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1 ETUDE SUR « LA PRODUCTION ET LE COMMERCE DE SEMENCES » EN ZONE CEMAC PAYS : TCHAD ETAT DES LIEUX DU SOUS SECTEUR SEMENCIER

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Le Tchad, vaste pays de l’Afrique Centrale, couvre une superficie de 1 284 000 kilomètres carrés. Il compte 12 millions d’habitants et la population rurale représente environ 80% du total des habitants. Le secteur agricole occupe une place prépondérante dans l’économie du pays, par sa contribution de manière constante au PIB (40%) et son potentiel de développement. Il contribue également au niveau des recettes d’exportation hors pétrole pour 45% pour le coton fibre, 25% pour les productions animales, 7% pour la gomme arabique, et 3% pour la pêche. Mais l’agriculture est fortement tributaire des conditions climatiques. La sécurité alimentaire constitue une problématique centrale en raison des fortes fluctuations de la production agricole, liées à l’instabilité climatique. Les cultures vivrières en sont largement affectées et cette situation se traduit par un déficit dans la couverture des besoins alimentaires des populations. La production nationale ne suffit pas à couvrir les besoins alimentaires en raison du faible taux d’augmentation de la production vivrière (1,4%) par rapport à la croissance démographique (31%), de la forte demande alimentaire des villes et de la stagnation de la productivité des exploitations agricoles.

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ETUDE SUR « LA PRODUCTION ET LE COMMERCE DE SEMENCES » EN ZONE CEMAC

PAYS : TCHAD

ETAT DES LIEUX DU SOUS SECTEUR SEMENCIER

CONSULTANT : DABI MABISSOUMI

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INTRODUCTION

Le Tchad, vaste pays de l’Afrique Centrale, couvre une superficie de 1 284 000 kilomètres carrés. Il compte 12 millions d’habitants et la population rurale représente environ 80% du total des habitants. Le secteur agricole occupe une place prépondérante dans l’économie du pays, par sa contribution de manière constante au PIB (40%) et son potentiel de développement. Il contribue également au niveau des recettes d’exportation hors pétrole pour 45% pour le coton fibre, 25% pour les productions animales, 7% pour la gomme arabique, et 3% pour la pêche. Mais l’agriculture est fortement tributaire des conditions climatiques. La sécurité alimentaire constitue une problématique centrale en raison des fortes fluctuations de la production agricole, liées à l’instabilité climatique. Les cultures vivrières en sont largement affectées et cette situation se traduit par un déficit dans la couverture des besoins alimentaires des populations. La production nationale ne suffit pas à couvrir les besoins alimentaires en raison du faible taux d’augmentation de la production vivrière (1,4%) par rapport à la croissance démographique (31%), de la forte demande alimentaire des villes et de la stagnation de la productivité des exploitations agricoles.

1. Les potentialités agricoles.

1.1. Les zones agro écologiques.

Le Tchad connaît trois grandes zones climatiques déterminées essentiellement par la pluviométrie qui en conditionne les paysages, les ressources naturelles, les activités agricoles et les densités de populations.

La zone saharienne, située dans la partie nord du pays est une région désertique couvrant 600 000 km2, mais faiblement peuplée. Les rares points de végétation sont les oasis et les parcours clairsemés utilisés par des élevages camelins nomades.

La zone sahélienne est caractérisée par une pluviométrie variant en moyenne de 300 à 600 mm par an. Elle couvre 554 000 km2. La végétation naturelle est dominée par des tapis herbacées de graminées annuelles parsemés d’arbustes surtout des épineux. On y pratique les cultures pluviales (mil, sorgho, arachide) à l’Est de la zone, l’élevage pastoral, les cultures maraîchères irriguées ou de décrue dans les ouaddis. Dans les polders du Lac Tchad et autour du Lac Fitri, on cultive les céréales de décrue (maïs, berbéré). Au sud de la zone, le climat permet une diversification de la production végétale. On y trouve des élevages sédentaires et nomades de bovins ;

les troupeaux d’ovins et de camelins sont plus souvent sédentaires et ne s’éloignent

pas des villes.

La zone soudanienne peut être subdivisée en deux parties en fonction de la

pluviométrie et de la végétation. C’est ainsi que l’on distingue d’une part, la partie

sahélo-soudanienne au nord, caractérisée par une pluviométrie moyenne comprise

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700 et 900 mm et constituant un espace de savanes arbustives pour la transhumance des éleveurs de la zone sahélienne. D’autre part, la partie soudano-guinéenne au sud est la plus arrosée du pays, avec une pluviométrie variant entre 1000 et 1200 mm par an. La végétation naturelle composée de savanes arborées et forestières est en recul rapide sous la pression d’une population relativement nombreuse. C’est la région agricole par excellence du Tchad, avec des cultures vivrières diversifiées, notamment les céréales (maïs, mil, sorgho, riz), les oléagineux (arachide, sésame), le niébé et les tubercules (manioc, patate douce, taro). Le coton et la canne à sucre constituent les principales cultures de rente. Le riz et le sésame commencent à faire l’objet d’échanges commerciaux qui se développent ces derniers temps.

1.2. Les ressources naturelles.

1.2.1. Les potentialités en terres cultivables.

Le Tchad est un pays doté d’immenses ressources naturelles en terres cultivables,

en terres irrigables et en eau souterraines et de surface qui sont peu mobilisées pour

la production agricole et pastorale qui, bien que assez diversifiée, reste fortement

tributaire des aléas climatiques. Il s’agit de :

- 39 millions d’hectares de terres cultivables représentant 30% du territoire national et dont environ 3 millions seulement sont cultivées annuellement ;

- 84 millions d'hectares de pâturages naturels ;

- 32,4 millions d’hectares de forêts et terres boisées.

Les ressources en eaux souterraines et de surface avoisinent un volume annuel de 263 à 455 milliards de mètres cubes, provenant des cours d’eau dont les plus importants sont le Chari et le Logone qui, à eux seuls déversent environ 40 milliards de mètres cubes d’eau dans le Lac Tchad. Le potentiel de terres facilement irrigables déjà identifié dans le pays est important. Il s’élève à environ 355 000 hectares répartis comme suit entre la zone soudanienne et la zone sahélienne du pays :

- 200 000 ha en zone sahélienne dont 90 000 ha autour du Lac Tchad et 80 000 ha dans la vallée du Logone-Chari ;

- 10 000 ha dans les ouadis des régions du Kanem et du Lac et 15 000 ha autour du Lac Fitri ;

- 135 000 ha dans la zone soudanienne dont 20 000 ha dans la vallée du Chari et 115 000 ha dans la vallée du Logone.

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Certaines estimations font état de grandes potentialités en terres et en eau dans les palmeraies des régions du Borkou, de l’Ennedi et du Tibesti ; elles se chiffrent à environ 100 000 hectares.

La plupart des sols du Tchad sont caractérisés par leur faible teneur en matière organique et en azote. Ces sols sont très sensibles aux agents de dégradation que sont le vent, l’eau et même l’homme. Le système de culture extensif, basé sur la jachère connaît ses limites ces dernières années du fait de la baisse de la durée de celle-ci.

Dans le cadre du Projet National de Sécurité Alimentaire (PNSA) il est prévu d’aménager 750 à 1 250 ha de mini périmètres de 3 à 5 hectares et 420 ha de périmètres de 20 à 30 hectares, 600 ha en périmètres de 60 hectares. A l’heure actuelle, les surfaces aménagées sont estimées 7 000 hectares. D’une manière générale, les terres irrigables peuvent être regroupées de la manière suivante : les terres de décrue, les zones de plaines inondables, les polders et les oueds.

Malgré ce potentiel appréciable, le Tchad figure encore parmi les pays les plus pauvres du monde. Si les potentialités agricoles du pays sont suffisantes pour assurer un niveau élevé d’auto-approvisionnement, la réalité est tout autre. Mise à part la pauvreté qui touche près de 60% de la population et qui peut être considérée comme la cause majeure de l’insécurité alimentaire, la sécurité alimentaire au Tchad est directement liée au niveau de la production agricole et principalement céréalière. La disponibilité des produits alimentaires de base se caractérise par une grande variabilité de l’offre.

1.2.2. Les espèces cultivées.

Les cultures vivrières, en particulier les céréales (le sorgho pluvial, le sorgho de décrue, le riz, le maïs, le mil, le blé et dans une certaine mesure l’éleusine) constituent les principales cultures des deux zones agro écologiques. Avec des cycles très variés, allant du précoce au tardif, les céréales sont cultivées dans tout le pays et constituent la base de l’alimentation des populations du Tchad. Même si la contribution des autres cultures, notamment des protéagineux et des oléagineux (arachide, sésame, niébé) et des plantes à racines et tubercules (manioc, taro, patate douce et igname) dans la sécurité alimentaire croît de plus en plus, le rôle des céréales est pratiquement central. Le tableau 1 ci-dessous présente les proportions des surfaces des principales céréales, sur chacune des deux zones agro écologiques.

Tableau 1 : Proportions des surfaces cultivées des principales céréales dans les deux zones agro écologiques.

% superficies des cultures vivrières en 2011-2012

Sorgho Mil Maïs Riz Berbéré Total céréales

Zone sahélienne 59 82 63 6 79 64Zone soudanienne 41 18 37 94 21 59

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Les surfaces emblavées en céréales au cours la campagne agricole 2011-2012, une des campagnes agricoles les moins arrosées représentent une part importante du total des surfaces cultivées, soit 64% et 59% en zones sahélienne et soudanienne. Les cultures maraichères se développent surtout autour des grands centres urbains où les légumes jouent un rôle de culture de rente. Les principales spéculations sont en ordre décroissant : l’oignon, l’ail, la tomate, le gombo, le piment, le melon, le pastèque, l’aubergine amère. L’arboriculture fruitière se développe timidement avec un parc à bois à Bébédjia et Déli en zone soudanienne, à Koundoul et à Gassi en zone sahélienne.

L’agriculture est essentiellement pluviale, à une saison de culture par an pour l’ensemble des espèces ; mais pour le riz irrigué, on peut pratiquer deux cultures par an. Le berbéré (sorgho de décrue) se cultive en contre saison. Le système de production est du type extensif et repose sur une agriculture de subsistance pratiquée par des petits exploitants.

Les objectifs d’emblavure.

Les cultures vivrières ne font pas toujours l’objet de programmation nationale et par conséquent les besoins en production des semences ne sont pas programmés. Cependant dans le cadre de certains projets et programmes spécifiques, les surfaces à emblaver en semences sont prévues sur deux ans, à l’exemple du projet Compétitivité de riz pour l’Afrique Centrale, communément appelé projet NERICA (tableau 2 ci-dessous).

Tableau 2: Prévision des surfaces en semences de base et semences commerciales et de production de paddy en 2011 et 2012(projet NERICA).

Années 2011 2012

Sites Variétés Semences de base (ha)

Semences commerciales (ha)

Production de paddy (ha)

Semences de base (ha)

Semences commerciales (ha)

Production de paddy (ha)

Mala Nerica 37 22,0 360 500 12,0 1 50 4 500

NL 28 1,5 910 1 000 2,5 2 475 20 000

Kolobo NL 28 10,5 103  150 10,5 800 2 000

Nerica 55 5,5 260 400 5,5 3 300 10 000

Total - 39,5 1 633 2 050 30,5 8 025 36 500

Les estimations des surfaces emblavées et les productions des principales céréales et des autres cultures des quatre dernières campagnes (2008-2009, 2009-2010, 2010-2011 et 2011-2012) figurent au tableau 3 ci-après.

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Tableau 3: Superficies cultivées (ha), productions en tonnes (t) des espèces cultivées des quatre dernières campagnes (source DPSA).

Années 2008-2009 2009-2010 2010-2011 2011-2012Cultures Superficie

(ha)Production(t)

Superficie.(ha)

Production(t)

Superficie(ha)

Production(t)

Superficie.(ha)

Production(t)

Sorgho 873 295 590 232 914 089 600 943 1 405 546 1 017 751 1 031 174 647 934Mil 929 973 471 641 943 260 318 981 1 340 184 759 942 918 050 328 942Maïs 235 082 221 661 205 828 209 031 263 996 215 798 244 046 299 472Riz 110 854 173 992 124 798 130 704 138 740 186 118 120 791 172 687Berbéré 333 000 313 200 445 450 315 388 1 108 083 1 066 279 304 625 206 424Blé 4 500 8 393 4 500 8 100 679 1 698 957 1 723Arachide 546 375 548 342 625 001 517 449 1 039 713 1 103 314 675 565 569 929Niébé 114 986 62 087 11 275 5 229 169 112 91 559 154 230 80 351Sésame 105 211 40 517 178 482 61 415 239 019 126 039 175 251 72 609Manioc 30 891 161 187 48 582 191 527 56 270 302 467 245 153 323 753Patate douce 7 657 43 342 4 982 28 856 6 802 45 724 307 020 216 562Taro 4 250 25 500 4 692 28 152 8 254 33 901 6 751 31 572Total 3 296 135 2 659 821 3 581 868 2 456 255 5 810 888 4 964 689 4 207 793 2 962 185

Les productions évoluent en dents de scie. Elles ont passé de 2 659 821 tonnes en 2008-2009 à respectivement 3 581 868 tonnes en 2009-2010, 4 964 689 tonnes en 2010-2011 et 2 962 185 tonnes en 2011-2012, soit des augmentations de 34,66%, 86,65% et 11%. La campagne agricole 2010-2011 semble être la meilleure avec une production de 4 964 689 tonnes. Les améliorations des productions sont dues aux augmentations des surfaces cultivées qu’à celles des rendements moyens des cultures qui restent généralement faibles, soit 450 kg/ha pour le mil, 700 kg à 1000 kg/ha pour le riz pluvial et 3000 kg/ha pour le riz pluvial. Ces moyennes nationales cachent des disparités entre la zone soudanienne et la zone sahélienne plus exposée aux aléas climatiques et moins encadrée. Les fluctuations importantes d’une campagne agricole à une autre, de la production et des rendements sont marquées par des aléas climatiques qui fragilisent les productions agricoles.

Les variétés vulgarisées des différentes spéculations adaptées aux deux zones agro écologiques sont présentées au tableau 4 ci-après :

Tableau 4 : Les variétés principales variétés et espèces vulgarisées par l’ITRAD en zone sahélienne et soudanienne.

Zone agro écologique

Spéculations/variétés Année d’introduction ou d’obtention

Cycles (en nombre de jours)

Zone sahélienne Sorgho

S-35CS 61Zouaye

198519802004

90 9090

MilGB 87-35LCIC 9207

19912005

7075

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MaïsTZEE-WTZE-YCMS 8501DMR ESR-YMatato IMatafo IICMS 8602

1998199819891998 - -1999

80859590809595

RizTox 728-1CH3WITA 4Nerica L28Nérica 6

1987--20052005

9595

1009090

Berbéré (sorgho de décrue)

Djiressé rouge Djiressé blancBaryé GN

- -1987

8990

110Arachide

55-437Fleur 11JL 24Rose de Déli

197119972007-

90909085

NiébéTN 5-78TN 88-63

19891963

7580

SésameS 4232-15

8585

Zone soudanienne SorghoKolmon rougeKolmon blancK3R

---

150150150

MilDBS 3DBS 5S 42

---

---

MaïsMexican earlyCMS 8501CMS 8704

---

90100105

RizNerica- 6Nerica -L28FARO 20FARO 44BW 348-1S 7

------

--

120100120100

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-Arachide57-31373-33DélavéGrimariTS 32-7

19571957--1987

125110130

9090

NiébéTVX 32-36IT 81 D 994

Vita 5KVX 60 P04-1

19841990-1991

80808075

SésamePacequeno sel.S42

--

80

ManiocTESSEMSix mois koulSix mois adeTinodji

Variété locale---

----

Les variétés cultivées dans la zone sahélienne sont en général de cycle court ; celles de la zone soudanienne sont de cycle long ou de cycle intermédiaire (tableau 3 ci-dessus). Il est à noter que la plupart des ces variétés améliorées côtoient des cultivars des producteurs dans différentes régions du pays, ceci à cause des difficultés de diffusion de ces variétés améliorées.

1.2.3. Les besoins en semences améliorées.

Dans toute programmation semencière, il est très difficile sinon impossible de prévoir avec précision la demande des semences sur plusieurs années. Ceci est particulièrement plus vrai pour les cultures vivrières par suite d’un ensemble des facteurs difficilement contrôlables. Dans d’autres pays, l’expérience a montré que le marché potentiel des semences améliorées des cultures vivrières peut être estimé entre 10 à 20% des besoins annuels. Dans le cas du Tchad, on estime ce marché à 10% des besoins. Ainsi pour la campagne 2011/2012, le besoin national théorique peut être calculé, en tenant compte des surfaces cultivées (tableau 5 ci-dessous)

Tableau 5: Besoin national théorique en semences améliorées R1/R2 en 2011/2012.

Cultures Surfaces emblavées (ha) Doses (kg/ha) Besoins globaux théoriques en semences (tonnes

Sorgho

Mil

Mais

Riz

1 031 174

918 050

244 046

120 731

10

8

25

80

10 312

7 344

6 101

9 658

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Berbéré

Arachide

Niébé

Sésame

304 625

675 525

154 230

175 251

10

80

25

5

3 046

54 042

3 856

876

Total - - 95 235

Ces besoins sont loin d’être satisfaits par la production nationale des semences. Les semences ordinaires traditionnelles (semences de ferme) constituent donc la principale composante du capital semencier des exploitations familiales. Ces semences sont collectées par voie de sélection massale effectuée dans les champs ou elles sont achetées dans les marchés.

2. Conditions et mécanismes de production et de commerce de semences.

2.1. Evolution du sous secteur semencier.

Les opérations semencières sur les cultures vivrières datent de la création de la station de recherche de Ba-Illi qui entreprit en 1948 des travaux de sélection sur les céréales (mil, maïs, et sorgho) et de la ferme rizicole de Boumo créée en 1951, près de Laï. En 1960, la station agronomique de Déli près de Moundou prit la relève de Ba-Illi en s’appuyant sur le réseau des fermes administratives créées vers les années 50 dans un premier temps en zone soudanienne puis vingt ans plus tard en zone sahélienne. Ces fermes servaient non seulement de points d’appui à la recherche, mais aussi des sites de production de semences. Ces actions semencières qui dépendaient des seules structures du ministère en charge de l’agriculture étaient très peu organisées et les productions de semences très faibles. De plus, il n’y avait pas de traçabilité des semences livrées aux organes de vulgarisation pour être mises à la disposition des paysans. La production des semences ne répondait à aucune programmation nationale et n’obéissait pas à des normes de production par méconnaissance de ces normes.

La production des semences a toujours été au centre des préoccupations des autorités nationales et des partenaires au développement. En effet en zone sahélienne, l’assistance du PNUD et de la FAO au gouvernement tchadien dans le domaine de production de semences a débuté en 1976 sur des bases scientifiques. Ainsi, le projet CHD/75/005 a permis la création du « Centre de Dougui de production de semences élites et d’adaptation des cultures vivrières dans le sahel », et le démarrage des travaux d’expérimentation sur les céréales et légumineuses. Les projets FAO, CHD/ 82/003, CHD/85/002, et CHD/87/002 « Production des semences en zone sahélienne », ont permis de démarrer la sélection et la production des semences de fondation pour amorcer la multiplication des semences sahélienne. D’autres projets financés par le PNUD en collaboration avec le FENU (Fonds d’Equipement des Nations Unies) ont appuyé le secteur semencier. Il s’agit des

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projets CHD/91/004 «Assistance à la production des semences en zone sahélienne », CHD/92/007 « Assistance à la multiplication de semences en zone sahélienne » et le projet CHD/93/C01 « Appui à la multiplication des semences en zone sahélienne ».

Ces projets ont permis la création du Centre Semencière de Gassi, l’introduction et l’adaptation des variétés de diverses espèces, l’installation et l’équipement d’un laboratoire à N’Djamena et le lancement de la multiplication des semences en milieu paysan, avec la responsabilisation des producteurs de la zone de Gargar organisés en groupements semenciers. Dans le cadre des actions d’urgence réalisées avec le soutien de la FAO et du PNUD, des semences tout venant ont été distribuées pour relancer les productions et reconstituer les collections de base des banques de gènes.

En zone soudanienne le projet de « Production des Cultures Vivrières en Zone Soudanienne (PCVZS) a joué un rôle important dans la reconstitution du capital semencier de 1997 à 2000 ; la production encadrée par le projet était de 753 tonnes de semences commerciales dont 241 tonnes pour le riz, 421 tonnes pour l’arachide, et 25 tonnes pour le niébé.

Pour assurer la diffusion des semences, il a été mis au point une méthode dite de mini doses. Par cette méthode, la paysan reçoit une petite quantité de semences R1 et produit lui même des semences R2.

Il convient de reconnaitre que si les différents projets ont permis de faire face aux urgences, elles n’ont pas créé des conditions favorables à la diffusion des semences sur des bases commerciales durables. Ceci est particulièrement sensible dans la zone sahélienne qui ne bénéficie pas d’une filière encadrée et d’une commercialisation contrôlée comme la filière cotonnière en zone soudanienne. A la clôture des projets FAO, la production des semences R1 en zone sahélienne est passée de 45 à 10 tonnes. En zone soudanienne, les superficies emblavées par les semences améliorées étaient dérisoires. Les productions de semences du projet PCVZS pendant la période 1997-2000 ont permis d’emblaver 4 200 hectares d’arachide, 3 200 hectares de niébé et 3 000 hectares de riz.

Parallèlement aux différents projets et opérations d’urgence appuyés par les partenaires au développement, le Ministère en charge de l’agriculture a mis en place un dispositif semencier avec la réorganisation de la recherche agronomique (création du Bureau de Recherche Agronomique en 1988, au sein duquel était logée la Division des Semences et Plants). En 1992, ce bureau a été érigé en Direction de la Recherche et des technologies Agricoles (DRTA) qui comportait en son sein un Bureau National des Semences et Plants (BNSP). La DRTA deviendra en 1998 l’Institut Tchadien de Recherche Agronomique pour le Développement (ITRAD). Mais le BNSP est transféré à la Direction de la Production et des Statistiques Agricoles (DPSA).

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2.2. Réorganisation de la filière semencière et besoins en semences.

2.2.1. Contexte.

En 1996, l’Etat Tchadien a défini sa politique semencière par le Plan National Semencier. Ce plan fixe les orientations du sous secteur semencier dans ses différents aspects, notamment socioéconomique et juridique. Il conforte la volonté affirmée de l’Etat de se désengager de la production et de la commercialisation des semences et de se concentrer sur ses missions régaliennes, à savoir le contrôle et la certification des semences. Le Plan entend aussi promouvoir la professionnalisation des acteurs de la filière par une meilleure organisation de la production, du financement, de la collecte et de la commercialisation des semences. Par ce plan, le Tchad marque une rupture avec les actions ponctuelles dans le cadre des opérations d’urgence. Malheureusement ce plan, élaboré avec le soutien de la FAO n’a même pas connu un début d’exécution. Le déficit semencier au Tchad continuant de persister en dépit des efforts fournis depuis de nombreuses années, ceci a amené les pouvoirs publics et les organisations internationales lesquels à élaborer un Plan d’organisation pour la relance des activités de production et de diffusion des semences.

2.2. Situation actuelle du sous secteur semencier

2.3.1. Cadre réglementaire et institutionnel

Le cadre règlementaire et institutionnel régissant le secteur semencier est encore vague pour cause d’absence de lois et règlements qui organisent les actions semencières. La législation semencière, notamment la loi portant conditions de production et de commercialisation des semences, la loi portant conditions d’exercice de l’opérateur semencier tout comme celle relative à l’introduction et à la circulation du matériel végétal sont encore au stade d’avant-projets. Par ailleurs, il n’existe aucun texte provisoire permettant d’organiser les activités semencières. De plus, les structures prévues par le Plan National Semencier ne sont pas encore fonctionnels. Il s’agit, sur le plan institutionnel, du Comité National des Semences et Plants et du Comité Scientifique d’Homologation des Variétés.

2.3.2. Mécanisme de régulation des marchés de semences.

Il n’existe aucun mécanisme de régulation du marché des semences. Les producteurs comme les autres acteurs travaillent le plus souvent dans l’informel. En ce qui concerne les vendeurs de semences, certains commerçants inscrits au registre du commerce, livrent des grandes quantités de « semences » suite à des appels d’offre dans le cadre des opérations d’urgence.

2.3.2. Services intervenant dans la production et la vente des semences.

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La Recherche agricole. A l’heure actuelle, l’essentiel de la production semencière est effectué par l’Institut Tchadien de Recherche Agronomique pour le Développement (ITRAD) qui cumule ainsi ses missions de recherche, de producteur de semences de pré base et de base avec celles de producteur de semences commerciales avec une forte implication des paysans. En matière de recherche, des variétés sont mises au point ou introduites des institutions de recherche nationales, régionales et internationales. Mais en ce qui concerne le volet semencier, la production des semences commerciales a quitté les fermes administratives pour les champs des paysans organisés en groupements ou non, les fermes et les stations ne s’occupant que des semences de base et de pré base.

Les semences de pré base sont produites exclusivement dans les stations de Gassi en zone sahélienne et de Bébédjia en zone soudanienne tandis que les semences de base sont produites aussi bien dans les stations que dans les fermes situées dans les deux zones : Déli, Békao, Mala, Moussafoyo et Youé en zone soudanienne, Am Dam, Am Timan, Bokoro et Dilbini en zone sahélienne. En ce qui concerne les semences commerciales, R1 et R2, l’ITRAD appuie la plupart les paysans semenciers en leur fournissant à crédit, des semences de base ou R1, des engrais et des produits de traitement. Un appui financier peut même être accordé au paysan multiplicateur qui en fait la demande. A la récolte, les semences sont rachetées après déduction des avances et revendues par l’ITRAD dont les principaux clients sont le Programme National de Sécurité Alimentaire (PNSA) qui confie ces semences à l’Office National de Développement Rural (ONDR) pour être distribuées aux paysans ; des ONG, des projets, et quelques particuliers achètent aussi des semences commerciales.

Les tableaux 5 et 6 ci-après récapitulent les quantités de semences produites par la recherche au cours des trois dernières campagnes agricoles :

Tableau 4. Quantités de semences de différentes catégories (kg) en zone sahélienne.

Catégories de semences 2009/2010 2010/2011 2011/2012

Pré base (tonnes 2,900 4,220 0,455

Bases (tonnes) 15, 240 10, 644 8, 833

R1/R2 (tonnes) 98 106 90

Tableau 5. Quantités de semences de différentes catégories en zone soudanienne.

Catégories de semences 2009/2010 2010/2011 2011/2012

Pré base (tonnes) 15, 553 6, 350 12, 102

Bases (tonnes) 64,130 12, 200 155,750

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R1/R2 (tonnes) 130 862 2 243

Plants fruitiers toutes espèces confondues (unités) - - 7 786

Boutures de manioc - - 145 000

Pour emblaver annuellement les surfaces cultivées, les besoins moyens en semences vivrières sont évalués globalement à 66 000 tonnes de semences certifiées, les besoins correspondant de semences de multiplication sont de 3 130 tonnes pour les semences de base et 30 tonnes pour les semences de pré base. Mais ces besoins en semences sont loin d’être comblés par les seules productions enregistrées chaque année par l’ITRAD. De plus, il n’y a pas adéquation entre la production des semences de base et pré base et la production des semences commerciales.

Les coûts de production sont estimés 750 000 FCFA/ha pour les semences de pré base, 600 000 FCFA/ha pour les semences de base. En ce qui concerne les semences R1 ou R2, une avance de 30 000 FCFA est accordée aux paysans multiplicateurs ; à cette s’ajoute pour les semences de maïs, un complément de 2 sacs d’engrais NPK et 1 sac d’urée, le tout d’une valeur d’environ 65 000 FCFA.  Les semences de base et commerciales de quelques spéculations sont achetées et revendues respectivement aux prix suivants (prix pratiqués en 2011) :

Espèces Catégories de semences

Prix d’achat de semences R1/R2 au producteur (FCFA)/kg

Prix de vente du kg (FCFA)

Mil Base Zone soudanienne Zone sahélienne 900

R1/R2 230 250 600Sorgho Base - - 750

R1/R2 225 250 500Maïs Base - - 1100

R1/R2 225 250 900Riz Base - - 1250

R1/R2 265 300 1000Arachide Base - - 1125

R1/R2 250 350 1000Niébé Base - - 1125

R1/R2 250 350 750

Ces prix varient chaque année en fonction de la disponibilité des semences et de la demande.

Plusieurs projets interviennent directement ou indirectement dans le sous-secteur semencier ; ils sont liés à l’ITRAD par des conventions spécifiques pour la production et/ou la diffusion des semences. Parmi ces projets, on peut citer le Projet de Gestion des Ressources naturelles (PGRN) qui opère dans les six régions de la zone soudanienne.

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Les semences produites par la recherche agricole ne sont pas contrôlées par le service national de contrôle et de certification de semences, le Bureau National des Semences et Plants (BNSP) à cause du fait que ce service n’est pas fonctionnel. De plus, les actions semencières de l’ITRAD sont limitées par des contraintes liées à l’absence ou à la vétusté des équipements, à la désarticulation du segment semencier géré par l’institut et aux insuffisances du personnel technique. Seules les stations de Bébédjia et de Gassi et la ferme de Déli disposent des matériels de triage et conditionnement des semences fonctionnels. Ces contraintes ne lui permettent pas de répondre dans les meilleures conditions de qualité et de prix à la demande formulée par les producteurs semenciers : (i) la maintenance variétale est programmée en fonction de la disponibilité des subventions de l’Etat dont la mise à disposition est souvent tardive. La conservation végétale s’effectue généralement in situ, dans un environnement insécurisé ; (ii) la production des semences de pré base est encore précaire en raison de la mauvaise qualité des équipements ; (ii) la qualité des semences ne répond pas aux normes, des contestations régulières sont enregistrées à cause principalement du manque de matériel de conditionnement et de traitement des semences, d’unités de stockage de qualité ; (iv) l’approvisionnement de l’institut en semences de fondation est irrégulière, le potentiel génétique actuel ayant perdu de ses qualités.

Le service de contrôle et de certification de semences.

Le Décret N°029/PR/MA/2003 portant réorganisation du Ministère de l’Agriculture crée au sein de la Direction de la Production Agricole, le Bureau National des Semences et Plants (BNSP), qui a pour mission le contrôle et la certification des semences et plants, ainsi que la supervision de la production des semences R1 et R2 par les fermes et les groupements semenciers. Ce bureau est organisé en services : (i) le service de contrôle, d’analyse et de certification ; (ii) le service de suivi évaluation ; (iii) le service de gestion et de ventes des semences et plants ; et (iv) le service de production, des fermes et des pépinières semencières. Le BNSP n’est pas représenté à l’échelon national Elle n’a ni budget propre, ni les moyens humains et matériels nécessaires lui permettant d’assurer le contrôle et la certification des semences lesquels restent encore des principes théoriques. Cependant l’ITRAD effectue quelquefois des analyses de semences avant de les livrer aux clients (taux de germination, état phytosanitaire, pureté spécifique, etc.).

Le financement du secteur agricole.

On distingue dans les systèmes de crédits rural, quatre catégories de crédits : i) les crédits de filières qui sont des stratégies développés par des sociétés comme la Sodelac et la CotonTchad, ii) les initiatives des structures d’encadrement publique comme l’ONDR, et iii) les projets de développement comme le PRODALKA qui a développé la production des semences de mais dans la région du Mayo Kebbi-Ouest. Il y a les actions des ONG internationales (World Vision) et nationales (les BELACD, le CECADEC) qui accordent des crédits semences, crédit engrais, crédit

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matériel et formation ; iv) le secteur privé fait son apparition par la Banque Agricole Commerciale qui exerce des services de financement dans le domaine de l’agriculture et de l’élevage. Elle finance également les familles productrices et le développement rural dans tout son ensemble. La banque octroie des crédits aux petites industries artisanales rurales sous forme de crédit liquide ou en matériel qui englobe les engrais, les matériels agricoles, les semences la construction de poulailler et des enclos pour bétail, l’achat des bœufs, l’engraissement des veaux et des moutons, et tout ce qui contribue au développement de l’agriculture et de l’élevage.

Il faut signaler que le crédit de proximité est en plein essor dans le pays. Il s’agit des caisses d’épargne et de crédit (CEC) disséminées surtout dans la zone méridionale du pays. Des études sur le secteur ont montré que l’épargne collectée par les institutions de micro-finance tourne autour de 700 millions de Francs CFA, soit 2% des dépôts des banques classiques. Les engagements au titre des prêts tournent autour de 2 milliards par an cela au bénéfice de 50 000 clients. Ces institutions ne disposent pas de compétences techniques et les agents conduisent les activités pour lesquelles ils ne sont en général pas formés. Les taux de récupération du crédit sont sont généralement en dessous de 85%. Les charges de gestion dans les institutions de micro-finance sont élevées, ce qui rend le crédit relativement cher.

Organisation des acteurs de la filière semencière.

On ne dispose pas du nombre exact de producteurs de semences. Autour des fermes de l’ITRAD, les producteurs ont en général organisés en groupements. Mais il y a des producteurs individuels. Ceux-ci sont encadrés par les agents de l’ITRAD, ceux des ONG et des projets. En plus des structures d’encadrement qui récupèrent les semences et les revendent, la vente des semences est faite par quelques commerçants qui livrent de grandes quantités, suite à des appels d’offre pour répondre à des situations d’urgence. Ces semences « tout venant » sont souvent achetées à l’inférieur du pays et/ou importées des pays voisins comme le Cameroun, la RCA, le Niger ou le Nigéria. Des semences souches ou G0 sont introduites par la recherche. En ce qui concerne les plants fruitiers, des variétés de manguier et d’agrumes sont introduites de Kismatari (Cameroun) reproduites et vendues dans diverses fermes et stations de l’lTRAD (Koundoul, Déli, Bébédjia, etc.).

Les échanges transfrontaliers sont limités par le faible développement du commerce de semences améliorées au niveau des utilisateurs de base. La diffusion des semences par mini dose ne fonctionne pas bien et se heurte à des difficultés suivantes, entre autres :

- la défaillance des circuits de distribution,

- l’absence des mesures d’incitation comme mesure de promotion ;

- l’absence de certification garantissant l’identité et la qualité des semences après analyse et contrôle ;

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- le manque d’information concernant la promotion de l’utilisation des semences améliorées.

La vulgarisation agricole est assurée par deux organismes de développement créés par l’Etat, l’Office National de Développement Rural (ONDR) et la Société de Développement du Lac (SODELAC). Elle est assurée également par les projets, les ONG et dans certains cas par des groupements des producteurs dont certains ont un corps d’encadreurs. Le PGRN, en rapport avec l’ITRAD appuie les organisations paysannes de la zone soudanienne dans la production et la diffusion des semences des céréales et des légumineuses. Plusieurs ONG interviennent dans l’approvisionnement en semences d’organisations qu’elles encadrent. L’intervention des opérateurs privés dans la production et la commercialisation des semences certifiées est marginale.

La diffusion des semences.

La diffusion des variétés améliorées recommandées par la recherche est en principe assurée par des organismes d’encadrement publics ou privés (ONDR, SODELAC, des ONG et des projets). Si pour les cultures de rente comme le coton et le tabac, la production et la diffusion des semences sont entièrement maitrisés, il n’en est malheureusement pas de même des cultures vivrières. Malgré le faible niveau de production, la contrainte majeure dans la diffusion des semences améliorées réside dans la faiblesse du sous secteur semencier, dans les stratégies de vulgarisation qui se sont succédé et dans le système de crédit. La vulgarisation agricole est un service essentiel pour impulser la diffusion de la semence améliorée. En absence d’un système efficace de conseil agricole, il devient difficile de faire progresser le taux de diffusion des semences améliorées. La productivité des exploitations agricoles demeure donc très modeste, en raison en partie de la qualité des semences améliorées.

3. Conclusion.

Malgré l’importance reconnue et la demande des semences de plus en plus exprimée, la situation du sous secteur semencier n’a pas du tout évolué dans le sens de développer un programme national semencier performant. Le sous secteur est encore dominé par des semences de ferme ou des semences « tout venant ». Dans ces conditions, il apparait difficile que le sous secteur puisse contribuer de manière significative à la sécurité alimentaire. Des actions courageuses doivent être menées afin d’améliorer la filière semencière :

- Mettre en œuvre le plan national semencier débarrassé de certaines incohérences, comme par exemple : le BNSP doit assurer son rôle régalien de contrôle et certification de semences. Le désengagement de l’Etat de la production des semences doit être réaffirmé ; pour cela le secteur privé doit être encouragé et accompagné à s’organiser en associations interprofessionnelles de semences ;

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- Elaborer et promulguer la législation semencière nationale en tenant compte des règlementations semencières régionales (CEMAC, CILSS,…) dont le Tchad est partie prenante ;

- Actualiser le projet de catalogue national des espèces et variétés vulgarisées ou en cours de diffusion et l’éditer ;

- Organiser et former des producteurs semenciers et les doter des moyens appropriés : matériels de production, magasins de stockage, matériels de conditionnement, de triage et de traitement des semences ;

- Réactualiser le plan national semencier et rechercher son financement.

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DOCUMENTS CONSULTES.

1- Plan d’opération pour l’organisation de la filière semencière au Tchad. Document principal, 2002 ;

2- Catalogue National d’espèces et variétés végétales (document provisoire), 2002

3- Plan d’opération pour l’organisation de la filière semencière au Tchad. Document annexe,  2002 ;

4- Rapport de préparation du projet d’Appui au Programme National Semencier du Tchad, 2004 ;

5- Validation du système semencier en zone CEMAC. Rapport de mission présenté par Monsieur Maurice Tchoumtchoua, Consultant en filière semences, 2007 ;

6- Rapports d’activités de l’ITRAD de 2009, 2010, 2011, 2012