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Juillet 2010 CARREFOUR ASSOCIATIF [ETUDE SUR LE VOLONTARIAT ET LE BENEVOLAT AU MAROC] Engagement bénévole et volontaire des jeunes et action associative au Maroc

etude sur le volontariat et le benevolat au maroc

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Page 1: etude sur le volontariat et le benevolat au maroc

Juillet 2010

C A R R E F O U R A S S O C I A T I F

[ETUDE SUR LE VOLONTARIAT ET LE

BENEVOLAT AU MAROC] Engagement bénévole et volontaire des jeunes et

action associative au Maroc

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Etude sur le Bénévolat et le Volontariat au Maroc, Rapport final, juillet 2010

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Acronymes PCM Programme Concerté Maroc

MDSFS Ministère du développement social, de la famille, de la Solidarité

AMSED Association marocaine de solidarité et de développement

INDH Initiative Nationale de Développement Humain

FMAS Forum des Alternatives Maroc

AMESIP Association Marocaine d’aide aux Enfants en Situation Précaire

ALCS Association marocaine de lutte contre le sida

AMAPPE Association marocaine appui à la petite entreprise

PASC Programme Appui à la société civile

GIFMA Gestion intégrée des forêts du Moyen Atlas

GAR Gestion axée sur les résultats

JICA Japan International Cooperation Agency

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Etude sur le Bénévolat et le Volontariat au Maroc, Rapport final, juillet 2010

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Sommaire

Introduction 04

I. Fondements Historiques, Concepts et Définitions 11

A. Fondements historiques 11

1. Bénévolat 11

2. Volontariat 12

B. Concepts et définitions 14

1. Déclarations universelles 14

2. Bénévolat 16

3. Volontariat 18

II. Bénévolat et Volontariat Associatifs au Maroc 20

1. Bénévolat : une proposition de définition 20

1.1. Profil des bénévoles 20

1.2. Un (non) statut du bénévole 22

1.3. Une valorisation compensatoire 23

2. Volontariat 23

2.1. Volontariat international 24

2.2. Le Volontariat national, un développement pluri-acteur 25

III. Le Contexte Associatif comme cadre d’exercice du Bénévolat et du Volontariat au

Maroc 29

1. Une typologie des associations 29

2. Les nouvelles attentes des bénévoles et volontaires 31

3. Influence de l’éthique et des pratiques associatives sur le bénévolat et le volontariat

31

4. Vision stratégique à moyen et long terme 34

5. Gestion des ressources humaines 35

5.1. Identification et mobilisation des bénévoles et volontaires 36

5.1.1. Le Bénévolat 36

5.1.2. Le Volontariat 39

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Etude sur le Bénévolat et le Volontariat au Maroc, Rapport final, juillet 2010

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IV. Contraintes et Enjeux du Bénévolat au Maroc 41

1. Le bénévolat : une formalisation souhaitée mais jusqu’à quel point souhaitable 41

2. Le partenariat avec les pouvoirs publics, une nouvelle forme d’organisation sociétal 42

3. Le déficit en matière de communication, une contrainte récurrente 42

V. Pistes de Réflexion 44

1. Bénévolat, volontariat au Maroc, une différence d’approche générationnelle 44

2. Le volontariat national, un aménagement positivé du service civil 45

3. Le volontariat international Sud/Sud 46

VI. Recommandations 48

VII. Conclusion 51

Annexe 52

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Etude sur le Bénévolat et le Volontariat au Maroc, Rapport final, juillet 2010

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Préambule

Le Carrefour Associatif a, dans le cadre d’un groupement d’intérêt thématique (GIT), relevant

du Programme Concerté Maroc, et en partenariat avec la Plateforme Marocaine du

Volontariat1, piloté une étude sur « l’Engagement bénévole et volontaire des jeunes et

l’action associative au Maroc ».

Cette étude s’inscrit dans le cadre de la vision stratégique du Carrefour associatif dont

l’une des préoccupations majeures a trait à la question des ressources humaines dans les

associations .Or on ne peut aborder ce sujet sans poser la question du bénévolat qui est l’un

des fondements du secteur associatif et le plus sur garant de l’autonomie de la société civile.

En Décembre 2005, ce thème a fait l’objet d’un séminaire national organisé par le Carrefour

et l’Agence de Développement Social dont l’intitulé était « Le bénévolat associatif au

Maroc : quel engagement pour une action citoyenne solidaire ? ».

L’implication des jeunes par rapport à la chose publique est devenue une préoccupation

largement partagée et de plus en plus prise en compte par les acteurs associatifs. Cette prise

en compte doit se faire dans un cadre global qui prend en compte aussi bien les dynamiques

associatives dans leur ensemble que les pratiques relatives à l’implication des jeunes autant

que bénévoles et volontaires.

Or, si l’étude, pour être la plus rigoureuse possible, a privilégié une approche globale elle a

toutefois veillé à prendre en compte dans la mesure du possible les particularismes

socioéconomiques et culturels régionaux qui participent de la représentativité politique

nationale du Maroc.

C’est ce que Le Carrefour et ses partenaires se sont attachés à prendre en compte en

organisant des séminaires régionaux dans des zones très diversifiées et auxquels ont participé

des représentants de toutes les instances sociétales : pouvoirs publics, collectivités locales,

secteur associatif et des jeunes tout particulièrement.

Cette démarche apparaît dans la méthodologie de l’étude telle que présentée

schématiquement dans la figure ci-dessous et qui retrace l’avancement de l’étude tout au long

du projet.

1 La Plateforme Marocaine du Volontariat a été crée en avril 2008, et regroupe 7 associations réparties sur le territoire national.

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Etude sur le Bénévolat et le Volontariat au Maroc, Rapport final, juillet 2010

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Réalisation de 3 ateliers régionaux:

Entretiens

Travail Bibliographique

Focus Groups

• Atelier de Khémisset le 13 Février avec l’association TWIZA

• Atelier de Jerada le 13 Mars avec l’association ISSAAF

• Atelier d’Essaouira le 24 Avril avec l’association Argania.

Phase 1

Phase 2

Phase 3

Phase 4

3

Elaboration du rapport intermédiaire de l’étude et des projets de chartes du bénévolat et du volontariat

Séminaire National le 12 juin 2010 à Rabat

DEROULEMENT DE L’ETUDE

Rapport Final

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Etude sur le Bénévolat et le Volontariat au Maroc, Rapport final, juillet 2010

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Introduction

Le Maroc est un pays en pleine évolution comme en témoignent les nombreux chantiers

en cours de réalisation et l’extension des infrastructures routières notamment durant ces dix

dernières années.

Le Maroc s’est, de ce fait, considérablement ouvert, donnant à la société civile un rôle

de plus en plus visible. Il n’est qu’à voir le développement du secteur associatif au cours de

ces 15 dernières années, qui montre le dynamisme et la réactivité de la société civile. On

estime entre 30 000 et 50 000, le nombre d’associations créées sur l’ensemble du territoire,

dont 19 000 pour la seule période entre 2005 et 2009. Ce qui laisse à penser que les chiffres

avancés soient très approximatifs. Il semble donc, selon des estimations empiriques, puisque

les seules à notre disposition, que le chiffre global soit nettement sous-estimé, le secteur

associatif étant toujours en expansion.

L’intérêt qui lui est porté actuellement participe, pour une part du moins, de la perte

de confiance de la population à l’égard des instances chargées de la représenter, telles que les

partis politiques, les syndicats, les collectivités locales. Cet intérêt doit également prendre en

compte le désengagement de l’Etat, qui est inversement proportionnel à l’accroissement des

besoins de la population,

Toutes ces raisons font que le secteur associatif focalise les attentes et les espoirs d’une

population en proie à un mal-être social, provoqué par le chômage des jeunes notamment et

par des problèmes sociaux récurrents tels que l’éducation, la santé, l’habitat. Cette situation

est d’autant plus ambivalente que l’équilibre sociétal ne peut être assuré que si chacune des

forces en présence assume pleinement son rôle, qu’il s’agisse des pouvoirs publics, des

collectivités locales, des partis politiques, des syndicats ou des associations.

Mais comment peut on envisager l’équilibre sociétal d’un pays sans vision stratégique à

long terme, quand 51% de la population sur qui repose l’avenir du pays est constituée par des

jeunes de moins de 25 ans (36% ont moins de 18 ans). Dont l’éducation et la formation n’ont

pas été, jusqu’à présent, une préoccupation majeure de l’Etat.

Selon la dernière enquête réalisée par le ministère de la Santé, 17 % de jeunes de 15 à

24 ans n’ont jamais été scolarisés.

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Etude sur le Bénévolat et le Volontariat au Maroc, Rapport final, juillet 2010

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Quant à l’abandon scolaire, le ministère de l’Education Nationale avance le chiffre de

462.500 jeunes (année 2008) qui ont quitté l’école sans aucun diplôme ni qualification. Ces

jeunes vont grossir le nombre des populations en situation précaire telle les chômeurs,l es

migrants clandestins, les enfants travaillant dans des conditions indignes. Ce sont alors des

proies faciles pour les extrémismes de tous bords, l’islamisme notamment qui devient leur

seul recours pour leur donner le sentiment d’exister.

On constate en effet une désimplication très importante de la vie politique, parce que

d’une part, les conditions socioéconomiques font que les jeunes, du fait de l’importance du

chômage, sont davantage dans la logique de recherche d’emploi, lien dominant qui les intègre

à la vie sociale et citoyenne du pays.

Rappelons que le taux de chômage chez les jeunes de 15 à24 ans se situe autour de 16 % et

atteint 31,7 % dans les villes si on reprend les chiffres avancés par le PNUD dans le cadre de

son programme « Jeunes et Education »

Ils ne sont pas davantage engagés dans la vie associative car,si on se réfère à l’ « Etude sur les

associations marocaines de développement : diagnostic, analyse et perspectives (2010 )

réalisée Ministère du développement social, de la famille et de la solidarité,on peut

constater,s’agissant du profil de l'acteur associatif le faible engagement des jeunes .En effet,

l’ enquête approfondie menée auprès de 1256 acteurs associatifs révèle que les moins de 25

ans représentent seulement 6% des acteurs associatifs, les 2/3 des acteurs (67.8%) ayant

entre 25 et 44 ans.

Concernant la dimension politique, exception faite de jeunes militants engagés dans des

associations de plaidoyer concernant les droits humains, les jeunes ont été démotivés du fait

de la représentation/désagrégation qu’offrent les partis politiques et les syndicats.

Or les jeunes constituent un capital considérable pour le pays. Ils symbolisent son

devenir. On peut s’étonner alors que, jusqu’à présent, ce capital humain n’ait pas été pris

assez en considération et apprécié à sa juste valeur, tant au niveau de sa formation que de la

place qui lui est octroyée.

A côté de ces chiffres quelque peu alarmistes, on doit cependant signaler qu’un nombre

de plus en plus important de jeunes poursuivent des études .En 2008 on comptait 272.500

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Etude sur le Bénévolat et le Volontariat au Maroc, Rapport final, juillet 2010

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étudiants dans l’enseignement supérieur et 232876 dans les filières de la formation

professionnelle2.

Or, pour que le développement du Maroc soit un développement durable, il est

indispensable que les jeunes aient une place reconnue dans la société et qu’ils

participent efficacement à la vie politique et au développement socioéconomique du

pays.

Car ce qui pose un réel problème c’est le désenchantement et, partant, la désimplication

des jeunes de la vie politique, au sens large du terme,

Elle se manifeste surtout, nous y avons fait référence ci-dessus, par leur désengagement

ou leur non engagement dans la société civile et, partant, dans l’action associative.

Il y a actuellement, depuis quelques années seulement, une prise de conscience de la

société civile comme des pouvoirs publics, quant à la carence en formations appropriées de

ces jeunes qui constituent un véritable vivier et une réserve conséquente en matière de

ressources humaines.

Si, parler de l’intégration des jeunes sous forme de forums et séminaires est devenu un

phénomène de modes, seules certaines structures comme le Carrefour associatif, le FMAS, la

Plateforme du volontariat, en ont fait une de leurs priorités. A travers certains programmes

tels celui du PCM, de la Plateforme marocaine de volontariat, pour ne citer que ceux là il y a

un réel désir d’intégration des jeunes et de pérennisation de leur action qui se traduit, à travers

des axes prioritaires par la réalisation d’actions socioéconomiques, éducatives et

environnementales et de droits humains.

Partant, l’espoir que focalise le secteur associatif s’est encore trouvé renforcé par la

politique adoptée par l’Etat qui, considérant les associations comme un « fait social

incontournable » en a fait ses partenaires privilégiés, les associant à des programmes

socioéconomiques vitaux tels que l’alphabétisation ou le développement local. En outre, la

gestion de certains domaines du social particulièrement délicats tels que les questions des

handicapés, des enfants et des femmes en difficulté leur a même été pratiquement déléguée,

en partenariat avec des ONG étrangères qui travaillent en collaboration étroite avec les

associations marocaines spécialisées dans ces domaines.

2 Etude et Perspectives du Système d’éducation et de formation

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Etude sur le Bénévolat et le Volontariat au Maroc, Rapport final, juillet 2010

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Bien qu’occupant une place de plus en plus importante et visible dans l’organisation

sociale du pays, le secteur associatif n’a pourtant jamais, jusqu’à présent, fait l’objet d’une

étude approfondie. Il n’est qu’à voir l’approximation du chiffre avancé quant au nombre

d’associations déclarées. Or, comme le secteur associatif repose essentiellement sur le

bénévolat, par voie de conséquence, le nombre de personnes engagées dans les associations

est totalement inconnu. Si, à titre indicatif, nous prenons le cas de la France, on estime à plus

de 10 millions le nombre de bénévoles engagés dans les associations, soit 83% de son effectif

total, chiffre communiqué par l’INSEE à partir d’une étude réalisée en avril 2004 et qui a

été actualisée.

Au Maroc, les seules études qui ont été réalisées jusqu’à présent, sur le secteur

associatif sont des travaux parcellaires produits par certains organismes et associations telles,

le PNUD, l’Espace associatif ou le Carrefour Associatif ou par des étudiants dans le cadre de

recherches universitaires de thèses ou de mémoires.

Depuis quelques années, cependant, certains ministères ont pris conscience qu’ils

connaissaient très peu leur nouveau partenaire, son fonctionnement, les ressources humaines

et financières qu’il mobilisait : C’est pourquoi le premier ministre, en vertu de l’article32 bis

du dahir 1-5 - 376 du 15 novembre 1958 a exigé des associations bénéficiant de fonds

étrangers qu’elles fassent la déclaration annuelle des montants reçus, leur origine et leur objet.

C’est dans le même esprit que le Ministère des finances a publié la circulaire n° 7 du 27 juin

2003 qui réglemente le partenariat entre l’Etat et les associations.

Si l’importance et le poids du secteur associatif en tant que partenaire social ne sont plus

à démontrer, force est de reconnaître qu’il y a, à ce sujet, un déficit certain en matière

d’information, du pour partie au cloisonnement existant entre les différents organes

d’exécution. Conscients de ce problème, certains ministères ou organismes tentent d’y

remédier.

Ainsi, le Ministère du Développement Social, de la Famille et de la Solidarité a-t-il

réalisé une étude sur les associations marocaines de développement3.Il a en outre en projet

de mener ,lui aussi, une étude quantitative sur le bénévolat qui prendrait en compte les

résultats et les données de cette ’enquête qualitative pilotée par le Carrefour associatif D’autre

3 MDSFS : Etude sur les associations marocaines de développement

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Etude sur le Bénévolat et le Volontariat au Maroc, Rapport final, juillet 2010

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ministères, directement en phase avec le secteur associatif (éducation, environnement,

santé….) sont en train de réaliser un recensement exhaustif et une typologie de leurs

associations partenaires. Par ailleurs, le Haut Commissariat au Plan mène également une

étude sur les associations et il est en phase de créer un compte satellite dans la comptabilité

nationale pour estimer l’apport bénévole.

Constitutivement, l’intérêt porté au tissu associatif n’a pas manqué de mettre en

évidence un certain nombre de ses faiblesses : la très grande disparité des associations tant au

niveau de leur taille que de leurs objectifs qui, si, elle peut être enrichissante, est aussi une

entrave du fait de l’imbrication des différentes logiques qui les sous-tendent et sur lesquelles

nous reviendrons ultérieurement.

Malgré la disparité du tissu associatif, on constate que ces faiblesses ont, pour la

plupart les mêmes causes qui sont l’éthique et la transparence, l’environnement juridique, les

financements, et les capacités organisationnelles de l’association. Quant aux ressources

humaines, les modalités de mobilisation, leur formation et l’information dispensée ne

répondent absolument pas à leurs attentes.

Si la plupart de ces domaines ont fait l’objet d’études, de réflexions ou de débats,

l’action même des bénévoles est rarement prise en compte et ses résultats n’ont fait l’objet

d’aucune capitalisation. Quant à leur mobilisation, leur recrutement, leur statut, leur

suivi/accompagnement au sein des associations, aucune réflexion globale n’a été entreprise à

ce sujet, le bénévolat étant, au Maroc, considéré comme « un fait acquis». Or, la démotivation

actuelle des jeunes, leur hésitation à s’engager nous oblige à repenser le problème autrement :

le bénévolat n’est pas un dû mais un don librement consenti.

Conscients de ce problème, depuis quelques années, le Carrefour associatif et ses

partenaires ont fait de l’implication des jeunes dans le secteur associatif une question

prioritaire comme en témoignent les tables rondes et le séminaire national organisé les 16 et

17 décembre 2005 sur le thème « Le bénévolat associatif au Maroc, quel engagement pour

une action citoyenne solidaire ?» qui avait mobilisé nombre d’associations venues de toutes

les régions du Maroc.

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Etude sur le Bénévolat et le Volontariat au Maroc, Rapport final, juillet 2010

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Nous souhaitons vivement que les résultats de la présente étude fournissent des

données complémentaires qui enrichissent celles recueillies précédemment, lors de ces

rencontres et permettent de penser et mettre en œuvre une action concrète, adaptée aux

besoins actuels.

Nous ne saurions trop insister sur le fait quel l’intérêt porté tout spécialement à la

question des ressources humaines, par le Carrefour associatif et ses partenaires, et tout

particulièrement en matière de bénévolat /volontariat est fondamental car il touche à

l’existence même du secteur associatif, à son devenir dont la vitalité et l’efficacité sont

directement liées au potentiel humain mobilisé et mobilisable.

L’essoufflement du bénévolat, dû, pour une part, aux causes précédemment citées

participe également du manque de reconnaissance et de valorisation de l’action des

bénévoles, ce qui ne peut être que démotivant. Or, la démobilisation des bénévoles et

volontaires, des jeunes tout particulièrement, peut compromettre gravement l’évolution du

secteur associatif à moyen et long terme.

Il est intéressant de noter que cette caractéristique n’est pas propre au Maroc puisqu’on

retrouve ce même phénomène au Canada où il y a également, selon les régions, une baisse de

recrutement des bénévoles, comme en témoigne une enquête réalisée auprès des organismes

à but non lucratifs et bénévoles4.

Bien que l’objectif de cette étude cible plus précisément le bénévolat et le volontariat chez les

jeunes, ce thème doit être abordé dans un contexte élargi, car si le problème se pose pour les

jeunes, ses causes profondes se manifestent au niveau des pratiques du bénévolat ou du

volontariat dans leur globalité. Au cours de cette étude nous avons constaté que peu de choses

sont faites pour renforcer et développer le volontariat et le bénévolat, ce qui nous a amené à

élargir le champ de notre investigation à l’ensemble des pratiques en la matière.

En préalable, afin de lever toute ambiguïté quant à l’emploi des termes, il est important,

de situer les termes bénévolat et volontariat dans leur contexte historique et culturel avant

d’en donner une définition qui pourra être utilisée comme référentiel pour ce travail.

4 Ministère de la Statistique au Canada : Faits saillants de l’Enquête nationale auprès des organismes à but non lucratif et bénévoles (2003, données révisées)

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Etude sur le Bénévolat et le Volontariat au Maroc, Rapport final, juillet 2010

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Le bénévolat et le volontariat constituant le moteur du secteur associatif, nous

essaierons donc à travers les pratiques des associations, toutes catégories confondues, de

repérer ce qui constitue les freins et les contraintes à l’engagement des bénévoles et

volontaires au niveau de :

- L’éthique et la transparence ;

- Les capacités organisationnelles ;

- Les ressources humaines ;

- La relation avec les pouvoirs publics ;

- Les recommandation et orientations.

Nous pourrons alors, au regard des résultats attendus :

• Proposer une définition des termes bénévolat/volontariat ;

• Proposer des pistes de réflexion ;

• Sortir des éléments concrets pour l’élaboration d’une charte du bénévolat et une

charte du volontariat.

Avant d’aborder ces parties, nous présentons au préalable la méthodologie suivie pour la

réalisation de l’étude.

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Etude sur le Bénévolat et le Volontariat au Maroc, Rapport final, juillet 2010

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Méthodologie

L’approche adoptée, les outils d’investigation, la méthodologie de réalisation et de conduite

de l’étude sont présentées ci- dessous, de manière synthétique

Approche adoptée

La réalisation de l’étude s’est appuyée sur une démarche pragmatique où une importance

particulière a été donnée à l’analyse des éléments d’informations dégagés de l’étude

documentaire, des entretiens, de l’étude des expériences étrangères, et des débats et

concertations organisés. Dans le même temps il a été procédé à l’évaluation des pratiques

associatives en s’arrêtant sur les facteurs de succès et les éléments de blocage qui entravent

l’évolution et le développement du bénévolat et du volontariat des jeunes au Maroc.

L’ensemble des ces éléments a été pris en considération et analysé dans leur interdépendance

et leur interaction pour dégager les pistes de réflexion et les recommandations et élaborer des

chartes de référence pour le bénévolat pour le volontariat.

Les étapes de la consultation se sont déroulées selon l’approche suivante :

• Dans une première étape, la consultante en charge de l’étude, a écouté et à discuté avec

les responsables du Carrefour Associatif et le Comité de Suivi de l’objectif, de la

méthodologie et de l’organisation de la mission.

• Il a été procédé à la collecte et à l’exploitation des premières sources documentaires

pour mieux préciser la problématique donner une première définition des termes

bénévolat et volontariat, et finaliser les objectifs de l’étude, la démarche

méthodologique et les outils de prospection.

• Dans un deuxième temps, des entretiens ont été menés avec les personnes sélectionnées

en concertation avec le Carrefour associatif notamment : bénévoles associatifs,

volontaires d’organismes internationaux, responsables des administrations concernées

par la question, ONGs internationales (voir liste en annexe), etc. Dans le même temps

la collecte et l’exploitation documentaire se sont poursuivies.

• Les expériences identifiées ont été étudiées et leurs éléments exploités et mis en

exergue, notamment celle de la France, du Canada, des Etats Unis, des Nations Unis, de

la JICA.

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Etude sur le Bénévolat et le Volontariat au Maroc, Rapport final, juillet 2010

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• L’ensemble des éléments dégagés à travers ces différentes étapes et confronté à des

données recueillies sur l’environnement associatif ont permis de mettre en évidence les

pistes de réflexion et les éléments à intégrer au référentiel des chartes qui feront l’objet

des débats au niveau des ateliers régionaux et de l’atelier national.

• Les éléments consolidés et structurés en enseignements à partir des résultats des débats,

ont constitué le corpus pour l’élaboration des deux Chartes.

Pour mener à bien cette étude, et dans un souci d’y impliquer le plus grand nombre possible

d’acteurs concernés par la problématique, le Carrefour Associatif, a choisi de s’appuyer en

plus de la démarche décrite ci-dessus sur des ateliers régionaux qui ont constitué une étape

importante de l’étude, il s’agit de :

• Des ateliers de Khemisset (13 février 2010 en collaboration avec l’association

TWIZA), de Jerada (13 mars 2010, avec l’association ISSAAF), et d’Essaouira (24

avril 2010, avec l’association ARGANIA).

L’objectif assigné à ces ateliers était d’apporter un éclairage, empirique et concret puisqu’il

s’agit d’amorcer une réflexion, avec les acteurs directement impliqués et d’enrichir les

résultats de l’étude par les apports diversifiés et spécifiques à leurs réalités territoriales.

Pour clôturer le processus, un atelier national a été organisé le 12 juin 2010 sous le thème :

« Engagement bénévole et volontaire des jeunes et action associative au Maroc ». 70

personnes environ ont participé à cette rencontre, représentant des acteurs associatifs, des

pouvoirs publics et des organisations internationales.

Ce séminaire a été un espace de rencontre et d’échanges pluri-acteurs qui a permis une

restitution de l’étude, amenant une réflexion collective afin de débattre des résultats, de les

enrichir, de discuter du contenu des deux chartes. A ce sujet, des recommandations ont été

proposées afin de les opérationnaliser. Il est à noter, ici, la qualité de la participation et la

franchise qui ont marqué le débat particulièrement responsable et constructif.

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Etude sur le Bénévolat et le Volontariat au Maroc, Rapport final, juillet 2010

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Toutes ces données ont encore été enrichies par les résultats du séminaire organisé le 9 juillet

2010 par le Ministère du développement social, de la famille et de la solidarité et dont le

thème était.

I. Fondements historiques, concepts et définitions

Au Maroc, les termes bénévolat et volontariat prêtent souvent à confusion car ils ne sont

pas clairement définis. Dans la langue arabe comme les deux termes sont exprimés par un

même mot «atatawae », il y a confusion de sens, le mot bénévolat n’a donc pas de traduction

précise, puisque « atatawae », signifie également volontariat. De plus le terme de volontaire,

dans sa forme actuelle est un concept importé qui n’est employé au Maroc que depuis les

années soixante avec l’introduction du volontariat international.

Si, en français les deux mots expriment deux sens différents, dans les pays anglo-saxons

et en Allemagne on emploie un seul terme, celui de volunteer.

Au-delà de cette réalité liée au contexte marocain les deux mots bénévolat et volontariat

sont souvent employés indifféremment et abusivement comme synonymes quant il s’agit de

qualifier « une activité libre et non rémunérée5 ». C’est ce qui est apparu au cours des

entretiens et à travers les focus groupes organisés dans le cadre de l’étude.

Pour bien comprendre le sens des termes tels qu’ils seront employés ici, il est donc

fondamental de les replacer dans leur contexte historique.

A. Fondements historiques

1. Bénévolat

Toute définition du bénévolat est temporellement et spatialement marquée, elle doit

donc être nuancée car elle intègre des variables, en fonction des époques et des pays, liées à

leur histoire, leur organisation sociale et à leur niveau de développement. Ainsi, peut-on

envisager que la très large diffusion du bénévolat aux USA soit une résultante de la faible

5 Bénévolat et volontariat en France et dans le monde, édi. Etudes de la documentation Française, B. Halba, 2003

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Etude sur le Bénévolat et le Volontariat au Maroc, Rapport final, juillet 2010

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couverture sociale inhérente à ce pays. C’est ainsi qu’en 2009, on compte 1.500 000

associations aux USA et 63, 4% d’américains ont fait du bénévolat ce qui représente 8,1

millions d’heures dont 27 % d’étudiants (18 à 24 ans) qui travaillent surtout dans l’éducation

et avec les jeunes ; pour les jeunes (16 ans à 22 ans) ils travaillent davantage avec des

organisations caritatives6

Si nous prenons l’exemple de la France, le bénévolat fut, dans un premier temps, une

action caritative, d’obédience religieuse : on venait en aide aux « pauvres méritants de la

paroisse ». C’était alors davantage une œuvre charitable exercée principalement par les

femmes de la « bonne société ». C’est en 1954 seulement que le terme bénévolat est entré

dans le dictionnaire. Sans doute cela correspond il à la période où le bénévolat perd sa

connotation caritative pour devenir la marque d’un élan de solidarité, collectif et militant.

A l’avènement de l’ère industrielle, avec l’urbanisation, le bénévolat s’est développé

mais est demeuré une action essentiellement caritative. Ce n’est que lors des deux guerres

mondiales que le sens du bénévolat s’est transformé et élargi, il est devenu alors une action

militante et de résistance.

Au Maroc, pays qui fut à dominante rurale jusqu’à la fin du siècle dernier, le bénévolat

a des fondements ancestraux basés sur les anciennes formes de solidarité et les pratiques

communautaires : il y a, du fait de l’organisation sociale et familiale du pays, des phénomènes

d’entraide et une prise en charge des plus déshérités. Au regard de la société, c’est une

obligation à laquelle, jusqu’à présent, on ne pouvait déroger d’autant que, le don et l’aide aux

déshérités sont des préceptes fondamentaux de la religion musulmane. Il n’est qu’à revenir

sur certaines pratiques traditionnelles notamment la Twiza qui est une des premières formes

de solidarité communautaire et collective

De ce fait, le bénévolat « sauvage », c'est-à-dire hors structure associative comme le

nomme B. Halba7, tel l’entraide familiale, villageoise, entre voisins ou de quartier était très

répandue car elle participait de la survie du groupe.

6 Corporation for National Community Service 7 B. Halba Bénévolat et Volontariat en France et dans le monde

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Etude sur le Bénévolat et le Volontariat au Maroc, Rapport final, juillet 2010

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Ce n’est qu’à partir de l’Indépendance, avec la mise en place d’un Etat centralisé que

le bénévolat a commencé à s’organiser au sein de structures telles que les associations et que

la notion de twiza fut appliquée aux chantiers de jeunes, y ajoutant une connotation

volontariste et militante.

Actuellement, du fait de la conjoncture politique et socio-économique, le bénévolat

s’est orienté très majoritairement vers le secteur associatif qui mobilise le plus grand

nombre de bénévoles. On ne peut toutefois avancer de chiffres puisqu’on ignore le nombre

exact d’associations enregistrées et recensées au Maroc. Nous avons cité précédemment le cas

de la France où 83 % des bénévoles sont mobilisés dans le secteur associatif selon une

enquête de l’INSEE ; c’est dire le potentiel humain mobilisé, soit environ 12 millions de

bénévoles de plus de 15 ans

Dans sa dimension historique, le seul terme de bénévolat a été employé à dessein car le

volontariat au sens international et actuel du terme, est une donnée récente importée au

Maroc.

2. Volontariat

Historiquement, le sens du terme volontariat a évolué, que ce soit au Maroc comme en

France pour ne citer que ces deux pays. Ainsi, en 1920, au lendemain de la seconde guerre

mondiale, Pierre Sérésole, père spirituel du volontariat, proposa, au Congrès du Mouvement

International de la Réconciliation de créer un service d’entraide entre les peuples composé

d’équipes de volontaires internationaux « afin de rendre impossible l’attaque d’un peuple par

ses voisins devenus ses amis ». Composé essentiellement d’objecteurs de conscience et de

pacifistes, cette campagne de solidarité eut un impact international.8

Ce fut le tout début des actions de volontariat dans le sens où il était employé alors, en

tant que volonté militante et citoyenne.

C’est dans ce même esprit qu’au niveau du Maroc, à la fin du Protectorat, ce terme fut

employé dans le cadre des chantiers de volontaires. Le plus important fut constitué pour la

construction de « la route de l’unité » Al WAHADA, qui marquait symboliquement la

8 Historique du Volontariat et Bénévolat Lahcen Azzadou,associations Tagmate et Twiza

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Etude sur le Bénévolat et le Volontariat au Maroc, Rapport final, juillet 2010

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réunification du Maroc par la réunion des zones sous occupation française et espagnole et qui

mobilisa 12 .000 Marocains. Cet élan citoyen, dont le coup d’envoi fut donné par Sa Majesté

Feu Hassan II, alors Prince héritier fut à l’origine de la création de nombreuses associations

de chantiers de jeunes dont Twiza, Chouala, et les Chantiers de Jeunes du Maroc (CJM) qui

ont une dimension internationale et multiculturelle.

Volontaire, signifiait donc une volonté politique au sens noble du terme, un élan citoyen

qui animait et mobilisait alors tout un peuple, les jeunes notamment. Ces associations

perdurent mais leurs activités se sont diversifiées en fonction des priorités socio-

économiques que requiert l’intérêt général de la société (alphabétisation, éducation

citoyenne, protection de l’environnement, sport et culture etc.).

Ce terme est employé également pour les bénévoles du «Croissant Rouge», association

marocaine affiliée depuis 1958 à la Fédération Internationale des Sociétés de la Croix Rouge

et du Croissant rouge. On peut penser que c’est par souci d’un langage commun et

d’affiliation que le terme a été emprunté au vocable international.

Il en est de même pour l’Association de lutte contre le SIDA, ALCS, qui a édicté une

charte du volontaire. Selon cette charte : « Etre volontaire demande un réel engagement,

régulier ; les Volontaires mènent des actions en réponse aux Besoins des Individus dans le

respect des Règles éthiques et démocratiques ; Etre volontaire, c'est vouloir faire Changer les

choses. C'est réfléchir et agir collectivement, échanger, construire …. Parce qu'ensemble, on

est plus fort face au sida ».

Mais il semble que le terme volontaire soit là aussi une simple terminologie empruntée

au vocable international, car le contenu de la charte peut également s’appliquer au bénévolat.

Si l’usage du terme de volontaire a subsisté, le sens qui lui est donné actuellement s’est

sensiblement modifié car le concept de volontariat, influencé par le volontariat international

est en pleine évolution au Maroc. A la dimension militante, s’ajoute une dimension plus

concrète et pragmatique, dictée par le contexte socio-économique actuel tel que le chômage

des jeunes. Intégrant ces nouvelles données, un volontariat national est en train de

s‘instaurer sur le modèle et en partenariat avec le volontariat international.

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Etude sur le Bénévolat et le Volontariat au Maroc, Rapport final, juillet 2010

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B. Concepts et définitions

Au sens étymologique du terme, pour reprendre la définition du Robert, la plus usitée,

le terme bénévole vient « du latin benevolus, bienveillant, bien, et volo, je veux. Un bénévole

est une personne qui fait quelque chose sans obligation et gratuitement ».

On trouve également la notion de satisfaction personnelle : faire plaisir en donnant et se

faire plaisir en effectuant une action qu’on a choisi de réaliser de son plein gré et de sa propre

volonté.

Les deux termes bénévolat et volontariat présentent selon certains auteurs, comme B.

Halba, des caractéristiques communes. Ainsi, en plus de la notion de don de soi, le bénévole

/ volontaire est celui qui s’engage (notion d’engagement) de son plein gré (notion de liberté),

de manière désintéressée (notion d’acte sans but lucratif), dans une action organisée (notion

d’appartenance à un groupe, à une structure), au service de la communauté (notion d’intérêt

commun).

Bien que certaines nuances soient apportées aux différentes définitions des termes

bénévolat et volontariat, nous avons tenu toutefois à montrer l’universalité du concept et ce,

malgré les différences propres à la culture et à l’histoire de chaque pays.

1. Déclarations « universelles » relatives au bénévolat/volontariat

Le bénévolat est une donnée universelle, consubstantielle à toute organisation sociale.

En 2001, à Amsterdam, à l’occasion de l’année internationale du volontariat de l’ONU, une

nouvelle Déclaration universelle sur le Volontariat/bénévolat a été adoptée dans laquelle il est

stipulé que le bénévolat/volontariat est un élément essentiel à toutes nos sociétés grâce

auquel « Nous les peuples nous avons le pouvoir de changer le monde ».

Bien qu’antérieure, une résolution du Parlement Européen (décembre 1983) définissait

déjà cinq caractéristiques du travail bénévole et volontaire qui pouvaient s’appliquer

indifféremment à tous les pays :

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Etude sur le Bénévolat et le Volontariat au Maroc, Rapport final, juillet 2010

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• Travail non obligatoire ;

• Socialement utile (qualité de vie, éducation, environnement, coopération…) ;

• Non rémunéré ;

• Complémentarité avec les structures traditionnelles d’emploi ;

• Nécessité de créer une infrastructure qui légitime leur travail et leur action.

Cette référence universelle dégage déjà quelques éléments qui permettent de poser les

premières bases communes aux deux notions et de pouvoir les identifier. Cependant, ces

éléments suscitent quelques commentaires.

Ainsi concernant le caractère facultatif et non obligatoire, la dimension non obligatoire

reste relative car si elle est valable avant l’engagement dans l’action bénévole ou volontaire,

la personne qui s’ engage dans une action à entreprendre est tenue de respecter son

engagement qui devient une obligation pour elle.

Il est également stipulé que le volontariat et le bénévolat doivent servir une action

« socialement utile ». On peut s’interroger sur le contenu de l’expression « socialement

utile », car ce qui est utile pour un seul individu ne l’est pas nécessairement pour un groupe

ou, plus encore, pour la société. Que signifie alors la notion d’intérêt général et par qui et

selon quels critères est elle définie ?

Toutefois, que ce soit pour l’une ou l’autre notion, l’élément à but non lucratif « non

rémunéré » est déterminant. Ce qui peut interroger quelques pratiques actuelles relevées dans

le cadre de cette étude. Si pour le volontariat il est tacitement reconnu l’attribution d’une

« rémunération », sous forme d’indemnité ou de prise en charge, pour le bénévolat, les cas

sont divers car mal définis. Certains bénévoles fournissent un travail ou une prestation et

prennent en charge, de surcroît, les frais occasionnés (téléphone, transport, ordinateur,

télécopie…), d’autres sont indemnisés pour les frais occasionnés, déplacements….). Une

autre catégorie qui a le statut de bénévole (adhérent) perçoit une rétribution en contrepartie

de sa contribution à la réalisation des projets de l’association. Ces constats soulèvent donc

une contradiction qui nécessite une clarification.

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Etude sur le Bénévolat et le Volontariat au Maroc, Rapport final, juillet 2010

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Depuis quelques années une autre donnée est à intégrer qui se traduit par le rapport qui

s’instaure entre les associations et les structures traditionnelles d’emploi », en l’occurrence

les Pouvoirs Publics

Se pose alors la question de la définition des rôles des différentes structures en présence

qu’il s’agisse des associations, des autres acteurs publics ou privés (structures étatiques,

collectivités locales, partis politiques, syndicats…).

Pour clarifier cette situation et afin d’éviter toute confusion nous avons pris comme

référentiel, la définition que donne Pierre Bloch Lainé(x) du rôle et fonctions des associations

par rapport à ceux de l’Etat et des Pouvoirs Publics soit :

1 / Fonction d’innovation sociale : les associations créent des liens de proximité avec

les populations ce qui permet une meilleure définition de leurs besoins et des actions à mettre

en œuvre.

2 / Production de services à moindre coût, grâce aux subventions et à la contribution

bénévole de main d’œuvre.

3 / Fonction de restauration du tissu social, le secteur associatif permet de

s’organiser, de travailler ensemble vers un même but qui est l’intérêt général ce qui contribue

à tisser ou resserrer des liens sociaux.

4 / Aide et soutien aux exclus, ce que corrobore les Pouvoirs Publics en déléguant aux

associations les secteurs du social qui touchent aux personnes les plus défavorisées (enfants

des rues, handicapés, mères célibataires, femmes en difficulté, etc…).

Cette définition qui reflète parfaitement la réalité de certaines situations, mérite

cependant réflexion car elle a tendance à soustraire les pouvoirs publics à leurs

responsabilités et obligations vis-à-vis des personnes en difficultés. Elle remet en cause

également leur fonction de garant de justice sociale et de liberté de choix.

Tous ces préambules tendent à prouver l’importance d’organiser le bénévolat et le

volontariat dans le cadre de structures clairement définies pour mieux évaluer leur impact et

valoriser l’action des ressources humaines mobilisées.

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Etude sur le Bénévolat et le Volontariat au Maroc, Rapport final, juillet 2010

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Une question se pose cependant : pourquoi y a-t-il une distorsion, entre le fait que les

« déclarations universelles » accordent, une place de plus en plus importante au bénévolat

alors qu’aucune réglementation s’inscrivant dans un cadre conceptuel unanimement

approuvé et reconnu n’ait toujours pas été instaurée.

On peut penser que cette question fait l’objet de nombreux débats parce que doter

le bénévolat d’un statut, n’est-ce pas porter atteinte à ce qui fait sa faiblesse mais aussi

sa force, son esprit créatif et sa liberté d’action?

Il en est pour preuve que cette interrogation ne se pose pas pour le volontariat qui

bénéficie d’un cadre formalisé.

Il est certain qu’un compromis doit cependant être trouvé, car avec l’amplification des

problèmes sociaux dans les pays du Nord et la paupérisation croissante des pays du Sud, le

bénévolat sera davantage encore sollicité car, on constate que plus la protection sociale d’un

pays est faible, plus la société civile se mobilise et s’organise afin de compenser les carences

de l’Etat. C’est le cas des USA qui comptent le plus grand nombre d’associations recensées.

2. Bénévolat

Le bénévolat, est une éthique de vie, un engagement personnel sans limite, ni contrainte

de temps. Au sens premier et personnel du terme, être bénévole, c’est donner de son temps, ce

qui exige du donateur un certain renoncement, un sacrifice de soi qui ne concerne que lui-

même sans attente de retour du donataire. Comme aucun acte n’est totalement désintéressé,

on peut penser que l’action de donner participe aussi d’une valorisation personnelle du

bénévole, de l’image qu’il veut donner aux autres et se renvoyer à lui-même.

C’est ainsi que le bénévolat peut être aussi un acte compensatoire de redistribution de

biens des plus riches vers les plus démunis, qui donne « bonne conscience ». Ceci renvoie à la

forme initiale caritative et personnelle du bénévolat, mais avec une différence cependant :

elle est « socialisée » puisque ces dons sont exonérés d’impôts. On peut prendre l’exemple de

Bill Gates et de sa fondation.

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Etude sur le Bénévolat et le Volontariat au Maroc, Rapport final, juillet 2010

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Pour l’étude concernant essentiellement le bénévolat associatif, nous nous

contenterons de mentionner les autres formes de bénévolat (famille, quartiers, voisins, etc..)

celles que B. Halba9 qualifie de bénévolat « sauvage ».

Au Maroc, comme nous l’avons précédemment mentionné, les premières formes de

bénévolat associatif datent de la période de l’indépendance où il se manifeste sous forme

d’associations anciennement créées (travaillant sur des questions sociales touchant la femme,

l’enfant, l’éducation), véritable élan de solidarité nationale, collectif porté par tout un peuple.

Afin de cadrer plus précisément le bénévolat associatif en tenant compte des remarques

précédemment formulées nous nous réfèrerons au travail de L.PUJOL10, qui après avoir

étudié différentes définitions du bénévolat (Blanchet, Halba, Archambaut et Boumendil….)11,

les a organisées en deux parties distinctes mais complémentaires :

• Une partie fixe, que l’on peut considérer comme un invariant à trois composantes: le

bénévolat est un acte « libre, gratuit, non soumis à un contrat de travail ».

• Une partie à composantes variables tels que :

- engagement, (durée, forme)12 ;

- intérêt général ;

- désintéressement ;

- organisation formelle (associations, partis politiques syndicats) ;

- temps et compétences ;

- non soumis à une subordination juridique mais responsable.

Si les éléments de la partie fixe peuvent être, comme nous l’avons vu précédemment,

considérés comme universels et sans contestation possible, les éléments de la partie à

composantes variables sont assujettis à des facteurs inhérents au pays, à la personne et à ses

motivations propres et au contexte dans lequel il se trouve :

• Engagement : il peut varier selon la disponibilité ou le niveau d’engagement de la

personne. Un jeune en recherche d’emploi et un salarié ou un retraité n’ont pas la même

disponibilité, ni les mêmes motivations ;

9 Halba ibid 10 L. Pujol : Management du Bénévolat 11 J. Blanchet : Gestion du bénévolat 12 E. Archambault et J Boumendil : Dons et Bénévolat en France

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• Intérêt général et désintéressement : si l’essence même du bénévolat est d’œuvrer pour la

collectivité sans contrepartie, à l’intérêt général peut s’adjoindre un intérêt personnel :

valorisation sociale, tremplin social ou politique, ouvertures et contacts en vue de trouver

un emploi, estime de soi, sentiment d’appartenance….

• Dans une organisation formelle (associations, partis politiques syndicats) qui leur procure

un sentiment d’appartenance, de protection.

• Temps et compétences : la variable temps est un élément propre à chaque individu elle est

constitutive de ses activités (travail, famille, engagement politique…)

• Non soumis à une subordination juridique mais responsable : l’association est

juridiquement responsable (comme une entreprise) vis-à-vis de ses bénévoles, mais les

bénévoles actifs ont également des responsabilités qui selon les cas peuvent être civiles

ou pénales vis-à-vis des tiers.

• Dans un cadre structuré, généralement une association.

3. Volontariat

Au Maroc, le terme de volontaire est employé actuellement dans deux contextes

différents qui ne recouvrent pas le même sens : le premier national, l’autre influencé par un

environnement extérieur au pays

Dans sa définition la plus communément usitée, le volontariat se situe entre bénévolat et

salariat mais il n’est pas assujetti aux règles du code du travail.

Les principales caractéristiques du volontariat sont :

• Intérêt général ;

• Acte gratuit incompatible avec activité rémunérée ;

• Engagement formalisé par contrat, pour une durée déterminée ;

• Régi par un statut, mais sans lien de subordination juridique ;

• Champs d’intervention en rapport avec le social : éducation (pré- scolarisation,

alphabétisation, éducation non formelle,) développement local, etc…

• Indemnité financière.

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Etude sur le Bénévolat et le Volontariat au Maroc, Rapport final, juillet 2010

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On peut donc définir le volontariat, comme un engagement volontaire et librement

consenti pour une tâche préalablement définie pendant une période donnée, dans un cadre

structuré et cadré.

Le volontaire, comme le bénévole, accomplit des missions d’intérêt général, non

rémunérées par un salaire mais pour lesquelles il perçoit une indemnité destinée à couvrir

ses frais. Comme le salariat, le volontariat est régi par un statut, encadré par des textes de

loi, des décrets qui déterminent ses conditions d’exercice mais il n’est pas soumis à la

législation du code du travail.

Même s’ils ont la même finalité, il nous semble que le bénévolat et le volontariat se

situent à deux niveaux d’analyse différents : le bénévolat est en soi un acte personnel qui n’a

aucune reconnaissance institutionnelle et juridique alors que, le volontariat est un

engagement défini par un statut donc reconnu et soumis à des lois. Le bénévole n’a aucune

obligation de résultat, hormis celle qu’il s’impose personnellement ou que la structure a

préalablement définie, alors que le volontaire qui est recruté dans un cadre établi,

institutionnel est tenu à rendre des comptes et a des obligations de résultats stipulées dans

son contrat.

Le volontaire donne de son temps, met ses compétences au service de la collectivité

mais il en attend un retour qui peut être une valorisation personnelle, une reconnaissance

légale sous forme de statut, un complément de formation/ professionnalisation qui lui

procure un approfondissement de ses connaissances à travers des formations ciblées et des

échanges. Il bénéficie d’une indemnisation qui lui permet de vivre et de couvrir ses frais

sans que pour autant ce soit considéré comme un salaire. C’est le don contre don.

Malgré les différences d’approche et de sensibilité dues, pour partie à l’hétérogénéité du tissu

associatif, le rôle du bénévolat est unanimement reconnu car il est le fondement et le ciment

du tissu associatif et ce malgré les différences de compréhension des uns et des autres. Par

contre les avis divergent quant au volontariat tel que pratiqué à l’international. Les attitudes

vont du rejet pur et simple, à l’attachement à une forme de volontariat militant mais pratiqué

plus dans les formes d’un bénévolat, à la reconnaissance d’une différence entre les deux sans

se prononcer clairement sur le besoin de leur opportunité. On peut relever toutefois une

certaine confusion dans les pratiques des uns et des autres : certaines contributions ont les

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Etude sur le Bénévolat et le Volontariat au Maroc, Rapport final, juillet 2010

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caractéristiques du volontariat mais sont réalisées et considérées comme des actions

bénévoles et vis versa. On comprend alors l’utilité des deux termes et l’urgence d’en clarifier

les contenus et les pratiques.

Pour pouvoir cerner au plus près les notions de bénévolat et de volontariat associatifs qui

seront développées dans cette étude, nous allons, en premier lieu, les replacer dans leur

contexte national.

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Etude sur le Bénévolat et le Volontariat au Maroc, Rapport final, juillet 2010

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II. Bénévolat et Volontariat associatifs dans le contexte du Maroc

1. Bénévolat : une proposition générale de définition du bénévolat associatif

-Le bénévolat peut être considéré comme une éthique de vie. -C’est un don de soi, engagement personnel et responsable non rémunéré dont la durée n’est pas nécessairement précisée. -Le bénévole donne de son temps, de son savoir, de son savoir faire.

Au Maroc, on a pu constater, au cours des différents ateliers qui ont été organisés tant

par le secteur associatif que par les pouvoirs publics, qu’il y a toujours une ambiguïté entre

les deux termes, ce qui nous a amenés à nous interroger davantage sur le profil du bénévole.

Les entretiens, les ateliers et les focus groupes, organisés dans le cadre de la présente

étude, ont mis en évidence deux types distincts de bénévoles, définis principalement par leur

âge et par la fonction qu’ils occupent au sein de l’association et de la société

Leur approche du bénévolat et du volontariat est souvent inhérente à leur vécu bien que

quelque peu schématique, la classification proposée ci-dessous, s’appuie cependant sur des

données documentaires mais aussi sur des éléments concrets tels que les entretiens réalisés

et sur les interventions et les réactions relevées au cours des différents ateliers et séminaires

1.1. Profil des bénévoles

On distingue deux groupes distincts de bénévoles :

Les Seniors :

Les membres fondateurs et membres des conseils d’administrations (CA) sont, pour la

plupart, des cadres (enseignants, professions libérales, cadres dans les administrations et

militants défendant des causes humanistes). Ils ont généralement un leadership lié à leur

charisme personnel et/ou à leur position sociale, ou professionnelle. Ils détiennent,

généralement, tous les pouvoirs sans partage, reproduction caricaturale de l’organisation

sociale. Certains d’entre eux sont parfois présidents à vie ou pour quelques décennies. Ils

sont souvent « très militants » bien que le mot soit utilisé abusivement ici pour signifier

surtout qu’ils donnent beaucoup de leur temps. Pour nombre d’entre eux, l’association est une

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Etude sur le Bénévolat et le Volontariat au Maroc, Rapport final, juillet 2010

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valeur ajoutée qui leur confère davantage reconnaissance sociale et professionnelle. Celle-ci

est encore plus importante pour eux quand ils ont cessé toute activité professionnelle.

Car pour reprendre la phrase de Romain Gary « il avait pris depuis quelques années sa

retraite…il occupait ses loisirs à des œuvres de bienfaisance, car plus on devient vieux, plus

on a besoin des autres ». Si, parmi les seniors, il y a une majorité d’hommes impliqués, les

femmes, par contre, font preuve de plus de rigueur, de ponctualité et d’assiduité. Ce constat

ressort des entretiens réalisés.

A coté de ces membres qui dirigent l’association, les bénévoles (adhérents) constituent

une sorte d’assise de l’association. Ils sont impliqués à des niveaux différents tels que:

• les bénévoles actifs engagés de manière permanente à la réalisation des objectifs de

l’association soit par des actions régulières, soit par des missions ponctuelles.

• les bénévoles occasionnels : qui participent à des actions périodiques occasionnelles,

sans s’impliquer véritablement dans la vie de l’association.

• les bénévoles événementiels qui ne participent qu’à des événements médiatiques

tels que les assemblées, les manifestations événementielles. Ils sont généralement

déconnectés des préoccupations de l’association.

En termes de devoirs et de responsabilité, il semble que l’engagement des bénévoles

envers l’association soit perçu de manière restrictive, davantage comme un passe-temps. Le

simple fait d’adhérer, la solennité de l’acte et sa symbolique ne sont pas sérieusement pris en

considération. Ainsi, bien que les associations comptent un nombre important de bénévoles

de tous âges, cela ne signifie pas pour autant que ces derniers s’acquittent pleinement de leurs

devoirs. Il est bien entendu que ce constat ne peut être généralisé car certains bénévoles, les

plus « militants » surtout, mesurent le sens de leur engagement en contribuant activement à

la réalisation des objectifs de l’association en se mettant à son service, respectant

scrupuleusement les engagements pris dans ce cadre.

Tout au long de cette étude, nous aborderons les contraintes et pratiques que génèrent

ces comportements.

Les Jeunes Bénévoles :

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Lorsqu’ils intègrent une association, ils recherchent et trouvent parfois en elle une

structure rassurante et protectrice, qui leur donne un sentiment d’appartenance car pour les

jeunes chômeurs le fait de ne pas avoir d’emploi pendant un certain temps est un facteur de

désocialisation qui a pour conséquence immédiate soit un repli sur soi ou entre soi (avec

d’autres personnes dans la même situation). Cependant, dans la majorité des cas, à l’intérieur

de la structure, ils ne sont généralement considérés que comme de simples exécutants. Ils ne

trouvent pas la sécurisation et la valorisation recherchée. Ils préfèrent alors s’engager sur des

actions ponctuelles et ciblées, dans un bénévolat de mission, qui les occupent à plein temps

pour une période donnée et qui leur apportent une contrepartie sous forme de formations ou

de potentielles ouvertures en vue de l’accès à un emploi . C’est ainsi que certains jeunes qui

sont dans des associations actives et structurées telles que Twiza et Chouala préfèrent un

engagement sous forme de volontariat, d’autant que ces associations ont des contacts à

l’international, ils peuvent alors participer à des formations puis encadrer d’autres jeunes à la

fin de leur mission, ce qui peut, parfois leur permettre de trouver un emploi ou de nouer des

contacts. C’est ce qui peut expliquer, aussi le turnover des jeunes bénévoles au sein des

associations qui ne s’engagent plus que sur le moyen ou court terme.

Le pourcentage féminin est légèrement inférieur, mais les femmes qui s’engagent sont plus

régulièrement présentes

1.2 Le bénévolat au Maroc : un non statut

Au Maroc, le bénévolat, en tant que notion, n’est défini dans aucun texte légal. Le dahir

de 15 novembre 1958 sur la liberté d’association en cite quelques caractéristiques censées

définir les conditions de création de l’association : il faut au moins « deux personnes ces

personnes mettent en commun d’une façon « permanente » leur « connaissance ou leurs

activités ». C’est dire qu’il ne peut y avoir d’action discontinue et qu’un apport sous forme

de connaissance ou d’activités est obligatoire. Et enfin, que cet apport soit fait dans « un but

autre que celui de partager les bénéfices », ici la question de la rémunération est donc

clairement écartée.

Cadre Juridique :

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Etude sur le Bénévolat et le Volontariat au Maroc, Rapport final, juillet 2010

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La relation entre le bénévole et l’association s’organise dans un cadre conventionnel

généralement informel, par l’engagement libre d’une personne qui fournit une activité, un

appui, une contribution sans être lié à l’association par aucune règle (obligations, droits,

durée, fréquence…), autres que celles dont ils conviennent librement sans formalisation à par

celles prévues dans les statuts. La relation entre le bénévole et l’association est généralement

définie par les statuts et le règlement intérieur, qui en constituent le référentiel, en cas de

conflit interne. Comme il a été précisé précédemment, ces documents sont d’ordre général et

n’apportent pas de précisions quant à la définition du statut de bénévole. Les questions de

responsabilité entre l’association le bénévole, ou entre le bénévole et une personne tiers sont

réglées par des textes juridiques généraux notamment le dahir des obligations et contrat, le

code de procédure civile, le code pénal etc.

Couverture Sociale :

Quant à la couverture sociale du bénévole lors de l’exercice d’une activité propre à

l’association, elle n’est pas obligatoire. L’association n’est pas tenue de prendre une

assurance en ce qui concerne les risques encourus en cas d’accident ou de maladie contractée

dans le cadre des activités que le bénévole réalise.

Par contre, en Allemagne, dans certains länder l’association a la possibilité de contracter une

assurance pour ses bénévoles. Cette comparaison est donnée à titre d’exemple pour un futur

possible car il n’y a pas, actuellement, de commune mesure entre les niveaux de couverture

sociale des deux pays.

Prise en Charge des Frais :

De la même manière la prise en charge des frais occasionnées par l’activité du bénévole

n’est pas systématiquement couverte (transport, téléphone, hébergement, restauration…) sauf

lorsque les associations ont suffisamment de moyens financiers et qu’elles sont conscientes

de son impact sur l’apport et la motivation des bénévoles.

Ces carences de cadre législatif, de même que le faible contrôle auquel sont assujetties

les associations sont parfois exploitées abusivement par certains bénévoles (facturation de

prestations ou remboursement de frais personnels surévalués, déplacements, etc).

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Etude sur le Bénévolat et le Volontariat au Maroc, Rapport final, juillet 2010

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Ces deux derniers points sont particulièrement sensibles et ont soulevé nombre

d’interrogations au cours des différents débats.

1.3. Une Valorisation compensatoire

Le temps que le bénévole passe dans une association n’est pas systématiquement valorisé

dans sa vie professionnelle. De même aucune dérogation ne lui est accordée pour aménager

temps de travail et bénévolat. Les responsables dans les associations (président, secrétaire

général, etc..) ne bénéficient pas de congés payés pour s’acquitter de leur tâche à l’inverse

des conseillers communaux. Et pourtant les missions réalisées par les associations sont

considérées « d’intérêt général ».

En France, pour pallier à ces manques, un «Passeport du Bénévole » a été réalisé par

l’association « France Bénévolat ». Y sont consignées les différentes actions et missions

réalisées par le bénévole afin qu’elles puissent être prises en compte et valorisées dans son

parcours.

Le bénévolat, en tant que support et ancrage du secteur associatif dont il est le moteur

doit être évolutif, dynamique et innovant, porté par des ressources humaines actives et

motivées. Il est donc vital de concentrer ses efforts sur leur mobilisation et leur fidélisation.

2. Volontariat : une proposition de définition du volontariat associatif

C’est un engagement à plein temps, pendant une période préalablement définie dans un projet d’intérêt général, au sein d’une structure formelle (association, service public), bénéficiant d’une prise en charge matérielle et d’un tutorat.

Comme pour le bénévolat cette proposition de définition est destinée à donner un cadre

de travail informel à cette étude et une base d’étude initiale pour les chartes

Contrairement au bénévole, le volontaire bénéficie d’un statut formalisé par des textes

légaux qui réglementent son cadre et son contenu (la durée, les objectifs, les taches, les

conditions d’indemnisation, la rétribution, la protection juridique).

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Etude sur le Bénévolat et le Volontariat au Maroc, Rapport final, juillet 2010

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Si le cadre est identique, son contenu présente toutefois quelques variantes, d’un

organisme à l’autre, en fonction du pays d’origine. De manière générale, au Maroc comme

le volontariat est encore « tutorisé » par le volontariat international, il est régi par les codes

de la structure encadrante.

Afin de bien comprendre la démarche nous analyserons, en premier lieu le modèle du

volontariat international car il est le référentiel de base au volontariat marocain (dans sa

forme actuelle) tel qu’il sera présenté en second lieu.

2.1. Le volontariat international

Le Maroc accueille des volontaires internationaux depuis les années 60. Ce sont des

jeunes (filles et garçons) de pays du Nord qui viennent apporter une aide bénévole dans les

pays du Sud qui en font la demande. Ils effectuent des missions d’intérêt général dans un

temps déterminé qui peut varier de trois mois à 2 ans.

Quant à leur mission proprement dite, ce qui ressort des entretiens, c’est que leur

formation et leurs compétences, ne sont pas toujours exploitées au mieux ou même

appropriées à la tâche qui leur est assignée.

De même que le pays où ils sont envoyés ne correspond pas toujours aux souhaits qu’ils

ont exprimés. Cependant, comme ce sont généralement des jeunes en fin ou en cours

d’études, ils ne considèrent pas ces aléas comme une contrainte car leur expérience de terrain

enrichit leur parcours professionnel et figure sur leur curriculum vitae.

La structure du pays qui les envoie leur accorde une indemnisation mensuelle, qui n’est

pas un salaire mais qui couvre les frais de loyer, nourriture et leurs déplacements afin qu’ils

ne soient pas une charge pour la population.

Ils bénéficient d’un statut qui leur garantit une couverture sociale et l’argent qu’ils

perçoivent est exonéré d’impôts. Ils en retirent des bénéfices non pas matériels mais au plan

humain, échange et connaissance de l’autre, expérience, voyage, connaissance de soi.

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Dans le cas des expériences étudiées, Oxfam Québec a un statut bien défini pour

l’exercice du volontariat (rétribution, couverture sociale, contrat, risques, indemnisation,

déménagement…). Il concerne en outre les jeunes et les seniors. Au Canada, il est prévu

également des possibilités d’arrêt momentané au cours d’une carrière professionnelle pour

accomplir une mission de volontariat sans que cela ne perturbe l’évolution de cette carrière en

terme de couverture sociale, de retraite, d’ancienneté etc. Ces possibilités permettent

d’encourager le volontariat et son exercice dans de bonnes conditions.

Citons également pour exemple les Volontaires du Progrès pour la France, les Peace

Corps pour les USA, la JICA pour le Japon, les volontaires du PNUD.

On distingue deux catégories de volontaires :

• Les jeunes, qui sont les plus nombreux, (entre 22 et 30 ans) qui ont un niveau d’études

en moyenne de bac +3 ans.

• Les seniors, jusqu’à 65 ans qui apportent leur expertise (agronomes, vétérinaires, etc…)

pour des missions ponctuelles.

Pour certains pays, la principale mission des volontaires est essentiellement la

connaissance de l’autre qui s’établit par leur participation à des activités en vue d’atteindre

les objectifs fixés dans le cadre de projets communs décidés comme en témoigne la brochure

de présentation des Peace Corps. Les trois objectifs du Corps de la Paix sont les suivants :

1 - Aider les peuples des autres pays à satisfaire leurs besoins en personnel qualifié ;

2 - Favoriser une meilleure compréhension des Américains parmi les peuples

concernés ;

3 - Favoriser une meilleure compréhension des autres peuples par les Américains.

Pour d’autres, tels la France avec la Plateforme Marocaine du Volontariat (dans le cadre

du PCM) les enjeux sont davantage centrés sur le pays d’accueil car la finalité est d’instaurer

un volontariat national en impliquant les pouvoirs publics marocains.

Il y a lieu de citer cependant le VIES, volontariat international d’échange et de

solidarité qui a le même cadre de référence que le volontariat international mais qui est

pratiqué, à de rares exceptions près, à l’intérieur des pays de l’U.E. Malgré leur portée

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internationale, le volontariat international en administration (VIA) et le volontariat

international en entreprise (VIE) ne peuvent pas non plus être considérés comme des VIES.

Sous double tutelle ministérielle, le volontariat international en entreprise offre des

opportunités de mission d’ordre commercial, technique ou scientifique au sein d’une

entreprise française à l’étranger tandis que le volontariat international en administration

recouvre des missions d’appui à des services de l’Etat à l’international : ces deux formes de

volontariats ne proposent pas, à de rares exceptions près, de missions relatives à des projets

de solidarité internationale. Il y a deux types de mission : celles de courte durée (15 jours) ou

de longue durée (6 mois à 2 ans).

2.2. Le volontariat national, un développement pluri-acteur

Profil du Volontaire National :

Les entretiens, ateliers et focus groupe font ressortir qu’il est indifféremment de sexe

masculin ou féminin avec, en moyenne un niveau d’instruction bac + 2. Il est très souvent

dans une phase de recherche d’emploi. Il a généralement une bonne expérience de bénévolat

associatif.

Les différents cadres d’exercice du Volontariat National:

Le volontariat national tel qu’il est initié actuellement, est directement inspiré du

volontariat international puisqu’il s’effectue encore, dans la majorité des cas dans le cadre

d’un partenariat bilatéral (ONG françaises / associations marocaines). Les missions effectuées

par les volontaires marocains à l’intérieur de leur pays sont encore à un stade expérimental.

L’une des premières expériences de volontariat national a été initiée par le Programme

Concerté Maroc (PCM) Il s’agit de la Plateforme Marocaine du Volontariat qui semble

parmi les plus intéressantes à retenir. Elle a pour objectif de mettre en place et d’inscrire

dans la durée un volontariat national marocain qui favorise les échanges entre jeunes

marocains et jeunes français mais qui permet aussi de réaliser des missions et des échanges

entre associations marocaines..

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Rappelons ici que le PCM a pour but de promouvoir une coopération entre les sociétés

civiles françaises et marocaines. Il s’agit de « contribuer à développer une plus grande

implication des jeunes dans la société marocaine à travers la réalisation de projets

thématiques ciblant plus précisément leurs centres d’intérêt et leurs besoins tels :

- la citoyenneté et l’accès aux droits

- formation et insertion professionnelle

- éducation et animation

- économie sociale et solidaire ».

Le projet Plateforme Marocaine du Volontariat construit par phases successives permet

une adaptation progressive au contexte marocain tout en appliquant les principes et les règles

du volontariat international.

Certains points restent cependant à définir plus précisément tels : la question du lien

juridique entre l’association et le volontaire, notamment en termes de responsabilité, de

couverture sociale, etc.

Les porteurs de ce projet ont en outre développé un kit d’outils pratiques et adaptés à

l’organisation et à la formation du volontariat national.

La participation conjointe d’associations françaises et marocaines a initié une

dynamique associative franco-marocaine, qui est une première étape en vue d’instaurer et de

généraliser une dynamique nationale autour d’un volontariat marocain entre acteurs

locaux. Cette initiative qui se met progressivement en place a entre autres missions de

sensibiliser en les impliquant, les pouvoirs publics marocains. Cette expérience, dans sa

globalité a été pilotée par ADICE en tant qu’association encadrante. Citons également

comme une potentielle forme de volontariat, IDD, réseaux d’associations dont les membres

sont des français et des marocains résidant en France.

Le PNUD recrute également des volontaires nationaux mais l’approche est différente

car ils sont intégrés à des programmes institutionnels nationaux. Citons, les 6 volontaires

marocains (4 filles et 2 garçons) qui sont intégrés dans les programmes GIFMA, le projet

PASC, POS et POT avec en charge une mission commune : l’approche genre appliquée aux

différents programmes. Ils sont recrutés avec le niveau bac+4.

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D’autres expériences marocaines sont également en cours. Elles sont conçues sous

forme de missions de volontariat. Citons pour exemple celle « des Secouristes Volontaires

de Proximité » à Fès mise en place depuis 2008 en partenariat avec la Direction du

Développement de la Coopération suisse, l’Union des Associations et Amicales de Fès,

l’ADER et le Département de la Protection Civile. Les secouristes sont formés pour apporter

un soutien d’urgence à la population de la médina en cas de sinistre par exemple, pour

répondre au danger potentiel que représente la difficulté d’accès à l’intérieur de la médina de

Fès. Ils sont organisés par quartiers, trois actuellement ; il est prévu l’organisation de deux

autres.

Dans sa forme actuelle, cette initiative s’apparente davantage au volontariat tel que

pratiqué dans les chantiers de jeunes car les adhérents ne perçoivent aucune rémunération. Ils

bénéficient d’avantages matériels (billets gratuits pour des festivités auxquels ils apportent

leur concours, réduction de titre de transports et voyages d’échange).Ils ne bénéficient jusqu’à

présent d’aucune couverture sociale. Ils signent simplement un « acte de fidélité » et doivent

s’engager à respecter un cahier des charges. Aucun niveau scolaire n’est exigé et l’âge requis

se situe entre 18 et 55 ans.

Les volontaires se recrutent majoritairement parmi les artisans ou les jeunes des

quartiers. Le recrutement est mixte et le pourcentage de filles est pratiquement identique à

celui des garçons. Ils sont formés pour assurer une assistance logistique et organiser les

premiers secours avant l’arrivée de la Protection Civile. Pour maintenir la cohésion des

groupes, des activités sont développées sous forme de clubs et en fonction des centres

d’intérêts des volontaires (musique, sports) pour les quartiers concernés Cette expérience a

déjà été réalisée en Turquie et en Iran.

Des voyages et rencontres sont prévus en Turquie. Pour fidéliser les adhérents, la mise

en place d’un véritable contrat est actuellement envisagée. On compte actuellement 120

volontaires environ.

La multiplication de ces nouvelles formes de volontariat/bénévolat met en évidence

une prise de conscience nationale quant à la nécessité d’une restructuration/actualisation du

secteur associatif, et de ses relations avec ses partenaires institutionnels, qui prenne davantage

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en compte les réalités actuelles du pays tant au plan politique, qu’économique et

socioculturel.

Principaux constats et conclusions

Les données recueillies au cours des entretiens, lors des ateliers nationaux et régionaux

ou des focus groupes ont permis de dégager certains constats concernant le bénévolat et le

volontariat.

A partir des suggestions formulées et des remarques qui ont été faites, il apparaît

nettement qu’il est fondamental de différencier les deux termes car ils recouvrent des réalités

différentes qui seront, dans le contexte socio-économique actuel, de plus en plus distinctes

bien que complémentaires. Si le volontariat, dans sa forme actuelle intéresse davantage un

public jeune qui désire ne s’impliquer que ponctuellement, le bénévolat, des seniors

notamment, demeure toujours le ciment du tissu associatif.

On peut donc en conclure que, pour mobiliser et motiver un plus large public, le développement simultané du bénévolat et du volontariat apparaît comme une approche incontournable.

Le cadre du bénévolat et du volontariat au Maroc ainsi posé, il s’agit pour revenir aux

objectifs de l’étude de déterminer et de comprendre les problèmes qui se posent actuellement

concernant l’engagement des jeunes dans le secteur associatif. Pour ce faire il nous faut

étudier le fonctionnement des associations en tant que contexte privilégié de l’exercice du

bénévolat et du volontariat

Ainsi, à travers l’analyse des pratiques associatives pourra-t-on repérer, le plus

visiblement, les facteurs de blocage et, partant, de démotivation.

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III. Le Contexte Associatif comme cadre d’exercice du Bénévolat et du Volontariat au

Maroc

Comme il en a été fait mention précédemment, c’est dans le secteur associatif que se

trouve la grande majorité des bénévoles. C’est donc la relation entre le bénévole et

l’association qui retiendra notre attention.

Le tissu associatif étant très disparate, les pratiques des associations sont, de ce fait, très

diversifiées. Elles sont généralement liées à la forme même de l’association, à la sensibilité de

ses membres, à ses objectifs et à ses capacités organisationnelles.

Pour mieux appréhender ces différences, nous avons tenté d’en faire une

classification qui bien que schématique, en représente les groupes les plus significatifs.

1. Une typologie des associations …

Cette typologie, quelque peu schématique nous aidera cependant à mieux comprendre

les pratiques bénévoles en lien avec l’objectif de l’étude. Nous les avons donc classées en 4

grands groupes :

1- Les associations créées autour d’un « thème dominant »: celui traitant des droits

humains, à vocation revendicative (droits de l’Homme, droit des Femmes, handicap,

gouvernance et transparence…). L’organigramme de l’association fait apparaître des

comités, des sections, des commissions répartis en fonction des axes stratégiques et des

projets. La participation des bénévoles y est efficace et militante, mais plus ou moins bien

structurée.

2- Les associations « structurées et professionnalisées » : ce sont généralement des

associations nationales, thématiques). La plupart de ces associations s’appuient sur un

personnel salarié et sur une équipe dirigeante bénévole (CA). Exception faite d’un ou

deux membres du CA, les bénévoles, de manière générale, ne sont généralement pas

tenus régulièrement au courant de ce que fait l’association et ne sont pas régulièrement

informés de ses activités. Ils se contentent d’assister aux réunions annuelles et à quelques

manifestations. De ce fait, les bénévoles sont peu impliqués dans le fonctionnement ou les

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activités de l’association. Leur implication y est donc très ponctuelle : elle se limite au

pilotage stratégique, à l’orientation par les membres du conseil d’administration, du

comité de gestion ou d’un bureau restreint.

Dans ces associations, lorsque le personnel salarié a de larges pouvoirs et que les

bénévoles sont peu présents, nous assistons à une dualité de discours, à des oppositions

sous-jacentes qui génèrent une tension perpétuelle très perturbante pour le

fonctionnement de l’association. Dans ce même type d’associations, lorsque

l’administration est très hiérarchisée, les permanents ne sont, souvent considérés que

comme des exécutants assimilés à des employés « lambda ».

Aucune synergie ne peut alors être développée en interne car dans ces associations, la

répartition des rôles entre les bénévoles et les salariés est souvent mal définie, ce qui crée

un malaise dans le fonctionnement de l’association.

Les bénévoles éprouvent alors un sentiment de non appartenance et de frustration, ce qui

les démotive, allant même parfois jusqu’à un rejet de l’association.

3- Les associations de « tendances et d’intérêts » : elles peuvent être nationales, régionales,

locales. Leur point commun c’est leur organisation minimale étant donné qu’elles sont

généralement pilotées uniquement par une ou deux personnes qui monopolisent toutes les

instances de décision et portent personnellement l’association. C’est le CA et/ou le

bureau opérationnel qui ont le pouvoir décisionnel et centralisent l’information. Celle-ci

est rarement diffusée à l’ensemble des membres qui, de ce fait, se sentent peu concernés.

Les bénévoles n’ont aucun pouvoir ni responsabilité. Ils ne jouent alors qu’un rôle

secondaire de figurant. C’est généralement le cas des jeunes bénévoles qui entrent dans

ces associations pour participer ou réaliser une activité précise et ponctuelle qui les

intéresse particulièrement (activités sportives ou culturelles….).

Comme on leur laisse très peu d’initiative ou qu’ils sont affectés à une autre activité, les

bénévoles ont, dans ce cas, l’impression d’avoir été utilisés, ils sont frustrés et quittent la

structure.

4- Les associations « locales de développement » : organisées autour d’un intérêt collectif,

ces associations ont une forte légitimité. Elles ont souvent été créées dans les années 90

pour répondre à des besoins communautaires vitaux, (eau, routes, écoles, dispensaires).

Elles ont recours à peu de salariés (généralement une ou deux personnes et de plus,

ponctuellement) ou lorsqu’il y en a, c’est généralement dans un cadre professionnel pour

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encadrer et former les bénévoles. Ces derniers sont impliqués au quotidien dans la gestion

de l’association.

Généralement le fonctionnement s’organise autour d’une personne ou d’un groupe qui a

le leadership mais qui est reconnue et acceptée par toute la population. C’est souvent un

instituteur issu du douar et qui est revenu s’installer dans son village d’origine qui remplit

ce rôle car il a la confiance de toute (ou presque) la population qu’il est, de ce fait,

capable de mobiliser.

Les bénévoles qui sont, en même temps, les bénéficiaires des services de l’association,

sont impliqués dans la réalisation des objectifs à tous les niveaux (conception, réalisation

et gestion des projets et des activités). Ce type d’association génère une synergie

collective et solidaire. Les bénévoles s’impliquent spontanément, c’est une action qui va

de soi car il n’y a pas de rupture avec les objectifs initiaux. On assiste alors à une

évolution de la société locale qui reste en phase avec son environnement,

Bien que très différentes tant par leur structure que par leurs objectifs, toutes ces

associations se trouvent confrontées toutefois à un phénomène commun : Ce sont les

changements qui s’opèrent dans les motivations et les attentes des bénévoles.

2. Les nouvelles attentes des bénévoles et volontaires

Au cours de ces quinze dernières années, le développement massif et quelque peu

anarchique des associations, dont certaines sont purement opportunistes, a généré une

véritable crise de confiance de la part des bénévoles et des volontaires, des jeunes plus

spécialement souvent désabusés par une ou plusieurs expériences associatives peu

convaincantes. Ils prennent alors leur distance vis-à-vis des associations. Cette méfiance se

traduit, soit par un désengagement, soit par un rejet à intégrer toute forme d’organisation

associative ou politique. Le bénévolat altruiste et militant semble n’être plus l’apanage que

d’irréductibles cinquantenaires pleinement engagés.

Toutefois, l’implication des bénévoles et des volontaires dans les associations est

différente selon les objectifs et motivations qui sous tendent ces dernières. Il y a souvent

un « déphasage » entre les aspirations et les attentes des bénévoles et volontaires et ce que

leur offrent les pratiques associatives en vigueur actuellement.

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A travers les focus groupes, entretiens et ateliers relatifs on a pu noter, de la part des

jeunes (20 à 30 ans) essentiellement, une prise de conscience et le développement d’un sens

critique face à la gestion associative et, partant au rapport qui s’instaure entre l’association et

le bénévole et/ou le volontaire.

Nous allons donc analyser les pratiques associatives, dans leur forme actuelle afin de

comprendre où se situent les facteurs de blocage impactant l’action bénévole/volontaire.

3. Influence de l’Ethique et des pratiques associatives sur le Bénévolat et le Volontariat

Toute pratique fait nécessairement référence à des valeurs et à une éthique. Nous

commencerons donc par l’analyse de ce volet.

La transparence, maillon faible de l’éthique associative

Si légalement la raison d’être et les objectifs des associations sont inscrits dans leurs

statuts, les motivations de leurs membres ne sont, par contre, pas toujours clairement

définies. Elles peuvent être d’ordre philanthropique comme elles peuvent être dictées par des

intérêts purement matériels, politiques, relationnels, financiers ou de représentation sociale.

La création d’une association peut répondre également à un phénomène de mode.

A travers les entretiens et l’étude documentaire on constate le peu d’importance que les

associations attachent à leur référentiel éthique même si le concept en soi est toujours

invoqué/évoqué…. Si, pour certaines associations, leurs documents officiels déclinent des

valeurs et des principes sur lesquels l’association fonde son action, l’application de ces

valeurs reste peu présente dans le fonctionnement quotidien de l’association.

Des pratiques « déviantes » qui n’ont plus de rapport avec l’éthique associative peuvent

alors s’instaurer, dérives facilitées par le manque de cadrage de la structure influençant

négativement de ce fait les motivations des bénévoles et volontaires.

Citons pour exemple les associations créées uniquement pour des opportunités de

financement, comme ce fut initialement le cas lors de la mise en place de l’INDH.

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Conscientes de ces détournements, certaines associations, soucieuses de préserver la

crédibilité du secteur associatif, se sont mobilisées depuis quelque temps, afin de susciter

débats et réflexions à ce sujet. C’est le cas de l’Espace Associatif avec un programme sur la

gouvernance, du Carrefour Associatif et de ses associations partenaires qui ont organisé une

réflexion sur le référentiel éthique des associations. De la même manière, l’AMSED intègre à

ses programmes une action sur la transparence dans les associations.

Le Ministère du Développement Social de la Famille et de la Solidarité, quant à lui, a

lancé des débats régionaux sur l’éthique associative qui se sont soldés par l’élaboration d’une

charte éthique signée pas un ensemble d’associations. Le Ministère tente d’opérationnaliser

cette charte dans le cadre des conventions qui le lie aux associations.

Toutefois, force est de reconnaître que, jusqu’à présent ces initiatives relèvent

davantage du « vœu pieux » ; très peu de mesures cadrant l’action associative ont été

mises en place jusqu’à ce jour. Partant, les contributions et attributions des bénévoles et

volontaires n’ont pas été davantage précisées.

Cette carence est évidemment plus flagrante pour les bénévoles qui ne sont soumis

qu’à des statuts et règlements intérieurs souvent standards et peu adaptés. Ce n’est pas le cas

des volontaires dont l’action est formalisée par un contrat précisant les conditions de

réalisation de leur mission et les résultats attendus.

Directement liée à l’éthique, la transparence financière est un critère important pour une

structure à « but non lucratif ». Or, force est de constater que cette dernière est un des points

faibles dans la gestion des associations.

Dans le principe, les associations sont tenues, plus que n’importe quelle autre

organisation à veiller à la transparence de leurs comptes. En effet, l’argent qui leur est confié

est censé apporter une aide à des personnes en difficultés ou financer des actions citoyennes

d’intérêt général. La transparence est un préalable incontournable d’autant que ce manque de

transparence financière s’accompagne souvent d’une gestion « à vue », approximative et peu

professionnelle.

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On constate très fréquemment qu’un grand nombre d’associations communiquent peu

sur ce volet. On peut invoquer plusieurs raisons à cela :

- l’une culturelle : l’argent est toujours entouré de tabou ;

- l’autre de malversations : il y a parfois des détournements d’utilisation des fonds dans la

gestion financière des associations, des emplois d’argent non justifiés ou employés à des

fins pour lesquelles ils n’étaient préalablement destinés ;

- On ne peut cependant pas toujours taxer de malversation certaines pratique, car parfois

le manque de financement concernant les frais de fonctionnement des associations pose

un réel problème de trésorerie.

Il est à signaler qu’un nombre limité d’associations a recours à des audits annuels pour

renforcer leur transparence et gérer au mieux les fonds qui leur sont donnés. Parmi celles

interviewées et qui accordent une importance particulière à ce volet il y a lieu de citer,

AMSED, le Carrefour associatif, l’Espace associatif, le FMAS, AMESIP pour ne citer que

celles là… mais ce sont des associations à dimension nationale, ce qui n’est pas le cas de la

grande majorité des associations

Conscient de ce problème, et pour dépasser ces contraintes, le Ministère du

Développement Social a demandé un audit financier de ses associations partenaires

La transparence financière est un élément de confiance envers l’association pour le

bénévole et le volontaire aussi bien que pour tous les partenaires et bailleurs de fonds. Elle

limite en outre les dérives et élimine ou stigmatise les associations « malsaines ».

Quant à la plupart des bénévoles / volontaires, ils ne sont pas informés de l’emploi des

fonds qui ne fait d’ailleurs l’objet d’aucune concertation.

Capacités organisationnelles et fonctionnement de l’association :

Exception faite de certaines associations qui sont encadrées et gérées par des ressources

humaines professionnelles, compétentes et spécifiquement formées, la grande majorité

d’entre elles, et tous domaines d’intervention confondus, sont faiblement structurées et peu

organisées.

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L’action des bénévoles ou des volontaires est alors peu visible, donc peu valorisante et

valorisée. Aucun suivi de leur activité n’est effectué. Quant à l’impact de leur action, elle ne

fait l’objet d‘aucune capitalisation. L’absence récurrente de reconnaissance de leur

contribution se solde par une démotivation puis par une démission de l’association.

De façon générale, l’organisation de l’association reste peu adaptée à la mission et aux

objectifs pour lesquels elle a été créée. A travers cette étude, on relève dans la majorité des

cas, une standardisation de son organisation qui se compose, toutes missions confondues

d’une Assemblée Générale, un Conseil d’Administration, un bureau et lorsque l’association

est plus structurée de commissions. Si la fonction de l’AG et du CA est plus ou moins

précisée dans le statut et le règlement intérieur, les autres organes fonctionnent de manière

informelle, se référant aux « pratiques associatives » avec des mandats peu précis.

Or ce sont des facteurs qui minimisent l’action des bénévoles et des volontaires car ils

n’ont pas une vision globale de leur rôle et de leur mission tant en termes de mise en oeuvre

que d’impact.

Lors des entretiens, les bénévoles et les volontaires soulignent l’imprécision de la

répartition des rôles, qu’il s’agisse du leur ou de celui des autres membres. Quant au

fonctionnement, ils trouvent qu’il relève bien souvent de l’improvisation. En outre leur avis

est très peu sollicité dans les prises de décision qui se font généralement dans l’urgence et

sans concertation préalable. Tous ces différents points sont autant de facteurs qui influent

sur le développement du bénévolat et du volontariat chez les jeunes.

Le fonctionnement des associations est peu formalisé, car il est relevé au niveau des

entretiens et de l’observation faite in situ que la majorité des associations ne dispose pas de

procédures écrites précisant les règles de fonctionnement et les procédures de leur mise en

œuvre. On s’aperçoit alors que les statuts et règlements intérieurs qui sont des documents de

base censés réglementer les associations et définir leurs objectifs sont très peu consultés et

souvent peu respectés par leurs membres, une fois élaborés et déposés auprès des autorités en

vue de la constitution de l’association et de sa validation.

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De ce fait, la répartition des responsabilités entre les décideurs est floue ce qui donne

lieu à des modes de fonctionnement, souvent autocratiques, dirigés par une ou deux

personnes (souvent un président fondateur reconduit dans ses fonctions à chaque A.G, un

secrétaire général et parfois un trésorier) qui cumulent tous les pouvoirs de décision (choix

d’orientation et élaboration de projets, représentation, partenariat, engagement et exécution

des dépenses, contrôle…). Il en est d’ailleurs été fait mention dans la typologie des

associations

Seules les associations thématiques défendant des causes et des valeurs sociétales fortes

telles que les droits humains, le plaidoyer, la question des femmes, ou des enfants en

difficulté sont moins concernées par le désengagement des bénévoles/volontaires car ce sont

des causes très mobilisatrices qui touchent un public militant sans distinction d’âge.

4. Vision Stratégique à Moyen et Long Terme

Les associations, pour un bon nombre d’entre elles, ont une vision à court terme,

davantage dictée par l’opportunité d’un financement, condition sine qua none de durabilité.

Seules quelque unes anticipent le long terme pour leurs orientations, le choix de leurs

programmes, leurs moyens et leur positionnement.

Nous citerons l’exemple de l’association Ouled Mimoun dans la province de Chtouka

Aït Baha : cette dernière est un modèle en ce sens qu’elle a su évoluer par phases successives

et que d’association villageoise elle est devenue l’équivalent d’une association provinciale

pilote.

Elle élabore son plan stratégique en fonction des besoins et avec l’aval de toute sa

population. Elle n’agit pas en fonction des opportunités de financement mais en fonction des

besoins de sa population cible qui constitue un réservoir de bénévoles encadré pour chacun

des programmes par un salarié professionnel payé sur les revenus propres de l’association.

Dans l’élaboration de son plan stratégique, l’association doit faire une large place aux

ressources humaines. Ainsi, l’adhésion des bénévoles et des volontaires n’est pas une

question d’opportunité mais elle doit correspondre à un besoin préalablement identifié. Leurs

tâches sont alors définies après concertation et en fonction des besoins réels de l’association.

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Mais, comme les associations agissent généralement dans l’urgence pour répondre soit à

la proposition d’un bailleur de fonds, soit à une demande de partenariat elles s’écartent bien

souvent de leur projet initial. Comme ce changement de cap se décide au niveau du CA sans

concertation avec la base, les bénévoles ne comprennent plus quelle est leur mission dans

l’association.

Cette constatation est ressortie au cours d’entretiens avec des bénévoles et des volontaires.

Ils ont laissé apparaître une certaine désillusion car, dans nombre de cas, la mission qu’ils

avaient à accomplir était totalement différente de celle pour laquelle ils s’étaient engagés,

sans qu’ils en aient été avertis.

Ce manque de concertation est d’autant plus frustrant que les motivations des

bénévoles/volontaires ne sont souvent pas prises en compte pour des contraintes budgétaires.

Ce sont alors les opportunités de financement qui déterminent les domaines d’intervention

des associations et non plus les besoins de leurs populations cibles. Les financeurs

deviennent alors les décideurs quant aux secteurs d’activité à développer, et ce, en fonction

de leurs seuls centres d’intérêt.

Certaines associations totalement déconnectées de leur environnement fonctionnent alors

comme des bureaux d’étude et l’apport des bénévoles et des volontaires s’apparente à de

l’exploitation d’une main d’œuvre à bon marché

Quel est alors, dans ce cas, le rôle et la fonction des bénévoles ou des volontaires qui se

sont engagés librement, de manière désintéressée, pour accomplir une action au profit d’une

communauté défavorisée?

5. Gestion des Ressources humaines

Dans le cadre du bénévolat et du volontariat, si on veut les impliquer davantage il est

fondamental de dépasser ces contraintes en essayant, pour une part du moins, d’y remédier,

en développant un savoir faire en matière de mobilisation, de recrutement et de fidélisation

des bénévoles et volontaires.

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Etude sur le Bénévolat et le Volontariat au Maroc, Rapport final, juillet 2010

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5.1. Identification et mobilisation des bénévoles et volontaires

5.1.1 Le bénévolat

a) Recrutement

Selon qu’il s’agisse de bénévoles ou de volontaires le processus de recrutement est

différent tant au niveau de la périodicité que de l’objectif de la mission. Les conditions, aussi,

sont différentes puisque pour le volontaire, la mission s’effectue dans un cadre juridique

déterminé, avec signature d’un contrat.

Toutefois, même au niveau du bénévolat, il y a maintenant deux formes d’engagement,

un bénévolat permanent qui est plutôt l’apanage des seniors et un bénévolat ponctuel ou de

mission qui est plutôt adopté par les jeunes qui préfèrent s’engager à plein temps mais pour

une durée déterminée.

Bénévolat « permanent » :

On appelle bénévole permanent celui qui adhère à l’association sans préciser la durée

pour laquelle il s’engage. Généralement, le bénévole est recruté par un ami ou un parent,

c’est le cas le plus fréquent. Il y a également les campagnes de mobilisation à partir des

établissements scolaires ou lors de journées thématiques (environnement, gouvernance, droits

humains….). Exception faite des associations structurées qui interviennent dans le cadre de

grands programmes en partenariat avec des ONG internationales professionnelles, qui ont une

action organisée de mobilisation de bénévoles (et elles sont très rares), les procédures de

recrutement des bénévoles ne sont généralement pas décrites ou sont brièvement précisées

dans le règlement intérieur auquel il est fait simplement référence.

Cooptation et Parrainage :

La création de l’association donne généralement lieu à une cooptation de membres

ayant une même sensibilité ou une même appartenance politique. Puis, en second lieu, les

membres fondateurs cooptent les futurs dirigeants. Dans ce cas, peut-on parler de choix et

d’élection ? C’est davantage une formalité d’investiture des dirigeants (conseil

d’administration, bureau etc.).

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Etude sur le Bénévolat et le Volontariat au Maroc, Rapport final, juillet 2010

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Quant au parrainage il concerne les nouveaux adhérents. Ils sont « recrutés » par le

parrainage d’un ami ou d’un ancien membre de l’association. Rares sont les associations qui

exigent, dans ce cas des informations sur le parcours, les compétences et les motivations du

nouveau venu. Le curriculum vitae et une lettre de motivation qui permettent de situer le

parcours du « candidat », de présenter ses compétences et ses motivations ne sont pas

systématiquement demandés.

De la même manière, le recrutement d’un nouveau bénévole ne répond pas

automatiquement à un besoin en ressources humaines préalablement identifié par

l’association. C’est davantage une question d’opportunité. L’association ne recherche pas

toujours les profils précis qui lui seraient nécessaires pour combler un déficit en expertise.

Les procédures d’adhésion, lorsqu’elles existent, ne sont souvent pas ratifiées par écrit,

de la même manière que les associations ne précisent pas la mission ou le cahier des charges

des bénévoles.

L’adhésion du nouveau bénévole se fonde davantage sur les connaissances et les

amitiés qu’il a dans l’association que sur sa motivation, son apport potentiel, son adhésion au

projet de l’association, sa croyance aux principes et valeurs défendus par l’association.

En ce qui concerne les jeunes les associations ne disposent pratiquement pas de stratégie

de mobilisation. De même que le problème de la relève des ressources humaines au niveau

du président et du CA est rarement abordé, sauf en cas de démission.

Bénévolat ponctuel :

Il s’agit de la mobilisation de bénévoles qui ne sont pas nécessairement des adhérents

mais qui peuvent apporter ponctuellement une contribution, service, appui, ou mobilisation

pour la réalisation d’une activité ponctuelle (événement national, journée de mobilisation

locale autour d’une problématique récurrente…) autour d’un thème d’intérêt commun. Ce

type de mobilisation est de plus en plus fréquent chez les jeunes, comme moyen de

mobilisation sociale. Plusieurs personnes interviewées ont montré leur disponibilité à

apporter une contribution bénévole ponctuelle aux associations sans être adhérent permanent.

Le recours à cette forme de bénévolat nécessite une organisation maîtrisée et des règles

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Etude sur le Bénévolat et le Volontariat au Maroc, Rapport final, juillet 2010

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strictes en termes de respect d’engagement et de programmation. Ce qui est constaté à travers

les entretiens avec les acteurs associatifs c’est que les associations ont des besoins importants

en termes d’appui pour la réalisation de leurs activités, mais elles n’arrivent pas à bien les

définir ni à s’organiser pour les mobiliser. Le recours au bénévolat ponctuel est un apport

important pour les associations car, comme il n’y a pas l’usure d’un travail récurrent, une

large place peut être réservée à l’esprit de créativité.

Les campagnes de mobilisation en milieu scolaire ou lors de journées thématiques sont

un nouveau moyen pour approcher les jeunes dans le cadre d’actions ponctuelles. Ce peut

être un moyen de les sensibiliser et de les familiariser avec le milieu associatif. Le recours à

ce type de procédé est de plus en plus utilisé pour intégrer les jeunes dans des activités

associatives à caractère éducatif, social, citoyen. Citons pour exemple l’éducation par le

paire dans le domaine de la lutte contre le sida qui est tout à fait au point à l’AMSED et

l’ALCS.

La sensibilisation des jeunes à la politique et à la citoyenneté, les jeunes parlementaires,

le débat sur la charte de l’environnement et les activités qui en résultent peuvent également

s’organiser à partir d’un bénévolat ponctuel qui est à mi-parcours au niveau de l’approche,

entre bénévolat et volontariat…

Le bénévolat ponctuel donne également aux associations la possibilité d’atteindre leurs

objectifs grâce à une plus large mobilisation de potentiel humain non exploité jusqu’à présent

car il est moins contraignant de s’engager ponctuellement que de manière permanente.

b) Accueil

Au cours des entretiens nous avons relevé le fait que les dispositifs d’accueil des

bénévoles, tous types de bénévoles confondus, destinés à faciliter leur arrivée et leur

intégration dans les associations, sont très faibles, voire inexistants, exception faite de

quelques rares cas. Les nouveaux bénévoles sont généralement livrés à eux-mêmes, pour

découvrir l’association ce qui est plutôt démotivant d’autant que dans les associations il y

existe rarement un espace accueillant qui leur soit réservé.

Ce manque d’intérêt à l’égard des nouveaux venus, le peu d’empressement mis à les

accueillir est dévalorisant et désécurisant. Peu motivés ils ne se sentent aucune obligation vis-

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Etude sur le Bénévolat et le Volontariat au Maroc, Rapport final, juillet 2010

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à-vis de l’association, ce qui induit nécessairement un comportement laxiste d’où une

présence irrégulière, voire un absentéisme patent.

Ce genre de dysfonctionnement fragilise les chances d’intégration et freine l’élan

volontariste. Rares sont les associations qui préparent l’accueil des bénévoles ou qui leur

aménagent un espace de rencontre.

Ce manque d’intérêt apparent est du surtout au manque d’organisation et à un partage

des tâches imprécis. Il y a peu de réunions ou de rencontres conviviales avec les anciens

membres qui soient organisées.

La documentation mise à disposition de même que les visites des projets réalisés sont

rarement effectuées…De même qu’il serait utile de leur faire rencontrer les acteurs clé de

l’association (partenaires, bienfaiteurs…).afin qu’ils s’approprient les objectifs de

l’association.

La pratique du tutorat utilisée en entreprise ou dans certaines universités qui consiste à

faciliter un accueil personnalisé au nouveau venu en lui désignant un tuteur, généralement un

ancien membre de l’association, ce dernier sera chargé de le présenter aux autres membres, de

lui faire l’historique de l’association, de lui expliquer sa stratégie, ses projets, ses valeurs et

ses perspectives. Un organigramme de l’association lui permettra de se situer et de

comprendre les rôles et fonctions qui lui seront attribués.

c) Suivi / Accompagnement

Lors d’une mission, surtout lorsqu’il s’agit de la première, le bénévole ne peut être livré

à lui-même, or nous avons pu constater, au cours des entretiens, que pour la majorité des

bénévoles, la mission qui leur était confiée était définie et expliquée dans les grandes lignes et

parfois appuyée par une formation de base sommaire. Quant à sa mise en œuvre et son suivi,

cela restait à la seule initiative du bénévole. Ce manque d’accompagnement est d’autant plus

dommageable que le bénévole qui s’engage dans une association a besoin d’un cadre

sécurisant et protecteur qui lui procure un sentiment d’appartenance à une collectivité, ce que

les structures étatiques, du fait de leur centralité, ne peuvent lui apporter. C’est une des

raisons invoquées au cours des entretiens et lors des focus groupes et ateliers. C’est aussi par

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Etude sur le Bénévolat et le Volontariat au Maroc, Rapport final, juillet 2010

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le suivi/accompagnement que le bénévole va acquérir une expertise, qui fait partie de ses

attentes, chez les jeunes surtouts.

En conclusion de ce volet relatif aux modalités de recrutement et d’engagement des

jeunes bénévoles, il apparaît que, pour être pleinement crédible le secteur associatif doit se

restructurer, s’organiser, et s’ouvrir.

L’association n’est pas un club où l’on rentre si on est coopté mais un lieu ouvert où

seules les compétences, la disponibilité, l’altruisme et la volonté de travailler pour une cause

commune doivent être pris en compte. De même qu’il faut apprendre à travailler ensemble et

se concerter, avec tous les acteurs concernés : les populations cibles, les associations entre

elles, les pouvoirs publics, les collectivités locales et les bailleurs de fond.

5.1.2 Le Volontariat

Concernant le volontariat, si les candidats sont mobilisées sensiblement autour des

mêmes axes que pour le bénévolat : action à but non lucratif, d’intérêt général limitée dans le

temps, la démarche est différente car à l’inverse du bénévolat, elle est soumise à des règles

précises et à des normes. Pour les organismes internationaux, les conditions sont quasiment

identiques dans les grandes lignes du moins.

a) Recrutement

Le recrutement se fait généralement par appel à candidature, précisant les conditions

d’admission, définissant les critères d’attributions, les qualifications exigées, la mission et les

résultats attendus, la durée…

Dans la plupart des cas le volontaire est informé de la définition de la mission et pour

certaines activités, plus ciblées (agriculture, santé…) une précision du profil est demandé.

Le candidat est alors soumis à un entretien, ce qui permet de s’assurer de l’adéquation de ses

qualifications avec le poste proposé.

Néanmoins, ces conditions ne sont pas systématiquement respectées. En fonction des

organismes et des circonstances de l’ouverture du poste, (quelquefois subventionnés par les

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coopérations, ou par des organismes internationaux…) les conditions et les procédures de

recrutement sont respectées mais les missions assignées et les pays d’accueil ne sont pas

nécessairement ce que le volontaire avait demandé eu égard à sa formation de base. Ce

constat est très souvent ressorti des entretiens avec les volontaires internationaux

Dans le cas de la plate forme marocaine de volontariat, la sélection des futurs

volontaires s’est faite différemment en privilégiant une démarche expérimentale de

sensibilisation pour identifier les volontaires potentiels, suivie d’un processus de sélection à

l’intérieur de chaque association.

Formalisation les volontaires sont: généralement liés à l’organisation qui les accueille

par un contrat formel qui définit le cadre de leur mission, les obligations des deux parties, la

durée, le mode d’indemnisation, les conditions matérielles et financières, les tâches qui

incombent au volontaire, les règles générales régissant le contrat etc. Il s’agit donc là d’une

différence majeure entre le bénévolat et le volontariat. De la même manière la réalisation de

la mission du volontaire peut être cadrée par un cahier de charge qui précise les tâches qu’il a

à accomplir, sa subordination hiérarchique, les moyens mis à sa disposition par l’organisation

d’accueil, les modalités et conditions de réalisation de sa mission.

b) Accueil des volontaires

Contrairement aux bénévoles, l’arrivée des volontaires répond à un protocole : ils

rencontrent les dirigeants et les encadrants qui leur expliquent leur mission, leur présentent la

structure et ses attributions et leur expliquent les conditions de travail. Des documents

expliquant et détaillant leur mission leur sont remis, ils font les visites de terrain, sur les lieux

des projets et sont présentés aux autorités et à leurs futurs partenaires.

Ces dispositifs d’accueil sont liés aux conditions qui justifient leur venue et sont

destinés à les intégrer dans l’organisation. Une activité leur est dévolue et le travail à fournir

sera sanctionné par un rapport qui rendra compte des résultats obtenus. Mais si la procédure

présentée par les responsables des organismes d’accueil semble parfaitement au point et ne

pose pas problème, il y a, par ailleurs la capacité d’adaptation des volontaires et leur

immersion dans un milieu et une culture qui leur sont généralement étrangers. Lorsqu’ils sont

en difficulté ils invoquent le manque d’ d’intérêt voire d’enthousiasme qui marquent leur

arrivée, surtout lorsqu’ils sont envoyés dans des zones particulièrement isolées. Ceci vaut

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surtout pour les volontaires des Peace Corps. Certains les plus fragiles ont du mal à

s’adapter, d’autres et tout particulièrement ceux ou celles qui ont une mission en rapport avec

les enfants, s’adaptent généralement bien .Ils demandent même parfois une prolongation de

leur contrat qui peut leur être accordé pour un an.

c) Suivi /Accompagnement

Après l’intégration dans l’association que ce soit pour le bénévole ou le volontaire se

pose la question de leur accompagnement pour mieux contribuer à la réalisation des objectifs

des organismes d’accueil. Deux composantes nous semblent importantes à explorer la

formation du bénévole et du volontaire et le suivi de l’action par l’association. Comment les

associations préparent elles et/ou améliorent elles les capacités et les qualifications de ces

deux ressources ? Et comment suivent-elles leur évolution au sein de la structure?

IV. Contraintes et Enjeux du Bénévolat au Maroc

Nous avons regroupé sciemment les contraintes et les enjeux car ce sont deux entités

interdépendantes et interactives comme nous allons pouvoir le constater ci-dessous.

1. Le bénévolat : une formalisation souhaitée mais jusqu’à quel point souhaitable ?

Dans tous les ateliers, focus groupes et au cours de la plupart des entretiens, la question

d’un cadre de référence pour le bénévolat a toujours été à l’ordre du jour qu’il s’agisse des

bénévoles aussi bien que des instances publiques. Ce cadrage du bénévolat doit retenir toute

notre attention :

Quelle formalisation pour le bénévolat ?

La formalisation de l’acte bénévole et des activités réalisées dans ce cadre est très peu

développée. Les bénévoles n’ont généralement pas de dossier dans l’association, leurs

activités sont faiblement ou mal documentées. Pour les petites associations surtout, exception

faite de quelques écrits comme les comptes rendus des réunions, les ordres de mission (pour

celles qui les utilisent), il y a peu de traces écrites.

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Etude sur le Bénévolat et le Volontariat au Maroc, Rapport final, juillet 2010

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C’est ce qui explique qu’aujourd’hui on ne peut pas estimer l’apport des bénévoles que

ce soit en terme de contribution en investissement de savoir et savoir-faire ou en temps. De

même qu’au plan financier le revenu qu’ils génèrent ne peut être ni évalué, ni comptabilisé

au niveau national.

Le temps passé dans une association ne fait l’objet d’aucune trace comptable.

Conscientes de cette lacune, quelques associations telles AMAPPE, ont fait des tentatives en

interne pour comptabiliser la contribution de leurs bénévoles.

Mais cette tentative reste à l’état embryonnaire. Il en est de même pour le Carrefour

associatif, le Programme Concerté Maroc.

Ces expériences méritent d’être capitalisées et généralisées. Il y a ici tout un chantier à

développer, un plaidoyer auprès des autorités pourrait permettre la valorisation de ces

contributions et leur estimation en termes de richesse.

En France, on estime à environ1% du PIB, la valeur monétaire du bénévolat si on se

réfère à l’étude réalisée en 2002 par Archambaut13. Cela représente 820.000 emplois environ,

en équivalent à temps plein.

Au Maroc, il y a une certaine résistance de la part des associatifs eux mêmes qui

freinent l’application en interne de cette pratique pour des considérations d’ordre diverse car

si il y a des bénévoles qui s’investissent dans le travail de l’association et s’acquittent de leur

responsabilités, d’autres n’attendent de l’association que les avantages et le prestige qu’ils

peuvent en retirer

Mais au-delà de ces considérations matérielles et de représentativité, se pose un réel

problème de fond : à trop vouloir encadrer et légiférer le bénévolat, ne risque-t-on pas de le

déposséder de sa valeur humaniste et sociale ce qui poserait un grave problème d’éthique.

Le bénévolat serait alors ravalé au rang de simple « marchandise »

2. Le partenariat avec les pouvoirs publics, une nouvelle forme d’organisation sociétale

13 Estimer le travail bénévole in « Economie et Statistique »décembre 2005

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Etude sur le Bénévolat et le Volontariat au Maroc, Rapport final, juillet 2010

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Depuis quelques années, l’Etat a pris conscience de l’impact du secteur associatif et a

décidé d’en faire le partenaire de certains ministères et instances traitant des problèmes

sociaux (droits humains, santé, éducation, environnement, agriculture…).

On peut considérer cette reconnaissance comme une « avancée » puisque c’est donner

officiellement une légitimité à une société civile dont l’action était, jusqu’à présent tout juste

tolérée, voire ignorée.

Ce partenariat peut prendre plusieurs formes :

- identification et réalisation de projets de développement local en partenariat avec des

associations locales (environnement, santé, alphabétisation, petites AGR) ;

- recrutement de jeunes, via l’association pour des programmes d’alphabétisation (il y a

actuellement 640 associations concernées) ou de sensibilisation.

Si le principe même de ce partenariat n’est pas à remettre en cause, la distribution/

répartition des rôles et fonctions de chacun des partenaires doit faire l’objet de toute

l’attention de la société civile. Si l’Etat devient un des principaux bailleurs de fonds du

secteur associatif, ne risque-t-on pas de se trouver dans une logique de

recomposition/reproduction de l’organisation sociale existante avec son mode de

fonctionnement vertical et centralisé, les associations devenant alors de simples exécutants au

service des organismes d’Etat. Une grande vigilance s’impose donc pour éviter toute relation

de domination/subordination et que le secteur associatif de « force de proposition ne

devienne organe d’exécution. »

3. Le déficit en matière de communication, une contrainte récurrente

Le déficit en matière de communication se manifeste à tous les niveaux qu’il s’agisse

des services publics ou de la société civile. On peut penser que la hiérarchisation de la société

est reproduite au sein même du tissu associatif, la rétention de l’information étant vécue

comme une forme de pouvoir.

L’absence de communication entre les services, les partenaires et à l’intérieur même des

structures (publiques ou privées) peut donc être assimilée à une donnée culturelle. Il n’est

qu’à prendre l’exemple du réseautage au Maroc. Bien qu’ayant fait l’objet de nombreux

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Etude sur le Bénévolat et le Volontariat au Maroc, Rapport final, juillet 2010

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débats, les réseaux restent, pour la plupart d’entre eux, des structures purement formelles.

Chaque association membre pense généralement plus à ce qu’elle peut en retirer plutôt qu’à

donner.

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V. Pistes de réflexion

Nous sommes conscients de la limite de notre travail, au regard des enjeux que

suscitent de tels domaines d’intervention, car c’est sur le bénévolat et le volontariat que

repose l’équilibre de l’ensemble de la société civile. Toutefois nous ne saurons trop insister

sur l’importance de la diversité des sources d’information documentaires et pratiques fournies

par les entretiens, les séminaires et ateliers réalisés dans ce cadre.

Ces différents outils d’investigation nous ont permis dégager des pistes de recherche

significatives qui pourront servir de support à d’autres travaux. C’est ainsi que nous

pourrons, grâce à un travail commun, pousser plus avant notre réflexion……

1. Bénévolat, volontariat au Maroc, une différence d’approche générationnelle ?

Lors des entretiens et des débats en ateliers régionaux, nous avons relevé, une

résistance voire un rejet quant à la différenciation des deux termes.

Il y a, semble-t-il plusieurs raisons à cela soit :

- une forme de sensibilité nationale à l’égard de l’importation d’idées ou de pratiques

étrangères : pourquoi, au Maroc faire la différence entre bénévolat et volontariat puisqu’il

n’y a qu’un seul terme : « atatawae », pour désigner les deux concepts. ? Les personnes

plus âgées qui ont une position ou un statut social établi sont les plus réfractaires au

changement.

- L’incompréhension d’un emploi différencié de deux termes qui, au Maroc, recouvrent

une même notion, le volontariat dans sa forme actuelle étant jusqu’à présent, une

donnée étrangère à la culture nationale.

- les groupes de jeunes, à l’inverse, et particulièrement ceux qui ont des responsabilités au

sein des associations ont parfaitement intégré la différence car ils ont des contacts avec

des structures institutionnelles ou internationales Après explication des deux approches, la

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Etude sur le Bénévolat et le Volontariat au Maroc, Rapport final, juillet 2010

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majorité des participant se sont montrés favorables à l’emploi différencié des deux termes

et très intéressés par le principe même du volontariat.

Par contre, les avis divergent quant au volontariat tel que pratiqué à l’international :

En négatif : Jusqu’à présent, son apport ne semblait pas des plus probants du fait de la portée

très limitée de la plupart des projets réalisés.

En positif : On peut l’envisager cependant comme une modélisation et, initialement, un

appui logistique et financier en vue du développement d’un volontariat national.

3. Le volontariat national, un aménagement positivé du service civil :

Lors des ateliers déjà réalisés et des focus groupes, comme au cours des entretiens il

apparaît très nettement que la mise en place d’un volontariat national s’inscrit parfaitement

dans les attentes des jeunes, plus attirés par un engagement à plein temps mais pendant une

durée limitée.

Inspiré du volontariat de solidarité international, les domaines d’intervention qu’il

couvre actuellement s’intègrent parfaitement aux besoins sociaux actuels : éducation,

économie sociale et solidaire, formation et insertion professionnelle, citoyenneté et accès aux

droits.

De plus, pour des jeunes, l’intérêt de cette nouvelle forme d’engagement est qu’elle

induit un feed-back puisqu’elle leur ouvre des portes (formation, contacts, pistes en vue d’un

emploi pour les chômeurs, ouvertures sur d’autres horizons).

Bien qu’encore actuellement sous « perfusion financière et logistique internationale » le

volontariat national peut être développé en interne.

On peut le penser comme un continuum revu et adapté du service civil qui a existé au

Maroc depuis les années 70 mais qui a souvent été un échec du fait qu’il était obligatoire et

souvent discriminatoire : en effet, les jeunes des familles pauvres et sans réseau relationnel

étaient envoyés et « oubliés » dans les régions les plus défavorisées, difficiles d’accès ou

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Etude sur le Bénévolat et le Volontariat au Maroc, Rapport final, juillet 2010

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encore dans des administrations dont les missions n’avaient aucun lien avec leur formation et

où les perspectives professionnelles étaient limitées.

Cependant, le principe était excellent en soi : des jeunes enseignants, médecins

consacraient deux ans de leur vie à la fin de leurs études à aider des populations déshéritées

ou à contribuer à l’effort de développement du pays moyennant une petite indemnité

mensuelle, ce qui développerait leur sens civique tout en leur apportant une meilleure

connaissance de leur pays.

Le volontariat national pourrait ainsi s’exercer au sein de structures associatives ou

publiques et ferait la promotion de la citoyenneté. Ce service civil pourrait servir de base de

réflexion à la création d’un volontariat national librement choisi. Il pourrait être financé

conjointement par une caisse indépendante, les collectivités locales, les ministères de

tutelle….

La mission du volontaire serait légitimée par un contrat précisant ses conditions (lieu,

nature, indemnité, durée) et qui lui garantirait un statut mentionnant les droits et les

obligations que chacune des parties cosignerait.

Ce pourrait être considéré comme un stage pratique, exonéré d’impôts, qui serait

capitalisé et valorisé en étant mentionné dans le CV, comme c’est le cas en France ou dans les

pays anglo-saxons.

Ce pourrait être également un apport de personnel qualifié qui fait cruellement défaut en

ce moment dans le domaine de l’éducation et de la santé notamment, sans que pour autant, il

soit considéré comme un apport de main d’œuvre à bon marché.

Le Maroc est un pays qui aujourd’hui a besoin de tout un potentiel humain et

particulièrement des jeunes. Or ceux ci constituent une richesse totalement sous-exploitée.

En donnant une chance aux jeunes de servir leur pays, en tant que volontaire national, c’est

contribuer à leur redonner :

• estime de soi ;

• confiance ;

• dignité ;

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Etude sur le Bénévolat et le Volontariat au Maroc, Rapport final, juillet 2010

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• implication sociale et politique ;

• sentiment d’utilité ;

• reconnaissance sociale ;

• formation et apprentissage permanent.

Au regard des suggestions formulées et des remarques qui ont été faites, il nous semble

indispensable de développer complémentairement le bénévolat et le volontariat au Maroc,

car si le volontariat, dans sa forme actuelle intéresse davantage un public jeune, le bénévolat

demeure toujours le ciment du tissu associatif.

3. Le Volontariat National comme moyen d’implication du secteur privé et entreprenarial

dans la dynamique associative

Afin de permettre au volontariat national de s’autonomiser et d’être totalement en

phase avec les besoins du pays, tout particulièrement au plan de la qualification des

ressources humaines, des jeunes notamment, plusieurs actions pourraient être envisagées :

- la création d’une banque de données des entreprises citoyennes marocaines, ces dernières

prenant en charge des formations qualifiées et ciblées (en fonction de la demande) pour des

jeunes volontaires, pendant une durée déterminée. Ces formations pourraient ensuite ouvrir

des pistes pour un emploi, soit au sein de l’entreprise formatrice ou dans une structure

similaire.

Cette démarche aurait une double finalité

o Une formation adaptée au marché de l’emploi en matière de ressources humaines et,

par voie de conséquence, potentiellement génératrice d’emploi ;

o Une contribution à la résorption du chômage des jeunes et une incitation à la création

de jeunes entreprises citoyennes ;

o Une implication des jeunes dans l’économie sociale du pays par le biais du secteur

privé.

Il semble que pour nombre d’entreprises privées, c’est davantage le manque d’information et

la méconnaissance des actions à entreprendre qui freinent leur implication dans une forme

d’économie sociale.

L’idée demande réflexion quant à sa réalisation, mais mérite qu’on s’y attarde.

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Etude sur le Bénévolat et le Volontariat au Maroc, Rapport final, juillet 2010

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4. Un Volontariat International Sud-Sud : Valorisation et Partage

Avec la fermeture des frontières, une majorité de jeunes, désoeuvrés et sans emploi sont

en manque de repères extérieurs et vivent en vase clos, confinés dans un univers qui n’est pas

valorisant, voire désocialisant. C’est alors la porte ouverte à tous les extrémismes. Ils sont en

perte d’identité et ne se reconnaissent pas de place dans la société, ne sont pas reconnus,

encore moins valorisés. Certains d’entre eux ont une expertise et un savoir-faire.

Apporter son aide et son expertise à des populations plus défavorisées, c’est une forme

de valorisation nationale et personnelle, c’est aussi regagner l’estime et la confiance en soi.

C’est une ouverture sur l’extérieur, sur d’autres populations plus défavorisées et c’est aussi

positif quant à l’estime de soi.

C’est aussi la connaissance, autre que virtuelle de l’autre qui enseigne la tolérance et le

droit à la différence.

En outre, cette initiative de partenariat Sud-Sud s’inscrit dans la nouvelle politique

socio-économique développée par l’Etat en direction des pays africains et notamment ceux

de l’Afrique de l’Ouest.

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Etude sur le Bénévolat et le Volontariat au Maroc, Rapport final, juillet 2010

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VI. Recommandations

1. Mesures communes Bénévolat/ Volontariat

• Clarifier et diffuser les droits et responsabilités des bénévoles et des volontaires en

élaborant notamment des guides de conduite et de bonnes pratiques ;

• Clarifier et cadrer les droits et devoirs des bénévoles et des volontaires en élaborant

notamment des guides conduites qui précisent et déterminent les bonnes pratiques ;

• Valoriser le cursus des bénévoles et volontaires en intégrant les expériences et acquis

dans leur carrières professionnelle ;

• Développer des outils de gestion du bénévolat et du volontariat (recrutement, accueil,

accompagnement, valorisation de l’apport, suivi)… ;

• Élaborer et diffuser, auprès des associations, un manuel de gestion des ressources

humaines, bénévoles, volontaires et salariés, et réaliser des formations en ce sens ;

• Mettre en exergue l’aspect éthique et moral de l’exercice du bénévolat et du

volontariat ; à travers les chartes, tout en proposant les moyens de son

opérationnalisation ;

• Initier une pratique de tutorat sous forme de « référent », « encadrant »,

« accompagnateur », « coach », « équipe solidaire », entre les seniors et les jeunes

bénévoles pour les guider, les orienter, les encadrer leur ouvrir les portes… ;

• Inscrire le bénévolat et le volontariat dans les programmes scolaires en l’organisant

(senior, expert senior) de manière à ce que la relève soit organisée par les jeunes ;

• Introduire le bénévolat et le volontariat dans le cursus universitaire ;

• Relancer le processus de création d’un dispositif de coordination de l’action

associative, autonome et indépendant ;

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• Procéder à une large diffusion du rapport final de l’étude ;

• Charger le Carrefour Associatif de compléter les chartes sur le bénévolat et le

volontariat et les diffuser pour signature.

2. Recommandations pour le bénévolat

• Développer une stratégie nationale de promotion du bénévolat dans un cadre

concerté, responsable et transparent impliquant des acteurs de la société civile et les

pouvoirs publics concernés ;

• Ouvrir un dialogue avec l’Etat afin de soutenir le développement du bénévolat sous

diverses formes, telles que :

-accorder des facilités de congé (la forme restant à définir), à des bénévoles pour

participer à des manifestations, aux activités de leurs associations, à des

formations ;

-soutenir financièrement les formations des bénévoles notamment avec la création

d’un Fonds de Formation des Bénévoles ;

• Créer une agence d’appui aux initiatives bénévoles ;

• Initier des partenariats stratégiques contractuels avec les pouvoirs publics, sur des

priorités nationales d’intérêt public, basés sur des objectifs et des résultats plutôt que

sur une logique de projet ;

• Inscrire le partenariat entre les pouvoirs publics et les associations dans des stratégies

nationales définissant clairement les orientations et les attentes de la coopération Etat-

Association. Ce partenariat doit être réalisé dans une logique d'appui qui s’inscrive

dans la durée et sur la base d'objectifs et de résultats clairement définis et

contractualisés. Ces derniers doivent être pris en compte dans tout projet de

coopération Etat –Association ;

• Ne pas rémunérer le bénévolat : les associations sont appelées à définir les limites et

les barèmes d’indemnisation des frais engagés par les bénévoles lors de la réalisation

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de mission pour le compte de leurs associations, de manière transparente sur la base

des frais réellement engagés. Cette mesure devrait encourager notamment les

entreprises citoyennes qui soutiennent le développement du bénévolat ;

• Mettre en place un cadre qui permette de mutualiser les efforts pour que les

associations se professionnalisent et travaillent dans le cadre d’une vision claire, avec

des stratégies biens définies .Cette mesure devrait permettre de ne pas reproduire les

« travers » des expériences des autres organisations sociales ;

• Entreprendre une campagne autour des priorités nationales avec des relais locaux pour

sensibiliser à l’approche bénévolat par une mobilisation plus citoyenne ;

• Réaliser des études pour évaluer l’apport des bénévoles, leurs profils, leur parcours ;

• Promouvoir les études sur les associations au Maroc, leur nombre, leur typologie, leur

organisation et fonctionnement.

3. Recommandations pour le volontariat

• Développer le volontariat national en s’inspirant des expériences passées telles le

service civil, des expériences en cours (la plate forme de marocaine de volontariat),

d’autres expériences internationales de gestion de volontariat (Nations Unies,

Canada, Peace Corps, JICA…) ;

• Elaborer un cadre institutionnel organisant le volontariat et son fonctionnement ;

• Créer des opportunités pour les jeunes nationaux afin d’acquérir de l’expérience dans

différentes régions du pays en créant par exemple des binômes avec les volontaires

d’organisations tels le PNUD, le Corps de la Paix, la Plateforme du Volontariat.

• Initier un volontariat sud-sud qui développe une implication personnelle valorisante et

permet une ouverture sur l’extérieur dans un esprit d’égalité et de responsabilité qui :

◦ s’inscrit parfaitement dans les attentes des jeunes,

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◦ répond à un besoin prioritaire dans les domaines sociaux,

◦ donne aux jeunes des opportunités d’affirmation de soi,

◦ permet de parfaire leur formation,

◦ ouvre des perspectives d’échange et d’apprentissage,

◦ pourrait concerner l’association aussi bien que le service public,

◦ donne un nouveau souffle à l’élan citoyen des jeunes,

◦ permet, aux jeunes, d’être confrontés à des modes de vie différents souvent

plus difficiles que le leur,

◦ leur donne ainsi des points de comparaison qui leur permettent de se situer

dans un contexte élargi, donc plus enrichissant,

◦ permet un rayonnement externe du Maroc ;

• Donner aux jeunes la chance de servir leur pays, en tant que volontaire national, ce

qui leur permet de leur redonner :

◦ confiance et estime de soi,

◦ dignité,

◦ implication sociale et politique,

◦ sentiment d’utilité,

◦ reconnaissance sociale.

VII. Bilan et perspectives

Au-delà de son objectif déclaré qui est « l’Engagement bénévole et volontaire des

jeunes au Maroc », cette étude a également des objectifs plus globaux dont l’un des

principaux est d’ouvrir la voie à de futurs travaux communs et complémentaires qui

seraient réalisés par les différentes instances sociétales marocaines, qu’il s’agisse des

pouvoirs publics aussi bien que de la société civile.

Concernant le volontariat dont la généralisation a besoin d’un appui structurel, les

organismes internationaux déjà présents au Maroc pourraient jouer un rôle de partenaire en

encadrant les structures nationales. Ils auraient pour fonction d’appuyer et d’encadrer la mise

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en place d’un volontariat marocain afin qu’il puisse s’autonomiser et que les jeunes y aient un

rôle déterminant à assurer.

Nous espérons que, au travers de cette étude, les différentes rencontres et ateliers ont

permis, de lever définitivement les ambiguïtés au niveau des termes bénévolat et volontariat.

Dans le contexte national actuel, le volontariat peut être un facteur de mobilisation des

jeunes en tant que première approche avec le secteur associatif. C’est une forme

d’engagement qui répond davantage aux attentes d’un grand nombre d’entre eux tant dans sa

forme que dans la durée.

Perspectives

En conclusion des recommandations qui devraient permettre de donner une suite à

cette étude, nous nous permettons d’insister sur la nécessité d’approfondir les

recommandations en vue de leur opérationnalisation.

Pour ce faire, une stratégie nationale doit être élaborée et diffusée afin que les différents

travaux qui devraient être réalisé aient tous un référentiel commun.

Il serait souhaitable de travailler de manière complémentaire et continue sur ce thème

avec les autres partenaires et notamment les partenaires publics. Des actions de plaidoyer

pourraient ainsi être engagées en tant que chantiers prioritaires tels que l’adoption d’un statut

du bénévole qui pourrait s’inspirer de celui réalisé par « France bénévole »tout en tenant

compte des spécificités nationales.

Pour une mise en place généralisée d’un volontariat national autonome, l’appui

structurel et l’encadrement d’organismes internationaux déjà mobilisés sur ce thème au

niveau national serait dans un premier temps nécessaire.

L’implication du secteur privé devrait faire l’objet d’une attention particulière où les

entreprises citoyennes auraient un rôle à jouer. Car dans un contexte économique de chômage

récurrent des jeunes, des formations spécifiques répondant à des besoins précis pourraient être

confiées à ces entreprises et promouvoir des emplois. Il est à noter que cette piste de

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réflexion, du fait de sa nouveauté mérite une réflexion plus approfondie en même q’une étude

de faisabilité.

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Annexe 1: Liste des personnes interviewées

Personnes contactées Statut

Secteur associatif Fonction

Ech-Channa Aïcha Solidarité Féminine Présidente

Bouabid Touria AMESIP Présidente

Ajouti Driss PCM Directeur

Benchrifa Hamid AMSED Président

Bouchanine Abdou AMAPPE Président

Rhoufrani Fatiha ALCS (Antenne Rabat) Présidente

Khidani Aicha CSSF Secrétaire générale

Allioua Mohamed ISAAF/Jerrada Président

Alayoud Khalid RARBA Coordinateur

Robert Patrick AFVP

Delecourt Gilles Handicap International Directeur de programme

Moumen Abdelkader AMSED Chargé de programme

Boutaibi Halima Association Timoulilt Secrétaire générale Adjointe

Errached Noura Association Ennasr Trésorière

Bouzit Houda ADFM Directrice exécutive

Baranis Amal Association Elghadalbasim

Ziadi Benamar Association Taforalt Conservateur

Cherif d’Ouezzan Farah Association Thaqafat Secrétaire générale

Volontaires internationaux

koob Kristen Peace Corps (Programme jeunes à

Imouzer)

Peullemeulle Justine Echange et volontariat (AFVP)

Buyes Nathalie Caritas (Programme migrants)

Personnes ressources

Fournir Pierre Association Adice Coordinateur terrain

Saïd Kbel Espace associatif

Ahmed Dahamani Volontaires secouristes de Fès Directeur/ coordinateur

Kamal Lahbib FMAS

Gahinyuza Revérien PNUD

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Secteurs publics

Bouazza Abdelatif MDSFS Directeur

Cherkaoui Abdeljalil Entraide Nationale Directeur Adjoint

El Guermaï Nadira INDH Gouverneur

Seknaoui Direction de l’Alphabétisation et

Coordination avec ONG

Mekkaoui MS Secrétaire Général

Belarab Yacine Ministère Jeunesse et sport

Focus groupe

2 Groupes de formation IFAD 26 participants par groupe

Jeunes contactés Forum des jeunes (Carrefour

associatif)

Forum des conseils des jeunes sur

thème: « une jeunesse agissante pour un

environnement durable »

(Charte de l’environnement)

AAntar Nawal Association conseils jeunes

Atlas Membre de comité de communication

Jibjib Khalid Association jeunesse et sport Animateur

Baali Mouhssin Aos pour le développement et

l’environnement Animateur

Machich Leila ASS Alkarama micros crédits Agent de crédit

Hamidat Rachida ASS Alkarama micros crédits Agent de crédit

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Annexe 2: Charte du bénévolat et du volontariat.

« Etude sur l’engagement bénévole et volontaire des jeunes et

l’action associative au Maroc »

charte du bénévolat et du

volontariat au Maroc

Carrefour Associatif, le juillet 2010 à Rabat

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[Le bénévolat/volontariat est une donnée universelle grâce à laquelle « Nous les peuples,

nous avons le pouvoir de changer le monde »

Amsterdam 2001, année internationale du volontariat de l’ONU.]

Préambule La présente charte est le produit d’un travail sur le bénévolat et le volontariat en milieu associatif au Maroc, ayant mobilisé plusieurs acteurs et nécessité, outre un travail de documentation sur les bonnes pratiques en rapport avec le sujet, plusieurs entretiens et rencontres dont trois ateliers régionaux et un séminaire national. Elle relève d’une étude qui a été pilotée par le Carrefour Associatif et qui s’inscrit dans le cadre d’un Groupement d’Intérêt thématique relevant du Programme Concerté Maroc. Conformément aux recommandations dudit séminaire, elle reste ouverte à d’autres enrichissements qui pourraient provenir d’autres rencontres, notamment au niveau régional. Elle pourra déjà être, dans un future proche, enrichie sur la base des résultats du séminaire organisé le 9 juillet 2010 par le Ministère de Développement Social et au cours duquel des éléments de son contenu ont été présentés et discutés en ateliers. Cependant, nous estimons qu’elle offre déjà un cadre suffisamment travaillé pour qu’elle soit diffusée en vue de recueillir le maximum d’adhésions autour de son contenu, qui pourra toujours être enrichi, et pour qu’un travail soutenu soit engagé en vue de son opérationnalisation. Les principes et considérations de base Le bénévolat et le volontariat sont le moteur de toute dynamique associative et doivent à ce titre contribuer à promouvoir le rôle des associations, en tant que composante essentielle d’une société civile qui doit jouer pleinement son rôle pour la construction d’un Maroc démocratique, où règne le respect des valeurs et des droits humains tels qu’ils sont universellement reconnus, la transparence et l’équité pour tous ; Promouvoir le bénévolat et le volontariat ne peut être que du seul ressort des associations, les pouvoirs publics, les corps élus et le secteur privé doivent, également apporter leurs contributions ; Les bénévoles et les volontaires actuels et futurs sont avant tout des citoyens, notamment des jeunes, qui pour se mobiliser efficacement et durablement ont besoin d’un environnement politique, économique, social et culturel, dont l’Etat doit être le principal garant et promoteur et qui crédibilise à leurs yeux l’engagement dans des dynamiques collectives qu’elles soient dans le cadre de partis, de syndicats ou d’associations. L’adhésion à la présente charte est ouverte aux associations, à tout bénévole et à tout volontaire, ainsi qu’à toute structure avec laquelle ils sont susceptibles de travailler ou de coopérer.

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La présente charte s’appuie sur les définitions suivantes : Le Bénévolat

- C’est une éthique de vie et un don de soi, concrétisé par un engagement personnel et responsable non rémunéré dont la durée peut être déterminée ou non déterminée.

- Le bénévole donne de son temps, de son savoir et/ou de son savoir faire.

Le Volontariat

- C’est un engagement bénévole, à plein temps, pour une période préalablement

définie dans un projet d’intérêt général, au sein d’une structure formelle (association, service public) ;

- Le volontaire bénéficie d’un encadrement et d’une prise en charge matérielle couvrant la période de sa mission.

En y adhérant les parties prenantes s’engagent à respecter, outre les valeurs et considérations, déjà listées et qui en constituent les fondement, les principes et les bonnes pratiques listés ci-après : Engagements de l’association

• Œuvrer pour l’élargissement de sa base et promouvoir les apports bénévoles et

volontaires pour le développement de ses activités;

• Travailler sur la base d’une charte de valeurs dont elle veille à informer les

adhérents potentiels ;

• Définir et faire connaitre ses besoins en apports bénévoles et volontaire chercher les

profils les plus adéquats pour leur satisfaction ;

• Mettre en place un dispositif d’accueil, d’intégration et d’accompagnement qui

répond aux besoins de ses membres adhérents, de ses volontaires et de ses bénévoles

non adhérents ;

• Pour l’identification et l’accueil des bénévoles et des volontaires :

o Définir un processus de recrutement transparent qui tient compte des besoins

exprimés et des profils intéressés ;

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o leur proposer des missions conformes à leurs attentes et compétences et

correspondantes aux besoins de l’association

o Mettre à leur disposition les ressources et les outils nécessaires pour qu’ils

puissent mener à bien leurs missions (conceptuels, matériels et procéduraux) ;

o Les informer des activités et de l’organisation de l’association et de son mode

de fonctionnement

o leur faciliter l’accès aux sources d’information sur l’association (textes

régissant son fonctionnement, projets réalisés, en cours ou à venir, documents

produits…)

o les aider à s’épanouir et à s’intégrer dans l’action au sein de l’équipe

• Au sujet du renforcement de leurs compétences en rapport avec les besoins de

l’association, celle-ci s’engage à instaurer un système d’encadrement personnalisé

des jeunes, un accompagnement et un suivi des volontaires et à institutionnaliser la

formation de ses bénévoles et de ses volontaires pour:

o une meilleure compréhension de l’association et de la place qu’ils y occupent,

o une plus grande maîtrise de sa mission la valorisation et la capitaliser de ses

expériences

• Pour la couverture des frais engagés par ses bénévoles

o agir dans la transparence, notamment au sujet de ses sources de financement et

de l’utilisation qui en est faite et ne pas procéder, sous n’importe quel prétexte

à la rémunération de ses administrateurs ;

o Mettre en place, sur des bases transparentes et objectives des critères et des

normes pour la prise en charge des frais réellement engagés par les bénévoles

en rapport avec l’exécution de leurs missions

Engagements des bénévoles et des volontaires

• Pour l’adhésion ou la participation à des activités d’une association, les bénévoles

et les volontaires s’engagent à :

o Exiger de connaître les valeurs et les missions de l’association et à ne

s’engager avec elle que sur la base de leur adhésion à ces valeurs et missions ;

o mener les missions qui leur sont confiées à terme avec sérieux, compétence et

régularité

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o avoir un comportement responsable et respectueux du mode de vie des

populations ;

o respecter les règles et normes auxquelles ils ont préalablement souscrit avec

l’association et ses partenaires ;

o être solidaire de l’équipe qui compose l’association, en participant à la vie du

groupe

o être à l’écoute des autres membres, bénévoles, volontaires et salariés

o accepter de faire l’effort nécessaire pour s’adapter aux conditions de vie

propres à la mission ;

• les volontaires s’engagent, en outre, à travailler sur la base de plans d’action établis par

l’association en accord avec ses partenaires et à tenir informé l’association de

l’avancement des activités en rapport avec leurs missions, notamment dans le cadre de

réunions et de rapports périodiques

• Au sujet du renforcement de leurs compétences en rapport avec les besoins de

l’association les bénévoles et les volontaires doivent s’impliquer activement dans

l’identification et la satisfaction de leurs besoins en formation en rapport avec les

missions sur lesquelles ils se sont engagées