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ÉDITORIAL PUBLICITÉ LE JOURNAL DE L’ÉCOSYSTÈME HORLOGER SUISSE NO 3 (Vol.18) | 6.00 CHF € | GENÈVE, LE 10 JUIN2016 | EUROPASTAR.COM EUROPA STAR PREMIERE ISSN 297-4008 PAR SERGE MAILLARD Les temps sont durs pour les fournis- seurs horlogers: plusieurs réductions d’effectifs ont été rendues publiques suite à la baisse de la demande globale de montres, qui impacte toute la chaîne de production. Dans un contexte mo- rose, un salon professionnel semble plus important que jamais: il s’agit de communiquer, de gagner la bataille de la visibilité, de présenter des inno- vations. Et surtout, de convaincre les marques de miser sur le long terme, de ne pas tout jeter à la mer lorsque le gros temps arrive. L’industrie horlogère est fortement cyclique, sujette aux sou- bresauts géopolitiques, financiers et à ses propres démons: la décennie bé- nie des années 2000 s’est achevée sur une crise puis une reprise impression- nante, celle des années 2010 ne semble pas devoir faire exception – avec un pronostic médical partagé entre ralen- tissement conjoncturel et déficiences structurelles. C’est dans cette atmosphère tendue que s’ouvre le salon EPHJ-EPMT-SMT, qui constitue pour sa part un vrai succès entrepreneurial au service de l’indus- trie horlogère, ayant résisté aux tenta- tions de grandir de manière démesurée et conservé ainsi un aspect démocra- tique qui a préservé sa crédibilité et sa légitimité. Des stands limités, ce qui permet d’accueillir une grande variété d’acteurs, 867 l’an passé. Preuve du suc- cès, neuf exposants sur dix reviennent l’année suivante en moyenne, au point que les capacités maximales ont été at- teintes. Mais pas question de changer la recette, assurent les organisateurs. En parallèle, la tendance est aussi à la connexion entre acteurs de la sous-trai- tance: en mélangeant de manière très originale ces trois pôles de compétence technique que sont l’horlogerie-joail- lerie, les microtechnologies et les me- dtechs, les organisateurs voulaient dès le départ promouvoir des échanges pas forcément spontanés. Et les exposants commencent, bon gré mal gré, à inte- ragir, voyant le potentiel de croissance hors de leur marché traditionnel et les risques à se consacrer à une seule indus- trie, d’autant si celle-ci est en baisse de régime. Une dynamique qui doit per- mettre de stimuler la créativité. La levée de 23 millions de francs par Preciflex et son entité sœur, la marque horlogère HYT, qui pourrait leur permettre d’ex- ploiter à terme leurs technologies flui- diques dans le secteur médical, n’est qu’un exemple de cette dynamique. Les technologies médicales pour- raient d’ailleurs se lier inexorablement au destin de l’horlogerie – ou si l’on veut bien, à l’objet que l’on portera au- tour d’un poignet... Si les extensions des fonctionnalités du smartphone que l’on trouve sur les montres connec- tées, comme la lecture de SMS, ne pré- sentent actuellement pas une valeur ajoutée mainstream, l’horizon médical de ces outils est tout autre. Nokia, qui a raté la révolution des smartphones, est en train de se relancer dans le domaine de la santé et vient de racheter le fabri- cant de montres connectées Withings. IBM, de son côté, entend exploiter le Big Data médical via son outil phare Watson, qui est en cours d’intégra- tion sur l’Apple Watch. Les sous-trai- tants horlogers suisses doivent rester vigilants quant à ces développements, quitte à sortir de leur stand et faire quelques pas dans les couloirs du salon pour dialoguer avec leurs 270 confrères spécialisés en medtechs présents! Dossier spécial en page 12 EMBRACE TIME Our story, our brand, our passion. Carole & Pierre Dubois T : +41 58 307 21 00 [email protected] www.manpower.ch Trouver le polisseur qualifié est affaire d’expérience Créateur de solutions pour l’emploi depuis plus de 55 ans Sous-traitants, mélangez-vous! En immersion chez A. Lange & Söhne La manufacture allemande accueil- lera huit chanceux collectionneurs durant deux jours en novembre à Zurich. Tentez votre chance!......p.8 Horlogerie et e-commerce Les ventes digitales dans les ventes en ligne constituent une étape im- portante mais douloureuse pour le secteur horloger suisse..............p.20 L'été du sponsoring horloger Entre l'Euro et les Jeux Olympiques les logos de marques suisses seront omniprésents. Que reste-t-il aux plus petites sociétés?..............................p.22 DR PAR PIERRE MAILLARD Le fameux slogan de Patek Philippe – «Jamais vous ne posséderez complètement une Patek Philippe. Vous en serez juste le gardien, pour les générations futures. » – oblige son auteur à s'y conformer. Au risque, dans le cas contraire, à ce que cette affirmation péremptoire ne sonne que comme une ligne marketing parmi tant d'autres. La meilleure façon pour se rendre compte si cette promesse de pérennité est tenue n'est-elle pas d'aller regarder de plus près comment une Maison comme Patek Philippe gère ses services d'après vente? Une visite qui en vaut mille et dont on ressort, avouons-le, passablement estomaqué! Suite en page 2 Patek Philippe: la manufacture dans la manufacture

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ÉDITORIAL

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LE JOURNAL DE L’ÉCOSYSTÈME HORLOGER SUISSE NO 3 (Vol.18) | 6.00 CHF € | GENÈVE, LE 10 JUIN2016 | EUROPASTAR.COM

EUROPA STAR PREMIEREISSN 297-4008

par Serge Maillard

Les temps sont durs pour les fournis-seurs horlogers: plusieurs réductions d’effectifs ont été rendues publiques suite à la baisse de la demande globale de montres, qui impacte toute la chaîne de production. Dans un contexte mo-rose, un salon professionnel semble plus important que jamais: il s’agit de communiquer, de gagner la bataille de la visibilité, de présenter des inno-vations. Et surtout, de convaincre les marques de miser sur le long terme, de ne pas tout jeter à la mer lorsque le gros temps arrive. L’industrie horlogère est fortement cyclique, sujette aux sou-bresauts géopolitiques, financiers et à ses propres démons: la décennie bé-nie des années 2000 s’est achevée sur une crise puis une reprise impression-nante, celle des années 2010 ne semble pas devoir faire exception – avec un pronostic médical partagé entre ralen-tissement conjoncturel et déficiences structurelles.C’est dans cette atmosphère tendue que s’ouvre le salon EPHJ-EPMT-SMT, qui constitue pour sa part un vrai succès entrepreneurial au service de l’indus-trie horlogère, ayant résisté aux tenta-tions de grandir de manière démesurée et conservé ainsi un aspect démocra-tique qui a préservé sa crédibilité et sa légitimité. Des stands limités, ce qui permet d’accueillir une grande variété d’acteurs, 867 l’an passé. Preuve du suc-cès, neuf exposants sur dix reviennent l’année suivante en moyenne, au point que les capacités maximales ont été at-teintes. Mais pas question de changer la recette, assurent les organisateurs.En parallèle, la tendance est aussi à la connexion entre acteurs de la sous-trai-tance: en mélangeant de manière très

originale ces trois pôles de compétence technique que sont l’horlogerie-joail-lerie, les microtechnologies et les me-dtechs, les organisateurs voulaient dès le départ promouvoir des échanges pas forcément spontanés. Et les exposants commencent, bon gré mal gré, à inte-ragir, voyant le potentiel de croissance hors de leur marché traditionnel et les risques à se consacrer à une seule indus-trie, d’autant si celle-ci est en baisse de régime. Une dynamique qui doit per-mettre de stimuler la créativité. La levée de 23 millions de francs par Preciflex et son entité sœur, la marque horlogère HYT, qui pourrait leur permettre d’ex-ploiter à terme leurs technologies flui-diques dans le secteur médical, n’est qu’un exemple de cette dynamique.Les technologies médicales pour-raient d’ailleurs se lier inexorablement au destin de l’horlogerie – ou si l’on veut bien, à l’objet que l’on portera au-tour d’un poignet... Si les extensions des fonctionnalités du smartphone que l’on trouve sur les montres connec-tées, comme la lecture de SMS, ne pré-sentent actuellement pas une valeur ajoutée mainstream, l’horizon médical de ces outils est tout autre. Nokia, qui a raté la révolution des smartphones, est en train de se relancer dans le domaine de la santé et vient de racheter le fabri-cant de montres connectées Withings. IBM, de son côté, entend exploiter le Big Data médical via son outil phare Watson, qui est en cours d’intégra-tion sur l’Apple Watch. Les sous-trai-tants horlogers suisses doivent rester vigilants quant à ces développements, quitte à sortir de leur stand et faire quelques pas dans les couloirs du salon pour dialoguer avec leurs 270 confrères spécialisés en medtechs présents!

Dossier spécial en page 12

EmbracE t imEOur story, our brand, our passion. carole & Pierre Dubois

T : +41 58 307 21 [email protected]

Trouver le polisseur qualifié est affaire d’expérience

Créateur de solutions pour l’emploi depuis plus de 55 ans

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Sous-traitants,mélangez-vous!

En immersion chez A. Lange & SöhneLa manufacture allemande accueil-lera huit chanceux collectionneurs durant deux jours en novembre à Zurich. Tentez votre chance!......p.8

Horlogerie et e-commerce Les ventes digitales dans les ventes en ligne constituent une étape im-portante mais douloureuse pour le secteur horloger suisse..............p.20

L'été du sponsoring horlogerEntre l'Euro et les Jeux Olympiques les logos de marques suisses seront omniprésents. Que reste-t-il aux plus petites sociétés?..............................p.22

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par Pierre Maillard

Le fameux slogan de Patek Philippe – «Jamais vous ne posséderez complètement une Patek Philippe. Vous en serez juste le gardien, pour les générations futures.» – oblige son auteur à s'y conformer. Au risque, dans le cas contraire, à ce que cette affirmation péremptoire ne sonne que comme une ligne marketing parmi tant d'autres. La meilleure façon pour se rendre compte si cette promesse de pérennité est tenue n'est-elle pas d'aller regarder de plus près comment une Maison comme Patek Philippe gère ses services d'après vente? Une visite qui en vaut mille et dont on ressort, avouons-le, passablement estomaqué! Suite en page 2

Patek Philippe: la manufacture dans la manufacture

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(suite)

«Tout, j'insiste, tout ce qui depuis 1839 est signé Patek, Czapek & Cie - Fabricants à Genève, Patek & Cie - Fabricants à Genève, Patek, Philippe & Cie ou Patek Philippe, on le prend en charge. Ce qui est encore dans les collections est traité par le SAV, le reste part à la restauration», nous ex-plique notre guide Jan-Philip Senger, entré dans la maison en 1964.Tandis qu’il parle, ses bras balaient les lieux où nous nous trouvons. Une centaine d'horlogers y travaillent. Il y a là tous les métiers, de l’horloger praticien à l’horloger rhabilleur, en passant par le restaurateur, l’ache-veur, le régleur, le pivoteur, le bijou-tier, le polisseur, le micro-mécani-cien, l’assembleur, l’emboîteur ou le contrôleur.Toutes les compétences d'une ma-nufacture complète y sont réunies. Mieux qu'une manufacture, ce «ser-vice» de Patek Philippe est aussi un véritable conservatoire des sa-voir-faire de l'horlogerie. On dit par-fois que les cimetières de la Vallée de Joux sont remplis de secrets horlo-gers enfouis à jamais. Au contraire, ici c'est à la passation de ces se-crets du métier qu'on s'adonne. Car quand il s'agit, par exemple, de res-taurer ou de refaire l'axe micromé-trique d'un rouage taillé à la main peu après 1839, nulle CNC ne sau-rait bien y pourvoir.

Restaurer à l’oreille

Allons à la rencontre de Franck Pernet, une des «stars» de cet atelier sans doute unique au monde. Autant son travail exige-t-il la plus extrême concentration, quasi bouddhiste, au-tant l'homme devient volubile et en-thousiaste quand il vous décrit son métier avec une passion débordante. «Quand je fais du pivotage, tous les sens sont en éveil. J'entends le métal, sa sonorité change au micron près et c'est l'oreille qui me dit que c'est bon, que je peux m'arrêter.»

Refaire les axes et les roues est la base du travail de restauration. Car tout démarre par le rouage, cette pièce mobile par excellence qui est le point le plus sensible à l'usure des frotte-ments et à l'oxydation. «Jusqu'aux premières étapes de l'industrialisa-tion, chaque pièce façonnée à la main était une sorte de pièce unique. La standardisation n'est venue que pro-gressivement. Pour restaurer ou re-faire une pièce, il faut donc comme retourner sur les pas de celui qui a fa-

çonné la pièce il y a un siècle ou plus.»Aussitôt dit, il plonge vers son éta-bli pour nous démontrer comment on travaille à l'archet. Il faut, nous dit-on, dix ans ou plus pour maîtri-ser à cette échelle, celle d'un cheveu, cet outil pourtant si ancien qu'est le tour (une invention qui remontrait aux Egyptiens, 1300 ans av. J.-C.). Ancien certes, le tour, mais pour-tant nullement obsolète car il per-met, en l'actionnant avec son archet ou par un moteur, d'accomplir des

tâches imperceptibles à l'œil nu, si microscopiques que seuls l'oreille, l'œil (muni d'une loupe) et la main de l'artisan peuvent les percevoir.Combien sont-ils à maîtriser en-core ce savoir-faire? «Quand je suis arrivé, il y a 22 ans, il y avait deux générations. Puis, plus qu'une. Et aujourd'hui, je suis en train de for-mer deux nouveaux jeunes pivo-tiers!, dit-il avec fierté. Mais notre travail est un travail d'équipe. Tous les métiers y concourent.»

Un stock de pièces pour 150 ansIl n'est pourtant pas donné à tout le monde de manier le «compas aux en-grenages» qui permet de mesurer la distance entre la roue et son pignon adjacent, ou de faire fonctionner le «tour à mandrin», une machine d'apparence très rudimentaire mais qui permet d'accroître dans les trois dimensions la précision de position-nement des roues, pignons et échap-pements, ou encore de pratiquer l'anglage en sachant quelle lime em-ployer, de quel bois ou de quel métal, pour angler et polir platines et ponts, le polissage à plat, l'arrondissage… et tant d'autres métiers dont certains ont failli parfois tomber dans l'oubli.Les gestes et les outils ainsi conser-vés forment comme un trésor vi-vant. Mais un deuxième «trésor» est renfermé juste à côté, dans des ar-moires, des layettes de bois, des ti-roirs. «L'immense avantage que

nous avons est que Patek Philippe est une manufacture qui n'a jamais connu d'interruption depuis sa créa-tion et nous n'avons jamais jeté quoi que ce soit. Nos tiroirs sont remplis de composants d'époque, volontai-rement fabriqués en excédent, des ébauches datant de dizaines et de di-zaines d'années, que nous terminons aujourd'hui. Nous pouvons ainsi cou-vrir 90% à 95% de nos besoins en res-tauration. Ce qui viendrait à man-quer, nous le refabriquons. Il faut savoir aussi que chaque montre fabri-quée par Patek Philippe est réperto-riée dans nos archives et les numéros de référence des boîtiers et des mou-vements permettent d'assurer le suivi de l'historique de chaque montre, ce que nous appelons son 'carnet de san-té'», insiste Jan-Philip Senger.Il poursuit: «Nous avons un stock de composants pour 150 ans, cela re-présente 6 à 8 millions de compo-sants. Pérenniser un stock de four-nitures, sans même parler des outils également conservés, coûte cher mais ça n'a pas de prix!»Alain Battmann, ancien responsable de l'Atelier Restauration (mais tou-jours à son poste qu'il ne semble pas vouloir quitter), nous explique com-ment l'Atelier s'est peu à peu struc-turé: «Avant, ça s'appelait le rhabil-lage mais, après le boom incroyable que nous avons eu dès le début des année 1990, où tout à coup des mil-liers de gens se sont rendus compte qu'ils avaient peut-être un trésor dans la vieille Patek Philippe de leur grand-père, nous avons reçu une

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avalanche de pièces. Dès lors nous avons séparé l'atelier en deux par-ties: tout ce qui date de 1839 à 1970 et de 1971 à aujourd'hui.»Et de nous détailler les opérations ici accomplies: «Il faut examiner la

pièce, commencer par la nettoyer, la démonter en conservant le maxi-mum de composants, évaluer ce qui peut être conservé et ce qui de-vra être changé, établir le devis puis, une fois celui-ci accepté, refaire les rouages, repivoter les composants, les donner à l'horloger pour qu'il les assemble, repolir les aciers à la main, huiler, traiter le balancier/spi-ral pour la remise en marche, le ré-glage… De même avec l'habillage, changer la couronne, rafraîchir ou refaire le cadran, polir puis contrô-ler le tout, avant et après emboîtage, soit deux fois 18 jours uniquement pour les contrôles...»

Laisser la pièce «dans son jus»Tout comme en architecture, la res-tauration a ses écoles de pensée: certains jugent plus juste de lais-ser apparentes les traces du temps, d’autres s’ingénient à vouloir tout ef-facer. Chez Patek Philippe, la règle exige que l’on change le moins pos-sible de composants afin de laisser la pièce «dans son jus» historique.Il y a vingt ans, la sensibilité des col-lectionneurs n’était pas la même et souvent tout était repoli. Aujourd’hui, semble-t-il, les collectionneurs ai-

ment à conserver des traces du pas-sage du temps sur leurs pièces. Mais quoiqu’il en soit, Patek Philippe cherche toujours à coller le plus pos-sible à l’état d’origine. Par exemple, les axes de pignon sont ce qui casse en premier. Généralement, grâce aux stocks, les horlogers de l’Atelier les re-font à partir d’ébauches semi-finies. Mais si une telle ébauche n’existe plus, alors ils redessinent ce minuscule élé-ment et l’insèrent dans la roue de pi-gnon qui, elle, a pu être conservée.De façon identique pour l’habille-ment, la «manufacture dans la ma-nufacture», équipée de toutes les machines possibles et imaginables,

est à même de tout refaire, souder, boucher un trou, polir… Un trai-tement obligatoirement personna-lisé car, comme le dit un horloger à son établi, «chaque montre a eu sa propre vie, est passée entre les mains de différents propriétaires, a parfois été «réparée» tant bien que mal à l’autre bout du monde… Chaque montre a donc son visage, sa personnalité, sa propre émotion, si l’on peut dire.»

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Aujourd'hui, les collectionneurs aiment conserver des traces du passage du temps sur leurs pièces.

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Le service client que vous dirigez est-il considéré par Patek Philippe comme un centre de profits?

Non, absolument pas. Nous ne sommes même pas à l’équilibre et nos tarifs ne couvrent souvent pas les coûts véritables. Nous perdons de l’argent mais notre priorité ab-solue est la satisfaction du client. Si vous voulez transformer votre SAV en centre de profits, alors vous devez l’industrialiser. Ici, il n’y a pas d’in-dustrialisation. Je n’ai pas la préten-tion de dire que c’est le meilleur ser-vice après-vente au monde mais il est certain que nous avons des com-pétences uniques et qu’une pièce qui passe dans nos services voit sa va-leur augmenter. Cette notoriété a été gagnée par notre éthique de la res-tauration. Ici, on ne fait pas de «bri-colage».

Comment sont organisés vos ser-vices à travers le monde?

Nous avons 56 centres de service agréés à travers le monde qui em-ploient environ 250 personnes dont deux tiers sont des horlogers, les autres du personnel administratif et logistique. L’année dernière, nous avons pratiqué 84'000 interventions dont 30'000 révisions complètes. Un chiffre qui augmente de 7% à 10% par an et qui représente bien plus que notre production annuelle (soit aujourd’hui 58’00 pièces, ndlr).

On entend souvent parler de longs délais pour le SAV…

Oui, les délais peuvent paraître longs mais on assume car c’est justifié non seulement par notre approche arti-sanale pleinement revendiquée mais aussi par le niveau de qualité de notre travail. Les mêmes critères de réglage et de contrôle que pour la production normale sont appliqués. Mais je peux vous assurer que nos clients le com-prennent parfaitement et nous avons très peu de réclamations au sujet des délais, qui peuvent être d’un mois à un an, selon les «problèmes» de la pièce et son état. Il nous arrive des

montres qui ont fait de longs séjours dans l’eau, par exemple… Par ail-leurs, quelle que soit l’intervention, la montre repart avec une garantie de douze mois.

Particulièrement frappant est le ni-veau de votre stock de composants. Il y en a pour 150 ans, semble-t-il…

Oui, nous conservons tout, compo-sants, plans, outillages, avec un ob-jectif quasiment impossible à rem-plir: avoir zéro rupture. Bon, on y arrive à 90% à 95%, ce qui est déjà énorme. Chaque fois que la produc-tion d’une ligne de pièces est arrê-tée, nous produisons en plus tous les composants qui nous couvriront pour les 35 à 40 prochaines années.

Cela coûte cher mais la qualité de nos services est à ce prix. Ceci dit, cette qualité tient aussi à notre effort constant de préservation et de déve-loppement de nos compétences les plus pointues. Nous ne conservons pas seulement les métiers et ne ré-cupérons pas seulement les vieilles machines, mais nous pérennisons les compétences humaines en for-mant de jeunes horlogers qui pour-ront prendre le relais.

Et comment organisez vous cette formation, ici à Genève et dans vos services internationaux ?

Notre équipe de formation est ba-sée à Genève et, à partir du Niveau 2(*) de la formation, tout se fait ici. Nous formons 200 personnes par année et cette formation est adaptée selon le mix de produits que traite le service d’où vient l’horloger. Nous

pratiquons aussi régulièrement ce que nous appelons des «refresh», soit des remises à niveau. Et quand sort une nouvelle collection, les re-tours éventuels passent obligatoi-rement par Genève au cours de la première année voire plus. C’est un retour d’expérience dont profite toute la Manufacture.

Et comment vous assurez-vous de la qualité du travail effectué dans vos centres à travers le monde ?

Nous effectuons un audit par an de chaque centre de services pour éva-luer non seulement la qualité des ré-parations effectuées, mais aus-si celle de la réception du client, du contact, de la façon dont les pièces lui sont retournées. Et récemment, nous avons introduit aussi des «vi-sites mystère». Nous sommes intrai-tables sur ce point car le service est une des dix valeurs Patek Philippe inscrites dans le marbre de notre his-toire (soit: Indépendance, Tradition,

Innovation, Qualité & Bienfacture, Rareté, Valeur, Esthétique, Service, Emotion, Héritage, ndlr).

(*) Les quatre niveaux de formation:• Niveau Quick service, pour horloger point de vente (1 semaine)• Niveau 2 Calibres simples quartz et mécaniques (4 semaines)• Niveau 3 Calibres compliqués (4 semaines)• Niveau 4 Grandes complications (4 modules de 3 à 4 semaines chacun)

Laurent Cantin est le Directeur du Service Client International de Patek Philipe. Nous avons rencontré cet homme affable et visiblement passionné par son métier pour en savoir plus sur l’organisation internationale de ses services.

«Si vous voulez transformer votre SAV en centre de profits, alors vous devez l’industrialiser. Ici, il n’y a pas d’industrialisation.»

Une pièce qui passe dans nos services voit sa valeur augmentée. Ici, on ne fait pas de bricolage.

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propos recueillis par Serge Maillard

Difficile de s’entendre sur le stand d’IWC au SIHH, sous les vrombis-sements d’avions! Il faut dire que la collection de Montres d’Aviateur est mise à l’honneur au sein de la marque schaffhousoise cette année. C’est en 1936 que celle-ci lance sa première montre pour aviateur. La décennie 2000 voit une forte résur-gence de cette catégorie de modèles, via la série des Spitfire, les éditions

spéciales en hommage à Antoine de Saint-Exupéry, le chronographe Top Gun. En 2016, IWC étend considéra-blement sa gamme de Montre d’Avia-teur avec ses modèles «Heritage 55» et «Heritage 48», de nouvelles montres consacrées au père du Petit Prince, ainsi que la série des Mark XVIII ou encore la Montre d’Avia-teur Automatic 36, la plus petite de la collection. Des modèles qui se veulent proches de leurs prédé-cesseurs des années 1930, en phase avec l’esprit empreint d’histoire qui a accompagné le cru 2016 du SIHH. Rencontre avec Franziska Gsell, res-ponsable marketing de la marque.

Quels sont les points forts mar-keting de cette année chez IWC? Souhaitez-vous atteindre des clien-tèles spécifiques?

Nous nous concentrons en particu-lier cette année sur notre collection de Montres d’Aviateur. Notre his-toire en lien avec les pilotes remonte aux années 1930. Nous étions par-mi les premières marques manu-facturant des montres pour avia-

teurs. C'est cette histoire que nous devrons mettre en avant d'un point de vue marketing. IWC a introduit de nouveaux modèles dans cette col-lection et nous devons nous assurer que tout le monde le sache! Il nous faut donc trouver une stratégie in-telligente combinant online et of-fline, car tous deux sont importants. Ils sont étroitement reliés.

Vous avez aussi introduit plusieurs modèles féminins...

Je ne parlerais en réalité pas de mo-dèles féminins mais de montres de plus petite taille, qui peuvent être portés tant sur des poignets mascu-lins que féminins. Ces modèles ont du reste la taille des premiers mo-

dèles pour aviateurs – même si au-jourd’hui on aurait tendance à les classer dans la catégorie féminine. A l’époque, on portait des montres plus petites...

Beaucoup de marques s’intéressent aujourd’hui à l’aviation. Richard Mille vient par exemple de lancer un modèle «aviateur». Comment tirer votre épingle du jeu et vous différencier?

Par notre crédibilité et notre pré-sence de 80 ans sur ce créneau. Nous avons été pionniers et les passion-nés de montres sont aussi intéres-sés par l’«histoire» qu’ils achètent. Notre storytelling est aussi basé sur des modèles forts, comme le Spitfire

ou le Top Gun. Une ligne très émo-tionnelle est aussi constituée d'édi-tions spéciales rendant hommage à Antoine de Saint-Exupéry.

Quel est l’âge moyen du client IWC?

Entre 35 et 40 ans. Mais cela dépend vraiment du moment dans sa vie où l’on commence à s’intéresser à l’hor-logerie.

Quel segment de prix vous semble le plus porteur, dans un contexte horloger assez troublé aujourd’hui?

Dans toutes nos gammes, notre ob-jectif est d’offrir de la bonne qualité pour un prix attractif. Cela étant dit, si nous introduisons des prix relative-

ment accessibles pour les nouveaux modèles de la collection de Montres d’Aviateur, c’est aussi pour attirer un public plus jeune. Cela constitue un des objectifs de cette année.

Qu’est-ce que vos activités dans le sponsoring vous apportent réelle-ment?

Tout d’abord il faut distinguer les am-bassadeurs des «amis» de la marque. Nous avons trois piliers importants: le cinéma et les festivals du film; l’au-tomobile, évidemment très reliée aux montres; la responsabilité sociale, comme la Fondation Antoine de Saint-Exupéry. Nous ne sommes pas partout mais nous avons des cibles assez précises. Les «talents locaux» nous apportent beaucoup dans des zones particulières. Les partenariats ne sont jamais des accidents... Ils sont tous liés à nos valeurs.

Quel sera votre plus gros défi mar-keting cette année?

S’assurer que les consommateurs soient au courant des nouvelles gammes que nous lançons. Nous avons une cible bien précise: des clients plus jeunes. Les modèles de la collection de Montres d’Aviateur ont ceci de particulier qu’ils peuvent être portés réellement au quotidien. Ce message doit passer: IWC peut aussi être votre première montre...

En proposant des prix plus accessibles dans sa collection de Montres d’Aviateur, très étoffée cette année, IWC entend prouver que l’on peut porter l’un de ses modèles comme première montre. La nouvelle responsable marketing Franziska Gsell détaille cette stratégie.

IWC: «Nous visons un public plus jeune»

Ces modèles ont du reste la taille des premiers modèles pour aviateurs – même si aujourd’hui on aurait tendance à les classer dans la catégorie féminine.

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par Vincent Satiat et Marc Montagne, toolwatch.io

Le contexte historique: RolexHans Wilsdorf a créé Wilsdorf & Davis en 1905. Visionnaire, il avait pris le pari de développer et de vendre des montres bracelets, produits très rares à l’époque. Les premiers contrats de Wilsdorf consistaient à vendre des montres bracelets aux bijoutiers qui apposaient leurs noms sur les ca-drans. N’étant pas horloger de forma-tion, il se fournissait en mouvements chez Jean Aegler, et en boîtes chez le fabricant Denison.

En 1908, il renomme son entre-prise Rolex, achète son premier atelier d'horlogerie à La Chaux-de-Fonds, et décide de distribuer ses propres montres sous ce nouveau nom. Génie du marketing, il savait que Rolex serait facile à prononcer dans toutes les langues et suffisam-ment court pour être inscrit sur n’importe quel cadran. Pour se développer, Hans Wilsdorf opte pour une stratégie redoutable: fabriquer les montres les plus pré-cises possibles, et en faire des outils de travail. Il est le premier à obte-nir le certificat de précision «Classe A» en 1914 pour ses montres bra-celets (certificat exclusivement ré-servé aux chronomètres de ma-rine à l’époque). En parallèle, il est également le premier à conce-voir une montre bracelet étanche: l’Oyster en 1926 («huître» en an-glais!). Toujours dans cette stra-tégie, la marque a développé des montres de plongée (Submariner), des montres pour scientifiques (Milgauss), des montres pour pi-lotes (GMT), des montres pour aventuriers (Explorer), des chrono-

graphes (Daytona; initialement ap-pelé Le Mans), et enfin des montres pour régates (Yacht Master II).Rolex est devenu célèbre de par sa précision, sa fiabilité, mais aussi ses modèles mythiques, reconnus comme des tool watches.

Le contexte historique: OmegaLouis Brandt a créé le Comptoir d’éta-blissage Louis Brandt à La Chaux-de-Fonds en 1848. Il était spécialisé dans l’assemblage de montres de poche qui étaient reconnues pour leur pré-cision. Cette société a été transmise dans la famille pendant des années, avec toujours la même stratégie de verticalisation dans une ère indus-trielle.L’arrière petit-fils Paul-Emile Brandt a repris la société en 1903 et l’a re-nommée Louis Brandt & Frère – Omega Watch Co. Omega était le nom du «calibre 19», le plus célèbre de l’époque. Mais c’est aussi un sym-bole d’accomplissement et de per-fection en grec. Très vite la société a réussi à fusionner avec Tissot puis Lemania. Un conglomérat est alors né sous le nom de Société Suisse pour l’Industrie Horlogère (SSIH), qui n’était autre que l’ancêtre du Swatch Group.Omega a clairement développé son activité autour de la conception et fabrication de calibres. Le marke-ting n’était pas le fort de la marque jusqu’en 1965, année lors de la-quelle la Nasa a choisi le chrono-graphe Speedmaster pour aller sur la Lune! Depuis lors, la commu-nication d’Omega a pris une tout autre dimension et la marque a commencé à développer des pro-grammes de sponsoring compa-rables à ceux de Rolex.

Rolex versus Omega: une quête de préci-sion, d’innovation et de développement

Chacune avec sa stratégie, Omega et Rolex se sont affrontées sur le terrain de la chronométrie pen-dant des années. Rolex cherchait à démontrer la précision de ses montres dans leur globalité quand Omega se concentrait davantage sur la précision des mouvements.

Toutes deux ont reçu de nombreux prix mais c’est Rolex qui a obtenu le premier prix de précision pour une montre bracelet en 1910. Omega, de son côté, a reçu un prix similaire en 1919 seulement.Les deux marques horlogères ont toujours été très impliquées dans le développement de standards de chronométrie. Elles ont constam-ment développé de nouvelles normes pour améliorer la précision des garde-temps et se rapprocher d’une précision mécanique absolue.Toujours dans cette quête de pré-cision et fiabilité, Rolex a récem-ment introduit l’extension de ses garanties jusqu’à cinq ans pour l’en-semble de ses montres (quand la moyenne de l’industrie est de deux

ans!). Rolex améliore constamment sa fiabilité grâce à ses programmes de R&D et à l’introduction régu-lière de nouveaux matériaux et in-novations techniques dans la fabri-cation de ses montres.Dans cette compétition pour l’excel-lence horlogère, Omega a introduit en 1999 un tout nouvel échappement révolutionnaire: le «Co-Axial», per-mettant de réduire les problèmes liés à la viscosité des huiles au sein des calibres. Ce nouveau calibre a consti-tué un grand pas en avant, vers da-vantage de fiabilité et de précision dans le cycle de vie des calibres.

Rolex versus Omega: la guerre de la précisionPour aller encore plus loin, les deux mastodontes horlogers ont récem-ment annoncé de nouvelles normes dans les certifications horlogères, ga-ranties via de nouveaux certificats.En 2014, Omega a lancé les hostili-tés en introduisant un nouveau cer-tificat ouvert à tous, développé avec l’Institut National de Météorologie: le METAS. Bien entendu, elle était

la première (et seule à ce jour…) à remplir les conditions exigées mais n’importe quel horloger pourra être éligible en remplissant des condi-tions drastiques, telles la résistance à 15’000 gauss (15 fois plus que la Milgauss de chez Rolex!) pour la montre et le mouvement, ou en-core une précision comprise entre 0 et 5 secondes par jour. A ce jour, la Globemaster ainsi que quelques modèles Speedmaster détiennent cette certification.Le défi était donc lancé à Rolex, qui a annoncé en 2016 un nou-veau standard pour ses montres, le «Superlative Chronometer», en améliorant les critères du COSC avec une précision comprise entre -2 et +2 secondes par jour: mieux donc que le COSC, mais également 20% mieux que le METAS! Et ceci pour tous les calibres Rolex...Grâce à leurs innovations, Rolex et Omega contribuent à améliorer les benchmarks dans l’industrie horlo-gère. Ils poussent toujours plus loin les critères de précision et forcent les concurrents à s’améliorer. En définitive, ces mastodontes horlo-gers offrent au Swiss made un sym-bole de précision et d’autorité dans l’univers horloger.

Rolex versus Omega: dès que l’on parle d’horloge-rie, une majorité de personnes, même «profanes», pensent immédiatement à ces deux marques iconiques. Comment sont-elles devenues si universelles et comment s’affrontent-elles dans la quête de l’ultime précision mécanique? Analyse.

Course à la précision entre Rolex et Omega

Toutes deux ont reçu de nombreux prix mais c’est Rolex qui a obtenu le premier prix de précision pour une montre bracelet en 1910. Omega, de son côté, a reçu un prix similaire en 1919 seulement.

En 2014, Omega a lancé les hostilités en introduisant un nouveau certificat ouvert à tous, développé avec l’Institut National de Météorologie: le METAS.

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EUROPA STAR PREMIÈRE | 7MARQUES

par Joël PynSon et SébaStien chaulMontet

Le chronographe «vintage» a tout pour plaire aux amateurs de montres anciennes: un design fort, un look autant technique que statutaire, et des dimensions souvent confor-tables très en vogue de nos jours. Si l’on ajoute qu’ayant été fabriqué en grande quantité sur la base de mou-vements standardisés, il est facile-ment réparable, on a alors la recette d’un succès désormais planétaire. Les fabricants de chronographes tou-jours en activité aujourd’hui l’ont bien compris et puisent à l’envi dans leurs archives pour ressusciter avec plus ou moins de bonheur des mo-dèles qui ont fait leurs beaux jours.

Les nouvelles voies de la connaissance Au XXIe siècle, la quantité d’infor-mations disponibles à tout humain disposant d’un clavier connecté est proche de l’incommensurable. Mais il s’agit d’une information horizon-tale où prime la redondance: les in-formations, souvent formatées par

des services marketing affutés, sont reprises de site en site, de blogs en blogs, et des erreurs grossières ou de petits arrangements avec l’his-toire deviennent vérités intangibles car solidement ancrées dans les ré-seaux sociaux – à défaut d’être neu-ronaux, ceci étant dit pour enfoncer le cloud! Cette réverbération média-tique ne profite de plus qu’à quelques marques «élues» et que très rarement aux marques défuntes, faute de lob-byistes actifs.Dans cet océan horizontal, des amateurs éclairés ont créé des puits de connaissance. Ce sont les sites experts, ultra-spécialisés dans une marque, voir un seul modèle d’une seule marque. Un travail de béné-dictin, pour paraphraser Marco Richon évoquant dans son ouvrage les différentes versions de l’Omega Speedmaster, et recensant les cen-taines de variantes de cadrans, d’ai-guilles, de lunettes, de boîtes et de bracelets. L’information est riche, vérifiée, recoupée et confrontée à de multiples sources. L’amateur y trouve son bonheur, au prix toute-fois d’une vision forcément limitée de l’univers horloger. Et d’un risque inattendu…

De l’hyper-spécialisation à l’hyperspéculationPour peu qu’un modèle de montre, et de chronographe en particulier, ait été produit en grande quan-tité – ce qui est le cas du qua-tuor Navitimer, Daytona, Carrera, Speedmaster –, l’existence de nom-breuses variantes implique la rareté de certaines d’entre elles. Certains pratiquent alors l’apologie de la petite différence pour justifier des prix exorbitants pour des modèles en-soi identiques, à quelques dé-tails près. Cette hyperspécialisation a aussi engendré une envolée géné-rale des prix.

Ces chronographes «mythiques» ont ainsi quitté le monde des «pe-tits» collectionneurs pour deve-nir objets de spéculation, avec son côté sombre: la contrefaçon. Alors qu’il y a une vingtaine d’années, on pouvait encore acheter en toute confiance un chronographe ancien, ce temps de l’insouciance est au-jourd’hui malheureusement révolu. Il est à présent fortement conseil-lé de connaître très précisément toutes les caractéristiques et les dé-tails de la montre que l’on désire acquérir avant de passer à l’acte. Et peut-être aussi de se poser une simple question de bon sens: quelle valeur peut ou devrait avoir un ob-jet certes élégant et désirable mais fabriqué industriellement à des milliers d’exemplaires…On peut aussi tenter de sortir des sentiers battus, aller voir ces cu-rieux chronographes qui foisonnent mais qu’on néglige faute de vrai-ment connaître le nom sur le ca-dran ou parce que l’on ignore à quoi servent tous ces poussoirs… Pourquoi avoir peur d’un monde si riche d’histoire?

Un monde à (re)découvrir Car indéniablement l’histoire hor-logère du XXe siècle est riche. C’est au XXe siècle que la montre est pas-sée de la poche au poignet, qu’elle est devenue étanche, antimagnétique, automatique, chronométrique et…démocratique.Mais cette histoire n’est toujours pas écrite. Il faut donc, avec un peu de rigueur et surtout beaucoup de pa-tience, se plonger dans la littéra-ture d’époque pour pister les his-toires d’entreprise, les présentations de nouveaux modèles, les modifica-tions de raison sociale, les succès aux expositions nationales et internatio-nales, qui ont émaillé les parcours souvent mouvementés des fabricants horlogers célèbres ou oubliés.Et l’on redécouvrira alors que le chronographe-bracelet existait déjà en 1909, que Vénus optait pour un superbe cadran régulateur en 1935, que Bovet inventait la rattrapante pour tous l’année suivante, que Geneva Sport proposait un chro-nographe pour dames en 1937, que Movado inventait le calibre modu-laire avec l’aide des fils de Victorin Piguet en 1938, qu’Angélus mettait la date en série sur ses chronographes avant tout le monde en 1942, que le Navitimer avait bien failli ne pas exis-ter, que Mathey-Tissot fabriquait les plus beaux chronographes type 20, qu’il existait de surprenants chro-nographes sans poussoir en 1955, qu’on devait le El Primero à Zenith mais aussi à Movado, et que le pre-mier chronographe automatique à affichage digital datait de 1973. Et ces montres, qui ont de belles histoires à raconter, sont souvent faciles à dé-nicher et encore abordables. Pour peu qu’on associe l’amour des belles montres à un peu de curiosité.

Joël Pynson et Sébastien Chaulmontet sont les auteurs du livre Chronographes de Collection aux éditions Time To Tell. Le livre est disponible sur le site www.time2tell.com.

Les chronographes des années 1950 et 1960 figurent aujourd’hui parmi les montres les plus recherchées par les collectionneurs. En tête, les Omega Speedmaster, Breitling Navitimer, Rolex Daytona et autre Heuer Carrera font l’objet d’une quête effrénée et d’une intense spéculation. L’histoire du chronographe suisse ne se limite pourtant pas à ces quelques modèles: elle est au contraire d’une surprenante diversité pour peu qu’on ait la curiosité de s’y intéresser.

Chronographes de collection: éloge de la diversité

Certains pratiquent alors l’apologie de la petite différence pour justifier des prix exorbitants pour des modèles en-soi identiques, à quelques détails près.

On redécouvrira que le chronographe-bracelet existait déjà en 1909, que Vénus optait pour un superbe cadran régulateur en 1935, que Bovet inventait la rattrapante pour tous l’année suivante, que Geneva Sport proposait un chronographe pour dames en 1937

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Huit collectionneurs et passionnés d’horlogerie auront l’opportunité de vivre en novembre une immer-sion de deux jours dans l’univers horloger de très haute facture de A. Lange & Söhne, à Zurich. Les can-didatures sont désormais ouvertes. Un événement en partenariat avec Europa Star que les vrais connais-seurs ne doivent absolument pas manquer!

Les 17 et 18 novembre prochains, un groupe restreint de huit ama-teurs d’horlogerie (connaisseurs et collectionneurs) aura l’occasion de participer à un événement unique: la VIP Akademie organisée par la marque de prestige et de tradi-tion A. Lange & Söhne à Zurich. Tous les passionnés d’horlogerie peuvent déposer leur candida-ture à cette session de deux jours dont tous les frais seront pris en charge par la marque. Les candi-dats seront notamment sélection-nés sur la base de leur collection mais aussi de la date du dépôt de leur candidature. Plus de temps à perdre!«Le but de cet événement exclu-sif est de permettre à des connais-seurs et des collectionneurs de

s’initier à l’excellence de l’horloge-rie saxonne, explique Luca Dondi, Brand Director pour l’Europe et la Russie/CEI chez A. Lange & Söhne. Durant deux jours, ils en-dosseront la blouse de l’horloger et du graveur et verront de leurs propres yeux le degré de soin ex-trême requis pour concevoir nos garde-temps, qu’il s’agisse d’assem-bler un mouvement Lange ou d’exé-cuter des gravures sur le pont de balancier. Le tout dans l’environ-nement à la fois chaleureux et pro-fessionnel d’une maison exclusive comme la nôtre.»

Un concept qui a fait ses preuvesPour la première fois mis en place en Suisse, dans le temple de l’horlo-gerie mondiale, le concept de la VIP Akademie est né en Italie en 2011, à Milan, avec le soutien des équipes venues de Glashütte. La session de Zurich sera d’ailleurs menée par Joanna Lange en personne, qui sera accompagnée d’un horloger expé-rimenté et de l’un des six graveurs qui font de chaque modèle Lange une œuvre d’art unique.

«Nous voulons partager notre pas-sion pour l’horlogerie avec des per-sonnes qui parlent le même langage que nous: des femmes et des hommes passionnés de montres, qui choi-sissent leur garde-temps pour leur qualité et leur innovation, poursuit Luca Dondi. Le fait d’organiser la VIP Akademie en Suisse cette année est intéressant, car nous donnerons aux connaisseurs la possibilité d’étudier les différences entre l’art horloger suisse et saxon. Je suis convaincu que cette expérience sera très enrichis-sante pour eux. Et nous avons déjà beaucoup de demandes pour étendre ce concept en Espagne, au Portugal ou encore au Royaume-Uni.»

«Un événement de classe mondiale»Europa Star a justement eu la chance de rencontrer un partici-pant d’une précédente édition de la VIP Akademie, qui nous a li-vré ses impressions. Basé à Zurich, W.G. (par souci de confidentialité, nous l’appellerons par ses initiales seulement) a participé à l’édition de Paris de la VIP Akademie de A. Lange & Söhne en 2014. «J’y ai

été invité par le détaillant Beyer de Zurich, en tant que collectionneur de modèles de cette manufacture.»Sa première montre de A. Lange & Söhne? Une Lange 1 Time Zone. «J’ai toujours été intéressé par l’horlogerie. Il y a quinze ans, alors que je me pro-menais à Zermatt, j’ai vu cette montre et j’en suis tombé amoureux. Ce que j’apprécie de manière générale chez A. Lange & Söhne, c’est le design alle-mand clair et net. Par ailleurs, j’ai une formation scientifique, en géologie et physique, et je suis attiré par la préci-

sion mécanique et l’élégance. J’ai aussi eu la chance de visiter la manufacture de Glashütte et j’ai vu à quel point les employés sont impliqués dans leur mission et fiers de leur production.»Aujourd’hui, il possède une Lange 1 Time Zone, une Datograph AUF/AB (Power Reserve), une Grand Lange 1 Lumen, une Saxonia Annual Calendar et sa femme porte un mo-dèle Saxonia. Le passionné est aus-si «connecté», puisqu’il arbore en permanence une A. Lange & Söhne au poignet gauche et une... Apple Watch au poignet droit. «Je n’ai pas acquis ces modèles comme un véhi-cule d’investissement mais en étant conduit par une passion sincère. Et je porte toutes mes montres: chaque se-maine, j’en choisis une différente se-lon mon humeur, elles ne restent pas endormies dans un coffre-fort!»Les événements organisés par A. Lange & Söhne sont de classe mon-diale, estime-t-il: «Dès l’accueil par limousine à la gare, nous avons été pris en charge à la perfection. Nous logions au prestigieux hô-tel Le Meurice à Paris. Le premier soir, un apéritif a réuni tous les par-ticipants, venus des quatre coins du monde, du Japon à la France. Dès le lendemain matin, la VIP Akademie a débuté. Mon épouse participait au programme parallèle organisé pour les accompagnants. Notre journée a commencé par une présentation des montres et de l’univers A. Lange & Söhne. Un professeur est égale-ment venu nous donner une confé-rence sur l’histoire de l’horlogerie en France. Ensuite, nous avons été initiés au fonctionnement du mou-vement et à la réalisation de ses fi-nitions. Puis, nous avons enfilé la blouse de l’horloger! Nous avons ré-alisé des finitions de mouvements en acier et en argent. Il s’agit d’être très méticuleux... Je dois dire que j’ai éreinté quelques composants!» Le deuxième jour, les participants ont eu droit à une visite guidée à tra-vers Paris, placée sous le thème de l’horlogerie. Le soir, une réception a eu lieu Place Vendôme. A la fin de la session, les participants ont tous obtenu un diplôme d’horloger. Un livre personnalisé a également im-mortalisé tous les points forts de l’événement: «Cela nous laisse une trace physique, que je consulte ré-gulièrement!»

8 | EUROPA STAR PREMIÈRE EXCLUSIF

A. Lange & Söhne La VIP Akademie, un événement horloger unique en Suisse

COMMENT VOUS INSCRIRE?Pour avoir une chance de figurer parmi les huit participants

à la VIP Akademie de Zurich organisée par A. Lange & Söhne les 17 et 18 novembre à Zurich,

téléchargez le formulaire de candidature à l’adresse suivante:

www.alange-soehne.com/VIP-Akademie_CH

Pour toute question ou précision supplémentaire, vous pouvez contacter A. Lange & Söhne via l’adresse email:

[email protected] ou en appelant le +41 52 630 00 16 (entre 10h et 17h les jours de semaine).

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10 | EUROPA STAR PREMIÈRE MARQUES

par laurence Janin, fondatrice du blog laur’loge, www.laurloge.com

Entre sexe et genre, rappelons que le premier relève du biologique, le se-cond du culturel et de la construc-tion sociale. Simple… si l’on omet certains garde-temps testostéronés à la virilité exacerbée! De tous temps, l’horlogerie a pris plaisir à brouiller les pistes. Historiquement, le pre-mier clivage qu’opère la montre de poche est social. Longtemps réser-vée à une élite (hommes et femmes confondus), il faut attendre la fin du 19ème siècle pour que son usage se généralise. Associé à des métiers d’homme, qu’il s’agisse de la montre de guerre des soldats de 1870 ou du chronographe médical, l’objet revêt alors une connotation masculine. Mais bientôt la montre bracelet, ini-tialement conçue pour les femmes, se révèle si fonctionnelle qu’elle em-porte le consensus et avec lui la question du genre. Classique et de petite taille, la plupart des marques

partageant le même vivier de four-nisseurs de boîtiers, elle s’adapte in-différemment à tous les poignets.

Distinction marketing«La distinction entre montres hommes et femmes est réellement apparue avec l’avènement du marke-ting», explique Marco Borraccino, responsable de la chaire en de-sign horloger de la HEAD-Genève (Haute Ecole d’art et de design). Une notion récente donc, qui a ouvert la voie à des stéréotypes dans les deux registres. Si l’on a pu frôler la cari-cature au cours des deux décennies passées, le curseur est aujourd’hui revenu à un juste milieu. Et même parfois à une forme d’entre-deux.Imaginée entre la Californie et la côte basque, March LA.B se po-sitionne clairement comme une marque horlogère pour hommes d’inspiration vintage. Pourtant, ses

co-fondateurs réalisent bien vite que l’un des modèles phare, l’AM 59, est acheté à 50% par les femmes. Surpris et ravi de cette clientèle non escomptée, Alain Marhic ne prend pas de gants à l’heure d’ana-lyser ce phénomène: «L’offre fémi-nine est souvent affligeante, avec des montres maquillées comme des voitures volées. En matière de créa-tion, soyons décomplexés mais aussi ancrés dans la réalité. De l’élégance avant tout.» Cette fameuse élégance, entre épure du design et justesse des proportions, qui fait que tant de femmes empruntent (ou s’offrent) la montre de leur conjoint.

«Dégenrement» en coursPour Nicolas Boutherin, co-fonda-teur de Klokers, la question du genre n’a jamais fait partie de la grille de lecture de la marque. «Nos montres sont inspirées par des objets du quo-tidien, telle la règle à calcul, comme ils pourraient l’être d’un poudrier ou d’un flacon de parfum. Si distin-guo de genre il y a, les autres le font pour nous. Nous, nous ne raison-nons pas ainsi.» Avec sa tête qui se clipse, se déclipse et se partage vo-lontiers, la montre Klokers invente une gestuelle entre rituel du briquet Zippo et mythologie d’une Reverso.

Polysensorielle, transgénération-nelle, elle s’inscrit dans une brand culture globale, toujours plus «dé-genrée».Ainsi, vingt ans après le lancement du premier parfum mixte CK One, Calvin Klein vient de renchérir avec CK2, arguant du fait que le XXIème siècle est celui du partage, dans un monde ultra connecté qui gomme les différences. Chez Gucci, les sil-houettes androgynes du défilé au-tomne-hiver 2016/17 ont foulé aux pieds la mode hyper sexuée des pré-décesseurs d’Alessandro Michele, qui prépare déjà sa première col-lection mixte pour 2017. «Les gens de tous âges et de toutes origines se construisent une identité propre de

façon plus libre que jamais. En consé-quence, les modèles de consom-mation ne sont plus définis par des critères démographiques «tradition-nels» comme l’âge, le sexe, la région, le revenu, le statut familial ou autre», décrypte le site Trendwatching.

Rationalisme esthétique et minimalismeAvec une croissance de 30% en 2015, un chiffre d’affaire et un nombre de collaborateurs ayant doublé ces trois dernières années, la marque alle-mande Nomos se défend de surfer sur la (juteuse) tendance. Depuis sa fondation en 1990, explique-elle, la création s’appuie sur un postulat de design fort et de mécanique irrépro-chable. Ce rationalisme esthétique s’inspire de différents courants al-lemands, le Deutscher Werkbund, l’Ecole d’Ulm, voire un soupçon de Bauhaus. La «touche berlinoise» qui se manifeste entre autres par des partis pris de couleurs (vert ou bleu décapants, un champagne en écho à la célébration du lance-ment du nouveau calibre maison), contrecarre la rigidité du propos. Surprise sur le site de la marque: les douze familles de modèles sont proposées sous les rubriques gé-nériques de «montres» et «collec-tions», sans aucune autre distinc-tion. Interrogée, Nomos répond: «Nos clients n’ont pas besoin d’être guidés pour faire leur sélection».Autre succès considérable, celui de la marque Daniel Wellington du Suédois Filip Tysander qui mix(t)estyle scandinave minimaliste et influence preppy. Fonctionnalités de la montre réduites à la portion congrue et bracelet NATO aux cou-leurs primaires sont plébiscités par une génération ni triste, ni gaie, que l’on pourrait décrire comme «affec-tivement neutre» pour reprendre l’expression du philosophe Maurice Merleau-Ponty. Est-ce à dire que les montres (sciemment ou non) dé-genrées ont un bel avenir commer-cial devant elles?

Un leurre commercial?Et si le débat n’était pas là: la question ne serait-elle au final qu’un «voile de fumée», pour reprendre les mots d’Elizabeth Fischer, responsable de la filière mode et accessoires à la HEAD-Genève? Car selon elle, l’es-thétique de ces montres «no gender» répond aux archétypes masculins. L’androgynie renvoie au corps idéal, celui du héros, et non de l’héroïne, qui allie grâce et force dans un par-fait équilibre. «L’homogénéisation de la mode s’effectue sur une base masculine, estime encore Elizabeth Fischer. La tendance unisexe ac-tuelle est un leurre du point de vue sociétal et ne répond qu’à la loi du marché.» Pour autant, la vi-sion binaire homme-femme évolue. Les lignes sont en train de bouger. Demain est un autre genre.

Il ne saurait être ici question de diplomatie mais de genres, avec la montée en puissance de montres dites mixtes ou neutres. Si l’expression froisse nos oreilles, force est de constater que l’horlogerie «non différenciée» séduit. Et plus si affinités.

Neutralité bon chic bon genre

March LA.B se positionne clairement comme une marque horlogère pour hommes d’inspiration vintage. Pourtant, ses co-fondateurs réalisent bien vite que l’un des modèles phare, l’AM 59, est acheté à 50% par les femmes.

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Sous les projecteurs MARQUES

par Serge Maillard

Christophe Claret ou Frédéric Jouvenot ont démontré que l’on pouvait être sous-traitant avant de se lancer avec une marque horlo-gère en son nom propre. D’autres, comme Stéphane Greco ou l’équipe de Mauron Musy, leur ont emboî-té le pas. C’est au tour du sertis-seur genevois Shant Ghouchian de se lancer. Passé par Patek Philippe, il a fondé en 2008 la société de sous-traitance appelée Jewelry & Watch Setting (JWS), qui fournit de grands noms de l’horlogerie et de la joaillerie.«Il y a quatre ans, j’ai commen-cé à dessiner les premiers croquis de mes propres lignes de montres mais aussi de bijoux», explique l’en-trepreneur. La marque Gvchiani est née l’an passé et une première ex-position de son horlogerie a eu lieu en mai à la bijouterie Luna’s à Nyon. Son premier modèle, la Big Square, se distingue par un boîtier rectan-gulaire ornée de chiffres surdimen-sionnés, dont la glace saphir forme

un X plongeant sur le cadran de ce chronographe. «L’idée était de sor-tir du format de boîtier rond tradi-tionnel. Et au-delà de ses qualités esthétiques, la forme en X reflète aussi la part d’inconnu et mon sta-tut de nouveau venu dans la créa-tion horlogère.»

Croissance prudente

Les dimensions sont pour le moins volumineuses avec un diamètre de 49 mm sur 50 mm et 15 mm d’épaisseur. Les montres, assem-blées à Meyrin, battent au rythme du chronographe mécanique à re-montage automatique 7750 d’ETA. La Big Square, dont le prix public est de 9'100 francs pour la version en titane (limitée à 83 exemplaires), se décline également en versions grise, noir et or rose.Shant Ghouchian, qui cherche ac-tuellement des détaillants, vise en particulier une clientèle des pays de l’Est ou du Moyen-Orient. «La Côte d’Azur serait un bon point d’ancrage.

J’entends aussi passer par des événe-ments privés. Je n’ai pas l’ambition d’une croissance folle: si je vends 50 montres et peux déjà rentabili-ser les investissements et mettre un pied dans l’horlogerie en tant que marque, j’en serais très content.» En attendant des modèles sertis, sa spé-cialité d’origine après tout!

Gvchiani, l’horlogerie XXL

Le sertisseur genevois Shant Ghouchian se lance avec sa propre marque, dont il dévoile le premier modèle, Big Square, à la forme singulière.

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«L’idée était de sortir du format de boîtier rond traditionnel. Et au-delà de ses qualités esthétiques, la forme en X reflète aussi la part d’inconnu et mon statut de nouveau venu dans la création horlogère.»

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12 | EUROPA STAR PREMIÈRE DOSSIER SOUS-TRAITANCE

propos recueillis par Serge Maillard

Vous fêtez les 15 ans de votre sa-lon cette année, ce qui vous donne à la fois de la longévité mais aussi de la légitimation dans un secteur très cyclique. Comment allez-vous marquer le coup?

Barthélémy Martin: Cette célébra-tion prendra plusieurs formes. L’une des initiatives les plus importantes consistera en un regard sur l’avenir: nous présenterons le premier jour du salon les résultats d’une vaste enquête sur les attentes des jeunes Suisses (15-25 ans) par rapport à la belle montre mécanique. Il faut pré-parer le monde de demain!

Dans ce cadre, cherchez-vous éga-lement à déterminer leur position face aux nouvelles montres connec-tées? Et la sous-traitance suisse a-t-elle un rôle à jouer sur ce créneau?

André Colard: Bien entendu. Vous savez, cela fait 50 ans que je suis dans le métier et j’ai connu une énorme di-

versité de techniques, de savoir-faire ou de matériaux. En tout état de cause, les sous-traitants suisses dis-posent déjà de nombreuses com-pétences en matière de connexion. Dans les années 1970 avec le quartz, on avait déjà cru que c’était la fin du monde. Or, la force de la sous-trai-tance, c’est sa capacité d’action, de ré-action et de résilience. Les Suisses ont bien des atouts par rapport aux acteurs étrangers. Et pour la première fois, Apple est en régression quant aux ventes de l’iPhone. Le positionnement de la clientèle évolue et ces technologies ont aussi certaines limites de pro-gression, elles atteignent un plafond technologique. De plus, l’immer-sion dans la vie privée des technolo-gies numériques est de plus en mal vécue: un rejet qui pourrait profiter à la montre mécanique. Quel que soit le produit, il faudra savoir le fa-briquer en Suisse!

Une autre grande évolution pour la sous-traitance horlogère, qui en-trera en vigueur l’an prochain, est la nouvelle législation Swissness.

Quelles en seront les conséquences pour les fournisseurs suisses?

Olivier Saenger: Elles vont dans le bon sens mais demanderont un ef-fort d’adaptation. Avec cette nou-velle législation, la fabrication de certains composants devra revenir en Suisse. Par conséquent, il fau-dra que les fournisseurs répondent à cette évolution avec de nouveaux moyens de production.

Avez-vous atteint vos capacités maximales d’accueil d’exposants à l’EPHJ?

André Colard: Avec 867 exposants en 2015, nous étions très proches de la capacité maximale des halles: il faudrait donc déménager pour grandir sensiblement. Or, nous vou-lons rester sur un seul niveau et dans une seule halle à Palexpo. La confi-guration actuelle satisfait les expo-sants et les visiteurs. Nous avons dès le début imposé des limites de taille aux stands, afin de ne pas avoir un petit nombre de grands stands mais une vraie diversité d’exposants.

Nous n’avons pas transigé ni varié sur nos principes de base.

Si ce n’est le nombre d’exposants, vous pouvez toujours augmenter la fréquentation des visiteurs...

Barthélémy Martin: En effet! L’objectif est maintenant d’améliorer une série de petits détails qui ont leur impor-tance afin d’arriver à de meilleures conditions encore pour les exposants et les visiteurs et in fine d’attirer plus de monde. Nous allons rendre le sa-lon encore plus facile d’accès: l’appli-cation mobile est un bon exemple de cette dynamique. Un autre objec-

tif important consiste à renforcer et mettre en avant les synergies entre l’horlogerie-joaillerie, les medtechs et les microtechniques, soit les trois pôles du salon. Nous sommes le seul salon proposant cette dynamique et accueillant ces trois secteurs sous un même toit. Cela doit permettre de stimuler la créativité. D’ailleurs, l’un des créneaux d’avenir de la montre connectée est le médical.

Mais au-delà de partager un même toit, est-ce que les acteurs de ces trois différents secteurs se parlent vraiment?

Olivier Saenger: Au début ce n’était pas forcément naturel, mais nous les y encourageons de plus en plus! Il faut commencer quelque part et avant notre initiative, ils n’avaient pas l’habitude de dialoguer. On voit des évolutions frappantes. Ainsi, il y a quinze ans, 80% des stands étaient fermés, de crainte de dévoi-ler des secrets. On cachait ce que l’on faisait. Aujourd’hui, les acteurs s’ouvrent, ce qui favorise aussi les interactions: ils sont moins de 20%

Le salon EPHJ-EPMT-SMT fête un anniversaire important cette année. S’il a volontairement atteint ses capacités maximales en termes de nombre d’exposants, cet événement devenu incontournable va prendre une série d’initiatives pour attirer un nombre plus important encore de visiteurs. Tout en faisant dialoguer davantage horlogerie-joaillerie, microtechniques et medtechs. Rencontre avec le directeur du salon Barthélémy Martin et les fonda-teurs Olivier Saenger et André Colard.

«En 15 ans, nous n’avons pas transigé sur nos principes de base»

«Dans les années 1970 avec le quartz, on avait déjà cru que c’était la fin du monde. Or, la force de la sous-traitance, c’est sa capacité d’action, de réaction et de résilience.»

INFORMATIONS PRATIQUESPour tout complément d’information, le site web www.ephj.ch apportera les réponses appropriées. Les visiteurs sont invités à s’enregistrer en ligne pour obtenir leur badge d’entrée gratuitement.

• www.linkedin.com/company/ephj-epmt-smt• Twitter #EPHJ16• www.ephj.ch

HORAIRES D’OUVERTURE 2016

Mardi 14 JUIN 9h15 – 18h00Mercredi 15 JUIN 9h30 – 18h00Jeudi 16 JUIN 9h30 – 18h00Vendredi 17 JUIN 9h30 – 16h00

Avec votre billet d’entrée vous obtenez une réduction de 20% sur le voyage en train. L’offre est disponible à partir du 1er mai à votre gare (également aux distributeurs de billets), auprès de Rail Service 0900 300 300 (CHF 1.19/min depuis le réseau fixe suisse) ou en ligne sur www.cff.ch/ticketshop (dans la rubrique «Foires»).

Olivier Saenger André Colard Barthélémy Martin

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à avoir un stand fermé. On voit plus de transparence dans l’indus-trie. Pour nous, c’était un point ca-pital, car en lançant le salon, nous voulions promouvoir le savoir-faire de tous, mais aussi que les expo-sants fassent des affaires entre eux, pas juste avec les visiteurs. Et le taux de fidélisation nous donne rai-son, avec 90% des exposants qui re-viennent d’une année à l’autre.

Dans la sous-traitance, certains acteurs disparaissent, d’autres ne trouvent pas leur marché... Mais comment gérer les demandes des nouveaux acteurs, s’il n’y a plus vraiment de place sur votre salon?

André Colard: Tous ne corres-pondent pas à l’«esprit» du salon mais c’est une réflexion que nous me-nons. Toutefois, je souligne que nous n’établissons les plans définitifs du sa-lon que lorsque toutes les inscriptions sont faites, cela nous laisse un peu de flexibilité. Et les stands sont limi-tés à huit modules: la taille moyenne chez nous est de 18m2 et pas 200 m2 comme sur d’autres salons. Cela nous donne un aspect très démocratique!

Comment faire face au ralentisse-ment horloger? Est-ce que cela a un impact sur votre salon?

Olivier Saenger: C’est justement dans les périodes difficiles que notre sa-lon est le plus important. Il y a 15 ans, les exposants n’avaient pas l’ha-bitude de se mettre en avant sur un salon. Ils se rendent compte main-

tenant de l’importance de cette dé-marche et mettent de plus en plus de soin à la conception de leurs stand. Et s’il faut faire un choix entre plu-sieurs salons, en général ils retien-dront le nôtre, qui reçoit 20'000 visiteurs venus de 60 pays! Les ex-posants communiquent aussi pour attirer du monde, notamment les marques clientes. Aujourd’hui, nous sommes solidement installés dans le paysage industriel.

Cette année, vous avez organisé votre conférence de presse à Zurich. Un clin d’œil à la sous-traitance alé-manique, qui semble aussi de plus en plus attirée par votre salon?

Barthélémy Martin: Le tiers des ex-posants suisses vient de la partie alé-manique et ils sont en effet chaque année davantage. Nous voulions donc lancer un signal fort envers eux à l’occasion de nos 15 ans. Mais nous ne nous limitons pas à la Suisse: il y a 20% d’exposants et 30% de visi-teurs étrangers. En peu de temps sur le salon, on peut voir beaucoup de monde. Et il est important qu’une fois au moins dans l’année, les sous-trai-tants n’aillent pas vers les marques mais que les marques viennent aux

sous-traitants. C’est très différent d’être demandeur ou d’être demandé! Et c’est avec leurs stands qu’ils attire-ront leurs futurs clients. C’est dans cette optique que l’on constate que de plus en plus d’événements sont orga-nisés sur des stands de plus en plus vivants. Beaucoup d’exposants pré-voient aussi leurs lancements de nou-veautés durant le salon.

Quels seront les thèmes des activi-tés et tables rondes de cette année?

Barthélémy Martin: La présenta-tion de l’étude horlogère le premier jour sera bien entendu un point fort, mais nous aurons aussi des dé-bats sur l’impression 3D, les med-techs, les mesures laser, ainsi que les grands défis qui attendent l’horlo-gerie suisse. Les exposants peuvent aussi réserver une salle pour organi-ser leurs propres événements. Sans oublier les ateliers medtechs!

L’avenir, c’est aussi la formation... Les écoles ne devraient-elles pas être plus présentes?

Olivier Saenger: Nous en sommes très conscients et invitons même les écoles à exposer gratuitement. Mais elles sont malheureusement encore un peu trop frileuses sur ce point. Pourtant c’est l’avenir qui est en jeu et nous voulons vraiment renforcer le pôle dédié à la formation ainsi qu’à la préservation de savoir-faire au-jourd’hui menacés. Aujourd’hui, il y a une série de métiers pour lesquels on ne peut plus obtenir de CFC.

Qui seront les émailleurs, les guillo-cheurs ou les satineurs de demain? C’est le patrimoine horloger qu’il faut sauver. Il est vrai qu’il y a aussi un espace horloger lors de la Cité des métiers. Mais c’est l’une de nos pré-occupations, tout comme le fait d’ai-der les start-up en démarrage.

––––––––––––––––––––––––––––NOTA BENEDans le prochain numéro d’Europa Star, nous consacrerons un reportage entier à la situation de la sous-trai-tance, suite aux échos, témoignages et signaux relevés lors du salon EPHJ-EPMT-SMT. A suivre!

EUROPA STAR PREMIÈRE | 13DOSSIER SOUS-TRAITANCE

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«Il y a quinze ans, 80% des stands étaient fermés, de crainte de dévoiler des secrets.»

LES TROIS PÔLES DU SALON

Environnement Professionnel Horlogerie-Joaillerie (EPHJ)L’industrie horlogère constitue aujourd’hui l’un des fleurons de l’économie helvétique. Elle a pris la tête des industries les plus performantes du pays, dépas-sant année après année des records d’exportations et passant de 4,3 milliards de francs en 1986 à 21,5 milliards en 2015.

• Formation, Création, Design, CAO• Matières premières, Composants• Machines, Outillages, Appareils de contrôle• Microtechniques• Packaging, Présentoirs• Gestion, Commercialisation, Communication, Conseils, Services, etc.

Environnement Professionnel Microtechnologies (EPMT)

L’industrie MEM se présente aujourd’hui comme un secteur de haute technologie aux multiples fa-cettes. De la mobilité à l’habitat en passant par l’ali-mentation jusqu’à la santé et la sécurité, elle touche tous les domaines de la vie et de l’économie. De nombreuses entreprises de l’industrie suisse MEM jouent un rôle important sur le plan international, dans leurs sous-secteurs. Les succès rencontrés sur les marchés étrangers contribuent au succès de la place industrielle et intellectuelle suisse.

L’industrie des machines, des équipements électriques et accessoires ainsi que des matières premières oc-cupe une place importante dans l’économie nationale suisse: avec 340’000 employés, elle est le plus grand employeur industriel et représente, avec 64,6 milliards CHF (2012), 32,2 % des exportations de la Suisse.

• Aéronautique, Automobile• Automatisation et Robotique• Horlogerie• Métrologie• Optique/Photonique• Technologies laser• Gestion logistique, etc

Swiss Medical Technologies (SMT)L’industrie des technologies médicales est l’une des plus dynamiques de Suisse. Elle représente un chiffre d’affaires de CHF 13 milliards, comporte 3’700 grands groupes, PME et start-ups et emploie près de 100’000 personnes de manière directe ou indirecte.Souvent méconnues du grand public, les nombreuses sociétés actives dans ce secteur sont souvent les mieux placées en matière d’innovation et ne demandent qu’à se développer et à exporter leur savoir-faire.

• Recherche et développement,• Production de matériaux,• Machines et équipements de production,• Implants et prothèses, pièces techniques et composants,• Services spécialisés dans le dispositif médical, etc.

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14 | EUROPA STAR PREMIÈRE DOSSIER SOUS-TRAITANCE

par doMinique Fléchon, expert auprès de la fondation de la haute horlogerie, genève

La sous-traitance est par définition, l’opération par laquelle un entre-preneur, sous sa propre responsabi-lité, confie à une autre personne ap-pelée sous-traitant, tout ou partie de l’exécution d’un contrat conclu avec le maître de l’ouvrage.

La sous-traitance, une affaire de familleA l’époque des premières horloges d’édifice, l’entrepreneur, souvent as-tronome et mathématicien, confie la réalisation de celles-ci à des Maîtres horlogers itinérants qui, pour la fa-

brication des mécanismes, se font aider par des forgerons locaux.Apparues à l’époque de la Renaissance, les montres sont l’œuvre de Maîtres horlogers-serruriers regroupés dans des cités opulentes. Blois est l’une d’elles. Au cours de la seconde moi-tié du 16ème siècle, les protestants, fuyant conflits religieux et persécu-tions, partent s’installer à Genève où Jean Calvin a banni dès 1541 tout signe de richesse. Cette mesure conduit les orfèvres, jouissant alors d’une grande réputation à l’étran-ger, à se tourner vers l’horlogerie. Survient le Règlement des orfèvres de 1566 qui interdit la fabrication d’objets à connotation catholique. La profession trouve donc son salut dans la boite de montre et les mouve-ments sont rapidement insérés dans

des boitiers réalisés et décorés par des spécialistes. A cette époque, l’artisanat horloger, à Genève comme ailleurs, est organisé autour de Maîtres complets. Leurs familles, telles celles des Duhamel, Duboule et Joly, sont le plus souvent composées de membres travaillant chacun dans une branche de pro-duction de la montre. Les uns sont orfèvres, à savoir bijoutiers ou mon-teurs de boites, les autres, «faiseurs de boites en cristal» ou graveurs en horlogerie et la sous-traitance est naturellement une affaire de famille.Les progrès scientifiques et tech-niques obtenus au 17ème siècle, no-tamment l’invention en 1675 du ba-lancier-spiral par Christian Huygens, rend les garde-temps plus utiles. La demande ne tarde pas à s’accroître.

Pour y faire face, le monde horlo-ger procède à une organisation du travail fondée sur une division en permanente évolution, caractéris-tique historique de l’industrie hor-logère helvétique.

La sous-traitance née de la division du travail

La division du travail, antérieure à la Révolution industrielle, est la dé-composition d’une tâche globale en une série de tâches parcellaires confiées à des individus spéciali-sés. Tout instrument mécanique de mesure du temps résulte donc des compétences de corps de métiers spécifiques, eux-mêmes hiérarchi-sés. Boitiers et cadrans, de par leur diversité, émanent d’artistes spéci-fiques dont le savoir-faire et le ni-veau sont inaccessibles à bien des artisans. Le mécanisme dans sa globalité est de la compétence de l’horloger, terme qui englobe aux siècles passés Maîtres, compagnons

et apprentis. Concernant la main d’œuvre, l’Encyclopédie de Diderot et d’Alembert parue dans la se-conde moitié du 18ème siècle re-cense 21 métiers dédiés à la fabri-cation de la montre.A Genève, la division du travail ap-paraît dans les années 1660. Des commandes honorées par les hor-logers genevois Abraham Arlaud et Jean-Antoine Choudens semblent se référer à de petites séries de montres aux calibres identiques sous-traités et produits selon des techniques répéti-tives. Alors que les horlogers s’étaient déjà regroupés en corporation de-puis 1601, monteurs de boites et gra-veurs fondent leurs maîtrises respec-tives en 1698 et 1716. Les femmes, à qui ces métiers seront interdits jusqu’en 1785, se chargent de la fabri-cation des chaînettes et rejoignent la corporation des horlogers en 1690.A partir de 1710, les horlogers gene-vois abandonnent la fabrication des mouvements en blanc fournis par le Faucigny, le pays de Gex et les val-lées du Jura et se spécialisent dans le finissage. Par le biais de règlements protectionnistes, ils empêchent l’im-plantation de concurrents aptes à fa-

Si l’on se tourne vers l’Histoire, la sous-traitance horlogère a encore de beaux jours devant elle

Peu nombreuses sont les manufactures maîtrisant la totalité du processus de production. Actuellement, la majorité des marques suisse jouent en quelque sorte le rôle d’établisseurs, revenant à des modes de fabrication immémoriaux: elles sous-traitent généralement calibres mécaniques ou à quartz de grande diffusion, boitiers, cadrans, aiguilles, verres et bracelets.

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briquer des montres terminées dans le but de cantonner l’horlogerie dans une activité de sous-traitance desti-née à la «Fabrique de Genève». Aux 18ème et 19ème siècles, celle-ci re-groupe en petites entités l’ensemble des métiers de l’horlogerie et de la bijouterie locale, dont plus de trente sont recensés en 1788. En réac-tion, les Jurassiens organisent leurs propres comptoirs.

L’établissage ou la sous-traitance à domicile

Apparu au 18ème siècle dans le Jura comme en Forêt-Noire, l’établissage est un mode de production proto-in-dustriel fondé sur la division du tra-vail dans l’objectif de faire fabriquer les composants par de petites uni-tés spécialisées et indépendantes, puis d’assembler ceux-ci au der-nier moment. Ce processus laisse à l’entrepreneur-établisseur toute souplesse dans l’élaboration du ca-hier des charges et à l’artisan la pos-sibilité d’assumer la compétence qu’il maîtrise le mieux. Dans les régions agricoles concernées, cette organisa-tion a eu pour avantage de permettre l’activité horlogère à domicile. En outre, la dispersion de la fabrication en de multiples ateliers domestiques a favorisé les travaux répétitifs et par conséquence l’emploi de machines et d’outils élémentaires à l’origine de la mécanisation horlogère.

Contrairement aux Genevois qui, bénéficiant d’une main d’œuvre bon marché établie en Savoie, sont peu intéressés par l’automatisa-tion, Frédéric Japy va renouveler à Beaucourt (Territoire de Belfort) le procédé de l’établissage en le mécani-sant. A partir de 1776, il se dote de machines avec lesquelles il fabrique des mouvements standard bruts. Selon les estimations, sa production atteint en 1780 entre 20’000 et 40’000 pièces revendues aux établisseurs de la région. Les Neuchâtelois, sou-cieux de ne pas dépendre des appro-visionnements français, réagissent en créant leur propre fabrique qui ouvre à Fontainemelon en 1793.Si depuis le 18ème siècle la produc-tion helvétique a longtemps été assu-rée par des horlogers indépendants ou par de petits ateliers spécialisés, à partir des années 1860 l’établissage est concurrencé par une nouvelle forme de division du travail qui per-

met, selon le modèle de l’industriali-sation horlogère à l’américaine, la fa-brication fractionnée et mécanisée de la montre. Un mode de dévelop-pement dualiste va donc s’imposer. Les entreprises les plus attachées aux traditions se réservent une horloge-rie soignée, précise et dotée de com-plications aux finitions manuelles, alors que des fabriques intégrées produisent en séries des montres de milieu et bas de gammes. Ce mou-vement va accélérer le processus d’as-sociations capitalistiques qui avait gagné l’ensemble de l’Europe dès le 16ème siècle. A la fin des années 1920, des holding telles Ebauches S.A. ou la Société Suisse pour l’In-

dustrie Horlogère voient le jour. Elles seront suivies par une concentration financière et industrielle du secteur qui se subdivise en manufacture, éta-blissage et terminage. Actuellement, la majorité des fa-bricants et marques helvétiques sont chapeautés par des groupes fi-nanciers. Jouant en quelque sorte le rôle d’établisseurs, ils emboitent leurs propres mouvements-manu-facture, sous-traitent généralement les calibres mécaniques ou à quartz de grande diffusion ainsi que ceux à complications. Boitiers, cadrans, aiguilles, verres et bracelets sont approvisionnés par des spécialistes. Les manufactures quant à elles,

peu nombreuses à posséder la to-talité du processus de production, se tournent vers des pièces de très haut de gamme.

La sous-traitance, passage obligé de la montreCorrespondant aux différences de compétences, de talent et d’expérience nécessaires, la sous-traitance s’est im-posée naturellement et ce, contraire-ment à une tenace légende, dès les dé-buts de l’horlogerie. A ce titre, deux métiers parmi d’autres sont parti-

culièrement significatifs. Au 16ème siècle, le fabricant de boites d’une part se devait d’être fondeur, graveur, cise-leur, polisseur, doreur, voire tailleur de pierres précieuses, autant de dis-ciplines sans rapport avec la méca-nique horlogère. Le fabricant de res-sorts d’autre part, véritable alchimiste de l’acier au doigté et au coup d’œil primordiaux, signait ses réalisations au même titre que l’horloger. Aujourd’hui comme hier, le cœur de l’innovation de l’horlogerie suisse réside dans son tissu de sous-trai-tants. C’est souvent là qu’émergent chaque année technologies, inven-tions et savoir-faire nouveaux mis en avant par les marques.

EUROPA STAR PREMIÈRE | 15DOSSIER SOUS-TRAITANCE

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Aujourd’hui comme hier, le cœur de l’innovation de l’horlogerie suisse réside dans son tissu de sous-traitants. C’est souvent là qu’émergent chaque année technologies, inventions et savoir-faire nouveaux mis en avant par les marques.

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16 | EUROPA STAR PREMIÈRE

par FrançoiS h. courVoiSier, professeur hes, haute école de gestion arc, et Maria baShutkina, adjointe scientifique, haute école de gestion arc

La communication des entreprises industrielles de la sous-traitance est un sujet de peu abordé dans l’indus-trie horlogère. Cela s’explique par des éléments culturels (la discrétion traditionnelle des PME de l’Arc ju-rassien) et commerciaux (bien des marques se prétendant manufac-tures ne veulent pas que le grand public sache que certains compo-sants sont fabriqués à l’externe).

Pour répondre à la question «Quelle est la communication des PME in-dustrielles de l’Arc jurassien?», nous avons étudié près de 200 entreprises industrielles franco-suisses afin de dégager leurs pratiques à l’aide de méthodes d’analyse qualitative et quantitative. Pour y parvenir, nous

avons réuni une équipe de recherche franco-suisse et pluridisciplinaire au-tour d’un projet financé par le pro-gramme Interreg France-Suisse. La synthèse de cette étude est disponible dans un «livre blanc» téléchargeable gratuitement*.

Pourquoi les PME industrielles ne communiquent-elles pas davantage?

Notre étude a permis d’identifier trois groupes d’entreprises: celles qui ne communiquent que très peu, celles qui le font de manière oppor-tuniste et celles qui diffusent une communication professionnelle, ré-gulière et disposent en outre d’un certain budget.Quelque 71% des entreprises qui communiquent peu affirment man-quer de temps pour ce faire et 65% placent le manque de budget comme deuxième obstacle à la communi-cation. Elles indiquent en outre la stabilité de leur clientèle (58%), le manque de compétences internes en communication (21%) et la discré-tion (ou la confidentialité) deman-dée par leurs clients (12%) comme frein à la communication.Les PME qui communiquent de fa-çon opportuniste déclarent à 65% ne pas planifier leur communication sur l’année. Elles communiquent lorsque

les ressources, le temps et les op-portunités (inauguration d’un bâti-ment, développement de nouveaux marchés, innovations produits, etc.) sont disponibles.La majorité des entreprises qui construisent une stratégie de com-munication et y associent un budget (jusqu’à 6% de leur chiffre d’affaires) sont convaincues du potentiel de la communication: elles estiment que les investissements sont mieux réali-sés s’ils sont planifiés et coordonnés dans le temps. Quelque 63% de ces entreprises se déclarent satisfaites de leur communication.

Pourquoi communiquer?Globalement, les entreprises indus-trielles qui ont répondu à notre en-quête communiquent pour cher-cher de nouveaux clients (65%), valoriser leur savoir-faire, leur mé-tier, leurs prestations (49%) et pour mettre en valeur un ou plusieurs produits (33%). D’autres buts sont également mentionnés: acquérir de la visibilité dans un environne-ment complexe et compétitif, ac-quérir de la notoriété, se différen-cier de la concurrence, gagner en confiance et en crédibilité, s’adap-ter à son marché, prévenir les aléas économiques, sans oublier l’objectif de vendre bien sûr!

Sur quoi communiquer?De nombreux dirigeants avancent que leur meilleur vecteur de com-munication externe est la qualité reconnue du savoir-faire de leurs produits et services. Ainsi, 31% des entreprises axent leur positionne-ment sur la qualité de leur travail et leur réactivité face à la demande. Ensuite, elles mettent en avant la qualité des services (livraison, ser-vice après-vente, opérations de dé-douanement), les produits eux-mêmes, les valeurs de l’entreprise, les clients et les projets réalisés si les règles de confidentialité le per-mettent, l’histoire de l’entreprise et l’inscription dans le territoire, les avancées et innovations technolo-giques, les collaborateurs et l’enga-gement dans la formation profes-sionnelle, les conditions de travail, l’implication dans la vie locale.

Avec quels supports communiquer?Les entreprises sondées sont conscientes de l’importance d’assurer leur présence et leur visibilité, malgré le manque de temps et de ressources. Pour cela, elles doivent maîtriser un certain nombre d’outils formels de communication qui s’intègrent dans une stratégie moins formelle, voire

sont utilisés au coup par coup pour assurer avec pertinence leur pré-sence, leur visibilité et leur notoriété.La majorité des entreprises inter-rogées comptent sur leurs atouts naturels (qualité, délais, services) pour que leur renommée se pro-page auprès de leur clientèle ac-tuelle et potentielle. Il n’est donc pas surprenant qu’elles s’en re-mettent au bouche-à-oreille, consi-déré par 82% comme le moyen le plus efficace de se faire connaître, avant même le contact commercial personnalisé (71%). Dans le milieu de la sous-traitance et co-traitance horlogère, la recommandation d’af-faires est souvent vitale et les té-moignages crédibles.Le bouche-à-oreille passe aussi par le networking dans les réseaux pro-fessionnels, politiques, locaux, fami-liaux, religieux, sportifs et culturels où les dirigeants et leurs collabo-rateurs sont actifs. Aujourd’hui, la présence sur le web est devenue un passage obligé autant qu’une op-portunité importante: 39% des en-treprises considèrent ainsi leur site internet comme un outil impor-tant pour la prospection. Tout client potentiel peut, en quelques clics, se rendre sur le site d’une PME indus-trielle et s’en faire une opinion basée sur l’image et les valeurs dégagées par l’entreprise.

Cela permet donc même à une pe-tite entreprise industrielle très spé-cialisée d’exister et d’être visible du monde entier, pour autant qu’elle soit bien référencée et qu’elle actualise ré-gulièrement un site multilingue.

Communiquer autrement?Une entreprise qui souhaite com-muniquer, mais qui ne peut pas pro-mouvoir un produit ou un déve-loppement exclusif pour un client a tout intérêt à utiliser la communica-tion institutionnelle pour gagner en visibilité. Quelques entreprises de sous-traitance et co-traitance l’ont bien compris et utilisent des oppor-tunités comme l’obtention d’un Prix ou d’un Trophée dans un salon pro-fessionnel, en passant par des articles rédactionnels dans la presse régionale ou l’organisation de portes ouvertes.Nous pensons que chaque entreprise, quels que soient son domaine d’acti-vité et son marché, peut communi-quer de manière originale pour de-venir celle dont le nom viendra à l’esprit d’un client ou prospect lors d’un besoin spécifique, à la place d’un concurrent. C’est l’enjeu de la com-munication: devenir top of mind.

* sur le site www.com-pme-b2b.fr

Le sujet peu abordé de la communication des entreprises de la sous-traitance horlogèremérite que l’on s’y attarde quelque peu. Une enquête révèle les raisons de la réserve coutumière des fournisseurs horlogers – mais aussi les change-ments possibles dans l’industrie sur ce point précis.

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DOSSIER SOUS-TRAITANCE

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EUROPA STAR PREMIÈRE | 17

par Fabrice Mugnier, watchprint

LA MONTRE: PRINCIPES ET MÉTHODES DE FABRICATION

George Daniels est assurément l’un des plus grands horlogers contemporains. Il a publié plu-sieurs ouvrages extraordinaires

qui font le bonheur des horlogers. Ce livre, traitant les aspects impor-tants des éléments de la montre de précision, apportera aux passion-nés d’horlogerie des vues brillantes sur le sujet.Ce livre retrace les travaux de George Daniels. Cet horloger hors du commun, renommé et respec-té par ses pairs dans le monde en-tier, réalise lui-même chacune des pièces de la montre. Chacun sait au-jourd’hui que la fabrication d’une montre classique se répartit entre plusieurs métiers. George Daniels les a réunis dans son atelier où il ne conçoit pas uniquement ses montres, mais en fabrique tous les éléments, de l’échappement à l’ha-billement. Dans cet ouvrage unique, l’auteur expose et nous présente les techniques requises, perfectionnées souvent par lui-même, ainsi que tous les outils et instruments néces-saires pour le travail à la main et à la machine. Il donne une description de l’atelier idéal et de son contenu.Phase après phase, pas à pas, George Daniels détaille la confection d’un garde-temps de précision. Il illustre la plupart des travaux de chaque étape de la fabrication par des des-sins, accompagnés de brèves lé-gendes explicatives. Le texte est clair et précis, aisé à suivre et évite – sans tomber dans la vulgarisation – les descriptions techniques trop com-plexes. Passionné par le développe-ment de l’échappement, l’auteur en décrit de nombreux, dont plusieurs de sa conception, et invite le lecteur à poursuivre ses propres recherches dans ce domaine.Ce manuel, que l’on peut quali-fier de magistral, est indispensable à tous les horlogers-rhabilleurs ai-mant leur métier. Pour le profane, qui devait jusqu’alors se limiter à admirer la beauté des mouvements sans toujours en comprendre le fonctionnement, pour l’amateur, l’amoureux de belle horlogerie et pour le collectionneur, ce livre com-pose un aperçu passionnant de la merveilleuse exécution et du fonc-tionnement d’une montre d’art.

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LE CHRONOGRAPHE – SON FONCTIONNEMENT, SA RÉPARATIONPar Bernard Humbert

Tout ce qu'il faut savoir du fonc-tionnement et de la répara-tion des chro-nographes. Ce cours n'a pas pris une ride et

offre toujours aux élèves et aux ap-prentis une foule d'informations claires et essentielles.

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FINITIONS ET DÉCORATIONS HORLOGÈRES HAUT DE GAMMEPar Caroline Sermier et Giulio Papi

«Par cet ou-vrage nous cherchons clairement à provoquer une prise de

conscience sur l'existence de fini-tions «industrielles» vendues comme «artisanales» Ce livre est aussi le pre-mier ouvrage dédié totalement aux finitions et aux décorations artisa-nales.» Extrait de l’éditorial de Giulio Papi, fondateur de Renaud et Papi

Cet ouvrage est divisé en trois parties:• Finitions: L'anglage, les flancs, le poli noir, la finition des perçages.• Applications: Les roues & pignons, les vis, les goupilles, les pivots• Décorations: La gravure, le ci-selage, le guillochage, les côtes de Genève, le perlage, l'ajourage, le soleillage, le colimaçonnage, le cer-clage, la galvanoplastie.

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En quelques décennies seulement, la technique horlogère a considérable-ment évolué et s'est fondamentale-ment renouvelée: de nouveaux ma-tériaux ont fait leur apparition, de nouvelles fonctions ont enrichi les montres mécaniques, alors que les montres électroniques entraient sur le marché et que les méthodes d'ana-lyse ne cessaient de se perfection-ner. Un ouvrage de référence, faisant état de l'ensemble des connaissances actuelles de la discipline, s'impo-

sait: ce Traité de construction horlogère, sans équivalent et ré-digé par des spé-cialistes de l'en-seignement et du développement, se présente ainsi

comme l'indispensable compagnon des ingénieurs en construction hor-logère et des praticiens des bureaux techniques et laboratoires d’entre-prises. Articulé en quatre grandes sections (théorie mécanique, théorie mécanique avancée de l’oscillateur, construction mécanique et théorie électronique), il expose l’ensemble des connaissances nécessaires pour comprendre, calculer et dévelop-per des produits dans le domaine de

l’horlogerie mécanique et électro-nique. Le DVD qui l'accompagne propose des outils de calculs ainsi qu'une version PDF du célèbre livre de Leopold Defossez, Théorie géné-rale de l'horlogerie.

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SERVICES APRÈS-VENTE HORLOGERS: NOUVELLES EXIGENCESPar Kalust Zorik, François Courvoisier

Cet ouvrage réunit les commu-nications présentées en 2013 à Neuchâtel lors de la 8e Journée de recherche en marketing horloger. Il

présente égale-ment les exposés et tables rondes qui ont eu lieu à la 17e Journée internationale du marketing horloger tenue à La Chaux-de-

Fonds. Il fait suite à cinq ouvrages de la même collection qui ont pour but de faire rayonner le savoir-faire des entreprises horlogères et de leurs partenaires.Le présent volume présente di-verses facettes des services après-vente dans le domaine horloger, comme le rôle du SAV, la percep-tion que les consommateurs en ont, les nouveaux enjeux du SAV et ses possibilités en ligne, les be-soins en formation d’horlogers spécialisés dans le SAV, les nou-velles technologies pour mieux connaître les besoins des clients ainsi que les possibilités de l’im-pression 3D métallique.

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POUR ALLER PLUS LOIN

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18 | EUROPA STAR PREMIÈRE BUSINESS & TENDANCES

par eMilie gachet, swiss industry research, credit suisse

Les dernières données conjonctu-relles confirment le net refroidisse-ment subi par l'industrie horlogère suisse ces derniers mois. Le recul des exportations s'est accéléré, avec une baisse de 9,5% en comparaison annuelle sur les quatre premiers mois de 2016, contre –3,2% sur l'ensemble de 2015. La plupart des principaux marchés de débouché ont contribué à ce repli; les impul-sions négatives les plus importantes proviennent toutefois toujours de Hong Kong (janvier-avril 2016: –28,2% en comparaison annuelle). La situation du commerce de détail horloger local ne connaît aucune amélioration, avec des chiffres d'af-faires en baisse depuis maintenant près de deux ans.Hong Kong souffre en particulier du recul de la demande des touristes en provenance de Chine continentale, conséquence entre autres de la cam-pagne anti-corruption menée par Pékin, de l'appréciation du dollar de Hong Kong face au yuan, du durcis-sement en 2015 des règles d'obten-tion de visa pour les visiteurs en pro-venance de Chine continentale et du ralentissement économique général

en Chine. Les exportations horlo-gères suisses à destination de Chine continentale ont quant à elles baissé de 15,8% par rapport à l'année pré-cédente sur la période de janvier à avril 2016, le pays redescendant ain-si dans le classement des principaux marchés d'exportation.

Etats-Unis et Europe ne compensent pasLes exportations à destination des Etats-Unis, passées en territoire négatif à l'automne 2015, ont éga-lement pesé (janvier-avril 2016: –11,4% en comparaison annuelle).La plupart des marchés euro-péens – qui ont été d'importants soutiens pour la branche durant les premiers trimestres de 2015 – connaissent une évolution néga-tive des exportations depuis la fin de l'année passée, la France étant la plus touchée (janvier-avril 2016: –11,6% en comparaison annuelle). Le marché européen ressent entre autres la baisse du nombre de tou-ristes chinois, liée à la fois au ralen-tissement conjoncturel en Chine, aux incertitudes suite aux attentats de Paris et Bruxelles et aux visas biométriques imposés depuis oc-

tobre 2015 aux visiteurs chinois par les pays de l'espace Schengen.

Baisse d’activité en Suisse Le tassement de la demande a en-traîné une baisse marquée du taux d'exploitation des capacités dans l'industrie horlogère suisse. Avec 88,5%, celui-ci se situait nettement en-dessous de sa moyenne à long terme (90,5%) au premier trimestre

2016. Certains acteurs de la branche ont par conséquent dû recourir à des suppressions de postes. En avril 2016, plus de 2’000 chômeurs étaient enregistrés dans l'horlogerie, soit 360 personnes ou 21% de plus qu'une année auparavant.Les perspectives de l'industrie horlo-gère restent marquées par les incerti-tudes, notamment concernant l'évo-lution du commerce de détail à Hong Kong, la situation conjoncturelle en Chine et l'évolution du tourisme en Europe, ainsi que la concurrence des

smartwatches. Nous tablons sur une poursuite du recul des exportations ces prochains mois. Sur l'ensemble des branches industrielles suisses, les sociétés horlogères sont celles faisant le plus preuve de pessimisme quant à l'avenir proche: 20% des entreprises de la branche interrogées par le KOF en avril s'attendaient à une détério-ration de la marche des affaires et 76% à une situation inchangée dans les six prochains mois, contre 15% et 71% pour l'ensemble de l'industrie suisse.

Le recul des exportations s'est accéléré, avec une baisse de 9,5% en comparaison annuelle sur les quatre premiers mois de 2016. Les impulsions négatives les plus importantes proviennent tou-jours de Hong Kong.

Industrie horlogère: début d'année difficile et perspectives en demi-teinte

ANALYSE CONJONCTURELLE

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Part de «satisfaisante» en % (axe de droite)

LA BAISSE DES EXPORTATIONS HORLOGÈRES SE POURSUIT EN AVRILExportations: variation en comparaison annuelle en %; part des exportations en %

Source: Administration fédérale des douanes, Credit Suisse

Source: Administration fédérale des douanes, Credit Suisse; *févr.-avr. 2016 Source: Centre de recherches conjoncturelles de l’EPFZ, Credit Suisse

MORAL DES ENTREPRISES MOINS BON QU'IL Y A UNE ANNÉEÉvaluation de la marche des affaires actuelle

RECUL SUR LA PLUPART DES PRINCIPAUX MARCHÉSExportations en mio. CHF; variation en comparaison annuelle en %

Variation en comp. annuelle (tendance; axe de droite) Exportations Exportations (tendance)

Part de «satisfaisante» en % (axe de droite) Solde «bonne» / «mauvaise» en points de pourcentage

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EUROPA STAR PREMIÈRE | 19BUSINESS & TENDANCES

par alexandre oliVe, fondateur, kalexy advisory & business performance solutions

Qu’ont en commun les sociétés Nokia, Kodak, BlackBerry? Il fut un temps, il n’y a pas si longtemps, où ces en-treprises, disposant d’images de marque reconnues dans le monde entier, étaient au sommet dans leurs domaines respectifs, solides, avec une profitabilité impressionnante. Aujourd’hui, elles ont quasiment dis-paru. Pourquoi? Elles n’ont pas antici-pé suffisamment tôt les changements technologiques, ainsi que l’évolution des consommateurs, et n’ont pas suf-fisamment considéré leurs outsiders. Des leçons qui peuvent servir à l’in-dustrie horlogère. Nous le savons, le premier trimestre n’a malheureusement épargné au-cune industrie avec en première ligne le secteur horloger. Les nuages s’accu-mulent sur l’ensemble de l’écosystème mondial de l’horlogerie, même si les

spécialistes de la branche ne cèdent pas (ou ne donnent pas l’impres-sion de céder) pour autant à la pa-nique. Néanmoins, les sous-traitants, dépendants à 100% de la bonne via-bilité des marques horlogères, sont le théâtre de multiples annonces de suppressions de postes et de com-mandes restées en berne.

Les causes du ralentissement ne sont pas qu’externesLes causes régulièrement répétées du franc fort, du recul des ventes sur les marchés porteurs, le climat économique et politique incertain sont certes des freins. Mais à mon sens un des problèmes, voire le problème majeur, de ce fort ralen-tissement est que l’industrie est al-lée trop loin et a affreusement as-phyxié le système: trop d’offre, trop

de produits, trop de marques, des stocks qui s’accumulent à tous les niveaux de la chaîne, des containers de pièces poussés par des grandes marques avares imposant leurs nouvelles collections aux détail-lants tout en baissant leur marge, et donc des représentants qui par conséquent ne peuvent plus laisser de la place aux plus petites marques ou aux indépendants (représen-tant quand même 80% des acteurs) qui font vivre un tissu important et stratégique de sous-traitants.Allons-nous voir arriver la «révolu-tion des détaillants», qui vont favori-ser la représentation de marques in-tègres, à taille humaine, innovantes? Attention, il y a des prémisses d’une tempête sur ce front-là!Et a-t-on vu venir l’apparition de la montre connectée? Non, ce n’est pas de l’horlogerie disait-on. Grands et petits acteurs du secteur sont malgré tout forcés d’entamer une réflexion sur la faisabilité et l’envie ou non de suivre cette «tendance», de plus en plus envisagée comme pérenne. Dernier défi en date: l’annonce faite par Intel de sa volonté d’arrêter la vente de son processeur, un outil utilisé par certaines marques horlo-gères ayant déjà franchi le pas.Prenons un autre exemple: le e-com-merce (lire à ce sujet la chronique en p. 20). Feedback il y a quelques an-

nées: non, pas pour du Swiss Made, pas pour nous, pas pour le luxe… Les clients veulent toucher le pro-duit et internet a une image trop populaire. Inutile de rappeler l’im-portance de ce canal de vente au-jourd’hui pour les horlogers mais aussi pour l’industrie du luxe en gé-néral, où tout le monde s’y est mis. Les chiffres le démontrent: une crois-sance à deux chiffres année après année, avec des attentes énormes à un horizon 2020-2025.

Vers un nouveau management: le changement au cœur du modèle

Que faire dans cet environnement en mutation, entraînant une série de dommages pour les entreprises (réduction des effectifs, problèmes de trésorerie face à des créan-ciers qui ne paient pas, baisse du chiffre d’affaires, souci des stocks, sous-traitants horlogers fragilisés et stress important pour leurs diri-geants)? Comment parvenir à sor-tir la tête de l’eau, survivre, perdu-rer, voire réinventer son entreprise? La solution passe inévitablement par le changement.

Un changement qui se déploie, tout d’abord, par son acceptation et en-suite, par la capacité de l’entreprise à le gérer. Souvent générateur de peur et parallèlement de résistance, le chan-gement doit ainsi nécessairement être perçu comme incontournable et faci-litateur de solutions par les dirigeants avant d’être implémenté.

Une formule mathématique au service du changement

Pour cela, quoi de mieux qu’une démonstration concrète et ration-nelle? Les mathématiciens David Gleicher et Richard Beckhard ont développé une formule originale (D x V x F > R) qui fournit un mo-dèle pour évaluer les forces rela-tives affectant le succès probable! En d’autres termes, cette formule donne des clés de lecture afin de gérer le changement avec succès. Elle pré-sente les facteurs nécessaires à l’ap-parition de tout changement d’orga-nisation au sein d’une entreprise:

• D = la présence d’un mécontente-ment sur l’état actuel de l’organisation• V = la vision de ce qui est possible de changer• F = les mesures concrètes qui peuvent être prises en vue de ce(s) changement(s)• R = la résistance au changement

Si le produit des trois facteurs (D, V, R) est plus grand que la résis-tance au changement (R), alors ce changement est possible. A contra-rio, en cas d’absence ou présence trop faible de l’un des critères, la ré-sistance au changement prendra le pas sur la capacité au changement. En d’autres termes, il est vital pour la réussite de l’équation de considé-rer les éléments contextuels pouvant donner suffisamment d’ampleur aux trois critères. Pour le critère D, l’or-ganisation doit ainsi nécessairement reconnaître et accepter le mécon-tentement qui existe et envisager des solutions (représentées par F). Pour la vision V, il est nécessaire d’em-ployer de l'influence et de la pensée stratégique afin d’identifier les te-nants et aboutissants possibles.Les temps sont durs et les dirigeants de plus en plus confrontés à des prises de décisions très difficiles. Cependant, en sortant de sa zone de confort, en surpassant ses résistances, en prenant des décisions calculées (parfois radi-cales) et, point primordial, en passant à l’action, le dirigeant met toutes les chances de son côté pour triompher dans une situation certes compliquée, mais non dépourvue de solutions.

Le monde horloger dans la tempête: quelles solutions pour ses dirigeants?

Dans une industrie horlogère prise au milieu d’une crise qu’elle a largement provoquée elle-même, la phase d’adaptation est très douloureuse. Mais à force de ne pas changer, on finit dans le mur. Et si la résistance au changement est trop importante, l’inertie conduit à la désuétude. Analyse.

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20 | EUROPA STAR PREMIÈRE BUSINESS & TENDANCES

par karine Szegedi, associée et responsable du programme fashion & luxury, deloitte, et Michael anderSen, consultant, deloitte

Le secteur du luxe a été parmi les derniers à développer des systèmes de vente en ligne. En effet, ce sec-teur a souvent négligé ce mode de distribution au profit des boutiques physiques qui permettent de pro-poser aux clients une expérience unique en accord avec l’image de ces marques de luxe. Progressivement cependant, ce secteur s’est plié au jeu de la digi-talisation: ainsi en 2014, 85% de la croissance organique des ventes était liée au commerce en ligne (ou «e-commerce»). De plus, les prévi-sions futures annoncent une nette

augmentation des ventes en ligne dans le secteur du luxe d’ici à 2025. Ainsi s’illustre le potentiel de déve-loppement du luxe par le biais du commerce en ligne.

L’industrie horlogère saute le pasLe secteur de l’horlogerie de luxe, en raison des gammes de prix et des produits proposés, n’a que tardive-ment fait usage des procédés of-ferts par la digitalisation, tels que le e-commerce ou la présence en ligne (via le site internet de la marque, la publicité en ligne, la présence sur les réseaux sociaux). L’utilisation exponentielle d’internet a conduit à une évolution des mentalités dans ce domaine particulier.

Selon une étude Deloitte sur l’in-dustrie horlogère suisse publiée en septembre 2015, 38% des cadres du secteur horloger comptaient pri-vilégier le développement de leurs propres e-boutiques, parmi leurs différents canaux de ventes, au cours des douze mois à venir. Ce chiffre n’était que de 21% en 2014. Ce nouveau mode de distribution a permis tant aux grandes marques horlogères qu’aux petites marques indépendantes disposant souvent de moyens financiers moins consé-quents d’élargir leurs marchés. Elles ont ainsi développé un accès direct aux consommateurs sans pour au-tant avoir recours à des investisse-ments considérables liés aux empla-cements stratégiques généralement privilégiés par les marques pour éta-blir leurs boutiques.

Les obstacles sur la route du e-commerceEn dépit de ce qui précède, et selon l’étude, les caractéristiques et les prix élevés des montres restent un véri-table obstacle aux ventes en ligne, expliquant le difficile essor des sites e-commerce des montres de luxe et ce malgré des investissements crois-

sants des marques dans ce domaine. En outre, ce service de vente en ligne ne répond pas encore intégralement aux exigences des clients prêts à dé-penser plusieurs milliers de francs dans l’acquisition de montres de luxe, lesquels continuent à privilé-gier les services personnalisés des vendeurs en boutiques permettant notamment d’essayer le produit.

Des marques de plus en plus actives dans la sphère digitaleSi l’horlogerie de luxe n’a pas en-core totalement franchi le cap de la vente en ligne, de nombreuses marques sont désormais présentes et très actives dans le domaine di-gital à travers les réseaux sociaux et leurs sites internet, ceux-ci étant aujourd’hui d’importants outils de communication.

Ainsi, des marques comme Rolex, Jaeger-LeCoultre, IWC, Hublot, Omega, MB&F, RJ-Romain Jerome ou encore Audemars Piguet sont désormais très actives sur les ré-seaux sociaux. À travers ces plate-formes, ces différentes marques communiquent sur leurs produits

en mettant l’accent aussi bien sur les aspects techniques que sur leurs ambassadeurs ou événements pres-tigieux qu’elles soutiennent.La présence sur les réseaux sociaux permet également aux marques de toucher une nouvelle clientèle, les 18-24 ans qui représentent la géné-ration la plus connectée, ayant une grande influence à travers le partage et les avis liés aux produits. En effet, 84% des achats des consommateurs sont, d’après l’étude Deloitte, guidés par des recommandations postées sur la toile.

Vers une meilleure expérience en ligneEnfin, la présence de certains services sur les sites internet des marques, comme l’indication de la disponi-bilité des produits en boutique, de-vrait permettre d’améliorer l’expé-rience en ligne et de se conformer davantage aux exigences de la clien-tèle du secteur. Certaines marques comme Breitling ont ainsi dévelop-pé des configurateurs en ligne affi-chant le prix de l’objet ainsi que le magasin le plus proche permettant d’acquérir le produit.Il apparaît donc que les marques horlogères tirent désormais profit de nombreuses possibilités offertes par la digitalisation. Celles-ci ont réus-si, via leur présence en ligne, à enri-chir l’univers que le consommateur venait souvent chercher en boutique. Toutefois, le but principal de ces marques devrait rester à court terme d’amener le consommateur à fran-chir le pas du passage en boutique, qui reste le canal privilégié de vente à l’heure actuelle.

Le e-commerce horloger en phase de rattrapage

La moitié des habitants de la planète devrait avoir accès à internet d’ici 2017. Cette digitalisation des rapports, dont les effets sont démultipliés par le développement des appareils mobiles connectés, a insufflé un nouvel essor au monde du commerce. La digitalisation a souvent été écartée par certains secteurs, notamment celui du luxe – mais peut-on aujourd’hui réellement s’en passer?

Les caractéristiques et les prix élevés des montres restent un véritable obstacle aux ventes en ligne.

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EUROPA STAR PREMIÈRE | 21

par eric PaScal, directeur inno-vation et mobilité, aim services et begoña rodriguez, directrice de pôle horloger

Un homme entre dans la boutique d’une grande marque horlogère. Après de longs échanges avec le re-présentant commercial, cet homme décide de s’offrir un magnifique chro-nographe automatique, très onéreux. A la fin de la transaction, le vendeur lui tend sa nouvelle montre, nichée dans un écrin et le client lui de-mande: «Avez-vous pensé à mettre une pile neuve?»Cette anecdote est malheureusement une histoire réelle! Aujourd’hui, nous constatons que les acheteurs de montres sont de plus en plus consommateurs d’objets de luxe et de moins en moins connaisseurs. La montre est devenue un objet de mode et un code social. Mais qui dit «mode» dit «éphémère». La montre ne risque-t-elle pas de perdre ainsi son statut si particulier?

On montre de plus en plus la montreDepuis le 15ème siècle, les horlo-gers suisses s’efforcent de transmettre leur passion à travers des gardes-temps d’exception, en concevant des montres toujours plus extraordi-naires et toujours plus performantes. Les montres actuelles possèdent sou-vent un fond en saphir autorisant la visualisation des composants inté-rieurs, les cadrans sont davantage transparents et le phénomène des montres squelette est en forte crois-sance. Les composants doivent alors être esthétiques, décorés et exécutés avec la plus grande minutie. Un en-grenage doit avoir le rendement op-timal et s’intégrer par la beauté de ses découpes internes à l’ensemble du mouvement de la montre.Le métier d’horloger ne peut exis-ter sans passion: on investit tant de travail dans un si petit objet, tant de tradition, tant d’ingéniosité, tant de poésie…Mais tous ces efforts sont vains si les représentants commer-ciaux ne parviennent pas à valori-ser ce savoir-faire horloger auprès des consommateurs.Dans le domaine de la haute horlo-gerie, il a toujours été extrêmement

délicat d’expliquer le fonctionnement d’un mouvement à grande compli-cation à des personnes n’ayant pas de formation technique. Il y a au-jourd’hui un réel besoin d’amé-lioration dans le secteur de la for-mation horlogère professionnelle. Mais comment permettre à ces per-sonnes de comprendre et de s’im-prégner de ce savoir-faire?

Rendre la technique accessible à tousInitialement, les ingénieurs concep-teurs travaillaient en se basant sur des esquisses de formes et des plans de fabrication 2D, aussi sophisti-qués et précis que le domaine de l’horlogerie l’exige. Ces informa-tions étaient riches en données tech-niques mais incompréhensibles par les autres corps de métier. Depuis l’avènement de la CAO (Conception Assistée par Ordinateur), les mouve-ments horlogers sont conçus en 3D.Aujourd’hui, ces modèles 3D conçus en CAO par les bureaux d’études constituent une information riche et précieuse pour les manufactures horlogères. Tout comme les plans de fabrication, cette information est uniquement exploitable par les dé-partements techniques, puisqu’au-cun autre logiciel ne permet de vi-sualiser ces modèles 3D. Pour être visualisé par tout un chacun, ces mo-dèles doivent être importés dans des logiciels 3D, modifiés, scénarisés et exportés en vidéo. Cependant, ces animations obéissent uniquement à un scénario prédéterminé.Suite à ces observations, de nom-breuses structures (éditeurs, asso-ciations, fondations) n’ont eu de cesse d’innover pour améliorer le processus, les outils et la pédago-gie de formation et ainsi faciliter la compréhension par tout le monde «des secrets des mécanismes hor-logers».

Mettre en scène le moindre des détailsSur ce chemin de l’innovation, nous avons pu observer l’arrivée de nou-veaux outils permettant de rendre accessible et de mettre en scène cette information horlogère. Il existe par

exemple des viewers 3D qui per-mettent de visualiser de manière interactive des modèles créés en CAO aussi facilement et rapide-ment qu’Acrobat Reader permet de visualiser un document pdf. De la même façon, il est aujourd’hui possible de créer ou de réutiliser les animations cinématiques conçues en CAO par les constructeurs et de les afficher sur tablette tactile via ces viewers 3D. Grâce à cette techno-logie, les manufactures horlogères peuvent réutiliser très facilement les informations créées par leurs départements techniques pour pré-senter et dévoiler par des modèles virtuels de quelle manière les diffé-rentes pièces se mettent en mouve-ment et font ainsi battre le cœur de leurs précieux produits horlogers.

Des casques d’immersion virtuelleIl devient alors plus facile de trans-mettre aux représentants commer-ciaux les principes horlogers de base, de les guider dans les secrets des complications et de véhiculer de l’émotion avec une base technique.Avec l’arrivée de la réalité virtuelle, un monde de possibilités s’offre en-core à ce secteur. Grâce à cette nou-

velle technologie, il est dorénavant possible par exemple de visualiser un mécanisme horloger à l’aide d’un casque de réalité virtuelle, créant ain-si une expérience utilisateur unique, réelle, ludique et de qualité. Grâce à ce casque, l’utilisateur pourra avoir l’impression de s’immerger au cœur de la montre pour en découvrir tous les éléments en détail – de se plon-ger dans chaque composant horlo-ger et de comprendre comment il permet à un mécanisme horloger de fonctionner.

Les garde-temps de luxe sont des concentrés de passion et de travail minutieux. Mais ce travail est vain si les commerciaux n’arrivent pas à commu-niquer ces savoir-faire à leurs clients, souvent de moins en moins connaisseurs. De nouveaux outils de visualisation tridimensionnelle peuvent faciliter cette tâche ardue.

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La réalité virtuelle pour vendre des montres

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22 | EUROPA STAR PREMIÈRE BUSINESS & TENDANCES

par SebaStian chiaPPero, fondateur, cabinet sponsorize

Le sponsoring a trop souvent été considéré comme un outil mar-keting pour les grandes entreprises horlogères. Or, les PME horlogères peuvent également tirer profit de cet outil afin d’acquérir et fidéliser leurs clients. Quels sont les avantages de s’engager dans une telle démarche? Comment peut-on en obtenir un re-tour sur investissement? Quelles sont les erreurs à ne pas commettre? Voici quelques conseils à leur intention.

1. Fixez des objectifs mesurablesChaque patron de PME, lorsqu’il s’engage dans une opération de spon-soring, doit fixer des objectifs spé-cifiques, mesurables, atteignables, raisonnables et temporellement dé-finis. Ceux-ci doivent s’intégrer au plan commercial et de communi-cation. Ainsi, la direction marke-ting ou générale devra se poser les questions suivantes: Est-ce que l’en-

treprise s’engage pour augmenter sa notoriété, pour la cohésion de ses collaborateurs, pour fidéliser ou acquérir des clients? Est-ce que des opportunités directes de vente sont envisageables? La réponse à cha-cune de ces questions détermine-ra une marche à suivre spécifique. Pour une PME comme pour une grande entreprise, l’objectif ultime d’une approche sponsoring doit être l’acquisition et la fidélisation de clientèle.

2. Etablissez un plan de projet et d’activation sponsoring

Une approche de sponsoring est transversale à l’entreprise. Il faut fixer un tableau de rôles et respon-sabilités de chacun des acteurs clés

au sein de la PME. En la matière, il conviendra de se poser les ques-tions suivantes: Quel est le rôle du directeur général? Qu’en est-il du directeur commercial, des res-sources humaines ou de la com-munication? Comment, pourquoi et à quelles fins ces acteurs clés de-vront-ils être impliqués? De plus, comme pour chaque action com-merciale, une campagne sponsoring nécessite de dresser un échéancier avec des dates butoirs et un objec-tif de retour sur investissement. Veillez à ce que le plan de projet ré-ponde aux objectifs smart.

3. Optez pour un sponsoring à 360°Le sponsoring permet de toucher ses clients et prospects dans un état de réceptivité maximale. En effet, lorsqu’une personne décide de se rendre à un concert, festival ou voir un match dans son club fa-vori, le message et la relation qui s’instaure entre la marque ou l’en-seigne de l’entreprise sera qualita-tivement bien perçue. En outre, un client qui sera invité dans le cadre d’une manifestation sportive ou un festival de musique pourra par-tager des moments forts en émo-tion. Créez des bons de rabais pour les membres, spectateurs, clients de vos sponsorisés. Proposez des actions spéciales pour les abon-nés et membres de vos clubs spon-sorisés. Vous pourrez ainsi mesu-rer l’impact direct sur vos ventes. N’hésitez pas à utiliser les nou-veaux médias assurant un retour sur investissement élevé et surtout mesurables. Offrez des billets à vos meilleurs clients. Proposez des concours ayant pour objectifs d’augmenter le trafic dans vos enseignes. Utilisez les zones VIP, d’hospitalité ou pu-bliques à fort trafic à bon escient. Celles-ci devraient être aux cou-

Quel sponsoring est possible pour les PME horlogères?

Ce type d’opération n’est de loin pas réservé aux mastodontes de l’horlogerie! En revanche, il nécessite une grande prudence à l’heure d’effec-tuer ses investissements. Cinq réflexes à avoir lorsqu’on se lance dans une opération sponsoring, pour un patron d’une PME horlogère.

Pour un franc investi, il faut un retour équivalent ou supérieur.

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EUROPA STAR PREMIÈRE | 23BUSINESS & TENDANCES

leurs de l’entreprise afin d’offrir la possibilité de tester vos nouveaux produits ou services (stands de dé-monstration) et d’échanger des mo-ments privilégiés.N’oubliez pas vos collaborateurs: ils doivent s’approprier les sponso-rings de l’entreprise. Pour les meil-leurs collaborateurs, motivez-les en leur offrant des places. Certaines PME, lorsqu’elles sponsorisent un club sportif, profitent d’aller voir les matches entre collègues. Les émotions véhiculées par le sport sont un vecteur important de mo-tivation auprès des employés. Le sponsoring permettra ainsi d’acti-ver plusieurs axes clés: les ventes, les relations publiques, l’image ain-si que la cohésion et la motivation des collaborateurs (RH).

4. Fixez des objectifs à vos sponsorisésUne façon de s’assurer que le spon-sorisé assurera ses engagements est d’opter pour une approche par objec-tifs. Il est ainsi envisageable de fixer un échéancier de paiement qui déter-mine que 50% des montants sponso-ring seront versés à la signature du contrat et que le reste sera versé se-lon un échéancier d’atteinte d’objec-tifs. Ceux-ci peuvent être basés sur le respect des clauses contractuelles. A savoir: est-ce que la visibilité sur site (banderoles, affiches), la qualité des places ou la campagne de com-munication ont été respectées tel que mentionnées dans le contrat? L’engagement est ainsi réciproque.

5. Mesurez vos sponsoringsPour un franc investi, il faut un re-tour équivalent ou supérieur pour qu’une opération sponsoring soit réussie. Dès lors, chaque action doit être mesurée. Différents indica-teurs existent, tels que l’augmenta-tion du chiffre d’affaires, la création d’une base de données potentiels clients ou la fréquentation de vos enseignes ou de votre site inter-net. Fixez des points de mesures avant, pendant et après vos opéra-tions sponsoring. N’hésitez pas à lier les résultats de vos mesures aux futures négociations avec vos spon-sorisés afin de posséder des don-nées objectives. Enfin, dressez un tableau de bord de pilotage afin d’évaluer la valeur de vos sponso-ring dans le temps. Les décisions de poursuivre ou non un engage-ment sponsoring se baseront sur des données objectives, liées direc-tement à la fidélisation ou l’acquisi-tion de clients.

Carl F. Bucherer réussit un «coup marketing»L’exemple est frappant, pour une so-ciété horlogère qui n’est pas (en-core) aussi reconnue sur le plan na-tional et international que certaines autres grandes manufactures suisses. En annonçant son sponsoring de l’équipe suisse de football juste avant l’Euro 2016 en France – et le jour même du transfert record de Granit Xhaka vers le club d’Arsenal – Carl F. Bucherer a bénéficié d’une notoriété et d’un transfert d’image immédiats et importants. A partir du 1er juillet 2016, la marque lu-cernoise devient en effet partenaire et de chronométreur officiel de l’équipe de suisse de football pour quatre ans.L’Association suisse de football (ASF) a du reste sélectionné pour les joueurs de l’équipe nationale un garde-temps Carl F. Bucherer à par-tir duquel la marque horlogère suisse a créé une édition spéciale: la Patravi ScubaTec ASF. La variante de cette montre de sport reprend le rouge de l’équipe nationale suisse et joue sur les contrastes entre un design noir et des éléments colorés. Le logo de l’association trône quant à lui sur la lunette pivotante. En tant que chronométreur of-ficiel, Carl F. Bucherer sera présent lors de l’Euro et sur le camp de base de l’équipe de Suisse à Montpellier.

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CINQ ERREURS À ÉVITER LORSQU’UNE PME SE LANCE DANS

UNE OPÉRATION SPONSORING

1. Confondre philanthropie et sponsoringLa PME qui s’engage dans une démarche sponsoring doit toujours tenir compte de la notion de retour sur investissement. Or l’approche philan-thropique ou de mécénat vise d’autres objectifs, sans forcément recher-cher un retour sur investissement.

2. Ne pas allouer des ressources à votre campagne sponsoringIl faut activer vos campagnes. Pour chaque francs investi auprès d’un sponsorisé, il faut compter un franc pour activer le partenariat (cam-pagne de communication, invitations clients, supports de commu-nication). C’est à dire que pour les CHF 20'000.- que vous coûtera un sponsoring, il faudra compter un budget de CHF 40'000.-! Prenez soin de toujours compléter vos campagnes sponsoring par des ac-tions annexes comme des invitations clients, un plan de motiva-tion pour les collaborateurs, une campagne de publicité ciblée au-près des médias mentionnant vos choix et messages auprès de vos cibles.

3. Choisir vos sponsorisés uniquement sur un coup de cœurLe faire consisterait à opter pour du mécénat et il ne faudra pas at-tendre de retour direct. Lorsque vient le choix de sponsoriser une plate-forme (festival, clubs ou autres), des critères d’adéquation de la cible – autrement dit: est-ce que mes clients ou prospects seront susceptibles d’être fidélisés ou acquis grâce à ce sponsoring? – doivent être pris en compte.

4. Oublier ses collaborateurs

Chaque sponsoring doit permettre de créer une cohésion avec ses collaborateurs, notamment par du team building, en profitant d’un transfert de compétences. Il arrive souvent qu’une équipe sponsorisée se déplace au sein de l’entreprise avec son entraîneur afin d’échan-ger les expériences acquises dans le management d’une équipe. Ceci peut-être fait à tout niveau, équipe professionnelle ou amateur. D’autres sponsors décident d’organiser un entraînement avec l’équipe et les collaborateurs. Les émotions et échanges assurés grâce au spon-soring permettent d’augmenter la cohésion au sein de vos équipes.

5. S’engager pour une année

Pour qu’un engagement sponsoring soit rentable et efficient, il faut compter un minimum de trois ans avant que les effets escomptés ne soient effectifs. Dès lors, s’engager pour moins d’un an revient à gas-piller ses budgets.

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Sans titre-1 1 22.09.15 10:58

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par SéVerine liardon, chargée de communication, manpower suisse

L’emploi dans la branche de l’in-dustrie horlogère semble repro-duire les mouvements de balancier qui rythment le cœur même de son activité. Les vagues d’internalisa-tion succèdent aux vagues d’exter-nalisation au gré des pressions éco-nomiques qui sont imprimées à ce secteur. Au fil du temps, des sys-tèmes secondaires se sont mis en place pour gérer les flux des talents et absorber ces alternances. Le réseau

de sous-traitants est une première manne de régulation; le partenariat avec une agence de placement en est une autre. Cette dernière, de par ses activités sur l’ensemble du mar-ché du travail, présente la particu-larité de pouvoir créer des ponts entre des domaines d’activité à priori très différents.Les enjeux sont hautement qua-litatifs. L’industrie horlogère re-cherche des profils spécifiques, ca-pables de faire preuve à la fois d’une minutie et d’une dextérité dont on pourrait croire qu’ils sont propres à

la branche. Lorsque le vivier de ta-lents est épuisé, une piste possible est d’augmenter l’effectif par des re-qualifications professionnelles. C’est un des volets que la société de pla-cement de personnel Manpower a instauré en 2013 en réunissant sept partenaires issus de l’économie, des services de l’emploi et de la forma-tion. Avec le concours de plusieurs manufactures, cette approche dé-montre sa pertinence et son effica-cité; néanmoins le délai de réactivi-té correspond au délai de formation des candidats. Tout en étant pé-renne, cette solution présente une certaine inertie.

Transferts d’un secteur à l’autreUne autre solution a donc été élabo-rée: celle du transfert d’un secteur d’activités économiques à un autre. Dans ce cas de figure, les agences de placement disposent d’une position privilégiée pour élargir leur champ d’appréciation des compétences à d’autres domaines tels que l’indus-

trie de production, l’industrie phar-maceutique, l’aéronautique, l’électro-nique ou la chimie. Un savoir-faire transposable peut être disponible dans un secteur adjacent. Certaines démarches semblent as-sez intuitives. On imagine assez bien des techniciens en salle blanche qui viendraient de l’industrie pharma-ceutique. Dans d’autres cas en re-vanche, c’est la compréhension mi-nutieuse des métiers exercés dans chaque domaine qui permet d’iden-tifier les rapprochements possibles. Cette compétence est construite par les années de collaboration avec les manufactures horlogères.Responsable de la filiale horloge-rie chez Manpower, Priscilla Garcia précise: «Si je reçois une demande concernant des opératrices d’assem-blage, je sais qu’en plus de la dextéri-té, le critère important est de savoir tenir une cadence soutenue. On re-trouve le même type de conditions de production dans l’industrie phar-maceutique, je vais donc aller cher-cher de ce côté. Autre exemple: si on me demande un polisseur, je vais penser à l’industrie métallique, à la

carrosserie ou même à l’armée, car je sais que certaines personnes qui fabriquent des médailles sont ame-nées à faire du polissage de pré-cision qui peut être transposé à l’horlogerie. Ces solutions offrent l’immense avantage d’être rapides car les collaborateurs sont dispo-nibles et formés.»

Tester la compatibilité avec l’industrie horlogèreCertaines compétences sont trans-posables, mais ce mouvement ne se fait pas sans condition. Il faut être fort d’un partenariat de longue du-rée avec les maisons horlogères pour connaître les us et coutumes, la culture et les particularités de chaque institution. Cette connaissance a per-mis à Manpower d’élaborer des tests extrêmement spécifiques dont la va-lidité a pu être éprouvée. Ces tests sont doublés d’entretiens pointus pour évaluer l’intégrabili-té des candidats issus d’autres sec-teurs. Les épreuves concernent la dextérité, la minutie, la lecture d’un plan et la compréhension de la lo-gique horlogère. Ils ont une fonc-tion de filtre et garantissent à la fois aux collaborateurs et aux entreprises horlogères les conditions optimales pour une intégration couronnée de succès.

Une «famille» qui granditA l’approche de la prochaine oscilla-tion, du prochain reflux économique, la personne pourra retourner à son domaine professionnel d’origine. Les agences de placement, en tant qu’in-termédiaires, transforment ainsi des secteurs industriels connexes à l’hor-logerie en partenaires dans la gestion des flux de talents. Pour les personnes concernées, Priscilla Garcia parle d’une «grande famille» qui s’est créée au cours des cycles, passant d’un secteur d’acti-vité à un autre sans changer d’em-ployeur. Certains se fixent dans le domaine qui leur correspond le mieux à la faveur d’un placement fixe. D’autres apprécient la sou-plesse et – in fine – la sécurité de cet «entre-deux». Pour les entreprises horlogères, le bénéfice est net, car ils savent que les compétences restent dans un tissu économique proche, ce qui leur permet une grande réac-tivité lorsque la reprise s’amorce.En conclusion, on peut relever que dans l’horlogerie comme dans d’autres secteurs, la notion de sécu-rité de l’emploi est devenue désuète et laisse place à la notion de sécuri-té de la carrière. En étant attentif à maintenir un niveau de formation élevé et en ayant la flexibilité né-cessaire pour passer d’un domaine professionnel à un autre, un tra-vailleur peut maintenir une forte employabilité. La demande de ta-lents détermine une évolution du marché du travail qui sera davan-tage centrée sur les candidats.

Les talents horlogers ont pour caractéristique commune la grande spécificité de leurs compétences. Mais que se passe-t-il pour ces profils professionnels hors du commun lors des fluctuations de l’emploi dans leur branche? Quels mécanismes permettent de les maintenir dans le tissu économique proche? Et lorsqu’ils viennent à manquer, qui les fera émerger?

La bascule des talents dans l’industrie horlogère

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BUSINESS & TENDANCES EUROPA STAR PREMIÈRE | 25

par inèS aloui

Un style simple, une déclinaison en dix couleurs, un bracelet en caout-chouc et un cadran en aluminium. A première vue, la marque UCS (pour «Urban Color Style»), basée à Montfaucon dans le canton du Jura, se présente sous un jour à la fois clas-sique, abordable et coloré. Ses mo-dèles unisexes tablent sur l’achat «coup de cœur» avec des prix démar-rant à 178 CHF. Le design renvoie de facto à Swatch mais en toute humi-lité, le directeur Jean-Jacques Merlet n’ose pas pousser la comparaison. Le prix les réunit certes, mais les mo-dèles d’UCS sont pour la plupart au-tomatiques, équipés de calibres ETA. «Ceux qui disent qu’on ne peut pas fabriquer une montre relativement bon marché en Suisse se trompent, s’exclame le responsable. Et nous fai-sons presque tout à l’interne: le de-sign, le concept, l’impression du ca-dran, la coloration des aiguilles, l’assemblage...» UCS se targue donc de proposer de la qualité suisse (96% des composants de la montre sont helvétiques) à des prix défiant toute concurrence. Sur internet, il est même possible de personnaliser sa

montre en intégrant une photo ou en faisant graver ses initiales.Mais c’est derrière la montre que l’histoire d’UCS devient encore plus saisissante. Car alors que tant de marques suisses mettent en avant leur héritage ou leur tradition, la jeune entreprise jurassienne, elle, présente, outre son tarif abordable, une ambition sociale tout à fait concrète qui la distingue au sein du paysage horloger suisse. Elle a mis en effet en place son propre centre de ré-insertion professionnelle, tout en for-mant un grand nombre d’apprentis.

Un entrepreneur à fibre socialeRetour en arrière. Mécanicien de formation, Jean-Jacques Merlet gra-vit très vite les échelons et devient à seulement 32 ans directeur général d’une entreprise active dans la micro-mécanique avant de créer en 1988 sa propre société, Norkom, initialement spécialisée dans la production d’ap-pareils de location de vidéos, DVD et CD. Mais c’est sans compter sur l’avè-nement du numérique, qui met à mal le business model de la société. Jean-

Jacques Merlet s’adapte et reconvertit son entreprise dans le domaine de la sous-traitance horlogère. En 2006, l’entrepreneur à la fibre so-ciale se lance un nouveau défi. C’est en visitant une ancienne entreprise agricole, prenant en charge des per-sonnes en réinsertion profession-nelle, qu’il a l’idée d’appliquer ce concept à l’horlogerie. Il rachète les locaux de cette société et concrétise son projet, en accord avec l’Assurance invalidité (AI). Cette dernière pré-

conisait de créer une entreprise qui formerait des personnes à des mé-tiers au potentiel de recrutement éle-vé dans le canton du Jura. Quoi de mieux pour cela que la microméca-nique et l’horlogerie? L’entrepreneur ne se contente plus seulement de sous-traitance, il décide de se lancer aussi dans la production de montres finies, via la marque UCS. Pari réussi!

Des maçons,peintres ou cuisiniers Mais que l’on ne s’imagine pas que les employés y sont moins «profession-nels» qu’ailleurs.... «Si l’on ne précise pas que nous sommes un centre de formation à nos visiteurs, cela ne se remarquera absolument pas. En re-vanche, chez nous, les parcours sont atypiques. Un certain nombre de nos employés travaillaient sur des chan-tiers et ont eu un accident, ayant pour conséquence qu’ils ne pouvaient plus pratiquer leur métier d’origine. Nous pouvons les reconvertir en méca-niciens ou polisseurs, par exemple. J’ai dans mon équipe des cuisiniers, des maçons, des peintres… C’est une somme de compétences extraordi-

naire!», s’enthousiasme Jean-Jacques Merlet. Fernande Meier, formatrice en hor-logerie, témoigne d’expériences en-richissantes auprès des personnes en formation: «Beaucoup de profils nous marquent. C’est un travail telle-ment minutieux que ce n’est pas tou-jours évident pour eux. Je me sou-viens notamment d’un maçon qui avait de si grandes mains pour mani-puler de si petites vis que l’on se disait au début qu’il n’y arriverait jamais!

Or, ces personnes réussissent et font preuve de compétences insoupçon-nées. C’est valorisant pour eux, car ils produisent un objet bien réel.» Les locaux sont du reste modernes et la production en grande partie automa-tisée à l’aide de machines dernier cri. Les employés et apprentis, eux, sont âgés de 16 à 60 ans.

«Nos modèles procurent de la joie»Outre sa propre marque de montres UCS, Norkom effectue des missions de sous-traitance pour de grandes

marques horlogères. La société em-ploie près de 80 personnes pour une production moyenne quotidienne d’une vingtaine de montres. L’an dernier, quelque 2’500 pièces ont été vendues. Les résultats sont satisfai-sants, à tel point que Jean-Jacques Merlet et son associé Alfonso Osuna se sont fixés pour objectif de vendre près de 4’000 montres cette année. Le responsable fréquente réguliè-rement salons et foires afin de faire connaître ses produits et sa marque au plus grand nombre. UCS est pré-sente dans une douzaine de points de vente en Suisse mais ne dispose cependant pas encore de représen-tants dans les principales villes ro-mandes, comme Genève, Lausanne Bienne. Les achats s’opèrent principalement sur internet, ce qui permet en outre la personnalisation des montres. Vanessa Villiger, en charge du ser-vice commercial, se félicite du suc-cès rencontré par cette proposition. «Les demandes de personnalisation sont parfois exigeantes mais nous ar-rivons à livrer les modèles très vite, dans les sept jours ouvrables. Il s’agit surtout de montres personnalisées avec une photo, une gravure au dos ou un autre élément personnel. Nos modèles procurent de la joie et de l’émotion. Et cela, c’est une vraie fier-té pour nous!»

Déclinaisons possibles du conceptTout aussi fier de son entreprise, Jean-Jacques Merlet tient d’ailleurs à nous montrer les récentes com-mandes qu’il a enregistrées, comme un lot de montres à l’effigie des sa-peurs-pompiers d’un village voi-sin. Loin de vouloir s’arrêter aux montres, il envisage de créer une marque de bijoux qui serait assortie aux garde-temps, à savoir en alumi-nium très coloré. Et pourquoi pas un jour une montre connectée! Jimmy Weber, en charge du pro-gramme destiné aux personnes en réinsertion, salue ce projet unique en son genre: «Ce sont des gens qui viennent ici pour apprendre autre chose. Et ça leur plait. On leur ap-prend ce que c’est que de faire un sui-vi de production sur des pièces hor-logères. Ils sont là pour s’en sortir, on n’a pas besoin d’être derrière eux et de leur dire «allez, on vous forme, allez de l’avant». Ils se prennent en main. Et j’apprécie ce côté social.» Une hu-milité qui est aussi un exemple à suivre dans un milieu ayant parfois du mal à garder les pieds sur terre!

Cette marque jurassienne affiche un profil parti-culier dans le paysage horloger suisse. La filiale du sous-traitant Norkom forme en effet chaque année des personnes en réinsertion profession-nelle à la production de montres Swiss made colorées et abordables, ainsi que des apprentis. Avec des résultats encourageants. Visite.

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26 | EUROPA STAR PREMIÈRE BUSINESS & TENDANCES

par richard karMel, mazars

En 2015, selon une enquête de l’Economist Intelligence Unit réa-lisée auprès de 853 dirigeants d’en-treprise à travers le monde, 83 % des participants approuvent (74 % d’entre eux approuvent fortement) le fait que les droits de l’homme concernent aussi bien le secteur privé que le secteur public. De la même façon, 71 % d’entre eux ont déclaré que la responsabilité de leur entreprise vis-à-vis de ces droits va au-delà du simple respect de la loi. C’est l’un des changements les plus importants auquel nous avons as-sisté ces dernières années. En effet, les entreprises ont pris conscience qu’elles ont un rôle à jouer dans la société en matière de respect des droits non seulement de leurs sala-riés mais également de ceux affec-tés par leurs activités, que ce soit directement à travers leur mode de fonctionnement ou indirectement à travers leur chaîne d’approvision-nement.Alors quelles sont les raisons qui ont mené à ce brusque changement

d’opinion? Mon manque d’indul-gence me fait dire que cela n’est pas dû au fait que le monde de l’entre-prise se soit soudainement décou-vert une âme de philanthrope. De mon point de vue, c’est parce que les entreprises, notamment les en-treprises du secteur de l’horlogerie de luxe, qui dépensent des millions, voire des milliards, de dollars pour développer leur marque, peuvent voir leur réputation souillée, si ce n’est anéantie, du jour au lendemain car elles auraient été accusées d’avoir porté atteinte aux droits de l’homme via les réseaux sociaux, Internet ou le smartphone. Le non-respect des droits de l’homme dans le milieu de l’entreprise n’est pas nouveau; ce n’est pas un problème qui est apparu au XXIème siècle. En revanche, on ob-serve que les sociétés font preuve de plus en plus de transparence. Elles commencent à comprendre que si elles ne communiquent pas de ma-nière équitable et équilibrée, d’autres personnes peuvent communiquer à leur place mais de manière moins équitable et équilibrée!Il est temps que les entreprises

joignent le geste à la parole. Les mesures prises par les sociétés pour respecter les droits de l’homme ne sont pas assez visibles au jour d’au-jourd’hui car très peu d’entre elles communiquent à ce sujet. Certes, certaines entreprises ont lancé plu-sieurs initiatives visant à atténuer les risques de transgression des droits de l’homme, mais rares sont celles qui en font part publique-ment, bien que leur nombre soit en augmentation.Il semble que de nombreuses entre-prises savent désormais où se situer par rapport aux droits de l’homme. Reste à savoir si ces entreprises vont agir en faveur de ces droits et pro-mouvoir leur respect grâce à leurs modèles d’activité.

Les plus grands défis à relever pour comprendre les questions relativesaux droits de l’hommeLe premier défi pour les entreprises opérant dans le secteur de l’hor-logerie de luxe est de reconnaître qu’il existe un risque que leurs ac-tivités conduisent, contribuent ou soient liées à une violation des droits de l’homme. Nous constatons au-

jourd’hui que la plupart des entre-prises considèrent qu’elles ne consti-tuent pas un risque pour les droits de l’homme. Cette opinion est fondée sur deux principes erronés:

• La société ne peut et ne pourrait avoir d’incidences négatives sur les droits de l’homme ;• Les incidences sur les droits de l’homme ne présentent pas un risque majeur pour l’entreprise et ne sont donc pas significatives. Ce principe fait abstraction des nombreuses ma-nières dont ces incidences peuvent engendrer des coûts matériels et im-matériels ainsi qu’une perte de valeur pour l’entreprise.

Le deuxième défi pour les entre-prises spécialisées dans le secteur de l’horlogerie de luxe est de ré-fléchir de manière plus générale sur la façon dont leurs activités peuvent avoir un impact sur les personnes non seulement qui tra-vaillent au sein de leur entreprise mais également dans le cadre de leurs relations commerciales. Bien souvent, les sociétés ne pensent qu’à leurs propres activités, et non à celles de leurs fournisseurs ou de leurs clients. Conformément aux principes directeurs des Nations Unies qui ont été adoptés à l’una-nimité, les entreprises ont la res-ponsabilité de respecter les droits

de l’homme dans leur chaîne d’ap-provisionnement. Par exemple, une banque doit prendre des mesures pour veiller à ce que les fonds qu’elle prête à ses clients ne soient pas utilisés pour porter at-teinte à autrui, ou bien une entreprise dans le secteur de l’horlogerie de luxe doit adopter des mesures afin de s’as-surer que les sociétés ayant extrait les pierres précieuses insérées dans leurs montres ont pris des mesures simi-laires pour veiller à ce que les droits de l’homme soient respectés. Voici le thème du débat qui doit se tenir prochainement au sein du gou-

Business horloger et droits humains

La thématique des droits de l'homme au sein de l'entreprise s'applique-t-elle de manière perti-nente au secteur de l'horlogerie de luxe? Analyse.

Alors quelles sont les raisons qui ont mené à ce brusque changement d’opinion? Mon manque d’indulgence me fait dire que cela n’est pas dû au fait que le monde de l’entreprise se soit soudainement découvert une âme de philanthrope.

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vernement suisse sur la question de savoir si une obligation de diligence raisonnable en matière de droits de l’homme doit être introduite pour les entreprises suisses. Comment une entreprise spécialisée dans l’horloge-rie de luxe peut-elle comprendre le risque qu’elle présente sans procéder à une certaine forme de diligence raisonnable?Le troisième défi consiste à défi-nir ce qu’est le respect des droits de l’homme. Il faut donc mettre l’accent sur des questions importantes, no-tamment sur les droits de l’homme qui risquent le plus d’être bafoués. Une fois que ces risques ont été iden-tifiés, qu’il s’agisse du travail des en-fants, de la liberté d’association, de la santé et de la sécurité sur le lieu de travail ou de l’impact des four-nisseurs de l’industrie minière sur les communautés et l’environnement en Afrique, il est plus facile pour les entreprises de se concentrer sur l’en-gagement ainsi que sur l’analyse des processus, la mise en œuvre et le sui-vi des procédés visant à garantir que ces droits sont respectés.

Les meilleures pratiques dans l’intégration des questions relatives aux droits de l’homme dans les stratégies d’entrepriseOn pense aujourd’hui que si les en-treprises souhaitent réaliser des échanges commerciaux à plus long terme, elles doivent montrer qu’elles font partie intégrante de la socié-té et qu’elles ne sont pas en marge de celle-ci. Étant donné qu’il existe un très grand nombre d’entreprises implantées de longue date dans le secteur de l’horlogerie de luxe, on pourrait croire que la durabilité à plus long terme figure parmi les priorités de l’industrie. Toutefois, les entreprises doivent aujourd’hui

démontrer qu’elles pratiquent des échanges commerciaux de ma-nière responsable et conformément à des normes éthiques strictes, qu’il s’agisse de verser des salaires dé-

cents, de traiter correctement leurs employés ou d’aider leurs fournis-seurs à en faire autant. Lorsque les entreprises font tout le contraire, la société se retrouve dans une situation plus défavorable. Un grand nombre d’entre elles affirment que la durabilité est un principe fer-mement ancré dans leurs activités. Mais la réalité est tout autre: la du-rabilité ne rayonne pas dans tous les départements des entreprises et n’est pas intégrée dans une stratégie plus large qui permet de créer une part essentielle de la valeur d’entreprise. Cela est regrettable car les avan-tages pour les entreprises sont multi-ples: amélioration du moral des sala-riés, diminution du taux de rotation du personnel, réduction des frais de recrutement, baisse des problèmes d’ordre juridique et des problèmes liés à la chaîne d’approvisionnement, personnel davantage motivé per-mettant une productivité accrue, etc.La bonne pratique consiste à faire en sorte que les sociétés s’alignent sur les principes directeurs des Nations Unies et suivent leur philosophie en matière de «savoir et de faire sa-voir», par exemple comprendre les risques auxquels votre entreprise est confrontée en matière de droits de l’homme et faire part à vos par-tenaires des mesures que vous pre-nez pour réduire ces risques ou de

quelle manière vous avez remédié à ces incidences négatives lorsqu’elles se sont produites.En pratique, cela signifie que les en-treprises doivent mettre en place des politiques et des procédures visant à atténuer les violations des droits de l’homme découlant de leurs propres activités et issues de leur chaîne d’approvisionnement. De cette ma-nière, ces entreprises protègent non seulement les personnes contre les atteintes qui pourraient leur être portées mais elles se protègent éga-lement contre les atteintes qui pour-raient être portées à leur réputation et celle de leur marque.Par conséquent, en tant qu’entre-prise, vous augmentez la confiance avec vos partenaires. Comme l’a dé-claré Peter Drucker, véritable gourou en management: «L’objectif d’une en-treprise est d’acquérir et de conser-ver un client.» L’un des éléments clés en matière de respect des droits de l’homme dans le monde de l’entre-prise est de faire participer toutes les parties intéressées, qu'il s'agisse des salariés, des fournisseurs, des clients ou des investisseurs. C’est grâce à cet engagement que les en-treprises acquerront une meilleure compréhension de leurs partenaires, de leurs limites et de leurs attentes. Si elles prennent le temps d’écouter ce qu’ils ont à dire et d’agir en consé-quence, la confiance va s’instaurer. Et lorsque la confiance est établie, les entreprises ont plus de chances d’ac-quérir et de conserver des clients.

Les principes directeurs des Nations Unies relatifs aux entreprises et aux droits de l’homme

Si une entreprise opérant dans le secteur de l’horlogerie de luxe de-vait définir sa «chaîne d’approvi-sionnement» comme une zone à

risque importante – j’aurais égale-ment tendance à dire que la chaîne d’approvisionnement est un sujet particulièrement sensible dans le secteur de l’horlogerie de luxe –, les rapports sur les principes direc-teurs des Nations Unies exposent, de manière claire et logique, la pro-cédure que les entreprises doivent appliquer afin d’atténuer les inci-dences négatives sur les droits de l’homme au sein de la chaîne d’ap-provisionnement. Ce rapport est disponible en ligne sur le site www.UNGPreporting.org. En résumé, la procédure définie dans le rapport est divisée en plusieurs étapes:

1. Définir l’engagement global de l’entreprise pour respecter les droits de l’homme dans la chaîne d’appro-visionnement;2. Identifier les domaines où le risque d’incidences négatives effec-tives ou potentielles sur les droits de l’homme est le plus important, c’est-à-dire une région spécifique ou une industrie particulière, par exemple le secteur minier;3. Évaluer et identifier les risques d’incidences effectives et potentielles, prendre en compte les résultats, véri-fier l’efficacité des mesures et remédier à la situation, s’il y a lieu;4. Communiquer les mesures que vous prenez pour respecter les droits de l’homme;

Que doit faire une entreprise spé-cialisée dans le secteur de l’horlo-gerie de luxe pour commencer à soutenir les droits de l’homme?

Tout d’abord, il faut obtenir l’adhé-sion et le soutien du management. En effet, c’est la direction qui donne le ton. Si le management ne crée pas une culture axée sur le respect et la compréhension, alors l’en-treprise ne peut pas attendre des autres qu’ils le fassent. S’il ne croit pas en l’importance de garantir que leurs activités ne portent pas at-teinte aux droits de l’homme, alors il sera très compliqué, voire impos-sible, de mettre en place des procé-

dures. Il est probable que ce type d’entreprise ne pense qu’à court terme, dispose de salariés peu mo-tivés, ne jouisse pas d’une grande réputation et pâtisse d’un manque de culture d’entreprise. Il ne peut y avoir de changement sans l’inter-vention des dirigeants.Le leadership nécessaire pour at-teindre cet objectif est celui qui ap-précie et comprend la nature inter-dépendante et interconnectée du secteur de l’horlogerie de luxe et de l’environnement dans lequel il opère. GS Sustain, l’équipe de re-cherches dépendant de Goldman Sachs, en avait conscience lors-qu’elle examinait les résultats ob-tenus auprès de 80 entreprises qui semblaient être plus sensibles à ces questions que d’autres. Les résul-tats ont montré que, sur une pé-riode de deux ans, ces entreprises étaient plus rentables de 18 % par rapport à l’indice mondial Morgan Stanley Capital International (source One Report – Bob Eccles). Pour Goldman Sachs, il faut en conclure que les performances en matière d’environnement, de questions so-ciales et de gouvernance «sont un bon indicateur de la qualité de la gestion des entreprises par rapport à leurs concurrents», ce qui permet d’offrir un aperçu des entreprises qui ont «la capacité de réussir sur une base durable». Par conséquent, lorsqu’une entre-prise spécialisée dans le secteur de l’horlogerie de luxe souhaite entamer ce processus, il convient de prendre du recul et d’observer le secteur d’activité et la chaîne de valeur en général et de se de-mander: quels sont les domaines où nous sommes le plus à même d’avoir une incidence sur les droits de l’homme ou quels sont les do-maines qui présentent le plus grand risque d’avoir une incidence sur les droits de l’homme? Une fois que l’entreprise a répondu à ces ques-tions, elle peut aller de l’avant et protéger sa marque ainsi que les droits de ceux qui contribuent à la développer.

Un grand nombre d’entre elles affirment que la durabilité est un principe fermement ancré dans leurs activités. Mais la réalité est tout autre!

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CULTURE HORLOGÈRE 28 | EUROPA STAR PREMIÈRE

par Serge Maillard

Plus de 20 marques présentes, près de 50 animations, une Bourse hor-logère, des rencontres avec les public, entrée libre au Musée du Temps... A nouveau, Besançon réaffirmera le temps d’un weekend son statut de capitale française de l’horloge-rie. Sortons donc de Suisse et al-lons voir ce que nos voisins ont à offrir en héritage horloger: on ne sera pas déçu! L’héritage reste d’ail-leurs actuel, 5'000 emplois dans le secteur de l’horlogerie et du luxe à Besançon.

L’an passé, les 24h du Temps ont drainé quelque 24'500 visiteurs. A cette occasion, le Musée du Temps présente deux nouvelles expositions temporaires.

«L’horloge de ma grand-mère»Sous l’intitulé «L’horloge de ma grand-mère: 300 ans d’horloges comtoises», l’établissement présen-tera jusqu’en octobre 2016 la riche histoire de cette spécialité locale, s’appuyant principalement sur son fond propre, constitué d’une cin-quantaine d’horloges. L’ambiance jouera, selon les sections de l’expo-sition, sur les aspects sériels, tech-niques et esthétiques de l’horloge comtoise (une «foule» de com-toises, reflet d’une production im-portante et homogène), ou sur la dimension symbolique liée à l’hor-loge, «présence à la fois rassurante et protectrice au sein du foyer, et oppressante et menaçante lors-qu’elle rappelle le temps qui passe», précise le catalogue de l’exposition.

Cette exposition se présentera en trois parties:• L’«Histoire de l’horloge comtoise» retracera l’évolution de cette spécia-lité, de sa naissance dans le Jura à sa diffusion dans toute la France et au-delà. Elle abordera les caracté-ristiques techniques et esthétiques de l’horloge comtoise, qui ont fait son succès en tant qu’objet mobi-lier familier, de facture simple et so-lide, à tel point que dans le langage courant, «la comtoise» désigne en France toute horloge de parquet.• La partie «Fin et renouveau de la comtoise» abordera un chapitre plus douloureux, suivi d’une renaissance: après un abandon de la production au début du XXe siècle, la comtoise est relancée dans les années 1970 à Besançon. Un regain d’intérêt appa-raît à nouveau ces dernières années avec la production d’horloges com-toises contemporaines à l’esthétique et aux mouvements revisités.• Enfin, la «Symbolique de l’hor-loge» s’attaquera à la dimension culturelle de ces horloges de par-quet, presque de taille humaine et qui se tiennent debout, véritables

personnages familiers au sein des foyers, qui seront abordées à travers la littérature, l’opéra, le théâtre…

Une autre installation temporaire, «Nous ne faisons que passer: expo-sition photographique le long de la ligne des horlogers», sera présen-tée à l’occasion des 24H du Temps. Réalisé le long de «la ligne des hor-logers» qui relie Besançon à La Chaux-de-Fonds, ce travail pho-tographique d’Hervé Dez et Pablo Fernandez présente une approche de l’évolution des paysages et des modes de vie, d’une réalité territo-riale marquée par la circulation des personnes et des flux économiques, autour de l’horlogerie notamment. Une dynamique territoriale qui per-siste dans cette région frontalière!

Entrée libre au muséeDes visites libres du Musée du Temps auront donc lieu les 18 et 19 juin. Installé au sein du palais Granvelle, cet établissement his-torique fait dialoguer l’histoire de

Besançon et l’histoire de la mesure du temps. Mais c’est également le temps dans sa dimension symbo-lique et sa fuite inéluctable qui est évoqué, en le confrontant à la quête continuelle de précision, depuis que l’homme cherche à mesurer le temps. Parcourez les trois étages du musée à la découverte de ses collec-tions, du cadran solaire à l’horloge atomique, en passant par la tenture de Charles Quint, les collections de peinture et le pendule de Foucault: la fin de la visite vous amènera en haut de la tour qui offre un superbe panorama sur la ville et la Citadelle.C’est dès la fin du 19e siècle, sui-

vant l'exemple des musées suisses, que Besançon envisage de créer un musée d'horlogerie. Des collec-tions sont constituées; les tentatives nombreuses pour créer une struc-ture muséographique autonome se heurtent aux difficultés rencon-trées par l'industrie horlogère elle-même. Mais l'idée d'un musée qui rende hommage à la mémoire col-lective bisontine, mémoire liée à la mesure du temps, apparaît de ma-nière récurrente. Dans les années 1980, la rencontre d'une volonté des élus et d'un projet scientifique fait alors mûrir le concept de mu-sée du Temps.Les collections du musée se situent à la croisée de deux flux: le fonds d’horlogerie constitué par le musée des Beaux-arts – qui possède histo-riquement la première collection pu-blique de France – et les collections du musée d’Histoire de la Ville.

La Leroy 01, chef d’œuvre horlogerLe musée du Temps conserve les collections patrimoniales d’horlo-gerie de la ville, regroupées autour de la fameuse Leroy 01, qui fut un temps la montre «la plus compli-quée du monde». Ce chef-d’œuvre possède 24 complications, comme l’affichage du ciel étoilé de Paris,

Rendez-vous aux 24h du Temps!

Besançon s’animera encore un weekend au tic-tac de l’horlogerie, du 18 au 19 juin. L’occasion de revenir sur le riche héritage de la Franche-Comté en la matière.

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300 ans d'horloges comtoises18 juin → 30 octobre 2016MusÉe du Temps

L’HORLOGE DE MA GRAND-MÈRE

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A la fin du 18ème siècle, l'industrie horlogère suisse est frappée par le chômage et ses horlogers franchissent une frontière encore poreuse pour s'installer à Besançon.

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EUROPA STAR PREMIÈRE | 29CULTURE HORLOGÈRE

Lisbonne et Rio, mais aussi l’in-dication de la température ou de l’altitude. Réalisée à partir d’une montre à onze complications, elle a été transformée pour répondre au souhait d’un riche collection-neur portugais, qui voulait voir ré-uni dans une montre l’essentiel du savoir de l’horlogerie mécanique. Pour y parvenir, le mouvement de la montre ne compte pas moins de 975 pièces.L’ébauche et les pièces de la montre, fabriquées en Suisse dans la Vallée de Joux, sont assemblées à Besançon à partir de 1899. Rachetée par la ville de Besançon grâce à une souscrip-tion en 1956, la montre rentre alors dans les collections municipales. Il faut attendre 1989 pour qu’une montre mécanique Patek Philippe ré-unisse 32 complications et détrône la Leroy 01.Le musée présente également une partie des instruments de l’Obser-vatoire astronomique de Besançon, qui certifiait la bonne marche des chronomètres, ainsi que le matériel pédagogique de l’Ecole Nationale d’Horlogerie, où étaient formés les cadres horlogers dont avait besoin l’industrie bisontine. Au-delà de la production de Besançon, les collec-tions d’horlogerie du musée offrent un large panorama de l’histoire de la discipline où se retrouvent repré-sentés les plus grands noms de l’his-toire horlogère, comme Ferdinand Berthoud.On y trouve donc 1’500 montres, ébauches et boîtes, plus d’une cen-taine d’horloges de parquet, com-toises et pendules... mais aussi un ensemble très original de 2’000 gra-vures liées à l’horlogerie, allant du 16ème au 19ème siècles.

Besançon, capitale du tempsMais comment Besançon a-t-elle lié son destin à l’horlogerie? A la fin du 18ème siècle, l'industrie hor-logère suisse est frappée par le chô-

mage et ses horlogers franchissent une frontière encore poreuse pour s'installer à Besançon. La France encourage et entérine ce mouve-ment d'immigration par un décret qui, en 1793, fonde la Manufacture Française d'Horlogerie à Besançon. La colonie suisse mettra près d'un siècle à s'enraciner. C'est seulement vers 1860 que l'on peut considérer la greffe comme réussie: l'industrie horlogère bisontine s'impose alors dans les Expositions universelles de la fin du siècle; l'Ecole d'horlogerie est fondée en 1860.Créé en 1882, l'Observatoire de Besançon a pour vocation première de donner l'heure juste: l'heure s'af-fichait à l'Hôtel de ville, les horlo-gers de la région venaient la prendre le matin. Besançon devient alors la capitale de l'horlogerie française. A la fin du 19ème siècle, la recherche uni-

versitaire va à la rencontre des tech-niciens horlogers. La vocation scien-tifique et technique de Besançon en matière de mesure du temps se fonde alors solidement sur ses bases horlogères. Aujourd'hui, Besançon est le pôle européen des microtech-niques.Dans les années 1970, le dévelop-pement des centres horlogers de l'Extrême-Orient et la concur-rence acharnée de la Suisse mettent Besançon en difficulté. Mais c'est sans compter sur les savoir-faire en matière de mécanique de préci-sion qui ont permis de développer des secteurs porteurs d'avenir: l'op-tique, l'électronique, l'acoustique, le thermique, le pneumatique, l'au-tomatisme, la productique, le génie biomédical.Besançon est aussi le pôle mondial des temps-fréquences. A l'heure ac-

tuelle, les scientifiques bisontins sont à l'avant-garde dans le domaine des temps-fréquences. Le temps est indiqué en seconde, minute, heure; la fréquence en hertz ; le temps-fré-quence est indiqué par exemple en hertz/seconde. Les techniques de mesure du temps prennent donc une place évidente au cœur du temps-fréquence.L’activité horlogère aura marqué le territoire pendant près de deux siècles. Les savoirs et les réflexions autour de la mesure du temps sont toujours présents. Besançon est un peu passée du titre de «Capitale hor-logère» à «Capitale du Temps». En 2004, la ville a accueilli la première Biennale Internationale du temps. En 2009, l’Observatoire a organisé le premier concours international de chronométrie du 21ème siècle, en collaboration avec le musée de l’horlogerie du Locle. Plus récem-ment, l’Observatoire a également re-pris ses activités de certification en délivrant à nouveau, aux horlogers locaux et extérieurs, le célèbre poin-çon à tête de vipère.Si l’activité horlogère s’était ainsi ré-duite ces dernières décennies, elle a toutefois perduré et évolué. Le sa-voir-faire des bisontins et plus lar-gement des francs-comtois, passés maîtres dans l’art du petit et du pré-cis, est reconnu internationalement. Les grandes marques horlogères, telle Breitling, le savent et trouvent à Besançon le cadre propice à leur développement. Des entreprises lo-cales, comme par exemple Pequignet et Herbelin, se sont positionnées sur la haute horlogerie tandis que de nouveaux créateurs sont apparus, comme Utinam.

Animations et ateliersMentionnons encore l’organisation de plusieurs activités grand pu-blic durant le week-end des 24H du Temps. «Ma Comtoise en car-ton» se destine ainsi aux enfants, qui auront l’occasion de construire de (petites) horloges (sans méca-nisme) avec du papier et du carton. Des démonstrations de montage et démontage d’une horloge com-toise par un horloger auront aus-si lieu. La cour du Palais Granvelle se transformera quant à elle le temps d’un week-end en une expo-sition à ciel ouvert des plus grandes marques horlogères franc-com-toises: de la renaissance réussie de Lip à Besançon aux montres qui apprennent l’heure, des nouveaux

mouvements Pequignet aux chro-nographes Dodane, un monde hor-loger franc-comtois, parfois oublié, qui n’a pas fini de surprendre.Sans oublier la grande Bourse hor-logère le dimanche: collections pri-vées, coucous, tic-tac, horloges de toutes époques, matériels horlogers,

montres anciennes, objets cultes etc. Et l’occasion sera donnée de rencon-trer des créateurs comme Mickaël Bourgeois de MB Watches, concep-teur et designer reconnu; les hor-logers derrière FOB Paris, créée en 2012 par trois amis et qui s’appuie sur le savoir-faire horloger tradi-tionnel pour promouvoir une vision unique du temps et du design, mê-lant passé et futur, espace et temps; enfin, Prisca Van Paassen sera éga-lement présente: cette créatrice pro-pose des bijoux originaux réalisés à partir de cadrans et mécanismes de montres anciennes. Toutes les pièces de montres sont chinées en bro-cantes et vide greniers... en Franche-Comté évidemment.

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INFORMATIONS PRATIQUESHoraires: Samedi 18 juin 12h-23h & Dimanche 19 juin 10h-18h

MUSÉE DU TEMPS DE BESANÇON96 Grande Rue, 25000 Besançon

Accès: Bus, arrêt Granvelle Parking: Mairie, Gare d’eau Train: Gare TGV Viotte et gare TGV Besançon Franche-Comté

Tél.: 00 33 (0)3 81 87 81 [email protected]

Des entreprises locales, comme par exemple Pequignet et Herbelin, se sont positionnées sur la haute horlogerie tandis que de nouveaux créateurs sont apparus, comme Utinam.

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EUROPA STAR PREMIÈRE25 route des Acacias, P.O. Box 1355, CH-1211 Genève 26 / SuisseTel: 00 41 22 307 78 37 Fax: 00 41 22 300 37 48 [email protected]

Rédaction: Pierre Maillard: [email protected], Serge Maillard: [email protected], Contributeurs dans ce numéro: Vincent Satiat, Marc Montagne, Joël Pynson, Sébastien Chaulmontet, Laurence Janin, Dominique Fléchon, François H. Courvoisier, Maria Bashutkina, Fabrice Mugnier, Emilie Gachet, Alexandre Olive, Karine Szegedi, Michael Andersen, Eric Pascal, Begoña Rodriguez, Sebastian Chiappero, Séverine Liardon, Inès Aloui, Richard Karmel

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Graphisme: Alexis Sgouridis: [email protected]

Impression: Musumeci S.p.A.

Direction du groupe Europa Star HBM: Philippe Maillard

Éditeur - CEO: Serge Maillard

Les publications du groupe Europa Star HBM: Europa Star: Europe - International - USA - Watches for China -Horalatina - ES Première - Europa Star Jewels - Eurotec - Bulletin d’informations

Sites web & iPad du groupe Europa Star HBM: www.worldwatchweb.com, www. europastar.com, www. watches-for-china.com, www. watches-for-china.cn, www. horalatina.com, www. europastar.es, www. europastarwatch.ru, www. watch-aficionado.com, www.europastarjewellery.com, www. cijintl.com, www. eurotec.ch

Les propos exprimés par les auteurs n’engagent que ces derniers. UNE PUBLICATION BIMESTRIELLE D'EUROPA STAR HBM SA.

ERRATUMNadège Sougy, auteur de l’article «Swiss made, les origines d’une référence» dans le dernier numéro d’Europa Star Première (no 2/16, p. 34), collabore à l'Université de Fribourg et non de Neuchâtel.

Retrouvez ce mois-ci dans le Bulletin d’informations (N° 1223):

- EN UNE: «Vibrato» d’Horotec, une machine de nettoyage entièrement sécurisée- La grande enquête du 15ème anniversaire de l’EPHJ-EPMT-SMT- Carl F. Bucherer vise l’or- Protexo, le manufacturier suisse de bracelets en cuir- L’atelier de sertissage JWS à Meyrin- Jaeger-LeCoultre: Reverso excentrique- IMI: regroupement autour du luxe- Fleurus, manufacture de bracelets de montre- SIS, tradition et innovations- Sibra, bracelets cuir d’exception- Interstrap, manufacture discrète et performante- Surfaces Synergie Group, les services du luxe- Estoppey-Addor: la nouvelle génération est bien en place- Incabloc: une référence qui évolue

- Bicrom, la galvanoplastie au service de l’horlogerie- Clip Industrie, l’ERP à l’écoute de l’atelier des PMI- Bulgari: «Ne pas tomber dans le produit de mode»- Technotime, des mouvements alliant design et performances- Elefil, la sous-traitance au service de l’horlogerie haut de gamme- Sarix, spécialiste du micro-usinage- Suvema, machines innovantes pour le micro-usinage- Vuichard, micro découpe laser pour composants de mouvements - Le Laboratoire Dubois renforce ses compétences dans le domaine des matériaux souples- L. Klein à Bienne: une entreprise familiale qui joue dans la cour des grands- FESP, fours industriels «made in Jura»- Monnier & Zahner, nouvelle machine à tailler les dentures fines et les couronnes dentées- Rimann se dote d’un nouvel immeuble pour ses bureaux - Supplément: DIXI Polytool

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GENÈVE

AKRIVIA Genève www.akrivia.comALAIN PHILIPPE Genève www.alainphilippe.comALFRED DUNHILL (Richemont) Genève www.dunhill.comALPINA Plan-les-Ouates www.alpina-watches.comALTANUS Genève www.altanus.comANDERSEN GENEVE Genève www.andersen-geneve.chANTOINE PREZIUSO Arare www.antoine-preziuso.comAPPELLA Carouge www.appella.comAQUANAUTIC Genève www.aquanautic.comARTYA Vésenaz www.artya.comATELIERS DE MONACO Plan-Les-Ouates www.ateliers-demonaco.comBADOLLET Genève www.badollet.comBAUME & MERCIER (Richemont) Bellevue www.baume-et-mercier.comBEDAT & Co. Genève www.bedat.comBERTOLUCCI Genève www.bertolucci-watches.comBLACK BELT Vésenaz www.blackbeltwatch.comBLACKSAND Genève www.blacksandgeneve.comBOGH-ART Genève www.bogh-art.comBOVET Plan-les-Ouates www.bovet.comBREVA Genève www.breva-watch.comBURBERRY (Fossil) Genève www.burberry.comCHANEL Genève www.chanel.comCHARRIOL Genève www.charriol.comCHOPARD Meyrin www.chopard.comCLERC Genève www.clercwatches.comCVSTOS Genève www.cvstos.comCYRUS Versoix www.cyrus-watches.chDA VINDICE Genève www.davindice.comDANIEL ROTH (Bulgari) Meyrin www.danielroth.comDAVID VAN HEIM Carouge www.david-van-heim.comDE BETHUNE Genève www.debethune.chDE BOUGAINVILLE Plan-les-Ouates www.debougainville.comDE GRISOGONO Plan-les-Ouates www.degrisogono.comDELACOUR Genève www.delacour.chDELALOYE Carouge www.garde-temps.chDELANEAU Genève www.delaneau.comDEWITT Meyrin www.dewitt.chEMILE CHOURIET Meyrin www.emile-chouriet.chENIGMA Genève www.gbenigma.comF.P. JOURNE Genève www.fpjourne.comFABERGE Genève www.faberge.comFRANC VILA / Genève www.francvila.comFRANCK MULLER Genthod www.franckmuller.comFRED (LVMH) Genève www.fred.comFREDERIQUE CONSTANT Plan-les-Ouates www.frederique-constant.comGERALD GENTA (BULGARI) Meyrin www.geraldgenta.comGIO MONACO Genève www.giomonaco.comGRAFF Genève www.graffdiamonds.comGRECO GENEVE Plan-les-Ouates www.greco-watches.comHARRY WINSTON (Swatch Group) Plan-les-Ouates www.harrywinston.comICELINK Genève www.icelinkwatch.comJACOB & CO. Genève www.jacobandco.comJEAN DUNAND Plan-les-Ouates www.jeandunand.comJORDI Nyon www.jordiwatches.comLACOSTE Genève www.lacoste.comLADOIRE Genève www.ladoire.chLAURENT FERRIER Plan-les-Ouates www.laurentferrier.chLE RHONE Satigny www.lerhone.comLEBEAUCOURALLY Genève www.lebeaucourally.comLEONARD Genève www.leonardwatches.comLOUIS VUITTON Genève www.louisvuitton.comLUDOVIC BALLOUARD Meyrin www.ballouard.comM. STEPHANE Vésenaz www.m-stephane.comMAGELLAN Genève www.magellanwatch.comMAREMONTI Genève www.maremontiwatch.ruMATHEY-TISSOT Genève www.mathey-tissot.netMB&F Genève www.mbandf.comMECCANICHE VELOCI Genève

www.meccanicheveloci.chMOYA Genève www.moyawatch.comMYKRONOZ Genthod www.mykronoz.comPATEK PHILIPPE Plan-les-Ouates www.patek.comPETER TANISMAN Meyrin www.peter-tanisman.comPIAGET (Richemont) Plan-les-Ouates www.piaget.comPICARD CADET Genève www.picardcadet.chPIERRE KUNZ Genthod www.pierrekunzgeneve.comPILO & CO Carouge www.pilo-watches.comQUINTING Genève www.quinting-watches.comRALPH LAUREN Plan-les-Ouates www.ralphlauren.comRATEL Genève www.cyrilratel.comRAYMOND WEIL Genève www.raymond-weil.comRJ - ROMAIN JEROME Genève www.romainjerome.chROBERT ET FILS 1630 Genève www.robertfils1630.comROGER DUBUIS (Richemont) Meyrin www.rogerdubuis.comROLEX Genève www.rolex.comSARCAR Vésenaz www.sarcar.comSNYPER Genève www.snyperwatches.comSPERO LUCEM Genève www.spero-lucem.comSTEELCRAFT Carouge www.steelcraft.chTECHNOMARINE Genève www.technomarine.comTF EST 1968 Carouge www.tfco.chTUDOR Genève www.tudorwatch.comUNIVERSAL GENEVE Meyrin www.universal.chURWERK Genève www.urwerk.comVACHERON CONSTANTIN (Richemont) Plan-les-Ouates www.vacheron-constantin.comVAN DER BAUWEDE Genève www.vdb.chVENUS Genève www.montresvenus.comVOLNA Genève www.volna.chYESLAM Genève www.yeslam.chZANDIDOUST Genève www.zandidoust.com

JURA

AEROWATCH Saignelégier www.aerowatch.comANDRE MOUCHE Fahy www.andremouche.chAVIATOR Porrentruy www.aviatorwatch.chCATOREX Les Breuleux www.catorex.chCLAUDE BERNARD Les Genevez www.claudebernard.chEDOX Les Genevez www.edox.chERNEST BOREL Le Noirmont www.ernestborel.chHEBE Alle www.hebewatch.comIKEPOD Bassecourt www.ikepod.comL'DUCHEN Saignelegier www.lduchen.comL'EPEE Delémont www.lepee-clock.chLOUIS CHEVROLET Porrentruy www.louischevrolet.chLOUIS ERARD Le Noirmont www.louiserard.chMATTHEW NORMAN Delémont www.matthew-norman.chPAUL PICOT Le Noirmont www.paulpicot.chRICHARD MILLE (Horométrie) Les Breuleux www.richardmille.comRUDIS SYLVA Les Bois www.rudissylva.comSWIZA Delémont www.swiza.chVALGINE Les Breuleux www.jic.ch/valgineVICENTERRA Boncourt www.vicenterra.chWENGER Delémont www.wenger.ch

LUCERNE CARL F. BUCHERER Lucerne www.carl-f-bucherer.comCHRONOSWISS Lucerne www.chronoswiss.comOCHS UND JUNIOR Lucerne www.ochsundjunior.ch

NEUCHÂTEL

88 RUE DU RHONE La Chaux-de-Fonds www.88rdr.comAFFLUENCE Neuchâtel www.affluencewatches.comALEXIS GARIN Les Verrières www.alexisgarin.chARNOLD & SON La Chaux-de-Fonds www.arnoldandson.comBALL WATCH La Chaux-de-Fonds www.ballwatch.comBLAULING Chézard-Saint-Martin www.blauling.comBLU Colombier www.blu.ch BOMBERG Neuchâtel www.bomberg.chBOUCHERON (Kering) Cortaillod www.boucheron.comBULER La Chaux-de-Fonds www.buler.chBULGARI (LVMH) Neuchâtel www.bulgari.comCATENA Corcelles www.montres-catena.comCERTINA (Swatch Group) Le Locle www.certina.comCHATELAIN La Chaux-de-Fonds www.chatelain.chCHRISTOPHE CLARET Le Locle www.christopheclaret.comCHRISTOPHE SCHAFFO La BrévineCHRONOGRAPHE SUISSE CIE La Chaux-de-Fonds www.chronographesuisse.chCORONA WATCH NeuchâtelCORUM (Haidian) La Chaux-de-Fonds www.corum.chDIOR HORLOGERIE (LVMH) La Chaux-de-Fonds www.dior.comDREYFUSS & CO La Chaux-de-Fonds www.dreyfussandco.comDUBEY & SCHALDENBRAND La Chaux-de-Fonds www.dubeywatch.comELLICOTT 1738 La Chaux-de-Fonds www.ellicott.chENICAR La Chaux-de-Fonds www.enicar.comETOILE Le Locle www.montres-etoile.chFENDI Marin-Epagnier www.fendi.comFERDINAND BERTHOUD Fleurier www.ferdinandberthoud.chFESTINA Bienne www.festina.comFLIK FLAK (Swatch Group) Cormondrèche www.flikflak.comFREDERIC JOUVENOT La Chaux-de-Fonds www.fjouvenot.comGAMIL WATCH La Chaux-de-FondsGEBSON Neuchâtel www.gebson.comGERGE Neuchâtel www.gergeswiss.comGIRARD-PERREGAUX (Kering) La Chaux-de-Fonds

www.girard-perregaux.comGRAHAM La Chaux-de-Fonds www.graham-london.comGREUBEL FORSEY La Chaux-de-Fonds www.greubelforsey.comGUCCI (Kering) Cortaillod www.gucciwatches.comHAUTLENCE (Melb Holding) La Chaux-de-Fonds www.hautlence.comHERITAGE Neuchâtel www.hwm-watch.comHOROSWISS La Chaux-de-Fonds www.horoswiss.comHYT Neuchâtel www.hytwatches.comJAERMANN & STUBI Le Locle www.jaermann-stuebi.comJAMES C. PELLATON Le Locle www.jamespellaton.comJAQUET DROZ (Swatch Group) La Chaux-de-Fonds www.jaquet-droz.comJEAN D'EVE La Chaux-de-Fonds www.jeandeve.chJEANRICHARD (Kering) La Chaux-de-Fonds www.jeanrichard.comJULIEN COUDRAY 1518 Le Locle www.juliencoudray1518.chLOUIS MOINET Saint-Blaise www.louismoinet.comMAITRES DU TEMPS La Chaux-de-Fonds www.maitresdutemps.comMARATHON La Chaux-de-Fonds www.marathonwatch.comMARVIN Vaumarcus www.marvinwatches.comMCGONIGLE STEPHEN Neuchâtel www.mcgonigle.ieMCT Neuchâtel www.mctwatches.comMETAL.CH Neuchâtel www.metalch.comMIDO (Swatch Group) Le Locle www.mido.chMONTBLANC (Richemont) Le Locle www.montblanc.comMUREX Le Locle www.murexwatch.comNOBEL Neuchâtel www.nobelwatch.chOPTIMA Le Locle www.optimawatch.comPARMIGIANI FLEURIER Fleurier www.parmigiani.chPIERRE THOMAS La Chaux-de-Fonds www.pierrethomas.chRAIDOX Le Locle www.raidox.chRIBA MUREX Le Locle www.murexwatch.comROD Neuchâtel www.rodwatches.chROTARY La Chaux-de-Fonds www.rotarywatches.comSCHWARZ-ETIENNE La Chaux-de-Fonds www.schwarz-etienne.chSULTANA La Chaux-de-Fonds www.sultana.chTAG HEUER (LVMH) La Chaux-de-Fonds www.tagheuer.comTAUCHMEISTER La Chaux-de-Fonds www.michel-perrenoud.chTEMPVS COMPVTARE Neuchâtel www.tempvscompvtare.chTISSOT (Swatch Group) Le Locle www.tissot.chULYSSE NARDIN (Kering) Le Locle www.ulysse-nardin.com VOUTILAINEN Môtiers www.voutilainen.ch VULCAIN Le Locle www.vulcain-watches.ch WALTHAM Marin-Epagnier www.waltham.ch ZENITH (LVMH) Le Locle www.zenith-watches.com

OBWALD ANTOINE MARTIN Alpnach www.antoinemartin.ch

SCHAFFHOUSE A. LANGE & SOEHNE (Richemont) Schaffhouse www.lange-soehne.comH. MOSER & CIE (Melb Holding) Neuhausen am Rheinfall www.h-moser.comIWC (Richemont) Schaffhouse www.iwc.ch

SCHWYTZ COINWATCH Pfäffikon www.coinwatch.ch LES MILLIONNAIRES Pfäffikon www.millionnaires.chLUMINOX Pfäffikon www.luminox.comMIRA Pfäffikon www.mirawatch.chPHILIP ZEPTER Wollerau www.zepter.com

SOLEURE ARLEA Wolfwil AUREMA Grenchen BIJOUMONTRE Grenchen www.bijoumontre.comBREITLING Grenchen www.breitling.comCAT Solothurn www.catwatches.comCOACH Grenchen www.coach.comCOVER WATCHES Solothurn www.coverwatches.comCYCLOS Dornach www.cyclos-watch.chETERNA (Haidian) Grenchen www.eterna.chFORTIS Grenchen www.fortis-watches.comGENIE Grenchen www.genieswiss.chHARWOOD WATCH CO. Grenchen www.harwood-watches.comJOWISSA UHRE Bettlach www.jowissa-watches.comKIENZLE Egerkingen www.kienzleuhren.deMANJAZ Welschenrohr www.manjaz.chNORD ZEITMASCHINE Büsserach www.nord-zeitmaschine.ch PORSCHE DESIGN Grenchen www.porsche-design.comROAMER Soleure www.roamer.chSWISS MILITARY-HANOWA Solothurn www.swissmilitary.chTITONI Grenchen www.titoni.ch

ST. GALL

LUNESA Sevelen www.lunesa.com

TESSIN ADRIATICA Camorino www.adriaticawatches.chALFEX Manno www.alfex.comARMAAN Agno BUCCELLATI Chiasso www.buccellati.comCANOPUS Magliaso www.amanzoni.comCUERVO Y SOBRINOS Capolago www.cuervoysobrinos.comDAMIANI Manno www.damiani.com

DWISS Lugano www.dwiss.comGLAM ROCK Lugano www.glamrockwatches.comGUESS Bioggio www.guesswatches.comN.O.A Balerna www.noawatch.comORA Locarno www.oraswisswatch.comSALVATORE FERRAGAMO (Timex Group) Manno www.ferragamotimepieces.comSEA-GOD Chiasso www.sea-god.chTENDENCE Lugano www.tendencewatches.comTIMEX (Timex Group) Manno www.timexgroup.comTONINO LAMBORGHINI Chiasso www.lamborghini.itVERSACE (Timex Group) Manno www.versace.comZITURA WATCH Magliaso www.zitura.com

THURGOVIE

ANDREAS STREHLER Sirnach www.astrehler.chHANHART Diessenhofen www.hanhart.com

VAUD

ADRIANO VALENTE Lausanne www.adrianovalente.comALAIN SAUSER CRÉATION Chamby www.alainsauser.chALFRED ROCHAT - AROLA Les Bioux www.arola-alfred-rochat.chANONIMO Chavannes-de-Bogis www.anonimo.comAUDEMARS PIGUET Le Brassus www.audemarspiguet.comBLANCPAIN (Swatch Group) Paudex www.blancpain.comBREGUET (Swatch Group) L'Abbaye www.breguet.comC3H5N3O9 Gand www.c3h5n3o9.comCABESTAN L'Orient www.cabestan.chCHAUMET (LVMH) Nyon www.chaumet.comCLAUDE MEYLAN L'Abbaye du Lac de Joux www.claudemeylan.chDE HAVILLAND Yverdon-les-bains www.dehavilland-watches.comDODICI Montreux www.dodici.chFRERES ROCHAT (Automates) Le Brassus www.freres-rochat.comHD3 COMPLICATION Luins www.hd3complication.comHUBLOT (LVMH) Nyon www.hublot.comHYSEK Lussy-sur-Morges www.hysek.comJAEGER-LECOULTRE (Richemont) Le Sentier www.jaeger-lecoultre.com JANVIER Ste-Croix www.vianney-halter.comLOISEAU St-Prex www.atelier-loiseau.chLOUIS GOLAY Lonay www.louisgolay.com MANUFACTURE ROYALE Vallorbe www.manufacture-royale.com PHILIPPE DUFOUR Le Sentier www.philippedufour.comPIERRE DEROCHE Le Lieu www.pierrederoche.comREBELLION Lonay www.rebellion-timepieces.comREUGE (automates) Sainte Croix www.reuge.com REVELATION Lully www.revelation-watches.ch ROMAIN GAUTHIER Le Sentier www.romaingauthier.com SLYDE Luins www.slyde.chSPEAKE-MARIN Bursins www.speake-marin.comVALBRAY Lausanne www.valbray.ch VINCENT CALABRESE Morges www.vincent-calabrese.ch

ZOUG

CIMIER Baar www.cimier.com DIETRICH Zoug www.dietrich-watches.comFAVRE LEUBA ZougGC WATCHES (Timex Group) Zoug www.gcwatches.comPANERAI (Richemont) Steinhausen www.panerai.comRAM Cham www.ram-watches.ch RECONVILIER Zoug www.reconvilier.com

ZURICH

ZASPERO Regensdorf www.zaspero.com CAMEL ACTIVE Zurich www.mondaine.comCORNAVIN Zurich www.cornavin-watches.chHELVETICA Zurich www.mondaine.comJUSTEX Zurich www.justex.chLALIQUE Zollikerberg www.lalique.com M-WATCH Zurich www.mondaine.comMARC JENNI Zurich www.marcjenni.comMAURICE DE MAURIAC Zurich www.mauricedemauriac.ch MIKI ELETA (Pendules) Zurich www.eleta.chMONDAINE Zurich www.mondaine.com MONTILIER Zurich www.montilier.com O&W Zurich www.chronotime.chPAUL GERBER Zurich www.gerber-uhren.chPHILIP STEIN Kilchberg www.philipstein.comSEVENFRIDAY Zurich www.sevenfriday.comSWAROVSKI Männedorf www.swarovski.comTORSO Zurich www.torsoswiss.chURBACH Zurich www.urbach.ch XEMEX Zurich www.xemex.ch

Liste non contractuelle

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ANNUAIRE DES HORLOGERS

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HARMONYCHRONOGRAPHE

Boutiques Vacheron Constantin :Genève Place de Longemalle 1 ∙ Lucerne Kapellplatz 10

Notre histoire ininterrompue se refl ète à travers la collection Harmony.Une nouvelle légende est née.

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