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JOURNAL SPéCIALEMENT éDITé POUR L'OPéRATION PLAY-MOBILE // MAI 2010 et branches ? les jeunes et les nouveaux medias je t'aime, moi non plus jeunes Spécial Play-mobile Photo : Jona Hölderle-youthmedia.fr CC

Europa Play-mobile #1

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Réalisation technique et coordination éditoriale d'un magazine sur le thème de l’éducation aux médias. Festival de création vidéo sur téléphones mobiles organisé par l'association DIPP à Nantes en 2010.

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j o u r n a l s p é c i a l e m e n t é d i t é p o u r l' o p é r at i o n p l ay - m o b i l e / / m a i 2 0 1 0

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sois jeune et ouvre ta gueuleNos deux associations étudiantes ont pour but de permettre aux jeunes de devenir des producteurs de médias avertis. Mais notre modeste expé-rience nous fait prendre conscience que la marge est grande entre nos es-poirs, nos volontés, et la réalité dans la prise de parole de la majorité des jeunes. Vous l'aurez remarqué, l'ère du « fais toi-même ton info » est arrivée. Internautes ac-tifs, citoyens commentateurs, nous sommes tous mis à contribution pour produire des textes et des images. Les assos Dipp et Europa se sont donné pour mission de former les jeunes au journalisme. Contributeurs, oui, mais avisés ! Les médias étu-diants souhaitent donner la parole à leurs contemporains, avec une liberté de ton, de sujets, et sans la pression d'un commanditaire. Le but étant d'engager à la parti-cipation de manière réfléchie, de former le sens critique et l'envie de témoigner. Or, on peut constater aujourd'hui que la plupart des jeunes qui « postent » sur internet (blog, réseaux sociaux, sites de vidéos amateurs, etc.) le fait dans un cadre de loisirs, et non pour faire passer un message. C'est l'Internet au service de l'échange de contenus plus ou moins intéressants et plus ou moins privés. On peut se demander si les jeunes prennent vraiment conscience de la portée citoyenne de cet outil.En revanche, si l'on demande à un étudiant de Minsk, vivant au quotidien dans la dernière dictature européenne, ce que représente le pouvoir de s'exprimer librement sur internet, dans un journal ou à la télé, le discours sera probablement différent. Si la notion de journalisme citoyen n'a pas le même sens au Bélarus qu'à Nantes, la liberté d'expression demeure une chance et un droit dont tout le monde doit pouvoir s'emparer. Les moyens, plutôt confortables, dont nous disposons en France grâce à la loi 1901, aux subventions publiques ou au droit fondamental à la liberté d'expression, nous donnent le devoir de nous rappeler que beaucoup de minorités n'ont pas accès à la parole publique. Chacun porte un combat qu'il veut faire découvrir, et le droit de liberté d'expression devient un devoir lorsqu'on a l'occasion de le faire connaître.

dIPP Et EurOPa

ours ///////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////

directeur de publication > james donovan

rédacteurs en chef > estelle gaucher et emmanuel lemoine maquettiste/graphiste > guillaume siaudeau ont participé à ce numéro : pierre-alexandre charrier, estelle gaucher, emmanuel joseph, charlotte loisy, emmanuel lemoine, charlotte maillet.

remerciements // aux dippiens (jim, solène, jérémy, audrey, guillaume hau, trucmuche, charline, chou et poch, thomas, aline, hugo, marie, et les autres) pour leur implication, au festival pocket film pour son soutien, aux associatives yonnaises pour leur bonne humeur, aux trains express régionaux pour leur ponctualité, à l'espace oh la l.a ! pour son accueil, à florian pour la qualité de son s.a.v, aux associa-tions partenaires pour nous avoir suivis, à denis rougé et françois sorin pour leur collaboration, aux institutions pour leur confiance, et à la dream team d'europa.

sommaire

p3/ une bonne paire de paf !

p4/ journaliste citoyen et rumeur participative

p6/ vers une analyse critique des contenus

p8/ dipp, sans complexe

02 // edito ///////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////spécial play-mobile // mai 2010

ce numéro spécial a été réalisé par Europa production nantEs, à l'initiative de dipp à l'occasion de l'opéra-tion play-mobile, de février à mai 2010 en loire-atlan-tique. imprimé à 200 exemplaires en france, par l'imprimerie centrale de l'université de nantes.

dipptél > 02 51 12 57 39 / mél > [email protected]

Europa production nantEstél > 09 51 82 31 34 / mél > [email protected]

sièges sociaux > chemin de la censive, 44 312 nantes cedex 3

Page 3: Europa Play-mobile #1

en 2006, des professionnels du journalisme confiaient à Europa les causes de leur faible lectorat jeune ainsi que leurs doutes et es-poirs sur l’avenir de la presse écrite.

jérôme liebeskind (BFM radio) : Le pro-blème majeur est l’accessibilité de la presse. Les quotidiens sont trop chers. Pour un étudiant, 1,20€ tous les jours c’est difficile. En angleterre et au Japon, les gens lisent deux journaux par jour, car le prix est bien moindre.

patrice trapier (Le Journal du dimanche) : La presse française est en crise car elle est trop compliquée. On commente, on critique, on se sent trop issus de la « philosophie des Lumières ». Mon truc, c’est de raconter des histoires. S’il y a de la chair, des contradictions, avec des anecdotes, il y a toujours quelque chose qui accroche, seuls les détails changent.

philippe duley (Le parisien - aujourd’hui en France) : Je constate qu’on a une presse très mauvaise. J’ai travaillé dix ans dans la presse quotidienne régionale, où on écrivait des dépêches qu’on connaît par cœur. Et chez les journalistes parisiens, ils écrivent pour eux, ils se regardent sans arrêt le nombril.

patrick le hyaric (L’humanité) : La crise de la presse écrite est en lien avec une crise de la représentation politique en général. Il y a une méfiance croissante envers les médias audiovisuels et, plus récemment, les quoti-diens écrits.

la presse et les jeunes

Le temps passé devant la télévision représente en moyenne 14% de notre journée, sommeil compris ! Ce qui représente près de 11 ans et demi dans la vie d’un Français, dont l’espérance de vie se situe autour de 80 ans (statistiques Insee 2008). Et contrairement aux idées reçues, les jeunes restent très attachés à la télévision ! 30% des 15-19 ans, 28% des 20-24 ans et 34% des lycéens, déclarent ne pas pouvoir se passer de la télévision. (Source Médiamétrie, octobre 2009).C’est justement parce qu’elle touche un grand nombre de personnes et parce qu’elle est sou-mise, pour les chaînes privées, mais aussi pour les publiques, à la loi du marché, et donc la course à l’audimat, que la télévision ne peut pas se permettre d’aborder des sujets trop polémiques. Si l’on peut être sûr d’une chose, c’est que les informations superficielles auront toujours leur place à la télévision. de façon plus ou moins implicite, les contenus qu’elle diffuse accommodent les dirigeants, et pas uniquement les patrons de médias. à la fois les dirigeants économiques, les grandes marques placent plus facilement leur produit de consommation entre des émissions de télé-réalité pendant lesquelles le téléspectateur se distrait, plutôt qu’au milieu d’un reportage montrant les inégalités alimentaires. La désormais célèbre vérité énoncée par l’ancien PdG de TF1, Patrick Le Lay, le prouve parfaitement : « Ce que nous vendons à Coca-Cola, c’est du temps de cerveau humain disponible. » Mais ces programmes ont aussi le vent en poupe car ils arrangent les dirigeants politiques. Oc-cuper les citoyens à des informations sans importance (comme la vie des stars, les jeux télévisés, les résultats sportifs…) les détourne des problèmes plus fondamentaux auxquels doivent répondre les hommes politiques. Les rapports de connivence entre médias et poli-tiques ont été démontrés à plusieurs reprises, mais restent un sujet tabou. Le documentaire de Pierre Carles, Pas vu pas pris, illustre ce rap-prochement à travers la profonde gêne des

dirigeants des principales chaînes de télévision face à une preuve irréfutable d’une complicité entre un patron de chaîne de télévision et un ministre du gouvernement...

vers un consumérisme téléphileIl existe de nombreuses associations de défense des consommateurs de l’automobile, du loge-ment, des transports aériens, des banques, etc. En revanche, une association a longtemps été seule à défendre les consommateurs de télé-vision, qui est pourtant une activité partagée par plus de 44 millions de Français chaque jour. depuis sa création en 1989, en parallèle à la création d’un Conseil supérieur de l’audiovisuel (CSa), une asso de jeunes parisiens met Les pieds dans le PAF pour faire valoir le téléspectateur comme une personne morale et critique, et pas uniquement comme un potentiel consomma-teur, ni un objet d’études sociologiques. avec une idéologie héritée de l’éducation populaire, les Pieds dans le PAF donnent aux téléspectateurs les moyens de réaliser des contenus audiovi-suels, à travers des ateliers pratiques. au-delà des centaines d’adhérents que comptait l’asso dans les années 1990, et pour peser effica-cement sur les décisions du CSa, l’association a constitué un groupe de réflexion composé d'une dizaine de députés. Ce qui a donné lieu a un travail de lobbying et une présence significative dans les médias à cette période. La 2e moitié des années 90 a été beaucoup plus discrète pour une association dont les membres bénévoles commençaient à rentrer dans la vie active. Néanmoins, l’arrivée de la télé-réalité dans les années 2000 inquiète les téléspectateurs et donne un nouveau souffle aux Pieds dans le PAF, dont l’antenne parisienne sera délaissée au nom de la décentralisation pour concentrer l’activité en Loire-atlantique autour de l’inter-vention publique et l’éducation aux médias. La multiplication des écrans et des sources d’in-formation donne du pain sur la planche aux animateurs des ateliers de décryptage, comme ceux du 12 mai…

une bonnepaire de paf !

turn it offrendre les cerveaux disponibles à autre chose qu’à Coca-Cola. trouver une alternative aux 3h30 de consommation télévisuelle quotidienne. C’est le défi que l’asso Les Pieds dans le PaF tente de relever tous les ans durant la Semaine 100/sans Télés. « 100 télés », parce qu’il ne suffit pas de mettre le poste en veille. Mais bien de montrer qu’il existe des centaines de manières de faire de la vidéo. des projections citoyennes, ludiques, militantes, débiles, nulles ou géniales… Bref toutes les formes d’expression trop souvent absentes du petit écran sont projetées. Et « Sans télés », car une fois éteinte, il s’agit aussi d’en discuter, d’en débattre et de la comprendre. Les projections ont d’ailleurs lieu dans les meilleurs endroits de rencontres et d’échanges citoyens : les bistrots.L’édition 2010 comptabilisait 35 partenaires, 33 manifestations et 0 publicité ! alors, rendez-vous l’année prochaine sur : www.piedsdanslepaf.org

malgré un fonctionnement mercantile de plus en plus assumé et reconnu, la télévision ne cesse de séduire. pourtant quelques irré-ductibles du petit écran sont déterminés à dévoiler le côté clair de la force.

Par MaNuELE dELMONO

////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////// déSINtérêt // 03spécial play-mobile // mai 2010

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8 // la voix de la v.o. ///////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////europa # 25 // avril-mai 2010

Eh oui, plus besoin d'avoir sa carte de presse, les pistons qui vont avec, ni même de débourser un centime pour donner de la voix dans le paysage médiatique. En France comme ailleurs, internet bouleverse les habitudes et donne à tous la possibilité d'exprimer son opinion. C'est en cela que l'idée du journalisme participatif séduit. Basé sur le modèle des courriers des lecteurs comme l'ont revendiqué Yves Monteil du site CitizenNantes et Walter Bonomo de la web tV « TVRezé », il amène forcément à plus de démocratie. Plus on multiplie les points de vue, et mieux elle se porte. L'expression « quatrième pouvoir » a longtemps désigné l'ensemble des journalistes, qui minimisaient l'impact des pouvoirs judiciaire, exécutif et législatif. C'est au tour du participatif d'agir comme un contre-pouvoir en empêchant les journalistes de dire seulement ce qui les arrange. Il facilite l'émergence de nouveaux médias alternatifs et consolide l'exis-tence des anciens.

« on ne nous dit pas tout »Ce n'est pas un hasard si cette expression a autant de succès. Comme le souligne denis rougé, président de l'association de téléspectateurs Les pieds dans le Paf (cf. article précédent), le lectorat se fie de moins en moins aux médias traditionnels. On les croit de mèche avec les hommes politi-ques ou les grands patrons. Les gens se désintéressent des informations, achètent de moins en moins la presse. Que l'information vienne de leurs semblables pourrait leur redonner confiance. Moins pressés par le temps ou par l'argent, ces non-professionnels seraient plus indépendants.

aux sources de l'infoPourtant, les journalistes sont nombreux à tirer la sonnette d'alarme. Le participatif est le plus souvent gratuit, et donc en concurrence déloyale avec la presse écrite. Pour Fabienne Proux, correspondante à La Tribune et au Figaro magazine, il risque même de décrédibiliser la profession. Les fausses rumeurs ne sont pas rares, et les sources pas toujours vérifiées. Cela en partie à cause de son manque d'organisation. Chacun peut ouvrir un blog ou créer un site internet. Les modérateurs existent mais sont peu fiables pour la plupart.

vos papiers s'il vous plaîtPour un journaliste de Télénantes venu assister au débat, le problème est qu'on ne sait pas à qui on a affaire en lisant ce type de journaux ou de sites internet. Est-ce un moyen de militer ? Est-ce un passe-temps ? Selon lui, un journaliste rémunéré n'a pas d'intérêt particulier à écrire un article et surtout, il doit répondre de ses actes au niveau légal. Le président de TVRezé insiste sur le sérieux qu'il met à produire l'information qu'il publie, sans pour autant se prétendre journaliste. Il souhaite simplement offrir autre chose que ce qu'on voit habituellement sur le petit écran.

alors, journalistes ou escrocs ? That is not the question. Les nouvelles technologies amènent de nouvelles façons de faire l'information. En-core faut-il éduquer la population. Qu'elle sache compter les erreurs et trouver qui est qui.

et rumeur participativejournaliste citoyen

« faut-il être journaliste pour faire l'information? » voilà la question lancée par des étudiants d'info- com de nantes à l'occasion des rencontres de la presse, le 31 mars dernier au pôle étudiant. « le web à la une », quatre invités ont débattu avec le public sur l'enjeu du journalisme participatif.

Par CHarLOttE LOISY

Photo : F. de La Mure / MaEE

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quelques exempleseuropeens

difficile de résumer toute une philosophie en quelques mots... alors prenons un exemple, bien connu de certains : l’imprimante de richard Stallman. Qui est Stallman ? un ingénieur informaticien qui travaillait au labo-ratoire d’intelligence artificielle du MIT (Mas-sachusetts Institute of technology). un jour, le laboratoire reçoit une nouvelle imprimante, censée être plus fiable que la précédente. Mais voilà, cette imprimante n’a de cesse de tomber en panne. Les ingénieurs du labora-toire pensent alors à écrire un programme qui pourra améliorer les performances de la machine. Mais l’imprimante a été livrée sans son pilote. L’histoire veut que Stallman ait été les demander. Mais ses homologues refusent de les lui donner, car ils ont signé avec le constructeur une close de non divulgation du code. Le logiciel est donc «propriétaire». Vous pouvez l’utiliser, mais surtout pas le reprendre, le modifier, ou le copier, etc. Stallman vit ce refus de la part de ses confrères comme un affront. C’est à partir de là qu’il décide de fonder la Free Software Foun-dation (Fondation du logiciel Libre). Son idée de l’informatique est qu’elle doit se baser sur une liberté, pour tous les individus, d’utiliser, de modifier, et de distribuer n’importe quel programme.

révolution philosophiqueune grande partie des utilisateurs ont encore du mal à concevoir l’informatique sans Windows, le système d’exploitation de Microsoft. Et si ce constat est valable pour les utilisateurs, il l’est également pour l’éduca-tion, enjeu fondamental pour les prochains utilisateurs que sont les élèves, qui auront du mal à « désapprendre » Windows si une alternative leur est offerte. Pas étonnant alors que le choix soit restreint, puisque Microsoft et Mac OSX contrôlent encore presque 95% de la distribution. Par ailleurs, un problème fréquent est celui de l’interopérabilité : tous vos fichiers textes, tableurs, vidéo, musique, etc. ne seront pas toujours compatibles. Face à ces incohérences, le mouvement du libre a voulu changer la donne. Ce qu’on peut appeler la « révolution du libre » est née d’une prouesse humaine et éthique plus que d’un réel progrès technique : redonner de la valeur à l’échange, la solidarité, l’entraide, le don, en alternative aux carcans économiques actuels.à l'avenir, regardez-y à deux fois lorsque vous entendrez parler du système d'exploitation GNU-Linux, des licences creative-commons, du navigateur Mozilla, du format odt... Soyez ouverts !

remonter à l'open source

////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////// militantisme // 05spécial play-mobile // mai 2010

déSINFOrMatION OrGaNISéENombreuses sont les légendes urbaines qui courent sur Luther Blissett, identité collective utilisée par un groupuscule artistique et littéraire italien à partir de 1994, concomitamment à l’élection de Silvio Berlus-coni. Leur domaine ? L’imposture journalistique, la guerrilla communication et le montage de canulars médiatiques. Formé d’une multitude d’auteurs, d’artistes et d’activistes qui se revendiquent tous comme étant eux-mêmes Luther Blissett, ce projet est flou, vague et transnational. Luther Blissett fut notamment invité sur le plateau de “Chi l’ha visto”, une célèbre émission qui recherche des personnes disparues, diffusée en prime time sur une chaîne publique italienne, pour retrouver Harry Kipper, qui se serait perdu alors qu’il entreprenait de tracer une ligne imaginaire en vélo en reliant plusieurs villes d'Europe pour former le mot “art”. La production se lance alors sur les traces de l’artiste-cycliste et dépense sans compter l’argent des contribuables à la recherche d’une personne qui en fait n’a jamais existé. après avoir essaimé dans toute l'Europe, le mouvement a disparu dans les années 2000 comme il était né.

ParOLE INSOuMISEOn le trouvait surtout chez les disquaires, en

kiosque et aux cybercafés, Studentskaja Dumka (« La Pensée Etudiante ») détonnait au milieu du

paysage des journaux officiels bélarusses et leurs incontournables photos de propagande en une.

Le SD, en couleur et gratuit, se positionnait comme « une édition subjective pour les jeunes insolents et

intelligents entre 16 et 25 ans». Les articles sérieux et marrants, provocants et ironiques, étaient écrits

en Bélarus, une langue vive et moderne, des photos et un graphisme insolites. Ce magazine permettait,

dans un pays renfermé sur lui-même de se sentir connecté au monde entier.

Né en 1924, renové en 1988 à la fin de la Peres-troïka, le magazine est privé de licence en 2003.

de ce fait, la rédaction décide de réduire le tirage à 299 exemplaires, qui n’oblige pas à posséder une

licence. En novembre 2005, des miliciens retirent Studentskaja Dumka des boutiques et interdisent

aux propriétaires de le diffuser à nouveau. depuis, c’est en version électronique, sur Internet et sur des

Cd gratuits que survit le magazine.

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Portrait officiel de Luther Blissett.

[ItaLIE]

[BéLaruS]

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06 // éducation /////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////spécial play-mobile // mai 2010

europa : comment pouvez-vous définir l'éducation aux médias ?françois sorin : tout d'abord, il convient de distinguer l'éducation aux médias des ateliers de formations audiovisuelles ou encore d'un certain nombre d'actions de prévention. La finalité d'une éducation aux médias ne se limite pas à former des utilisateurs ou des consommateurs de nouvelles technologies. Elle ne se réduit pas non plus à identifier les dangers et les dérives de certains supports, comme la télé ou l'internet. L'éducation aux médias est une démarche critique qui porte sur la production des contenus médiatiques : journaux, audiovisuel, internet... L'enjeu est de permettre à chacun d'analyser une parole médiatique, d'en identifier l'auteur, les procédés et l'intention. L'éducation aux médias poursuit un but d'émancipation qui la rattache à l'éducation populaire. Elle est aussi une démarche transversale à bien d'autres disciplines. L'histoire, l'éducation civique, l'économie, la sociologie éduquent aux médias en ce qu'elles forment l'esprit critique.

à quels publics destinez-vous les ateliers d'éducation aux médias ?f. s. : Nous intervenons auprès d'enfants, d'adolescents, mais également auprès de jeunes adultes. Nous proposons aussi des temps de discussion et de réflexion auprès des parents. dans les ateliers d'éducation aux médias nous proposons une démarche basée sur l'expérimentation active des moyens de production audiovisuelle. Nous accompagnons les

publics dans la manipulation ou la réalisation d'une vidéo, d'un son, d'un blog... Chacune des étapes de production est l'occasion d'une réflexion pratique sur les contraintes et les possibles de la parole médiatique : les aspects techniques, les différents formats, l'articulation des faits et des commentaires, des images et des sons... ainsi le public mis en situation est plus à même d'identifier en tant que lecteur, spectateur ou internaute les choix de production opérés par les rédacteurs et les réalisateurs des journaux, des vidéos et des sites qu'ils consultent au quotidien. L'infor-mation transmise par les médias leur apparaît maintenant pour ce qu'elle est : une construction produite par un opérateur soumis à des choix et des contraintes, et non pas le reflet fidèle d'une réalité objective.

à partir de quels constats ces ateliers ont-ils été mis en place ?f. s. : L'éducation aux médias a le vent en poupe depuis ce qu'on a appelé la « révolution numérique », et qui correspond à des évolutions considé-rables dans les techniques de production et de diffusion audiovisuelle, notamment via internet, et qui en facilite l'accès au plus grand nombre. Néanmoins, si l'environnement technique a énormément évolué, les structures des médias n'ont pas été bouleversées pour autant. Internet se réduit pour beaucoup de jeunes à la fréquentation d'un petit nombre de site du secteur marchand (Facebook, Skyblog, Youtube...) qui sont les pendants numériques des médias dominants « traditionnels ». dans ce

Le Centre de liaison de l'enseignement et des médias d'informa-tion, est une initiative ministérielle qui met en relation depuis 1983 le milieu scolaire avec les professionnels de l'information. ainsi, chaque établissement scolaire peut y faire appel pour l'organisation d'ateliers pratiques, bénéficier de conseils ou ressources. Grâce à ses antennes régionales, dans toutes les académies, le Clémi organise tous les ans fin mars, la Semaine de la presse et des médias à l'école.

Le Centre régional de documentation pédagogique des Pays de la Loire dépend également du ministère de l'éducation natio-nale. Il a un rôle de conseil, de suivi de projets et de production de contenu pédagogique pour les enseignants. Il intervient en étroite relation avec l'ensemble des acteurs de la politique éducative, dans le domaine des technologies de l'information et de la communication et dans celui de l’éducation artistique et culturelle.

des contenusvers une analyse critique

clémi crdp

pour donner aux plus jeunes les clés de compréhension de leur environnement médiatique, françois sorin anime des ateliers de mise en situation. il fait des études en audiovisuel à rennes 2 et effectue un stage au sein des cEMEa (centres d'entrainement aux méthodes d'éducation active) autour de l'éduca-tion aux médias. un thème qu'il a déjà abordé en animant des ateliers pour la webradio lorientaise : La coMpagniE dEs ondEs.

PrOPOS rECuEILLIS Par EMMaNuEL LEMOINE

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Page 7: Europa Play-mobile #1

////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////// vlipp tour // 07spécial play-mobile // mai 2010

Crealab est un dispositif imaginé par les associations PiNG et Lolab qui propose de partager les savoirs et les pratiques numériques. tous les jeudis, des OpenAteliers permettent de franchir le pas vers les logiciels libres, avec un accompagnement pour l'installation et la prise en main des outils numériques non-marchands. PiNG propose également des formations aux nouvelles technologies et à l'internet pour les personnes âgées de plus de 65 ans. Les inscriptions sont gratuites, ça se passe au Breil.

Educnet est un portail en ligne sous l'égide de l'éducation na-tionale qui référence de nombreux liens et ressources visant à généraliser l'usage des technologies de l'information et de la communication de la maternelle à l'université. un dossier consacré à l'éducation aux médias présente clairement les enjeux, les acteurs et les ressources en ligne pour comprendre en globalité et s'informer sur cette thématique.

contexte, les enjeux de l'éducation aux médias restent les mêmes, mais ce nouvel environnement informatique n'est pas le terrain de prédilec-tion des enseignants et des éducateurs, d'où la nécessité de proposer un accompagnement adapté aux nouvelles technologies. Précisons tout de même que la télévision reste le média dominant chez l'ensemble des enfants et des jeunes.

quels sont les principaux enjeux de ces formations ? f. s. : Le principal enjeu de l'éducation aux médias est de bien faire com-prendre comment fonctionnent les structures des médias : Qui me parle ? un journaliste, un commerçant, un militant ? Quelle est son intention ? Informer, vendre, convaincre ? Quels sont les faits ? Quels sont les contraintes ? Quels sont les choix opérés par le locuteur ? Qui diffuse ? a qui appartient le média ? L'objectif n'est évidemment pas de nourrir une aversion paranoïaque sur les médias mais de donner les clés d'une analyse critique de leurs contenus.

comment les développer davantage ? f. s. : dans un contexte médiatique saturé, il est important que chacun ait un jour fait l'expérience de la production d'une parole médiatique pour en repérer les enjeux. Les logiciels libres de production et de diffusion permettent d'étendre la pratique audiovisuelle au plus grand nombre, dans les écoles mais aussi dans les centres d'animations.

un vlipp tour et puis s'en vont

Selon l'encyclopédie du Lablonde de l'an 1453, le Vlipp Tour se définit comme la croisade dippienne à la recherche de la sagesse, la parole estudiantine libérée et digitalisée pour répandre sur le web des cita-tions citoyennes et solidariser des internautes internés. armés d'une caméra, d'une tente orange et d'une bonne dose de sympathie, les dippiens forcent les étudiants nantais à émettre leurs avis sur des sujets d'actualité. à l'occasion du concours Play-mobile, la quête des dippiens était de connaître les usages des digital natives, comme il convient de nommer ces autochtones des nouveaux médias. avec une question ultime en tête : que fais-tu de ton téléphone portable ? Le micro-trottoir, disponible sur la plateforme participative, nous apprend notamment que les étudiants d'Iut passent plus de temps devant leur télévision que sur internet, soit un usage plus passif du média. Que le téléphone portable est un outil indispensable du quotidien (75% des 12-25 ans font demi-tour s'ils ont oublié leur téléphone en partant le matin), mais que l'usage de la vidéo reste majoritairement consacrée à la déconne et aux soirées. Leurs idées – difficiles à extraire ! – pour l'avenir des nouveaux médias concernent le partage de l'information, le développement de la créativité et le rapprochement des personnes (derrière un écran ?).Estelle, en partie à l'initiative de ce projet, observe qu'« au travers des réponses, il apparaît que la majorité des jeunes ont un profil sur Facebook, surfent sur le net plusieurs fois par jour, et utilisent leur portable pour filmer des concerts. Ce sont peut-être des évidences, mais on a pas été surpris de constater que les jeunes ne savaient pas profiter de l'outil au maximum ». En bref, le constat, partagé par Jim, le chef de la tribu, est une sérieuse tendance au jemenfoutisme participatif, alors que les dippiens consa-crent leur temps à échanger des savoirs-faire ancestraux sur les langages sacrés de la vidéo participative (écriture de scénario, tournage, plan séquence, formation aux logiciels de montage...) Malheureusement, excepté quelques intrépides candidats du concours Play-mobile, les autochtones intimidés restent terrés dans leurs huttes multi-connectées sans oser prendre la parole sur la place du village planétaire. Peut-être faudrait-il les y accompagner ?

des contenus

crealab educnet

« le nouvel environnement informatique n'est pas le

terrain de prédilection des enseignants. »

Page 8: Europa Play-mobile #1

Présente sur tous les campus universitaires de la région et complotant à partir d'un laboratoire secret pour conquérir l'audimat étudiant, l'asso Dipp accompagne les jeunes dans leurs projets audiovisuels. Munis d'un cadre rose et de Poils aux dents, ils pulvérisent l'audience sur Télénantes. Le web n'a plus de secret pour eux. Lancé en 2007, le vidéo-blog (ou vlog, comme on disait dans le temps) participatif de Dipp, le Vlipp.fr, est devenu la référence des amateurs de vidéos et autres monteurs ésotériques. Courts-métrages, sketchs, reportages, concerts, interviews... Bénévoles as-sidus et audacieux inconnus sont de mèche pour s'exprimer sur cet espace citoyen. Pour son dernier projet, Play-mobile, Dipp invite les jeunes Padawans de la vidéo à élaborer un court-métrage sur téléphone mobile autour du thème « Bouger ». dans le dessein d'apporter aux jeunes la maîtrise d'un outil aussi familier que le portable, Play-mobile ouvre la réflexion. Sortir des sentiers battus des exploits éthyliques de tes potes à la une de FB, c'est le combat des dippiens. a partir d'un outil banal de communication et de création audiovisuelle, un scénario de fiction devient réalisable, un reportage d'en-quête aussi...Les vidéos des participants, mises en ligne le 23 avril, ont été primées le 4 mai par un jury impitoyable. Le 12 mai, les gladiateurs reçoivent leur récompense et voient leurs créations projetées dans l'arène du Katorza. Prends garde, étudiant, Dipp te mettra au banc de montage !

jeudi 11 février // journée de lancement à St Nazaire. une étape du Vlipp Tour le midi, puis une soirée au Base Bar. à l'affiche : DJ Krhonos et VJ Bossquito.

le 1er mars // l'ouverture aux contributions est lancée, et ce jusqu'au 23 avril.

samedi 13 mars // l'école municipale d'arts plastiques de Saint-Nazaire organise l'exposition Croisements numériques. L'occasion de présenter des films de poche dans le mini-ciné-ma, et de participer au plateau radio organisé par La Tribu.

le 26 février, puis le 3 mars // Vlipp Tour à La roche-sur-Yon, et présentation de Play-mobile à l'antenne de Graffiti Urban Radio.

le 30 mars // Journée sans/100 télé(s) à Nantes (campus tertre), organisée par Les pieds dans le PAF. Mettre en avant de nouvelles formes de vidéo, c'était la mission confiée à Dipp sur cet événement, au travers du mini-cinéma.

les 9 et 10 avril // à l'occasion de Ram Dam à l'Ouest, atelier de pratique sur le thème de l'éducation aux médias, puis discussion publique sur les jeunes et leurs téléphones portables, avec l'Eclectic Léo Lagrange.

mardi 20 avril // Dipp était à l'antenne de Radio Campus Angers pour causer de la vidéo comme vecteur culturel et de lien social, en compagnie des Films du Réel, Travelling côté cour et l'ISCEA.

du 24 avril au 11 mai // votes en ligne sur le Vlipp.fr pour élire le prix du public.

mercredi 12 mai // grande journée vidéo et multimédia au TU-Nantes : projection des films du concours au Katorza, atelier de cadrage et montage vidéo, de décryptage des médias, et de Vjing (mix vidéo), émission radio en public, puis soirée concert avec Pony Heads et Dub Orchestra au Pôle étudiant.

dipp, sans complexe

programme 2010