9
INT. REV APP. F’SYCHOL., VOL. 26, NO. I Etude mktrologique d’une batterie de tests destinke a l’ktude des facteurs psychologiques en kpidemiologie cardio-vasculaire P. PICHOT,’ M. DE BONIS,’ M. SOMOGYI,’ C. DEGRE-COUSTRY,’ F. KITTEL- BOSSUIT,a R. M. RUSTIN-VANDENHENDE,s M. DRAMAIX,6 et A. BERNETB L’hypothese selon laquelle certains facteurs psychologiques sont associb ii certaines maladies somatiques existe dans la penste mMicale depuis l’antiquitt grecque. Dans la pehste moderne, ces facteurs psychologiques sont c onp soit en termes de situation soit en termes de personnalitt. Dans le premier cas, on se rtkre h un modtle de la sptcificitt de la situation: certaines d’entre elles et notamment les situations de stress sont considtrtes comme des tltments dtclenchants, favorisants, sinon la maladie du moins l’apparition de l’accts. Dans le second cas: modele de la spkcificitt de la personnalitt, on suppose l’existence d’une <<structure >> d’un profil ou encore d’un type, prtexistant ou concomitant h la maladie. Les affections coronariennes ont ttt un des dornaines privilegits dans la recherche de l’incidence de ces facteurs de situation ou de personnalitt. En ce qui concerne ce dernier aspect, les hypothtses de Dunbar (1953) ont aliment6 un certain nombre de recherches, notamment les travaux de Rosenman et Friedman (1959). Selon ces auteurs, les coronariens se caracttriseraient par un comportement ambitieux, un esprit de compttition, la recherche permanente de rtussites sociales et professionnelles, une tendance B l’hyperactivitt, une importante hostilitt, en grande partie rtprimte et l’impression quasi constante que le temps presse. Les traits de caractkre anal dans le sens psychanalytique du terrne et de personnalitt obsessionnelle ont t t t parfois mentionnts comme caracttristiques des malades qui ont eu un ou plusieurs infarctus (Jouve, Dongier et coll., 1961, 1962; Marty et Navaranne, 1962). De nombreuses impressions cliniques concourent h donner une certaine waisemblance a l’hypothese qu’une telle combinaison de traits, s’exprimant par un type dttermint, pourrait constituer un ccfacteur important >> dans la maladie coronarienne parmi d’autres facteurs, notamment biologiques. Ce facteur pourrait &re c o n p comme simplement associt Ir la maladie ou, dans une perspective plus deterministe, h e envisagt comme un signe prtdictif. Dans les deux cas, la vtrification d’un tel portrait psychologique est relite a des prtoccupations pratiques importantes. Si un tel portrait a valeur de signe prtdictif, son Ctude s’impose dans une perspective de dtpistage ou de prtvention. Si cette constellation de traits est seulement associte, elle mtrite aussi d’&tre prise en considtration car elle peut intervehir dans le dkcours de la maladie, l’apparition ou la repetition des accks, voire meme la rtsistance ou l’acceptation de la thtrapeutique. Tandis que la verification de l’hypothese d’un facteur psychologique associi: se contente d’un plan transversal, autrement dit d’une ttude comparative: malades et ttmoins (cesderniers pouvant ftre des sujets sains ou des sujets prtsentant d’autres syndromes organiques), l’hypothese d’un facteur psychologique prtexistant (voire prtdisposant) rtclame un plan longitudinal: des populations initialement saines examintes B differentes reprises. Dans un case comme dans l’autre, la vtrification ntcessite l’examen d’un grand nombre de sujets B I’aide d’un protocole commun. Le present travail’ vise dtcrire les caracttristiques et les proprittts mttrologiques d’un tel protocole susceptible de servir de base h des ttudes tant transversales que longitudinales.

Etude métrologique d'une batterie de tests destinée à l‘étude des facteurs psychologiques en épidemiologic cardio-vasculaire

Embed Size (px)

Citation preview

INT. REV APP. F’SYCHOL., VOL. 26, NO. I

Etude mktrologique d’une batterie de tests destinke a l’ktude des facteurs psychologiques

en kpidemiologie cardio-vasculaire

P. PICHOT,’ M. DE BONIS,’ M. SOMOGYI,’ C. DEGRE-COUSTRY,’ F. KITTEL- BOSSUIT,a R. M. RUSTIN-VANDENHENDE,s M. DRAMAIX,6 et A. BERNETB

L’hypothese selon laquelle certains facteurs psychologiques sont associb ii certaines maladies somatiques existe dans la penste mMicale depuis l’antiquitt grecque. Dans la pehste moderne, ces facteurs psychologiques sont c o n p soit en termes de situation soit en termes de personnalitt. Dans le premier cas, on se r tkre h un modtle de la sptcificitt de la situation: certaines d’entre elles et notamment les situations de stress sont considtrtes comme des tltments dtclenchants, favorisants, sinon la maladie du moins l’apparition de l’accts. Dans le second cas: modele de la spkcificitt de la personnalitt, on suppose l’existence d’une <<structure >> d’un profil ou encore d’un type, prtexistant ou concomitant h la maladie.

Les affections coronariennes ont t t t un des dornaines privilegits dans la recherche de l’incidence de ces facteurs de situation ou de personnalitt.

En ce qui concerne ce dernier aspect, les hypothtses de Dunbar (1953) ont aliment6 un certain nombre de recherches, notamment les travaux de Rosenman et Friedman (1959). Selon ces auteurs, les coronariens se caracttriseraient par un comportement ambitieux, un esprit de compttition, la recherche permanente de rtussites sociales et professionnelles, une tendance B l’hyperactivitt, une importante hostilitt, en grande partie rtprimte et l’impression quasi constante que le temps presse. Les traits de caractkre anal dans le sens psychanalytique du terrne et de personnalitt obsessionnelle ont t t t parfois mentionnts comme caracttristiques des malades qui ont eu un ou plusieurs infarctus (Jouve, Dongier et coll., 1961, 1962; Marty et Navaranne, 1962).

De nombreuses impressions cliniques concourent h donner une certaine waisemblance a l’hypothese qu’une telle combinaison de traits, s’exprimant par un type dttermint, pourrait constituer un ccfacteur important >> dans la maladie coronarienne parmi d’autres facteurs, notamment biologiques.

Ce facteur pourrait &re c o n p comme simplement associt Ir la maladie ou, dans une perspective plus deterministe, h e envisagt comme un signe prtdictif.

Dans les deux cas, la vtrification d’un tel portrait psychologique est relite a des prtoccupations pratiques importantes. Si un tel portrait a valeur de signe prtdictif, son Ctude s’impose dans une perspective de dtpistage ou de prtvention. Si cette constellation de traits est seulement associte, elle mtrite aussi d’&tre prise en considtration car elle peut intervehir dans le dkcours de la maladie, l’apparition ou la repetition des accks, voire meme la rtsistance ou l’acceptation de la thtrapeutique.

Tandis que la verification de l’hypothese d’un facteur psychologique associi: se contente d’un plan transversal, autrement dit d’une ttude comparative: malades et ttmoins (ces derniers pouvant ftre des sujets sains ou des sujets prtsentant d’autres syndromes organiques), l’hypothese d’un facteur psychologique prtexistant (voire prtdisposant) rtclame un plan longitudinal: des populations initialement saines examintes B differentes reprises.

Dans un case comme dans l’autre, la vtrification ntcessite l’examen d’un grand nombre de sujets B I’aide d’un protocole commun.

Le present travail’ vise dtcrire les caracttristiques et les proprittts mttrologiques d’un tel protocole susceptible de servir de base h des ttudes tant transversales que longitudinales.

12 LES FACTECRS EN EPIDEMIOLOGIE CARDIO-VASCULAIRE

Les kpreuves psychologiques qui composent ce protocole (echelle d’auto-estimation de Bortner, 1969; inventaire de personnalite d’Eysenck, 197 1 (version franqaise) et questionnaire de Sandler et Hazari, 1960) ont t t t choisies dans le but d’objectiver le portrait psychologique ou style de cornportement qui se degage h la fois de I’irnpression clinique et de la litttrature <‘Frankignoul, M., et Dongier, M., 1971). Ce protocole minimum qui a dd se conformer P des imptratifs de temps propres aux etudes extensives, a t t t complctt selon les tquipes par des in\.estigations plus approfondies: entretiens semi-directifs ou directifs selon la technique de Rosenrnan et Friedman.

POPULATIONS

Les trois populations ttudites posskdent certaines caracteristiques communes. I1 s’agit de populations actives de sexe masculin, d’gge variant de 40 P 59 am. Elles different en fonction d’un certain nornbre de param‘etres: le lieu d’insertion gtographique (et les regimes linguistiques dans le cas de I’ttude P. B. P.) par une appartenance des travailleurs au secteur public et privt; B l’inttrieur de chacun des trois echantillons, la repartition des differents ni\.eaux socio-economiques est comparable,

1. L’ECHELLE D’AUTO-EVALUATION DE BORTNER (1969)

Descrition. Cette Cchelle a tti: concue d’aprts les travaux de Rosenman et Friedman et vise h tvaluer le style de comportement A. Elle se compose de 14 items bipolaires (styles A et B) prtsentes graphiquement sous forme d’une ligne gradute de 24

Consignes. Chacun de nous peut se situer quelque part le long de chacune des lignes ci-dessous entre les deux positions extremes. Ce que nous attendons de vous, c’est de faire une croix sur chaque ligne B l’endroit oir vous pensez vous situer entre les deux positions extrimes. La croix peut dtre situke P n’importe que! endroit de la ligne et pas forcement sur les graduations ou au milieu des cases.

Par exernple:

. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

aime les aliments t r k salk

ne sale jamais ses aliments

Codage. Pour chaque item, on compte le nombre d’tchelons entre l’extremitt non A et la case dans laquelle le sujet a marqut une croix. Ainsi, pour chaque item, la note peut varier de 1 a 24.

La substitution d’une tchelle de 14 items P une interview longue et dficile exigeant un personnel hautement sptcialisk, prbente un avantage tvident B condition toutefois que cet instrument posskde des proprittks mttrologiques. Ce sont ces proprittts qui ont e t t apprtcites B I’aide des techniques dtveloppees cidessous.

(a) Normes avec leurs variations en fonction des echantillons L‘exarnen du tableau 1 dam lequel sont indiqutes les rnoyennes pour chaque item et pour I’ensemble, fait apparaitre des variations en fonction des tchantillons: la note globale de l’echelle de Bortner est plus tlevke dans l’tchantillon marseillais que dans I’tchantillon pansien et dans l’echantillon belge. Ces differences sont statistiquernent significatives et pourraient suggkrer l’existence d’un gradient croissant gtographique Nord-Sud. L’existence d’une

P. PICHOT ct al. I

TABLLAU 1 Noimes Echelle de Bortner Echnntillons

Bruxclles Paark Mannllc I 2 3

(&= 7f f ) (.V = 715) (Jv= 788) k a r t Erart Ecart

Ilrmz’ Moycnnc tvpr A4oyennt ypt Moyrnnr {vpr 1. Jamais en retard 21,20 4,13 20,88 4,52 19,71 4,91 2. Compktitif 11,32 7.13 13,36 6,83 13,37 6,79 3. Anticipe dans la conversation 7,73 6,57 7,57 6,47 8,69 6,51 4. Toujours prcsst 14,63 6,90 14,27 7,63 15,19 6 3 9 5. Impatient 10,98 8,16 12,50 8,34 11,25 7,78

7 . Hyperactif 9,32 7,74 8 3 2 7,61 9,05 7,13 8. S’exprime avec energie 11,18 6,98 12,36 7,12 13,09 6,60 9. Quhc I’approbation sociale 14,15 7,51 14,66 7,83 15,09 6,97

10. Rapidc 13,68 7,79 15,57 8,08 16,45 7,09 1 1 . Exigeant pour l u i - m h e 9,75 6,43 11,77 7,12 11,77 6,62 12. Dtmonstratif 9,28 6,92 10,69 7,56 11,06 6,88 13. Polaris& sur son travail 9,04 7,11 10,50 7,28 9,67 6,49 14. Ambitieux 8,51 7,Ol 8,98 7,08 12,80 6,89 G Note globale 169,05 40,08 179,W 4 0 , O l 184,36 3 5 3

6. S’engage B fond 18,26 6 , l5 17,99 6,12 17,94 5,94

Formulation abrtgte da items

htttrogtntitt, quant aux variables linguistiques et socio-tconomiques, interdit une telle interpretation. Par contre, on peut souligner que ces differences entre tchantillon devront &re p r i m en compte lorsqu’il s’agira d’ttablir des liaisons entre l’apparition de la maladie coronarienne et un score tlevt 8 I’tchelle de B ~ r t n e r . ~

(b) Etude des propriites metrologiques de l’khelle de Bortner (i) Fideliti test-retest. 206 sujets (kchantillon 2) ont ttt examints deux fois de suite apr‘es un intervalle temporel de 10 ti 14 mois. Ce sous-tchantillon ttait comparable h l’kchantillon initial (N = 715) h l’exception des items 13 et 14 pour lesquels on a observt des differences significatives. Le coefficient de fidtlitt calcult sur la note totale ( r de Bravais-Pearson) est de 0,68, ce qui indique une bonne stabilitt des estimations.

(ii) Fidilite pair-impair. Le coefficient de fidtlitt pair-impair (comgt par la formule de Spearman-Brown) atteint 0,56. Ce coefficient relativement peu tlevk peut s’expliquer par une htttrogtntitt des items (cf. infra) et/ou par une sptcification a priori incorrecte des p6les (certains ttant dtfinis comme reprtsentatifs du style de comportement A, alors qu’ils seraient en rtalitt caracttristiques du pattern B).

L’analyse de l’homogtntitt interne (mesurte par la correlation entre cheaque item et la note totale moins l’item) permet de prtciser que les 14 items ont des liaisons plus ou moins ttroites avec la note globale. Ces liaisons s’tchelonnent entre 0,27 et 0,52. Certains items tels que l’item 1: <<jamais en retard-oppost 8: ne prtte pas attention 8 itre exact au rendez-vous>>, et 12; <<cache ses sentiments ou demonstratif>> ne sont pas corrtlb significativement avec l’ensemble des autres. D’autres part, il semble que l’item 13: <<a de nombreux centres d’intkrit-a peu d’inttrtt en dehors de son travail >> mtriterait d’ttre inverse.

(c) Validiti (i) Validiti concourante. O n a compart (khantillon 1) les classifications en termes de pattern A ou B selon les donntes de l’entretienlo de Rosenman et Friedman et la note globale ti

14 LES FACTEUKS EN EPIDEMIOLOGIE C.ARDIO-\.‘.4SC:UL.4IRE

?’ABI.E.\U 2 Homo,oPntite inlrrne

I1 m

1. Jamais en retard 2. Cornpetitif 3. Anticipe dans la conversation 4. Toujourr pressst 5. Impatient 6. S’engaye a fond 7 . Hyperactif 8. S’exprime avec energic 9. Q u i t e I’approbation strciale

10. Rapide 1 I . Exigeant pour lui-rntrne 12. Dkmons:ratif 13. Polarise sur son travail 14. .4rnbitirux

Ohni i t r l ioas

1 2 t.l’ = 7 I 3

-0,0101 0.0091 0.2494 0,1148 0,26 I9 0.2538 0,4928 0,52 1 1 0,4024 0,3217 0.2465 0,2540 0,3397 0.2771 0.442 1 0,3996 0,20 I 2 0,1821 0.4425 0,3385 0,5082 0,4051 0,002 1 0.0661

-0,2731 - 00 0,2578 0.1 I59

I ” \ = 7 4 4 ,

l’tchelle de Bortner. Sur la base d’une interview enregistrte sur bande magnttique, trois psychologues travaillant separement ont affect6 chacun des 397 sujets du groupe nkerlandophone, a I’un des deux groupes A ou B.

L’examen du tableau 3 dans lequel on a fait figurer les notes moyennes a chaque item du Bortner, fait apparaitre une concordance entre les deux sources de donnees. La note aux items de l’echelle de Bortner est significativement plus tlevte chez les sujets classes pattern A d’aprks l’intervicw que chez ceux classes pattern B, h deux exceptions prks: les items 1 et 12. I1 est remarquable que ce soient justement ces deux items qui apparaissent les moins corrtlts avec la note globale d’aprti I’analyse de l’hornogenkit-5 interne (tableau 2).

D‘autre part, on a applique l’equation de rkgression calculee par Bortner dans son ktude

T.ABLE.4U 3 h f y e n n e des I4 i t e m du Bortner enfonction de La ppologie

‘4 el B de Rosenman et Friedman (khantil lon I ) i.Y = 397)

Infmieui de Rosenman el Frudman Tvpr A T ~ p e B rest 7 -4, = I 8 0 n. = 217 (Student;

1. 21,4* 4:O 21,5+ 3,6 -0,028 NS*

du 4. 16,.5f 6,4 12,8* 7 , l 5,40 x x x

6. 20,6* 4,2 l7,5 f 6,9 5,74 x x x

- 8. 12,6f 7,2 9.1 & 6,6 4,93 x x x

11. 11,1+6.9 7 , 5 f $6 5,77 x x x 12. 8,7* 6,4 9,5+ 7,2 - 1,20 NS

14. 10,2f 7 3 6,l f 6,l 5,7 x x x

2. 13,2f 7.2 8,8 f 6,6 6,27 x x x Itcrns 3. 8.55 6,7 6,3f 5,9 3.38 x x x

Bortner 5. 12,7f 8,O 8,5f 8, l 5,25 x x x

7. 11,8f 7,8 7,Of 7,O 6,28 x x x

.Y*S.D. 9. 15,9+ 7 , O 12,8+ 7,8 4.17 x x x 10. 16.1 f 7.1 11,4f 7,7 6,42 x x x

13. 6,4* 6,O 10,5f 7,6 -6,O x x x

T 185,7*38,9 149,2 f 35,9 9.64 x x x

*NS = non significatif. x p = 0,Oj; xx p = 0,OI; xxx p = 0,001.

P. PICHOT et al.

TABLEAU 4 Rbgression multiple

15

I l r n

1. 2. 3. 4. 5. 6. 7. 8. 9. 10. 11. 12. 13. 14.

Coefiienfi dc rigression partielie

- O,o060 -0,0077 -0,0081 0,0049 -

-0,0104 -0,0081

- 0,0063 - 0,O 175 - 0,O 160 0,0025 0,0089

-

-0,0047

Co@mnts dc rigrcssion partulle riduit -0,0312 -0,0740 - 0,0643 0,0525 -

-0,0983 - 0,0823 -0,07 I6 -0,1982 -0,1501

-

0,0272 0,1031

-0,0456

Constante 3,3806 R 0,4553

Erreur standard d’estimation 0,631 F 2,549 P 0,o 1

originale k deux sous-tchantillons. La note pondtrte formte par une combinaison des items a ktk calculte.

La concordance entre cette note pondtrte et la classification d’aprts l’interview est excellente.

Le pourcentage d’accord sur l’ensemble atteint 71,5%. Une contre-validation sur un nouveau sous-tchantillon donne des valeurs pratiquement identiques.

On peut donc conclure que la concordance entre les deux mtthodes est satisfaisante.

(ii) Validite factorielle. Une analyse factorielle en composantes principales avec rotation varimax a k t t rtaliske sur l’kchantillon 2.

Trois facteurs ont tte retenus. 11s extraient 47% de la variance. Six items ont des saturations klevtes dans le premier facteur. Tous ces items sont en rapport avec un sens de l’urgence temporefle (item 5-impatient lorsqu’il doit attendre, item 4-toujours pressk, item 3-n’attend pas que

TABLEAU 5 Cornparairon des classijcationr A el B selon I‘intmiew de Rosenman

et Friedman el selon I‘ichelle de BortneP (khantillon I )

Clarifrcofion srlon

Rosenman cf Friedman I‘infcminu & Clasijication d o n

l’echelle a!e Bmtner B

A (-V = 56) 43 13 B ( X = 74) 24 50

- 7 y P C A

% de sujets correctement identifits par I’ichelle de Bortncr 43

-= 76,8% - 50 = 67,6% 56 74

*Mtthode des scores ponder&

B

16 LES FACTEL‘RS EN EPIDEMIOLOGIE CARDIO-VASCUL.4IRE

TABLEAU 6 Comparaison des classijcntiom .4 et B selon l ’ i n t m i m de Rosenman et Friedman et selon l‘echelle de Bortner (khantil lon I -sous-

khantillon 2)

Clarsijication .don

Hosrmnan tt h i e d m o n l’intmww C Clarsi’catron selon

l’ichcllt & Bortnn r1p A B

A (-4’= 124) 97 27 B !.V= 143; 40 103

Io3 - 72:/, 97 124

9; de sujcts correctcment identifits par l’tchellc de Bortncr

782% 143 - -- =

les autres aient fini d’exprimer ce qu’ils veulent dire, signe de tste, coupe ses interlocuteurs, achtve les phrases pour eux; item 7-essaie de faire plusieurs choses a la fois, pense toujours a c e qu’il va falloir faire ensuite; item 8 4 n e r g i q u e , vigoureux en parlant, peut frapper du poing sur la table pour appuyer ses paroles, item 10-rapide pour manger, pour marcher).

Cinq items sont trks satures dans 1e second facteur. 11s ont Cti: interprttks comme lc Surinr;Psfissement de la riwsite et de l’irnage de <<ban travailleur>> (item &met tout en oeuvre pour atteindre un but, s’engage h fond dans une tiche; item 1-jamais en retard; item 1 I s e fait la vie dure, se mene durement; item 9:veut que ses qualites de bon travailleur soient reconnues par les autres, et item 4-mentionnt dejh avec le premier facteur-toujours pressk).

Le troisieme facteur n’est reprbenti: que par 3 items qui se refirent h I’rlrnbition (item 14- ambitieux de progresser plus haut dans I’tchelle sociale; item P-esprit de competition tres dtveloppe et item 13-peu d’inttrtt en dehors du travail).

Le quatrikme facteur dans lequel deux variables seulement ont des saturations tlevees ne mkrite pas d’interprttation. La note globale du sujet obtenue au test est une note composite qui exprime ces trois facteurs. La sommation a cependant un sens car elle correspond bien aux intentions des auteurs: Rosenman et Friedman et Bortner dans ce sens que ces facteurs dtfinissent les traits caracttristiques du style de comportement A.

TABLEAU 7 Echelle & Bortner. Analyse futorielle (khantil lon 2) (Analyse en composantes

pr impales et rotation Varimax) (N = 7 15)

ItOn I II III IV 5 0,68322 0,02187 0,13966 -0,14879 4 0,63102 0,46935 0,04317 0,O 1295 3 OJ7W -0,13382 0,06748 0,24787

8 OJ5454 0,03199 -0,21448 0,44772 10 0,56981 0,21312 - 0,04454 0,13363 6 -0,01013 0,70299 - 0,25032 0,06002 1 - 0, I633 1 0,57418 0,21730 -0,19010

1 1 0,38588 03.508 0,21336 -0,17065

14 0,14627 -0,02131 - 0,6320 - 0,29554

13 - 0,01438 0,03277 0,58681 -0,01968

7 O,.K?55 -0,10007 -0,27450 -0,15357

9 0,11297 0,4253 0,03651 0,2 1829

2 -0,13467 0,26129 - 0,62567 0,23669

12 0,02109 0,00402 0,0518 1 0,78525

P. PICHOT ef al. 17

2. LES QUESTIONNAIRES DE PERSONNALITE

L’inventaire de personnalitt d’Eysenck, E. P. I. (90 items) (adaptation franpise 1971), a t t t prbentt conjointement avec le questionnaire de Sandler et Hazari (33 items) (1960) en version franqaise (Delay et coll., 1962). Les items des deux questionnaires ont Cttt mtlangb dans un ordre altatoire.ll L’ensemble fournit 5 notes qui correspondent pour le questionnaire d’Eysenck au Ntvrosisme (N), i I’Extraversion (E), au cMensonge>> (L) et pour le questionnaire de Sandler et Hazari au facteur A (caractkre anal) et au facteur B (personnalitt obsessionnelle). Les normes correspondant aux trois kchantillons de I’ttude sont tout B fait comparables i celles qui figurent dans les ttalonnages franqais.

Les differences inter-tchantillons n’exctdent pas les differences entre formes paralleles de 1’E. P. I. sur un mime tchantillon.

On notera d’autre part que la distribution des notes au facteur B de Sandler et Hazari a une dispersion trb tlevte.

3. INTERCORRELATIONS ENTRE LES DIFFERENTES EPREUVES

L’exarnen du tableau 9 oh nous avons indiqut les intercorrtlations entre les diffrents scores, fait apparaitre quelques fluctuations des corrtlations entre les differents tchantillons. Dans I’ensemble, les intercorrtlations, mime lorsqu’elles sont statistiquement significatives, sont faibles, i I’exception de celles qui relient la note de Nervosisme B la note dans le facteur B (Personnalitt Obsessionnelle). Cette corrtlation tlevte ttait prtvisible, les tendances obsessionnelles ttant un des tltments du nervosisme gtntral.

DISCUSSION

Conclusions. L’adaptation franqaise de I’tchelle de Bortner semble possMer les qualitb mttrologiques ntcessaires pour une enqutte extensive. La note qu’elle fournit est fidtle, sensible et valide aux rberves prks concernant les fluctuations interculturelles. Comparte B l’interview de Rosenman et Friedman avec laquelle elle est t r b corrtlte, elle prbente des avantages

TABLEAU 8 S. H. E. P. I. Noms

NONolrc

A Facteur de c<caractkre anal >>

N Ntvrosisme

E Extraversion

*D’apr& I’ttalonnage (1971) d a populations de 35 am et plus. t Daprb I’ttude dc Delay et coll. (1962) qUi portait b u r un petit tchantiilon de sujcts dietrent par I’age et le niveau

culture1 d a populations Ctudita.

18 LES FXCTEL‘RS ES €PI DEhl IOLOGIE CARDIO-\’.4SCI-L.41 RE

TABLEAU 9 Inttrconelatiom entre les d i f l i en le s epreuues

QUS~UKWCJ Borhur A B N E Sandln ct H a a m

* I 0,04 A 2 0,ll

3 0,05 I 0,17 0,oo

3 0.06 0,02 B 2 0,17 0,05

1 0,34 0,06 0,64 N 2 0,23 0,12 0,75

3 0,ll 0,Ol 0,25 Eysmck P. I.

I 0,05 -0,M -0,09 -0,M E 2 0,23 -0 , l l 0,Ol -0,14

3 0,l l -0,M 0,03 -0,M ! -0,23 0,14 -0,33 -0,31 -0.04

L 2 -0.09 0,26 -0,15 -0,16 -0,lO 3 -0,03 0,lO -0,05 -0,05 0,W

I , 2, 3, correspondent respectivement a!? khantillom belga (650 sujeu), parisiens (715 sujets), rnaneillais (782 sujets).

certains: rapiditt de passation, de correction, facilitt de comprthension des items. Elle semble en outre apprkhender un style de comportement qui ne para?t pas dependre de certains traits fondamentaux de la personnalite tels que le ntvrosisme et l’extraversion.

I1 s’agit donc d’un protocole minimal qui semble rtpondre aux hypothtses cliniques concernant le profil du coronarien. I1 importe d’tvaluer maintenant l’association d’un tel portrait psychologique avec I’apparition de la maladie coronarienne.

BIBLIOCRAPHIE

BORTNER, R. W. (1969). ‘.4 short rating scale as a potential measure ofpattern. A behavior’, J . Chron. Dir. 22,87-91. DELAY, J., PICHOT, P., et PERSE, J. (1962). <<PenonnalitC obsessionnelle et caractkre dit obsessionnel. Etude clinique et

psychomttnque>>, Ra. Psych. Appl. 12, 1, 233-62. DUNBAR, F. (1953). Psychmatic diagnonS (New York: Haber). EYSENCK, H. J.. et E n E N c K . S. B. (1971:). Inomfaire dr Pnsonnalili BEysmck (Manrul) (Pans: La tditions du Centre de

FWKICNOUL, M.. et DONCIER. M. (197 I ) . << Pcrsonnaliti. du coronarien et psychodpamique >>, RNU Psycho[. Mid. 4,

FRIEDMAN, M. et ROSLNMAN, R. H . (1959). ‘Assodation ofspkcific overt behavior pattern with blood and cardiovascular findings’, J.A.M.A. 169, 1286.

JOLWE, A,, DONG~ER, M., DELMCE, M., et MAYAUD, R. (1961 ). <<Rechercha psychosomatiques en cardiologie: etude cornparee de cent sujeu atteints d’angor coronarien ou d’infarctus du myocarde et de cent sujets ttmoins >>, Prcssc Midirole, 69, 2545-8.

MARTY, L., et NAVARANNE, P. (1962). <<Aspects cliniqua et psychologiqua de I’infarctus du myocarde en milieu militaire >>, Marsrillc Mid. 99, 369-94.

SANDLER, J.. et HAZARI, A. (1960). ‘The obsessional on the psychological classification of obsessional character traits and svmptoms’, J . Mcd. Psghol. 33, 113.

Psychologie Appliqute).

495-522.

NOTES

1. Coordinatcur dc I’ttude. 2. Clinique d a Maladies mentales et de I’Enctphale, Pans (Professeur Pierre Pichot). 3 . Dkpartement de Cardiologie. Hhpital Saint-Pierre, Bruxelles (ProfexTor Dmolin). 4 . Polyklinik Kardiologie, A. Z., Gent (Professeur R. Pannier).

P. PICHOT cf al. 19

5. Laboratoire de Medecine sociale rt d’Epidtmiologie, Ecole deSantt publique, U. L. B., Bruxelles (Professeur M.

6. Service de Cardiologie clinique et exptrirnentale. Centre Cantini. Marseille (Professeur A. Jouve). 7. I1 s’agit d’une etude cooperative dont I’initiative a k t t prisc lors d’un colloque: Angor, Angolrsc, Ann‘i/i, Monaco,

1970, par les Professeurs Jouve et Pichot ct qui a pu se rtaliser grice a la Fondation Paul Neumann. Les principaux resulrats qui sernnt rapportis ont it6 obtenus grice aux efforts conjoints de trois tquipes de recherche: Bruxelles-Gand, P. B. P.: (Echantillon I ) , Projet belge de prevention des affections cardiovasculaires. Paris: (Echantillon 2), G.R.E.A., groupe de recherche sur l’tpidtmiologie de l’athtroscltrose. Marseille: C.D.M.C.V., Centre de dtpistage et de prevention des maladis cardiovasculaira (Echantillon 3).

effectute par le correcteur h I’aide d’une rkgle gradute.

Gralfar).

6. Dans la forme originale, la ligne sur laquelle le sujet doit se situer est d t p o u m e d’tchelons. La rnesure cst

9. Une telle etude prospective a t actuellement en cours, elle se poursuit dans Is trois centres. 10. Unc description dttaillte de I’adaptation de la technique d’entretien de Rosenman et Friedman fait I’objet

1 1, Afin d’harmoniser la formulation des items des deux questionnaires, ceux de Sandler et Hazari ont ttt prbentb d’une publication stparee (en prkparation).

sous forme interrogative. L‘cnsemble figure dans le texte sous Ie sigle S.H.E.P.I.

A METROLOGICAL STUDY OF A BATTERY OF TESTS DESIGNED TO ASSESS THE PSYCHOLOGICAL FACTORS IN CARDIO-VASCULAR EPIDEMIOLOGY

The authors, within the framework of an exploratory international study of the risk factors in coronary diseases, have investigated the metrological qualities of a battery of tests designed to measure those psychological characteristics which are thought to be of prognostic interest. The populations, which have been studied over several years, so far consist of 2147 subjects deriving from three groups (Belgium, Paris, and Marseilles). The study was based on Bortner’s self- rating scale, Sandler and Hazari’s questionnaire for anal character and obsessional personality, and Eysenck’s M.P.I. Bortner’s scale proved to be both reliable and discriminating. It differentiated well between Rosenman and Friedman’s A and B types as far as they can be detected by a standardized interview. Its factorial structure corresponds to the hypotheses put forward by Rosenman and Friedman. The six components of the battery (Bortner, anal character, obsessional personality, neuroticism, extraversion, and the ‘lie’ scale on the M.P.I.) are independent, apart from the expected correlation between neuroticism and obsessional personality. The authors conclude that the battery of tests has the necessary metrological characteristics to test hypotheses concerning the psychological predisposition to coronary disease (the hypothesis of Rosenman and Friedman relating to A and B types, and Jouve and Danger’s hypothesis concerning the relevance of an obsessional personality).