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118=EurasiaInfo=juil2019 Mi-juillet 2019 Nicolas Bárdos-Féltoronyi : Géopolitique de l’UE face à l’Eurasie et face aux pays proches 1 Désormais et à partir de ceux publiés depuis 1999, tous les numéros bimestriels d’EurasiaInfo peuvent être consultés sur mon site internet : www.bardosfeltoronyi.eu ! Voici quelques thèmes, selon moi majeurs, qui figurent dans le numéro présent de l’EurasiaInfo : 1. L’importance croissante de l’Arctique incite Washington à organiser un bloc antirusse avec les cinq pays scandinaves, en liaison avec la Pologne où l’armée américaine renforce sa présence. 2. Les grandes puissances investissent, de plus en plus, les six pays de l’Asie centrale. 3. La répression en Turquie se poursuit contre tous les adversaires du régime et transforme le pays en régime fort autoritaire. Et, en même temps, elle développe un rapport de forces avec Washington en matière d’achats d’équipements militaires russes. Le succès de l’opposition à Istamboul aurait un impact limité. 4. Les EUA s’immiscent partout dans le monde dans les affaires intérieures des pays, y compris par exemple, les élections au parti conservateur du RU, ou autour de la mer d’Azov. 5. Les rapports de forces se poursuivent en mer Méditerranée orientale en raison des champs gaziers énormes récemment découverts. 6. L’adhésion de certains pays balkaniques à l’UE se révèle peu probable. 7. Le centre de l’Europe, les PECO, se trouvent à la « périphérie de l’union et se vident de leur population en raison de l’aggravation de la situation socio-économique 1 Voir, comme d’habitude, les remarques méthodologiques et les abréviations dans la NOTA BENE en fin du texte. Les textes en gras sont les miens. 1

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118=EurasiaInfo=juil2019 Mi-juillet 2019

Nicolas Bárdos-Féltoronyi :

Géopolitique de l’UE face à l’Eurasie et face aux pays proches1

Désormais et à partir de ceux publiés depuis 1999, tous les numéros bimestriels d’EurasiaInfo peuvent être consultés sur mon site internet : www.bardosfeltoronyi.eu !

Voici quelques thèmes, selon moi majeurs, qui figurent dans le numéro présent de l’EurasiaInfo :

1. L’importance croissante de l’Arctique incite Washington à organiser un bloc antirusse avec les cinq pays scandinaves, en liaison avec la Pologne où l’armée américaine renforce sa présence.

2. Les grandes puissances investissent, de plus en plus, les six pays de l’Asie centrale.3. La répression en Turquie se poursuit contre tous les adversaires du régime et

transforme le pays en régime fort autoritaire. Et, en même temps, elle développe un rapport de forces avec Washington en matière d’achats d’équipements militaires russes. Le succès de l’opposition à Istamboul aurait un impact limité.

4. Les EUA s’immiscent partout dans le monde dans les affaires intérieures des pays, y compris par exemple, les élections au parti conservateur du RU, ou autour de la mer d’Azov.

5. Les rapports de forces se poursuivent en mer Méditerranée orientale en raison des champs gaziers énormes récemment découverts.

6. L’adhésion de certains pays balkaniques à l’UE se révèle peu probable.7. Le centre de l’Europe, les PECO, se trouvent à la « périphérie de l’union et se vident

de leur population en raison de l’aggravation de la situation socio-économique ou politique ; c’est le cas en Hongrie, en Ukraine ou en Moldavie.

Table des matièresQue se passe-t-il dans le concert des grandes nations ou puissances?..........................................1

LIMES: La febbre dell’Artico.............................................................................................................1

Trade is just an opening shot in a wider US-China conflict...............................................................2

La Russie renforcera ses bases militaires au Kirghizistan et au Tadjikistan ainsi que sa présence à la mer d’Azov.....................................................................................................................................4

La mer d’Azov : nouveau théâtre du conflit russo-ukrainien.............................................................6

Le Conseil de l‘Europe, la réadmission de la Russie et les aléas de l’offensive idéologique américaine en Europe. Est-ce la fin des sanctions de l’UE imposées à Moscou? Pour quand des sanctions à appliquer aux EUA ?.......................................................................................................8

La population de la Russie et du monde, et les réfugiés.....................................................................9

La doctrine de la stratégie de l’OTAN est une copie-papier-collé de celle de Washington,...............10

Que se passe-t-il dans « l’étranger proche » » de l’UE ?.............................................................12

1 Voir, comme d’habitude, les remarques méthodologiques et les abréviations dans la NOTA BENE en fin du texte. Les textes en gras sont les miens.

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A.Les pays d’Europe adhérés ou en adhésion à l’UE..................................................................12

A propos des mouvements migratoires en Europe : le cas des Ukrainiens et des Polonais..............12

Le rapport de l’UE sur les pays balkaniques et sur les adhésions éventuelles de certains entre eux à l’union..............................................................................................................................................12

Das bisherige EU-Erweiterungsmodell stößt im Balkan an seine Grenzen,.....................................13

Trump and Duda close to deal on boosting US forces in Poland.....................................................15

La question des „périphéries” de l’UE............................................................................................16

Europäische Union: Ungarn ist verloren......................................................................................17

Ungarn umgarnt seine Partner mit Waffengeschäften......................................................................20

B. L’Ukraine, le Bélarus et la République moldave.....................................................................21

L’étonnante solidarité américano-européenne et les succès de l’adorable Vitoria Nuland..............21

La situation ecclésiastique en Ukraine et la guerre froide russo-américaine et catholico-orthodoxe.........................................................................................................................................................23

Les informations fournies par une délégation ukrainienne à l’INALCO (extraits)...........................24

Informations fournies principalement par Courrier des Balkans.....................................................26

Zwischen Weissrussland und Russland knistert es gewaltig.............................................................26

Les activités américaines dans les Balkans et les remous qu’elles provoquent................................28

Les aléas de la situation moldave à l’ombre du rapport de forces entre Moscou et Washington.....28

C. La Turquie.................................................................................................................................31

Le rapport de l’UE sur la Turquie et sur la suspension des négociations avec le pays en vue de son adhésion éventuelle à l’UE...............................................................................................................31

Les menaçes de Washington commencent à être exécuées contre la Turquie...................................33

D. La région de l’Asie du Sud-Ouest (Caucasie méridionale, l’Asie centrale, le Proche-Orient et les pays voisins…).......................................................................................................................34

Les menaces terroristes en Asie centrale, réalité ou fiction ?...........................................................34

Entre Pamir et Hindou-Kouch, zone neutre encore?........................................................................35

E. Iran.............................................................................................................................................36

The US, Iran and a New American Deployment,..............................................................................36

Les gesticulations militaro-diplomatiques dangeureuses de Washington.........................................38

Quelques leçons géopolitiques faites à Washington.........................................................................39

L’Irak est allié de fait de l’Iran........................................................................................................41

Le Baloutchistan, ce territoire si convoité: Entre Pakistan et Afghanistan /et Iran/,........................42

F. Dimensions géoéconomiques.....................................................................................................45

Washington dicterait-il la politique énergétique de la RFA ?..........................................................45

Les multinationales en Asie centrale s’avèrent fort actives..............................................................45

Libanon schielt auf das Gasfeld, das Israel für sich beansprucht. Nun suchen die beiden Feinde den Dialog...............................................................................................................................................48

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Erdgasvorkommen im östlichen Mittelmeer.....................................................................................49

G. Ma „liste noire”.........................................................................................................................50

H. Calendrier électoral...................................................................................................................51

I. Publications récentes..................................................................................................................53

Annexes: textes, extraits et articles complets................................................................................54

1. État des lieux des préparatifs autour de Nord Stream 2...............................................................54

2. Das Ende von deutsch-russischen Sonderwegen in Europas Energiepolitik.................................55

3. America’s ‘exorbitant privilege’ is Europe’s sin of omission.......................................................57

Que se passe-t-il dans le concert des grandes nations ou puissances?

LIMES: La febbre dell’Articon° 1/2019, 6.2.2019.

Il s’agit d’un numéro remarquable et particulièrement informé de la revue géopolitique italienne consacrée à l’Arctique. Tout d’abord, il faut savoir que les ressources naturelles seraient considérées comme singulièrement riches dans la région. Leurs conditions d’exploitation s’avèreraient cependant compliquées. Il convient aussi de savoir qu’avec la fonte des glaces depuis quelques temps, la région gagne en importance pour toutes les puissances concernées (les EUA, l’UE, la Russie et la Chine) et avant tout les cinq pays scandinaves dont deux sont déclarés neutres tels que la Suède et le Finlande. Or, Washington/l’OTAN tendent à organiser un bloc militarisé et stratégique des cinq pays sous sa houlette et face à la Russie. Ce processus induit la réaction de la Russie et la militarisation de la région. Il provoque un risque accru de guerre.

L’éditorial de Lucio Caracciolo met en évidence que „L’A rtico non esiste . Esistono tanti Artici quanti sono coloro che lo pensano. Non è continente circondato dall’acqua, come tutti gli altri. È acqua e ghiaccio su cui affacciano tre continenti, Asia, Europa e America. Sulle sue sparse terre, uno spruzzo di esotici e indigeni inquilini – dieci milioni, in calo. Sotto, insieme ai pesci, forzieri traboccanti d’idrocarburi e metalli pregiati. Perlopiù destinati a restare sigillati per i decenni a venire. Dell’Artico esiste però il mito. Potente viraggio della realtà. Oggetto di culto che un tempo mosse avventurosi esploratori polari, ridotto ormai a supplemento d’anima di glaciali partite geopolitiche. Poggiate dagli attori locali e dalle maggiori potenze su uno strato ecumenico, per cui l’Artico è futuro universale precipitato nell’effimero presente.

Retorica vuole che qui si decida l’avvenire del pianeta, di noi umani in esso. Di questo dogma s’ammantano concrete strategie di potere. Dal cielo del mito ai concreti spazi artici, dove la posta in gioco acquista valore supremo. Quasi definizione e dominio dell’Artico fossero condizione dell’egemonia planetaria. Falso. Eppure tale sconcertante equazione eccita un diffuso rumore mediatico attorno alla sempreadattabile regione che ciascuno è libero di concepire puntando il compasso sul Polo Nord (carta 1). Un tempo si preferiva comunicarla gentilmente al femminile: Artide. Nome poi mascolinizzato in Artico per estensione dall’omonimo Mar Glaciale, dove il Pacifico si mescola all’Atlantico, forse a irrobustirne la percezione di spazio conteso. Traslato dalla geografia alla geopolitica.

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Descritto e rappresentato su carta non tanto per ciò che (non) è, ma per quel che potrà (futuro epistemico) e soprattutto dovrà diventare (futuro iussivo, tempo e tono caro ai primattori). Incerta e frammentata porzione del planisfero su cui si concentrano progetti legittimati da previsioni raramente neutre, specie quando vestono i rigorosi panni della scienza. Come certi pesanti ma logori maglioni indossati dalle genti nordiche, che ai gomiti lascianointravvedere il disotto, così qualche severo paper distillato da climatologi patriottici o banalmente corporativi svela intenzioni prescrittive, cui la pretesa analisi rende omaggio. Previsioni come armi. In vista di improbabili guerre artiche. Ma si sa, a forza di evocarle le ipotesi possono mutarsi in fatti.

All’origine di tutto, il cosiddetto cambiamento climatico…. »

Un des articles, LA CORTINA DI GHIACCIO TRA RUSSIA E SCANDINAVIA, di Alessandro Vitale, souligne enfin que

o « Mosca teme le manovre dei paesi nordici, considerati esecutori della geopolitica artica di Washington.

o La diluizione della neutralità di Svezia e Finlandia come preludio alla mini-Nato del Nord.

o La ‘superpotenza’ norvegese e le ambiguità danesi.

Trade is just an opening shot in a wider US-China conflict PHILIP STEPHENS in: FT, 21.5.2016 (extraits)

The current standoff is part of a struggle for global pre-eminence. The unnerving thing about America’s trade war against China is that it is just the start. Donald Trump is fixated on trade balances and tariffs. The US president hankers for the 1950s, when US industry swept aside all before it. Among the swelling community of China hawks in Washington, however, resetting the terms of trade is only an opening shot. While American and Chinese negotiators were trying and failing to reach a trade deal last week, Mike Pompeo, the US secretary of state, was visiting London. His message to Theresa May’s government? Allow China’s Huawei to build any of Britain’s next generation, or 5G, communications network and you can say goodbye to the special relationship.

Back in Washington, Mr Trump announced new measures to effectively ban Huawei from selling technology into the American market and may also prevent it from buying US semiconductors that are crucial for its production. Six thousand miles away, US warships were steaming through the South China Sea. At the head of a small flotilla of Japanese, Philippine and Indian vessels, the US navy raised another banner. As much as China turns disputed rocks into military outposts to stake its claim to the waters, the US will respond with more freedom of navigation patrols. Prominent Republicans, meanwhile, were lending support to a new anti-Beijing lobby group. The Committee on the Present Danger: China invokes the cold war against the Soviet Union…

The China hawks have moved on from tariffs. They want essentially to decouple the two nations’ economies. The president has leaned in this direction with tighter controls on Chinese investment in sensitive sectors of the US economy and new restrictions on Chinese students at US universities. Mr Trump’s answer to complaints that high tariffs are hitting US companies with plants in China is straightforward. Bring the production home. Disentangling American and Chinese supply chains would restore national independence. Until quite recently, China was viewed as an economic competitor playing an unfair game…

The trade narrative is now being subsumed into a much more alarming one. Economics has merged with geopolitics. China, you can hear on almost every corner in sight of the White House and

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Congress, is not just a dangerous economic competitor but a looming existential threat. Beijing may not have the same ideological ambitions as the Soviet Union, but it does threaten US primacy. It needs more than a level playing field for trade to confront this challenge. The shift was foreshadowed in Mr Trump’s National Security Strategy and in the National Defence Strategy produced by the Pentagon…

The danger in all this speaks for itself. Treating China as a certain enemy is a sure way to persuade Beijing that it should behave as such. Mistrust begets mistrust, which in turn could provide the spark for open conflict. China is no innocent — witness the ever present cyber attacks on western militaries and vital infrastructure. But demonising everything it does simply opens up the path from a trade war to something much rougher. What the two nations need above all are common rules of the road to avoid escalation. Otherwise we are heading towards an altogether hotter war.

* * *Japan’s finance minister has said it is impossible to tackle trade imbalances one country at a time and that Donald Trump’s tariff war with China and Mexico may just shift the US deficit to different countries (FT, 3.6.2019 extraits). Taro Aso said next weekend’s G20 finance ministers’ meeting in Fukuoka, which he is hosting, will be a chance to switch the discussion to a global level… “As the US president, [Mr Trump] is surely thinking about the election in November next year, and when he considers people in New Mexico, Arizona, Texas and the Deep South, then he has to say something,” said Mr Aso.

His comments highlight the challenge for Japan as chair of the G20 at a moment when the global consensus on trade is breaking down and the world economy is wobbling. Mr Aso said he did not expect US-China trade tension to be resolved by the time of the G20 leaders’ summit in Osaka at the end of the month. Mr Trump and Chinese president Xi Jinping are expected to attend… Mr Aso said Asian countries shared US worries about Chinese activities, such as the building of military bases on artificial islands in the South China Sea…

* * *India’s trade relationship with the US was plunged into uncertainty as New Delhi lamented an “unfortunate” decision by US president Donald Trump to strip the country of preferential access to the US market.- Mexico’s president called for prudence, dialogue and diplomacy after US President Donald Trump threatened to set tariffs on all imports from America’s southern neighbour unless it stepped up efforts to stop illegal migration.- Shares of US-listed automakers and their suppliers hit the skids following Donald Trump’s threat to set tariffs on all imports from Mexico if it did not boost efforts to stop illegal migration.

* * *In: FT, Kathrin Hille and Stefania Palma in Singapore, 2.6.2019: The growing dispute between the US and China on trade and technology is increasing the risk of military conflict or outright war in Asia, a region that hosts some of the world’s most dangerous geopolitical flashpoints, south-east Asian defence ministers cautioned at a security forum on Sunday. The warnings at the Shangri-La Dialogue in Singapore, the annual Asian defence summit, came as China at the weekend stepped up its counter-offensive against the US in their trade war, announcing an investigation of delivery group FedEx and a potential blacklist of foreign companies or individuals considered “unreliable”…

China hawks in the administration of US president Donald Trump are increasingly pushing for a full “decoupling” of the country’s technology supply chain from China, last month placing telecoms equipment maker Huawei on a blacklist restricting it from doing business with US companies. Asia is riddled with unresolved geopolitical disputes ranging from Beijing’s claims on Taiwan and the stand-off between North Korea and South Korea, which remain technically at war, to the South China Sea, where China has built up a number of reefs and shoals in international waters into artificial islands and has installed missiles. Recommended US-China trade dispute Timeline: No end in sight for US-China trade war Beijing has also used its coast guard and maritime militia, backed up by navy vessels,

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to deny Philippine fishing boats access to contested land features in the region traditionally controlled by Manila. In Singapore, Patrick Shanahan, acting US secretary of defence, described China — without naming it — as “the greatest long-term threat to the vital interests of states across this region”, arguing that Beijing was destabilising Asia with a “toolkit of coercion”. But he also sounded a conciliatory note, saying: “China could still have a co-operative relationship with the United States.”

The attendance of General Wei Fenghe, the first Chinese defence minister to attend the conference since 2011, had raised expectations that Beijing might try to counter anxiety among its neighbours over its rapidly growing naval and air might and its sometimes aggressive use of those capabilities. But while Gen Wei appealed at the forum for peace, openness and “win-win co-operation” and claimed that China was not threatening anyone, his speech was generally hawkish. “As for the recent trade friction started by the US, if the US wants to talk, we will keep the door open. If they want a fight, we will fight, we will fight till the end,” Gen Wei said. Gen Wei reiterated China’s longstanding threat of invading Taiwan and refused to acknowledge neighbours’ concerns over the military build-up in the South China Sea… Several Asian countries, including some US allies such as the Philippines or nations that have more limited security co-operation with the US such as Singapore, have long fretted that the increasingly open rivalry between Washington and Beijing might force them to choose sides. Those fears took on much greater urgency this year…

La Russie renforcera ses bases militaires au Kirghizistan et au Tadjikistan ainsi que sa présence à la mer d’Azov

Face à la multiplication des bases militaires américaines qui encerclent la Chine et la Russie, celle-ci réagit en mer d’Azov aux provocations ukrainiennes ou américaines. De part à d’autre, cette mer est un enjeu russo-américain dans le contrôle de la mer Noire et ce, pour des raisons variables. Certes, on peut se demander que font les EUA dans une contrée si loin de leurs territoires propres. Voir aussi l’article qui suit celui-ci.

En mai 2019, lors d’une réunion des ministres de la Défense de l’Organisation de coopération de Shanghai (OCS) à Bichkek, la Russie a annoncé qu’elle renforcerait davantage ses bases militaires au Kirghizistan et au Tadjikistan. Le ministre russe de la Défense, Sergei Shoigu, a déclaré que Moscou renforcerait ses bases militaires au Kirghizistan et au Tadjikistan afin de protéger ses alliés d’Asie centrale contre les groupes terroristes en Afghanistan. “Afin de pouvoir réagir rapidement aux urgences, nous renforcerons les bases militaires du Kirghizistan et du Tadjikistan. En outre, la Russie contribuera à la modernisation de l’armée de ses alliés en Asie centrale, à la fourniture d’équipements militaires et à la formation de soldats en activité”, a indiqué M.Shoigu.

Fünf Antworten zur Bedeutung des Asowschen Meeres, in: NZZ, mac./bbu.27.11.2018:Wegen eines Zwischenfalls vor der Krim droht eine Eskalation zwischen Russland und der Ukraine. Worum geht es in diesem Streit, bei dem der Zugang zum Asowschen Meer im Mittelpunkt steht?Was macht das Asowsche Meer speziell?Das Asowsche Meer ist ein Binnenmeer, das nur durch eine schmale Wassserstrasse bei Kertsch mit dem Schwarzen Meer verbunden ist. Flächenmässig ist dieses Gewässer etwas grösser als die Schweiz und mit durchschnittlich nur acht Meter Wassertiefe weltweit das flachste Meer. In jüngster Zeit ist es zu einem Brennpunkt des Konfliktes zwischen der Ukraine und Russland geworden.Wer hat Anspruch auf das Asowsche Meer?Seit einem Territorialstreit zwischen der Ukraine und Russland vor fünfzehn Jahren um einen Felssporn namens Tusla in der Bucht von Kertsch ist das Asowsche Meer durch einen Vertrag

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als Binnengewässer definiert. Dies bedeutet, dass es die sonst üblichen 12-Meilen-Grenzen hier nicht gibt und Drittstaaten der Zugang zum Asowschen Meer verwehrt ist. Beide Anrainerstaaten haben das Recht auf freie Navigation für Kriegs- und Handelsschiffe.Wie gross ist die wirtschaftliche Bedeutung?Für die Ukraine ist der freie Zugang zum Asowschen Meer sehr wichtig. Die ukrainische Küste, von der Demarkationslinie der Pseudovolksrepubliken von Donezk und Luhansk zur Krim bis zur Grenze bei Mariupol, hat sich in den vergangenen Jahren touristisch entwickelt. Vor allem aber sind die Häfen dort für den Import und den Export aus der Stahlstadt Mariupol und der Ostukraine überhaupt sehr bedeutsam für die ukrainische Wirtschaft. Sie wirtschaftlich zu bedrängen, gehört zum russischen Kalkül. Endziel dieser Bemühungen wäre es für Russland, einen Küstenstreifen als ersehnte Landbrücke zur Krim zu erhalten.Was hat zur gegenwärtigen Eskalation geführt?Mit der Annexion der Krim und dem für die Ukraine provokativen Bau der Brücke von Kertsch, der einzigen Strassenverbindung zwischen der Krim und Russland, haben sich die Spannungen zwischen beiden Seiten verschärft. Grössere Schiffe können die Brücke nicht mehr passieren; verglichen mit 2013 hat sich der Güterumschlag halbiert. Unter dem Vorwand der rechtlich erlaubten Prüfung der einfahrenden Schiffe verzögert der russische Grenzschutz zum Teil tagelang die Einfahrt von Handelsschiffen in die Häfen Berdjansk und Mariupol. Solche Passagen müssen bei der russischen Behörde angemeldet werden. Ende September hatte eine solche Durchfahrt von ukrainischen Kriegsschiffen noch ohne weiteres funktioniert. Dieses Mal blieb eine Antwort der russischen Seite aus. Diese behauptete, niemals eine Anmeldung erhalten zu haben. Moskau betrachtet die Küstengewässer der Krim innerhalb der 12-Seemeilen-Zone gemäss Uno-Seerechtskonvention als eigenes Hoheitsgebiet, während für die Ukraine die Krim nach wie vor ukrainisch ist. Das hat dann zum Aufbringen der Schiffe durch die russische Seite geführt.War diese Entwicklung zu erwarten?Auf eine gewaltsame Konfrontation zwischen Russland und der Ukraine um den Zugang zum Asowschen Meer hatten die Entwicklungen seit Monaten hingedeutet. Einige Beobachter, auch ukrainische, sehen in der Zuspitzung keine echte Eskalation, die die Verhängung des Kriegsrechts in Kiew rechtfertigen würde. Der Ausgangspunkt ist die Einverleibung der Krim wider das Völkerrecht, die es jetzt paradoxerweise Russland erlaubt, mit der Seerechtskonvention zu argumentieren. Das ging nur, weil sich der Zwischenfall noch im Schwarzen Meer ereignete und nicht bereits im Asowschen Meer.

La mer d’Azov : nouveau théâtre du conflit russo-ukrainienin: Areion24.news-MAGAZINE CARTO, 15 mai 2019 (extraits)

Coincée entre l’Ukraine et la Russie, sans frontières maritimes délimitées, la mer d’Azov constitue un nouveau point de frictions entre les deux pays. Alors que Moscou exerce un blocus économique sur le détroit de Kertch, unique passage vers la mer Noire, la militarisation croissante de la mer d’Azov et les accrochages successifs entre les marines russe et ukrainienne font craindre une possible escalade.

La capture par les gardes-côtes russes, le 25 novembre 2018, de deux vedettes blindées et d’un remorqueur de la marine ukrainienne qui tentaient de franchir le détroit de Kertch marque l’intensification des tensions entre les deux pays concernant le contrôle de la mer d’Azov. Selon Moscou, les trois navires, qui faisaient route depuis Odessa jusqu’à Marioupol, seraient entrés illégalement dans les eaux territoriales russes bordant la péninsule de Crimée, dont Kiev ne reconnaît pas la légitimité. Encadrée à l’ouest par la Crimée annexée par la Russie en mars 2014 et au nord par le territoire séparatiste de la République populaire de

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Donetsk, la mer d’Azov se trouve au centre du conflit qui oppose les deux pays depuis la « -révolution de Maïdan »2 en février 2014.

Un espace maritime partagéLe statut juridique de la mer d’Azov est complexe. Ancienne mer intérieure soviétique, elle est partagée entre Moscou et Kiev depuis 1991. En vertu d’un accord bilatéral conclu en décembre 2003, la mer d’Azov et le détroit de Kertch qui commande son unique entrée ont le statut d’eaux intérieures de l’Ukraine et de la Russie, donnant aux navires militaires et civils des deux pays le droit de libre circulation. Cet accord a cependant repoussé l’établissement des frontières maritimes entre les deux États, qui ne sont toujours pas délimitées. Si les navires commerciaux battant pavillon d’un autre pays peuvent passer librement à condition de se rendre vers un port russe ou ukrainien, les navires militaires d’États tiers doivent recevoir l’autorisation conjointe de Kiev et de Moscou. Or le rattachement de la Crimée à la Russie donne le contrôle effectif des deux rives du détroit à Moscou.

L’inauguration du pont de Crimée en mai 2018, qui enjambe le détroit de Kertch sur 19 kilomètres, a renforcé la domination russe sur l’entrée de la mer d’Azov. L’ouvrage devait rompre le blocus terrestre instauré par l’Ukraine sur la Crimée après son annexion, en reliant la péninsule à la région de Krasnodar en Russie. Alors que les eaux du détroit sont peu profondes, son passage était permis avant la construction du pont par le canal de Kertch-Yenikale inauguré en 1877. Sa profondeur de 8 mètres autorisait le passage de navires à fort tirant d’eau, tandis que les bateaux plus petits pouvaient naviguer de part et d’autre.

L’espacement rapproché entre les piliers du pont de Crimée ne laisse qu’un unique passage, créant un engorgement qui n’existait pas auparavant et facilitant le blocage physique du détroit. La hauteur du pont, 33 mètres, interdit également l’entrée aux grands cargos de type Panamax, obligeant à transborder les marchandises sur de plus petits navires. Ces restrictions ne touchent pas identiquement les ports ukrainiens et les ports russes. Les rivages russes sont peu profonds et marécageux, limitant la taille des bateaux qui y opèrent, alors que les côtes ukrainiennes sont plus basses.

Avant 2018, les bateaux traversant le détroit pour rejoindre la Russie transportaient en moyenne des chargements de 5 000 tonnes contre plus de 20 000 tonnes pour ceux accostant dans les ports ukrainiens de Marioupol et de Berdiansk. Selon l’administration du port de Marioupol, les cargos de type Panamax représentaient 23 % de son trafic en 2016 et près de 43 % des marchandises qui y transitaient. Alors que l’accord de 2003 n’exclut pas la possibilité pour l’un des deux pays d’inspecter tout bateau entrant en mer d’Azov, la Russie exerce ce droit avec zèle. Les navires faisant chemin vers les ports ukrainiens rapportent des délais d’attente de plusieurs jours et les autorités russes exigent la présence d’un pilote russe à bord.

Enjeux économiques et militairesLes conséquences économiques sont difficiles à chiffrer pour l’Ukraine. Le volume de fret manipulé annuellement par le port de Marioupol avait déjà chuté de 15 millions à 6 millions de tonnes entre 2013 et 2017. Les restrictions de tailles pour les bateaux ont entraîné la perte de contrats d’exportation vers les États-Unis et l’Asie, pour un total de 500 000 tonnes annuelles de fret. L’économie de la ville de 455 000 habitants repose sur deux fonderies

2 Comme on le sait, il s’est agi d’un « coup d’Etat parlementaire » sous la baguette de Washington et préparé déjà depuis 2009, lorsque le Sénat a voté un budget de quelque $ 6 milliards pour « la démocratisation de l’Ukraine ».

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dépendantes des exportations et qui totalisaient 80 % du trafic du port en 2017. Si ces industries se sont adaptées en ouvrant des routes ferroviaires pour rejoindre le port d’Odessa, les coûts de transport s’en ressentent, passant de 3 à 25 dollars la tonne d’acier.

Malgré le déploiement en septembre 2018 de trois petites vedettes en mer d’Azov, Kiev ne peut rivaliser avec la marine russe qui y disposerait d’une quarantaine de vedettes de garde-côtes et de dix vaisseaux de guerre, dont plusieurs ont été transférés depuis la mer Caspienne en passant par la Volga et le Don. De plus, l’annexion de la Crimée aurait privé l’Ukraine de 70 à 80 % de sa flotte qui était stationnée dans les ports de la péninsule. 

* * *Le Tribunal maritime international, basé à Hambourg, a en mai 2019 décidé que les 24 marins ukrainiens détenus en Russie depuis novembre 2018 doivent être relâchés sans délai, et les trois navires militaires qui les transportaient, être restitués à Kiev. Si cette résolution du 25 mai, que l’Ukraine a saluée comme une «véritable victoire», est définitive et doit être obligatoirement mise en œuvre, la libération des marins et des navires ne signifie pas pour autant que Moscou doit classer l’affaire et renoncer à juger les Ukrainiens, a précisé le tribunal. En appelant les deux parties à éviter tout acte qui aggraverait la situation dans le détroit de Kertch, le Tribunal maritime, que l’Ukraine avait saisi au mois d’avril 2019, a exigé que chacune lui remette un rapport complet de l’incident survenu le 25 novembre dernier.

* * *Au début de juin 2019, Washington se dit prêt à augmenter de 300 millions d'euros l'assistance militaire à l'Ukraine dont 100 millions pourraient servir à acheter des missiles anti-navires américains ou contribuer au développement d'un missile côtier construit localement en Ukraine. L'information est presque passée inaperçue, mais ce type de missile pourrait contribuer à une montée des tensions en mer Noire.

* * *Simultanément, selon un membre du Congrès, les EUA doivent décider si l’Ukraine est leur principal allié. Un projet de loi prévoit d’octroyer à l’Ukraine le statut d’allié américain majeur en dehors de l’OTAN. Ce statut sera valable jusqu’à l’entrée officielle de l’Ukraine dans l’OTAN. Et cela simplifiera la procédure de transfert de divers types d’armes vers l’Ukraine. Les législateurs américains sont convaincus que l’Ukraine a besoin d’armes américaines pour se protéger contre « l’agression russe ». Rappelons qu’en mars dernier à Washington, l’Ukraine avait approuvé la vente de 210 missiles Javelin et de 37 lanceurs pour un montant de 47 millions de dollars. Depuis le coup d’État de 2014 en Ukraine, les États-Unis ont fourni une « aide » de plus de 3 milliards de dollars. Plus tôt ce mois-ci, on a appris que la Maison-Blanche avait reconnu le Brésil comme son principal allié en dehors de l’OTAN. Maintenant, l’Ukraine se battra pour obtenir ce statut.

Le Conseil de l‘Europe, la réadmission de la Russie et les aléas de l’offensive idéologique américaine en Europe. Est-ce la fin des sanctions de l’UE imposées à Moscou? Pour quand des sanctions à appliquer aux EUA ?

Le 17 mai 2019 à Helsinki, le Comité des ministres du Conseil de l'Europe – organisation paneuropéenne créée en 1949 et distincte des institutions de l'Union européenne – a joué l'apaisement avec Moscou. Dans une déclaration conjointe citée par l'AFP, les ministres des Affaires étrangères des pays membres sont parvenus à un accord en vue de réadmettre la Russie à siéger au Conseil de l’Europe

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L'adoucissement est notable après plus de cinq années de bras de fer. En avril 2014, les 18 députés russes de l'Assemblée parlementaire du Conseil de l’Europe (APCE), qui siège à Strasbourg, se voyaient privés de droit de vote, manière de sanctionner la Russie, accusée d'ingérence dans la crise ukrainienne. Trois ans plus tard, en juin 2017, le ministre russe des Affaires étrangères Sergueï Lavrov avait annoncé, faute de restauration complète des droits de la délégation russe, que son pays ne contribuerait plus au budget du Conseil de l'Europe.Selon les règles du Conseil, un Etat membre ne payant pas sa contribution risque l'exclusion au bout de deux ans, soit à partir de juin 2019 pour la Russie. Mais la situation est aussi devenue délicate pour certains. Contribuant à rendre toujours plus illisibles et ambivalentes leurs intentions à l'égard de la Russie, les Européens avaient notamment désigné la Russie comme un adversaire, cette fois dans le cadre institutionnel de l'UE. Dernière initiative punitive en date, le 12 mars 2019, le Parlement européen votait une résolution appelant a envisager de «nouvelles sanctions à l'encontre de la Russie».

Ces déclarations hostiles, sur fond de montée en puissance de l'OTAN en Europe, n'ont toutefois pas empêché le président de la République Emmanuel Macron de jouer, en même temps, l'apaisement avec Moscou. «Je souhaite que la Russie reste au sein du Conseil de l'Europe», avait martelé le dirigeant français le 6 mai dernier. Le 16 mai, Sergueï Lavrov a ainsi rappelé l'attachement de son pays au Conseil de l'Europe, le qualifiant «comme l'une des organisations internationales les plus respectées sur le continent européen». Le lendemain, le chef de la diplomatie russe a enfoncé le clou, déclarant à l'occasion de la 129e réunion du Comité des ministres de l'organisation : «Nous ne cherchons pas à sortir du Conseil de l’Europe comme on tente de le faire croire par des rumeurs. Nous ne renonçons à aucun de nos engagements, y compris financiers.»

Sur ce point, Moscou n'a en réalité pas varié au cours de ces cinq années de crise, dénonçant certes la suspension du droit vote infligée à ses délégués, mais rappelant l'importance du Conseil de l'Europe pour la Russie post-soviétique. Le risque est en effet important de voir ce pays se rapprocher toujours plus de la sphère asiatique, dominée par la Chine, accélérant un processus initié par le coup d'Etat en Ukraine, pro-UE et conforme aux intérêts géopolitiques des EUA. Signe que le dossier ukrainien joue – ou jouait jusque-là – un rôle décisif dans ce blocage, Kiev a fustigé l'assouplissement de la position occidentale. Les Européens seraient-ils désormais disposés à tourner la page de la présidence Porochenko pour préserver, même a minima, leur relation avec Moscou ?

* * *Italy revokes Steve Bannon’s lease on mountain monastery (FT, 2.6.2019). Former Trump adviser had hoped to develop an academy for Europe’s nationalists Trisulti monastery, south of Rome, from which Steve Bannon's institute to promote European nationalism has been evicted.Steve Bannon has suffered a setback in his bid to open an academy for nationalist leaders after Italy’s culture ministry said it would revoke the lease on a state-owned monastery where the former Trump adviser was planning the venture. In a statement, the ministry said it would revoke the concession on the Trisulti monastery in the mountains above Anagni, 40 miles south of Rome, which had been granted to a religious lobbying group Dignitatis Humanae Institute (DHI) that is allied with Mr Bannon. Gianluca Vacca, undersecretary for cultural heritage at the ministry, said DHI had insufficient experience in the “protection and enhancement of cultural heritage”…

Mr Bannon promised to contest the decision and cast the battle in grandiose terms: “The fight for Trisulti is a microcosm of the fight for the Judeo-Christian West.” The fight for Trisulti is

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a microcosm of the fight for the Judeo-Christian West… The academy for ultraconservatives had been repeatedly criticised by Italian left parties and local activists. Mr Vacca, a member of the anti-establishment Five Star Movement currently governing with the far-right League, said the decision had no political motives… One of the most influential figures in Donald Trump’s 2016 presidential campaign, Mr Bannon spent four years before the election running Breitbart News. He turned it into a platform for the disparate rightwing elements of modern America, from pro-lifers and climate-change deniers to white supremacists. Since being ousted from his position as White House chief strategist in 2017, he has shifted his attention to Europe, helping launch the Brussels-based The Movement, a rightwing think-tank to support nationalist, anti-establishment groups. While a number of Europe’s rightwing leaders have sought to keep Mr Bannon at arm’s length, in Italy, his Christian-centric, pro-family and vehemently anti-abortion message has chimed with ultra-conservative Catholics. With their help, he had been finalising preparations for the opening of the alt-right academy in the monastery in the mountains above Anagni.

* * *La session plénière de l'Assemblée parlementaire du Conseil de l'Europe (APCE) de fin juin 2019 est marqué le retour à l'assemblée parlementaire d'une délégation russe et met fin à la crise institutionnelle que traverse l'organisation paneuropéenne depuis 2014. En réaction à l'annexion de la Crimée, la délégation russe à l'APCE s'était vu en 2014 sanctionnée et privée de ses droits de vote au sein de l'instance. Moscou a rétorqué en ne présentant plus de délégation depuis et, à partir de 2017, en cessant de payer sa contribution de 33 millions d'euros au budget annuel du Conseil de l'Europe. Même si leurs pouvoirs devraient de nouveau être contestés par les Ukrainiens, les parlementaires russes pourraient ainsi, comme ils le réclamaient, participer à l'élection mercredi du nouveau secrétaire général du Conseil de l'Europe. L'Ukraine, soutenue par les pays baltes et le Royaume-Uni, estime que la réouverture de la porte aux Russes est comparable à une première brèche dans les sanctions occidentales imposées à Moscou pour avoir annexé la Crimée.

La population de la Russie et du monde, et les réfugiés

Selon une étude commandée par l’agence RIA Novosti, en 2018, la population russe est en baisse pour la première fois depuis dix ans, les flux migratoires ne parvenant pas à compenser la diminution de la natalité. Le pays compte aujourd’hui un peu plus de 146 millions d’habitants, soit environ 100 000 de moins qu’en 2017. Une évolution démographique qui varie fortement d’une région à l’autre.

Début avril 2019, la vice-Première ministre en charge des questions sociales, Tatiana Golikova, indiquait que, sur les 85 « sujets » [entités administratives] de la Fédération, seuls 21 affichaient un solde naturel (différence entre les naissances et les décès) positif. Ce n’est pas le cas des deux plus grandes agglomérations du pays, Moscou ( + 292 000 nouveaux arrivants entre 2016 et 2018) et Saint-Pétersbourg (+ 96 000 ), dont la population, vieillissante mais croissante, augmente uniquement grâce aux flux migratoires. Elles se placent respectivement aux cinquième et sixième place du classement, avec des hausses démographiques respectives de 3,88 % et 3,84 %.

Le port de Sébastopol (une des deux entités administratives, avec la république de Crimée, de la péninsule annexée par la Russie en 2014) se place en tête des régions russes les plus dynamiques démographiquement. Avec aujourd’hui 443 000 habitants, il a vu sa population augmenter de près de 6,5 % en trois ans.

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Malgré un solde naturel négatif, la population de la péninsule entière croît fortement, grâce à l’afflux migratoire. 

* * *De 7,7 milliards d'individus, la planète devrait compter 9,7 milliards en 2050, révèle un rapport de l'ONU. Une croissance qui va de pair avec un vieillissement démographique global. La population mondiale devrait augmenter de 2 milliards de personnes au cours des 30 prochaines années : de 7.7 milliards d'individus actuellement, elle devrait passer à 9.7 milliards en 2050 pour s'établir à "son maximum à la fin du siècle", avec près de 11 milliards d'humains en 2100. D'ici 2050, la majorité de cette croissance démographique se concentrera dans neuf pays : Inde, Nigéria, Pakistan, République démocratique du Congo, Éthiopie, République-Unie de Tanzanie, Indonésie, Égypte et les États-Unis.

Vers 2027, l'Inde devrait dépasser la Chine en tant que pays le plus peuplé du monde. En Afrique subsaharienne la population devrait doubler d'ici 2050, ce qui représente un bond de 99%. Aux antipodes de cette hausse de la population, certains pays s'illustreront par leur plus faible taux de croissance démographique entre 2019 et 2050 : l'Océanie à l'exception de l'Australie/Nouvelle-Zélande, l'Afrique du Nord et l'Asie occidentale, l'Amérique latine et les Caraïbes, l'Asie de l'Est et du Sud-Est et l'Europe et l'Amérique du Nord.

* * *Nie zuvor waren so viele Menschen auf der Flucht wie heute. Ende 2018 lag deren Zahl laut den neuesten Erhebungen des Uno-Flüchtlingshilfswerks UNHCR bei 70,8 Millionen. Das sind 2,3 Millionen mehr als im Vorjahr – und rund doppelt so viele wie noch vor zehn Jahren. Damit ist die Zahl der Vertriebenen, zu denen das UNHCR Flüchtlinge, Asylsuchende und intern Vertriebene zählt, zum sechsten Mal in Folge angestiegen. Plus de la moitié de ces 70,8 millions trouvent refuges dans leurs propres pays. C’est surtout le cas en Afrique et au Proche-Orient.

La doctrine de la stratégie de l’OTAN est une copie-papier-collé de celle de Washington,sur base de NATO Watch Observatory, No. 50 (January - May 2019)(Extraits)

A l’OTAN, le secret dont on fait un grand cas est proprement ridicule et triste mais en même significatif du caractère non démocratique des débats européens de sécurité-défense. Quoi qu’il en soit, la stratégie américaine envisage la guerre sur le territoire européen qui « sanctuarise » celui des EUA et condamne l’Europe aux affres de la guerre éventuelle.

On the 22 May 2019, the twenty-nine NATO Chiefs of Defence came together in Brussels to discuss and sign-off on NATO’s new Military Strategy. NATO’s new strategy document (NDS) is probably just a consolidation of US military doctrine plus some window dressing. However, since it is not publicly available it is impossible to assess (a) how closely it mirrors recent US changes in military doctrine, and (b) whether it diverges from the 2010 Strategic Concept—NATO’s most recently agreed statement on core values, tasks and principles, the evolving security environment and strategic objectives for the next decade. Following the US lead? The new US NDS refocused on the possibility of war with China and/or Russia, marking a shift from the last 15 years’ focus on fighting transnational terrorist groups. “Great-power competition—not terrorism—is now the primary focus of US national security”, the then US Defense Secretary Jim Mattis said in a speech unveiling the new strategy in January last year. Similarly, at a meeting of NATO foreign ministers in Washington in April that marked the 70th anniversary of the alliance, US Secretary of State Mike Pompeo urged allies to work together to confront a wide variety of emerging threats from Russia and China…

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It is unclear to what extent the new NATO Military Strategy will change the balance of the current mix of nuclear, conventional and missile defence capabilities that make-up the collective defence posture. With regard to nuclear weapons, for example, the new US NPR sets out expanded scenarios for the possible use of nuclear weapons against nonnuclear threats, including cyber threats. It also identifies a plan to develop new ‘low-yield’ warheads for its submarine-launched ballistic missiles and new ground-launched cruise missiles. The US NPR contends that this capability would strengthen nuclear deterrence, while critics argue it would lower the nuclear threshold and increase the risk of nuclear war. Although the NATO Secretary General has said that the alliance has no intention to deploy new nuclear missiles in Europe following the collapse of the INF Treaty, there are plenty of US (and a few European) voices calling for NATO to deploy new nonstrategic and lower yield nuclear weapons or to adapt nuclear deterrence to play a larger role in NATO’s collective defence. The timing of the announcement of a new NATO Space Policy also suggests that this is a reaction to US-led developments…

While there may be a case for allowing government officials in defence ministries to discuss finer points in private, not least to enable consensus building around some of the more contentious issues, the lack of time set aside for substantive and prior parliamentary discussion of key documents such as these represents woefully inadequate oversight. In the second decade of the twenty-first century, surely it should be a NATOwide norm for any significant policy document, international treaty or agreement—that is, one that impinges on human rights and fundamental freedoms, transfers sovereignty, requires the passing of a law, or carries the possibility of the deployment of armed force abroad—to always require consent from member states’ parliaments, thereby giving the people a direct say in the external activities of the state, including key developments within alliances.

Parliaments should have a role in examining all decisions about the negotiation of treaties and multilateral accords, including determination of objectives, negotiating positions, the parameters within which the national delegation can operate and the final decision as to whether to sign and ratify. This should not be the exclusive reserve of defence ministries and their ministers. Without such certainty of process, NATO policy development lacks authority and credibility. At a minimum, a parliamentary mechanism or committee should exist in each member state to consider alliance policy documents, tabled treaties or international instruments.

Que se passe-t-il dans « l’étranger proche »3 » de l’UE ?

A.Les pays d’Europe adhérés ou en adhésion à l’UE4

A propos des mouvements migratoires en Europe : le cas des Ukrainiens et des Polonais

Un travailleur détaché peut en cacher un autre : en Pologne, l'arrivée du plombier... ukrainien, in : Marianne, Par Anne Dastakian, 17/05/2019 (extraits) : A Poznan, un travailleur sur cinq est ukrainien. Il vient pour occuper les postes laissés vacants par les Polonais… partis vers l'Europe de l'Ouest. Face à la gare centrale de Poznan - l'ancien Posen allemand -, des témoins de Jéhovah tentent d'attirer le chaland. Sur leur stand, des dépliants sont proposés, en polonais… et en ukrainien. Les deux langues cohabitent sur les distributeurs bancaires, dans 3 L’expression est utilisée ici par analogie au fait que, dans les années 1990, la diplomatie russe a traité ses anciennes républiques ou les pays voisins de la Russie comme « étranger proche », sauf les Etats baltes.4 Sauf la Turquie qui figure dans un chapitre spécifique ci-dessous.

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les offres d'emploi et dans les annonces immobilières, et même dans les prospectus touristiques de la grande métropole de l'Ouest polonais. Pourtant, Poznan, situé à 270 km de Berlin, mais à 800 km de Lviv, est fort éloigné de la frontière ukrainienne !

Aujourd'hui, à en croire Witold Horowski, consul honoraire d'Ukraine, les Ukrainiens sont au nombre de 100 000 dans la ville et de 300 000 dans la région, soit un habitant sur 10 et un travailleur sur cinq. Venus occuper les emplois abandonnés par les Polonais depuis leur grand exode vers l'ouest qui a suivi l'adhésion du pays à l'Union, en mai 2004, les plus visibles sont serveurs, vendeurs, coiffeurs, femmes de ménage, chauffeurs de taxi, routiers et même employés de banque. Et la plupart des entreprises, usines et exploitations agricoles locales emploient aussi cette main-d'œuvre vulnérable, prête à accepter le salaire minimum (500 € mensuels), dans un pays aux revenus bien inférieurs à la moyenne européenne. Un dumping social qui a pour effet d'amplifier l'exode des Polonais et qui pourrait, à terme, encourager les Ukrainiens à suivre le même chemin…

Depuis 2014, date de l'annexion de la Crimée par Moscou et du déclenchement des hostilités dans le Donbass, de 2 à 4 millions d'Ukrainiens - en quête de meilleurs salaires, fuyant la corruption dans leur pays, ou cherchant, pour les étudiants, à échapper à l'armée - sont ainsi venus remplacer 2 millions d'émigrés polonais. Ce phénomène d'une ampleur jamais vue au sein de l'Union européenne a connu une nouvelle impulsion en juin 2017 : l'UE a accordé aux Ukrainiens munis d'un passeport biométrique le droit d'entrer sans visa dans les pays membres, pour des séjours de moins de trois mois.

Le rapport de l’UE sur les pays balkaniques et sur les adhésions éventuelles de certains entre eux à l’union

L’élargissement éventuel de l’UE vers certains pays balkaniques est soutenu par 13 pays membres sur 28. Les pays majeurs de l’union sont plus que réticents. De mon point de vue actuel, l’expérience avec les PECO adhérés est globalement négative. Le niveau de vie ainsi que les conditions de l’existence de la majorité de leurs populations continuent à rapetisser comme avant (depuis 1989). La raison principale qui explique cette situation avère que les forces du capitalisme, des multinationales l’emportent sur les résultats de la démocratisation espérée ou induite. Des régimes autoritaires s’y installent. Dans un pays tel que la Hongrie, la répression camouflée mais systématique est plus manifeste qu’au Bélarus par exemple. Or, celui-ci est taxé par Washington comme la „dernière dictature de l’Europe” (voir Überleben in einem Polizeistaat – ohne ein Dach über dem Kopf, in: NZZ, Eva Hirschi, Minsk, 17.6.2019). L’expertise en la matière des EUA est prodigieusement sélective! Voir les deux articles qui suivent.

La Commission européenne présente au début juin 2019 son diagnostic sur l’état d’avancement des pays des Balkans occidentaux candidats à l’intégration. Elle recommande l’ouverture des négociations avec l’Albanie et la Macédoine du Nord, mais la décision reviendra aux États-membres. Le rapport est très critique envers le Monténégro et la Serbie. Ce rapport, qui décrit les progrès réalisés par les pays dans le processus d’intégration, est le plus important pour les pays des Balkans occidentaux et la Turquie. Cette année, sa publication, qui se fait normalement en avril, a lieu dans une atmosphère inhabituelle à cause des élections européennes du 26 mai.

Le Commissaire européen en charge de l’élargissement s’est félicité de l’accord conclu entre la Grèce et la Macédoine du Nord et du rôle joué par l’UE, voulant y voir la preuve que celle-ci ne soutiendrait pas le statu quo. La Commission a recommandé au Conseil européen l’ouverture des négociations d’adhésion avec la Macédoine du Nord et l’Albanie. Il s’agit de la dixième recommandation pour la Macédoine du Nord et de la deuxième pour l’Albanie. Ces questions seront ensuite débattues par les ministres des Affaires étrangères des États membres de l’UE.

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Concernant, la Bosnie-Herzégovine, la Commission se montre très prudente, se contentant de déclarer que « les négociations d’adhésion devraient être ouvertes dès que la Bosnie-Herzégovine aura atteint le degré nécessaire de conformité aux critères d’adhésion ». Pour cela, le pays « devra améliorer fondamentalement son cadre législatif et institutionnel pour garantir le respect d’un certain nombre de priorités précises en matière de démocratie, d’état de droit, de droits fondamentaux et de réforme de l’administration publique ». Les autorités bosniennes auraient dû apporter leur contribution en répondant à la liste des quelque 4000 questions de la Commission européenne. Or, les autorités de Sarajevo se sont contentées de réponses incomplètes.

Le rapport se montre très critique envers la Serbie qui a fait des « progrès limités », notamment en ce qui concerne l’État de droit. La Commission a souligné des tendances négatives dans le fonctionnement de la démocratie et exprimé son inquiétude quant à l’influence politique sur la justice et à l’étendue de la corruption. Par rapport aux autres années, la Commission s’est faite plus claire et précise dans ses demandes. Elle s’inquiète en particulier du rôle de la majorité au pouvoir au Parlement qui contribue à perturber le débat public et souligne l’insuffisance de la coopération des autorités avec la société civile dans la mise en œuvre des réformes européennes. Pour la première fois, le rapport indique que le gouvernement serbe ne communique pas assez objectivement à propos de l’UE.

À propos du Monténégro, la Commission dénonce une scène politique fragmentée, polarisée et marquée par l’absence d’un véritable dialogue politique. Si elle estime que l’environnement juridique, institutionnel et financier dans lequel évolue la société civile s’est globalement amélioré, elle en appelle cependant à une véritable inclusion des organisations de la société civile dans le processus de décision. Quant à la réforme de son administration publique, le Monténégro est « modérément préparé », selon la Commission. « Une volonté politique forte reste nécessaire pour lutter contre la dépolitisation de la fonction publique et l’optimisation de l’administration de l’État, l’élaboration de politiques inclusives, la délégation du pouvoir décisionnel et la responsabilité de la gestion », estime Bruxelles. La corruption reste également un sujet de préoccupation, tout comme la lutte contre le crime organisé. « En ce qui concerne les droits fondamentaux, des efforts supplémentaires sont encore nécessaires pour renforcer le cadre institutionnel et protéger efficacement les droits de l’Homme », selon le rapport qui estime notamment que la compréhension du rôle des médias libres reste encore problématique au Monténégro.

Das bisherige EU-Erweiterungsmodell stößt im Balkan an seine Grenzen,in: NZZ, Andreas Ernst, 14.6.2019.

Beitrittsverhandlungen erfordern Einstimmigkeit – und das ist das ProblemSosehr sich die EU-Spitze bemüht, einen Konsens über die Fortsetzung der Erweiterung auf dem Balkan gibt es nicht. Das Tauschmodell «Reform gegen Integration» ist außer Kraft gesetzt. Brüssel sieht die Felle seiner Erweiterungspolitik auf dem Balkan davonschwimmen. Die EU-Mitgliedstaaten sollten dem Beginn von Beitrittsverhandlungen Nordmazedoniens und Albaniens zustimmen, forderte EU-Rats-Präsident Donald Tusk Mitte der Woche. Doch das wird nicht geschehen, zumal die Regel verlangt, dass ein solcher Beschluss einstimmig gefasst wird.

Beim Besuch des nordmazedonischen Präsidenten Stevo Pendarovski in Brüssel räumte Tusk ein, Skopje habe eigentlich «all das gemacht, was die EU erwartet hat. Dennoch», so Tusk weiter, «ich will ehrlich sein: Nicht alle Mitgliedstaaten sind bereit, in den kommenden Tagen die Entscheidung für Beitrittsgespräche zu treffen.» Gemeint sind Frankreich, die Niederlande, wahrscheinlich Dänemark, aber auch Deutschland, das die Entscheidung vor sich her schiebt. Tusks Aussage ist eine kalte Dusche für die Nordmazedonier, doch sie kommt nicht ganz unerwartet.

Zwar hatte Ende Mai auch die Europäische Kommission mit Blick auf Albanien und Nordmazedonien den Beginn des Beitrittsprozesses befürwortet – der sich über viele Jahre

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hinziehen werde. Albanien sollte für seine Justizreform belohnt werden, bei der die gesamte Richterschaft einer Überprüfung ihrer Leistungen und Einkommensverhältnisse unterzogen worden war. Und Nordmazedonien hatte dank seiner Kompromissbereitschaft den jahrzehntelangen Namensstreit mit Griechenland beendet. Es änderte seine Verfassung und verzichtete auf den bisherigen Namen Mazedonien, den die Griechen als ihr exklusives historisches Erbe betrachten.

Angst vor den Rechten im WestenDass die Stimmung in vielen Mitgliedstaaten nicht zugunsten der Erweiterung ist, zeigte schon die Tatsache, dass die Kommission ihre jährlichen Berichte über die Kandidatenländer erst nach den Europawahlen veröffentlichte, um mit ihrer Beitrittsempfehlung den integrationsfeindlichen Rechtsparteien in Westeuropa keine Vorlage zu liefern. In Osteuropa dagegen befürwortet auch die Rechte den Beitritt der Länder auf dem Westbalkan. Bisher verhandeln nur Serbien und Montenegro mit Brüssel und kommen dabei schleppend voran. Wie wacklig der ganze Prozess ist, zeigt eine niederländische Initiative, die Brüssel dazu auffordert, die Visafreiheit mit Albanien nach zehn Jahren wieder aufzuheben. Den Haag beklagt sich über kriminelle Netzwerke und illegale Immigration aus dem Land.

Vor allem in Nordmazedonien ist die Enttäuschung gross, und Ministerpräsident Zoran Zaev spricht – verklausuliert – von einem Wortbruch. In einem Interview mit der «FAZ» beteuerte er, neben andern europäischen Partnern habe auch die deutsche Bundeskanzlerin ihm zweimal versichert: «Liefert ihr, liefern wir.» Und der französische Präsident Emmanuel Macron habe gesagt, er äussere sich zur Erweiterungsfrage nicht vor den EU-Wahlen, stehe dem mazedonischen Wunsch aber positiv gegenüber. Ein ungenannter EU-Diplomat betonte dagegen laut österreichischen Medien, die Zusicherungen hätten immer nur dem Nato-Beitritt gegolten und nicht der EU-Integration. Wer hier mit gezinkten Karten spielt, bleibt offen.

Der Osten für Erweiterung statt VertiefungDa ist es ein schwacher Trost, dass sich dreizehn Länder, angeführt von Italien, Polen und Österreich, in einer gemeinsamen Stellungnahme für die Aufnahme von Beitrittsverhandlungen mit Albanien und Nordmazedonien aussprechen. Polen hat zudem eine zweite, gleichgerichtete Initiative osteuropäischer EU-Staaten angestossen. Ähnlich wie früher die Briten argumentieren diese Länder, dass die Erweiterung des Staatenverbundes seiner Vertiefung vorzuziehen sei. Deshalb nämlich, weil dann mehr Souveränität bei den Mitgliedstaaten verbleibe.

Dass das bisherige Erweiterungsmodell der EU an seine Grenzen gestossen ist, machte indirekt auch die Aussenbeauftragte Federica Mogherini klar. Leistungen der Kandidaten müssten anerkannt werden, mahnte sie bei der Veröffentlichung der Länderberichte. Wenn dies nicht geschehe, werde die Glaubwürdigkeit der EU in der Region und darüber hinaus beschädigt. Die Nichtanerkennung «historischer Leistungen» wie des mazedonischen Namenskompromisses untergrabe die Stabilität und hemme weitere Reformen. Doch Mogherinis Beschwörung ändert es nicht: Der Tauschprozess funktioniert nicht mehr, in dem Kandidatenländer Reformen und geopolitisches Wohlverhalten gegen Integrationsschritte mit der EU verrechnen konnten.

Trump and Duda close to deal on boosting US forces in Polandin: FT, James Shotter in Warsaw, MAY 31, 2019

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En court-circuitant des alliés européens de l’OTAN, l’armée américaine s’installe, directement et de droit, au centre de l’Europe. Washington craint sans doute d’un véto de l’un ou l’autre pays membres d’Europe. Le prétexte en est le danger russe qui, pour moi, n’a aucun fondement jusqu’ici. Il va de soi que les multinationales américaines de secteurs pétrolier ou énergétique, soutiennent la politique de Washington.

Warsaw and Washington are close to a deal on an increased US military presence in Poland, which could be announced when Polish president Andrzej Duda visits his US counterpart Donald Trump next month, according to people familiar with the discussions. The deal, the result of months of intensive negotiations between the two allies, would increase the 4,500-strong US presence in Poland — the linchpin of Nato’s eastern flank — by at least 1,000, they said. The increased presence would go hand in hand with an upgrade in the capabilities of the US forces stationed in Poland, including a special forces component as well as the establishment of a state of the art joint training facility. Alarmed by Russia’s renewed assertiveness, Polish officials last year launched a concerted effort to persuade the US to establish a permanent military presence in their country.

Mr Duda suggested that a base could be called “Fort Trump” and Poland offered to provide up to $2bn towards funding it… A deal on an increased US presence in Poland would be a boost for Poland’s ruling Law and Justice party, which has often clashed with Brussels over the past three years and has made closer ties with the US one of its strategic priorities. The fraying transatlantic alliance It would also boost Mr Trump, who has made it clear he expects other Nato countries to play a bigger role in the burden-sharing associated with maintaining the alliance’s capabilities and has frequently criticised countries such as Germany for doing too little. Poland is one of just five Nato states that meet the bloc’s defence spending targets.

As well as the bigger US military presence, the two sides are expected to discuss a range of other security topics, including a recent Polish request for a quotation on the purchase of F-35A fighter jets, according to a person familiar with the plans. Polish officials are set to visit a US air base as part of the trip. Also on the agenda is greater energy co-operation. Poland’s state-controlled energy group PGNiG has struck a number of deals with US liquefied natural gas groups in recent months, and as part of his trip, Mr Duda will visit an LNG facility in Louisiana. The two delegations will also cover nuclear co-operation. Warsaw is considering whether or not to build the country’s first nuclear power plant. US officials, including Rick Perry, energy secretary, have been lobbying on behalf of US group Westinghouse, according to people briefed on the discussions. They will also discuss Poland’s desire for a visa waiver for citizens visiting the US.

La question des „périphéries” de l’UEin: Courrier des Balkans, 25.5.2019 (extraits)L’UE est en difficultés, et ses embarras touchent plus durement encore ses périphéries. Face à la régression socio-économique, à la montée du chauvinisme et de « l’illibéralisme », eux-même produits des contradictions des « démocraties libérales », quelques alternatives plus solidaires émergent, comme le projet d’un « green new deal ». C’est ce que veut porter DiEM25, la formation paneuropéenne qu’a créée le philosophe croate Srećko Horvat avec Yanis Varoufakis. Entretien (extraits).

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Radio Slobodna Evropa (RSE) : Y a-t-il aujourd’hui de bonnes nouvelles provenant de l’Europe, alors que la campagne électorale pour les élections du 26 mai va bientôt s’achever ?Srećko Horvat (S.H.) : Il y a de bonnes nouvelles, même si nous sommes témoins d’un renforcement du populisme de droite, c’est-à-dire du rapprochement entre Matteo Salvini et Viktor Orban, aidé par l’Américain Steve Bannon. En face, l’establishment européen s’efforce de maintenir un statu quo qui, de fait, a conduit au renforcement de ce populisme de droite. Le statu quo signifie davantage de mesures d’austérité, le renforcement des monopoles, la désindustrialisation, le chômage et la poursuite de l’exode massif dans les régions périphériques comme les Balkans. Nos villages sont dévastés, non plus à cause de la guerre, mais du libéralisme, et la faute en revient autant aux élites compradores de notre région qu’aux centres du pouvoir de l’UE. Il faut toujours être deux pour danser le tango !

La bonne nouvelle, c’est qu’il y a de nouvelles forces en Europe qui n’adhèrent pas au fameux « il n’y a pas d’alternative » de Margaret Thatcher. Un consensus de plus en plus fort est en train de se former autour d’un « Green New Deal », à savoir la nécessité pour l’Union européenne de montrer l’exemple et mener non seulement une politique environnementale, mais aussi économique conduisant à des investissements solides et durables dans les technologies vertes, le solaire, l’éolien, mais aussi les transports. Si vous regardez l’Europe du Sud, en particulier les Balkans, vous verrez que l’UE n’investit pas dans les infrastructures ni les transports. Ce travail est laissé aux Chinois qui construisent le pont de Pelješac en Croatie, l’autoroute Bar-Boljare au Monténégro et investissent dans un train à grande vitesse en Serbie...

Notre mouvement DiEM25 essaie de placer ce type de sujets au premier plan. Quels que soient les résultats que nous obtiendrons lors de ces élections, nous avons fait un grand pas en avant car la politique ne se fait pas seulement dans les parlements, elle se fait aussi en changeant la perception du possible. Les travaillistes de Jeremy Corbyn et les Verts dirigés par Caroline Lucas au Royaume-Uni s’engagent de plus en plus pour le Green New Deal, ce à quoi contribuent les manifestations permanentes initiées par la jeune Greta Thunberg, qui dénoncent les conséquences dévastatrices du changement climatique. Pour moi, ce sont des nouvelles positives, ce qui ne veut pas dire que le combat ne sera pas long et difficile…

RSE : Cela fait trente ans que le mur de Berlin est tombé. On pensait que les changements démocratiques allaient être plus rapides, avec des résultats concrets, mais c’est comme si la majorité des sociétés post-communistes n’avait pas réussi à gagner la bataille pour l’idée d’une égalité des classes.S.H. : La question de classe a été complètement négligée après la chute du mur de Berlin. Le fait que les anciens pays communistes soient devenus partie de prétendues « démocraties libérales » n’a pas suffi. Au lieu d’assister à la croissance de la démocratie, nous assistons à la croissance de « l’illibéralisme », qui est en réalité le résultat de contradictions au sein de la démocratie libérale elle-même. Après tout, la question de classe est négligée au sein de l’UE elle-même, qui est de plus en plus divisée entre le centre et la périphérie, où il existe d’énormes différences économiques entre l’ouest et l’est, le nord et le sud…

RSE : Revenons à l’UE et aux Balkans occidentaux. La politique de l’élargissement est au point mort. Au début du mandat, la commission actuelle a déclaré qu’il n’y aura pas d’élargissement avant 2025. Son mandat touche à sa fin et la situation dans les Balkans occidentaux se dégrade, comme si nous étions de retour dans les années 1990. Au lieu de se

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borner à répéter que les Balkans occidentaux font partie de l’Europe, n’est-il pas temps de faire quelque chose de concret ?S.H. : Le retrait de l’UE des Balkans occidentaux et peut-être le renoncement des Balkans à intégrer l’UE, aura, et a déjà, des incidences géopolitiques sérieuses non seulement dans les Balkans occidentaux, mais également au sein de l’UE. Il suffit de regarder l’influence du capital chinois, russe, arabe et turque sur ces territoires. Sans parler de l’envoi de Frontex à la frontière entre la Croatie et la Bosnie-Herzégovine, qui non seulement aggrave les relations entre les pays des Balkans occidentaux, mais introduit encore plus de démarcations entre les pays qui ont déjà suffisamment souffert dans les années 1990. Qui plus est, cela ne résout aucunement la grave crise des migrants et le problème de dizaines de milliers de réfugiés fuyant la guerre, maintenant littéralement dans un no man’s land.

D’un côté, nous voyons donc que l’UE n’est pas intéressée par l’élargissement pour le moment, on n’en parle presque plus, et si on en parle, la majorité est contre. D’autre part, nous constatons que les Balkans occidentaux ne sont plus enthousiastes vis-à-vis de l’UE, comme cela a été le cas lors de la vague d’élargissement et l’entrée de la Slovénie dans l’UE. Nous assistons à l’effondrement du rêve libéral selon lequel l’UE interviendra lorsque, par exemple, les droits de l’Homme seront violés, la liberté des médias étouffée, ou le révisionnisme historique renouvelé. Comment l’UE peut-elle intervenir, ou comment la prendre au sérieux, quand les mêmes phénomènes se produisent dans les États membres ?“Le « libéral » Emmanuel Macron n’est-il pas encore plus brutal envers ses opposants que certains régimes des Balkans ?”…

Europäische Union: Ungarn ist verlorenEin Essay von Beda Magyar, Budapest, in: Die Zeit, 9. April 2019,

Il est assez remarquable que l’un des journaux le plus respecté de la RFA publie cet article. L’auteur semble être un scientifique sérieux. L’article fait le procès du régime actuel en Hongrie. Pour l’A., le régime est en perte de légitimité et en pleine illégalité dans des domaines fondamentaux tels que la constitutionnalité, la séparation des pouvoirs judiciaires et exécutifs, les médias, la législation du travail, les droits humains, les élections, la propagande, le système de santé et de sécurité sociale… L’A. mentionne que 4 millions de personnes sur 10 millions d‘habitants se trouvent en pauvreté et que la croissance économique affichée est mensongère. Il ne met pas en évidence qu’approximativement 500 à 700 000 Hongrois ont quitté le pays pour travailler et vivre ailleurs, alors qu’il n’existe plus d’immigrants. Signalons les apports d’autres articles qui suivent !

Unter Viktor Orbán wird Ungarns Demokratie systematisch zerstört. Hass, Rassismus und das anmaßende Ganoventum der Rechten sind Staatsräson. Die EU ist daran mit schuld.Beda Magyar ist ein ungarischer Wissenschaftler, der in Budapest an der Zentraleuropäischen Universität (CEU) gearbeitet hat. Diese Hochschule wurde von der ungarischen Regierung mit neuen Anforderungen im Hochschulgesetz unter Druck gesetzt, bis sie sich Ende 2018 gezwungen sah, teilweise nach Wien umzuziehen. Beda Magyar schreibt hier unter Pseudonym, um sich und sein privates und berufliches Umfeld zu schützen. Seine Identität ist der Redaktion bekannt.

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Ungarn hat Selbstmord begangen – mit ungeschickter Hilfe der EU und vor den Augen der übrigen, hilflosen EU-Mitglieder. Der Totentanz der Demokratie hat begonnen, wie schon einmal im 20. Jahrhundert: Menschenrechte, Pressefreiheit, die Unabhängigkeit von Justiz, Wissenschaft und Kunst sind wieder zum Spielball der Politik geworden; Fakten und Realitäten werden umgedeutet zu Angriffen auf die nationale Identität; Hass und Gesetzesbruch werden zum moralischen Imperativ erklärt. Dies alles geschieht nicht nur in der EU, sondern die EU hat selbst dazu beigetragen, den Wahngebilden der Rechtsextremen Leben einzuhauchen. Denn um nichts anderes handelt es sich bei der fixen Idee, die Brüsseler Bürokratie stelle eine Bedrohung für Ungarns kulturelle Identität dar.

Eigentlich ist es nämlich so: Im Namen der Nichteinmischung in die inneren Angelegenheiten eines souveränen Staates pumpt die EU-Bürokratie Geld in das Land und sichert damit die Herrschaft eines politischen Führers, der den Kontakt zur Realität verloren hat. Sie lässt damit zu, dass er Ungarn mitsamt allem künstlerischen, literarischen und wissenschaftlichen Leben zerstört, auch indem sie die Grenzen für alle, die aus dem Land vertrieben werden, offen hält. Mit dem Ergebnis, dass der Kalte Krieg zurück ist, nur diesmal in Form eines kalten Bürgerkrieges, der das Land seit 2002 in zwei immer unversöhnlichere Teile reißt. Die treibende Kraft dahinter ist der politische Konservatismus in Form einer Tugendhysterie. Gibt es für Europa einen Ausweg aus diesem Schlamassel, den es angerichtet hat?

Der Zustand Ungarns heuteMit seinem gegenwärtigen Rechtssystem und seiner Staatsverfassung käme Ungarn heute nicht einmal mehr als Kandidat für EU-Beitrittsgespräche infrage. Ministerpräsident Viktor Orbán kann also von Glück sagen, dass die von ihm seit einem Jahrzehnt betriebene systematische Missachtung von EU-Recht ohne ernsthafte Konsequenzen geblieben ist. Seit der Einführung des neuen ungarischen Medienrechts 2011 ist die Pressefreiheit zu einer reinen Worthülse verkommen, eine unabhängige Presse von nennenswerter Reichweite existiert jedenfalls nicht mehr. Mit Ausnahme einiger weniger von der Staatspropaganda geduldeter Aushängeschilder einer oppositionellen Presse mit verschwindend geringen Auflagen ist die gesamte Medienlandschaft von der regierenden Fidesz-Partei aufgekauft und zum Schweigen gebracht worden. Die Menschenrechte gelten nur noch zum Schein, denn laut der 2012 in Kraft getretenen Verfassungsänderung unterstehen sie nun noch nicht näher festgelegten Verpflichtungen gegenüber dem Staat.

Die Unabhängigkeit der Justiz ist in den Händen regierungstreuer Richter nicht mehr gewährleistet. Auf dem Papier sind Wahlen in Ungarn weiterhin frei, aber ganz offensichtlich nicht fair. Die Regierungspropaganda zeichnet Ungarn, ein Land mit de facto Nulleinwanderung, als letzte Bastion gegen die "Invasion barbarischer Migrantenhorden" – eine Anspielung auf das Osmanische Reich –, das sich zugleich gegen die dekadenten liberalen Eliten in der EU zur Wehr setzen müsse, die ihm vorwerfen, es stemme sich der Einwanderung entgegen – eine Anspielung auf das Habsburger Reich. Flüchtlinge lässt man währenddessen systematisch in weit entfernten Auffanglagern darben.Auch der Zustand der Wirtschaft ist erbärmlich. Sie wird durch EU-Mittel und Investitionen von vier oder fünf deutschen Unternehmen künstlich am Leben gehalten, wobei die veröffentlichten Zahlen kaum der ganzen Wahrheit entsprechen. Orbán verfolgt, seit er vor acht Jahren an die Macht kam, keinen erkennbaren Wirtschaftsplan, abgesehen davon, Mittel abzuschöpfen, von wem und woher auch immer. Damit ist jede Entwicklung zum Stillstand gekommen.

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In einem Land mit knapp zehn Millionen Einwohnern leben vier Millionen Menschen in Armut, eine Million von ihnen in extremer Armut. Ärzte und Pflegepersonal verlassen in Scharen die Krankenhäuser. Neue Intensivtherapien gegen Krebs stehen Patienten, die älter als 75 Jahre sind, nicht mehr zur Verfügung. Der wirtschaftliche Abschwung begann 2008, die Arbeitslosenquote wird kaschiert von öffentlichen Beschäftigungsprogrammen, die obligatorisch sind für alle Arbeitssuchenden und Antragsteller auf Arbeitslosengeld; sie bekommen darin gerade einmal die Hälfte des Mindestlohns. Obdachlosigkeit ist laut Gesetz ein Verbrechen. Auf Budapester Straßen ist die Armut heute so allgegenwärtig und unübersehbar wie Anfang der Neunzigerjahre. Die 87 Millionen Euro, die die EU ohne weitere Kontrollen wöchentlich an Orbán überweist, wandern direkt in die Taschen von vier oder fünf Oligarchen, die zu dessen treuer Gefolgschaft gehören.

Damit noch nicht genug: Am 1. Oktober 2018 hat die regierende Fidesz-Partei ein neues Demonstrationsgesetz verabschiedet. Jetzt kann, wie vor 1989, schon ein Treffen von zwei Personen im öffentlichen Raum als politische Versammlung gelten. Außerdem wird gerade Oppositionsabgeordneten der Prozess gemacht, weil sie sich im Dezember Zutritt zum Gebäude des staatlichen Fernsehens verschafft hatten, um von ihrem Recht Gebrauch zu machen, mehr als die ihnen zugestandenen fünf Minuten Sendezeit für die Verlesung von politischen Forderungen zu erhalten. Und außerdem macht sich die Regierung stillschweigend daran, ein neues Oberstes Verwaltungsgericht einzurichten, das für politisch relevante Verfahren zuständig sein soll und diese dem herkömmlichen Justizsystem entzieht. Das wäre das Ende der Gewaltenteilung. 

Was die Brutalisierung von Presse und Gesellschaft betrifft, befindet sich Ungarn heute in etwa auf dem Stand der Dreißigerjahre. Nur dass heute eine linke Mobilisierung der Massen gegen diese Politik fehlt und dass politische Morde oder die Inhaftierung von politischen Gegnern und Journalisten nicht an der Tagesordnung sind. Es sei denn, der Staat hat doch seine Hände im Spiel bei den unaufgeklärten Todesfällen, die sich von Zeit zu Zeit ereignen, etwa wenn ein Oppositionskandidat einen Tag vor der Wahl von einem Auto angefahren wird, ein zwielichtiger Geschäftsmann in einem Polizeiwagen stirbt oder der Besitzer des Quellcodes für die Software, mit der EU-Gelder verwaltet werden, einem plötzlichen Herzversagen erliegt, einen Tag nachdem er den Code an die Regierung verkauft hat.

Doch der Schwerpunkt von Orbáns Tätigkeit ist, Themen aufzuspüren, die die Gesellschaft spalten, und dann alles daranzusetzen, dass sich die Kluft zwischen den Lagern nicht schließt. Dafür muss er Sündenböcke finden, sodass sich seine Anhänger hinter ihn stellen, Farbe bekennen und Gefolgschaft schwören können. Mit dieser Methode hat die Orbán-Regierung das Land mit faschistoiden Hasskampagnen überzogen, wie es sie seit dem Zweiten Weltkrieg nicht mehr gegeben hat. Die erste richtete sich im Sommer 2015 gegen Menschen, die vor dem syrischen Bürgerkrieg Zuflucht suchten ("Wer nach Ungarn kommt, der hat sich an unsere Gesetze zu halten", "Wer nach Ungarn kommt, darf keinem Ungarn die Arbeit wegnehmen!"). Mit der zweiten Kampagne beschuldigte Orbán im Sommer 2016 die UN und die EU, außereuropäische Migranten massenhaft in Ungarn ansiedeln zu wollen.

Kurz vor den Wahlen zum Europaparlament hat er diesen Vorwurf jetzt an die EU gerichtet noch mal erneuert. Mittlerweile ist das ungarische Volk das hasserfüllteste in der EU. Offiziell heißen diese Aktionen staatliche Informationskampagnen, für deren Durchführung und Inszenierung der Fidesz-Partei gerade in Wahlkampfzeiten unendliche Geldquellen zur Verfügung stehen (bislang hat die Regierung mehr als 300.000 Euro täglich für solche Zwecke ausgegeben), während die Opposition aus der Öffentlichkeit so gut wie verbannt ist.

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Mit diesen Kampagnen bereitet Orbán seit Längerem den Weg für einen Austritt aus der EU, für den Fall, dass der Verbleib sich für ihn nicht mehr so recht bezahlt macht. Für den Wahlkampf 2018 schließlich inszenierte Orbán für seine Identitätspolitik eine Hasskampagne gegen seinen alten und neuen Feind George Soros.

* * *Viktor Orbans Regierung in Ungarn ist nicht dafür bekannt, bei ihr wichtigen Reformen nach internationaler Kritik einzulenken (NZZ, 4.6.2019). Im Gegenteil scheinen mahnende Worte aus dem Ausland ihre aggressive Rhetorik jeweils eher noch zu befeuern. Umso bemerkenswerter war deshalb, was Orbans Kanzleramtsminister Gergely Gulyas am Donnerstag anlässlich seiner wöchentlichen Medienkonferenz ankündigte. Die Regierung werde die geplante Einführung einer Verwaltungsgerichtsbarkeit auf unbestimmte Zeit verschieben, erklärte Gulyas. Die Reform habe eine internationale Debatte über die Unabhängigkeit der Justiz in Ungarn ausgelöst, und solche Sorgen dürfe man nicht zulassen, auch wenn sie grundlos seien. Bis sie ausgeräumt seien, werde man die ursprünglich bereits für das nächste Jahr geplante neue Gerichtsbarkeit aussetzen.

Ungarn umgarnt seine Partner mit Waffengeschäftenin: NZZ, Ivo Mijnssen, 7.5.2019 (extraits).

Manifestement, l’article qui suit confirme la teneur de l’article qui précède. Le régime hongrois achète, alternativement, la bienveillance de Washington ou de Moscou avec l’argent du contribuable et par ses achats d’équipements militaires.

Budapest modernisiert seine Armee mit milliardenteuren Waffenkäufen und zeigt sich als verlässlicher Nato-Partner. Die Beziehungspflege mit Berlin ist ein willkommener Nebeneffekt. 44 neue Leopard-Panzer und 24 moderne Panzerhaubitzen aus Deutschland, 36 Kampfhelikopter und ein neues Samoc-Luftverteidigungssystem von Airbus sowie die Ankündigung, von den Amerikanern Luftabwehrraketen zu erwerben: Die Einkaufsliste der ungarischen Streitkräfte seit Mitte letzten Jahres ist lang und beeindruckend. Wie viel sich Budapest dies kosten lässt, unterliegt dem Geschäftsgeheimnis. Experten bewerten allein den Panzerkauf mit einer Milliarde Euro.

Ungarn befindet sich in guter Gesellschaft. Die Nato-Mitglieder in der Region rüsten angesichts grösserer Spannungen zwischen den USA, Europa und Russland auf. So kaufte Polen vor einem Jahr für 4,75 Milliarden Dollar ein Patriot-Raketensystem, um sich besser gegen Russland zu verteidigen. Aber auch kleinere Länder investieren viel Geld, so etwa die Slowakei, die aus den USA neue F-16-Jets für 1,6 Milliarden Euro bezieht. Die Staaten modernisieren ihre veraltete Ausrüstung – und zeigen sich so als gute Partner, welche mehr Verantwortung für ihre Verteidigung übernehmen, wie dies der amerikanische Präsident Donald Trump immer wieder einfordert. Ungarn will den Polen und den Balten nicht nachstehen und deshalb seine Verteidigungsausgaben bis in neun Jahren auf 2 Prozent der Wirtschaftsleistung erhöhen. 2017 betrugen sie 1,1 Prozent…

Spannungsfrei waren diese Beziehungen in den letzten Jahren nicht. Seit Budapest 2014 in Moskau einen Milliardenkredit für den Bau eines Atomreaktors aufgenommen hat, hofiert Ministerpräsident Viktor Orban den russischen Präsidenten Wladimir Putin – trotz Krim-

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Annexion und Sanktionen. Da Orban wegen eines Streits um das ukrainische Sprachengesetz auch die Nato-Annäherung Kiews teilweise blockiert, sehen ihn manche als Putins trojanisches Pferd im Bündnis.

Dazu kommen der anhaltende Streit mit Brüssel und Berlin über die Migrationspolitik sowie die rechtsstaatlichen Rückschritte in Ungarn… Dennoch tätigen die Ungarn ihre grossen Rüstungsgeschäfte nicht mit Washington, sondern mit Berlin – aus Rücksicht auf Moskau? … Nur teilweise zu beantworten ist das militärstrategische Ziel von Ungarns Rüstungsoffensive. Aus Sicht der Nato ist primär die Luftwaffe des Landes relevant, steht am Militärflughafen Papa doch eine wichtige Basis für Transportflugzeuge der Allianz. Die Amerikaner modernisieren zudem die ungarische Luftwaffenbasis in Kecskemet,und das jüngst beschlossene bilaterale Verteidigungsabkommen würde ausländischen Soldaten und ihrem Material grössere Bewegungsfreiheit einräumen. Ungarn wiederum hat gesamthaft 1200 Soldaten in verschiedenen internationalen Missionen im Ausland stationiert, so in Afghanistan und in Kosovo. Ein Hauptziel des Modernisierungsprogramms ist es, diese besser transportieren und versorgen zu können. Doch wie und wo braucht Ungarn 44 hochmoderne Panzer? ..

B. L’Ukraine, le Bélarus et la République moldave

L’étonnante solidarité américano-européenne et les succès de l’adorable Vitoria Nuland

Je ne comprends plus rien. Pourquoi, certains pays européens se solidarisent avec les EUA lorsqu’ils n’en ont aucun intérêt ? Ils avaient tout intérêt à sauvegarder la neutralité de l’Ukraine, celle-ci constituant un « coussin stratégique » entre la Russie et l’Europe occidentale et du centre. Le coup d’Etat parlementaire de 2014 a eu comme conséquence de supprimer stupidement cette neutralité du pays. Le cas de l’Iran ou du Venezuela fait appel aussi à cette solidarité « bornée » du dit « Occident ». Les « atlantistes européens » seraient-ils si influents pour empêcher de débattre le principe de protection des langues de minorités ou la validité des traités internationaux ?

Le 21.5.2019, les Européens et les EUA ont bloqué la tenue d’une réunion du Conseil de sécurité de l’ONU sur la langue en Ukraine, demandée par la Russie le jour de l’investiture du nouveau président ukrainien Volodymyr Zelensky. Un vote de procédure contre la réunion a recueilli six voix (France, Royaume-Uni, Allemagne, Pologne, Belgique et EUA). Cinq pays ont voté pour la session (Russie, Chine, Afrique du Sud, République dominicaine, Guinée équatoriale), et quatre Etats se sont abstenus (Indonésie, Côte d’Ivoire, Pérou et Koweït). Lors des votes de procédure au Conseil de sécurité, il n’y a pas de droit de veto.

Dans une lettre en fin de semaine dernière, l’ambassadeur russe à l’ONU Vassily Nebenzia avait demandé cette session d’urgence en évoquant une loi ukrainienne sur « l’usage de l’ukrainien comme langue nationale« . Selon Moscou, celle-ci « viole directement l’esprit et la lettre » de dispositions des accords de Minsk (2015) entérinés par une résolution de l’ONU.

* * *Devant les pressions américaines, la France, l'Allemagne et le Royaume-Uni ont les plus grandes difficultés à sauver l'accord sur le nucléaire iranien. Le 12.4.2019, le ministre de l'Économie, Bruno Le Maire, a été convié par Donald Trump à un entretien seul à seul, en marge d'une réunion du FMI. S'il a refusé de révéler le contenu de leur conversation, qui a duré une demi-heure, le ministre a confirmé les pressions américaines sur la France. « La pression existe, et elle est forte. Très forte. Très directe et très constante sur le sujet », a-t-il expliqué aux journalistes de la presse diplomatique.

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« C'est aussi des pressions sur les responsables politiques, l'administration et ceux qui sont impliqués sur ce projet, ce qui n'est pas une surprise », a-t-il précisé, tout en faisant part de la « détermination » des Européens.

* * *L'ancienne diplomate américaine Victoria Nuland, connue pour avoir distribué des „buiscuits” aux manifestants en Ukraine en 2014 lors du coup d'État parlementaire soutenu par les EUA, a soudainement découvert qu'elle était sur une liste noire de visas alors qu'elle voulait entrer en Russie. L'ancien ambassadeur des EUA auprès de l'OTAN et secrétaire d'État adjoint chargé de l'Eurasie est surtout connu pour son soutien au coup d'État en Ukraine qui a induit un changement de régime à Kiev et réussit à dissiper les inquiétudes des alliés européens de Washington concernant l'ingérence américaine en Ukraine.

* * *Le nouveau président ukrainien Volodymyr Zelensky effectue son premier voyage à l'étranger à Bruxelles, où il visite au début juin "des institutions de l'Union européenne et de l'OTAN". Ancien comédien et novice en politique, élu en avril 2019 avec plus de 73% des suffrages, M. Zelensky rencontre en Belgique le président du Conseil européen Donald Tusk, celui de la Commission européenne Jean-Claude Junker et le secrétaire général de l'OTAN Jens Stoltenberg. Sous la présidence du précédent chef de l'Etat Petro Porochenko, Kiev a suprimé la clause de neutralité du pays et inscrit dans sa Constitution son aspiration à adhérer un jour à l'Union européenne et l'OTAN.

Le chef de l'Etat ukrainien discutera avec ses interlocuteurs de "la situation sécuritaire dans l'est de l'Ukraine", en proie à un conflit meurtrier avec des séparatistes, et "des voies pour intensifier les efforts internationaux visant à mettre fin à la guerre". Critiqué par ses détracteurs pour le flou de son programme, M. Zelensky a promis de maintenir le cap pro-occidental de cette ex-république soviétique et d'aller de l'avant en introduisant notamment des réformes contre la corruption très attendues. Le début de la crise sans précédent avec la Russie en 2014, dans la foulée du coup d’Etat à Kiev, suivi par l'annexion par Moscou de la péninsule ukrainienne de Crimée et par le déclenchement de la guerre dans l'Est, a marqué un tournant pro-occidental de l'Ukraine. Sur le plan économique, l'UE est devenue ces dernières années le premier partenaire commercial de l'Ukraine, place jusqu'alors occupée par la Russie.

* * *Israël et la Pologne dénoncent un monument ukrainien dédié à un collabo naziin: The Times of Israel, Par CNAAN LIPHSHIZ, 7.6.2019: Des nationalistes ukrainiens marchent à Lviv pour honorer Roman Shukhevych, en mars 2017 en inaugurant un monument honorant celui-ci, un collaborateur du régime nazi impliqué dans le meurtre d’innombrables Juifs et chrétiens polonais. La Pologne et Israël dénoncent rarement publiquement la glorification rampante des collaborateurs des nazis en Ukraine, un pays souvent considéré en Occident comme un barrage clé à l’expansionnisme russe. L’action conjointe des deux pays en la matière est encore plus rare — surtout depuis l’éclatement d’une crise diplomatique l’année dernière autour des allégations contestées sur la complicité des Polonais dans la Shoah.

Shukhevych, célébré comme un patriote anti-soviétique, a été « personnellement responsable » de l’assassinat de dizaines de milliers de personnes au moyen « de balles, d’incendies criminels, de viols, de la torture et d’autres méthodes abominables — pour le simple fait qu’ils priaient en polonais ou en hébreu ». Dans le même temps, des

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protestataires du groupe Corps national, emprunté à la milice populaire Azov mise en place en 2014 par le gouvernement ukrainien, ont allumé des grenades fumigènes devant un bâtiment de la communauté juive à Kharkiv et tagué les mots « Feldman voleur » sur le trottoir d’en face. Oleksander Feldman, natif de Kharkiv, est un philanthrope juif et président du Comité juif ukrainien.

* * *Le 19.6.2019, le ministère américain de défense, le Pentagone, a annoncé avoir accordé une assistance militaire d'un montant de 250 millions de dollars à l'Ukraine, destinée à renforcer les capacités navales et terrestres du pays. Cette nouvelle aide, qui porte à 1,5 milliard de dollars l'assistance militaire des EUA à l'Ukraine depuis 2014, permettra de fournir notamment à l'armée ukrainienne des armements et des radars.

La situation ecclésiastique en Ukraine et la guerre froide russo-américaine et catholico-orthodoxe

Fin décembre 2018, une entente fort critiquée entre l’ancien président Porochenko, institué indirectement par Washington en 2014 et un grand oligarque, et le patriarche œcuménique pro-américain a opéré une tentative d’unification des Eglises orthodoxes du pays. L’union mise en place et qui a créé un « patriarchat » aurait absorbé deux Eglises orthodoxes minoritaires et non canoniques. La nouvelle Eglise n’est pas non plus reconnue par les 14 Eglises orthodoxes et dés lors ne fait pas partie de la « communion orthodoxe ». On n’a pas encore d’informations sur la réaction des fidèles de ces Eglises absorbées, sauf que le « patriarche » de l’une de deux vienne de réapparaître en tant que tel (voir ci-dessous).

Par ailleurs, il faut remarquer que les catholiques ne doivent pas “se mêler“ des affaires internes au patriarcat orthodoxe de Moscou, a déclaré le pape François le 30 mai 2019. Le pontife s’exprimait devant le métropolite Hilarion, directeur du département des relations extérieures du patriarcat orthodoxe russe. Dans un entretien diffusé 27 mai, le métropolite Hilarion avait dénoncé une “grossière interférence dans les affaires internes” de l’Eglise de Moscou. Il avait accusé trois forces d’être derrière le projet de création d’une “soi-disante Eglise orthodoxe unie d’Ukraine” : le gouvernement ukrainien, “des structures schismatiques (ndlr le nouveau patriarcat de Kiev) et les gréco-catholiques”.

“L’Eglise catholique, les Eglises catholiques, ne devraient pas interférer dans les affaires internes de l’Eglise orthodoxe russe, pas même sur les questions politiques”, a insisté le pape. “L’Eglise catholique n’acceptera jamais qu’une attitude de division naisse en sein de l’orthodoxie de Moscou. En Russie, il n’y a qu’un patriarcat, le vôtre; nous n’en aurons pas d’autre”. Les propos du pape visent sans le nommer Mgr Sviatoslav Shevchuk, archevêque majeur de l’Eglise grecque-catholique ukrainienne qui avait déclaré “évaluer positivement tous les efforts pour la possible

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reconnaissance de l’Eglise orthodoxe unie d’Ukraine” par Constantinople. (d’après cath.ch/imedia/xln/mp)

Du reste, la tentative de Porochenko a en grande partie échouée. l’Ukraine apparemment compte, en juin 2019, trois Eglises orthodoxes. La plus importante est l’Eglise orthodoxe ukrainienne (EOU-PM) dirigée par le métropolite de Kiev et de toute l’Ukraine Onuphre. Elle est auto-administrée, mais conserve un lien canonique et spirituel avec le Patriarcat de Moscou. Plus de 12.000 paroisses et 200 monastères sont fidèles à cette Eglise canonique.

Il y a au moins deux autres Eglises non canoniques, celle de Philarète Denissenko qui vient de réaffirmer sa prééminence, et celle nouvelle de Porochenko. La réponse de cette dernière a été immédiate. Dans un communiqué, elle a appelé le “patriarche Philarète” et les participants au “synode local” à réaliser “les conséquences désastreuses de ses déclarations et à cesser de fragiliser l’unité entre l’Eglise et les citoyens ukrainiens”. De plus, le « Saint Synode » de la nouvelle Eglise a pris, le 24 juin 2019, la décision de priver Philarète de Kiev, son “patriarche honoraire”, du droit de diriger le diocèse de Kiev.

Etant donné les services rendus, le « Saint Synode » a décidé que Philarète pourrait toutefois rester évêque, mais sans droits. Il a annulé sa décision du 5 février 2019, qui stipulait que “sa Béatitude le Patriarche Philarète continue à diriger le diocèse de Kiev, comprenant les paroisses et monastères de Kiev (à l’exception du monastère Saint-Michel-au-Dôme-d’Or), qui dépendaient de lui en tant que ‘Patriarche de Kiev et toute l’Ukraine’ avant le 15 décembre 2018”. (d’après cath.ch/interfax/be)

Les informations fournies par une délégation ukrainienne à l’INALCO (extraits)5 Aujourd’hui, 30 mai 2019, une délégation ukrainienne a été accueillie à l’INALCO…. On estime que, dans les territoires contrôlés par Kiev, vivent aujourd’hui environ 30 millions d’habitants et que 13 millions d’Ukrainiens ont émigré à l’étranger, en Russie et dans les pays occidentaux. En 1991, la population de l’Ukraine était de 52 millions, depuis il y a eu baisse de la natalité, augmentation de la mortalité, émigration massive, guerre et pertes de deux territoires, la Crimée et le Donbass, ce qui explique cette baisse. 1,5 million d’habitants du Donbass ont fui la guerre pour se réfugier en Ukraine intérieure, d’autres ont fui vers la Russie et une partie continue à vivre dans sa région régulièrement bombardée… 80 % des Ukrainiens vivent aujourd’hui dans la pauvreté. Les politiques de décommunisation, désoviétisation et dérussification visent à mobiliser le pays dans un climat de russophobie qui permet de faire passer les réformes néolibérales auxquelles la population reste opposée. Au lieu de diminuer, les clivages existant en 2014 n’ont fait que se renforcer depuis en raison de ces politiques… Les changements de discours historiques officiels divisent la population mais 83 % de la population estime que la date du 9

5 Institut National des Langues et Civilisations Orientales à Paris.

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mai 1945 devrait continuer à être fêtée comme étant celle de la victoire dans la « grande guerre patriotique »…

24 % des Ukrainiens s’opposent à l’adhésion à l’UE et 30 % à l’OTAN. 30 % à 40 % selon les questions posées lors des enquêtes d’opinion s’opposent à la politique néolibérale, 58 % s’opposent aux privatisations, et 57 % à la vente des terres aux entreprises agro-industrielles occidentales, une demande régulièrement exigée du FMI comme condition pour attribuer de nouveaux prêts. 37 % des Ukrainiens souhaitent la rupture des relations avec le FMI. 3 % des Ukrainiens souhaitent la fusion de l’Ukraine et de la Russie, 14 % l’adhésion à l’Union eurasiatique et 36 % la conclusion d’un traité d’amitié et de coopération avec la Russie, soit 43 % de personnes favorables à ce que l’Ukraine privilégie ses relations avec la Russie, sachant que les habitants du Donbass ne sont pas pris en compte dans ces enquêtes. 47 % des Ukrainiens sous contrôle de Kiev sont en revanche favorables à des relations privilégiées avec les pays occidentaux et une absence de relations particulières avec la Russie. Le fossé entre les deux Ukraines a tendance à se renforcer constamment depuis 2014.

A une question sur l’état des libertés scientifiques en Ukraine, la sociologue a répondu que, à l’Académie des Sciences où elle travaille, on avait nommé directeur adjoint un fonctionnaire du SBU (sécurité d’État) et qu’elle a été convoquée pour un entretien où on lui a reproché que ses enquêtes sociologiques communiquaient des informations allant à l’encontre des intérêts du gouvernement. Plusieurs fois, elle a été critiquée en réunion pour avoir publié des études démontrant que le niveau de vie de la population avait diminué depuis 1991, et plus particulièrement depuis 2014. Pour ce qui est de la vie politique en Ukraine, le politologue considère de son côté que la récente élection présidentielle a surtout démontré une volonté de ‘dégagisme’ dans la population visant toutes les élites du pays et que la priorité pour les gens c’est 1°/ le retour de la paix puis 2°/ les questions sociales. Au cours des cinq dernières années, les tarifs de chauffage ont en effet été augmentés par dix!

Le tout nouveau parti « attrape tout » du nouveau président, Serviteur du peuple, devrait obtenir environ 40 % des voix lors des prochaines élections parlementaires, selon les sondages. Ses objectifs politiques sont peu clairs puisqu’il a dans son entourage à la fois des personnes qui étaient opposées à Porochenko mais aussi d’anciens alliés à lui qui ont changé de camp. Il devra montrer ses intentions après les élections législatives qui devraient avoir lieu d’ici deux mois, ce qui pourrait entraîner une baisse rapide de sa popularité puisque son électorat est composite et ne partage pas les mêmes objectifs.

Plusieurs partis politiques et syndicats sont aujourd’hui interdits ou réprimés en Ukraine, le parti communiste en particulier a été interdit. Le parti ouvrier d’Ukraine et le parti socialiste progressiste subissent procès sur procès où on les accuse de propager le communisme… Une des premières décisions prises après le changement de régime en 2014 a été la suppression des lois sur les langues régionales, ce qui a provoqué le soulèvement de la Crimée et du Donbass puis la guerre. Dans ce contexte, l’objectif de cette délégation est de venir en Europe occidentale pour faire connaître la situation en Ukraine sous un autre angle que celui répandu par les autorités de Kiev et par les médias occidentaux qui ferment les yeux sur la situation dans le pays.

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Pour ce qui est des passeports russes distribués aux habitants du Donbass, ces intervenants ne veulent pas se prononcer en tant que citoyens ukrainiens puisque c’est une décision russe, mais ils soulignent que c’est aux habitants concernés de répondre à cette question, sachant que le gouvernement de Kiev a interrompu tout service et paiement de pensions et retraites à destination des citoyens ukrainiens vivant dans les zones séparatistes.

Porochenko, en dépit de la constitution ukrainienne qui est en fait un Etat laïc, s’est ingéré dans les affaires religieuses et a poussé en période électorale à la création d’une Eglise orthodoxe schismatique par rapport au patriarcat de Moscou, qui cherche, grâce à des groupes d’activistes nationalistes qui vont d’église en église et de monastère en monastère à tenter de récupérer les églises et bâtiments de l’Église orthodoxe au profit de la nouvelle Eglise « nationale », autocéphale. Mais ce schisme semble aujourd’hui en difficulté car trop peu de fidèles l’a rejoint et un de ses dignitaires, Filaret, est en train de provoquer un schisme dans le schisme car il est mécontent de la place qu’on lui a accordé au sein de la nouvelle Eglise… Le représentant de la minorité russe a terminé en disant que si les Français ont commencé à descendre dans la rue pour une question d’augmentation du prix de l’essence, en Ukraine, il est impossible de parler publiquement de questions sociales d’importance vitale.

Informations fournies principalement par Courrier des Balkans

En Roumanie, le ministère de l’Agriculture et du Développement rural vient de publier les données statistiques concernant les achats et les locations de longue durée contractées par les étrangers. Ces investisseurs exploitent 422 000 hectares sur les quelque 9,5 millions d’hectares de la surface arable roumaine, rapporte Agroinfo, soit environ 5 %. On est donc loin des 40 % et même 60 % annoncés par les représentants des organisations paysannes et certains hommes politiques. Les plus nombreux sont les Italiens (194), les Allemands (80) puis les Français (33).D’après mon sentiment, la qualité du sol a autant d’importance que la quantité. Si ceci s’avère vrai, c’est que l’information est tronquée. De plus, quoi qu’il en soit, les 5% en jeu ne me paraissent pas si négligeables.

Elu en 2013, triomphalement reconduit en 2017, le Parti socialiste d’Edi Rama contrôle désormais sans partage l’Albanie. Mais où veut-il conduire le pays ? Beaucoup de réformes annoncées ont été abandonnées, les choix très libéraux du Premier ministre sont contestés tandis que l’exode massif vers l’étranger se poursuit.- Depuis la chute du régime communiste, le Parti socialiste et le parti démocratique se partagent le pouvoir, appliquant chacun à leur tour la même politique néolibérale, sous la coupe d’oligarques et de puissants réseaux criminels. Le jeu démocratique paraît aujourd’hui tellement biaisé en Albanie que plus personne n’y croit.

Zwischen Weissrussland und Russland knistert es gewaltigin: NZZ, Christian Steiner, Moskau, 7.6.2019 (extraits)

On manque souvent d’informations sur le Bélarus. Dans l’article qui suit, les deux enjeux principaux de la relation russo-bélarusse actuelle sont éclaircis : les recettes des hydrocarbures et l’union éventuelle entre les deux pays, est risquée pour Loukachenko

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et est avantageuses pour Poutine. L’un pourrait perdre la domination sur son pays, tandis que l’autre verrait garantir son avenir politique au-delà de 2024.

Das Debakel um die Erdölpipeline Druschba verschärft die Krise zwischen Russland und Weissrussland. Doch es geht um mehr als Geld. Die Zukunft der beiden Autokraten hängt vom Ausgang des Streits ab… Dank der Pipeline schmierte Russland die guten Beziehungen zu seinem Nachbarn mit billigem Erdöl und Geld. Für Russland ist die Röhre ebenfalls wichtig. Durch sie fliesst ein grosser Teil der russischen Erdölexporte in die EU… Doch Ende 2018 wurde eine neue Stufe erreicht. Lukaschenko warnte Putin gar davor, dass Russland seinen einzigen Verbündeten an seiner Westgrenze verlieren könne, wenn sich die beiden Länder nicht bald zusammenrauften und eine Lösung fänden. Lösung heisst für Lukaschenko Entschädigungen für einen Schaden, den Weissrussland wegen einer Reform der Besteuerung des russischen Erdöls erleidet.

Der Streit geht nur vordergründig ums Geld. Moskau möchte Minsk eine gemeinsame Aussenpolitik verordnen und spielt mit dem Gedanken, mit dem Land eine Union zu bilden…Die Grundlage für diese Überlegungen bildet ein Unionsvertrag, der Ende der 1990er Jahre von Lukaschenko und dem damaligen russischen Präsidenten Jelzin ausgearbeitet wurde. Die Fassung von 1999 begründet eine Föderation der beiden Staaten mit einer einheitlichen Währung und Flagge. Dazu soll ein gemeinsamer Binnenmarkt und eine einheitliches Justizsystem geschaffen werden. Doch ausser einem gemeinsamen Arbeitsmarkt wurden keine der Ideen in die Tat umgesetzt. Doch der Vertrag bietet den Russen einen Ausweg aus einer politischen Sackgasse.

Die Kreml-Strategen sehen in der Union eine Lösung, damit Putin an der Macht bleiben könnte, ohne gegen die Verfassung zu verstossen. Denn die russische Verfassung erlaubt einem Präsidenten, nur zwei aufeinanderfolgende Amtszeiten zu absolvieren. Für Putin böte die Möglichkeit, Präsident der Union zu werden, den Vorteil, dass er ungehindert weiterregieren könnte, ohne eine Marionette wie Medwedew installieren zu müssen. Damit kann er sich in unruhigen Zeiten vor einem mächtigen Konkurrenten schützen…

Vor einer solchen Übung fürchtet sich Lukaschenko. Durch einen Anschluss an Russland wäre seine Zeit als Präsident vorüber. Doch der weissrussische Präsident plant nicht, sich ohne Gegenwehr in sein Schicksal zu fügen. In den vergangenen zwei Jahrzehnten hat er bewiesen, dass er eigenständig bleiben will. Dabei hat er es geschafft, alle weitergehenden Schritte Richtung Union zu blockieren. Dennoch wurde er nie von den Geldtöpfen des Kremls abgeschnitten. Die weissrussische Regierung zeigt Moskau ziemlich unverblümt, dass man auch mit anderen Partnern zusammenarbeiten kann. So hat sich der Präsident geweigert, die Annexion der Krim durch Russland anzuerkennen, und er unterhält weiterhin gute Beziehungen zur Ukraine. Daneben versucht Minsk demonstrativ die Beziehungen zur EU und auch zu China zu stärken…

Der «letzte Diktator Europas» fürchtet sich seither mehr von Russland als vor dem Kapitalismus. Er versucht daher, sich mit seiner Verhandlungstaktik Zeit zu kaufen, um die Wirtschaft umzubauen. Im IT-Sektor hat das Land seither einige Erfolge auszuweisen. Der Präsident versucht zusätzlich Peking als Investor und Alternative zu den russischen Milliarden zu gewinnen. Doch ob sich diese Hoffnung bewahrheitet, steht auf einem anderen Blatt.

Lukaschenko benötigt keinen sofortigen Erfolg. Es reicht, wenn er Moskau genug einschüchtern kann. Dies gehört zum Poker dazu. Dennoch wird er sich wohl am Ende dem

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russischen Willen beugen müssen. Der grosse Nachbar ist schlicht zu mächtig. Es geht dem weissrussischen Präsidenten derzeit vor allem darum, seine Haut möglichst teuer zu verkaufen und für sich und seine Familie etwas auszuhandeln. Dafür hat er auch noch Zeit. Die Amtszeit seines Mannschaftsgefährten Wladimir Putin endet erst 2024. Die Chance besteht, dass auch dann wieder beide gemeinsam auf der Siegerseite stehen.

Les activités américaines dans les Balkans et les remous qu’elles provoquentD’après du Courrier des Balkans, 10.6.2019.

Des agents américains sont actuellement déployés dans certains pays des Balkans pour contrer d’éventuelles offensives de hackers lors de l’élection présidentielle de 2020, a annoncé l’United States Cyber Command. Au Monténégro, on se félicite de l’aide de Washington et de l’Otan. L’United States Cyber Command, l’un des dix commandements interarmées des États-Unis chargé de la sécurité de l’information pour le Département de la Défense, a envoyé des « cyber-soldats » chez certains de ses alliés, comme le Monténégro, la Macédoine du Nord et l’Ukraine. Il s’agit d’aider ces pays à protéger leurs réseaux contre des cyberattaques, mais aussi d’assurer la sécurité de la présidentielle américaine de 2020. Cette information a été révélée par Timothy Haugh, commandant de la mission nationale de l’United States Cyber Command.

Au Monténégro, ces déclarations ont suscité quelques remous et interrogé les capacités du petit pays à lutter contre les cyberattaques et les ingérences étrangères. /L/’aide de l’Otan et des pays occidentaux - en particulier des États-Unis et d’Israël - est essentielle pour améliorer les capacités de réaction de Podgorica. « C’est précisément le rôle de l’Otan, en tant que puissance militaire, de nous aider… L’Otan aide depuis des années le Monténégro à renforcer ses capacités de défense en améliorant ses infrastructures et ses équipements », affirme Adis Balota, le doyen de la Faculté des technologies de l’information de Podgorica.

Milica Bogdanović, du Centre pour la transition démocratique (CDT), a analysé plus de 500 articles de 200 médias monténégrins et régionaux au cours des six derniers mois… « De grands acteurs internationaux peuvent manipuler l’information, mais également le gouvernement et l’opposition. Dès qu’il faut détourner l’attention du public d’une information importante, le parti au pouvoir a recours à des manipulations. Grâce à Google Ads, certains sites gagnent aussi de l’argent en publiant et diffusant de fausses informations sur les réseaux sociaux », continue Dragan Koprivica. « Les institutions du Monténégro prétendent que ces manipulations n’existent pas. Il faut donc que les médias, la société civile et les citoyens se mobilisent pour les combattre. Et le gouvernement doit cesser de les ignorer », conclut Milica Bogdanović.

Les aléas de la situation moldave à l’ombre du rapport de forces entre Moscou et Washingtond’après Courrier des Balkans, 9.6.2019 (extraits)

Au détriment de l’UE, les „atlantistes” de celle-ci jouent le jeu de Washington/OTAN face à certains pays tels que l’Iran, la Russie et à présent la République moldave. A l’instar de l’Ukraine, cette république constitue, en mineur, un enjeu stratégique des EUA face à la Russie. Il s’agit évidement d’encercler cette dernière de plus en plus.

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Depuis les élections générales de février 2019, les trois principaux partis politiques moldaves n’arrivaient pas à s’entendre pour former un nouveau gouvernement. Le Parti socialiste (PSRM) d’Igor Dodon et le bloc ACUM de Maia Sandu ont finalement trouvé un accord, mais le Parti démocrate (PDM) de l’oligarque Vlad Plahotniuc a saisi la Cour constitutionnelle pour les en empêcher, confirmant son emprise sur le pays…

Pour Armand Goşu, spécialiste de l’ancien espace soviétique, « c’est une révolution contre le régime autoritaire représenté par l’oligarque Vladimir Plahotniuc ». « C’est la première fois depuis 2014 et l’annexion de la Crimée que, sur un dossier relativement visible, la Russie et les puissances occidentales parviennent à se mettre du même côté de la table », a-t-il déclaré à g4media.ro. L’accord entre le PSRM et ACUM arrive quelques jours seulement après une visite simultanée du commissaire européen Johannes Hahn, du directeur du Bureau Europe du Sud-Est au Département américain Brad Freden et d’un émissaire du Kremlin, Dmitry Kozak, le 4 juin à Chișinău. L’objectif était d’aider à débloquer les négociations sur la formation d’un nouveau gouvernement. Cette intervention diplomatique semble avoir aidé ACUM, soutenu par l’UE, et le PSRM, soutenu par la Russie, à s’entendre sur un programme commun malgré la distance de leurs idéologies politiques respectives.

Le ministère de la Défense a annoncé qu’il interdisait l’accès aux institutions et unités de l’armée nationale « à toute personne extérieure au personnel » afin de « réduire le risque d’escalade », alors que le Parti démocrate refuse de transférer le pouvoir au nouveau gouvernement. « Tant qu’il n’y a pas de certitude absolue sur la situation politique dans le pays, l’armée nationale n’est subordonnée qu’à l’ordre constitutionnel », indique le ministère dans un communiqué. Dans un discours, dimanche 9 juin, Maia Sandu a demandé aux fonctionnaires de soutenir le nouveau gouvernement moldave. « L’ancien gouvernement oligarchique ne veut pas partir volontairement. Par conséquent, le transition pacifique du pouvoir dépend maintenant de vous. [...] Nous voulons que les fonctionnaires n’aient qu’une seule autorité : la loi. Nous savons que ces dernières années, vous avez subi des pressions pour respecter les ordres du Parti démocrate, ce qui n’est pas normal dans un État démocratique. Ne descendez pas dans la rue à l’appel des usurpateurs. Ayez confiance en nous, nous vous libérerons bientôt de ceux qui, aujourd’hui, vous obligent à prendre des décisions contraires à la loi et à votre volonté », a-t-elle déclaré…

Dans un meeting sur la Place de l’Assemblée nationale, Vlad Plahotniuc a exhorté ses partisans, qui ont été amenés au centre de Chisinau, à « défendre pacifiquement » mais « avec fermeté » les institutions de l’État… Le Forum de la société civile du Partenariat oriental, qui regroupe 86 ONG moldaves, a condamné les décisions de la Cour constitutionnelle des 7, 8 et 9 juin et demande la démission des juges. La Cour constitutionnelle a interprété la période de « trois mois » pour former un gouvernement après la validation des résultats des élections en « 90 jours », ramenant la date limite au 7 juin, au lieu du 9. La décision a par ailleurs été rendue à la fin de la journée du 7. La Cour a également interprété le droit du président du pays de dissoudre le parlement comme une obligation. « Le comportement de la Cour constitutionnelle des 7, 8 et 9 juin 2019 confirme qu’elle a compromis son rôle constitutionnel en agissant uniquement dans l’intérêt d’un parti politique », soulignent les signataires, qui demandent aux partenaires internationaux de reconnaître la légitimité du Parlement et du gouvernement inaugurés le 8 juin 2019.

La haute représentante de l’UE pour les Affaires étrangères et la politique de sécurité, Federica Mogherini, et le commissaire européen Johannes Hahn, ont annoncé dans un communiqué de presse que l’UE était « prête à travailler avec le gouvernement légitime d’un point de vue démocratique »… Les États-Unis ont maintenu une position plus « diplomatique » mais semblent apporter leur soutien à la nouvelle législature, donc au nouveau gouvernement… Le Président Igor Dodon a salué la déclaration de soutien de l’UE au nouveau gouvernement. Maia Sandu a appelé l’ancien gouvernement au dialogue et à procéder à une « transition pacifique du pouvoir ».

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Moldova stand-off deepens as rival governments lay claim to office, in: FT James Shotter in Warsaw, Michael Peel in Brussels and Henry Foy in Moscow, 10.6.2019 (extraits): Moldova’s political crisis deepened on Monday, as two rival governments laid claim to office and faced off against each other in the eastern European nation’s capital. The infighting is the latest bout of political turmoil to hit the small but strategically important former Soviet republic of 3.5m… /The/ clash in Chisinau has spawned an unusual political alliance between parties aligned to Brussels and Moscow to block a powerful tycoon allied with neither. The stand-off stems from an inconclusive election in February, in which the pro-Russia Socialist party won the most votes but failed to gain a majority. The Socialists and the pro-EU group ACUM, which came third in the February poll, over the weekend agreed to form a coalition government aimed at fighting corruption and preventing the Democratic party of tycoon Vlad Plahotniuc from remaining in power.

But Mr Plahotniuc’s party, which came second in the February vote, immediately challenged the new government’s legitimacy, and was backed by the constitutional court, which ruled that the coalition had missed a June 7 deadline to form a new government. The court also relieved President Igor Dodon, a former Socialist leader, of his duties for failing to dissolve parliament, and installed Pavel Filip, an ally of Mr Plahotniuc as Mr Dodon’s interim replacement. Mr Filip then called snap elections for September. As the two sides grappled for the upper hand on Monday, the Democratic party held a cabinet meeting and refused to leave the Chisinau government building, which was blocked by police officers who remained loyal to the former administration. Meanwhile, the Socialist-ACUM coalition led by Maia Sandu, which has already announced the dismissal of the head of Moldova’s police and intelligence services, held its first cabinet meeting in the offices of the parliament.

However, politicians in the new coalition government insisted that the court’s independence had been compromised, and that it had artificially shortened the three month period to form a government after the elections by two days. They said this was done by interpreting three months as 90 days, rather than the period from March 9, when election results were confirmed, to June 9. “The courts are playing domestic politics,” Nicu Popescu, named as foreign minister by the coalition government, told the Financial Times. “This is the kind of legal trick on which the stand-off hinges.” Moldova, wedged between Ukraine and Romania, has attempted to boost its ties with the west in recent years but frequently seen its efforts derailed by political instability. February 24 Pro-Russia opposition Socialist party wins most seats in closely fought Moldovan election, taking 35. Democratic party of tycoon Vlad Plahotniuc secures 30 and pro-EU ACUM wins 26. February 25.

President Igor Dodon, a former Socialist leader, promises fresh elections in June if no deal on new government. March-early June Parties hold talks but unable to agree deal. June 7 Constitutional court sets deadline to form coalition. June 8 Socialists agree coalition with ACUM, which is subsequently challenged by Mr Plahotniuc. Court rejects coalition claiming deadline has passed. June 9 Court relieves Mr Dodon of duties and appoints former Democratic party prime minister Pavel Filip as interim president. Mr Filip immediately calls fresh elections.

Seth O’Farrell In a sign of the unusual nature of the latest deadlock, both Moscow and Brussels have backed the Socialist-ACUM coalition, which was formed after Johannes Hahn, EU enlargement commissioner, made a short-notice trip to Moldova last week. Dmitry Peskov, a Kremlin spokesman, said on Monday that Russia was determined to “work with the new government”, while Mr Hahn and Federica Mogherini, EU foreign policy chief, said on

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Sunday that they stood “ready to work with the democratically legitimate government” on the basis of mutual commitment to reforms and an existing association agreement between Chisinau and the EU. EU diplomats have grown increasingly worried about Moldova and the actions of its constitutional court. They view recent events as part of a rearguard action by what one dubbed “oligarch number one” — a reference to Mr Plahotniuc…

* * *Le 17 juin 2019, Vlad Plahotniuc affirme ne plus se sentir en sécurité en Moldavie, depuis la prise de pouvoir de la nouvelle coalition gouvernementale. Le 17 juin, l’homme d’affaires le plus riche du pays a révélé via Facebook qu’il était parti dans un pays étranger, sans préciser lequel, et qu’il avait « besoin de repos ». Vlad Plahotniuc accuse la nouvelle coalition au pouvoir, formée par le Parti socialiste (PSRM), soutenu par la Russie, et le bloc ACUM, soutenu par l’UE, « d’ouvrir le pays aux forces étrangères » et présente son Parti démocrate (PDM) comme l’unique défenseur des intérêts nationaux. Reste que le milliardaire n’est pas le seul à avoir quitté le pays : le 14 juin au soir, plusieurs avions privés ont décollé de l’aéroport de Chișinău. Selon les médias moldaves, l’un d’entre eux aurait emmené en Turquie Ilan Şor, le jeune maire d’Ohrai, condamné en première instance à sept ans de prison dans l’affaire du « vol du milliard », la disparition d’un milliard de dollars des caisses des banques moldaves. « Ces personnes seront rapatriées et répondront de la justice moldave », a promis la Première ministre Maia Sandu.

Le PDM a souligné que le départ de Plahotniuc n’était que « temporaire », tout en mettant en garde les journalistes contre les « fausses informations ». Le Centre national anti-corruption (CNA) aurait toutefois commencé à saisir les actifs des suspects du vol du milliard, dont ceux d’Ilan Şor. Pahotniuc pourrait vite être également rattrapé par cette affaire, plusieurs entreprises offshore liées à certains de ses proches apparaissant dans le rapport de l’agence Kroll sur ce dossier. Plahotniuc n’a pas attendu de perdre le pouvoir pour « protéger » ses intérêts financiers, en les faisant sortir de Moldavie. Il a certes quitté la Moldavie, mais il va maintenant s’agir de voir à quel point il a gardé une influence sur les citoyens moldaves. L’homme a toujours gardé le silence sur les origines de sa fortune. Il est accusé de tous les crimes, par exemple d’être responsable d’un trafic d’êtres humains, sans avoir jamais été formellement inculpé. En Moldavie, il possède des hôtels de luxe, des boites de nuit, des chaînes de télévision et conserve partout des alliés et des obligés.

C. La Turquie

Le rapport de l’UE sur la Turquie et sur la suspension des négociations avec le pays en vue de son adhésion éventuelle à l’UE

Une fois de plus la Commission n’envisage aucune mesure sérieuse qui menacerait le gouvernement de la Turquie telles que l’établissement de listes noires des personnes qui n’auraient plus le droit d’entrer en UE, la suspension des échanges commerciaux et des investissements, le boycot de certains produits et certaines institutions publiques, le déconseil des touristes de l’UE de se rendre dans le pays, etc. Est-ce pour des raisons stratégiques ou d’intérêts économiques privés en ignorant des « valeurs européennes » ? Manifestement, les droits humains sont mieux respectés en Russie qu’en Turquie. Quid alors les sanctions européennes contre l’Iran ou la Russie ?

Le rapport souligne la forte régression observée, par rapport aux années précédentes, dans les domaines des droits humains et de la démocratie en Turquie et fait état, pour la première fois, de préoccupations concernant l’économie. Il indique à cet égard que les mesures prises par le

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gouvernement turc ont eu un impact négatif sur les marchés et que l’économie turque a continué de progresser sur une trajectoire extrêmement erronée.

Pointant la forte régression des droits et libertés fondamentales, en particulier les libertés d’expression et d’association, il estime que les pressions politiques exercées sur les juges et les procureurs ont porté atteinte à l’indépendance du pouvoir judiciaire. Le rapport évoque également les élections locales du 31 mars, critiquant les décisions du Haut Conseil électoral turc (YSK) de ne pas délivrer de mandat à quatre Maires du Parti démocratique des Peuples et d’annuler les élections d’Istanbul. Il ajoute que ces deux incidents suscitent des inquiétudes accrues quant aux pressions politiques exercées sur le processus électoral en Turquie.

Lors de la conférence de presse donnée à Bruxelles le 29 mai, à l’occasion de la publication du rapport, Johannes Hahn, commissaire européen à l’élargissement et à la politique européenne de voisinage, a déclaré que, compte tenu de l’éloignement de la Turquie des valeurs européennes, on ne pouvait envisager l’ouverture de chapitres de négociation.Suite à l’intervention de M. Hahn, plusieurs députés européens lui ont adressé des questions sur la Turquie. Kati Piri, rapporteure du Parlement européen pour la Turquie, a attiré l’attention sur la poursuite de la torture dans les prisons turques et appelé la commission européenne à ne pas se contenter d’observer les violations, mais à développer une stratégie pour y remédier. 

* * *Depuis le coup d’état en Turquie en 2016, près de 2500 magistrats ont été emprisonnés et 4500, révoqués.

* * *Les autorités turques ont arrêté 28 personnes mardi et en recherchaient 140 autres à travers le pays, dans le cadre de plusieurs enquêtes visant des partisans du mouvement guléniste, accusé d'avoir fomenté le putsch manqué de 2016, selon l'agence étatique Anadolu (Figaro, 19.6.2019). Les parquets d'Izmir (Ouest) et de Konya (Centre) ont émis des mandats d'arrêt à l'encontre de respectivement 65 et 63 membres des forces armées turques, rapportait Anadolu, ajoutant que 22 civils étaient également recherchés. Par ailleurs, le parquet d'Ankara a annoncé dans un communiqué avoir demandé l'arrestation de 18 personnes, dont 2 anciens fonctionnaires du ministère des Affaires étrangères, 8 employés actuels, 4 anciens du ministère de la Santé et 4 personnes travaillant dans le secteur privé de la Santé.

En tout, 28 personnes avaient déjà été arrêtées en fin de matinée. Toutes sont soupçonnées de liens avec le mouvement du prédicateur Fethullah Gülen, qualifié de «groupe terroriste» par Ankara. Gülen, installé aux États-Unis depuis une vingtaine d'années, est accusé par le président Recep Tayyip Erdogan d'être le cerveau de la tentative de coup d'État de juillet 2016, ce qu'il nie catégoriquement. Depuis le putsch manqué, les autorités traquent sans relâche ses partisans et ont lancé des purges d'une ampleur sans précédent dans l'histoire moderne du pays. Plus de 50.000 personnes ont été arrêtées et plus de 140.000 limogées ou suspendues. Près de trois ans après le coup de force, les vagues d'arrestations se poursuivent.

* * *Im Juni 2019, die EU-Staats- und Regierungschefs haben die Türkei erneut wegen der Erdgasbohrungen rund um Zypern ermahnt. Die Türkei müsse Zurückhaltung üben, die Souveränität Zyperns achten und die Aktivitäten einstellen. So hiess es in der Gipfelerklärung am späten Donnerstagabend in Brüssel. Der EU-Gipfel verhängte zwar keine Sanktionen, liess die Möglichkeit dazu aber weiter offen. Die EU-Kommission war bei einem EU-Ministertreffen

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aufgefordert worden, konkrete Sanktionsvorschläge zu machen. Nach Angaben des zuständigen EU-Kommissars Johannes Hahn könnten etwa EU-Zahlungen gekürzt werden.

Die Bohrungen finden im Meer rund 60 Kilometer westlich der Mittelmeerinsel statt – in einem Gebiet, das zur Ausschliesslichen Wirtschaftszone (AWZ) Zyperns gehört. Nikosia hat die Bohrungen nicht genehmigt. Die EU hatte Ankara bereits 2018 aufgefordert, diese Aktionen einzustellen. Die Türkei wehrt sich gegen die Kritik. Ihrer Meinung nach hat sie ebenfalls Anspruch auf die Meeresgegend.

Les menaçes de Washington commencent à être exécuées contre la Turquie

Vers le mi mai 2019, les EUA ont demandé à la Turquie de reporter la livraison par la Russie de missiles S-400. Washington s'oppose à l'achat par Ankara de ce système de missiles, que Moscou doit livrer à la Turquie en juillet 2019. Un haut fonctionnaire turc a toutefois déclaré que la position turque n'avait pas varié: "Nous achèterons les S-400 en juillet. Notre position n'a pas changé." Pour l'administration américaine, cette livraison qui pourrait, dit-elle, remettre en cause la participation turque au programme d'avion de combat F-35. Des discussions se poursuivent à ce sujet, a-t-on ajouté de même source.

Le 17.5.2019, Washington a mis fin au traitement commercial préférentiel dont bénéficiait la Turquie qui lui permettait d'exporter aux Etats-Unis des produits libres de droits de douane, mais a réduit de moitié les droits de douane sur les importations d'acier turc, en sebasant sur son niveau de développement économique du pays. En 2018, l’administration américaine avait imposé des droits de douane de 20% sur les importations d'aluminium turc et de 50% sur celles d'acier, afin de faire pression sur Ankara pour l'obliger à libérer la pasteur américain Andrew Brunson, accusé par les autorités turques de terrorisme.

* * *Le 21.5.2019, Erdoğan a déclaré une nouvelle fois que l’achat d’un système avancé de défense antimissile russe S-400 était chose faite, réitérant l’engagement du pays envers l’accord avec la Russie et ajoutant qu’Ankara s’engagerait également dans la production commune de la prochaine génération S-500 avec Moscou. 

* * *Le 17.6.2019, Erdogan a fait savoir qu’il n’est pas possible de renoncer à l’achat du système de défense anti-aérien S-400 à la Russie. « L’affaire des S-400 est terminée et il n’y a aucun problème » a relevé le président turc, notant que la livraison des systèmes commencerait dans la première moitié de juillet. « Au sujet des F-35, la Turquie a toujours fait les paiements à temps et elle a payé 1 milliard 250 millions de dollars aux Etats-Unis jusqu’à ce jour » a précisé M. Erdogan. M. Erdogan a indiqué que certaines pièces des F-35 sont fabriquées en Turquie et ajouté qu’il s’entretiendrait avec le président américain Trump au sommet du G-20 fin juin 2019 sur la livraison des chasseurs à la Turquie.

Le président turc a mis l’accent sur les incohérences entre les explications de Trump et celles des responsables américains, précisant que s’il y a des contradictions dans les déclarations, il s’entretiendra avec Trump pour résoudre les questions. « La Turquie est un membre de l’OTAN. La Turquie est le pilier le plus puissant de l’OTAN et c’est l’un des rares Etats à payer pour l’OTAN. La plupart des pays ne paient même pas ou paient que très peu. Un partenaire stratégique peut-il se comporter

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mal avec un partenaire ? Il ne devrait pas. Nous sommes un pilier différent de l’OTAN » a souligné M. Erdogan.

D. La région de l’Asie du Sud-Ouest (Caucasie méridionale, l’Asie centrale, le Proche-Orient et les pays voisins…)

Les menaces terroristes en Asie centrale, réalité ou fiction ?in : NOVOSTAN, 3.6.2019 (extraits)

Ces derniers mois, le discours présentant l’Asie centrale sous la menace d’un péril terroriste continue de prendre de l’ampleur. On connaît également ces discours dans nos contrées et notamment sous l’égide de Washington/OTAN. En réalité, les EUA, la Chine et la Russie auxquelles se joint l’Iran transforment l’Asie centrale en une poudrière. Trois superpuissances à ses frontières, sept pays aux steppes et aux montagnes gorgées de ressources énergétiques et minières, un islam grandissant, l’Asie centrale est un point de friction majeur.

Le thème du terrorisme est, depuis un temps, très présent dans l’actualité centrasiatique. Entre le déclenchement d’une émeute dans une prison tadjike.., l’organisation d’une conférence sur le terrorisme à Douchanbé, ou encore celle d’une rencontre réunissant les ministres de la Défense des pays de la région et autres partenaires à Bichkek, la rhétorique de la menace djihadiste pesant sur l’Asie centrale a resurgi. Enfin, l’annonce du rapatriement de familles ouzbèkes d’Irak et de Syrie le 30 mai dernier ont été un aiguillon acéré sur un problème de plus long terme… Cependant, ce discours sur la dangerosité du problème terroriste dans la région tend à être nuancé par certains experts. Svante Cornell, Directeur de l’Institut pour la sécurité et les politiques de développement et spécialiste des questions de sécurité en Asie centrale, tient à souligner que « le problème de la radicalisation islamique en Asie centrale est moins grave qu’on ne le croit communément. Il y a 20 ans, les experts pensaient que la nature répressive des régimes d’Asie centrale pousserait l’opposition dans les bras des extrémistes et engendrerait ainsi un radicalisme, ce qui n’a pas été le cas ».

Cette menace se rapporterait à deux enjeux majeurs, selon les acteurs en charge de la sécurité en Asie centrale et les média locaux. Le premier enjeu mis en avant est la porosité et fragilité de la frontière tadjiko-afghane, porte d’entrée du terrorisme dans la région. Le second est la gestion des djihadistes et de leurs familles, partis pour la plupart en Syrie et Irak. Ces deux thèmes sont les serpents de mer actuels de la menace terroriste dans la région.L’Organisation du traité de sécurité collective (OTSC), l’une des multiples organisations régionales en Asie centrale, centrée sur les enjeux de sécurité, s’est emparée de la question. Regroupant certains ex-pays soviétiques /dont la Russie/, le 30 avril 2019, organisée à Bichkek, la capitale kirghize. La réunion, menée par le Secrétaire général par intérim de l’OTSC, le russe Valery Semerikov, a été animée de débats sur le renforcement de la présence terroriste dans le Nord de l’Afghanistan et la menace d’attaque sur le territoire des Etats-membres…

Interrogé, Svante Cornell tient à modérer ces affirmations. Selon lui, « la région n’est pas du tout une poudrière prête à exploser ». Ce discours est l’un « des principaux arguments de Moscou pour maintenir son influence en Asie centrale, essayant de convaincre les régimes de la région qu’il existe une réelle menace terroriste et extrémiste qui pourrait renverser leurs régimes et que seule la Russie peut les protéger », estime le chercheur.

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Cette mise en garde, face à une menace pesant sur la région, s’accompagne d’une mise en avant de la protection qu’apporte la Russie aux pays centrasiatiques. Le ministère de la Défense russe a notamment souligné qu’« il est nécessaire d’utiliser pleinement le potentiel de la base russe de Kant (au Kirghizstan, ndlr) » Sergueï Choïgou ajoutant « nous avons eu l’occasion […] d’observer les opportunités de notre base. Tout cela peut et doit être utilisé pour assurer la sécurité du Kirghizistan, et donc les frontières des pays de l’OTSC ».

Selon le directeur de l’Institut pour la sécurité et les politiques de développement, ce qui marchait il y a une ou deux décennies, fonctionne de moins en moins. « Aujourd’hui, la situation est différente. Les États d’Asie centrale sont devenus de véritables États, dotés d’institutions plus fortes et capables de se protéger. Certaines parties du Tadjikistan et du sud du Kirghizstan font exception à cette règle, mais dans l’ensemble, ces régimes ont acquis un certain niveau de confiance pour faire face aux menaces extérieures. »« Cette confiance signifie qu’ils ne sont plus dans un état de panique », estime Svante Cornell. Selon lui, les Etats d’Asie centrale « sont pleinement conscients du nombre croissant de combattants en Afghanistan, mais cela ne se traduit pas par une augmentation de la demande d’aide russe. » L’un des marqueurs de cette confiance grandissante est la multiplication des retours de familles de djihadistes partis combattre à l’étranger. Ce processus souligne la confiance qu’ont les dirigeants centrasiatiques dans la capacité des Etats de la région à absorber les citoyens revenants des zones de conflits…

L’enjeu, selon Gwenn Laine, directeur de la Division Asie centrale du Réseau de stabilisation de l’Union européenne, est que la déradicalisation prend beaucoup de temps. « Les pays de la région doivent organiser les conditions appropriées. Il arrive que vous n’atteigniez pas votre but, parce que ces gens sont offensés et malheureux à propos de quelque chose, et donc leur déradicalisation ralentit » a-t-il affirmé au média tadjik Asia Plus. Les djihadistes d’origines centrasiatiques sont nombreux au Levant, et une fois rentrés, Gwenn Laine précise que leur déradicalisation est loin d’être acquise…

* * *40,3 millions de personnes seraient victimes d’esclavage moderne dans le monde, dont 24,9 millions victimes de travail forcé. L’Asie centrale n’échappe pas à ce fléau. En 2018, le « Global slavery index » affirmait qu’il y avait 360 000 esclaves en Asie centrale.

Entre Pamir et Hindou-Kouch, zone neutre encore?

La vallée du Wakhan sépare les montagnes du Pamir de l’Hindou-Kouch et est l’un des paysages les moins aménagés de la région. La vallée est surtout connue pour le corridor de Wakhan, qui constituait une zone neutre dans le Grand Jeu entre la Grande-Bretagne et la Russie pour la domination en Asie centrale à la fin du XIXe siècle.

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Il s’agit d’un étroit couloir frontalier du Tadjikistan, du Pakistan et de la Chine, qu’empruntèrent, jadis, Marco Polo et les marchands de la route de la soie. Un havre de paix, montagneux et splendide, dans un pays en guerre. C’est la seule région épargnée par les conflits qui dévastent le pays depuis près de quarante ans. Comme un petit doigt tendu, une minuscule excroissance en haut à droite sur la carte, le corridor du Wakhan est une étroite bande de terre, glaciale et perchée, héritée du Grand Jeu, la rivalité coloniale et diplomatique qui opposait à la fin XIXe siècle Russie et Grande-Bretagne : ce couloir de 300 kilomètres de long sur vingt à soixante de large, culminant entre 2 500 et 7 000 mètres d’altitude, fut dessiné par les diplomates anglais lors du tracé de l’Afghanistan moderne pour servir de zone tampon entre les deux empires. Il sépare aujourd’hui le Pakistan du Tadjikistan, et partage à sa pointe orientale quatre-vingt-dix-sept kilomètres de frontière avec la Chine. Un contact stratégique dont ce puissant voisin ne sait encore trop que faire.

Le Wakhan est l’un des territoires les plus isolés au monde, la seule route qui le traverse à fond de vallée, empruntée par de rares véhicules, ne va même pas jusqu’au bout. Le reste se parcourt à pied, ou à cheval. A ces altitudes, les Wakhis cohabitent avec des nomades kirghiz qui, eux, ne redescendent jamais : leur espace vital, leur résidence, ce sont les hautes vallées du Pamir creusées en sillons par la fonte des glaciers, dans lesquelles quatre fois par an, au gré des saisons, ils déménagent leurs campements. Les Kirghiz du Wakhan, qui sont environ 1 500, selon Ted Callahan, anthropologue de l’université de Boston, se sont retrouvés coincés en territoire afghan par la révolution russe de 1917 puis celle de Mao en 1949. Quoique isolé et délaissé par le pouvoir central, le Wakhan se sent «100 % afghan».

E. IranThe US, Iran and a New American Deployment, in: Geopolitical Futures, May 7 2019, By George Friedman*

The United States has announced that it is deploying a carrier battle group and a bomber group to the Middle East. The reason given is that U.S. intelligence has detected an Iranian threat against U.S. and allied assets in the region. The United States has stated that it does not want war with Iran but is prepared to defend its interests in the region. It’s not clear what threat the U.S. detected, but since this force will take some time to reach the area, we can assume that the threat is not perceived to be imminent. And we will assume that the type of threat the U.S. believes is posed by Iran can be countered by the type and amount of air power deployed. But as with all such deployments, there are military, psychological and political components that must be understood.

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Fallout From the U.S. DrawdownSince the Obama administration, Washington’s strategy has been to recognize that the United States’ massive interventions in the Middle East failed to achieve their political goals but imposed substantial costs on the U.S. military and unbalanced the U.S. global posture. They may have disrupted al-Qaida but did not create effective regimes that could themselves suppress jihadist groups. The deployments were neither achieving their goal nor supporting U.S. strategies. Washington understood that withdrawing U.S. forces from the region would have political consequences but concluded that the threat posed by these consequences was acceptable.The drawdown in U.S. forces redefined regional dynamics. The underlying strategic issue in the region has been the relationship between the Arab world, surrounding non-Arab states like Israel, Turkey and Iran, and great powers, like the United Kingdom and the United States. With the U.S. drawdown, the latter became less significant, while the relationships among the Arab and regional non-Arab powers became critical. At the time, the greatest threat came from Iran. For Iran, the Arab world was a historic threat but one that presented an immediate opportunity.

The threat and opportunity coalesced in the rise of the Islamic State, which occurred in parallel with the slow drawdown of U.S. forces. Shiite-majority Iran saw the radical Islamic, Sunni and Arab force as a threat to its interests, and particularly to its historic interest in Iraq (of which the nearly decadelong war in the 1980s was just one manifestation). Tehran could not tolerate a jihadist government in Baghdad, so it intervened, organizing and leading the Iraqi army. Ironically, at that point, Iranian and American interests coincided; both simply wanted to break the Islamic State. Once IS was broken, the U.S. continued its drawdown in Iraq while Iran became an increasingly dominant political factor in an Arab country with a large Shiite population.This created a much larger and historic opportunity for Iran. Iran’s strategy was to exploit the Arab world’s Sunni-Shiite divide, using its commonality with Shiites to challenge Sunni Arab powers – especially Saudi Arabia. In Lebanon, Iran had already established a powerful position through Hezbollah, a Shiite Arab force, and it saw another opportunity in Syria. While the Alawite regime of President Bashar Assad was secular, the Alawites are a Shiite sect with historical ties to Iran. During Syria’s civil war, Iran intensified its support of the Assad regime and aligned with the Russian intervention. Tehran and Moscow had a common interest in weakening U.S. power in the region and a shared strategy of using the U.S. drawdown to do so. Iran and Russia were historical antagonists, but both had an overriding interest to weaken the United States, psychologically if not in actual global power.

Pressure on IranIran has therefore emerged as a major regional force. It is a dominant power in Iraq and Lebanon, a significant force in Syria and is deeply engaged in the war in Yemen. It is in the process of surrounding Saudi Arabia, a country with which it has fought wars going back to the 1960s; indeed, in many ways, the Saudi-Iranian enmity is the foundation of regional dynamics. In the past, as during Iraq’s invasion of Kuwait, U.S. strategy would be to use main force to block Iran. But the new American strategy has been careful to limit American exposure. Therefore, the U.S. now wants to rely on regional powers to act when it is in their interests to do so, rather than to take direct action itself.

The result has been the emergence of an Israeli-Saudi coalition that includes nations on the Persian Gulf’s western coast. This force is dangerous to Iran. Iran has power around Saudi Arabia, but it is what might be called thin power. With the exception of Lebanon, its power in other countries is neither deeply rooted nor indestructible; rather, it is spread dangerously wide and shallow. And the cooperation that has emerged between Israel and Arab, anti-Iran powers is substantial. In addition to the political power being exerted on Iran, it’s under pressure from the economic sanctions put in place by the United States putatively because of Iran’s nuclear program. In reality, the sanctions fit into the U.S. strategy of reducing military exposure while using diplomatic and economic means to exert pressure. Iran, whose economy had been getting weaker on its own, has been significantly affected by U.S. economic actions.Iran’s expansion has come under significant pressure. The Israelis have been attacking Iranian positions in Syria, and Russia – ostensibly Iran’s ally but one that’s not eager to see a powerful Iran in the Caucasus – has not made any attempt to stop them. Pressure in Yemen has also

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placed Iran in a difficult position. Iran remains influential in Iraq, but everywhere else, its expansion has run into serious problems.

Still, Iran has countered where it can. Tehran has been supplying Hamas for some time, but the relationship between the Sunni and Shiite entities has been necessarily complex. (Though Hamas still managed a significant rocket attack on Israel this weekend.) One of Iran’s political options is to draw Israel into attacks on Gaza and Lebanon and portray itself as the only major power in the Muslim world challenging Israel while many others are effectively allied with Israel. The problem with that strategy is that it could also energize jihadists, and they are not Iran’s friends.Therefore, Iran has to either fold some of its cards or somehow strike. The U.S. has warned that an attack against its allies is possible. The issue now for the U.S. is that, given Iran’s economic problems and the broad but weak hold it has in the region, the drawdown of U.S. forces makes it less risky for Iran to take action. At the same time, reinserting large numbers of ground forces is not something the U.S. wants to do.

Instead, we see the deployment of U.S. air power in the form of a carrier battle group and land-based powers. The U.S. is positioning itself so that, if Iran carries out some operation to stabilize its position, the U.S. can respond with airstrikes. The problem is that, in Syria and Lebanon, Israel is capable of managing air power, and strikes in Iraq will find few targets worthy of the force. What the United States has threatened, without making any explicit threats, is airstrikes on Iran itself if it carries out operations against U.S. allies. But the force the U.S. is deploying is not large enough for a sustained air campaign. So, the threat it’s making at this time is one of limited air action, with further action readily available.The U.S. deployment is a test of two things. First, whether air power is a significant enough threat to force the Iranians to refrain from aggressive actions in the region. Second, whether it is enough to reverse the Iranian expansion. Iran is embroiled in domestic issues, and the Iranian public, rather than rallying to the flag, might see American airstrikes as yet another miscalculation by the Iranian government. I certainly don’t know which it will be, nor do I think the U.S. government knows. But I suspect that the Iranian government doesn’t know for sure either, and that might limit their risk-taking.

Behind all this is the fact that the U.S. intervention in the region ultimately failed to achieve its political goals and led to the drawdown of the U.S. main force, leaving only limited forces pursuing very limited ends. Without a global power imposing force, the region rearranged itself, as the U.S. had hoped it would, but the rearrangement put Iran in a powerful position, which the U.S. certainly didn’t want. Anticipating that Iran will try to strike against the new anti-Iran coalition, the U.S. is trying to reassert its power without redeploying ground forces. In the end, the Israelis, the Saudis and the (hitherto unmentioned) Turks have more at stake than the U.S. and therefore need to take the risks, either way. ——————————*George Friedman (Hungarian: Friedman György, Budapest, February 1, 1949) is a Hungarian-born U.S. geopolitical forecaster, and strategist on international affairs. He is the founder and chairman of Geopolitical Futures, an online publication that analyzes and forecasts the course of global events.

Les gesticulations militaro-diplomatiques dangeureuses de Washington

Franchement, je m’interroge à savoir qui ou quoi constitue danger, qui est menaçant et qui s’avère agressif au Moyen-Orient. Et, de plus, il faut dire, tous ces discours s’expriment dans un charabia étrange mais non pas sans danger.

Les EUA ont annoncé le 24.5.2019 le déploiement de 1.500 soldats supplémentaires au Moyen-Orient, invoquant des "menaces persistantes" contre les forces américaines émanant du "plus haut niveau" du

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gouvernement iranien. Ces effectifs et ces capacités supplémentaires sont destinés à "améliorer la protection et la sécurité des forces américaines, compte tenu de menaces persistantes de la part de l'Iran, y compris des Gardiens de la Révolution et de leurs soutiens", a indiqué le chef du Pentagone Patrick Shanahan dans un communiqué. "Ceci est une réponse prudente à des menaces crédibles de la part de l'Iran". Au même moment, Trump a également informé le Congrès de nouvelles ventes d'armes à l'Arabie saoudite, grand ennemi régional de l'Iran, et aux Emirats arabes unis, en invoquant la menace iranienne pour contourner la possibilité dont disposent les parlementaires de bloquer ce type de contrat.

Le déploiement décidé par Washington inclut un bataillon de 600 hommes en charge de quatre batteries anti-missiles Patriot qui se trouvaient déjà dans la région mais devaient être redéployées ailleurs. Leur maintien dans la région, pour une durée indéterminée et sur des bases qui n'ont pas été identifiées, porte à 900 hommes seulement les renforts envoyés dans la région, a précisé à la presse l'amiral Michael Gilday, un responsable de l'état-major américain. Des appareils de reconnaissance et de surveillance et un escadron de 12 avions de chasse renforcera le dispositif.

La secrétaire adjointe en charge de la sécurité internationales du Pentagone, Katie Wheelbarger, a précisé que ce déploiement supplémentaire ne concernait ni la Syrie ni l'Irak, où Washington poursuit ses opérations contre le groupe Etat islamique (EI).Le commandement central américain (Centcom), en charge du Moyen-Orient et d'une partie de l'Asie centrale dispose de 70.000 militaires , dont 14.000 sont déployés en Afghanistan, 5.200 en Irak et moins de 2.000 en Syrie. Une fois de plus, le Pentagone a assuré que le renforcement de la présence militaire américaine au Moyen-Orient était purement défensif.

Le Pentagone a déjà dépêché début mai 2019 dans la région un porte-avions, un navire de guerre, des bombardiers B-52 et une batterie de missiles Patriot, le conseiller à la sécurité nationale de la Maison Blanche, John Bolton, évoquant "des indications inquiétantes d'escalade" de Téhéran.

* * *Le 25.5.2019, le président Trump a annoncé de nouvelles ventes d'armes à l'Arabie saoudite et aux Emirats arabes unis, en invoquant "l'agression iranienne" pour contourner un Congrès de plus en plus hostile à l'attitude de Ryad. Le chef de la diplomatie américaine Mike Pompeo a confirmé le recours à une procédure d'"urgence" pour débloquer 22 contrats d'armement en souffrance, qui concernent également la Jordanie, pour un montant total d'environ 8,1 milliards de dollars. Cela va "soutenir nos alliés, renforcer la stabilité du Moyen-Orient et aider ces nations à faire de la dissuasion et à se défendre de la République islamique d'Iran", a affirmé M. Pompeo, promettant de n'avoir recours qu'une seule fois à cette procédure contestée.

* * */The very next day,/Mike Pompeo offers to talk to Iran with no preconditions Secretary of state says US will engage while keeping up pressure campaign (in: FT, Kadhim Shubber in Washington and Monavar Khalaj in Tehran, 2.6.2019)… The Trump administration is ready to begin talks with Iran

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“with no preconditions”, the US secretary of state declared …in a move that could help to ease tensions between Washington and Tehran. Mike Pompeo said at a press conference in Switzerland that he was ready to talk with his Iranian counterparts but warned that the US pressure campaign against Iran would not let up… The remarks came after Hassan Rouhani, the Iranian president, said on Saturday he would welcome talks if the US treated Iran with respect. “We are for logic and talks if [the US] sits respectfully at the negotiating table,” he said, according to Iran’s Fars news agency…

Tensions between the US and Iran have ratcheted up further in recent weeks as the US has begun moving troops to the Middle East and blamed the Iranians for the sabotage of four oil tankers in the Gulf. John Bolton, the hawkish US national security adviser, has sought to pin responsibility on Iran and said in Abu Dhabi on Wednesday there was “no doubt in anybody’s mind in Washington who was responsible for this”.

Quelques leçons géopolitiques faites à Washington

Washington ne cesse de le marteler depuis le 13 juin 2019 : l’Iran est responsable des attaques essuyées par deux pétroliers ce jour-là, à proximité du détroit d’Ormuz. La crédibilité de Washington, qui accuse l’Iran d’avoir mené ces attaques, est limitée, comme le montre le scepticisme de pays tels que l’Allemagne (Le Monde 19.6.2019). Après être sortis unilatéralement de l’accord sur le nucléaire iranien conclu en 2015, les Etats-Unis cherchent, en brandissant les preuves présumées de cette accusation, à rompre leur isolement à ce sujet. Le lendemain, les Irakiens abattent un drone américain.

Le 20 juin, Trump a renoncé de justesse à lancer des frappes contre l’Iran. Pour Hadrien Desuin, l’hésitation du président des États-Unis est légitime: les précédentes interventions américaines ont été un désastre, et politiquement, une guerre serait risquée pour Donald Trump (d’après Figaro, 22.6.2019). Après les bravades en Corée du Nord et au Venezuela, les mouches ont-elles changé d’âne? Ces derniers mois, tout se passe comme si Washington cherchait désespérément un ennemi à abattre, et finalement revenait à sa vieille obsession en vue des élections présidentielles en 2020. Depuis 40 ans, l’Iran joue son rôle de meilleure bête noire des États-Unis.

Après la perte d’un drone au prix de $ 130 millions !!!, les faucons de la Maison-Blanche étaient prêts à déclencher «une bonne petite guerre». Mais Donald Trump n’est pas une marionnette qu’on peut manipuler à sa guise. Un rapide calcul a suffi à écarter la guerre. Le prix du pétrole commençait à s’envoler, ce qui n’est jamais bon quand on prépare une réélection. En cas d’échec, des soldats seraient morts pour venger un drone espion, ce qui aurait été difficile à justifier auprès de l’opinion américaine. Le risque d’une escalade régionale était trop grand, le compte n’y était pas pour Donald Trump.

À Washington, la politique moyen-orientale se résume trop souvent à la défense d’Israël et de l’Arabie saoudite. Et à l’échelle du monde, la diplomatie américaine consiste à refouler la Russie et la Chine à l’intérieur du continent eurasiatique. L’Iran a le malheur d’être à la fois un ennemi d’Israël et de l’Arabie saoudite mais aussi un allié de la Russie qui fait de l’œil à la Chine. Aux yeux du complexe militaro-industriel qui vit de cette juteuse tension moyen-orientale et eurasiatique à Washington, l’Iran coagule toutes les rancœurs. Mais Trump a retenu les leçons des désastres afghan, irakien et libyen. Le changement de régime ne mène à rien, sinon au chaos.

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Depuis un certain temps, l’Iran dispose d’une base militaire permanente en Syrie. Selon le rapport établi par la BBC, elle est située sur un site utilisé par l’armée syrienne à proximité d’El-Kiswah, à 14 km au sud de Damas, et à 50 kilomètres de la frontière israélienne. Israël fait part depuis longtemps de la tentative de l’Iran d’établir une présence permanente en Syrie dans le cadre de ses efforts visant à contrôler un couloir terrestre reliant la république islamique à la Méditerranée et à étendre son influence dans le Moyen-Orient.

Une guerre contre l’Iran pourrait-elle sonner le glas de l’hégémonie américaine?

(in ; Le Figaro, Par  Mathias Girard, 7/06/2019, extraits).

«Si l’Iran veut se battre, ce sera la fin officielle de l’Iran. Ne menacez plus jamais les États-Unis» tweetait le Président Trump le 20 mai dernier. Cette sortie du Président américain intervient après plus d’un an d’escalade des tensions. Celles-ci s’intensifient de plus en plus ces derniers mois avec notamment des décisions fortes de l’administration Trump, du retrait de son personnel diplomatique en Irak dû à «une menace imminente en lien direct avec l’Iran», à la désignation des «Gardiens de la révolution» comme organisation terroriste en passant par l’envoi d’un groupe de porte-avions et de bombardiers dans le Golfe Persique…

Après avoir confié au chef du Pentagon, Patrick Shanahan, ne pas vouloir d’une guerre avec l’Iran, Trump a publiquement désavoué son faiseur de guerre Bolton lors de son récent voyage au Japon, le contredisant sur la volonté américaine de «changer le régime» en Iran. D’aucuns y voient le signe d’une disgrâce de Bolton, plusieurs journaux américains faisant état d’un agacement de Trump envers son conseiller à la sécurité nationale. Il semble que le Président américain se plaît en réalité à disposer de «faucons» dans son entourage, en mesure de lui offrir une plus grande marge diplomatique. Trump plaisantait d’ailleurs au sujet de Bolton le mois dernier, comme le rapportait le New York Times: «si John décidait de la politique étrangère américaine, ils (les États-Unis) seraient en train de faire quatre guerres».

En effet, s’il fait peu de doutes au vu des prises de position de l’administration Trump que celle-ci est très fortement influencée par les néoconservateurs, il s’agit de ne pas oublier que Trump n’en est pas un: ce n’est pas un interventionniste forcené, et il dispose d’un ego certain qui relativise son influençabilité. Rappelons que Trump est également un homme d’affaires à l’amour du «deal» très prononcé, et il semblerait en réalité que Trump préfère tordre le bras aux Iraniens, afin de les forcer à venir à la table des négociations et à signer un «better deal»…

On peut trouver plusieurs explications à cela: le retrait partiel de l’Iran du JCPoA qui conduirait le pays à reprendre son programme nucléaire, l’engluement des États-Unis dans la guerre commerciale avec la Chine, la désapprobation des alliés européens de la gestion du cas iranien, la conscience de Trump du danger d’une escalade avec l’Iran... Une dernière piste d’explication, pas entendue jusqu’alors, mérite le détour. L’Iran pourrait en effet menacer de bloquer le détroit d’Hormuz ce qui couperait le pétrole et le gaz venant du Koweït, d’Irak, du Bahreïn, du Qatar et d’Iran donc, ce qui constitue 20% du pétrole mondial environ (sans parler du gaz). Un blocage détruirait en partie le système financier mondial du fait d’une

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explosion du commerce des produits dérivés, sans parler de l’augmentation colossale du prix du baril…

Beaucoup estiment que les États-Unis sont un empire en déclin. L’essoufflement du néolibéralisme économique, la remise en question de la démocratie et surtout de la version américaine de ce concept, la nouvelle rivalité de la Chine et son économie surpuissante, sont quelques raisons à ce déclin. Une autre cause fait jour, constante dans l’histoire du monde, et déjà présente dans l’histoire des États-Unis: la guerre. Celle du Vietnam avait débouché sur des dépenses considérables et une grande inflation qui avait conduit par exemple à la fin du système de Bretton Woods. C’est surtout au niveau de la réputation que les États-Unis ont souffert, tout particulièrement du fait de la guerre en Irak. Or le soft power américain est une des dernières armes qui constitue une asymétrie de puissance positive face à ses concurrents, notamment la Chine. Si celui-ci se dégrade trop, et en y ajoutant le coût humain et financier conséquent d’une guerre face à l’Iran, nul doute que les États-Unis verraient leur hégémonie grandement menacée.

L’Irak est allié de fait de l’Iran

Après des décennies de conflits sur son sol, l'Irak se trouve désormais pris au milieu des tirs croisés des EUA et de l'Iran, dont l'animosité croissante fait l'affaire de certain pays tiers dont l’Arabie Saoudite favorables à une confrontation. L'Iran accuse les alliés régionaux de Washington, comme l'Arabie saoudite, son principal rival au Moyen-Orient, de pousser l'administration de Donald Trump à adopter une ligne dure contre lui. Il n’empêche que la confrontation pourrait se traduire par des frappes limitées ou une guerre d'usure. Depuis le retrait unilatéral américain en 2018 de l'accord international sur le nucléaire iranien, suivi du rétablissement des sanctions économiques contre l'Iran, rien ne va plus entre Washington et Téhéran, tous deux alliés de Bagdad. L’accord étant signé par des pays majeurs d’Europe, la majorité des pays européens s’avèrent opposés aux agissements de Washington.

Le classement des Gardiens de la Révolution, armée d'élite iranien, sur la liste américaine des organisations "terroristes" et le renforcement début mai de la présence militaire américaine au Moyen-Orient face à de présumées "menaces" iraniennes, ont encore envenimé la situation, jusqu'à faire craindre une confrontation armée. Voisin de l'Irak, l'Iran, via des groupes membres des forces paramilitaires irakiennes du Hachd al-Chaabi, a joué un rôle important dans la guerre victorieuse de Bagdad contre le groupe jihadiste Etat islamique (EI). L'aviation militaire des EUA a été, elle, un atout crucial dans cette victoire.

De plus, l'Irak dépend en partie de l'Iran pour son approvisionnement en gaz et électricité et Washington ne cesse de l'appeler à diversifier ses fournisseurs. Si les menaces et les invectives fusent entre Washington et Téhéran, les deux capitales ne cessent d'affirmer qu'elles ne veulent pas la guerre. Par ailleurs, si le gouvernement israélien se féliciterait de l’implosion soudaine du régime iranien, mais pas au prix de la guerre. Suggérer le contraire, c’est fondamentalement mal comprendre la stratégie de sécurité israélienne. Pourtant, Netanyahou a désespérément besoin d’une guerre américano-iranienne. Mais l’enthousiasme suscité par l’éventualité d’une guerre ne concernent que le prince héritier saoudien Mohammed bin Salman. Le souverain saoudien serait très heureux de voir le personnel militaire américain se battre pour débarrasser Riyadh de son ennemi idéologique.

En réalité, la stratégie de sécurité d’Israël vis-à-vis de l’Iran ne repose pas sur la volonté du changer le régime iranien, mais sur la compréhension constante qu’a l’Iran du jeu de

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dissuasion que joue Jérusalem, en s’assurant de la supériorité de ses moyens de représailles potentielles. Israël s’assure que l’Iran sait que toute menace critique qu’il représente pour Israël entraînera une menace israélienne bien plus grande contre l’Iran. Nonobstant, les forces de sécurité israéliennes reconnaissent qu’une lutte franchissant tous les stades de l’escalade violente avec l’Iran comporte des risques démesurés.

Le Baloutchistan, ce territoire si convoité: Entre Pakistan et Afghanistan /et Iran/, in: Orient XXI, JEAN MICHEL MOREL & GEORGES LEFEUVRE, 5 JUIN 2019 (extraits)

De récents attentats ont secoué la région du Baloutchistan au Pakistan. Ils ont rappelé l’existence de mouvements de rébellion qui combattent Islamabad, mais aussi les enjeux géopolitiques du contrôle de cette région. Le 18 avril 2019, une attaque perpétrée contre des bus qui faisaient la navette entre Karachi, la capitale économique et financière du Pakistan et la ville côtière d’Ormara dans la province du Baloutchistan s’est soldée par quatorze morts. Cette agression faisait suite à un attentat perpétré en novembre 2018 contre le consulat de Chine à Karachi, revendiqué lui aussi par des séparatistes baloutches. Et le vendredi 10 mai, l’Armée de libération du Baloutchistan (Balochistan Liberation Army, BLA) a revendiqué l’attaque d’un luxueux hôtel du port de Gwadar, sur la côte pakistanaise. Ces attentats ne sont pas les premiers du genre. Dans cette région à l’histoire tourmentée, nationalistes baloutches, djihadistes de l’organisation de l’État islamique (OEI) et talibans pakistanais multiplient les opérations sanglantes et déstabilisatrices pour Islamabad.

Bordé au sud par la mer d’Arabie, le Baloutchistan aux terres arides et aux montagnes volcaniques se situe au sud de l’Afghanistan et à l’est de l’Iran. Les Baloutches, d’origine iranienne et de confession musulmane, sont environ 8 millions, dont 6 200 000 au Pakistan (soit 5 % de sa population), 1 500 000 en Iran et 100 000 en Afghanistan. Ils ont longtemps vécu sous une tutelle afghane, mais de façon semi-indépendante, dans un territoire dénommé le Khanate de Kalat, nom historique du pays baloutche et de son ancienne capitale.

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Répartition des groupes ethniques du Pakistan en 1980, en rose, le Baloutchistan

Après l’avoir envahi en 1839, les Britanniques se sont employés à en garantir la souveraineté par deux traités, l’un signé en 1854, l’autre en 1874. En contrepartie, le khan accordait aux armées britanniques un droit de passage, afin qu’elles puissent pénétrer en Afghanistan et en maîtriser sa politique extérieure, lui attribuant ainsi une indépendance sous contrôle. Entre 1871 et 1893, les Britanniques ceignent le Baloutchistan de deux frontières, l’une avec la Perse (la ligne Goldsmith), amputant le pays de son actuelle partie iranienne, l’autre avec l’Afghanistan (la ligne Durand), actant ainsi la partition du pays en trois États. Pour gérer cet ajout à leur empire des Indes, ils créeront une entité administrative, la Balochistan Agency.En 1947, après avoir accordé l’indépendance à l’Inde et au Pakistan, ils la rattacheront à ce dernier, lui accordant de fait un territoire qui ne lui appartenait pas et lui apportant 45 % de sa superficie. Le prince Abdoul Karim, le frère du khan régnant et de nombreux sardar (chefs tribaux) déclencheront immédiatement une guerre d’indépendance qui se perpétua, arguant des traités passés avec Londres.

Afin de procéder à un état des lieux sur ce conflit qui s’éternise et de prendre la mesure des enjeux économiques et géopolitiques que représente les régions baloutches pour le Pakistan, l’Iran et plus généralement pour la région, nous avons demandé à Georges Lefeuvre, ancien diplomate et chercheur à l’Institut de relations internationales et stratégiques (IRIS) de répondre à nos questions.

Jean Michel Morel. — Intéressons-nous d’abord au Baloutchistan pakistanais, le plus vaste et celui qui est le plus souvent sous les feux de l’actualité. Qu’en est-il des revendications séparatistes ? Ces attentats signifient-ils la reviviscence d’une demande d’autonomie de la province dans le cadre de la fédération pakistanaise et de la Constitution de 1973 qui, en principe, en garantit le droit ?

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Georges Lefeuvre. — En 1948, le Pakistan a accordé un statut d’autonomie au Baloutchistan. Mais, en 1952, le gouvernement central s’est empressé de revenir sur cette décision après la découverte d’énormes réserves de gaz qui, aujourd’hui, fournissent 40 % de la production nationale. Ce revirement tient aussi au fait que le Baloutchistan renferme près de 20 % des ressources minières du Pakistan (charbon, or, cuivre, argent, platine, aluminium et surtout uranium) et qu’il possède une façade maritime de 750 km, occupant ainsi une position stratégique par rapport au golfe d’Oman et à la mer d’Arabie, voire au détroit d’Ormuz plus à l’ouest. Malgré toutes ces potentialités de développement économique, 70 % de la population vit sous le seuil de pauvreté, ce qui ne peut qu’attiser les tensions avec Islamabad…

La construction du port de Gwadar symbolise l’enjeu géostratégique du Baloutchistan. Financé à 85 % par Pékin qui va y construire de nombreuses infrastructures — autoroutes, centrales électriques, hôpitaux... —, il permet au Pakistan de se rapprocher du détroit d’Ormuz et de s’imposer face à l’Iran. Pour la Chine, il est l’indispensable terminal du Corridor économique Chine-Pakistan (CPEC), dans lequel elle compte investir 65 milliards de dollars (58 milliards d’euros) pour relier sa province occidentale du Xinjiang à la mer d’Arabie. Gwadar constitue une réponse idéale au « dilemme de Malacca », le détroit indonésien par lequel transitent les deux tiers des importations pétrolières chinoises dans des zones maritimes où l’armée américaine assure une présence forte. De plus, Pékin a construit un gazoduc entre Nawabshan dans la province pakistanaise de Sind et Gwadar. C’est pourquoi la gestion du port de Gwadar et celle de la zone franche qui l’entoure ont été confiées à une compagnie chinoise. Quant à la sécurité, elle est assurée par l’armée pakistanaise en collaboration avec l’armée chinoise.

J. M. Morel. — On mesure bien pour le Pakistan l’importance de « son » Baloutchistan, mais qu’en est-il du Baloutchistan iranien, le Sistan ?G. L. — C’est par le détroit d’Ormuz que transitent chaque année plus de 40 % des exportations mondiales de pétrole. Pour l’Iran, la position géographique de « son » Baloutchistan qui s’étend sur son flanc sud-est suscite également ses ambitions. Elle souhaite étendre son contrôle sur le transport maritime au-delà du détroit d’Ormuz et atteindre la mer d’Arabie et pousser son avantage dans l’océan Indien. Pour ce faire, les Iraniens ont passé des accords avec l’Inde. Cherchant à contourner le Pakistan et à atteindre l’Asie centrale, New Delhi a mis au point un couloir économique qui part de Mumbai (anciennement Bombay) et atteint Chabahar, un port situé dans le Sistan-Baloutchistan iranien. Poursuivant sa route, ce couloir économique rejoindra l’Afghanistan, première étape avant une pénétration plus profonde en Asie centrale. L’aménagement de Chabahar coûtera 500 millions de dollars (440 millions d’euros) à l’Inde. Ce projet prend place dans la concurrence féroce que l’International North-South Transport Corridor (INSTC) indien entend mener contre la nouvelle route de la soie (« One Belt, One Road », OBOR) chinoise.

Cet intérêt des Indiens pour Chabahar ravit les Iraniens, surtout en période de sanctions américaines. La région est donc appelée à devenir le centre des relations commerciales entre la République islamique et les pays asiatiques, sachant que la province du Baloutchistan sert également de voie de passage des oléoducs et gazoducs en provenance d’Asie centrale. L’évacuation des ressources énergétiques de la mer Caspienne constitue un enjeu important pour les économies du centre asiatique qui cherchent à diversifier leurs voies de sortie.

F. Dimensions géoéconomiques

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Washington dicterait-il la politique énergétique de la RFA ?

En ce qui concerne le rapport de forces entre Washington et Berlin quant au projet gazier russo-allemand dit Flux du Nord n°2, voir les annexes 1 et 2 ci-dessous. De plus, voici une déclaration inhabituelle du patronat allemand qui critique Washington:

«Wir Europäer sollten uns verbitten, dass die Amerikaner über unsere Energieversorgung entscheiden» (in: NZZ, Christoph Eisenring, Ludwigshafen, 6.6.2019, extraits). BASF-Chef Martin Brudermüller ist beunruhigt, weil zunehmend Fake-News und Emotionen statt wissenschaftliche Fakten gesellschaftliche Entscheide beeinflussen. Und ihn ärgert, dass sich Europa von den USA die Energiepolitik vorschreiben lässt.

Herr Brudermüller, beginnen wir mit einem unangenehmen Thema: Muss BASF mit Sanktionen der USA rechnen, wenn es über seine Tochter Wintershall Dea weiterhin als Kreditgeber für die russische Erdgas-Pipeline Nord Stream 2 auftritt?Das ist derzeit eine sehr unklare Situation. Das Projekt wurde gestartet, bevor Sanktionen im Gespräch waren. Insofern sollte es von neuen Sanktionen ausgenommen sein. Es wurden aber auch Gesetzesentwürfe zu Sanktionen in den amerikanischen Kongress eingebracht, die rückwirkend und breiter angelegt sind. Wir Europäer sollten uns allerdings verbitten, dass die Amerikaner über ein solches Projekt entscheiden.

* * *Alexander Skubchenko, personnalité publique ukrainienne, a déclaré à ce sujet le 9 juillet 2019. Selon lui, la tâche principale de Washington est de créer une situation dans laquelle l’Union européenne sera obligée d’acheter une certaine quantité de gaz liquéfié américain, ce qui nécessite une pénurie d’énergie. Les EUA n’ont pratiquement aucune chance d’arrêter de construire North Stream-2 par la RFA, car ils ont besoin d’un moyen différent de réduire les approvisionnements en gaz de l’Europe. « Ils n’ont qu’un moyen: » enterrer « le transit du gaz russe par l’Ukraine, ce qui n’est pas si difficile compte tenu de sa dépendance coloniale [aux États-Unis] », a expliqué l’expert, soulignant que, dans ce contexte, les aspirations du président Vladimir Zelensky fait appel au soutien des États-Unis pour le maintien du transit.

Skubchenko a souligné que Washington avait ses propres intérêts, et il se moquait bien de ce qu’il fallait sacrifier – Nord Stream 2 ou le système de transport de gaz ukrainien. En outre, poursuit-il, les solutions sont peu nombreuses dans cette situation, étant donné que la tâche ne comporte que trois éléments: l’Union européenne en tant qu’acheteur, la Russie en tant que vendeur et l’Ukraine en tant qu’intermédiaire.

Les multinationales en Asie centrale s’avèrent fort actives

Total a approuvé jeudi le développement d'un champ pétrolier qu'il exploite au Kazakhstan, correspondant à un investissement de 300 millions de dollars et une "production de plus de 70 millions de barils de réserves supplémentaires". "Total et ses partenaires ont approuvé la Phase 3 du développement du champ de Dunga situé à terre dans la Région de Mangystau" dans l'ouest de ce pays d'Asie centrale, a annoncé

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le groupe français dans un communiqué (AFP). Une opération qui comprend "le raccordement de puits supplémentaires aux infrastructures existantes et l'augmentation de la capacité de traitement de l'usine de 10% à 20 000 barils de pétrole par jour en 2022" et "créera 400 emplois directs de plus dans la région, au plus fort du chantier de construction".

Ce développement a été possible après l'approbation du gouvernement du Kazakhstan "quant à l'extension de 15 ans de l'accord de partage de production (PSA) du champ de pétrole de Dunga signé en 1994 et dont l'expiration était prévue en 2024", lit-on dans le communiqué. Le champ pétrolier de Dunga est exploité par Total (60%), aux côtés de la compagnie publique omanaise Oman Oil Company (20%) et du groupe portugais Partex (20%). Présent au Kazakhstan depuis 1992, Total y emploie près de 380 personnes.

* * *Considérée comme l’une des pires dictatures de la planète, le Turkménistan est aussi un pays où le groupe Bouygues est solidement implanté, puisqu’il y réalise la moitié de son chiffre d’affaires mondial (Le groupe Bouygues en Turkménistan, le pays champion des non droits humains, d’après Alain Quélébec, in : Le vent se lève, 26 mai 2019). Bouygues a connu une idylle avec l’ancien président Saparmurat Niyazov, dit « Turkmenbachi », le Chef des Turkmènes (1991-2006), passé à la postérité pour sa mégalomanie. Les relations se sont poursuivies avec l’actuel président Berdymouhamedov, et se sont même intensifiées depuis quelques mois. Retour sur les rapports de Bouygues avec ce pays.

Le Turkménistan est un pays issu de l’URSS, devenu indépendant en 1991. Peuplé de 5 à 6 millions d’habitants, il est composé majoritairement d’une population turkmène. Celle-ci représente jusqu’à 85 % de la population en 2012, avec des minorités russes et ouzbèkes.Les ressources du Turkménistan consistent principalement dans ses hydrocarbures. En plus du pétrole abondant, on estime que les réserves de gaz du Turkménistan sont les quatrièmes au niveau mondial. L’économie du Turkménistan est une économie de rente qui permet de maintenir un PIB par habitant élevé (davantage que l’Iran, et cinq fois plus élevé que son voisin l’Ouzbékistan). Cette économie est structurellement dépendante du cours des matières premières. Jusqu’en novembre 2017, la population avait ainsi un accès gratuit à l’eau, au gaz et à l’électricité. Ce n’est plus le cas pour des raisons budgétaires, des coupes ayant été effectuées suite à la chute mondiale du cours du pétrole.

Pour comprendre la relation de Bouygues avec le pouvoir turkmène, il est nécessaire d’éclairer le fonctionnement du gouvernement turkmène. Le fonctionnement rejoint une logique néo-patrimoniale. Le concept de « néo-patrimonialisme » a surtout été utilisé pour décrire le fonctionnement de pays africains une « politique du ventre ». Achgabat, capitale du Turkménistan, intrigue par ses bâtiments en marbre blanc et ses immenses avenues au milieu du désert. Niyazov voulait créer une vitrine monumentale glorifiant la nation turkmène et a fait appel à plusieurs entreprises étrangères, avec en tête les entreprises turques et françaises. Bouygues a ainsi participé à la construction d’une ville aux bâtiments monumentaux, avec un style « persico-palladien ». Ce style mélange une architecture grecque classique ainsi que des coupoles et des décors colorés courants dans le monde persan. Il a donné à Achgabat une fonction de mirage au sein d’un pays enclavé et inégalitaire.

Bouygues s’implante au Turkménistan en 1994, lors de la visite de François Mitterrand à Achgabat. Illustrant les liens entre l’État Français et les grandes entreprises françaises, la

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France fut le premier pays européen à lier des relations diplomatiques avec le Turkménistan. Les relations entre Niyazov et Martin Bouygues devinrent rapidement très étroites. Niyazov recevait Bouygues avec un protocole digne d’un ambassadeur. Cette collaboration de Bouygues allait au-delà de la simple construction de bâtiments publics. Le manque de compétences techniques a mené Bouygues à s’occuper de l’entretien direct des services de sécurité, de travaux supplémentaires, ainsi que de la formation des ingénieurs et du personnel turkmène. Ensuite, TF1, appartenant au groupe Bouygues, a participé à moderniser la télévision turkmène, outil essentiel de propagande.

Successeur de Nivazov, Berdymouhamedov, en 12 ans, a maintenu la structure dictatoriale à travers un usage massif de la propagande. Il a mis en place une Constitution en 2008 qui renforce encore davantage les pouvoirs du Président. Le nouveau président a accepté le retour de l’opéra, débaptisé quelques monuments de l’époque Niyazov et rétabli le calendrier géorgien. Il a intégré sa famille dans le système néo-patrimonial et a su se maintenir aisément au pouvoir depuis. Âgé aujourd’hui de 62 ans, Berdymouhamedov prépare sa passation de pouvoir. Les cheveux grisonnants, il a promu son fils Serdar vice-gouverneur de la région d’Akhal, la région de l’ensemble Akhal-Teke.

En février 2018, de nouveaux chantiers importants étaient commandés à Bouygues avec un potentiel de plus d’un milliard de dollars. Entre autres : un centre des congrès, un hôtel de luxe géant, un terrain de parade et des immeubles. La remontée du prix du baril en fin 2017 a favorisé cette relance de la construction massive à Achgabat. Les aventures de Bouygues au Turkménistan semblent donc avoir encore de beaux jours devant elles.Au même moment, l’eau, le gaz et l’électricité devenaient payants pour la population turkmène. C’est que la situation économique turkmène subit des complications. Non diversifiée et isolée, elle a peu de débouchés économiques, ce qui favorise un chômage de masse informel qui atteint près de 40 % de la population. L’enseignement ainsi que les services de santé ont été dégradés depuis l’éclatement de l’URSS. Cette crise sociale se double d’un désastre écologique qui prédomine depuis la période soviétique, avec des eaux salinisées et une Mer Caspienne polluée. La distribution de l’eau s’avère catastrophique, produisant près de 75 % de pertes, dans un pays désertique.

Un régime néo-patrimonial est un régime clientéliste d’apparence bureaucratique, où le contrôle des ressources par le président permet de diriger l’État par une redistribution à ses soutiens, quitte à appauvrir le reste de la population. La corruption par des relations informelles est donc la clé de voûte du système, bien plus que les institutions formelles. La logique de la gratuité du gaz et de l’eau s’apparente ainsi davantage à des pratiques clientélistes qu’à celles d’un État-Providence, la stabilité et les avantages économiques justifiant le nouveau régime et sa forme autocratique. Si Niyazov n’implique pas sa famille dans ce système, il arrose la majorité turkmène, et notamment les tribus les plus puissantes. Les chantiers constituent également un moyen d’enrichir le président et ses proches, car les investisseurs étrangers doivent payer un prix conséquent pour s’attirer les bonnes grâces du pouvoir. La construction est ainsi un secteur particulièrement fertile pour détourner les projets publics à des fins privées.

* * *Gazprom a annoncé mercredi avoir signé un contrat pour importer du gaz du Turkménistan pour cinq ans, tournant la page de plusieurs années d'interruptions des livraisons à partir de cette ex-république soviétique d'Asie centrale (Le Figaro, 6.7.2019). Ce contrat signé avec la compagnie publique Turkmengaz porte sur un volume atteignant 5,5 milliards de mètres cubes par an, a précisé Gazprom dans un communiqué. Il prend le relais d'un accord provisoire qui a

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expiré fin juin et qui avait permis en avril les premières livraisons de gaz turkmène vers la Russie depuis trois ans, à des volumes bien loin de leur niveau passé. La Russie, qui possède la quatrième plus importante réserve de gaz au monde, était le principal partenaire du Turkménistan dans le secteur gazier jusqu'au début des années 2010, quand elle a laissé place à la Chine.

Les importations relativement bon marché de gaz en provenance du Turkménistan et d'autres pays d'Asie centrale ont permis à la Russie d'augmenter ses exportations vers l'Europe mais en 2015, Gazprom avait décidé de limiter ses volumes d'achats de gaz turkmène à 4 milliards de m3 par an, alors qu'ils s'élevaient à 10 milliards de m3 par an depuis 2010. Cette décision avait provoqué la colère des autorités turkmènes et un arrêt total des importations est ensuite intervenu, au début de l'année 2016.

* * *Le Turkménistan et la Commission européenne ont parlé de la coopération régionale et du développement social et économique à Ashgabat, capitale du Turkménistan, a déclaré le 6 juillet 2019 à l'AFP le ministère turkmène des Affaires étrangères. Au cours de la réunion, les parties ont discuté de "projets importants dans le domaine du développement de systèmes de transport et d'infrastructures énergétiques régionales", y compris la construction d'un gazoduc reliant le Turkménistan à l'Afghanistan, le Pakistan et l'Inde, soulignant leur engagement à réaliser des objectifs stratégiques communs. Les hauts responsables ont ensuite signé un accord entre le Turkménistan, l'Union européenne et la Communauté européenne de l'énergie atomique sur la création d'une délégation de l'UE à Achgabat.

Libanon schielt auf das Gasfeld, das Israel für sich beansprucht. Nun suchen die beiden Feinde den Dialogin: NZZ, Ulrich Schmid, 3.6.2019

Le conflit porte sur un champ gazier qui serait le plus important du monde et se situe dans le bassin oriental de la Méditerranée. Il implique les multinationales: Nobel, Total, Eni, Novatek et Gazprom. Les pays qui s’y intéressent sont nombreux: Israël, le Liban, l’Egypte, les deux Chypres, la Turquie, la Crète et le Grêce. Des négociations s’accélèrent puisque certains blocs pourraient déjà exploités dès 2020.

Israel und Libanon sind Feinde und unterhalten keine offiziellen diplomatischen Beziehungen. Nun aber sprechen sie doch – über das Erdgas im Mittelmeer.Israel und Libanon befinden sich technisch seit 1948 im Kriegszustand. Dennoch sind sie gewiss nicht die erbittertsten aller Feinde. Libanon beteiligte sich weder am Sechstagekrieg noch am Jom-Kippur-Krieg in nennenswerter Form, bis 1970 galt die Nordgrenze zu Libanon als relativ ruhig. Man mag sich dennoch nicht. Mehrere Male hat Israel in Libanon militärisch interveniert, Libanon ist das Gründungsland des schiitischen, von Iran unterstützten Hizbullah. Der zweite Libanonkrieg 2006 hat im Nachbarland tiefe Wunden hinterlassen. Die Abneigung blüht, und sie wird kultiviert. Als die israelische Schauspielerin Gal Gadot 2017 als Wonder Woman für Gerechtigkeit und gegen die Nazis kämpfte, verbot die Regierung in Beirut ihren Bürgern, den Film zu sehen.

Ein gasförmiges EldoradoDass man sich nun doch zusammensetzt, hat mit dem Streit über die riesigen Erdgasvorkommen im Mittelmeer zu tun. Nach einem Treffen mit dem amerikanischen Assistenzsekretär im Aussenministerium für den Nahen Osten, David Satterfield, sagte der

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israelische Energieminister Yuval Steinitz vor acht Tagen, Israel sei bereit, unter der Ägide der Amerikaner mit Libanon über eine gemeinsame Seegrenze zu sprechen. Im Mittelpunkt des Dialogs solle das gemeinsame Interesse der beiden Staaten stehen, die Reserven an Erdgas und Erdöl auszubeuten. Satterfield führte am vergangenen Montag Gespräche mit hohen libanesischen Beamten in Beirut und konnte ihnen mitteilen, dass Israel auch bereit ist, über die endgültige Demarkation einer Landgrenze zu sprechen. Die Verhandlungen sollen im Hauptquartier der Unifil, der Uno-Friedenstruppe in Libanon, in Nakura stattfinden, die Unifil soll aber an ihnen nicht teilnehmen. Insider erwarten, dass man sich schon bald zusammensetzen wird.Erdgasvorkommen im östlichen MittelmeerIm östlichen Mittelmeer sind in den vergangenen Jahren gewaltige Erdgasreserven aufgefunden worden. Das 2010 entdeckte Leviathan-Gasfeld gehört zusammen mit dem ägyptischen Zohr-Feld zu den grössten weltweit, sein Reservoir wird auf rund 450 Milliarden Kubikmeter geschätzt. Gefördert wird das Gas von der texanischen Firma Noble Energy und ihrem israelischen Partner Delek Drilling. 2015 vereinbarten Israels Ministerpräsident Benjamin Netanyahu und der russische Präsident Wladimir Putin zudem die Vergabe mehrerer Konzessionen an den staatlichen russischen Gaskonzern Gazprom. Netanyahu will Israel zum wichtigsten Energielieferanten in der Region machen. Ein gigantisches Lieferabkommen über 15 Milliarden Dollar mit Ägypten ist bereits 2015 unterzeichnet worden. Auch Jordanien bezieht israelisches Gas.

Russen und Westler gemeinsamLibanon hinkt etwas hinterher. In einer grundsätzlichen Geste hat Beirut 2010 eingeräumt, dass sich das Leviathan-Gasfeld und das benachbarte, kleinere Tamar-Feld nicht auf libanesischem Territorium befänden. Dennoch hegt man grosse Ambitionen. Beirut hat sein Explorationsgebiet vor der Küste in 10 Blöcke unterteilt. Im vergangenen Jahr gab Beirut in einer öffentlichen Ausschreibung einem internationalen Konsortium das Recht, in 2 der 10 Blöcke nach Öl und Gas zu bohren. Zu dem Konsortium gehören die französische Mineralölfirma Total mit einem 40-Prozent-Anteil, das italienische Unternehmen Eni mit ebenfalls 40 Prozent und Novatek, das grösste private russische Energieunternehmen, mit 20 Prozent. Im Dezember will das internationale Trio in Block 4 mit Bohrungen beginnen, etwas später auch in Block 9. Die genaue Demarkation von Block 9 am südlichen Rand des libanesischen Explorationsgebiets ist allerdings umstritten.

Israel erhebt Anspruch auf einen Sektor von rund 860 Quadratkilometern im Block 9 und in zwei weiteren Blocks, nach israelischer Lesart gehört er zu Leviathan. Block 9 umfasst 1742 Quadratkilometer, rund 145 davon (8 Prozent) gehören zur umstrittenen Zone. Beide Länder haben in einigermassen martialischen Statements unterstrichen, dass sie kein Haarbreit «ihres» Gebietes hergeben und jede Grenzübertretung des Rivalen hart bestrafen werden. Der frühere israelische Verteidigungsminister Lieberman nannte die Ausschreibung «sehr provokativ» und forderte die internationalen Energiefirmen auf, nicht daran teilzunehmen. Libanon hat Israel zudem aufgefordert, darauf zu achten, dass die geplante EastMed-Pipeline von Israel über Zypern, Kreta und Griechenland und schliesslich nach Europa keine libanesische Meeresgrenzen verletzt.

Dass Israel eine Übereinkunft mit Libanon sucht, ist logisch und vernünftig. Es besteht eine gewisse Aussicht, dass man sich mit der Regierung in Beirut verständigt. Doch der Hizbullah droht seit Monaten mit Angriffen auf die verwundbaren Gasplattformen rund 100 Kilometer vor der Küste, was die kleine israelische Kriegsmarine arg belastet. Angriffe vom Meer her gehörten bisher nicht zu den meistdiskutierten Szenarien der israelischen Militärstrategen. Die

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Araber kamen meist übers Land, man konzentrierte sich auf die Küstenwache und die Blockade von Gaza. Zu dem Arsenal, mit dem man diese Aufgaben erfüllt, gehören 3 Korvetten, 8 Raketenboote und knapp 50 Patrouillenboote. Die U-Boote der Dolphin-Klasse, die nach Vermutung von Experten auch einen Teil der atomaren Kapazität Israels tragen, wird man gegen Gegner wie Libanon oder den Hizbullah kaum einsetzen wollen.

Mildere Töne in BeirutAn einer zügigen Lösung scheint auch Beirut interessiert. Der Parlamentschef Nabih Berri hat kürzlich bilaterale Gespräche gutgeheissen, da sie zur Stabilität der Region beitrügen. Das klingt versöhnlicher als vor Jahresfrist, als Berri Vermittlungsvorschläge des damaligen amerikanischen Aussenministers Rex Tillerson noch als «vollkommen inakzeptabel» bezeichnet hatte. Im März dieses Jahres ermutigte Aussenminister Mike Pompeo Berri noch einmal zu Gesprächen, offensichtlich mit einigem Anfangserfolg. Ob es zu einem Abkommen kommt, wird nicht unwesentlich vom Hizbullah abhängen, dessen Einfluss auf die libanesische Regierung in den vergangenen Jahren stark zugenommen hat, der aber wenig Interesse an einer gütlichen Einigung haben dürfte. Hoch erfreut über eine Beilegung des Streits wären hingegen Total, Eni und Novatek. Total hat bereits angekündigt, man werde zumindest eine Bohrung im Sektor im Block 9 vornehmen. Das ist verständlich, denn laut Vertrag sind die Konsortiumsmitglieder verpflichtet zu bohren. Unterlassen sie es, drohen Strafen in Millionenhöhe. 

* * *La partie de poker géopolitico-énergétique entre la Grèce, Chypre et la Turquie prend un tournant dramatique en Méditerranée orientale (Le Figaro, 25.6.2019). Au moment où Chypre - qui a découpé sa zone économique exclusive (ZEE) en treize blocs - continue d’octroyer des permis d’exploration et de forages à des compagnies internationales comme l’américain ExxonMobil, le français Total ou l’italien ENI, Ankara gronde. La Turquie, voulant sa part dans la découverte des gisements gaziers dans les fonds marins chypriotes, multiplie les actions coups de poing. En moins de 48 heures, Ankara a envoyé deux navires de forage au large de Chypre ainsi que deux autres d’exploration, faisant fi des menaces de sanctions de l’Union européenne.  Ankara se dresse donc contre toute exploration et exploitation dans cette zone, pourtant considérée par la communauté internationale comme relevant de la souveraineté de Chypre. Or, le tiers nord de Chypre est occupé par quelque 30.000 soldats de l’armée turque depuis 1974.

* * *La Turquie a envoyé le 20 juin 2019 un deuxième navire de forage pour explorer ces gisements. Le navire «Yavuz» explorera une zone située au large de la péninsule de Karpas. Celle-ci est située dans le nord-est de l’île, soit dans la partie qui est sous le contrôle de la République turque de Chypre du Nord, non reconnue par l’UE. Un premier navire, «Fatih», dépêché il y a quelques mois, a déjà entamé des forages exploratoires dans cette zone sur laquelle Chypre revendique sa souveraineté. Le 20 juin, après l’annonce de l’envoi du «Yavuz», l’UE a menacé la Turquie de sanctions. Les 28 dirigeants de l’UE, alors réunis en sommet à Bruxelles, avait condamné sans appel ses «activités illégales de forage». Les autorités chypriotes ont même délivré des mandats d’arrêt pour l’équipage du Fatih. Mais le président turc Recep Tayyip Erdogan multiplie les déclarations de fermeté. Selon Ankara, ces forages sont non seulement «légitimes» mais parfaitement conformes au droit international.

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G. Ma „liste noire”

Il s’agit des personnes ou de leurs subordonnés en vie et qui, selon la définition de l’ONU ou de la CIP et d’après moi, commettent ou ont commis, directement ou indirectement (par exemple par des sanctions entrainant des morts), des crimes contre l’humanité, du génocide ou des crimes de guerres, notamment par des invasions, des assassinats par moyen de drones armés, des jugements et des exécutions sommaires, des déportations, des recours extensifs aux multinationales privées de mercenaires, etc.

Bush I & II, Kagamé, Obama, Blair, les deux Clinton et certains de leurs ministres, David Cameron, Sarkozy, Holland, Poutine, Macron, Lavrov, May, dirigeants israéliens, irakiens, syriens et iraniens, Kabila (père et fils), Ouattara et ses complices, Louis Michel et certains de ses prédécesseurs et ministres belges, Trump, Mohammed ben Salmane Al Saoud, … (à compléter par tout-e-s les lecteur-lectrices).

L'UE a en février 2019 décidé de sanctionner huit ressortissants russes, placés sur sa liste noire pour leur responsabilité dans les incidents en mer d'Azov en novembre 2018. Ces incidents font référence à l’arraisonnement des bateaux militaires ukrainiens qui n’auraient pas respecté les prescriptions maritimes. Si ceci s’avérait justifié, des milliers militaires Américains, Britanniques ou Français devraient figurer sur une liste noire pour des raisons d’agissements pareils à travers le monde et ce, depuis le 19e siècle.

H. Calendrier électoral

Les onze PECO adhérés à l’UE : élections européennes le 25.5.2019

Croatie: présidentielle décembre 2019 et législative 2020Estonie: législative 2023 et présidentielle 2021Lituanie: présidentielle 2024 et législative 2020Lettonie: présidentielle 2023, législative en 2022 et locale 2024 (?)Pologne: municipale et régionale 2022, présidentielle 2020 et législative novembre 2019Hongrie: législative 2022 et municipale automne 2019Slovaquie: municipale 2022, législative 2020 et présidentielle 2023Rép. tchèque: législative 2021, sénatoriale 2022 et présidentielle 2021Slovénie: présidentielle 2022 et législative été 2022Roumanie : législative 2020, locale 2020 et présidentielle 30.11.2019Bulgarie : présidentielle novembre 2019, législative 2021 et municipale octobre 2019

Autres PECO

Albanie : présidentielle en 2022 et législative 2021 et municipale 2023Bosnie-Herzégovine : municipales 2020, présidentielle 2022 et législative 2022.Macédoine du Nord: législative 2020, municipale 2022 et présidentielle 2023 Monténégro: présidentielle 2022 et législatives 2020Kosovo : locale 2022, présidentielle 2021 et législatives 2021Serbie: présidentielle 2022, législative 2020 et communale 2023Bélarus : locale en 2022, législative 2020 et présidentielle 2020Ukraine : municipale 2023, présidentielle 2024 et législative 21 juillet 2019, puis 2024

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République moldave : municipale juin 2019, législative 27.10.2019 et présidentielle 2023 Transnistrie : législative 2020

Turquie et pays de la Caucasie méridionale:

Turquie : législative & présidentielle 2023, municipale 2024 (?) Arménie : municipale 2022, législative décembre 2022 et présidentielle 2022Géorgie : législative en 2022, municipale 2022 et présidentielle 2024Azerbaïdjan : municipale 2022, législative 2020 et présidentielle 2018

Iran : législative (le Parlement en 2020 tous les 4 ans et Assemblée des experts en 2024 tous les 8 ans) ainsi que présidentielle (tous les 4 ans et donc en 2021). Il est utile ici de rappeler les structures oligarchiques du pouvoir dans le pays :

Le Parlement appelé Majles représente le corps législatif et comporte 290 sièges et est présidé par Ali Larijani dont le frère est le responsable du système judiciaire nommé par le Guide. Il s’agit de l’ayatollah Sadegh Larijani, l’ex-chef de l'Autorité judiciaire récemment remplacé.

L'Assemblée des experts est composée de 86 membres religieux élus pour 8 ans au suffrage universel direct. Elle élit et révoque le Guide de la révolution et détient le pouvoir, en principe, de le démettre de ses fonctions, Jusqu’ici elle n’a pas été sollicitée dans ce rôle. Son « chef » est Ahmad Jannati qui en même temps chapeaute le Conseil des Gardiens de la Constitution.

Le Guide de la révolution est le plus haut responsable politique et religieux. Il est aussi appelé Gardien de la jurisprudence, une dénomination dérivée du concept de velāyat-e faqih qui consacre une certaine prédominance du religieux sur la politique6. Il désigne le responsable du système judiciaire qui est à présent Ebrahim Raïssi, qui remplace Sadeq Amoli Larijani et dont le frère est le président du parlement. Ali Akbar Velayati est le conseiller diplomatique du Guide.

Le Président de la République islamique d'Iran a un rôle important dans les institutions politiques du pays, bien que n'étant pas le véritable chef de l'État. À l'origine, le poste était plutôt honorifique, selon la Constitution de la République islamique, suivant la chute du shah, en 1979. La présidence de la République est devenue un poste de plus en plus important, surtout depuis 1989.

Le Conseil des gardiens de la Constitution est composé de 12 membres désignés pour six ans : 6 religieux (clercs) par le Guide et 6 juristes (généralement aussi des clercs) élus par le Parlement sur proposition du pouvoir judiciaire (dépendant du Guide). Il est présidé par Ahmad Jannati qui en même temps chapeaute l'Assemblée des experts.D’une part, le Conseil des gardiens contrôle la validité des candidatures aux élections au Parlement et à l’Assemblée des experts. D’autre part, sa principale fonction est de veiller à la compatibilité des lois à la Constitution et à l'islam. Ce dernier aspect - compatibilité avec l'islam - est exclusivement assuré par les 6 membres religieux, l'autre étant exercé par les 12 membres collégialement. Toutes les lois votées par l'Assemblée doivent obtenir l'approbation du Conseil des gardiens. Toutefois, si ce dernier conclut à une incompatibilité (avec l'islam ou avec la Constitution), il ne peut, de lui-même, procéder à une annulation. C’est le Conseil de Discernement de l’intérêt supérieur qui intervient dans ce cas (voir ci-après).

Le Conseil de Discernement de l’intérêt supérieur est composé des chefs des trois pouvoirs (législatifs, judiciaires et exécutif, c’est-à-dire le président de la République,

6 Le concept n’est ± accepté par les shiites iraniens et fut contesté ailleurs, même par les shiites !

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notamment), des six clercs du Conseil des Gardiens, du ministre concerné par l'ordre du jour auxquels s'ajoutent 25 membres désignés par le Guide suprême. Il arbitre les litiges entre le Parlement, l'Assemblée des experts et le Conseil des gardiens de la Constitution et dispose du droit d'édicter des solutions législatives pour les cas les plus graves. Le président en est le grand ayatollah Mahmoud Hashemi Shahroudi7 depuis 2017 et décédée en décembre 2018. Le secrétaire du conseil est Mohsen Reza'i.

Le Conseil suprême de la sécurité nationale iranien dont le secrétaire général est l’amiral Ali Shamkhani.

Asie centrale :

Kazakhstan : présidentielle 2023 et législative en 2020Ouzbékistan : présidentielle Turkménistan : législative en 2023 et présidentielle (tous les 7 ans) en 2024Kirghizstan : législative 2021 et présidentielle en 2023Tadjikistan : législative & locale 2019 et présidentielle 2020 Afghanistan : législative & régionale 2022 et présidentielle 2019Mongolie : législative 2020 et présidentielle juin 2021

I. Publications récentes

Concernant la Russie, les EUA, le Japon, l’Inde, la Chine ou leur «   étranger proche   »

KINGSTON, Jeff, Contemporary Japan: History, Politics and Social Change Since the 1980, Wiley, Hoboken, 2013-2018.

Concernant l’UE et PECO

SANDBU, Martin, Europe must find its will to power. The bloc could have more geopolitical influence if it only tried, in: FT,  JUNE 19 2019 ; l’A. défend la thèse suivante. Si la puissance des EUA ou de la Russie se base sur la force militaire et si celle de la Chine, sur la robustesse commerciale, celle de l’UE est de l’ordre socio-économique dont l’influence pourrait géopolitiquement dominer.

SANTOPINTO, Federico, La gouvernance du Fonds européen de la défense : Enjeux de souveraineté et d’intégration, in : GRIP, 20 juin 2019 ; Résumé de l’A. : L'annonce du Fonds européen de défense (FEDEF), présentée de façon inattendue en 2016, a suscité des réactions positives ou négatives. Certains soutiennent fermement l'initiative du Fonds et la considèrent comme un pas vers une plus grande intégration des marchés des armements et des politiques de défense en Europe. D’autres s'opposent farouchement au FEDEF, n’y voyant essentiellement qu’une subvention importante aux producteurs d’armements sans liens directs avec le projet d'intégration européenne. Pour clarifier les termes du débat, le présent document analyse la gouvernance du FEDEF. Il soutient l’idée que la principale faiblesse de la gouvernance du Fonds réside dans la Politique de sécurité et de défense commune de l'UE, qui doit maintenant être réformée. Selon moi, malgré l’usage bizarre du terme gouvernance, il s’agit du système décisionnel en la matière sous rubrique. Le système décidé révèle toute l’ambiguïté habituelle de l’UE quant à sa défense. Curieusement, l’A. ne mentionne pas l’influence de Washington qui dans ce domaine s’avère sans doute substantielle. Les alliés atlantistes de ce dernier pèsent lourdement sur toutes les décisions concernant la PSDC.

Concernant la Turquie

MICHOUD, Harold , La Turquie affirme sa puissance par la langue, in: Les yeux du monde,  7 juin 2019; Résumé de l’A.: Passerelle entre l’Orient et l’Occident, la Turquie est un pays stratégique pour plusieurs raisons géographiques. Véritable pont entre le Proche et le Moyen-Orient, son territoire relie également les anciens pays

7 Sayyid Shahroudi is considered among the wealthiest of Shi'i scholars in Iran, having amassed a substantial multi-million dollar revenue generating income from an export-import business (Wikipedia anglais).

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du bloc soviétiques et l’Iran via la mer Noire. Enfin, le pays est riverain avec des États européens, que ce soit dans l’espace méditerranéen ou par des frontières terrestres. 

Concernant l’Asie centrale, le Pakistan ou l’Inde

Concernant l’Iran et les pays arabes

KHARIEF, AKRAM, TÉHÉRAN POURRAIT-IL RÉSISTER À UNE ATTAQUE AMÉRICAINE   ? - Défense à double détente en Iran, in: Le Monde Diplomatique, juin-juillet 2019; résumé de l’A.: La montée des tensions entre les États-Unis et l’Iran pourrait annoncer une intervention militaire américaine. N’ayant pas la capacité de se projeter à l’extérieur du pays, l’armée régulière de la République islamique est entièrement vouée à empêcher une invasion étrangère. De son côté, le Corps des gardiens de la révolution a les moyens de mener des opérations d’envergure dans toute la région.

Concernant la Caucasie méditerranée

Concernant des articles géoéconomiques

Etudes ou notes géopolitiquement significatives à mon point de vue

Annexes: textes, extraits et articles complets

1. État des lieux des préparatifs autour de Nord Stream 2in: d’après AFP, 22 mai 2019

Menaces de sanctions, retard de permis, nouvelles règles européennes : les écueils s'accumulent pour le projet de gazoduc Nord Stream 2 entre la Russie et l'Allemagne. Et, dans l'Arctique, les préparatifs battent leur plein pour l'alimenter. Plus d'un millier de kilomètres de tuyaux ont déjà été posés au fond de la mer Baltique pour lancer ce projet, en dépit des réticences de certains pays européens, soucieux de réduire leur dépendance au gaz russe, et de la franche opposition américaine au motif que l'Ukraine perdrait avec le transit de ces ressources d'importants revenus. Mais le projet se prépare aussi à la source du futur gazoduc : le champ gazier de Bovanenkovo, sur la péninsule russe de Yamal, à 400 kilomètres au nord du cercle arctique, recouvert par la neige par - 8 °C en mai.

À 2 200 km de Moscou, le consortium Nord Stream 2, mené par Gazprom, y a invité presse et investisseurs pour montrer l'ampleur du projet. Ce champ, découvert dans les années 1970 et exploité depuis 2012, alimente déjà le marché russe et le premier gazoduc Nord Stream 1."Il y a toutes ces discussions politiques, qui disent que c'est un projet politique.... Ici nous pouvons voir la réalité : le gaz vient d'ici, il doit être exporté vers l'Europe et la distance la plus courte est en passant par Nord Stream 2, ce sera 2 000 kilomètres plus court que la route actuelle par l'Ukraine", martèle Henning Kothe, chef du projet. "C'est un fait, pas de la politique". Sur place, l'objectif est d'augmenter la capacité de production de ce champ aux 4 900 milliards de mètres cubes (Gm3) de réserves de gaz, en la faisant passer de 115 à 140 Gm3 par an pour répondre au lancement prévu de Nord Stream 2.

Le projet de 9,5 milliards d'euros est financé à moitié par Gazprom, le reste étant couvert par les multinationales européennes : les Allemandes Wintershall et Uniper, l'Anglo-Néerlandaise Shell, la Française Engie et l'Autrichienne OMV, à hauteur de 10% chacun. Le financement

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est bouclé à 80%. Engie indique avoir déjà débloqué 650 sur les 950 millions prévus. Sur la Baltique, deux navires s'activent pour poser huit kilomètres de pipeline par jour. Environ la moitié des 2 473 km prévus (pour un double gazoduc de 1 200 km) ont été posés, indique l'opérateur.

La date de livraison prévue est fin 2019, mais le patron de Gazprom Alexeï Miller a évoqué dimanche pour la première fois publiquement la possibilité que le projet ne soit terminé qu'en 2020. Le Danemark n'a en effet toujours pas délivré de permis de traverser ses eaux, alors que tous les autres pays l'ont fait. Repousser la mise en service pourrait créer des difficultés considérables. Aujourd'hui, la plus grande partie du gaz russe à destination de l'Europe transite par l'Ukraine (plus de 80% en 2018 selon Gazprom). Or l'accord de transit entre la Russie et l'Ukraine s'achève fin 2019 et les deux pays, à couteaux tirés, n'arrivent pas à se mettre d'accord pour la suite.

Interrogé sur la possibilité de finir l'année sans Nord Stream 2 et sans accord de transit avec l'Ukraine, Dmitri Khandoga, vice-président de la production de Gazprom, botte en touche au sujet de ce qu'il appelle un "scénario catastrophe". À cela s'ajoute la menace croissante de sanctions américaines. À Kiev en mai 2019, le secrétaire américain à l'Énergie Rick Perry a évoqué "dans un futur pas si lointain" des mesures qui imposeront "des restrictions très onéreuses aux entreprises qui continuent à faire affaires avec Nord Stream 2". Henning Kothe dit "prendre au sérieux" ces menaces mais relativise. "Nous avons déjà vu des démarches similaires. Jusqu'à présent, le risque de sanctions n'a pas eu d'effet, aucun de nos partenaires n'a quitté le projet", dit-il à l'AFP.

En attendant, Nord Stream 2 s'attache à dépolitiser la question. La demande pour le gaz russe augmente en Europe, où les ressources s'épuisent. En Russie à l'inverse Gazprom a annoncé la découverte de deux nouveaux champs gaziers dans l'Arctique. Et les responsables du projet réfutent toute volonté de priver Kiev du transit gazier : "même si Nord Stream 1 et 2 fonctionnent à plein il y aura besoin de faire transiter du gaz par l'Ukraine".

2. Das Ende von deutsch-russischen Sonderwegen in Europas Energiepolitikin: NZZ, GASTKOMMENTAR, Jörg Himmelreich*, 22.5.2019

Die Rolle der EU-Kommission als Hüterin des Wettbewerbs und der Diversifizierung im EU-Energiemarkt ist klar gestärkt worden. Selten hat der Bau einer Gasfernleitung in Europa einen derart erhitzten Streit in der EU verursacht wie das von Zug aus geleitete Nord-Stream-2-Projekt, mit dem die halbstaatliche russische Gazprom jährlich 55 Mrd. m³ Gas vom russischen Wyborg nach Lubmin/Greifswald durch die Ostsee parallel zu Nord Stream 1 transportieren soll. Selten ist so deutlich geworden, wie eng wirtschaftliche, politische und rechtliche Dimensionen bei privatwirtschaftlichen Energieprojekten miteinander verknüpft sind.

Neue RechtslageJüngst hat der EU-Rat die umstrittene Novellierung der Richtlinie für den Erdgasmarkt in der EU mit Rechtskraft zum 23. Mai 2019 verabschiedet. Damit ist der Kampf um die divergierenden politischen und wirtschaftlichen Interessen in diesem Projekt in die befriedenden Bahnen rechtlicher Verfahren gelenkt worden. Das ist ein Fortschritt, selbst wenn die Diskussionen sich in den rechtlichen Verfahren später vermutlich

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fortsetzen werden. Worum ging es rechtlich, und was sind die Folgen dieser Novellierung?

Um einen freien Wettbewerb auf dem Gasmarkt in der EU herzustellen, verpflichtete die ursprüngliche Gasrichtlinie die vertikalen europäischen Energieunternehmen dazu, ihr Eigentum an der Produktion rechtlich von jenem des Transports zu entflechten, auch Dritten den Zugang zu ihrem Transportnetz zu gewähren, die Tarife nicht diskriminierend zu gestalten und diese transparent zu machen.

Der jetzige Kompromiss dehnt den Geltungsbereich dieser Richtlinie nun bei Offshore-Leitungen aus einem Drittstaat auf das Küstenmeer des EU-Staats aus, in dem sie mündet. Über diese bis zu 22 km von der Küste reichende Meereszone besitzt der Küstenstaat nach der VN-Seerechtskonvention ohnehin seine Rechtshoheit. Danach hat jetzt auch Nord Stream 2 für den das deutsche Küstenmeer betreffenden Abschnitt vor Greifswald die Verpflichtungen der Gasrichtlinie zu erfüllen. Da ein Zugang für Dritte in das Gazprom-Netz mitten im Küstenmeer nicht herzustellen ist, müsste dieser schon im russischen Wyborg stattfinden.

Auch sein Transportnetz von der Gasproduktion zu entflechten, dürfte Gazprom schwerfallen. Zwar könnte die deutsche Bundesnetzagentur nach dem Kompromiss eine Abweichung bzw. eine Ausnahme von diesen Verpflichtungen für Nord Stream 2 genehmigen, wenn das Projekt vor Rechtskraft der Novelle fertiggestellt würde, was aber ausgeschlossen ist. Ausserdem müssen ab jetzt nach der Novelle alle Ausnahmen von den Wettbewerbsregeln von der EU-Kommission genehmigt und alle Energielieferverträge mit Drittstaaten ihr vorgelegt werden. Damit besitzt die Kommission nunmehr ein weitreichendes Eingriffs- und Kontrollrecht über die Energieversorgung der einzelnen Mitgliedsstaaten und damit der EU durch Drittstaaten.

Was sind die Folgen?Die Novelle hat die Rolle der EU-Kommission als Hüterin des Wettbewerbs und der Diversifizierung im EU-Energiemarkt deutlich gestärkt. Deutsch-russische Sonderwege in der EU-Gasversorgung sind damit endgültig beerdigt. Abrupt hatte Frankreich die Novelle unterstützt, so dass Deutschland das Veto-Quorum verlor. Merkels intransigentes Festhalten an dem Schröder-Putin-Projekt gegen eine wachsende EU-Mehrheit hat die Bundesrepublik damit in ihrer Russlandpolitik isoliert. Gazproms Advocati Diaboli, pensionierte bundesdeutsche Politiker und akademische Institute, die gerne darüber klagten, dass die Energiewirtschaft so furchtbar politisiert worden sei, müssen einmal mehr erkennen, dass Energiewirtschaft – wie schon immer, so auch jetzt – politischen und geopolitischen Kalkülen imminent unterliegt, weil sie jedem Staat strategisch zu wichtig ist, als dass sie alleine der Privatwirtschaft zu überlassen wäre – selbst wenn Politiker und Unternehmen das wider besseres Wissen gerne leugnen.

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Irgendwelche Ausnahmegenehmigungen für Gazprom erscheinen aussichtslos, selbst wenn Nord Stream 2 erbittert darum rechtlich kämpfen wird. Der deutsche Spitzenkandidat der Europäischen Volkspartei (EVP) Manfred Weber hat schon verkündet alles zu tun, das Projekt zu «blockieren». So bleibt Gazprom nur die Möglichkeit, den Wettbewerbsauflagen der EU zu folgen, so unwahrscheinlich das heute erscheinen mag. Im Übrigen besteht auch noch die Gasfernleitung durch die Ukraine, die Putin durch Nord Stream 2 überflüssig zu machen hoffte. Die Bundesregierung hat endlich den Bau der Infrastruktur für den Import von Flüssiggas (LNG) bei der deutschen Energiewirtschaft zügig durchzusetzen, um von Gazproms Transportnetzen unabhängiger zu werden. Im Kräftemessen mit der EU haben Putin und seine deutschen Paladine sich verkalkuliert: Die EU kann ein widerspenstiges Deutschland zähmen und manchmal sogar wehrhafte Solidarität zeigen.

*Jörg Himmelreich lehrt an der Ecole Supérieure de Commerce de Paris (ESCP), Paris/Berlin

3. America’s ‘exorbitant privilege’ is Europe’s sin of omission in: FT, Wolfgang Münchau MAY 26, 2019

So far, the EU has shown no interest in increasing its global role. The dollar's leading global position gave the US an 'exorbitant privilege', as Charles de Gaulle memorably put it. My frequent criticism of the EU’s policies is matched only by my admiration for its founding fathers. In his declaration of May 9, 1950, Robert Schuman, the French foreign minister, included a pearl of wisdom on which today’s leaders would do well to reflect, at a time of important decision-making after the European elections. He wrote that world peace required “creative efforts proportionate to the dangers which threaten it”. The history of the EU mirrors the rise and fall of political creativity.

There are similarities between today and 1950. Europe is once again caught in the middle of an east-west conflict. The EU cannot meet its security interests in the form of blunt nation-state devices, such as a single European army under a common command structure. France killed off that idea in 1954, when it refused to ratify a proposal for a European Defence Community. The most creative thing the EU can do in the current circumstances is to leverage the instruments it already has, and turn them into geopolitical tools. Among such instruments, none is more potent than the euro, especially if combined with a deep capital markets union and a pan-eurozone treasury bond and treasury bills.

If there is one reason to keep the euro, this is it. It was the dollar’s leading global position that gave the US an “exorbitant privilege” as Charles de Gaulle, the former French president, put it so memorably. By the phrase he meant a power that extends far beyond what could reasonably be expected. De Gaulle had a much deeper understanding of the link between the international role of a currency and geopolitical power than the current generation of European leaders. It is interesting to speculate as to what he would have done had such an instrument as the euro been at his disposal. The diplomacy behind the collapse of the Iran nuclear deal is a good example of how financial instruments are used in 21st-century foreign policy. When Donald Trump pulled out of the deal last year, he imposed sanctions both on Iran and on any companies from other countries that do business there.

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The US president was able to do this because he has the power to cut off foreign companies’ access to US capital markets and from dollar transactions — including most of those that take place outside the US. France, Germany and the UK made a vacuous response to this very real threat: they created Instex, a special purpose vehicle to protect European companies threatened by the sanctions. The idea sounds impressive until you look more closely at Instex, and find that it is without substance. International European companies simply cannot afford to cut themselves off from dollar markets, not even if they were to be promised compensation for the loss of their business with Iran. The banks that lend to them cannot do so either. Instex is a dysfunctional insurance vehicle for small carpet traders — a fitting symbol of EU foreign policy.

The reality is that the EU has no effective policy instruments to defend itself against secondary US sanctions. There is no deep European capital market that would allow the EU to retaliate by blocking US companies and their banks. Of course, if the eurozone had a large and liquid safe asset, global investors would be able to diversify their dollar holdings, making them less dependent on the US, and reducing its exorbitant privilege. So far, however, the EU has shown no sign of being interested in doing what it takes to increase its global role, preferring to blame Mr Trump. But the sheer extent of American privilege is not his work; it is a sin of European omission. When the EU created the euro in the 1990s, it could have chosen to endow the common currency with an infrastructure to share at least a portion of the dollar’s privilege. But that was not a priority for leaders at the time.

The job was get it over the line, without any thought of future crises. Instead of seeking a strong international role, the EU prioritised price stability and fiscal consolidation, without considering the wider consequences of such a narrow range of goals. As a direct result of those choices, we now associate the word “euro” with “crisis” rather than “success”. An additional problem is the EU’s large and persistent trade surplus with the rest of the world. Being dependent on others to buy your export surpluses and invest your excess savings makes you more vulnerable in a conflict. So what would Schuman do in this situation? I like to imagine that he would not focus so much on who is going to be the next president of the European Commission. More likely, he would recognise that the EU has a problem, and that it needs to show both courage and creativity to address it.

NOTA BENE

La note est entre autres établie sur base des informations parues dans le Financial Times (FT), The BalticTimes, (TBT), Le Bulletin du Courrier des Balkans (BCB), Analytical Articles of Central Asia-Caucasus Institut, (www.cacianalyst.org), Népszava (le seul quotidien hongrois non gouvernemental), INFO-TURK, Neue Zürcher Zeitung (NZZ), Novostan, Wikipedia et RIA Novosti ainsi que sur base de celles publiées dans des hebdomadaires et revues spécialisés, ou qui figurent dans des diverses revues de presse. Elle combine des analyses géopolitiques et géoéconomiques et l’information “pure”, mais sélectionnée, avec les commentaires des journaux et ceux de l’auteur du présent en gras. Comme n’importe quel analyste ou commentateur, l’auteur est, dans ses sélections, résumés et propos, évidemment biaisé et notamment par ses orientations propres qui, probablement, proviennent entre autres de ses origines hongroise et chrétienne, de son mode de pensée régulationniste, de sa position anti-impérialiste et de ses options socialo-écologiques.

La note examine les événements récents dans l’optique de la problématique suivante : les rapports des forces entre les grandes puissances et leurs répercussions sur « l’étranger proche » à l’UE, ainsi que (i) l’adhésion, l’association ou l’intégration de certains pays eurasiatiques est-elle possible, probable ou souhaitable à l’UE ou à d’autres regroupements; il s’agit donc d’analyser ces différents modes d’élargissement de ces derniers ; (ii) étudier les mutations géopolitiques du continent eurasiatique qui seraient susceptibles d’avoir un impact sur l’UE ; (iii) enfin, il s’agit de fournir des éléments d’appréciation dans la perspective de la définition d’une géostratégie de l’UE dans le contexte du continent eurasiatique et des préoccupations dans ses « parages ».

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Avec la section « Dimensions géoéconomiques », la tentative est faite d’opérer des analyses transversales d’ordre économiques où les multinationales jouent un rôle majeur, voire déterminant. Il s’agit donc d’explorer les dimensions économiques de la géopolitique de la région eurasiatique. Y trouveront leur place des informations et analyses qui concernent notamment les questions énergétiques et les moyens de transport, les privatisations ou les nationalisations et la stratégie des multinationales dans d’autres domaines.

D’une façon limitative, les pays pris en considération ici sont les suivants. Pour se faire comprendre en bref, on peut en fait les regrouper en fonction de certaines proximités géographiques ou géopolitiques :

les trois pays baltes: l’Estonie*, la Lettonie* et la Lituanie*; les quatre pays de Visegrád: la Pologne*, la République tchèque*, la Slovaquie* et la Hongrie*; les neuf ou dix pays balkaniques : la Slovénie*, la Croatie*, la Serbie avec ou sans le Kosovo, le

Monténégro, la Bosnie-Herzégovine et la Macédoine, ainsi que la Roumanie*, la Bulgarie* et l’Albanie ;

les trois pays centre-européens entre l’UE et la Russie: le Bélarus, l’Ukraine et la République moldave (Moldova);

la Turquie et les trois pays de la Caucasie méridionale : la Géorgie, l’Azerbaïdjan et l’Arménie ; l’espace de “trois mers” : Méditerranée, Noire et Caspienne dont fait notamment partie l’Iran ; les six “stans” en Asie centrale : Turkménistan, Ouzbékistan, Kazakhstan, Kirghizistan, Tadjikistan et

Afghanistan, ainsi que Mongolie.------------* pays membres de l’UE.

Voici enfin l’explication d’autres abréviations : AIEA = Agence internationale de l’Energie atomique ; ASEAN ou ANASE = Association des nations de l’Asie du Sud-est ; BM = Banque mondiale ; BERD = Banque européenne pour la reconstruction et le développement; BRICS = Brésil-Russie-Inde-Chine-Afrique du Sud; CEI = Communauté des Etats indépendants composés (sans les Etats baltiques et l’Ukraine) des 11 pays ex-soviétiques; EUA = Etats-Unis d'Amérique; FMI = Fonds monétaire international; FT = Financial Times; NYRB = New York Review of Books ; NZZ = Neue Zürcher Zeitung ; OCDE = Organisation de la coopération et du développement de l’Europe dont font notamment partie les EUA et le Japon (sic !); OCS = Organisation de coopération de Shanghai ; OMC = organisation mondiale privée du commerce; ONG = organisation non gouvernementale; ONU = Organisation des Nations Unies; OSCE = Organisation de la sécurité et de la coopération pour l’Europe; OTAN = Organisation du traité de l’Atlantique du Nord; OTSC = Organisation du Traité de sécurité collective (en Asie centrale); PECO = pays de l’Europe centrale et orientale ou centre de l’Europe ou encore pays situés entre la Russie et le monde de langue allemande; PESC = Politique étrangère de sécurité commune; PESD = Politique européenne de sécurité et de défense ; PIB = Produit intérieur brut; RFA = République fédérale d’Allemagne; RU = Royaume Uni ; UE = Union européenne.

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