, le rez-de-chaussée surélevé est accessible par un escalier qui fut autrefois en bois.

Ces formes défensives sont une exception architecturale régionale. Les lieux furent énormé-ment modifiés au cours des âges, mais sont actuel-lement de plus en plus mis en valeur pour leur qua-lité patrimoniale et leur potentiel touristique. Les villages de la rive gauche du Rupt-de-Mad possédant un aître furent sous la gestion de l’abbaye de Gorze pendant dix siècles, jusqu’au rattachement de celle-ci au duché de Lorraine en 1508.

Si Jaulny et Rembercourt ne présentent pas ces formes architecturales c'est certainement dû à la présence respective d'un château et d'une mai-

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Les maisons et maison-nettes vigneronnes de l’aître de Bayonville, encore présentes sur la moitié du fer à cheval. L’étage de l’habitation, légèrement surélevé, est accessible par quelques marches. De cette ma-nière le rez-de-chaussée, à demi enterré accueille un volume important pour le stockage des ré-coltes.Cette organisation est visible au niveau des autres aîtres de la vallée.

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son forte au sein de ces communes, lieux possibles de refuge pour les villageois en cas d'attaque. Pour l'historien Jacques Reisdorfer, ''à Villecey, l'occu-pation du sol a été si bouleversée par l'extension du vignoble et les partages féodaux qu'à elle seule, elle pourrait justifier de l'absence d'aître.'' Cependant il est possible qu'un aître ait existé à une époque, sans survivre au-delà du Moyen Age.

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Plan et vue perspective de l’aître Saint-Rémi de Onville.L’implantation et la vo-lumétrie des maisons vi-gneronnes sont restées relativement intactes, alors que les façades fu-rent modifiées de façontrès importante : ouver-ture de baies, portes de garage, balcon,...

bâti ancien bâti actuel

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Aître Saint-Etienne à Arnaville Aître Saint-Julien à Bayonville

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Aître Saint-Hubert à Waville Aître Saint-Pierre à Vandelainville

Les quatre autres aîtres de la vallée, autrefois cernés de vignes.

bâtiancien

bâtiactuel

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Au XIXème et au XXème siècle, une société rurale prise dans les grands conflitseuropéensetmondiaux

Françaises depuis 1766, les communes de la vallée ne semblent pas touchées outre mesure par les bouleversements de la Révolution française, une vingtaine d'années plus tard. Les changements arrivent progressivement au sein de la population paysanne dans ces coins reculés. Les villageois, partagés entre les travaux des champs et de la vi-gne, fonctionnent en système d'autosuffisance. L'agriculture et la viticulture se font de façon com-munautaire. Chaque foyer produit sa propre subsis-tance : céréales, vin, fruits et légumes, viandes... A chaque habitation correspond donc jardins et

vergers cultivés. Au milieu du XIXème siècle, la vallée du Rupt-de-Mad connaît la plus importante concentration de population de son histoire, le dou-ble de la densité actuelle.

''En haut de l’échelle sociale se tenaient les notables formés des familles enrichies par le travail de la terre, dont faisaient partie le maïeur (maire). Puis venaient les laboureurs, travailleurs « riches » et respectés qui possédaient les plus gran-des parcelles et disposaient sur les usoirs le maté-riel agricole, la réserve de bois et l’imposant tas de fumier, véritables signes extérieurs de richesse de

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Les tableaux de la pein-tre Adrienne Jouclard, (1881-1947), originaire d’Onville, illustrent les travaux des champs réa-lisés de manière commu-nautaire.

Adrienne Jouclard, Tra-vaux des champs

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la famille . Les laboureurs-fermiers, moins riches, et les vignerons, les artisans et les manouvriers, oc-cupaient des maisons plus modestes.'' source : Gérard Claude, La maison rurale en Lor-raine, 1990 Entre 1870 et 1871, le conflit franco-alle-mand secoue à nouveau le territoire. En 1871, suite à la défaite française, la France et l'Allemagne si-gnent le traité de Francfort. L'Alsace et la Moselle sont annexées et une nouvelle frontière, passant par Arnaville est créée. C'est de cette limite et de l'an-nexion des territoires mosellans, que naît le dépar-

tement de la Meurthe-et-Moselle. De nombreuses familles messines fuient alors l'Empire allemand et certaines d'entre-elles viennent s'installer dans les premiers villages de la vallée, entre Arnaville et Onville. Ceux-ci sont ja-lonnés de belles demeures, parfois véritables petits châteaux, construits entre la fin du XIXème et le début du XXème siècle. Résidences secondaires, ou refuges durant l'annexion, de familles bourgeoi-ses messines sans doute. Quelques industries s'ins-tallent également au niveau de Bayonville et d'Ar-naville, profitant de la liaison aisée entre le Rupt de Mad et le canal au niveau de la Moselle.

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Adrienne Jouclard, Ven-danges

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Les deux guerres mondiales du XXème siècle touchent de plein fouet la région et les com-munes du Rupt de Mad. Des cartes postales et des cimetières allemands témoignent de l'occupation complète des villages par les troupes allemandes pendant les quatre années d'occupation de la pre-mière guerre mondiale. Une partie importante du bâti est détruite par les canonnades, notamment Arnaville et Bayonville, lors d'affrontements en-tre Américains et Allemands en 1944. Les villages seront peu à peu reconstruits, mais si des plans de reconstruction des centres villageois, pour Jaulny et Rembercourt, furent projetés, ils ne furent jamais réalisés.

A la fin du XXème siècle, la campagne se vide. La mécanisation de l’agriculture, amorcée dès le début du XXème siècle, a rendu de moins

frontières en 1870frontières en 1871départements

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Le nouveau tracé de la frontièresuiteauconflitfranco-prussien et au traité de Francfort.

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Visite à la douane Carte postale ancienne d’Arnaville de la pre-mière moitié du XXème siècle

source : www.cartespos-talesdelorraine.com

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en moins nécessaire la main d’œuvre, entraînant une désertification des campagnes de Meurthe et Moselle. Dans les secteurs les plus éloignés des influences urbaines, des maisons abandonnées ou vieillissantes apparaissent dans les centres des vil-lages, tandis que les résidences secondaires pren-nent le relais. La vallée du Rupt de Mad offre un cadre agréable, dans un écrin de verdure, proche des vil-les du sillon lorrain, et attirent de nombreuses po-pulations qui y installent des résidences secondai-res. Ces résidences prendront souvent la forme de chalet en bois, et se résidentialiseront par la suite. Depuis la fin du XXème siècle, la vallée attire tou-jours des nouveaux habitant, les villages les plus en aval de la vallée sont les plus prisés.

La revitalisation des bourgs et la sauve-garde du patrimoine villageois sont ainsi des enjeux importants pour les paysages de la vallée.

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La frontièreCarte postale ancienne entre Arnaville et No-véant, première moitié du XXème siècle

source : www.cartespos-talesdelorraine.com

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Un paysage rural de qualité mais peu entretenu

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Vergers à l’abandon sur les versants derrière Bayonville

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Le paysage est le produit de la nature et du travail de l'homme. L'espace de la vallée en est un exemple caractéristique. Le paysage dit ''naturel'' qui occupe la plus grande surface du site est le fruit d'une cohabitation entre espaces agricoles, espaces cultivés, jardins et vergers aménagés et forêts elles-mêmes gérées par l'homme. Le paysage actuel que l'on connaît n'est pas une constante et fut différent il y a 50, 100, 150 ans...

Un paysage géré et aménagé par l’homme

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Grands champs agrico-les au dessus de Rem-bercourt, séparés par des haies bocagères denses. La sinusoté des lignes et les arbres en bords de chemin et en plein champs font toute la beauté de ce paysage. Ces haies et alignements d’arbres sont inscrits comme espaces naturels à protéger dans le PLU et sont régulièrement en-tretenus voire replantés.

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Carte des différents mi-lieux végétaux autour du Rupt-de-Mad.Si le fond de la vallée est composé d’espaces na-turels variés, les coteaux sont couverts d’une épaisse masse forestière qui semble clore la val-lée sur elle-même, et l’isoler.

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Le paysage de la vallée est structuré par "strates" qui s'organisent en suivant la topographie. Le plateau est couvert par de grandes parcelles d'agriculture intensive qui offrent une belle diversi-té de couleurs et d'ambiances au fil des saisons. Ces espaces sont occupés par des cultures céréalières diverses : colza, blé, orge,...

Dans le fond de la vallée se développe une ripisylve importante qui suit le cours sinueux du Rupt-de-Mad. Les taillis d'arbustes, les herbes hau-tes et les grands arbres qui la composent, signalent la présence du cours d’eau. Celui-ci déborde fré-

quemment et ces débordements occupent d'impor-tantes surfaces au niveau des berges. Ces espaces, trop humides pour être cultivés, sont généralement laissés en prairies et contribuent à la qualité du ca-dre paysager. Hors des limites inondables, les bords du Rupt-de-Mad sont occupés par des cultures cé-réalières, blé, orge, colza,.. Une seule exploitation bovine est présente sur le site, au niveau d'Arna-ville.

Les structures villageoises, très groupées, s'insèrent entre ces espaces cultivés et les versants arborés de la vallée. A l'arrière des constructions,

Un paysage organisé en fonction de la topographie

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L’organisation des espa-ces naturels par rapport à la topographie

source : agence Folléa-Gautier, paysagistes – ur-banistes

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l'homme a également structuré le terrain en strates : jardins, vergers, puis forêts se succèdent jusqu'aux hauteurs du plateau. Le paysage est organisé entre petite zone urbaine compacte et grands espaces de vide, qui s'animent avec les saisons.

Aux espaces de nature proprement dits s’ajoutent les arbres. De la forêt au centre des villa-ges, en passant par les plateaux calcaires, les flancs des coteaux ou en suivant les routes et les rivières, l’arbre accompagne les activités humaines et parti-cipe à la valeur des paysages. On le retrouve sous des formes diverses : en masse forestière, mais aussi en silhouette isolée au cœur des vastes étendues de cultures, en haies bocagères, en bosquets entre les parcelles de prairie ou de culture, en alignements au bord des routes, en ripisylves au bord des rivières, en espaliers sur les murs des maisons de villages, ... Chacune de ces formes contribue à structurer le paysage. Isolé, il anime les espaces cultivés, en

haies ou en bosquets, il révèle le parcellaire, en ripisylves, il témoigne de la présence de l’eau et des fonds humides; en alignements, il souligne le dessin de la route ou de la perspective, et offre un premier plan qui donne échelle et profondeur aux paysages.

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Le viaduc de la voie fer-rée, au niveau de la Fer-me de Fleur-Moulin

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Le paysage de la vallée est marqué par le jeu d'entrelacements, de coupures et de conti-nuités entre trois lignes structurantes. Les courbes et contre-courbes du Rupt-de-Mad, parfois lignes droites, ou méandres, divisées, ramifiées puis trans-formées en retenue d'eau. La route départementale dessert d'est en ouest les villages de la vallée et of-fre des cadrages superbes sur ces paysages. Enfin le tracé des voies ferrées, dont les nombreux ponts, enjambant tour à tour la rivière ou la route, témoi-gne de la complexe insertion du train dans ce site étroit. La localisation actuelle du village de Rembercourt, plutôt en rive gauche du Rupt-de-Mad, résulte entre autres de l'installation de la voie de chemin de fer, en cœur de village, sur la rive droite. Cette implantation créa une véritable saillie

Letrain,laroute,larivière:lesfluxquidessinent le paysage

au niveau des constructions et annexa une partie du quartier rive droite qui ne put se développer. Wa-ville et Villecey sont coupés des bords du Mad par le talus important de la voie ferrée, qui bloque leur développement. A ces flux et infrastructures visibles, qui créent d'importants espaces de servitudes, s'ajou-tent les nombreux flux invisibles mais dont les installations marquent les paysages : réseaux élec-triques aériens, conduits de gaz enterrés au-dessus desquels les forêts sont rasées, bornes, poteaux électriques...

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Le viaduc du TGV Est enjambe la vallée au niveau de Jaulny

photographie : Alexan-dre André

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Le positionnement des villages par rapport à la rivière et au relief

Cherchant à tirer parti des avantages du site, ou au contraire à se protéger des risques natu-rels, les communes ne se sont pas toutes implantées de manière identique au sein de la vallée. Ces im-plantations offrent à chaque village un particularis-me et un urbanisme qui leur sont propres. On peut déterminer quatre grands modèles d'implantation.

Waville et Vandelainville, installés sur le coteau nord, sont à l'écart du Rupt de Mad et de la route. Ils s'organisent autour d'une rue principale, perpendiculaire à la rivière, qui se termine en mon-tée abrupte sur le coteau. A l'écart de la voie princi-

pale, le quartier de l'aître, est composé de maisons vigneronnes qui se développent autour de l'église médiévale, en ruelles étroites. Sur cette même rive gauche, les commu-nes de Onville, Bayonville et Arnaville atteignent, elles, franchement la rivière, et possèdent éga-lement un quartier autour de l'aître. Elles se sont développées d'est en ouest, parallèlement au cours d'eau et à la route. Cette dernière qui traverse les communes et forme la rue principale. Villecey s'est développé dans cette même logique est-ouest, mais rive droite et à l'écart de la route, au niveau d'un élargissement de la vallée pro-

Waville

Onville et Vandelainville

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L’inscription des villages dans le paysage

Sources : Photographies : Agence Folléa -Gauthier - Conseil Général 54Carte des Frères Naudin 1736 Onville, Vandelainville et Bayonville

L’implantationdesstructuresbâties

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Waville, depuis les hauteurs des coteaux, derrière l’église Saint-Hubert.

photographie : Maxime.D Gooz

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pice à l'agriculture, et autrefois à la viticulture. Jaulny et son château du XIIème siècle oc-cupent un éperon rocheux au pied duquel courent la rivière et la route d'accès de la vallée depuis la plaine meusienne. Le bâti s'installe autour du châ-teau et descend presque jusqu'à la rivière. Comme à Waville, la rue principale monte dans le village et permet la liaison avec le plateau au sud. Rembercourt est le seul village qui chevau-che véritablement la rivière. La bâti est aujourd'hui présent de manière égale sur les deux rives, mais par le passé, les maisons vigneronnes étaient plutôt installées sur la rive gauche, en dessous des vignes, et la rive opposée était le lieu de l'ancienne maison forte.

La topographie accidentée du site, où sont implantés les noyaux villageois, contraint la forme et le positionnement des nouvelles extensions. Il est impossible de s’étendre en hauteur, à flanc des co-teaux qui forment une barrière naturelle. Les nou-

velles constructions ne peuvent s’implanter qu’en fond de vallée. Cependant, la proximité de la route, de la rivière et de la voie ferrée, bloquent parfois les villages dans un espace étroit et restreignent leur développement. C’est ce qui explique en partie l’absence d’extensions importantes, par ‘‘nappes’’ pavillonnaires comme il en existe à proximité sur le territoire. Les agrandissements, ont dû, ici prendre d’autres formes d’implantation.

Villecey

Arnaville

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Rembercourt

Jaulny

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Les villages de Meurthe et Moselle sont traditionnellement groupés et compacts, en raison des pratiques agricoles communautaires, qu'indui-sent la céréaliculture et la viticulture. Si quelques fermes et moulins sont isolés dans la vallée (une douzaine de moulins au Haut Moyen-Age), l'habi-tat traditionnel se compose de maisons et fermes accolées.

Deux types de structures villageoises exis-tent dans le département, le village tas, peu courant, organisé autour d'un élément central, un château, une église ou une place, et le village rue : les habi-tations y sont organisées de part et d'autre d'une rue centrale large, et s'ouvrent sur d'importants usoirs. La forme urbaine des villages de Meurthe et Mosel-le, présente trois figures qui concourent à la person-nalité des paysages habités ruraux du département : les usoirs devant les façades, les vastes fermes et maisons accolées les unes aux autres, la ceinture de

L'adaptation des formes du village traditionnel lorrain aux contraintes de la vallée du Rupt-de-Mad

vergers et jardins. Dans la vallée du Rupt-de-Mad, les popu-lations ont dû adapter ces modèles aux contraintes de la topographie, aux risques d'attaques dans ces zones troublées, et aux activités viticoles. Waville, Arnaville, Bayonville, et Vandelainville, sont or-ganisés sur le modèle du village rue. Cependant, coincées par une déclivité importante et la proxi-mité de la rivière, les rues ne présentent presque pas d'usoirs. Elles sont souvent étroites et grimpent sur le coteau nord, à travers les jardins et les vergers.

Villecey présente l'image d'un village tas : depuis les hauteurs de Waville, en face, on aperçoit le clocher, qui crée une centralité au niveau du bâti ancien, aujourd'hui mis à mal par une expansion moderne débordante. Cependant aucun parvis ou place ne met en valeur l'église à l'intérieur du vil-lage. Rembercourt possédait une maison forte au Moyen Age, sans pour autant que le village ne

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Schéma du village rue et du village tas

source : Atlas des paysa-ges de Meurthe et Mo-selle Agence Folléa-Gautier, paysagistes – urbanistes

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se soit organisé autour de celle-ci. La commune est installée à cheval sur le Rupt-de-Mad, et lorsqu'on parcourt les lieux, il semble que ce soit le pont, per-mettant le franchissement de la rivière, qui marque la centralité du village. Mais, comme à Villecey, depuis les hauteurs des plateaux, l'église, qui date du XVIIIème siècle crée une focale pour la masse bâtie. Jaulny est très clairement organisé autour de son château, concentré sur la terrasse calcaire qui le protégeait des envahisseurs. Cependant, cette centralité est tout relative et ne se ressent pas lorsqu'on marche à travers le village. A ces formes urbaines, du village rue ou du village tas, s'ajoute, pour les villages de la rive gauche, l'implantation des aîtres médiévaux. Puis-que ces formations avaient pour fonction de proté-ger vivres et villageois de la route très fréquentée, elles se situent toujours à l'écart de l'axe principal du village. C'est particulièrement visible à Vande-lainville, sans doute le premier aître madin, où le

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Un exemple d’adaptation du modèle du village rue à Vandelainville. Les maisons et fermes s’organisent le long de ruelles perpendiculai-res à la rue principale, dans le sens de la vue et face au sud. Les jardins étroits à l’arrière ont hé-rité la forme des ancien-nes parcelles viticoles. Le quartier de l’aître est toujours en retrait de l’axe de la rue principale, dans un but défensif.

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Demeure sur cour à Bayonville

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Maisons vigneronnes accolées dans la rue principale d’Arnaville

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quartier de l'aître est clairement en retrait de la rue centrale. Dans le tissu des maisons serrées pay-sannes et vigneronnes, s'insèrent, entre Arnaville et Onville, de belles maisons bourgeoises. Géné-ralement en retrait de la rue, cernées par un vaste jardin, protégées derrière un mur ou une grille, ces bâtisses participent à la qualité et à la diversité ar-chitecturale des centre anciens. Lorsqu'on parcourt la vallée d'est en ouest, on intègre très clairement cette logique du site : un vide, un village, un vide, un village,... De la même façon chaque village est immanquablement mar-qué par le clocher, le seul élément qui émerge de la masse rouge des toitures et signale la présence des noyaux anciens dans le paysage.

A l'intérieur des communes, le petit patri-moine rural anime le paysage de la rue, très miné-rale. Lavoirs, fontaines, murets,... sont nombreux dans chaque village et participent pleinement à la valeur du cadre urbain.

Les rues étroites, cadrées par les façades sobres et robustes des fermes et maisons, sont des espaces très minéraux. Encore présents à certains endroits, des caniveaux en pierres claires dessinent la différenciation entre l'espace public de la rue et le lieu plus privatif devant les façades. Seuls quel-ques grands arbres, au niveau des places, et des poiriers palissés sur les façades, végétalisent quel-que peu l'espace de la rue. Les abords des villages cependant offrent une ambiance toute différente. La ceinture verte autour des masses bâties, plus diver-sifiée autrefois, se compose de vergers, pré-vergers et jardins qui dessinent une transition progressive entre les espaces construits et les cultures. Suite à l'avancée des zones boisées, les villages semblent complètement enveloppés par une épaisse masse végétale, dont les couleurs évoluent avec les sai-sons et offrent, toute l'année, une belle diversité d'ambiances.

Les villages « lorrains », par leurs for-mes urbaines très particulières, contribuent de façon majeure à l’identité des paysages ruraux de Meurthe-et-Moselle. Ils sont toujours avenants vus de l’extérieur, s’affichant précisément dans le paysage, économes de l’espace : grande nappe de toits rouges à pentes douces ; silhouette du clocher de l’église, parfois à bulbes ; frange de vergers, de prés-vergers et de jardins autour, composant une ceinture végétale qui participe à l’inscription en douceur du bâti dans le paysage. (...)

Atlas des paysages de Meurthe et Moselle : Vivre les Paysages de Meurthe et Moselle

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Le modèle du village tas et du village rue dans la vallée du Rupt-de-Mad

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Tête de lion au lavoir de Bayonville

Porte et encadrement en pierres au niveau de l’aître de Onville

Porte-savon au lavoir de Waville

Muret en pierre le long des sentiers entre Van-delainville et Bayonville

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Une qualité paysagère aujourd’hui menacée ?

La dégradation de la qualité paysagère par l’absence d’entretien des espaces naturels

Autrefois les forêts étaient beaucoup moins présentes sur les coteaux, quelques vergers et d'importantes exploitations viticoles recouvraient presque totalement les versants exposés au midi, à l'arrière des villages. Autour de 1600, à Rember-court , on totalisait 500 hectares de vignes qui pro-duisaient 95 hectolitres de vin par an. On en tirait un vin moyen, moins bon que celui de Thiaucourt un peu plus bas, surtout vendu à destination des vil-les de garnisons.

Aujourd'hui la quasi-totalité des vignes a disparu, quelques vergers subsistent et participent à la diversité et à la beauté de la biodiversité des coteaux. Ceux-ci sont aujourd’hui gagnés par la fo-rêt, l’urbanisation ou les cultures depuis le début du XXème siècle. Ce phénomène banalise et appau-vrit le paysage de la vallée. L'enfrichement massif dû à l'avancée de la forêt sur les espaces viticoles abandonnés, et l'épaississement de la ripisylve et

des structures végétales dans le fond de la vallée entraîne une ‘‘fermeture’’ du paysage.

Les populations vivant de la culture de la vigne ou des vergers ont aujourd'hui disparu. Les nouvelles populations de « néo-ruraux » qui s’ins-tallent dans les villages ne prennent pas forcément le relais pour l’entretien des vergers, vignes et jardins, le manque de temps et/ou de savoir-faire entraînant un désintérêt pour ces parcelles. Quel-ques vergers et vignes gardés amoureusement té-moignent encore du passé du site. L'héritage encore présent du secteur des vignes est le parcellaire vi-ticole très morcelé autour des villages sur les co-teaux.

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L’avancée de l’enfriche-ment des coteaux en 50 ans

source : Atlas des paysages de Meurthe et Moselle Agence Folléa-Gautier, paysagistes – urbanistes

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Implantations nouvelles à Villecey sur d’anciens terrains agricoles. La sé-paration entre champs et bâti est brutale etsans transition végétale douce comme c’était le cas au niveau du noyau ancien du village.

Forêts et structures végétales Friches

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Les coteaux au début du siècle, entièrement couverts de vignes, et aujourd’hui, rattrapés par la forêt.

source : www.cartespos-talesdelorraine.com

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L'étude ‘‘Vivre les paysages de Meurthe et Moselle’’ présente ainsi les vallées du Rupt-de-Mad et de l'Esch, à l'échelle du département :

"Les vallées intimes apparaissent ainsi comme les « jardins secrets » du département, que les habitants comme les visiteurs prennent plaisir à fréquenter et à parcourir, grâce aux itinéraires touristiques qu'ils empruntent volontiers.''

Si la vallée est ainsi reconnue pour la qualité de son paysage, il semble que la dimen-sion paysagère ne soit pas suffisamment prise en compte dans les aménagements publics ou privés de ces dernières années. A l'échelle de la maison individuelle ou de l'aménagement urbain, l'intégra-tion des constructions dans le paysage, ou du pay-sage dans les aménagements apparaît, comme un élément secondaire, trop souvent oublié. S'il est vrai que le paysage n'est pas une dimension qui touche en premier lieu un aména-

geur, un élu ou un habitant, lorsqu'ils entreprennent des travaux, il s'agit d'un des atouts majeurs du site que chacun est à même d'apprécier et qui relève du bien commun.

Lors d'un entretien réalisé en juillet der-nier, Monsieur Simon, alors Directeur du CAUE 54, affirmait :

"La vallée possède de grandes qualités paysagères. Le séquençage un vide, un plein, un vide, un plein, est actuellement de moins en moins évident, mis à mal par le phénomène de mitage. Il ne semble pas y avoir de prise de conscience de cet-te qualité et de sa destruction rapide aujourd'hui, ni par les habitants, ni par les maires. (...) L'une des solutions serait de redonner une culture paysagère, il s'agit d'un travail d'ordre culturel afin de prendre conscience du danger, des actions à entreprendre, au niveau des élus et des habitants. Un autre élé-ment serait de travailler sur le règlement, de don-

L’absence de prise en compte du paysage dans les nouveaux aménagements.

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Construction neuve à Onville et Villecey.La déclivité naturelle du terrain ne semble pas avoir été prise en comp-te lors de la conception. Les maisons apparais-sent comme posées sur une butte. A Onville, La pente d’ac-cès du garage au niveau du soubassement forme un fossé au milieu du jardin.

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ner des règles et des limites.''

L'absence de prise de conscience de la qualité du paysage, de la part des habitants et des élus, est également soulignée par Madame Perrau-din, architecte des Bâtiments de France à Nancy, qui a travaillé sur ce territoire. Le phénomène serait d'ailleurs régional. La population lorraine, à l'inverse d'autres régions comme l'Alsace par exemple, serait moins ancrée dans son territoire, et moins consciente de ses qualités architecturales, paysagères, patrimoniales, et de son potentiel tou-ristique. L'absence de fierté régionale serait à l'ori-gine d'une méconnaissance des sites à protéger et à valoriser.? Au vu des qualités paysagères et patrimo-niales qui font l'identité du lieu, en quoi les évo-lutions actuelles, au niveau urbain et architectural, participent-elles à la destruction de ces qualités ? Quelles sont les dynamiques de développement qui influent actuellement sur la vallée du Rupt-de-Mad?

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Urbanisation linéaire récente à l’entrée de Bayonville.On perçoit très nette-ment la répétition du même principe de ter-rassement au niveau des accés des garages.L’implantation des ha-biations en centre des parcelles, et l’absence d’aménagement urbain (pas de trotoire par exemple), donne à la rue un aspect de route. Les véhicules y circulent plus vite. Les habitants ont alors tout intérét à utiliser leur voiture pour chaque déplacement, même au sein du village, et à construire à l’écart de la rue.

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Préserver et valoriser les qualités paysagères et architecturales de la vallée : l’enjeu de la pédagogie

La rivière, est l’élément central du paysage de la vallée. Elle est à l’origine de la richesse du cadre paysager, elle a crée le site, lui a donné son nom, a permis le développe-ment des communautés humaines par la culture des berges fertiles et l’installation des moulins et a servi de frontière par le passé. Cependant c’est un élément très peu mis en valeur. La baignade y est interdite, les berges sont très ra-rement aménagées, et très peu pratiquées par les habitants. La topographie est ici à la fois un atout, pour la beauté des paysages qu’elle crée, et une contrainte, pour l’implantation des constructions et les difficiles liaisons avec le reste du territoire au-delà des coteaux. La diversité des cultures et des sites naturels ont beaucoup évolué depuis un siècle. La disparition de la viticulture et des vergers, la monoculture au niveau des grands espaces agricoles sont des freins à la diversité du cadre paysager, encore riche cependant de nombreux atouts : prairies en bords de rivière, grands jar-dins autour des centres anciens, haies bocagè-res entre les cultures,...

Le paysage du site est son premier atout. L’enjeu primordial est la conserva-tion de la richesse et de la diversité natu-relle de la vallée . Dans un premier temps, il est essentiel d’arriver à reconnaissance de cette qualité du paysage et de ses caracté-

ristiques, afin de lutter contre la destruction entraînant la banalisation du territoire. Il semble qu’une partie de cet objectif puisse s’appuyer sur la fierté que les habitants ont de leur cadre de vie et une plus grande connaissance des éléments qui en font la ri-chesse. Est-ce un travail pédagogique et de communication du ressort du Parc Naturel Régional de Lorraine ? La protection des espaces naturels, par la législation (ZNIEFF, Zone Natura 2000, ENS) et au sein des PLU est un méca-nisme qui semble bien intégré chez les élus et les habitants et depuis plusieurs années. Mais si l’utilisation de la ‘’zone de protec-tion’’ est courante, la mise en valeur des qualités du paysage dans les nouveaux amé-nagements est parfois un élément secondai-re voire oublié, à l’exemple de la rivière et de ses berges.

Les villages se sont adaptés à un espa-ce étroit et contraint par la forte topographie, la rivière et l’ensoleillement. Dans la vallée, les maisons se sont adaptées à la pente impor-tante, s’insérant dans le site, économe de l’es-pace et du terrassement. L’histoire complexe et mouvementée du territoire est à l’origine de la diversité du patrimoine architectural des villages : la struc-ture défensive des aîtres, les petits châteaux

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bourgeois, les habitations viticoles présentes dans tous les villages. Mais l’abandon impor-tant des habitations en centre ancien montre le peu d’intérêt pour cette architecture, ou sa complexe rénovation. Le patrimoine architectural a tout in-térêt à être valorisé par le tourisme ou la ré-habilitation. L’enjeu au niveau des extensions urbaines est de respecter la topographie du ter-rain, qui est un atout paysager autant qu’une contrainte. Le terrassement important pour créer des plateformes constructibles ne saurait être une option et entraine des problèmes de vue proche et lointaine. La contrainte du site peut être aussi un atout et permettre des for-mes intéressantes au niveau de la construction neuve.

Ici encore il semble essentiel d’ar-river à une reconnaissance des qualités et de la diversité des formes architecturales, même les plus modestes. Une sensibilisation pédagogique (par le PnrL, le CAUE54, les services du STAP, la Communauté de Com-munes ? ) et le développement d’un petit tourisme local sont des enjeux majeurs.

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Double page suivante Cartographie des enjeux paysagers dans la vallée.

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Unterritoireruralsousinfluencesurbaines

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Une demeure bour-geoise messine installée àArnavilleàlafinduXVIIème siècle

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Un territoire tourné vers l’axe mosellan et la ville de Metz

L’influencemessine,hieretaujourd’hui

La vallée du Rupt-de-Mad, en limite de l’aire urbaine de Metz, n’est donc pas un espace rural reculé, mais un lieu sous influences urbaines.

Une aire urbaine est un ensemble de com-munes, constituée par un pôle urbain de plus de 10 000 emplois, et par des communes rurales ou uni-tés urbaines dont au moins 40 % de la population résidente ayant un emploi travaille dans le pôle ou dans des communes attirées par celui-ci.( définition INSEE)

Bien que meurthe-et-mosellane, les huit

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Le positionnement de la vallée, au sein de l’aire urbaine messine, et du ScotSud 54. Dans la vallée, 30% des actifs travaillent au ni-veau de Pont-à-Mousson et 60% à Metz.

Carte ; ADUAN / ADE-VAL2012Diagnostic Stratégique du ScotSud54

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Carte de situation de la vallée du Rupt-de-Mad, entre Metz et Nancy.

communes de la vallée appartiennent toutes à l’aire urbaine de Metz, et non à celle de Nancy, plus éloi-gnée. Cette influence messine remonte à l’époque où les villages de la rive gauche appartenaient à l’évêché de Metz. Or les communes dépendent du Scot Sud 54, opérationnel depuis début 2014. Doit-on craindre, comme certains élus dans la vallée, que le document ne prenne pas justement en compte les besoins, notamment fonciers, de cet espace rural sous influence messine et non nancéienne ?

‘‘Ce document (le SCoT) désormais ma-jeur des politiques d’urbanisme, ne semble pourtant

en 2011

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pas véritablement adapté aux enjeux d’un urbanis-me rural. Ce n’est d’ailleurs pas tant son contenu que la méfiance des élus ruraux à son égard qui pourrait expliquer les difficultés de finalisation du SCoT en zone rurale. ‘‘D. Boutet, Pour un urbanisme rural

Dans le Diagnostic Stratégique du Scot-Sud54 (approuvé en novembre 2013) il est vrai que le cadrage des études est toujours centré sur Nancy. Mais les dynamiques extérieures, et notamment messines, qui influent sur la vallée sont clairement identifiées et reconnues. Cependant une certaine méfiance vis-à-vis de ce document existe aux ni-veaux des élus de la vallée.

‘‘Pour obliger les populations à se rappro-cher des grands centres, les constructions possibles sont positionnées en majorité dans l’agglomération nancéienne. Le secteur rural de la vallée est consi-déré comme une réserve foncière pour la région de

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Edificeprobablementconstruit dans la se-conde moitié du XIXème siècle sur un modèle d’organisation classique malgré son époque de construction.Plutôt sobre dans son ensemble,cechâteauest assez proche de la grande demeure et arbore une certaine élégance.

source : http://la-lorrai-ne-se-devoile.blogspot.fr/

Nancy. D’où la limitation importante du nombre de constructions neuves possibles dans la vallée. C’est trop peu. Le SCoT ne prend pas en considération que ce territoire fonctionne avec Metz, à vingt mi-nutes en voitures, puisque nous nous trouvons dans la couronne extrême de Metz.’’Propos d’un maire de la vallée lors d’un entretien, août 2013

Il est vrai que par cette proximité et les qualités du site, les communes attirent de nouveaux habitants. L'étude des statistiques démographiques démontre cependant que le faible solde migratoi-re et le faible solde naturel ne donnent pas lieu à une pression foncière affolante dans la vallée. Le territoire attire, mais sans pression massive, des néo-urbains travaillant hors de la vallée, des jeunes ménages issus du site et souhaitant s'y installer, des populations cherchant une résidence secondaire à la campagne. En moyenne les foyers sont un peu plus aisés que la moyenne française, notamment

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aux extrémités est et ouest du territoire. L’instal-lation de ces ménages plus aisés pourrait permet-tre de possibles réhabilitations de maisons à valeur patrimoniale dans les villages, la rénovation étant plus onéreuse que la construction neuve.

L’étude cartographique de l’observatoire des territoires laisse apparaître un espace rural rela-tivement jeune par rapport aux moyennes françai-ses, où l’éloignement des populations à l’emploi et aux services est très fort. Malgré ces obstacles le territoire attire.

‘‘Le renouveau démographique d’une part condi-tionne la revitalisation du monde rural, mais d’autre part précipite la fin de la ruralité (la fin des paysans).’’

D. Boutet, Pour un urbanisme rural

Cet attrait de la vallée et l'installation de populations messines aisées est un fait ancien sur le site, véritable lieu de richesses au XVIème siècle. Les nombreuses maisons bourgeoises construites entre 1870 et 1914 pendant l'annexion allemande de la fin du XIXème siècle, témoignent de cette at-tractivité passée et présente.

Cependant, si l'attractivité de Metz touche toute la vallée, l'installation des populations mes-sines semble s'être arrêtée à Onville. Le reste du territoire était-il trop éloigné ? Les relations entre l'abbaye de Gorze (évéché de Metz), et les commu-nes à l'est, possédant un aître, sont-elles également à l'origine de cette préférence ? Les deux peut-être, toujours est-il que le riche patrimoine architectural au niveau de certaines grandes demeures, ne se re-trouve pas en amont d'Onville.

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L’organisation des dynamiques Est-Ouest

Le paysage se révèle en une lecture pro-gressive depuis le sillon lorrain à l'Est vers les zo-nes plus rurales vers la Meuse. Comme un enfonce-ment vers des zones de plus en plus reculées, moins attractives. Les lignes se courbent, le train n'est plus qu'un transport de marchandises, les flux de circu-lation se calment, et finalement, à l'extrémité ouest de la basse vallée, le château médiéval de Jaulny apparaît comme le dernier bastion humain, avant la disparition de la rivière dans une zone de méandres encaissés, couverte de forêts. La route quitte les ri-ves de la rivière et remonte sur le plateau, laissant infranchissable, jusqu'à la construction du pont du

TGV Est, une zone de forêt inhabitée. Cette lec-ture est-ouest, permet de mettre en évidence les différents statuts des huit communes de la vallée. Les communes les plus à l'est, à la porte du sillon lorrain, sont plus attractives, se développent plus rapidement et conservent encore des services et quelques commerces. Elles sont également sujettes à une pression foncière plus importante. A l'inverse, les communes les plus à l'ouest, Jaulny et Rember-court souffrent plus largement de leur éloignement et maintiennent plus difficilement leurs commerces et écoles.

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Herbeuville sur Mad, la disparition d'un village encore visible aujourd'hui

Cet éloignement important entre Waville et Rembercourt a des raisons historiques. Un vil-lage, en bord de rivière aurait dû se développer et compléter logiquement le chapelet des communes le long de la vallée.

Entre Rembercourt et Waville, le village médiéval de Herbeuville-sur-Mad disparaît autour de l'an mil, suite aux différentes successions et donations. Les terres seront partagées entre Rem-bercourt, Saint-Julien (sur le plateau) et Waville. Les traces les plus anciennes du village datent du VIIIème, et le situent entre les ruisseaux d'Hacni-veaux et du Soiron, au niveau de deux moulins sur le Rupt-de-Mad et d'une villa en aval du Soiron. Le village est né d'un hameau, lui-même issu d'une enceinte protohistorique du Haut-Bois au niveau du Soiron, et se trouve rapidement rattaché à Gorze, mais disparaîtra par la suite. L'observation des do-cuments cartographiques, et les visites sur le site, mettent clairement en évidence cet espace de vide important entre Waville et Rembercourt qui aurait

dû, en tout logique, être bâti.

Cette limite entre Rembercourt et Wa-ville est présente dans les usages des habitants, puisque les villages sont divisés à cet endroit entre deux bassins de vie différents, les regroupements scolaires sont ici séparés entre les collèges de Pa-gny-sur-Moselle et de Thiaucourt. Il semble que la séparation existe également dans les mentalités des habitants.

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L’implantation de l’an-cien village d’Herbeu-ville-sur-Mad

Carte des frères Naudin1736

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Vue aérienne de l’empla-cement de Herbeuville sur MadPlus rien de reste du village médiéval, que les deux fermes de Buret de de Fleurmoulin, cernées de champs et de prairies.

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Lesproblématiquesdefluxetd’attractivitédusite

La dépendance à la voiture

Si la vallée est un lieu d'implantation pour de nombreux foyers, les communes ont une forte tendance à être uniquement des lieux de résidence et à perdre progressivement commerces, services et activités. Le territoire est partagé entre deux bas-sins de vie, celui de Pont-à-Mousson pour les com-munes de Jaulny et Rembercourt, et celui de Metz pour les autres communes.

Le bassin de vie est le plus petit territoire sur lequel les habitants ont accès aux équipements et services les plus courants, (services aux parti-culiers, commerce, enseignement , santé, sports, loisirs et culture, transports).définition (INSEE)

Ainsi les habitants doivent parcourir une trentaine de kilomètres pour avoir accès aux équi-pements publics et aux services. Cette constatation met en évidence la forte dépendance des habitants à la voiture. Actuellement il existe peu d'emploi sur le territoire, et la population active effectue essen-tiellement en voiture les trajets quotidiens jusqu'à son lieu de travail. Cette augmentation du nombre de véhicules (presque trois par foyer) entraine des problèmes de pollution et d'encombrement de la dé-

partementale, le seul axe de communication avec le sillon lorrain. De plus, cette prolifération auto-mobile envahit des espaces publics en cœur de vil-lage complètement dévolus au stationnement, où le piéton a rarement sa place. Ce phénomène a d’im-portantes conséquences sur les nouveaux enjeux de l’aménagement urbain.

"La rurbanisation des années 60 qui ca-ractérisait l'installation dans les communes rura-les de populations cherchant une résidence, mais conservant leur emploi citadin, se trouve complétée par l'émergence des villes satellites, dilatation de l'espace urbain, facilitée d'ailleurs par l'augmenta-tion de la vitesse et la diminution du coût du trans-port."D. Boutet, Pour un urbanisme rural

Aucune desserte en transport public, n'est présente sur le territoire, si ce n'est les allers et re-tours des bus scolaires pour Thiaucourt et Pagny-sur-Moselle, ou Pont-à-Mousson. La seule alterna-tive à l'usage de la voiture est la ligne Sncf, dont l'unique gare de la vallée est à Onville, reliant les habitants à Metz, Nancy, le Pays Haut au niveau de Longwy ou Verdun. Une dizaine de trains cha-que jour permettent les trajets pendulaires des ac-tifs, par cette petite gare presque désaffectée, sans permanence ni vente de billet. L'accès même de la gare, hors des villages, sur le coteau sud, cachée par un épais écran de verdure, dans un site pres-que abandonné, n'incite en rien à sa fréquentation. Il s'en faudrait de peu pour qu'elle disparaisse, à l'image de toutes les autres gares de la vallée, deve-nues maisons d'habitation. Situées un peu à l'écart

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Le positionnement de la vallée, entre bassin de vie de Pont-à-Mousson et bassin de vie de Metz

Carte : l’Observatoire des paysages

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du centre, elles témoignaient d'une époque où la population était un peu plus nombreuse et où cha-que village ou presque avait sa gare.

Actuellement il semble qu’un pa-radoxe bouscule la façon dont la mobilité est pen-sée au sein des grandes instances d’urbanisme. Il faut favoriser les modes de transport doux, l'accès à la mobilité pour tous et permettre les flux sur tout le territoire. Cependant, plus les populations peuvent se déplacer rapidement, et plus elles vont pouvoir habiter loin de leur lieu de travail et investir des espaces reculés. Cette dynamique a, entre autres

pour effet de multiplier les populations effectuant des trajets pendulaires et d'encombrer encore plus le trafic routier, autoroutier et ferré. Or, dans une logique de développement durable et de protection des espaces naturels face à l'artificialisation rapide des sols pour la construction individuelle, les politi-ques urbaines actuelles prétendent pourtant favori-ser l'habitat compact, proche des villes, à réinvestir les centres urbains... Face à ce constat, où se situent les logiques de développement de la vallée du Rupt de Mad ? Est-ce un espace rural qu'il s'agit de conserver et de protéger de l'urbanisation rapide ? Comment

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Projet de rénovation de la gare de Onville en un pôle multimodale et touristique.Coupe sur la passerelle et perspective du hall centralPFE session juin 2013

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enrayer une gestion discutable qui met à mal les qualités paysagères ? N'est-ce pas également un es-pace habité par des populations, complètement dé-pendantes du bassin d'emplois messins (et de Pont-à-Mousson), et pour lequel il faut favoriser à tout prix les trajets des actifs, développer les formes de transport collectif (train, covoiturage,...)? La vallée est un lieu de vie, mais comment conserver ou re-créer les qualités d'un lieu vivant, dans lequel existe encore des commerces, des activités culturelles, des écoles,..?

Conserver l’attractivité du site

Il est vrai que le territoire se vide de ses emplois, services et commerces de proximité. L’ac-tivité agricole, qui faisait autrefois travailler la ma-jorité de la population, s’est métamorphosée en un siècle. Les agriculteurs sont aujourd’hui réduits à une dizaine d’exploitants éparpillés sur le territoire de la vallée et dont les propriétés s’étendent au delà des limites du site.

‘‘En périphérie des agglomérations urbaines, l’évolution des emplois dépend directement de la

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La prise en compte des influencesextérieuressur le territoire du ScotSud54 est visible sur cette carte issue du diagnostic stratégique, bien que le document soit clairement autocen-tré sur Nancy ?

sources : SCotSud54 dia-gnostic / cahier mobilité ADUAN, ADEVALL’armature urbaine

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demande des ménages en termes de services pu-blics et de biens de consommation.’’Didier Boutet, Pour un urbanisme rural

Les ménages vivant dans la vallée se four-nissent majoritairement sur leur lieu de travail, hors du territoire, au niveau de Metz ou de Pont-à-Mousson. C’est ce qui explique le difficile maintien voire le déclin des activités et des commerces dans la vallée. Ces trente dernières années, le nombre d’habitants de chaque commune a augmenté, alors que disparaissaient progressivement les commerces de proximité. En 1983, 160 personnes habitaient Villecey, contre le double aujourd’hui, alors que l’épicerie-tabac du village a fermé depuis. Rember-court comptait également deux fois moins d’habi-tants, mais possédait encore un café et un camping, disparus aujourd’hui, comme le restaurant, le café et l’épicerie de Jaulny. Les communes les plus à l’ouest du site sont évidemment les plus touchées.

Parmi les éléments qui existent encore dans les huit communes et qui participent à l'ani-mation des villages on compte les écoles mater-nelles et primaires. Cependant ces établissements sont souvent menacés de fermeture par des effectifs parfois en baisse ou des volontés de regroupement important au niveau des bourgs hors de la vallée, vers Thiaucourt ou Pagny-sur-Moselle. Pour certai-nes communes, l'école étant le seul établissement public du village, c'est un lieu social très fort et sa disparition risque de mettre fin à l'animation de la commune, voire de mettre à mal l'attractivité des lieux. Les écoles de villages sont-elles vouées à disparaître dans l'avenir, au profit de regroupe-ments scolaires de plus grande ampleur? Pour pa-lier ce problème, quatre communes se sont déjà regroupées pour construire une école maternelle et primaire entre Onville et Vandelainville.

" L'un des enjeux du site est la conserva-tion d'une économie locale : il faut conserver une

image valorisante du site pour influer sur le main-tien de l'économie. Cependant il n'est pas envisa-geable de revenir à un système avec un café et une boulangerie par village. La fermeture progressive des commerces le prouve. Peut-être que l'avenir du site se situe au niveau de la création d'une écono-mie différente, de qualité : une bonne boulangerie à l'échelle de la vallée, une ferme écologique ? "

Entretien avec M. Simon, directeur du CAUE 54, juillet 2013

Pour madame Perraudin, ABF, l'un des le-viers possibles du site est le petit tourisme de week-end, axé sur les sites patrimoniaux et paysagers de la vallée (chemins de randonnées pédestre sur les anciennes voies romaines et celtes, GR5 à Onville, promenades des aîtres médiévaux...). Si cet atout n'est pas pris en compte actuellement par une ma-jorité d'habitants, il s'agit d'éléments susceptibles d'intéresser des populations transfrontalières, de-puis la Belgique ou le Luxembourg. Ce levier pos-sible s'appuie sur une mise en valeur importante des qualités paysagères et architecturales des lieux.

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L’ouverture de la crèche de Bayonville, il y a quatre ans, est un bel exemple de rénovation etd’extensiond’unbâ-timent ancien en cœur de village, et démontre le potentiel du site en matière d’établissement scolaire, et d’innovation architecturale.

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Malgré le maintien de quelques commerces, les activités disparais-sent progressivement à Bayonville.

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Arnaville, porte d’entrée de la vallée

Unrichepassésousinfluencemessine

Arnaville est le premier village de la val-lée, lorsqu'on arrive du sillon lorrain, depuis Metz, Pont-à-Mousson ou Nancy. La commune, lieu de passage entre Pagny-sur-Moselle et Novéant, sem-ble déjà appartenir à l'axe mosellan. C'est le village le plus peuplé de la vallée, le plus riche également, puisque c'est certainement celui qui profita le plus de l'influence messine dans le passé, et encore aujourd'hui. C'est Saint Arnald, 27ème évêque de Metz (601-608), propriétaire d'un domaine viticole aux pieds du Rudemont, qui donna son nom au vil-lage d'Arnaville. Au Moyen-Age, le site est divisé en trois seigneuries, le ban Saint-Pierre, rattaché au duché de Lorraine, le ban Saint-Vanne, appartenant à l'évèque de Verdun, et le ban Saint-Gorgon, où se situe l'aître médiéval, rallié à l'abbaye de Gorze, donc à l'évéché de Metz.

" Au Moyen Age classique apparaissent les bourgeois messins pour qui Arnaville fait enco-re partie de la grande banlieue de Metz puis les No-bertins de Sainte-Marie-aux Bois, abbaye ducale, parviennent également à y acquérir quelques biens : en conséquence, à la fin du Moyen Age, le gros village est un lieu de rencontre de gens d'origines très diverses.''Jacques Reisdorfer, Peuplement et occupations du sol dans la vallée du Rupt-de-Mad, des origines à la fin du moyen-âge, 1987

Le village s'organise autour de l'aître de l'église Saint-Etienne, sur les terres gorziennes. Au XIVème et au XVème siècle il se développe énormément sous l'influence de populations de la

bourgeoisie messine, qui y installent parfois une résidence secondaire. Il faut alors construire un se-cond cimetière, au niveau d'un hameau, sur le site du Pallon, un peu plus en amont de la rivière. On y construit une chapelle, dédiée à Notre Dame du Mont Carmel, encore aujourd'hui entourée par des jardins. Suite à la défaite française de 1870, Arna-ville devient ville frontière avec l'Allemagne, et on y installe une sous-lieutenance de douane. A cette période, des industries viennent remplacer les ac-tivités agricoles : une scierie, des exploitations de carrières de pierres, une distillerie et une filature

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Notre-Dame du Mont-Carmet au milieu des jardins, sur le site du Pallon

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Arnaville depuis la rive droite.Carte postale du début du siècle

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de laine dans l'ancien moulin, substituée ensuite par une usine de production d'électricité. Arnaville, et dans une moindre mesure Bayonville, sont les seules communes à avoir connu un petit passé in-dustriel au sein de la vallée. Une seconde vague d'installations messi-nes arrive durant cette première période d'annexion de la Moselle par l'Allemagne. S’y réalisent d'im-posantes demeures, cernées de parcs encore visibles aujourd'hui. Le vieux centre d'Arnaville possède une diversité et une belle richesse architecturale : des petits châteaux bourgeois du XIXème siècle, aux habitations plus simples des vignerons et pay-

sans ; les moulures, les encadrements de baies en pierres ou en briques, témoignent de la richesse passée du site. En 1944, Arnaville est en première ligne, le lieu de violents combats entre troupes alleman-des et américaines. Le village, qui a subit d'impor-tantes destructions, revient peu à peu à la vie après 1945

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Demeureviticoleédifiéeau Moyen-Age et réa-ménagée, notament au XVIIIème siècle. Elle pos-sède encore de vastes caves utilisées autrefois pour le stockage du vin. Le jardin, cerné de hauts murs,protègel’édificedela bruyante Grande rue.

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L’insertion dans un paysage remarquable

Arnaville est installé en hauteur sur le co-teau nord, à l'endroit d'un resserrement important de la vallée, juste avant la confluence du Rupt-de-Mad avec la Moselle. Sur le site escarpé, le village à flanc de coteau, apparaît serré autour de son église. Depuis les alentours, il s'insère remarquablement bien dans le paysage ; le promeneur qui emprunte le coteau en face peut profiter de superbes vues sur les toitures rouges le clocher du Xème siècle qui émergent de la masse forestière. La retenue d'eau, où se reflète un large pan de ciel, scintillante dès l'apparition du soleil, participe à la beauté du cadre paysager.

Le village, tout en longueur, s'étend sur près d'un kilomètre de long en suivant les courbes de niveaux du Rudemont. Le centre est constitué de deux noyaux anciens, la partie centrale, autour de l'aître de l'église Saint Etienne, et un quartier plus à l'ouest, autour de la chapelle Notre Dame du Mont Carmet. Les lieux sont parcourus par une multitude de ruelles piétonnes qui descendent jusqu'aux rives du Rupt-de-Mad, ou grimpent sur les hauteurs du Rudemont.

Une zone d'extension moyennement ré-

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Arnaville au pieds du Ru-demont face à la retenue d’eau

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cente s'étend à l'est, vers Pagny-sur-Moselle et No-véant. Les deux entrées sur le site sont marquées par les infrastructures importantes des ponts en pierres du chemin de fer. Vers Novéant, plusieurs maisons, le long de la départementale, dégradent la cohérence du village groupé, par un phénomène de mitage important.

A l'ouest, le long du chemin de Gorze, une zone d'extension récente s'écarte de la départe-mentale et suit les courbes du relief du Rudemont. Sur ce site, très visible lorsqu'on arrive à Arnaville depuis la vallée, le modèle récurrent est celui du chalet en bois.

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L’organisation des diffé-rents quartiers d’Arna-ville, le long de la dépar-tementale

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Le rapport au site des différentsquartiersàArnaville

Chalets rue de Gorze

Extensions récentes et mitages vers Novéant

Le Pallon

Noyau ancien

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La prolifération de la forme du chalet au niveau des extensions

Les enjeux pour la conservation de la qua-lité architecturale et paysagère d'Arnaville se situent dans le contrôle des extensions et des constructions neuves. Il s'agit de conserver la bonne insertion du village dans son site et de garder le caractère grou-pé du village, surtout au niveau des trois entrées principales. La rue de Gorze est un site de réflexion important. Accrochée à la Grand rue, en aval, la rue de Gorze s'écarte du parcours de la départementale et suit les courbes de niveau du Rudemont, au ni-veau d'une ancienne voie reliant le village à l'ab-baye de Gorze. Le quartier neuf est presque essen-tiellement constitué de chalets en bois, tournés vers la retenue d'eau et l'entrée dans la vallée, profitant d'une des plus belles vues de la vallée. Le chalet en bois est une forme récurrente dans la vallée du Rupt de Mad, et se retrouve fréquemment entre Jaulny et Arnaville. Mais c'est ici qu'on en trouve une telle quantité et une telle densité. A la fin du XXème, la vallée est une zone de villégiature, le chalet est la

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Les chalets de la rue de Gorze face à la retenue d’eau

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conscience des habitants, des élus, et des entrepri-ses."

Entretien avec M. Simon, directeur du CAUE 54, juillet 2013

La modification radicale du terrain, la création de talus importants et raides, pour implan-ter une forme de chalet sans référence au lieu prou-vent qu'ici le projet a été prévu sans le site. Une im-posante rampe d'accès de garage bétonnée occupe tout le devant de la maison, et une multitude de murets viennent soutenir un terrain malmené .

Ces habitations présentent une grande di-versité de détails architecturaux, bois, crépi, pierre, balcons, toiture à débords,... qui brouillent la co-hérence d'ensemble, mais il n'y a aucune richesse dans la mise en place de volumes qui permettrait de s'adapter à la topographie du site. A y regarder de près, toutes les habitations présentent le même vo-

forme utilisée pour des résidences secondaires qui deviendront généralement résidences principales. La forte topographie du site a-t-elle également in-cité, par analogie avec l'architecture de montagne, à l'emploi de ce modèle ? Ici, les chalets implantés sur le coteau sont visibles de tous les lieux. Finalement les construc-tions de la rue de Gorze, hors du tracé de la dé-partementale, échappent aux nuisances des flux de circulation et s'insèrent sans trop de difficulté dans le paysage. Les constructions en bois, face aux pentes douces et vertes du Rudemont, offrent une image de carte postale suisse qui ne nuit pas à la qualité du site. Mais si les vues de loin semblent satisfaisantes, il n'en est rien de l'implantation des constructions dans leur site proche.

"La forme en elle-même n'est pas le pro-blème, le problème de ces architectures réside dans le rapport au site, l'implantation, l'insertion. Là encore il y a un véritable besoin d'une prise de

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Afindepermettrel’accèsau garage, le terrain a été ici fortement modifié etcontenu par une multi-tudes de murets

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lume cubique compact, et rattrapent la pente de leur mieux, par tout un système de terrasses, escaliers, murs de soutènement

On n’est là que depuis un an. Mais moi je préférais avant, quand on habitait le village. Je m'ennuie ici! Je ne peux plus discuter, il n'y a plus personne. Les gens partent toute la journée. (...)"Bon on est bien ici, on a une belle vue, et il y a le soleil, jusque tard le soir. "Maintenant c'est fini, on ne peut plus construire, la mairie l'interdit. On avait besoin d'un autre garage pour ma voiture mais ce n'est même pas possible." " Mais il n'y a

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Lebâtis’adaptetrèspeuà la topographie du co-teau. Les terrassements très forts créent des pla-teformes sur lesquelles les constructions sem-blent juste ‘‘posées’’.

pas plus d'habitants qu'avant à Arnaville, autant de départs que d'arrivées." "Vous habitez où? Rem-bercourt! Ah c'est trop loin ça. Il vaut mieux Ar-naville, Bayonville. Même Onville déjà c'est loin là-bas!"

Propos d'une habitante de la rue de Gorze à Arna-ville

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La typologie du chalet est omniprésente tout au long de la rue de Gorze et également, ponctuel-lement dans les reste de la vallée. Ici des exemples à Arnaville, Bayonville et Villecey.Installés généralement à l’écart des centres an-ciens, sur les coteaux ou au abords des forêts, ils furentédifiésàuneépo-que où les documents d’urbanisme étaient inexistants ou peu res-trictifs sur les espaces non constructibles.Un soubassement cré-pis accueille le garage et supporte généralement deux niveaux en bar-dage bois, où de grands balcons s’ouvrent sur le paysage.

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Les problématiques de développement dues à la géographie du site

De par sa situation géographique et sa position de ''porte de la vallée’’, la commune, qui est un axe de passage entre le sillon lorrain et la plaine de la Meuse, souffre, dans son tissu ancien, d'une circulation très importante. Le trafic incessant des voitures, dont les trajets des travailleurs et des poids lourds, pose d'énormes problèmes d'insécu-rité et de nuisance. La départementale passe par la rue principale du centre ancien, qui était déjà une rue peu large. Actuellement des trottoirs hauts mais étroits ‘‘coincent’’ le piéton, entre les façades et le flux incessant de la circulation. Les photos et cartes postales du début du XXème siècle illustrent une

Grand rue sans voiture, à l'ambiance complètement différente d'aujourd'hui.

"Avant on habitait dans le village mais on s'est rapproché ici pour être plus près de la ferme. (...) " Oui c'est vrai que la rue est calme ici! Dans Arnaville c'est infernal. C'est de pire en pire. Bon nous on était un peu en arrière. Mais la rue, les voitures, c'est pire qu'avant!"Propos d'une habitante de la rue de Gorze à Arna-ville En conséquence, les habitants qui cher-chent à se protéger des nuisances de la Grand rue abandonnent les rez-de-chaussée et habitent plutôt les étages. De nombreuses façades ont été refaites et rénovées et offrent une belle qualité d'ensemble au village. Cependant, la réhabilitation s’arrête par-fois au simple façadisme et l'abandon systématique des rez-de-chaussée pose question.

Afin de remédier aux problèmes liés à la circulation, la municipalité a décidé de profiter des travaux liés à l'assainissement il y a une dizaine d'années, pour passer la rue en zone 30, et réali-ser trois ralentisseurs. Ce type d'aménagement est peu à peu apparu dans tous les villages de la vallée. Au-delà de la mise en doute de leur efficacité réelle pour faire ralentir l'automobiliste pendant toute sa traversée, il convient de remarquer que ces éléments affectent le dessin de la rue et dégradent l'image des lieux, les trois dos d'ânes à Arnaville ne sont certes pas les pires exemples de ce phénomène... Le réa-ménagement de trottoirs hauts pour le piéton, et la dimension très urbaine de la Grand rue font que ces éléments s'y insèrent avec grande difficulté.

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La Grande rue, au début du siècle et aujourd’hui. Le bâti ancien a assezpeu changé en 100 ans malgré les destructions importantes de la secon-de guerre mondiale. Les usoirs sont aujourd’hui complète-ment occupés par du stationnement. Cet axe principale est le lieu de passage unique pour l’accès à la vallée. De part son étroitesse et le flux permanent des voi-tures, c’est un lieu par-ticulièrement bruyant, voire dangereux, et peu praticable par le piéton et le cycliste, malgré la mise en place des ralen-tisseurs et des poteaux de sécurité le long des trottoirs.

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Mais dans d'autres communes de la vallée, comportant des rues sans trottoir en cœur de village, ces ‘‘soulèvements’’ de chaussée dégradent l'aspect de la rue. D'autres solutions plus pérennes et plus qualitatives ne sont-elles pas possibles pour faire ralentir les voitures ? Rétrécir la largeur de la voie, en créant un espace plus large uniquement dédié au parcours piéton, ou par ma mise en place de bandes végétales ? Retravailler les entrées de village ?

A Arnaville, lorsque le visiteur s'écarte de la bruyante Grand rue, et se dirige vers le Rupt-de-Mad, il découvre une ambiance toute différente. De très nombreuses ruelles piétonnes le guident, à tra-vers un tissu dense, vers les bords de rivière. Ce ré-seau piétonnier est un atout remarquable qu'il s'agit de conserver et de mettre en valeur. Les façades arrières des maisons s'ouvrent sur des jardins qui descendent presque jusqu'au bord de l'eau. Les ri-ves sont occupées par des prés et de larges espaces communaux, sans usages déterminés, tantôt lieux

de promenade, de jeux ou sites de fêtes communa-les. De par l'étroitesse du tissu ancien et le passage incessant de véhicules dans le centre, le village ne possède pas d'espace public conséquent. Ce lieu en bord de rivière offre une bonne alternative en ma-tière d'espace, sans usage fixe, adaptable en fonc-tion des besoins. Cependant ici, le rapport du CAUE met en garde sur certaines modifications architecturales qui risquent de dégrader l'ensemble si on n'y prête pas suffisamment attention. Afin de réaliser des ter-rasses à l'arrière des façades, furent mis en place des socles bétonnés particulièrement imposants dans cet ensemble de jardins. De plus, la multipli-cation d'abris de jardins de toutes tailles et de tous matériaux, parfois mal intégrés ou non finis, peut porter préjudice à la qualité des lieux.

A Arnaville, la géographie du site et sa position de porte pour la vallée, depuis le sillon

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Les façades sud des mai-sons du quartier du Pal-lon, s’ouvrent sur des jardins qui descendent jusqu’aux berges de la rivière.

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lorrain, en a fait un goulot d'étranglement. Le vil-lage, bloqué dans un site complexe, semble avoir atteint ses limites d’extension. Afin de conserver la belle inscription du bâti dans ce site il faut mettre un frein à l'extension urbaine linéaire le long des voies vers Metz et Nancy et la vallée. L’évolution du village devrait se faire par le réinvestissement de l’existant qui a encore des potentialités.

A l'image d'Arnaville, mais dans une moindre mesure, toutes les communes de la vallée souffrent de la circulation intense sur la départe-mentale, qui traverse les centres urbains. A partir

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Les berges du Rupt-de-Mad, lieu ponctuel de manifestations villageoi-ses.

du milieu des années 2000, les travaux obligatoi-res d'assainissement pour chaque commune ont été l'occasion de repenser ces centres urbains, les entrées de village, le stationnement et le statut des espaces publics, y apportant des réponses plus ou moins satisfaisantes.

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Conserver les services et les activités du territoire : l’enjeu de la collaboration entre les communes et des projets communs

La vallée du Rupt-de-Mad est un terri-toire qui peine à conserver un dynamisme écono-mique, des services de proximité et ses édifices publics. Les actifs travaillent et se fournissent hors de la vallée. Les commerces et activités encore présents se concentrent autour de Onville, et Bayonville : boulangerie, bar-café, poste, garage automobile, médecin... Onville, qui possède l’unique gare en fonction, est repérée sur les documents du Scot-Sud54, comme un pôle de proximité. La construc-tion récente de la maison de retraite, et du groupe-ment scolaire, sur son territoire confirme ce rôle. Ce dynamisme est sans doute à valoriser afin d’offrir un relais local en terme de commerces et de services sur le territoire de la vallée.

Mais les projets ne sont pas toujours réhalisables, pour manque de moyen et/ou de compétences, par une commune de moins de 500 habitants. En ce sens il semble que les villages aient tout intérêt à mettre en commun compéten-ces, expertises et projets. Les atouts d’une mutualisation furent notamment évoqués lors d’une réunion plénière des élus en mai 2011 sur les objectifs de la charte du Parc Naturel Régional de Lorraine. Dans un premier temps, les communes du parc ont évoqué leurs craintes vis à vis des objectifs du SCoT. Ils étaient alors perçus comme trop ambitieux, sans que les communes sachent comment les atteindre. Comment faire vivre les villages en sachant qu’ils sont confrontés à une hausse du coût de l’énergie, à un manque de service, à un nombre d’emplois faible sur le site, tout en prenant en compte que le

mouvements d’installation de nouveaux habitants va se tarir ? Comment gérer ces problématiques à l’échelle d’une commune de moins de cinq cents habitants ? Doivent-elles se mutualiser ? Depuis une dizaine d’années, les com-munes de Onville, Villecey, Vandelainville et Bayonville, réfléchissent ensemble à des projets communs, ce qui a donné lieu, entre autres, à la création du regroupement scolaire entre Onville et Vandelainville. Cette manière de faire ne serait-elle pas à promouvoir au niveau de toutes les com-munes de la vallée ? Ne faudrait-il pas , comme le suggère un élu, aller jusqu’à refonder certaines

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Shéma des villes et aires urbainesinfluantssurlavallée du Rupt-de-Mad

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Double page suivante : Carte des projets possi-bles sur la vallée pour développer le tourisme et dynamiser le site

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communes en une, afin d’avoir plus de poids ? Au moins, il semble évident qu’elles doivent apparte-nir aux mêmes regroupements (Scot, Communauté de Communes, Canton,...) . Mais si elles font par-tie du même EPCi, la Communauté de Communes du Chardon Lorrain, le découpage cantonal les séparent entre Liverdun (Jaulny et Rembercourt) et Pont-à-Mousson.

Cette collaboration des municipalités pourrait être l’occasion de mutualiser capa-cités et connaissances, lorsque des projets, tel que l’aménagement des entrées de village, les concernent toutes, mais surtout, de mettre en place, ou de défendre, des projets communs à l’échelle de la vallée : valorisation touristique, voie verte, reprise d’un local commercial,...

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L’aménagement de l’espace public au sein des commu-nes rurales

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Nouveaux aménage-ments au centre de Bayonville entre la mai-rie et l’aître médiéval. La place est constituée d‘espaces végétaux nom-breuxetdiversifiés : ar-bres, arbustes, pieds de vignes, pelouse.

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Un espace public dégradé, à revaloriser et à adapter aux usages contem-porains

La nécessaire adaptation des centres anciens suite aux changements des usages

‘‘Ce que nous sommes en train de vivre, est la captation de l’espace non urbain par la ville elle-même, captation imaginaire autant que concrète. Plus question de penser la ville d’un côté, la campagne de l’autre, nous sommes tous urbains : nous vivons soit à la ville, soit à la campagne, ce qui est la conséquence de la publicisation des es-paces ruraux ressaisis par la ville, comme espaces d’usages.’’

V. Roussel, A propos de l’arrivée de nouvelles populations et de ses conséquence sur les espaces ruraux, Revue d’économie régionale et urbaine,

2000

L’arrivée de nouveaux types de popula-tion, dit néo-ruraux, aux modes de vies urbains et les liens étroits entre l’espace rural de la vallée et les pôles urbains alentours, tant au niveau des do-cuments d’urbanisme que par les dynamiques entre résidences, lieux de travail et lieux de divertisse-ment, ont très fortement transformé les modes de vies à la campagne, et ainsi l’usage de l’espace pu-blic.

Le plus grand bouleversement subi par ces

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L’occupation de l’espace de la rue et de l’usoir, aujourd’hui et il y a un siècle à Onville.

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La place devant l’école et la mairie à Jaulny, occupée par les voitures

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centres villageois est l'arrivée massive de la voi-ture. Devant les façades des maisons, les voitures envahissent rue, trottoir, place, et parvis. Ici chaque foyer possède deux à trois voitures, puisque c’est le mode de transport essentiel sur le site. L'usoir étant très peu large, le stationnement déborde très large-ment sur le trottoir et la route. De plus, pour facili-ter l’usage de la voiture, on a agrandi la chaussée, dans des rues où les trottoirs sont étroits voire ab-sents, étraînant des problèmes de vitesse excessive au niveau des traversées de village. Ce phénomène, repérable dans tous les villages, participe à la banalisation des espaces publics. Les rues et places se minéralisent de ma-nière indifférenciée, renforçant l'impression que l'espace public est entièrement dévolu à la voiture. L'artificialisation massive et l'imperméabilisation excessive des sols fragilisent et durcissent peu à peu l’image rurale des villages. L’usage et l’appro-priation par le piéton s’en trouvent perturbés, un comble dans ces espaces ruraux. Le phénomène est d'autant plus regrettable lorsqu'il se produit au niveau de sites patrimoniaux censés être les points d'intérêts touristiques de la vallée, autour des aîtres par exemple. La minéralisation très forte des rues est également liée au changement de mode de vie des habitants, à la disparition des plantations en façade, tels les arbres fruitiers grimpants. Cette absence de végétation d’agrément peut être un élément à pren-dre en compte dans les nouveaux aménagements.

Depuis quelques années néanmoins, des efforts intéressants de requalification des espaces publics redonnent une place aux piétons, canalisent l’espace dévolu à la circulation et au stationnement et réduisent les surfaces homogénéisées et imper-méabilisées. Dans la vallée, ce sont les travaux liés à l'assainissement qui ont été l'occasion de repenser les espaces publics. Néanmoins cette requalifica-tion ne s'est pas faite sans accrocs.

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L’intégration des espaces urbains nouveaux au tissu existant

‘‘La forme urbaine particulière des villa-ges lorrains, si elle constitue une des valeurs pay-sagères clefs du département, présente également des contraintes fortes qui ne sont pas toujours fa-cilement intégrées dans les projets d’extension ur-baine.’’

Vivre les Paysages de Meurthe et Moselle

Malgré une faible hausse du nombre d’habitants, l'éclatement de la cellule familiale, le renouvel-lement des populations, l’abandon de bâtiments vétustes en centre ancien... sont des phénomènes à l'origine de l'extension des communes par la créa-tion de constructions neuves. L'intégration des espaces urbains nou-veaux contient plusieurs enjeux. Dans un premier temps il s'agit de lier, physiquement et visuellement bâtis et réseaux viaires anciens et nouveaux, afin d'éviter l'enclavement et la multiplication d’espaces de vides importants entre les éléments. La cohéren-

ce du village groupé s'en trouverait détruite. Ensuite, à une plus grande échelle, l'en-jeu primordial réside dans le traitement de la limite entre espace bâti et espace non bâti. Il s'agit d'une notion centrale dès lors qu'on s'intéresse à la frange urbaine et à l'étalement urbain. Or nous avons vu plus haut que le village lorrain avait cette spécifi-cité d'être cerné par une couronne verte constituée de jardins et de vergers, créant une liaison douce entre le bâti et le non-construit. C'est un aspect à prendre en compte dans l'implantation de quartiers nouveaux. Dans la vallée du Rupt-de-Mad, si nous avons pu remarquer que l'extension de la rue de Gorze à Arnaville, au niveau des vues lointaines et du réseau viaire, était correctement liée au centre ancien, ce n'est pas toujours le cas au niveau des communes voisines.

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Construction récente à Jaulny, face aux parcelles agricoles.Elle semble totalement isolée, mais le, noyau vil-lageois ancien compact se trouve 100 mètres plus loin.

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Lesgrandestendancesderequalificationdanslavallée

Plusieurs aménagements ont été mis en place afin de répondre aux problèmes du station-nement, de la vitesse et des espaces publics peu qualitatifs dans les villages. Suite à l'étude de ces aménagements, quelques critiques peuvent cepen-dant être apportées sur les tendances générales des réalisations. Les transformations ne prennent parfois pas en compte le caractère rural des lieux. En ap-pliquant ici et là, des réponses toutes faites, idéa-les pour la ville ou les zones urbaines denses, les aménagements nient l'identité particulière des lieux. C'est particulièrement vrai dans le choix du

mobilier urbain, des revêtements de sols, d'essen-ces végétales ornementales sans spécificité locale, limitant la biodiversité. Parfois ces modifications tiennent à peu de choses, choix de réverbères, cou-leur des sols,... mais altèrent profondément et pour longtemps les qualités du lieu.

L'exemple de Bayonville

A Bayonville, la traversée du village, par-ticulièrement dangereuse, a été repensée, suite à des

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Exemples de mobiliers urbains peu valorisants, tant dans la forme que dans les matériaux. Ces élèments standadisés de l’aménagement sont sans doute issus de cataloguesoffrantpeude choix.

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La nouvelle place plantée au centre de Bayonville crée une liaison visuelle avec les berges de la rivière et les coteaux au loin.

accidents graves au niveau de la route départemen-tale qui traverse le village. Lors de ces travaux, ont été redessinés, plusieurs espaces publics au centre de la commune, au niveau de la nouvelle crèche, de la mairie et de l'église médiévale.

Le marquage délimité de places de par-king, le long de trottoirs conséquents, a permis de canaliser le stationnement et de réduire la largeur de la chaussée. Le traitement du sol des espaces publics, tel celui de la ruelle autour de l'aître, fait la part belle à la pierre et aux pavés. Cette pierre rappelle les caniveaux de même matériaux que l'on retrouve partout dans les villages de la vallée. Les couleurs sobres et les matériaux nobles offrent une vraie qualité à ces espaces publics. Devant la mai-rie, une place, un peu en hauteur par rapport à la rue, a été traitée comme un écrin de verdure qui rompt avec la minéralité de l'ensemble urbain, et qui est complètement dédiée aux piétons et aux promeneurs. La place crée une jonction bienvenue

entre le centre de la commune et le pont de la ri-vière, qui fait la liaison avec les coteaux boisés à l'arrière.

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Repenser l’espace public dans la vallée du Rupt-de-Mad

Rembercourt

Issu de la Curtis de Ragimbert ou Ram-bert, Rembercourt est mentionné pour la première fois en 848 dans des écrits de donation de l'abbaye de Gorze. Cependant, l'abbaye gorzienne ne conser-vera pas longtemps de terres sur le village, ce qui explique peut-être l'absence d'église dans la com-mune, au Moyen-Age. Une petite seigneurie laïque s'installe au XIIème siècle, centrée sur une maison forte sur la rive droite, contrôlant le pont du village. Rembercourt est alors plutôt développé sur la rive gauche, au niveau des importantes exploitations vi-ticoles du versant, présentes depuis l'époque-gallo-romaine. Très modeste, la seigneurie des sires de Rembercourt, sous influence du duché de Bar, est rapidement éclipsée par les seigneurs voisins de Jaulny, plus prospères. A la fin du Moyen-Age, l'exploitation viti-cole décline dans le village rebaptisé Rembercourt-aux-Groseilles, et selon l'historien Jacques Reisdor-fer, "la communauté se resserre pour se consacrer à l'exploitation plus intensive des berges du Rupt-de-

Mad et des bas-coteaux". Cela signifie t-il que c'est à cette époque que se constitue le tissu dense de la rue du moulin et de la rue de Waville, qui suivent les sinuosités du Rupt de Mad ? En tout cas ces deux rues ondulantes, organisées d'un front bâti de maisons accolées d'un côté de la rue, et de jardins menant à la rivière de l'autre, sont l'un des aspects les plus charmants du lieu. La requalification de ces rues en 2013 était par conséquent un projet porteur d'importants enjeux pour conserver cette qualité.

Les Aménagements urbains

Le long de la traversée du village, une grande attention a été portée aux nouveaux espaces plantés, constitués d’essences diverses, qui offrent une présence végétale tout au long de l’année. Ar-bustes, herbes hautes, fleurs blanches,...ces espaces ont fait l'objet d'une importante réflexion et selon

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Les aménagements de la rue de Waville, à Rem-bercourt. L’espaces des usoirs est divisés entre stationnement privé, stationnement public, espaces de déambula-tion, espaces plantés,...

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de certains élus, ''les fleurs sont plus efficaces que les dos d'ânes pour faire ralentir les automobilis-tes, qui prennent le temps de regarder les bords de route''. Les nouvelles plates bandes ornementales protègent le piéton de la route ; sur les trottoirs et la place devant l'école, elles masquent également les espaces de parking nouvellement dessinés. Au niveau de la rue de Waville, seule voie à présenter des usoirs quelque peu conséquents, on s'étonnera du nouveau dessin complexe de l'espace du trottoir. On a tenté ici de différencier, l’espace privé devant les entrées, le passage public piéton, l’espace de parking, et les espaces plantés par l'usa-ge d'un stabilisé de schistes rouges, de béton dé-sactivé ocre, d'enrobé noir, de graviers de calcaire, le tout séparé par des bordures de trottoir et des rigoles grises. L'effet mosaïque de l'ensemble est accentué par le découpage étrangement irrégulier de l'ensemble sur l'espace de la rue. Après observa-tion des plans des travaux, il se trouve que la mul-titude de décrochements triangulaires de chaque zone correspond aux réalités cadastrales parfois complexes entre espaces publics et espaces privés. Cependant, il convient de remarquer que le rendu final de l'ensemble, par la multiplicité des maté-riaux, est moins sobre et sans doute moins noble que ce que nous avons pu observer à Bayonville. Peut-être aurait-il fallu préférer l'emploi strict d'un

matériau, pour un usage ? Or ici, le béton désactivé marque parfois l'entrée des maisons, parfois, la dif-férence entre deux places de parkings, les trottoirs sont recouverts d'enrobé noir, ou de calcaire, ou de schiste rouge, lui-même généralement utilisé pour les espaces de parking privatif devant les façades.

A l'inverse, le long de la rivière, la rue du Moulin, de par son étroitesse et sa position à l'écart de la route principale, a bénéficié d'un traitement beaucoup plus sobre. La chaussée a été aplanie, per-dant son aspect bombé caractéristique, et du même coup, les deux ralentisseurs installés depuis une dizaine d'années. L'ensemble est couvert d'enrobé noir, une rigole grise sépare l'espace devant les fa-çades et la chaussée. Partout où cela fut possible, ont été conservées les rigoles en pierre ocre, que l'on retrouve ailleurs dans la vallée. Prochainement, un autre matériau clair viendra signaler les entrées des maisons. L'aménagement est simple, et n'em-piète pas visuellement sur l'ondulation des façades facesaux jardins et au Rupt-de-Mad. Cependant, selon les habitants, les problèmes de vitesse exces-sive ont repris, influencés par l'impression que tout l'espace de la rue est dédié à la voiture. Peut-être la rue, peu passante, mériterait-elle de devenir semi-piétonne ?

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Aménagement paysager fleuriaucentredeRem-bercourt, face à la mairie et à l’école.Les espaces plantés séparent les piétons de la rue très passante.

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La rue du moulin après les aménagements.Il n’y a pas de trotoire dans ce site étroit. La chaussée centrale est donc un espace d’usages ‘‘mixtes’’ utilisé par les piétons, les voitures, les vélos,... Cependant, il n’est pas matérialisé comme tel.

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à ce titre, faire l’objet d’une requalification.’’

Le positionnement central du nouvel abri bus, au milieu des places de parking, (ce qui obli-ge à déambuler entre les voitures), est un premier choix perturbant. Mais le véritable questionnement concerne le choix d'un abri bus de ‘‘centre urbain’’, en plastique et métal, dans un village rural lorrain de 200 habitants. Cet élément de mobilier urbain peut sembler anecdotique, mais placé ainsi en cen-tre de commune, il parle un tout autre langage que celui du site où il est implanté.

Les raisons de ce choix étrange ne sont en aucun cas esthétiques. Le conseil municipal a hé-sité un temps avec un abri bus en bois. Le matériau aurait eu le mérite de rappeler les autres abri bus de la vallée, parfois en bois, parfois en pierre et char-pente bois car occupant des anciens lavoirs. Mais l'objectif était d'empêcher les réunions de jeunes de cette commune et de pouvoir surveiller leurs actions

Un mobilier urbain en déconnexion avec le site

La revalorisation des espaces publics du centre de Rembercourt et notamment le remplace-ment de l'abri bus est un exemple parlant de la des-truction d'une cohérence architecturale globale par un seul objet mal pensé et mal placé. A l'origine, pour attendre les bus hebdo-madaires, collégiens et lycéens s'abritaient sous un abri bus très simple, dessiné sans importante réflexion esthétique mais s'intégrant bien au pay-sage. Constitué de trois murs en U, crépi en blanc et couvert d'une toiture plate, il était idéalement positionné, en cœur de village, sur une étendue de pelouse, face au monument aux morts et en bord de rivière. Comme dans de très nombreuses commu-nes, l'abri bus sert de point de repère et de rendez-vous aux jeunes, et on y ‘‘zone’’, parfois tard, et le voisinage se plaint du bruit occasionné . Alors, lorsqu'il s'agit de mettre en place les travaux de voirie pour le nouvel assainissement imposé par les lois européennes, c'est l'occasion de repenser les espaces publics, le stationnement et ce lieu problématique également. L'espace engazonné est réduit de moitié pour permettre la mise en place de 5 places de parking. Certes, le stationnement est un élément à prendre en compte, cependant l'amé-nagement ici réalisé, coupe encore plus le piéton du bord de l'eau. Et il semble légitime de se demander comment ont été suivies les observations mention-nées au PLU concernant les berges :

‘‘ Compte tenu de l’aménagement du Rupt-de-Mad, on peut toutefois déplorer le man-que d’aménagement ponctuels ( bancs, aires de pique-nique...) et d’un sentier de balade et de dé-courverte. Cet aspect a été soulevé et traité dans les études paysagères préalables à l’établissement du Contrat de rivière 2004/2006 pour le bassin ver-sant du Rupt-de-Mad : le pont et ses abords doivent

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A Bayonville, l‘abri bus se fait au niveau d’un ancien lavoir conservé. L’aménagement a consisté à l’aménage-ment du sol et au rajout d’un banc.

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L’ancien abri bus, et le nouvel aménagement à Rembercourt. Aucun banc ici, une plateforme permet l’accés au bus, entre les voitures.

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par les vitres en plexiglas transparentes du nouvel abri bus. En définitive, il semble bien que les jeunes iront ailleurs, mais l'abri bus restera pendant un cer-tain temps, comme un élément parachuté, visible par tous, au centre de la commune. Peut-être aurait-il fallu diviser l'espace en deux, séparer clairement les écoliers de l'espace de stationnement, rapprocher de la rivière le piéton qui prend son bus ou qui sort de la voiture. C'est à dire repenser ce lieu comme un véritable espace public praticable par le piéton. Cette mise en valeur correspondrait à une logique d'organisation histori-que de la commune. En effet cet espace de la rive gauche du Rupt-de-Mad, face au pont, entre l'actuel monument aux morts et l'abri bus, fut autrefois le lieu d'une place publique centrale autour du lavoir communal.

Le problème du choix du mobilier urbain est récurent dans la vallée, plus visible au niveau des quartiers nouveaux que des centres anciens.

Aménager les berges

‘‘La présence omniprésente de l’eau tout le long de la zone urbanisée (à Rembercourt) contribue à forger l’identité du village et son cachet. Cet élément naturel a structuré et rythmé l’évolution du village : les zones inondables sont vouées à d’autres vocations que l’habitat, offrant ainsi la possibilité d’envisager de s’approprier ces secteurs de façon plus respectueuse du milieu et de les mettre harmonieusement en valeur .’’

PLU de Rembercourt sur Mad

Rembercourt, seule commune de la vallée à enjamber franchement la rivière, ne profité pas vraiment de cette situation autrement que par certaines vues dégagées et les arrières des jardins privés qui donne sur un ponton sur la rivière. Le village ne possède aucun aménagement qui ex-

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Les espaces publics du village sont proches du Rupt-de-Mad, mais ne permettent jamais l’accès aux berges. L’en-caissement important du lit de la rivière, et les inondations expliquent en partie cette absence d’aménagement.

Cependant des systèmes de pontons, ou le trai-tement paysager de ces lieux pourraient appor-ter un vraie plus-value à ces espaces publics.

L’abri bus, aurait pu également être déplacé sur la rive droite, près de la salle des fêtes.

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ploite le potentiel d’espace public des berges. En accord avec cette observation du PLU, plusieurs lieux stratégiques pourraient être des espaces de projet, dans le but de rapprocher l’habitant des bords de la rivière et d’y exploiter la multiplicité des usages possibles.

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Propositions pour valoriser les bords du Rupt-de-Mad au niveau des terrains de jeux L’enjeu est de rappro-cher l’usager de l’eau, en prenant en compte la contrainte de zone inondable .

1- terrain de sport engazonné

2- jeux en-fants, rampes de skate,...3- berges

inondables

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Les propositions pour Jaulny

Par son isolement, Jaulny ne subit pas la pression foncière remarquée en aval. L'habitat, dont 75% fut touché par les feux croisés d'artillerie à la première guerre mondiale, est resté relativement in-tact depuis le milieu du siècle. Après la guerre, la l’éxode rurale s'est poursuivie et Jaulny atteint 150 habitants en 1980. Depuis, la situation s'est amélio-rée, la population a aujourd’hui presque doublé. Sans extension importante, la commune conserve un aspect très groupé sur sa terrasse cal-caire. La mise en place assez tôt d'un PLU, et la présence d'un bâtiment classé et inscrit, le château du XIème siècle, ont peut-être participé au main-

tien de cette qualité d'insertion . De ce fait, le bâti est encore encadré par une ceinture verte de jardins qui grimpent vers les hauteurs et font la transition avec les espaces agricoles, ou descendent jusqu'au pied du Rupt-de-Mad. Jaulny est le seul village qui, à ce jour, n'a pas encore entrepris les travaux d'assainissement, qui sont souvent, comme nous l'avons vu ailleurs, l'occasion de repenser les espaces publics. Au vu des différents travaux effectués dans la vallée et des qualités et potentialités du site, nous suggérerons ici quelques aménagements possibles pour la com-mune.

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Les toits groupés de Jaul-ny sous la neige

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Perspective de Jaulny et grands enjeux d’aména-gements à l’échelle de la commune

Il est regrettable que le parc du château, dontla superficie est aussiimportante que celle de l’ensemble des espaces bâtis,nesoitniouvertaupublic, ni visible depuis l’intérieur du village.

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Comme ses voisins, le village souffre de l'envahissement des espaces publics par la voiture. Ils doivent être repensés afin de délimiter plus jus-tement espace piéton et espace de stationnement, au risque parfois, d'arriver à des situations aberran-tes. La Grand rue, située perpendiculairement à la rivière et qui permet la liaison avec le plateau, vers Pagny-sur-Moselle et Pont-à-Mousson, en est un bel exemple. La voie étroite assez fréquentée est devenue dangereuse pour les passants et les habi-tants qui sortent de chez eux. En fait, ceux-ci ne peuvent emprunter les trottoirs, occupés du haut jusqu'en bas de la rue, par les voitures en station-nement. Afin de ralentir les véhicules, deux dos d'ânes furent installés, à l'entrée et à la sortie du village. Si les voitures vont moins vite, les piétons doivent toujours emprunter la chaussée, et le dan-ger reste le même pour eux. Le problème semble avoir été pris à l'envers ici. Le réaménagement de vrais espaces de trottoir, pour le piéton, le dessin de places de parking au niveau des élargissement de la rue, ou d'un seul côté, enfin le resserrement de la chaussée, seraient sans doute plus efficaces et plus durables. Ailleurs, dans les rues plus étroites du centre, une différenciation sobre, entre paliers et chaussée, comme nous l'avons vu dans la rue du Moulin à Rembercourt, permettrait de requalifier

l'espace. La place étroite devant le bel édifice de la mairie-école mériterait également un traitement du sol afin de différencier espaces de parking, pas-sage du bus scolaire, espace piéton devant l'entrée de l'édifice public. Le village a la chance d'avoir encore de nombreux espaces plantés, à différentes échelles : petit square derrière l'église, plantation devant les maisons, espace de jeux d'enfants, poiriers palissés en façade, grands arbres sur la place centrale... ces éléments méritent d'être conservés, voire à certains endroits d'être étoffés aux abords des routes, ou d'être aménagés pour l'usager.

Jaulny, contrairement à ses voisins, pos-sède une belle place centrale en cœur de village, et hors du passage des véhicules. La Place de la Fontaine, liant le lavoir, l'ancien café et l'église, est plantée de quatre arbres de belle hauteur. C'est sur cette place et à proximité que s'élèvent les bâ-timents ayant conservé leur caractère ancien des XVIIè et XVIIIè siècle. Pourquoi ne pas réinvestir l'ancien café, désaffecté depuis quelques années, avec une salle des fêtes et des associations, un lieu polyvalent pour les quelques activités sur le site ? La salle des fêtes actuelle étant une pièce sombre dans un bâtiment assez petit, difficilement acces-sible dans une ruelle étroite, fermée d'un côté. Po-

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Coupes et photos de la place actuelle, utilisée mais non aménagée

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Valoriser la place centrale à Jaulny :

Cartes des atouts :

- la place forme une respiration agréable dans le tissu dense du centre ancien-lechâteauetsonimmenseparc:peuvisiblemais de qualité-denombreuxespacesplantésàdifférenteséchelles- la place devant la mairie-école- le petit patrimoine architectural riche : enca-drements de portes, de fenêtres, lavoirs, ...

Cartes des contraintes et faiblesses :

- Café fermé - Aucun banc ou mobilier urbain- Sol indiférencié selon l’usage et très dégradé-Voitures garées partout et notamment parking au centre de la place- Espace privé devant les maisons dégradés- Square derrière l’église non valorisé et dé-gradé- Lavoir fermé, aucun rapport à l’eau

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sitionnée face à la place, la nouvelle salle des fêtes pourrait s'ouvrir sur cet espace extérieur si besoin. Un traitement du sol identique devant l'ancien café et la place permettrait d'affirmer le caractère piéton des lieux et de ralentir les véhicules dans la Grand rue.

L'un des atouts majeurs de Jaulny est le château médiéval, qui faisait encore office de mai-son d'hôtes et de musée il y a peu. Il est actuellement en vente, les quelques visiteurs et classes scolaires n'ont jamais fait décoller véritablement l'attractivité des lieux. L'édifice est composé de différents bâti-ments édifiés à deux époques distinctes. Les bâti-ments les plus anciens remontent au XIIème siècle bien qu'ils portent la marque d'aménagements plus récents, notamment du XVème et du XVIIIème siè-cle. Il s'agit de l'ancienne maison forte, ainsi que des bâtiments des écuries, des fours à pains et des tours de garde enfin, du pont-levis. Accolé au don-jon à l'ouest, le bâtiment plus modeste appelé "petit château" fut vraisemblablement rajouté à l'ensem-ble au XVIIIème siècle. Depuis le cœur du village, le château est presque imperceptible, alors que, à regarder la commune depuis les points hauts alentour, sa masse semble dominer, depuis l'éperon rocheux, tout le village et son territoire. Il disparaît lorsqu'on s'en approche et qu'on entre dans Jaulny. La grande grille d'entrée située dans un renfoncement derrière le lavoir, ne laisse pas apparaître l'édifice dans son ensemble, caché par les bâtiments des anciennes écuries et des fours à pain. Le tissu villageois n'a pas été aménagé autour de l'édifice et aucun déga-gement et aucune place ne furent construits face à sa façade pour lui donner de l'importance au sein de la commune.

Lorsqu'on se promène dans la commune, on peut ne jamais remarquer sa présence. Le pro-meneur ne fait que longer le mur d'enceinte de la propriété, assez haut pour cacher la vue sans être

suffisamment grandiloquent pour signaler l'impor-tance de l'édifice qu'il protège. En définitive, le châ-teau n'existe pas ou presque pas pour les habitants depuis l'intérieur du village, et il est regrettable que ce site, à fort potentiel ne soit pas mieux exploité.

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Projet référence : la place Charles le Téméraire par l’agence Territoires à la Rivière Drugeon, 1998

Le bassin permet de sé-parer la place piétonne de l’espace de parking.Les bancs autour des arbres incitent à l’usage de l’espace public.

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Cartes des enjeux de projet :

-Resserrer la largeur des voies en delimitant clairement espace de parking / trottoire / chaussée-créer place sans voiture-gérer le stationnement- rapport à l’eau et au végétal- un espace mixte

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Coupe sur un possible aménagement de la place

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Morphologie de l’habitat et transformations : le boule-versement du tissu rural par la construction neuve

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Les extravagances des formes de la construc-tion individuelle à Villecey.

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'' Autour des villages, les vergers, prairies et jardins potagers, dessinent traditionnellement des transitions douces entre le bâti et les espaces agricoles et sont une part de la valeur paysagère du dépar-tement. Or, en s’installant en lieu et place de ces ceintures vertes, les constructions récentes effacent ces espaces de transition : le bâti et les grandes cultures finissent par se juxtaposer de manière brutale, posant des problèmes d’image (fronts bâtis brutaux dans le paysage) et des risques de conflits d’usages entre urbains et agriculteurs, faute d’espaces « tampons ».’’Vivre les paysages de Meurthe et Moselle

Comme nous l'avons vu précédemment, les villages de la vallée sont constitués d'un tissu dense, fait de maisons vigneronnes et de fermes accolées, dans lequel s'insèrent des éléments re-marquables, tels que des maisons bourgeoises, des aîtres, parfois une ancienne maison forte ou un châ-teau . Les maisons des centres villageois, princi-palement des maisons de vignerons, sont des mai-sons de côtes peu profondes, assez étroites, d'un étage. Elles sont souvent caractérisées par la ger-bière située au-dessus de la porte d'entrée. En plus des fenêtres, la façade est percée de quelques petites ouvertures, les soupiraux des caves et les tabatières de grenier (petite baie rectangulaire). L'arrière des maisons situées à flanc de coteau s'ouvre sur une petite cour de plain-pied avec l'intérieur, et sombre car un peu enterrée par rapport aux jardins et ver-gers qui grimpent sur les hauteurs. Par la présence de ces anciennes maisons vigneronnes, les villages sont jalonnés de trappes de caves qui s'ouvrent sur la rue. Ces trappes, lorsqu'elles sont situées sur les maisons de l'aître, étaient un lieu d'entrepôt en cas d'attaque. A ce type d'habitation dite rurale, s'ajoute, surtout à l'est de la vallée, un type plus urbain. La façade de ce type de maison sur deux niveaux, est

composée de travées régulières, avec ou sans taba-tière sur le grenier. Plusieurs éléments animent cette façade : le soubassement est fréquemment marqué ainsi que les parties latérales (chaînes d'angle) et parfois un lambrequin souligne la volée de toiture. Quelquefois, ces habitations s'inscrivent dans une tradition beaucoup plus décorative, voire baroque.

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L’habitat traditionnel vigneron réhabilité et entretennu, à Vandelain-ville

Morphologie de l’habitat jusqu’au milieu du XXème siècle

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Les nouvelles formes de l’habitat : les exemples de Villecey et Waville

L'agrandissement des centres anciens ne se fait pas sans encombre dans cette vallée, où la to-pographie, les formes architecturales anciennes dif-ficilement adaptables et l'absence ou la faiblesse de certains documents d'urbanisme sont autant d'obs-tacles au développement cohérent et durable du ca-dre bâti. Afin d'illustrer les grandes tendances des constructions architecturales nouvelles, nous nous intéresserons à deux communes voisines, Waville et Villecey, qui sont des exemples particulièrement parlants. Installées dans une zone nommée Val de Mad (compris entre la ferme de Buret et la ferme de Bauland), les deux communes s'installent en vis à vis, au niveau d' un élargissement de la val-lée occupée par de grands espaces agricoles. Les prairies et espaces de viticulture ont laissé la place aujourd'hui à de grandes surfaces de céréalicultures intensives, suite à l'essor de la mécanisation et des remembrements ruraux depuis la fin de la seconde guerre mondiale. Cette surface foncière disponible, et la proximité de l'axe mosellan et de l'aire urbaine messine, sont à l'origine de l'implantation impor-tante de constructions neuves à cet endroit de la vallée. Pourtant les deux villages, différenciés l'un de l'autre par leur positionnement dans la géo-graphie du site, la nature de leur document d'urba-nisme et leur histoire (à l'origine de leur patrimoine classé ou non), n’ont pas fait les mêmes choix d'ex-tensions neuves.

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Carte des paysages dans le Val de Mad

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Implantée sur les hau-teurs de Villecey, à l’écart du centre ancien, cette maison marque plus fortement la paysage, par sa tour que le clocher du village lui-même.

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Villecey : Un développement rapide et non maîtrisé dû à l’absence de docu-ment d’urbanisme

Villecey s'est développé en rive droite du Mad, en terre leuques, face à la ferme de Bauland sur l'autre rive. Contrairement à ses voisins, le village n'est pas né d'une implantation franque, et aucun grand conquérant mérovingien ne lui a don-né son nom. D'ailleurs le territoire morcelé de la commune, aux mains de différents possesseurs laï-ques et religieux, ne sera jamais réuni par un grand seigneur ou maître. Le village restera longtemps divisé entre les possessions de Gorze et de Preny. Au Moyen-Age, le village descend des hauteurs et s'installe plus bas, près de la rivière, afin d'augmenter la surface pour la viticulture.

Aujourd'hui, comme en face à Waville, la voie ferrée coupe l'accès de Villecey à la rivière. Bien que les habitations se soient déplacées, le cimetière est resté plus haut. Dans les autres villages, c'est la position du cimetière autour de l'église qui est à l'origine de l'aître médiéval. C'est sans doute l'une des raisons de l'absence d'aître à Villecey. Le grou-pement de maisons en fer à cheval autour de l'église actuelle date de 1786, et fut fait dans une volonté de ressemblance avec les autres villages de la val-lée. Le village n'a donc pas d'élément patrimonial classé ou inscrit . Jusqu'à l'an mil, la commune, histo-

Villecey depuis la dépar-tementale, entre forêts et parcelles agricoles

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Installation progres-sive des extensions à Villecey. Dans un premier temps, les maisons se sont dé-veloppées le long d’une route, depuis le centre ancien vers l’ouest. Les constructions les plus récentes s’insè-rent par mitage, sur les anciennes parcelles viticoles tout autour du centre.

riquement pauvre, était encore constituée de maisons éparpillées et peu nombreuses en bois. Aujourd'hui, le centre historique semble se serrer autour de son clocher. Les rues étroites qui mon-tent vers les hauteurs sont cernées par des mai-sons mitoyennes, rarement plus hautes que deux niveaux. Derrière l'alignement des façades, des chemins étroits permettent d'accéder aux jardins et potagers, parfois installés en terrasses et sépa-rés de murs en pierres sèches. Le village ne pos-sède pas vraiment de place, les bâtiments publics, mairie, école et l'église s'ouvrent sur des rues peu larges. La seule placette de la commune, cernée par des maisons et anciennes fermes, est un lieu de passage et de stationnement. Mais la commu-ne, à l’écart par rapport à la départementale, ne souffre pas d'une circulation importante. L'accès depuis un pont sur le Rupt-de-Mad, se fait entre une rangée d'arbres imposants, qui créent une en-trée monumentale. Si le centre ancien souffre ici ou là de

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la disparition de certaines caractéristiques au ni-veau des façades (portes de grange en plein-cintre, emmarchements en pierre devant les portes,..) et de l'abandon de nombreux bâtiments, les plus im-portants dommages se situent au niveau des exten-sions récentes, très importantes, vers l'est et l'ouest. Le village a au moins doublé sa superficie par des constructions neuves. Les modèles architecturaux adoptés pour la majorité de ces maisons individuel-les tendent à banaliser le paysage : souvent standar-disée et mal inscrite dans son contexte, la maison pavillonnaire a ici totalement colonisé les abords du village, altérant les qualités et l’identité du site. Lorsqu'on part du centre ancien vers l'ouest, on sent très nettement que le dessin de la rue et des ses fa-çades, se désintègre peu à peu. Moins dense et plus aéré, le tissu urbain est alors constitué de maisons espacées, laissant libre court à quelques folies de l'habitat individuel : véritable petit château, chalet, façade renaissance, villa avec façade vitrée... Les extensions les moins récentes, mal-gré des problèmes d'insertion dans le terrain , de multiplication des murets, de formes architectura-les banalisées, sont au moins organisées sous une certaine forme de densité, le long des rues. Les constructions les plus récentes semblent posées au hasard en déconnection totale avec le site, dans une logique de mitage du territoire et de consommation de l'espace agricole. Les vues proches et lointaines s'en trouvent complètement bouleversées. La commune, jusque là groupée autour de l'église, s'étale sans fin sur le versant sud. Le repère du clocher, élément de référence dans le paysage de la vallée, est supplanté par la tour pseudo-médié-vale d'une maison individuelle. Il y a ici une vérita-ble destruction de la logique du site et du paysage, plus visible encore depuis la route départemental, que depuis l'intérieur du village. En interrogeant un maire de la vallée, celui-ci explique que le respect de la liberté individuelle est essentiel et qu'après tout, c'est par l'expression des goûts et des choix de chacun dans son architecture que celle-ci offre

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Le noyau ancien

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Lesextensionsdelafindu XXème siècle

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Les extensions du début du XXIème

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richesse et diversité, prenant en exemple les châ-teaux messins construits en amont, à Arnaville ou Onville... Or, dans ces deux communes, les mai-sons bourgeoises, malgré leur volumétrie et leur architecture, s'intègrent au tissu ancien et à leur en-vironnement proche et lointain.

Pour quelles raisons ce village-ci est-il devenu ainsi un patchwork étrange entre centre an-cien et implantions récentes de type indéfinissable ? Plusieurs pistes de réflexions peuvent l'expliquer. Dans un premier temps le village ne dispose pas de document d'urbanisme et se réfère à la réglemen-tation nationale, assez peu indicative, c'est à dire au Règlement National d'Urbanisme, comme c'est le cas dans d'autres communes en aval. De plus, Villecey, ne possède pas d'architecture classée. Or, dans les villages en aval, le périmètre de cinq cents mètres autours des aîtres médiévaux prend en compte quasiment toute la surface des communes. Le regard de l'ABF sur la construction neuve fut-il là-bas un frein aux débordements que l'on observe à Villecey ? Le desserrement de la vallée à cet en-droit, la faible pente et la présence d'espaces agri-cols importants facilement constructibles furent-ils également incitateurs ?

En tout cas, une prise en compte de l'am-pleur des dégâts est ici essentielle afin de contenir le phénomène de mitage et de resserrer dans l'ave-nir le tissu urbain nouveau sur lui-même.

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Processusdedensifi-cation pavillonaire par division parcellaire

source : Clermont au loin, Chroniques périur-baines

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Waville:unlotissementprivéenruptureaveclebâtiexistantetses logiques d’implantations

Le village de Waville, s'est développé per-pendiculairement au Rupt-de-Mad, dans un vallon étroit qui entaille le coteau nord et relie la vallée au village de Gorze. Les habitations s'organisent en fond de vallon, de part et d'autre de la rue princi-pale, reliant le plateau et la vallée. Devant la fa-çade côté rue, un usoir est aujourd'hui parfois oc-cupé essentiellement par les voitures. A l'arrière des constructions on trouve d'abord les jardins, puis les anciens espaces de vergers et de vignes et enfin la forêt dense du coteau. Le bâti s'étend un peu plus sur l'est, au niveau du quartier l'ancien aître médié-val, autour de ruelles étroites. L'agglomération villageoise de Waville est née tardivement sous les Carolingiens. Rapi-dement, une importante partie du domaine viticole passe aux mains des bénédictins de Gorze. Ce sont eux qui mettent en place au niveau de l'église, l'aître défensif encore visible aujourd'hui, installé sur un site surélevé accroché au coteau. L'ensemble de la communauté de viticulteurs pouvait trouver refuge

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L’aître médiéval de Wa-ville, depuis les hauteurs des coteaux

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Le nouveau quartier, au dessus de l’aître de Onville, s’insère de ma-nière cohérente avec le bâtiancienetenliaisonavec le reseau viaire. Cependant les maisons individuelles sont ici encore implantées en milieu de partiel, sans réflexionsurlesitenirapport avec l’identité des lieux.

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Le lotissement à Waville, hors du villages, sans connexion aux reseaux, entraînant des coûts suplémentaires pour la mairie . L’architecture y est standardisée .

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dans les combles de l'église, véritable forteresse qui domine toujours le village. La tour de 1769 est plus récente que le reste de l'église halle, dont les trois travées de même hauteur, lui donnent un caractère très massif . Le village s'est d'abord étendu au niveau de la Grand rue et de l'aître, puis il s'est peu à peu agrandi vers le nord, et surtout vers le sud et le fond de la vallée, au delà de la voie ferrée. Celle-ci blo-que le village dans son développement et divise la partie haute, du reste de la vallée. Au vu de l'étroi-tesse du vallon, Waville ne pouvait plus s'agrandir dans cet espace devenu trop restreint Il semble

logique que le village se soit étendu plutôt vers le sud, le long de la départementale. C'est ce qui explique le mitage initié dès les années 80, à l'est, le long de la route, par la construction d'une série de maisons individuelles, entre Waville et Villecey juste en face.

Au début des années 2000, un promoteur privé achète à la sortie de Waville, un terrain li-bre sur lequel il implante un lotissement. Le site contraignant, apparenté à un talus d'une quinzaine de mètres de dénivelé, est une bande étroite de 200 mètres sur 60 mètres, parallèle à la route en

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Lotissement à Waville, coupe et photo

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A Monte Carasso, l’architecte tessinois Luigi Snozi a conservé le parcellaire étroit et l’implantation des construtions anciennes pour ces habitations modernes. Cependant par leur morphologie, le travail des volumes et l’usage des matériaux, ces architectures ne sont en rien passéistes mais modernes, Apportant une réponse juste aux contraintes du site et aux innovations contem-poraines

source : formandwords.com

contrebas. L'implantation de logements est particu-lièrement complexe sur cet espace restreint, coincé entre les voies ferrées et la départementale.

Les extensions urbaines dans la vallée se sont plutôt réalisées progressivement, par juxtapo-sition de constructions individuelles comme nous avons pu le voir à Villecey. La création de lotisse-ment à Waville est un fait unique sur ce territoire.

Afin de répondre à la demande en loge-ment, ce lotissement a accueilli une vingtaine de maisons privées. Le besoin de rentabilité a généré deux rangées de maisons, l'une derrière l'autre sur le site étroit. Aux nouvelles habitations de se par-tager alors les défauts du site : la première rangée, face à la route, est dotée d'un terrain en pente, de 8 mètres de long et sur un dénivelé de 4 mètres. Ce faisant, chacun essaye de se protéger de la chute vers la route, comme en témoignent les murets réalisés précipitamment chez tous les habitants. La

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Pistesderéfléxionpourconcevoir un habitat adapté au site du lotisse-ment privé de Waville

seconde rangée se heurte, au nord, à la voie fer-rée, 5 mètres plus haut, réduisant le jardin arrière à un simple talus. Cependant, chaque logement peut profiter d'une exposition sud-ouest et d'une vue re-marquable.

Une ruelle dessert les maisons, encadrées par des murets protégeant l'intimité des façades d'entrée que personne ne s’approprie. Le lieu est assez inhospitalier et en déconnection avec les rues à l'intérieur du village. Un trottoir minuscule est envahi par les voitures, chaque jardin est protégé d'un muret, le mobilier urbain est identique à celui de centaines d'autres zones pavillonnaires. La rue centrale se finit en cul de sac par un parking, plein ouest, vers le viaduc ferroviaire, peut être une des vues les plus intéressantes du site !

Le lotissement est complètement indépen-dant du reste du village, sans connexion aucune au réseau viaire existant. Sa position entre route et

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voie ferrée participe à son isolement. Les habitants y résident pour un temps court, quelques années, avant de trouver autre chose ou de quitter le terri-toire. Waville est sur le point de mettre en place un PLU, avec la participation du STAP de Meur-the et Moselle. Une telle démarche aura sans doute pour effet de limiter les défauts de ce type d'urbani-sation dans l'avenir.

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Les extensions pourraient se faire en continuité avec le tissu ancien, dans une même logique d’implantation est-ouest, en s’insérant à flancdecoteau.Profitantdeladéclivitédu terrain, elles béné-ficieraientd’unevuedégagée sur la vallée au sud, au dela de la limite que forme la voie ferrée.Le parcellaire caracté-ristique en longueur serait concervé mais les formes architecturales pourraient s’émanciper des modèles traditionels ou standardisés de la construction indivi-duelle.

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Gérerlesextensionsetmainteniruneoffrerésidentielledequalité:l’enjeudelaplanificationparlesdocumentsd’urbanisme

Les espaces urbains des villages souf-frent de plusieurs problématiques identiques dans toute la vallée : envahissement par la voiture, dégradation de l’espace public peu valorisé et peu adapté aux usages, minéralisation extrême de l’espace, choix contestable du mobilier urbain,... Ces éléments sont progressivement réglés par les nouveaux aménagements au niveau des places, des trottoirs, de la délimitation des parkings et d’espa-ces de plantations.

L’attractivité modeste du site, fait que les villages ont parfois besoin de s’agrandir. Dans un espace où l’atout paysager est si fort, les élus doivent être d’autant plus attentifs à l’implantation des nouveaux quartiers, et à leur connexion avec l’existant . Les extensions doivent dans l’avenir être conçues pour consommer moins d’espaces, dans un but écologique, économique et paysager, et afin de stopper définitivement le mitage du terri-toire. Ces orientations, prises au niveau national et relayées au niveau local, apparaissent progressive-ment dans les documents d’urbanisme. Si le contrôle strict des évolutions urbai-nes se fait par l’instruction de documents d’urba-nisme à l’échelle des communes, nous avons pu remarquer que la création de ces documents de projet de planification est souvent récent dans la vallée. Le PLU, puisqu’il comporte un véritable projet de développement (PADD) et une phase de diagnostic du site essentielle avant toutes prise d’orientations stratégiques, semble le document le plus intéressant pour gérer l’aménagement des villages. Si certaines communes ont préféré avoir recours à la carte communale (moins complète

et moins onéreuse) et au Règlement National d’Urbanisme, voire à ce document national seul, la mise en place prochaine de PLUi, à l’échelle de l’intercommunalité peut venir pallier les lacunes de ces documents.

‘‘Il faut être radical, et prendre plusieurs mesures strictes selon les formes urbaines. Dans un premier temps interdire l’expansion et la construction neuve sur les zones non constructi-bles, au risque d’arriver à une saturation du site. Puis, il s’agit de revaloriser le cœur du village et le noyau ancien. Enfin, au niveau du pavillon-naire, l’enjeu est de redensifier et de retravailler l’insertion paysagère de ces zones.‘’Entretien avec M. Simon ,directeur du CAUE 54, juillet 2013

La délimitation stricte de zones constructibles ou non aurait pour effet de limi-ter le mitage du territoire. De la même façon des directives nettes sur certaines formes archi-tecturales à exclure permettraient de conserver la cohérence architecturale que nous avons remarqué dans ces villages. L’idée n’étant pas de figer le site sur lui même et d’empêcher la construction neuve, mais de l’encadrer de façon à valoriser les grandes qualités paysagères et architecturales des lieux, qui sont des biens communs. Cependant, le PLU est un document porteur de restrictions et d’interdictions, et pas vraiment incitateur à une certaine qualité de projet. La multiplication des documents d’ur-banisme, accumulant les contraintes, à toutes

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les échelles du territoire, n’est-elle pas un frein à la qualité et à l’ingéniosité en matière d’archi-tecture et de projet urbain ?

S’adapter à la topographie semble l’enjeu clef de la construction individuelle neuve partout dans la vallée. Le terrassement important pour créer des plateformes constructibles ne saurait être une option et entraine des problèmes de vues proches et lointaines. La déclivité du site peut être aussi un atout et permettre des formes intéressan-tes au niveau de la construction neuve. Au lieu de réponses standardisées, il faudrait pouvoir ouvrir le champs des possibles à l’architecture contempo-raine. L’implantation répétitive, de la maison individuelle au milieu de sa parcelle, en décrocha-ge avec la rue et le voisin ne devrait plus être un modèle dominant pour la construction neuve. Cer-tes, la campagne est un lieu où peuvent s’exprimer les désirs d’habitat individuel et de tranquillité mais paradoxalement, en Lorraine, la campagne était un lieu de vie et d’habitat communautaire. Le village groupé c’est l’expression de la vie à plusieurs, pour s’entraider et se protéger au milieu de grands espaces de vides, agricoles ou fores-tiers. Ce modèle est en décalage avec les nouvelles constructions, isolées sur leur terrain, porteur d’une certaine idée de son chez soi protégé et privatif, séparé du voisin. Le village lorrain offre l’image de la vie en groupe. Si on détruit cette image pour correspondre à la volonté de vie privée forte et d’habitat individuel, on détruit le paysage, les espaces d’isolement et donc les raisons qui poussent le nouvel habitant à venir s’installer ici. On peut effectivement parler de saturation du site. Il est tout à fait possible d’imaginer des formes d’habitat groupé à la fois respectueuses du site et du désir d’individualité de ses habitants. Là encore, les formes de l’architecture contemporaine ont certainement des solutions a apporter.

Réinvestir l’ancien, parfois abandonné ou délabré est également un enjeu de taille sur ce territoire rural. Au cours des visites sur le site, il est apparu très clairement que les centres anciens avaient encore des capacité de renouvellement, au vu des nombreux bâtiments abandonnés dont la rénovation pourrait donner des logements de qualité. Cependant, les volumes des maisons lorraines traditionnelles sont complexes à adapter et entraînent des coûts importants. Les parcelles étroites et profondes, les maisons avec peu de fa-çades, installées dans la pente, parfois sombres,... sont autant de freins à leur reprise.

Au delà de la question de la réglemen-tation, il semble que ces changements dans les manières de faire et de penser le paysage doivent être portés par une pédagogie ancrée dans l’histoire des lieux, du bâti, et la connais-sance du territoire. Beaucoup des questions abordées ici sont de l’ordre de l’aménagement privé, et ne sont pas des notions innées chez tous les acteurs, une pédagogie du projet et une sensibilisation semblent essentielles. Le but est de promouvoir la connaissance du site, par les habitants et les élus, afin de favoriser des dy-namiques de préservation et de renouvellement à la fois respectueuses et imaginatives, tant au niveau de la construction individuelle, que du bâtiment public. La collaboration , prochaine-ment mis en place sur le site, entre le CAUE 54 et les services du STAP de Meurthe et Moselle permettra-t-elle de répondre à cet enjeu de la pédagogie ? La pédagogie au niveau des élus est primordiale ici, puisque le maire à une res-ponsabilité énorme sur l’évolution des villages, il instruit les documents d’urbanisme, gère les équipes de maîtrise d’œuvre dans le cadre de travaux public, et instruit les permis de construire. Il a une vraie responsabilité sur la construction individuelle.

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Conclusion

Pour un urbanisme des zones rurales ?

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Aménagement d’un pré, au centre du village de Sermange (Jura) en espace commun, agence Territoires, 2008

L’aménagement simple, issu d’une véritable compréhension des lieux, proposent de nouveaux usages à cet espace public : chemin des écoliers, lieu de rencontre pour les habi-tants autour du bassin et de son banc, aire de pique-nique...

source : agence Terri-toires

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L’un des enjeux primordial pour l’évolu-tion du site est le contrôle de la construction neuve et de son emprise sur le territoire. Il semble évident que les extensions futures dans la vallée ne peu-vent plus et ne doivent plus suivre le modèle des constructions de ces trente dernières années. La consommation abusive de l’espace, la non-intégra-tion paysagère et architecturale doivent être stop-pées rapidement afin de mettre fin à la détérioration du paysage. Comment concevoir un habitat nouveau au sein de cet espace, alors que certains villages semblent saturés ? Les communes sont-elles vrai-ment vouées à s’agrandir ? Un surplus de construc-tions ne risque-t-il pas d’amener à la destruction totale du cadre paysager ?

Au milieu du XIXème siècle, la vallée du Rupt-de-Mad totalisait deux fois plus d’habitants qu’aujourd’hui sur deux fois moins d’espaces bâ-tis (à Waville par exemple, 870 habitants en 1830, pour 440 habitants aujourd’hui). Même si les mo-des d’habiter sont différents aujourd’hui, il semble certain que le territoire n’est pas saturé en terme de population. De plus figer l’espace sur lui-même, c’est le risque de tuer le dynamisme du site et ses évolutions.

‘‘(...) l’espace rural français n’a pas voca-tion a être sanctuarisé, à devenir un conservatoire des espaces et des espèces (...) l’augmentation des populations rurales témoigne de l’énergie, de ceux qui ont en charge le développement et le renouveau des campagnes.’’D. Boutet, Pour un urbanisme rural

Grâce aux outils de la planification et de l’organisation du territoire, les communes peuvent aujourd’hui contenir et orienter la construction, et permettre une évolution des villages respec-tueuse du site. L’outil pédagogique est également un élément essentiel à prendre en compte, surtout

lorsqu’il s’agit de la construction individuelle. Même si le nombre de constructions neu-ves par an est faible dans cet espace rural, il doit être réfléchi. La campagne est un espace où le vide est très important, chaque élément nouveau prend donc une importance d’autant plus grande dans l’espace. Des nouvelles formes d’habiter sont certainement à trouver, entre la densité très forte des centres an-ciens, et l’étalement abusif des formes récentes. Il en est de même pour les formes architecturales fu-tures.

‘‘En dehors de quelques sites qui se sont décou-verts une vocation touristique, la simple campagne ne fait l’objet d’aucune réflexion particulière. (...) La campagne est un lieu géré, parfois aménagé, ra-rement pensé. ‘‘

Mon village en l’an 2000, Charles-Henri Tachon

Cette affirmation de Charles-Henri Tachon est sans doute de moins en moins vraie depuis que les villages se dotent progressivement de documents d’urbanisme POS, PLU, Cartes Communales. Dans la vallée, les communes prennent en main progres-sivement la revalorisation de leurs espaces publics. Certes ces aménagements se heurtent encore à des problèmes d’adaptation au lieu. L’application de solutions propres à des zones urbaines denses ( ma-tériaux, mobilier urbain, ...) ne saurait résoudre des problèmes posés au sein de ces zones rurales. Ce sont des espaces qui méritent une vraie recherche de solutions innovantes, spécifiques. Faut-il penser, que certains aménagements apparaissent inadaptés parce qu’ils ont été pensés pour l’espace urbain puis appliqués à l’espace rural ?

‘‘ Au final nous avons affaire à de nou-velles campagnes mais toujours pas à de nouvelles planifications, procédures, techniques d’urbanis-

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me, bien comprises et adaptées aux besoins réels des espaces ruraux. On peut, on doit admettre que l’urbanisme rural existe en soi pour soi, non com-me une sous-catégorie, mais comme un ensemble cohérent de techniques d’urbanisme appliquées au milieu rural. Ce concept nouveau, doit s’appuyer sur d’autres valeurs que celles traditionnellement répandues par l’aculturation urbaine.’’

D. Boutet, Pour un urbanisme rural,2004

En réalité il semble qu’au delà du clivage espace rural/urbain, le bon aménagement est celui qui est réellement éclairé par une vraie connais-sance du site et qui fait suite à un diagnostic ap-profondi des lieux. C’est par la prise en compte de l’identité du territoire que les futurs projets urbains et architecturaux seront véritablement adaptés, du-rables et valorisant pour le paysage. Dans la vallée du Rupt-de-Mad, les évolutions doivent prendre en compte les caractéristiques identitaires de chaque village, et l’importance de l’unité de lieu et de la cohésion d’ensemble qu’elles forment au sein d’un territoire commun.

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B I B L I O G R A P H I E

Pour un urbanisme ruralDidier Boutet Edition L’hasmattan, 2004

Guide Atlas des villagesParc Naturel Régional de LorraineNovembre 1983

Manifeste du Tiers-PaysageGilles Clément2004

Vivre les paysages de Meurthe et MoselleAtlas des paysages de Meurthe et MosellePiloté par :Conseil Général de Meurthe-et-Moselle - DREAL Lorraine.Réalisé par :Agence Folléa-Gautier - paysagistes et urbanistesBureau d’études BIOTOPE - écologuesAtelier de l’Isthme - paysagistes et géomaticiensChevalVert - atelier de conception graphique et multimédia

Mon village en l’an 2000Charles-Henri Tachon

Clermont au loin, Chroniques périurbainesKristof Guez, Pierre et Rémi Janin, Alexis Pernet, Hugo ReceveurFudo éditionsSeptembre 2011

Observatoire du Patrimoine naturel du Parc naturel régional de LorraineFréderic REICHERT et Anne-Sophie CHAPLAIN ( chargés de mission au PnrL)Mars 2005

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Meurthe et MoselleRepères pour une lecture commune du territoire Octobre 2001

Charte de Territoire - Communauté de Commune des 3 vallées 2000

Architecture rurale en Meurthe-et-MoselleCaue 54 - dessins de Francis Poydenot

PromenadeaufildesaîtresduRupt-de-MadJanine Olmi Edition des Paraiges - 2013

L'aître Saint-Etienne d'ArnavilleRenaissance du Vieux Metz - bulletin trimestriel Jacques Reisdorfer - Docteur en Histoirenuméro 131 Avril 2004

PeuplementetoccupationdusoldanslavalléeduRup-de-MaddesoriginesàlafinduMoyen-AgeJacques Reisdorfer ( professeur au CES de Frouard) ( directeur de thèse : Michel Bur)Thèse de doctorat de troisième cycle - université de Nancy II - novembre 1987

Cahier de recommandations architecturales - Commune d'ArnavilleCAUE 54, Alain Conradt, ArchitecteJanvier 1990

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R E M E R C I E M E N T S

Je remercie sincèrement toutes les personnes qui ont pris le temps de me rencontrer, de répondre à mes questions et de prêter des documents de travail :

Jean-Marie Simon, directeur du CAUE 54, Gaelle Perraudin, architecte, adjointe au chef du service territorial de l’architecture et du patrimoine de Meurthe et Moselle, Gilles Jolain, maire d’Onville, Jean-Louis Depierreux, maire de Vandelainville, Paul Carpentier, maire de Rembercourt sur Mad, les élus de Bayonville sur Mad, les habitants croisés durant mes visites et qui ont bien voulu me faire part de leur ressenti sur leur cadre de vie.

Je remercie mes professeurs et directrices de mémoire à l’Ecole Nationale Supèrieure d’Architecture de Nancy : Anne-Marie Crozetière et Nadège Bagard.

Je remercie mes camarades de promotion avec qui j’ai évolué durant mes études, à Nancy et à Ferrare. Merci à mes colocataires qui ont bien voulu lire mon travail et me donner leur avis.

Enfin je remercie les personnes qui me sont chères, dont j’ai la chance d’être entourée, et ceux qui ont pris le temps de me corriger .

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