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Europe en Poesie

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Ce recueil de poèmes a été réalisé par le bureau des relations internationales de la direction générale de l’enseignement scolaire du ministère de l’Éducation nationale.Le ministère de l’Éducation nationale remercie les ambassades des 26 États membres de l’Union européenne, les instituts culturels

ainsi que toutes les institutions qui ont contribué à cette réalisation.

Secrétariat d’édition : Marie-Hélène Klein ; maquette : Catherine Villoutreix ; mise en page : atelier graphique du CNDP.

© 2008 CNDP, Téléport 1@4, BP 80158-86691 Futuroscope CedexISBN : 978-2-240-02701-6

« Le Code de la propriété intellectuelle n’autorisant aux termes de l’article L. 122-5 2 et 3 d’une part que “les copies ou reproductions strictement réservées à l’usage du copiste et non destinées à une utilisation collective” et, d’autre part, que “les analyses et courtes citations justifiées par le caractère critique, polémique, pédagogique, scientifique ou d’information de l’œuvre à laquelle elles sont incorporées”, toute représentation ou reproduction intégrale ou partielle faite sans le consentement du CNDP est illicite (article L. 122-4). Cette représentation

ou reproduction par quelque procédé que ce soit constituerait une contrefaçon sanctionnée par les articles L. 335-2 et suivants du Code de la propriété intellectuelle ».

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Lituanie . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 39Luxembourg . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 41Malte . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 43Pays-Bas . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 45Pologne . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 47Portugal . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 49République Tchèque . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 51Roumanie . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 53Royaume-Uni . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 55Slovaquie . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 57Slovénie . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 59Suède . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 61Auteurs et traducteurs . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 63

SOMMAIRE

Avant-propos . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 5Allemagne . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 7Autriche . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 9Belgique . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 11Bulgarie . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 15Chypre . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 17Danemark . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 19Espagne . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 21Estonie . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 23Finlande . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 25France . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 27Grèce . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 29Hongrie . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 31Irlande . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 33Italie . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 35Lettonie . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 37

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PRÉFACE DE XAVIER DARCOS MINISTRE DE L’ÉDUCATION NATIONALE

L’ Union européenne telle que nous la connaissonsaujourd’hui est une construction politique qui engagel’existence de chacun d’entre nous. C’est précisément

pour cela qu’elle ne saurait être une affaire de spécialistemais au contraire un enjeu et une préoccupation pour tousles Français. Dans les fonctions qui sont les miennes, j’aile souci de faire connaître l’Europe aux élèves français,d’en expliquer la signification et de la rendre concrète.Faire connaître la diversité des cultures européennes, etdans le même temps souligner les valeurs et les projetsque partagent les Européens constitue une mission quime tient à cœur. C’est pour cette raison qu’à l’occasion de la Présidencefrançaise de l’Union européenne, j’ai souhaité que l’Éducationnationale réalise un recueil de poésie résolument européen.Dans ce but, chacun des États membres de l’Union a étéinvité à choisir deux poèmes au sein de son patrimoinelittéraire, l’un destiné aux jeunes élèves de primaire, l’autreaux collégiens et aux lycéens.

Le présent recueil, baptisé L’Europe en poésie, rassembleles textes qui nous ont été adressés par nos partenaires.Pour mieux faire connaître la diversité et la richesse deslangues européennes, nous avons eu le souci de présenterchacun de ces poèmes dans sa langue originale et entraduction française. Avec L’Europe en poésie, les enfants et les adolescents, maisaussi leurs enseignants et leurs familles vont pouvoirdécouvrir des littératures et des auteurs qui ne sont pastoujours connus en France. Je souhaite qu’ils soient nombreuxà se saisir de l’opportunité qui leur est offerte ! Bonne lecture à tous !

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DIE AMEISEN

In Hamburg lebten zwei Ameisen,Die wollten nach Australien reisen.Bei Altona auf der Chaussee,Da taten ihnen die Beine weh,Und da verzichteten sie weiseDann auf den letzten Teil der Reise.

LES FOURMIS

À Hambourg vivaient deux fourmis,Qui voulaient partir en Australie.Sur la chaussée près d’AltonaElles eurent mal aux jambes déjà,Et renoncèrent – décision sage –Au dernier morceau du voyage.

ALLEMAGNE JOACHIM RINGELNATZ (1883-1934)Joachim Ringelnatz, de son vrai nom Hans Bötticher, est né le 7 août 1883 à Wurzen près de Leipzig. Il commencecomme mousse puis s’enrôle comme matelot dans la marine allemande pour occuper ensuite, durant toute sa vie,des emplois très divers : guide touristique, buraliste, bibliothécaire, décorateur de vitrines. Il se fait connaître par despoèmes loufoques qu’il déclame lui-même dans des cabarets. Il est aussi l’auteur de récits autobiographiques commeWas ein Schiffsjungen-Tagebuch erzählt (Journal d’un mousse). Il se fait également connaître comme peintre et chan-sonnier. Il meurt en 1934 à Berlin.

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EIN FICHTENBAUM STEHT EINSAM

Ein Fichtenbaum steht einsamIm Norden auf kahler Höh.Ihn schläfert ; mit weißer DeckeUmhüllen ihn Eis und Schnee.

Er träumt von einer Palme,Die, fern im Morgenland,Einsam und schweigend trauertAuf brennender Felsenwand.

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ALLEMAGNE HEINRICH HEINE (1797-1856)Heinrich Heine est né en 1797 à Düsseldorf. Fils d‘un commerçant, il apprend d‘abord le métier de son père puis faitdes études de droit. En 1827, paraît le Livre des chants, qui sera le recueil de poésie le plus vendu du XIXe siècle etqu‘on considère aujourd’hui comme son œuvre la plus significative. Fuyant le régime politique prussien, il se réfugieà Paris en 1831. Il meurt le 17 février 1856 des suites d’une maladie qui le laissa longtemps grabataire. Heine est consi-déré aujourd’hui comme l’un des plus grands poètes allemands, bien que ses œuvres n’aient été reconnues qu’aprèssa mort. Il est l’auteur de la Lorelei qui inspira Schumann et Schubert. On peut voir sa tombe au cimetière de Montmartreà Paris.

UN GRAND PIN

Un grand pin se tient solitaire,Dans le Nord, sur un sommet nu.Il fait un somme; neige et glaceLe recouvrent d’un manteau blanc.

Il rêve à la palme lointaineTrès loin là-bas, en Orient,Silencieuse et solitaire,Triste sur un rocher brûlant.

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BIBLIOTHEK

die vielen buchstabendie nicht aus ihren wörten können

die vielen wörterdie nicht aus ihren sätzen können

die vielen sätzedie nicht aus ihren texten können

die vielen textedie nicht aus ihren büchern können

die vielen büchermit dem vielen staub darauf

die gute putzfraumit dem staubwedel

BIBLIOTHÈQUE

toutes ces lettresqui ne peuvent pas sortir de leurs mots

tous ces motsqui ne peuvent pas sortir de leurs phrases

toutes ces phrasesqui ne peuvent pas sortir de leurs textes

tous ces textesqui ne peuvent pas sortir de leurs livres

tous ces livresavec toute cette poussière dessus

la brave femme de ménageavec son plumeau

AUTRICHE ERNST JANDL (1925-2000)Ernst Jandl est né à Vienne. Poète et traducteur, il est également professeur d'anglais et d'allemand au lycée. Prochedu peuple et familier de la langue et de l’humour populaires, il publie ses premiers poèmes au début des années1960. Il est l’un des représentants de la poésie concrète en Autriche : le rythme et l'onomatopée sont des élémentsmajeurs de son style. Il est sans doute le plus populaire des poètes concrets. Dans les années 1970 et 1980, l'humour des premières œuvres évolue vers le sarcasme résigné : sa poésie se fait l'écho du mauvais état dans lequelse trouve la langue. Il meurt à Vienne en 2000.

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PSALM

Niemand knetet uns wieder aus Erde und Lehm,niemand bespricht unsern Staub.Niemand.

Gelobt seist du, Niemand.Dir zulieb wollenwir blühn.Direntgegen.

Ein Nichtswaren wir, sind wir, werdenwir bleiben, blühend :die Nichts-, dieNiemandsrose.

Mitdem Griffel seelenhell,dem Staubfaden himmelswüst,der Krone rotvom Purpurwort, das wir sangenüber, o überdem Dorn.

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AUTRICHE PAUL CELAN (1920-1970)Paul Antschel (Ancel en roumain d'où le nom de Celan pour pseudonyme) naît le 23 novembre 1920 dans une famille juive delangue allemande, à Czernowitz, ville austro-hongroise intégrée à la Roumanie après la Première Guerre mondiale (actuel-lement en Ukraine). Il fait des études de médecine à Paris à la fin des années 1930. Durant la Seconde Guerre mondiale, sesparents meurent dans les camps nazis. Lui-même est interné en 1943 puis libéré en 1944 par les troupes soviétiques. Il partalors pour Bucarest (Roumanie) où il gagne sa vie comme traducteur et éditeur. En 1947, il quitte la Roumanie pour Vienne(Autriche) où il publie son premier livre. Il s’installe finalement à Paris, devient professeur d'allemand à l'École normale supé-rieure et se fait naturaliser Français en 1955. Il est considéré aujourd’hui comme l’un des poètes les plus importants du XXe siè-cle. Son poème le plus connu, Todesfuge (Fugue de la mort) a pour thème le sort des Juifs dans les camps d'extermination.Parlant parfaitement plusieurs langues, il a traduit en allemand de grands poètes français comme Arthur Rimbaud, Henri Michauxou René Char, mais égaIement Shakespeare ou Fernando Pessoa. Il se suicide à Paris en avril 1970.

PSAUME

Personne ne nous pétrira de nouveau dans la terre et l’argile,personne ne soufflera la parole sur notre poussière.Personne.

Loué sois-tu, Personne.C’est pour toi que nous voulonsfleurir.À ta rencontre.

Un rien.voilà ce que nous fûmes, sommes et resterons, fleurissant :la rose de Rien, larose de Personne.

Avecla clarté d’âme du pistill’âpreté céleste de l’étamine,la couronne rougedu mot pourpre que nous chantions,au-dessus, ô, au-dessusde l’épine.

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OPTOCHT

Rimbombo rimbomboRimbaud tamboert in deRue de Rivoli

Pierlala gevangenzingt in zijn kist « En hijbijt nog bovendien»

Rikiki rikikide Banshee krijst van demare bereden

Zij rijdt met Scapinode tovenaar hij komtPierlala hij tromt

Rimbombo rimbom

CORTÈGE

Rimbombo rimbomboRimbaud tambourineRue de Rivoli

Pierlala prisonnierdans son cercueil chante «Après vos fessesje lâche mon chien»

Riquiqui riquiquila Banshee crie à cause desfantômes de la nuit

Elle chevauche avec Scapinole magicien il arrive à la bourrePierlala il bat le tambour

Rimbombo rimbomboum

BELGIQUE PETER HOLVOET-HANSSENPeter Holvoet-Hanssen est né à Anvers (Belgique) en 1960. Sa poésie fait se rejoindre les extrêmes : le haut et lebas, l’inaccessible et l’accessible, l’humour et l’émoi, la routine et la folie. Sa façon de lire ses poèmes en public estparticulièrement enthousiasmante. La teneur théâtrale et musicale de son œuvre fait que les performances du poètesont très appréciées lors des festivals et des soirées de poésie. Il est à ce jour l’auteur d’un roman et de cinq recueilsde poèmes.

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ROZA EN DE MAAN

De maan is een jongen en toch liefhij kijkt onder de wolkenmaar ik slaap onder de lakens.

Hij zingt op een onmogelijk uur :« Niets zijn de sterren, niets is de maansterren moeten slapen gaanen wassen maar moet Jantje Maan.»

Hij mangelt met hoge stem:« Kirk, je bent geen adonis die nog inhet centrum denkt te staan.Spock, je roestig sterrenschipvertrekt nergens om 25 uurnaar de maan van Manakoora.»

Uilskuikens en konijnenstart de melkboerenhondenhaarraketstoof het varken met de langste snuitwant de maan is in de wolken, ligtte slapen in mijn rozenbed.

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BELGIQUE PETER HOLVOET-HANSSENPeter Holvoet-Hanssen est né à Anvers (Belgique) en 1960. Sa poésie fait se rejoindre les extrêmes : le haut et lebas, l’inaccessible et l’accessible, l’humour et l’émoi, la routine et la folie. Sa façon de lire ses poèmes en public estparticulièrement enthousiasmante. La teneur théâtrale et musicale de son œuvre fait que les performances du poètesont très appréciées lors des festivals et des soirées de poésie. Il est à ce jour l’auteur d’un roman et de cinq recueilsde poèmes.

ROZA ET LA LUNE

La lune, c’est un garçon, mais il est gentilil zyeute par-dessous les nuagesmais moi, je dors sous les draps.

Il chante à des heures impossibles :«Les étoiles de rien du tout, de rien du tout la lune,c’est l’heure où les étoiles se mettent au plumel’heure de blanchir pour Jean de la Lune. »

La voix aiguë, il tord le linge :«Kirk, t’es en rien un adonisqui se croit encore au centre du monde.Spock, ton vaisseau d’étoiles rouillépart à 25 heures nulle partpour la lune de Manakoora. »

Triples buses et lapinsla fusée aux poils de chien du laitier décollele cochon au groin le plus long mijotecar la lune est dans les nuages, dortdans mon lit de roses.

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LE PAGIVORE

Il eut soudain grand faim de livres,En avala cent trente-trois

Dont un traité de savoir-vivre,Mi à l’envers, mi à l’endroit.

Il épargna la poésie,Dévora l’encyclopédie

Et juste à l’heure du dessert,Mi à l’endroit, mi à l’envers,

Croqua la bibliothécaire.

BELGIQUE PIERRE CORANPierre Coran est né en 1934 à Saint-Denis-en-Brocqueroie, près de Mons (Belgique). Instituteur, il fonde Le Cyclope,revue autour de laquelle gravite un groupe de jeunes auteurs. À cette époque, ses élèves estiment injuste qu’il n’écriveque pour les adultes et amènent Pierre Coran à composer des poésies et des contes pour enfants. Cette activité devientprioritaire par la suite et se poursuit aujourd’hui avec la parution de nombreux albums traduits en une douzaine delangues. Pierre Coran est aussi animateur, romancier et scénariste d’une centaine de bandes dessinées publiéesdans toute l’Europe.

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LES LANGUES

Le professeur éteint la lampe du savoir ;A ses côtés l’écran ronronne encore un peu.On entend seulement les langues mortesDéfaire la fatigue et les nœuds de la classe.Ce sont des voix très sombres :« Tu quoque fili mi » se répand dans la cave ;«Eli, Eli lema sabachtani » descendDu toit, comme s’il fallait ce soir encoreBercer le monde avec des trahisons.Le maître écoute lentement les langues anciennesAvec le chat sur ses genouxEt la pitié dans son oreilleEst une bête désarmée.

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BELGIQUE LUCIEN NOULLEZLucien Noullez est né à Bruxelles en 1957. Il est professeur dans l’enseignement spécialisé depuis 1978. Parallèlementà sa profession, il mène une carrière de poète et de critique littéraire dans différentes revues. Il est chroniqueur à La Libre Belgique. Il est l’auteur d’une quinzaine de recueils traduits en plusieurs langues.

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МИЛА РОДИНО

Горда Cтара планина,до ней Дунава синей,слънце Тракия огрява,над Пирина пламеней.

Мила Родино,ти си земен рай,твойта хубост, твойта прелест,ах, те нямат край.

CHÈRE PATRIE

Fier le vieux Balkan,À ses côtés le Danube bleuit,Le soleil éclaire la plaine de Thrace,Au-dessus du Pirin il flamboie.

Chère Patrie,Tu es un paradis terrestre,Ta beauté, ton charme,Ah, ils n’ont pas de fin !

BULGARIE TSVÉTAN RADOSLAVOV (1863-1931)Tsvétan Radoslavov est né à Svishtov en 1863. Il a fait des études universitaires de philosophie à Leipzig en Allemagne.Il est également l’un des premiers Bulgares à être docteur en psychologie. Il a enseigné les langues anciennes, la psychologie et la philosophie à l’université dans la capitale bulgare, Sofia. Il est un peu le Rouget de Lisle bulgarepuisqu’il a écrit, en 1885, le poème Mila Rodino (Chère Patrie) qui est devenu l’hymne national de la Bulgarie. Il ena également composé la musique.

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Тъй солунските двама братянасърчаваха дедите ни...

О, минало незабравимо,о, пресвещени старини!

България остана вярнана достославний тоз завет!

В тържествуванье и в страданьеизвърши подвизи безчет.

Бъдете преблагословени,о, вий, Методий и Кирил,

отци на българското знанье,творци на наший говор мил!

Нек името ви да живеевъв всенародната любов,

речта ви мощна нек се помнив Славянството во век веков!

Кирил и Методий"Върви, народе възродени,

към светла бъднина върви!С книжовността, таз сила нова,

съдбините си ти поднови!Върви към мощната просвета,

в световните борби вървиот длъжност неизменно воден -

и Бог ще те благослови!

Напред! Науката е слънце,което във душите грей!

Напред! Народността не падатам, дето знаньето живей!

Безвестен беше ти, безславен,о, влез в историята веч!

Духовно покори страните,които завладя със меч!"

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BULGARIE

CYRILLE ET MÉTHODE

Marche, peuple revivifié,

Marche vers un avenir serein,

Que par sa force qui t’est donnée

L’écriture renouvelle ton destin !

Marche vers la Connaissance toute puissante!

Marche, prends part à tous les combats,

Que le devoir immuable te guide

Et Dieu te bénira !

En avant ! La science est un soleil

Qui brille dans les cœurs !

En avant ! Jamais ne tombe un peuple

Tant que le savoir est en vigueur !

Tu étais ignorant et sans gloire !…

Maintenant, entre dans l’histoire,

Par ton esprit subjugue les pays

Que ton glaive a conquis !

Ainsi les deux frères de Salonique

Ont exhorté nos aïeux…

Ô passé inoubliable, glorieux,

Ô, souvenirs sacrés !

La Bulgarie n’a point trahi

Ce testament si digne, illustre !

Dans le triomphe ou la souffrance,

Que d’exploits accomplis…

Soyez en tous temps bénis,

Ô frères Méthode et Cyrille,

Pères du savoir bulgare,

Créateurs de notre langue chérie !

Que l’amour de tout un peuple

Veille toujours sur votre nom,

Que demeure éternellement

Dans la mémoire des Slaves

De votre verbe la puissance !

STOYAN MIKHAÏLOVSKI (1856-1927)Stoyan Mikhaïlovski fut un éminent intellectuel bulgare. Il fait des études de droit à l’université d’Aix-en-Provence. Il est professeur de français puis maître de conférences en littérature à l’université de Sofia et membre de l’Académiebulgare des Sciences. Il écrit beaucoup de fables et de poèmes.Son poème le plus connu, Cyrille et Méthode, célèbre les deux frères qui, en évangélisant les populations slaves auIXe siècle, ont créé, à partir de l’alphabet grec, l’alphabet cyrillique, premier alphabet adapté à la phonétique slave.Depuis le XIXe siècle ce poème est devenu l’hymne de l’éducation et de la culture bulgares, chanté par tous les élèvesle 24 mai, jour de la Fête de l’alphabet cyrillique, de l’éducation et de la culture bulgares.

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POUR CHYPRE

Pour toi, Chypre immortellePatrie en esclavage,J’offrirai mon sangGoutte à goutte…

Pour te voir libreEt glorifiéeJe n’hésiterai pas, Chypre ma patrie,À me jeter au feu.

CHYPRE EVAGORAS PALLIKARIDES (1938-1957)Evagoras Pallikarides est né dans le village chypriote de Tsada, le 27 février 1938. Brillant étudiant, il remplit desdizaines de cahiers de poèmes, de prose et de lettres. A l’âge de 15 ans, il s'engage dans la lutte contre lesBritanniques qui occupent alors l’île de Chypre et prend part à plusieurs actions de résistance dans le but de libérerson pays. Capturé alors qu’il est en possession d’une arme, il est exécuté le 13 mars 1957, à l’âge de 19 ans.La plupart de ses poèmes constituent un hymne à la liberté.

ΣΤΗΝ ΚYΠΡΟ

Για σένα, Κύπρο αθάνατη πατρίδα σκλαβωμένη,Θα δώσω απ΄ το αίμα μου κάθε σταλαματιά...

Για να σε δω ελεύθερη και χιλιοδοξασμένη δε θα διστάσω, Κύπρο μου, να πέσω στη φωτιά.

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CHYPRE PANDELIS MICHANIKOS (1926–1979)Pandélis Michanikos naît en 1926 dans un village à l’est de l’île de Chypre. Il fait ses études au Collège hellénique deFamagouste puis à l’Académie américaine de Larnaca. En 1952, il fait ses débuts littéraires dans le magazine Lettreschypriotes. Deux ans plus tard, il obtient le premier prix au concours panhellénique pour son recueil Epreuve de rêves.Le poème Une Chanson pour Rimaho, paru dans son dernier recueil Déposition, a été écrit en 1975, à la suite des événements qui ont conduit à la coupure en deux territoires de l’île de Chypre. Le poème, écrit en grec moderne etnon en dialecte chypriote, apparaît comme un hymne à la femme aimée et à la patrie.

UNE CHANSON POUR RIMAHO

Qui donc égalait en bravoureRimahoqui s’inclina et embrassa la terrequ’avait foulée sur son passage son aimée?Et elle, elle marchait emplie d’orgueil et de mépris ;et les autres le traitèrent d’idiot,et lui de nouveau s’inclina et embrassa la terre ;il savait pourtant bien que les autres le traitaient d’idiot.

Et sa poitrine était emplie de joie.Emplie de joie.

Qui égalait Rimaho en bravoure?Sept mille fois il aurait sacrifié sa viepour défendre la terrequ’avait foulée sur son passage son amour.

Qui égale Rimaho en bravoure?Qui égale Rimaho en amourpour défendre cette terre?

EΝΑ ΤΡΑΓΟYΔΙ ΓΙΑ ΤΟ ΡΙΜΑΧO

Και ποιος ήτανε τόσο λεβέντηςόπως το Ριμαχόπου έσκυψε και φίλησε το χώμααπ΄ όπου διάβηκε η αγαπημένη τουκι αυτή προχωρούσε υπερήφανη κι ακατάδεχτηκι οι άλλοι τον είπανε βλάκακι αυτός ξανάσκυψε και ξαναφίλησε το χώμαξέροντας καλά πως οι άλλοι τον λέγανε βλάκα.

Και τα στήθια του ήταν γεμάτα χαρά.Γεμάτα χαρά.

Ποιος ήτανε τόσο λεβέντης όπως το Ριμαχό;Εφτά χιλιάδες φορές θα σκοτώνοντανγια να υπερασπίσει το χώμααπ΄ όπου διάβηκε η αγάπη του.

Ποιος είναι λεβέντης σαν το Ριμαχόποιος έχει αγάπη σαν το Ριμαχόνα υπερασπίσει τούτα τα χώματα;

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Jeg kan li at klappe katte Når de ikke flår og kradser.Jeg kan li at prøve hatte Og slå søm i store kasser.

Jeg kan li at åbne pakker. Jeg kan li at knalde poser.Jeg kan li kulørte frakker Og lakrids og røde roser.

Jeg kan li at vælte piger Og slå klatter når jeg maler. Jeg kan li når solen stiger. Jeg kan li når sneen daler.

Jeg kan li en hest der vrinsker Jeg kan li at stå på ski. Jeg kan li en masse men’sker. Jeg kan li nemlig li at li !

DANEMARK HALFDAN RASMUSSEN (1915-2002)Halfdan Rasmussen naît en 1915 à Copenhague. Il grandit dans une famille ouvrière pauvre. Les sentiments de soli-darité avec le peuple sont la base de sa conception de l’humanité. Parmi tous ses écrits, les poèmes et les récits pourenfants sont les plus connus du grand public. Mais il a aussi écrit des textes importants sur les questions sociales etles droits de l’Homme.« J’écris des poèmes amusants, j’en écris aussi des tristes – les premiers sont lus par d’autres gens – moi je lis lesderniers » : c’est ainsi que se présentait avec humour Halfdan Rasmussen.L’un de ses récits pour enfants est traduit en français sous le titre Pierrot le grand.

J’aime caresser les chatsS’ils n’écorchent ni n’égratignent.J’aime essayer les chapeauxEt planter des clous dans de grosses caisses.

J’aime ouvrir les paquets.J’aime faire exploser les sacs.J’aime les manteaux colorésLa réglisse et les roses rouges.

J’aime faire tomber les fillesEt faire des taches en peignant.J’aime le soleil qui se lève.J’aime la neige qui tombe.

J’aime le cheval qui hennitJ’aime être à ski.J’aime une foule de gens.Car ce que j’aime, c’est aimer.

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Blomster på eng og i potte.Banket bliver mangen en måtte.Plæner bliver såetOg digte forståetFor nu er det forår i Danmark.

ÅRSTIDERNE

Vasketøj vajer for vinden.Småbørn får knopper på kinden.Piger bliver drilletOg fodbold bliver spilletFor nu er det sommer i Danmark.

Dagene falder så dystre.Skolebørn vil ikke lystre.Tøj bliver forældetOg tårer bliver fældetFor efterår er det i Danmark.

Skilsmisser. Dødsfald. Romaner.Hoste og nedfrosne planer.Næsen bliver dryppetOg tuden bliver dyppetFor nu er det vinter i Danmark.

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DANEMARK BENNY ANDERSENBenny Andersen naît le 7 novembre 1929 et grandit à Copenhague dans un milieu ouvrier. Il quitte l’école très jeuneet travaille comme pianiste dans les restaurants tout en suivant des cours du soir. Il fait ses débuts d’écrivain en 1960avec un recueil de poèmes intitulé L’Anguille musicale. Dans ses textes – poèmes mais aussi nouvelles – il met enscène, avec humour, compassion et ironie, un homme de tous les jours n’ayant pas confiance en lui. Depuis 1962,Benny Andersen vit de son activité d’écrivain. Le poème Årstiderne appartient au recueil Svantes viser (Les Chanson-nettes de Svante) de 1972.

LES SAISONSLe linge flotte au vent.Les bambins ont la joue qui bourgeonne.Les filles se font taquinerEt on joue au footballCar c’est l’été au Danemark.

Les jours déclinent, si tristes.Les écoliers refusent d’obéir.Les vêtements se font vieuxEt des larmes sont verséesCar c’est l’automne au Danemark.

Divorces. Décès. Romans.Toux et projets gelés.Goutte au nezEt bec mouilléCar c’est l’hiver au Danemark.

Fleurs dans les prés et les pots.Paillassons battus.Pelouses seméesEt poésies comprisesCar c’est le printemps au Danemark.

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EL LAGARTO ESTÁ LLORANDO…

El lagarto está llorando.La lagarta está llorando.

El lagarto y la lagartaCon delantalitos blancos.

Han perdido sin quererSu anillo de desposados.

¡Ay, su anillito de plomo,Ay, su anillito plomado!

Un cielo grande y sin genteMonta en su globo a los pájaros.

El sol, capitán redondo,lleva un chaleco de raso.

¡Miradlos qué viejos son!¡Qué viejos son los lagartos !

¡Ay cómo lloran y lloran.¡Ay ! ¡ay, cómo están llorando!

LE LÉZARD EST TOUT EN LARMES…

Le lézard est tout en larmes.La lézarde est tout en larmes.

Le lézard et la lézardeEn petits tabliers blancs.

Ils ont perdu par mégardeLeur anneau de mariage.

Hélas ! leur anneau de plombLeur joli anneau de plomb!

Personne dans le grand cielOù monte un globe d’oiseaux.

Le soleil, gros capitaine,Porte un gilet de satin.

Regardez comme ils sont vieux !Comme ils sont vieux, les lézards !

Et comme ils pleurent, mon Dieu!Et comme ils sont tout en larmes!

ESPAGNE FEDERICO GARCÍA LORCA (1898-1936)Federico García Lorca naît à Fuente Vaqueros tout près de Grenade, dans le sud de l’Espagne, au sein d’une familleaisée. Après des études de droit, de littérature et de philosophie à l’université de Grenade, il se consacre à la littérature, à la poésie et au théâtre. Avec le musicien Manuel de Falla, également originaire de Grenade, il organiseun festival consacré au style de flamenco propre à cette ville, le « cante jonto ». Intellectuel résolument engagé dansla lutte pour la démocratie, il est arrêté juste après le soulèvement militaire du général Franco. Deux jours plus tard,il est exécuté et son corps est jeté dans une fosse commune avec ceux d’autres victimes républicaines.

Page 23: Europe en Poesie

PROVERBIOS Y CANTARES

XXIXCaminante, son tus huellas El camino, y nada más ; Caminante, no hay camino, Se hace camino al andar. Al andar se hace camino, Y al volver la vista atrás Se ve la senda que nunca Se ha de volver a pisar. Caminante, no hay camino, Sino estelas en la mar.

XLIVTodo pasa y todo queda,Pero lo nuestro es pasar,Pasar haciendo caminos,caminos sobre la mar.

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ESPAGNE

PROVERBES ET CHANTS

XXIXVoyageur, le cheminSont les traces de tes pasC’est toutVoyageur, il n’y a pas de chemin,Le chemin se fait en marchantEt quand on tourne les yeux en arrièreOn voit le sentier que jamaisOn ne doit à nouveau fouler.Voyageur, il n’est pas de chemin,Rien que sillages sur la mer.

XLIVTout passe et tout demeure,Mais notre affaire est de passer,De passer en traçant des chemins, Des chemins sur la mer.

ANTONIO MACHADO (1875-1939)Antonio Machado naît le 26 juillet 1875 à Séville. Après avoir exercé plusieurs métiers, il se rend à Paris où il entre encontact avec de nombreux écrivains dont Paul Fort et Paul Verlaine. Ces rencontres le confirment dans sa décision dedevenir lui-même poète. De retour en Espagne, il enseigne le français. Son premier livre de poésie Soledades (Solitudes)est publié en 1903. A la fin de la Guerre civile espagnole, en tant que Républicain, il est contraint de s’exiler en Franceavec sa mère. Il meurt à Collioure le 22 février 1939. Louis Aragon lui rend hommage dans Les Poètes :

Machado dort à Collioure Trois pas suffirent hors d’Espagne Que le ciel pour lui se fît lourdIl s’assit dans cette campagne Et ferma les yeux pour toujours.

Page 24: Europe en Poesie

ÜLE VEE

Üks laevakeLäeb üle vee,Läeb üle veeJa lainete.

Kui valge luikKaob üle vee,Kaob üle veeJa lainete.

Mu armuke,Mu kullakeLäks üle veeJa lainete !

Mu armuke,Mu kullakeOn üle veeJa lainete !

Silm kaugelekäib üle vee,käib üle veeja lainete.

Ei lainekeEi kõneleMul üle veeJa lainete.

Siin laineke,Seal laineke :Kuuld üle veeJa lainete.

ESTONIE JUHAN LIIV (1864-1913)Septième enfant d’une famille paysanne pauvre, Juhan Liiv fréquente l’école par intermittence, puis commence en 1885une carrière de journaliste. En 1892, il abandonne son emploi pour se consacrer entièrement à l’écriture de nouvelles.Mais des troubles mentaux l’empêchent de poursuivre dans cette voie. Il est interné en 1894 dans un établissementpsychiatrique, d’où il ressort sans avoir été vraiment guéri. Il mène une vie errante dans sa région d’origine, perdanttout contact avec les milieux littéraires mais continuant à écrire des poèmes. En 1902, ses nouvelles sont rééditées, sespoèmes récents publiés. Malgré le soutien dont il bénéficie alors, sa santé se dégrade et il meurt de tuberculose le1er décembre 1913. Le rayonnement de Juhan Liiv en Estonie a été immense. Il a marqué durablement la poésie etnombre de ses textes ont été mis en musique.

SUR L’EAU

Petit bateauVogue sur l’eau,Vogue sur l’eauEt sur les vagues.

Comme un beau cygneS’en va sur l’eau,S’en va sur l’eauEt sur les vagues.

Mon bel amour,Mon tendre amourParti sur l’eauEt sur les vagues.

Mon bel amour,Mon tendre amour,Là-bas sur l’eauEt sur les vagues.

Mon œil au loinPasse sur l’eau,Passe sur l’eauEt sur les vagues.

Oui mais la vagueNe me dit mot,Se tait sur l’eauEt sur les vagues.

Vague par-ci,Vague par-là,Un bruit sur l’eauEt sur les vagues.

Page 25: Europe en Poesie

SÜGISE LAUL

Hall on taevas ja must on maa.Sajab ja sajab lõpmata.

Udusse upuvad sihid kõik eel,Haige on süda ja väsinud meel.

Ah, kui nii palju, ni palju ei sajaks,Tuul selle udu kord laiali ajaks !

Ilm aga sumestub hääletu.Sügisepäev jõuab õhtule ju.

Kuhu küll lõpeb rändaja tee?Öö tuleb, pime ja pilkane.

Ah, kui nüüd taevatähtigi oleks,Kui veel see öögi nii otsatu poleks?

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ESTONIE GUSTAV SUITS (1883-1956)Issu d’une famille cultivée, Gustav Suits fait des études littéraires en russe à Tartu (Estonie) ; il apprend également, enplus des langues anciennes, l’allemand, le français, le suédois et le finnois et termine ses études en Finlande où paraîtson premier recueil de poèmes. Il coordonne les publications du groupe littéraire Jeune Estonie dont il résume les aspi-rations par la formule célèbre : « Soyons Estoniens, mais devenons aussi Européens. » En 1914, il obtient une boursepour étudier à Paris, mais la guerre l’oblige à revenir en Finlande. Après l’indépendance de l’Estonie, il devient pro-fesseur de littérature à l’université de Tartu. En 1944, il s’installe en Suède. Gustav Suits est, à côté de Marie Under(1883-1980), le plus grand poète estonien de la première moitié du XXe siècle, et celui qui a le plus contribué à faireentrer la poésie estonienne dans la modernité.

CHANSON D’AUTOMNE

La terre est noire et le ciel gris.Il pleut, il pleut à l’infini.

La brume noie mes volontés.Cœur malade, esprit hébété.

Ah si la pluie pouvait cesser !La brume au vent se disperser !

Mais le temps se couvre en silence.Le jour prend fin, le soir s’avance.

Où donc finira le chemin?Noire et profonde, la nuit vient.

S’il y avait au moins une étoile qui luit !Si encore on voyait le bout de cette nuit !

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LORU

Jokainen sävellys on ihminenJokainen ihminen on kukka,

Joka syntyi saappaat jalassa.

Tallatuksi, tallaamaan, tallatuksi,Tallaamaan.

BAVARDAGEChaque musique est un homme.Chaque homme est une fleur.

Qui est née les bottes aux pieds.

Qui sera piétinée, qui piétinera, qui seraPiétinée, qui piétinera.

FINLANDE LAURI OTONKOSKINé en 1959 à Helsinki, Lauri Otonkoski est poète, essayiste, musicien - il joue de la flûte - et critique musical pour ungrand journal finlandais.Lauri Otonkoski écrit une poésie ironique et allégorique. Il a publié sept recueils poétiques, un livre pour enfants etplusieurs essais. Il a reçu de nombreux prix littéraires.

Page 27: Europe en Poesie

PUUN ÄÄNI

Miksi puut eivät puhu?Mistä tulee niiden mykkä kärsivällisyys.Miten ovat syntyneet juuret, itsepäisyysjoka halkaisee harkun?

Joku nousee istumaan maan sisällä,hieroo multaa silmistään, näken :koivu kuin valkoinen salamavalaisee oven.kesän sarana kääntyyja tyttöseisoo kynnyksellä.

Puun sisällä on onkalo johon voi pudota,lehtimaja ja majassa rasia rasian sisälläja sisimmässä avain huoneeseenjossa on puun ääni,niin korkea ja syvä ettei sitä korva kuule.

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FINLANDE

LA VOIX DE L’ARBRE

Pourquoi les arbres ne parlent-ils pas?D’où leur vient cette patience muette?Comment sont nées ces racines, cet entêtementqui brise les cercueils ?

Quelqu’un se lève et s’assied au fond de la terre,il frotte la boue qui obstrue ses yeux, il voit :un bouleau comme un éclair blancillumine la porte.

Les gonds de l’été pivotentet une fillette paraîtsur le seuil.

Au centre de l’arbre il y a un creux où chacun peut choir,une tonnelle et sous les charmilles plusieurs boîtesl’une dans l’autre, dans la dernière il y a la clé qui ouvre la chambred’où monte la voix de l’arbre,si haute et si profonde qu’aucune oreille ne l’entend.

EIRA STENBERGEira Stenberg est née en 1943 à Tampere, ville importante du sud de la Finlande, à 150 km environ au nord-ouestd’Helsinki où elle vit. Elle est l’auteur de sept recueils de poèmes dont plusieurs ont été récompensés par des prixlittéraires. Ses poèmes ont été traduits dans de nombreuses langues, dont le français. Elle a également écrit des piècesde théâtre pour la télévision et la radio, des contes ainsi qu’un opéra pour enfants. Elle est aussi parolière.

Page 28: Europe en Poesie

FRANCE AIMÉ CÉSAIRE (1913-2008)Aimé Césaire est né le 26 juin 1913 en Martinique. Il vient suivre ses études secondaires à Paris où il rencontre de jeunes étudiants africains au contact desquels il découvre une part refoulée de l’identité martiniquaise, la composanteafricaine. En 1935, il fonde le journal L’Etudiant noir dans les pages duquel il expose le concept de « négritude ». Ilpasse l’agrégation de lettres et rentre enseigner en Martinique. Très vite, il est happé par la politique et devient mairede Fort-de-France et député de la Martinique. Il occupera la première fonction pendant cinquante-six ans et la secondependant quarante-huit ans. Son œuvre littéraire comporte plusieurs recueils de poésie, des essais et des pièces dethéâtre. Il est également le cofondateur de la revue Présence africaine.

DEMAIN

Je suppose que le monde soit une forêt. Bon !Il y a des baobabs, du chêne vif, des sapins noirs, du noyer

blanc ;je veux qu’ils poussent tous, bien fermes et drus,

différents de bois, de port, de couleur,mais pareillement pleins de sève et sans que l’un empiète

sur l’autre,différents à leur basemais oh !que leurs têtes se rejoignent oui très haut dans l’étherégal à ne former pour tousqu’un seul toitje dis l’unique toit tutélaire…

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LE VOYAGE

Pour l’enfant, amoureux de cartes et d’estampes,L’univers est égal à son vaste appétit.Ah ! que le monde est grand à la clarté des lampes !Aux yeux du souvenir que le monde est petit !

Un matin nous partons, le cerveau plein de flamme,Le cœur gros de rancune et de désirs amers,Et nous allons, suivant le rythme de la lame,Berçant notre infini sur le fini des mers :

Les uns, joyeux de fuir une patrie infâme ;D’autres, l’horreur de leurs berceaux, et quelques-uns,Astrologues noyés dans les yeux d’une femme,La Circé tyrannique aux dangereux parfums.

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FRANCE CHARLES BAUDELAIRE (1821-1867)Charles Baudelaire, en rupture avec sa famille, connaît très tôt une vie chaotique et douloureuse. À 21 ans, Il commence à composer les poèmes qui constitueront Les Fleurs du mal. Parallèlement, il est critique d'art et journalisteet prend notamment la défense de Delacroix attaqué comme représentant d’un mouvement nouveau en peinture, leromantisme. Les Fleurs du mal paraissent en 1857 à 500 exemplaires et valent à Baudelaire une condamnation pour« outrage à la morale publique et aux bonnes mœurs ». La poésie de Baudelaire est indissolublement liée au « Spleen »,terme que Baudelaire emprunte aux romantiques anglais et allemands et qui désigne un état de mélancolie. Ce «malde vivre » est omniprésent dans l’œuvre de Baudelaire. Le voyage, qui constitue également un thème majeur dela poésie baudelairienne, aide le poète à apaiser ce mal de vivre.

Pour n’être pas changés en bêtes, ils s’enivrentD’espace et de lumière et de cieux embrasés ;La glace qui les mord, les soleils qui les cuivrent,Effacent lentement la marque des baisers.

Mais les vrais voyageurs sont ceux-là seuls qui partentPour partir ; cœurs légers, semblables aux ballons,De leur fatalité jamais ils ne s’écartent,Et, sans savoir pourquoi, disent toujours : Allons !

Ceux-là dont les désirs ont la forme des nues,Et qui rêvent, ainsi qu’un conscrit le canon,De vastes voluptés, changeantes, inconnues,Et dont l’esprit humain n’a jamais su le nom!

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CETTE RUE

Cette rue avait sa propre histoireQuelqu’un l’avait écrite sur le mur, avec de la peinture,Elle tenait en un seul mot : «Liberté ! »Et on a dit qu’elle avait été écrite par les enfants.Puis le temps et l’Histoire se sont écoulés,Et elle est passée, sans peine, de la mémoire au cœur.Sur le mur on lisait «Occasion unique-Ici on vend toutes sortes de matériaux»Les dimanches, depuis tôt le matin, dans les cafés,Après le foot, les paris, les engueuladesCette rue avait sa propre histoireMais on a dit qu’elle avait été écrite par les enfants…

GRÈCE KOSTOULA MITROPOULOU (1933-2004)Kostoula Mitropoulou est née au Pirée. Après des études de droit, elle fait de longs séjours à l’étranger. Elle écrit depuisson enfance et publie des ouvrages alors qu’elle est encore élève. Elle a publié trente-sept livres au total : des romans,des récits, des nouvelles, des pièces de théâtre. Elle écrit également des chansons comme La Rue qui évoque la périodede la « Dictature des colonels » entre 1967 et 1974.

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GRÈCE ODYSSEUS ELYTIS (1911-1996)Odysseus Elytis est né en 1911 à Héraklion (Crète). Il abandonne ses études de droit pour se consacrer entièrementà la littérature. Entre 1948 et 1951, il vit à Paris et rencontre les personnalités littéraires et artistiques de l'époque,notamment Paul Eluard. En 1959, il publie Axion Esti, expression empruntée à la liturgie orthodoxe qui signifie « cequi mérite d’être glorifié ». Ce long poème est structuré en trois parties : la Genèse, la Passion et les Laudes. OdysseusElytis, deuxième prix Nobel de la littérature grecque (1979) après Georges Séféris (en 1963), est un des poètes majeursde la Grèce contemporaine. De larges extraits d'Axion Esti ont été mis en musique par Mikis Théodorakis.

COMME LANGUE ON M’A DONNÉ DE PARLER GREC Comme maison un pauvre abri sur les syrtes d’Homère.Mon unique souci cette langue bâtie sur les syrtes d’Homère. Là-bas sont sargues et perches Verbes qui vibrent sous le vent Soulevant leurs verdeurs à travers l’azur Tant que j’ai vu dans mes entrailles s’allumer Eponges et méduses Avec les premiers hymnes des Sirènes Coquilles d’or rose avec leurs premières fièvres noires. Mon unique souci cette langue avec ses premières fièvres noires. Là-bas sont, deux basanés, Cognassiers, grenadiers, cognats et gens associés Versant l’huile translucide au fond des gigantesques jarres ; Et souffles divins qui montent des ravins fleurant bon La lentisque et l’osier Les gingembres et les genêts Avec les premiers pépiements des pinsons, Antienne douce avec les tout premiers-premiers Gloria ! Mon unique souci cette langue avec ses tout premiers-premiers Gloria ! Là-bas sont lauriers et palmes Louanges et encensements Bénissant nos combats et nos vieux fusils trop longs. Sur le sol comme nappé d’une mantille de vignes Grils d’agneaux, chocs d’œufs durs « Christ est ressuscité » Avec les premiers salves des Hellènes.Mystiques amours avec les premières phrases de l’Hymne. Mon unique souci cette langue, avec les premières phrases de l’Hymne !

ΤΗΝ ΓΛΩΣΣΑ ΜΟΥ EΔΩΣΑΝ ΕΛΛΗΝΙΚH Το σπίτι φτωχικό στις αμμουδιές του Ομήρου... Μονάχη έγνοια η γλώσσα μου στις αμμουδιές του Ομήρου... Εκεί σπάροι και πέρκες ανεμόδαρτα ρήματα ρεύματα πράσινα μες τα γαλάζια όσα είδα στα σπλάχνα μου ν’ανάβουνε σφουγγάρια, μέδουσες με τα πρώτα λόγια των Σειρήνων όστρακα ρόδινα με τα πρώτα μαύρα ρίγη... όνάχη έγνοια η γλώσσα μου με τα πρώτα μαύρα ρίγη... Εκεί ρόδια, κυδώνια θεοί μελαχρινοί, θείοι κι εξάδελφοι το λάδι αδειάζοντας μες στα πελώρια κιούπια. Και πνοές από τη ρεματιά ευωδιάζοντας λυγαριά και σχίνο σπάρτο και πιπερόριζα με τα πρώτα πιπίσματα των σπίνων, ψαλμωδίες γλυκειές με τα πρώτα-πρώτα Δόξα Σοι... Μονάχη έγνοια η γλώσσα μου με τα πρώτα-πρώτα Δόξα Σοι!.. Εκεί δάφνες και βάγια θυμιατό και λιβάνισμα τις πάλες ευλογώντας και τα καρυοφίλια. Στο χώμα στρωμμένο με τ’αμπελομάντιλα κνίσες, τσουγκρίσματα και Χριστός Ανέστη με τα πρώτα σμπάρα των Ελλήνων. Αγάπες μυστικές με τα πρώτα λόγια του Ύμνου... Μονάχη έγνοια η γλώσσα μου με τα πρώτα λόγια του Ύμνου.

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Szundít a lapda, meg a sip,Az erd , a kirándulás,A jó cukor is aluszik -Aludj el szépen, kis Balázs.

A távolságot, mint üvegGolyót, megkapod, óriásLeszel, csak hunyd le kis szemed, -Aludj el szépen, kis Balázs.

Tüzoltó leszel s katona!Vadakat terel juhász !Látod, elalszik anyuka. -Aludj el szépen, kis Balázs.

BERCEUSE

Le ciel ferme ses grands yeux bleus,La maison ferme tous ses yeux,Le pré dort sous son édredon.Endors-toi, mon petit garçon.

Sur ses pattes la mouche a misSa tête et dort. La guêpe aussi,Avec elles dort leur bourdon.Endors-toi, mon petit garçon.

Le tramway rêve doucementEndormi sur son roulement,Dans son rêve il sonne à tâtons.Endors-toi, mon petit garçon.

Sur la chaise la veste dortEt son accroc dort corps à corps.Il n’en deviendra pas plus long.Endors-toi, mon petit garçon.

La balle est vaincue, le siffletSomnole comme la forêt.Et même il dort le gros bonbon.Endors-toi, mon petit garçon.

Tu auras l’espace et la terreComme tu as ta bille en verre.Tu seras géant pour de bon.Endors-toi, mon petit garçon.

Tu seras pilote et soldat,Berger des fauves tu seras.Ta maman dort, et sa chanson.Endors-toi, mon petit garçon.

ALTATÓ

Lehunyja kék szemét az ég,Lehunyja sok szemét a ház,Dunna alatt alszik a rét -Aludj el szépen, kis Balázs.

Lábára lehajtja fejét,Alszik a bogár, a darázs,Velealszik a zümmögés -Aludj el szépen, kis Balázs.

A villamos is aluszik,- s mig szendereg a robogás -Almában csönget egy picit -Aludj el szépen, kis Balázs.

Alszik a széken a kabát,Szunnyadozik a szakadás,Máma már nem hasad tovább -Aludj el szépen, kis Balázs.

HONGRIE ATTILA JÓZSEF (1905-1937)Attila József naît dans une famille pauvre. A 14 ans, il est orphelin. Il devient alors mousse à bord d'un bateau sur leDanube, puis suit des cours dans un lycée. Le Mendiant de la beauté, son premier recueil de poèmes, paraît en 1922.Jusqu’à son suicide, en 1937, il mènera une vie partagée entre les études (en 1926, à la Sorbonne), la poésie et différents petits métiers.

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A csókok íze számban hol méz, hol áfonya,S az iskolába menvén, a járda peremén,Hogy ne feleljek aznap, egy kÖre léptem én,Im itt e kÖ, de föntrÖl e kÖ se látható,Nincs mÖszer, mellyel mindez jól megmutatható.Hisz bÖnösök vagyunk mi, akár a többi nép,S tudjuk miben vétkeztünk, mikor, hol és mikép,De élnek dolgozók itt, költÖk is bÖntelen,Es csecsszopók, akikben megnÖ az értelem,Világít bennük, Örzik, sötét pincékbe bújva,Míg jelt nem ír hazánkra újból a béke ujja,S fojtott szavunkra majdan friss szóval Ök felelnek.Nagy szárnyadat borítsd ránk virrasztó éji felleg.

NEM TUDHATOM…Nem tudhatom, hogy másnak e tájék mit jelent,Nekem szülÖhazám itt e lángoktól öleltKis ország, messzeringó gyerekkorom világa.BelÖle nÖttem én, mint fatörzsbÖl gyönge ágaS remélem, testem is majd e földbe süpped el.Itthon vagyok. S ha néha lábamhoz térdepelEgy-egy bokor, nevét is, virágát is tudom,Tudom, hogy merre mennek, kik mennek az uton,S tudom, hogy mit jelenthet egy nyári alkonyonA házfalakról csorgó, vöröslÖ fájdalom.Ki gépen száll fölébe, annak térkép e táj,S nem tudja, hol lakott itt Vörösmarty Mihály,Annak mit rejt e térkép? gyárat s vad laktanyát,De nékem szöcskét, ökröt, tornyot, szelíd tanyát,Az gyárat lát a látcsÖn és szántóföldeket,Míg én a dolgozót is, ki dolgáért remeg,ErdÖt, füttyös gyümölcsöst, szöllÖt és sírokat,Asírok közt anyókát, ki halkan sírogat,S mi föntrÖl pusztitandó vasút, vagy gyárüzem,Az bakterház s a bakter elÖtte áll s üzen,Piros zászló kezében, körötte sok gyerek,S a gyárak udvarában komondor hempereg ;és ott a park, a régi szerelmek lábnyoma,

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HONGRIE MIKLÓS RADNÓTI (1909-1944)Orphelin à 12 ans, Miklos Radnoti publie son premier recueil de poèmes à l’âge de 21 ans. En 1931, il passe deuxmois à Paris. Il traduit des poèmes de Virgile, Rimbaud, Mallarmé, Eluard, Apollinaire et Blaise Cendrars. Il devientégalement un militant anti-fasciste convaincu. En 1940, il est enrôlé de force par les nazis au Service du travail desJuifs. En 1944, il est déporté dans un camp en Yougoslavie puis assassiné en compagnie de vingt et un autres tropfaibles pour poursuivre l’évacuation forcée ordonnée par les nazis à l’approche des troupes soviétiques. En 1946, onretrouve son corps dans une fosse commune : dans sa poche, ses derniers poèmes, notamment Je ne sais…

JE NE SAIS…Je ne sais pour autrui ce qu’est cette campagne,Mais ce petit pays, c’est le mien que les flammesCernent, c’est l’univers qui berça mon enfance,C’est lui qui m’engendra comme l’arbre la brancheEt puisse aussi mon corps un jour y reposer.Ici, je suis chez moi : ce buisson à mes pieds,Son nom, je le connais, je connais la couleurDe ses fleurs et le nom de tous les promeneursEt par un soir d’été je connais la raisonDe ce flux de douleur empourprant les maisons.Le pilote ne voit qu’une carte, il ne saitDans quel village ici Vörösmarty vivait ;Lui ne voit qu’un schéma d’usines, de casernes,Moi ce grillon, ce bœuf, ce clocher, cette ferme;Lui ne voit que l’usine et que le quadrillageDes champs, moi l’ouvrier tremblant pour son ouvrage,La forêt, le verger, cette vigne, ces tombes,Cette femme à genoux qui sanglote dans l’ombre;Dans son collimateur, lui voit la voie ferrée,Moi le garde-barrière et toute sa nichéeQui drapeau rouge en main de loin me fait bonjour;L’usine? un bon gros chien s’y roule dans la cour ;Et nos vieilles amours, c’est là sous ces charmilles

Qu’ont éclos leurs baisers de miel et de myrtille ;Au rebord du trottoir en allant à l’écoleMarcher sur tel pavé m’éviterait la colle,Pensais-je, et ce pavé je puis le retrouver…Mais un tableau de bord fait-il voir un pavé?

Notre peuple est coupable autant certes qu’un autreEt nous savons fort bien ce que fut notre faute ;Des ouvriers pourtant, des poètes sont là,Des enfants nouveau-nés dont l’esprit mûrira,qu’on cache dans la cave en attendant le jourOù la paix fera signe et sera de retour…À nos cris bâillonnés répondront ces voix nouvelles…

Ô nuage, grande nuit, recouvre-nous de ton aile !

A csókok íze számban hol méz, hol áfonya,S az iskolába menvén, a járda peremén,Hogy ne feleljek aznap, egy k re léptem én,Im itt e k , de föntr l e k se látható,Nincs m szer, mellyel mindez jól megmutatható.

Hisz b nösök vagyunk mi, akár a többi nép,S tudjuk miben vétkeztünk, mikor, hol és mikép,De élnek dolgozók itt, költ k is b ntelen,Es csecsszopók, akikben megn az értelem,Világít bennük, rzik, sötét pincékbe bújva,Míg jelt nem ír hazánkra újból a béke ujja,S fojtott szavunkra majdan friss szóval k felelnek.

Nagy szárnyadat borítsd ránk virrasztó éji felleg.

NEM TUDHATOM…Nem tudhatom, hogy másnak e tájék mit jelent,Nekem szül hazám itt e lángoktól öleltKis ország, messzeringó gyerekkorom világa.Belle n ttem én, mint fatörzsb l gyönge ágaS remélem, testem is majd e földbe süpped el.Itthon vagyok. S ha néha lábamhoz térdepelEgy-egy bokor, nevét is, virágát is tudom,Tudom, hogy merre mennek, kik mennek az uton,S tudom, hogy mit jelenthet egy nyári alkonyonA házfalakról csorgó, vörösl fájdalom.Ki gépen száll fölébe, annak térkép e táj,S nem tudja, hol lakott itt Vörösmarty Mihály,Annak mit rejt e térkép ? gyárat s vad laktanyát,De nékem szöcskét, ökröt, tornyot, szelíd tanyát,Az gyárat lát a látcs n és szántóföldeket,Míg én a dolgozót is, ki dolgáért remeg,Erd t, füttyös gyümölcsöst, szöll t és sírokat,Asírok közt anyókát, ki halkan sírogat,S mi föntr l pusztitandó vasút, vagy gyárüzem,Az bakterház s a bakter el tte áll s üzen,Piros zászló kezében, körötte sok gyerek,S a gyárak udvarában komondor hempereg ;és ott a park, a régi szerelmek lábnyoma,

Page 34: Europe en Poesie

THE LAKE ISLE OF INNISFREE

I will arise and go now, and go to Innisfree,And a small cabin build there, of clay and wattles made :Nine bean-rows will I have there, and a hive for the honey-bee,And live alone in the bee-loud glade.

And I shall have some peace there, for peace comes dropping slow,Dropping from the veils of the morning to where the cricket sings ;There midnight’s all a glimmer, and noon a purple glow,And evening full of the linnet’s wings.

I will arise and go now, for always night and dayI hear lake water lapping with low sounds by the shore ;While I stand on the roadway, or on the pavements grey,I hear it in the deep heart’s core.

L’ÎLE DU LAC D’INNISFREE

Je vais partir maintenant, partir pour Innisfree,J’y construirai une petite hutte d’argile et d’osier,J’y aurai neuf rangées de fèves, et une ruche qui donne du miel ;Et je vivrai seul dans la clairière bruissante d’abeilles.

Je goûterai un peu de paix, car la paix coule lentement,Coule des voiles de l’aube, là où le grillon chante.Minuit est une lueur, midi un éclat pourpre,Et des linottes font du soir un envol d’ailes.

Je vais partir maintenant, car j’entends nuit et jourTout bas l’eau du lac battre sur la rive.Que je marche sur la grand-route ou sur les pavés gris,Toujours je l’entends au tréfonds du cœur.

IRLANDE WILLIAM BUTLER YEATS (1865–1939)William Butler Yeats est le fils du peintre irlandais John Butler Yeats (1839-1922). Après sa naissance à Dublin, sa familles’installe à Londres. Dès son plus jeune âge William Butler Yeats possède une imagination débordante, peuplée d'êtresirréels. Son œuvre poétique regroupe des poèmes narratifs inspirés par les légendes irlandaises, des poèmes d'amour maisaussi des poèmes d’inspiration historique qui chantent les luttes nationalistes et les héros dont Yeats s'inspirent pour direson amour à sa terre natale. Il participe aussi aux luttes politiques qui déchirent le pays à cette époque. Il reçoit le prixNobel de littérature en 1923. En 1930, il se retire de la vie politique et part vivre dans le sud-est de la France où il décèdeen 1939. Le poème The Lake Isle of Innisfree est extrait du deuxième recueil de Yeats The Rose publié en 1893.

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MID-TERM BREAKI sat all morning in the college sick bayCounting bells knelling classes to a close.At two o’clock our neighbours drove me home.

In the porch I met my father crying –He had always taken funerals in his stride –And Big Jim Evans saying it was a hard blow.

The baby cooed and laughed and rocked the pramWhen I came in, and I was embarrassedBy old men standing up to shake my hand

And tell me they were “sorry for my trouble”.Whispers informed strangers I was the eldest,Away at school, as my mother held my hand

In hers and coughed out angry tearless sighs.At ten o’clock the ambulance arrivedWith the corpse, stanched and bandaged by the nurses.

Next morning I went up into the room. SnowdropsAnd candles soothed the bedside ; I saw himFor the first time in six weeks. Paler now,

Wearing a poppy bruise on his left temple,He lay in the four-foot box as in his cot.No gaudy scars, the bumper knocked him clear.

A four-foot box, a foot for every year.

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IRLANDE SEAMUS HEANEYSeamus Heaney naît en Irlande du Nord en 1939 dans une famille de fermiers pauvres. Il enseigne dans le secondairepuis à l’université à Belfast, Berkeley et Harvard (États-Unis). Il occupe actuellement la chaire de poésie à l’universitéd’Oxford. Il est l’auteur d’une quinzaine de recueils dont Death of a Naturalist, son premier recueil, d’où est extrait lepoème Mid-term break écrit en souvenir de la mort accidentelle d’un de ses frères en 1953. Il est reconnu comme l’undes poètes les plus importants de sa génération. Il est devenu en 1995 le quatrième Irlandais à obtenir le Prix Nobelde littérature.

PETITES VACANCESJe restai la matinée assis dans l’infirmerie du collègeÀ compter les cloches sonnant le glas de la fin des cours.À deux heures les voisins me ramenèrent à la maison.

Sous le porche, je vis mon père qui pleurait –Il avait toujours pris les enterrements sans se démonter –Big Jim Evans disait que c’était un coup terrible.

Le bébé gazouilla, rit et secoua le landauQuand j’entrai ; je fus gênéPar les vieux qui se levèrent pour me serrer la main

Et me dire qu’ils étaient « désolés de mon malheur».On informait à voix basse les étrangers que c’était moi l’aîné,En pension, pendant que ma mère me tenait la main

Dans les siennes, et toussait des soupirs de colère sans pleurer.À dix heures, l’ambulance arriva avec le corpsLavé et recouvert de bandages par les infirmières.

Le lendemain matin je montai à la chambre. Les perce-neigeEt les bougies rendaient le chevet plus doux ; je le voyaisPour la première fois depuis six semaines. Plus pâle maintenant,

Portant comme un coquelicot à la tempe gauche,Il reposait dans la petite caisse comme dans son berceau.Aucune cicatrice voyante, le pare-chocs l’avait tué net.

Une caisse de quatre pieds, un pied pour chaque année.

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IITu piccola sposa, crescesti :Man mano intrecciavi i capelli,Man mano allungavi le vesti.

Crescevi sott’occhi che neganoAncora ; ed i petali snelliCadevano : il fiore già lega.

Ma l’altro non crebbe. Dal miteSuo cuore, ora, senza perché,Fioriscono le margherite

E i non ti scordare di me.

LES DEUX COUSINS

IS’aimaient-ils, ces deux enfants !On eût dit, quand ils se retrouvaient,La rencontre de deux chardonnerets.

Ils volaient ! tandis qu’ils s’embrassaientLeurs toques tombaient, leurs boucles d’orÉparpillées se confondaient.

Puis le petit passa, ainsi que passeUne rose en bouton dans le jardin,Mais l’autre resta, la petite

Promise au petit mort.IIToi, petite promise, tu poussais :Un jour tu tressais tes bouclettes,Un jour tu rallongeais tes jupes…

Tu poussais sous des yeux qui disaient :« Pas possible», légers les pétalesS’envolent : c’est la fleur qui se noue.

L’autre, il n’a pas poussé. De son tendrePetit cœur, sans raison maintenant,Vont fleurissant des marguerites

Et des «ne m’oubliez pas».

I DUE CUGINI

ISi amavano i bimbi cuginiPareva, un incontro di loro,L’incontro di due lucherini :

Volavano. Nell' abbracciarsiI tòcchi cadevano, e l'oroMescevano i riccioli sparsi.

Poi l’uno appassì come rosaChe in boccio appassisce nell’orto ;Ma l’altra la piccola sposa

Rimase del piccolo morto.

ITALIE GIOVANNI PASCOLI (1855-1912)La première œuvre de Giovanni Pascoli, Myricae, reflète l’enfance dramatique du poète qui connaît des deuils successifs : il perd prématurément ses parents ainsi qu’une sœur et deux frères. Professeur de littérature à l’universitéde Bologne, il écrit en italien mais aussi en latin. Sa poésie témoigne d’un grand pessimisme et de la crise des rap-ports entre l’homme et la nature.

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SU CARTOLINA

Qui forse potrei viverepotrei forse anche scriverepotrei perfino direqui è gentile morire

Genova mia città fina :ardesia e ghiaia marina.Mare e ragazze chiarecon fresche collane di vetro(ragazze voltate indietrocol fiasco sul portoneprima di rincasare)ah perder anche il nomedi Roma, enfasi e orina.

Qui forse potrei scrivere :potrei forse anche vivere.

ITALIE GIORGIO CAPRONI (1912–1 990)Né en 1912 à Livourne, Giorgio Caproni est mort à Rome en 1990. Sa famille s’installe à Gênes alors qu’il a 10 ans. Enpartie autodidacte, passionné de musique (il pratique le violon), il publie son premier recueil, Come un’allegoria (Commeune allégorie) en 1936. Il est alors instituteur dans une école de Ligurie, non loin de Gênes. En 1939, il s’installe à Rome.Pendant la guerre, il combat dans la Résistance. Par la suite, il continue de mener de front son métier d’instituteur etson activité de poète. Sa poésie, précise et raffinée, à contre-courant de la tendance hermétique de la plupart de sescontemporains, prend souvent pour source d’inspiration Gênes, devenue ville mythique dans ses vers.

SUR CARTE POSTALE

Ici, je pourrais peut-être vivre,peut-être écrire aussi,je pourrais même dire :« Ici, il m’est doux de mourir ».

Gênes, ô ma subtile cité ! :ardoise et gravier marin,mer et fraîches jeunes fillesaux lumineux colliers de verroterie ;(jeunes filles qui se retournentfiasque en main, sous la porte cochère,avant de rentrer à la maison).Ah ! oublier jusqu’au nom de Rome, ses emphases, ses odeurs d’urine…

Ici, je pourrais peut-être écrire,peut-être même pourrais-je vivre.

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MAZIŅŠ KĀ JŪRA

Maziņš kā jūra,Liels kā skudraViņš nostājas manā priekšā.

Es prasu viņam – kas tev ir iekšā?

Un viņš atpogā savu vēderu,Un no to vēdera izpeld zivis,Un no to vēdera izpeld vaļi,Un no to vēdera izpeld Meži zilzaļi…Jo viņš ir tik liels kā skudra.

PETIT COMME LA MER

Petit comme la merGrand comme une fourmiIl surgit devant moi.

Je lui demande – qu’as-tu en toi ?

Et il déboutonne son ventre,Et de ce ventre s’échappent des poissons,Et de ce ventre s’échappent des baleines,Et de ce ventre s’échappentDes forêts azuréennes…Car il est aussi grand qu’une fourmi.

LETTONIE PETERS BRUVERISPeeters Bruveris, poète et traducteur, est né à Riga, capitale de la Lettonie, en 1957. Il commence à publier de la poé-sie à l’âge de 20 ans. Il travaille comme critique littéraire dans différents journaux.C’est aussi un traducteur prolifique et polyglotte : il traduit notamment en letton à partir des langues turque, azérie,russe, allemande. Il a également traduit de nombreux poètes lituaniens.Il a reçu de nombreux prix littéraires.

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un atkal viņš atnāca atpakaļar mammu brauca uz Alpiem man omīte dziedāja dziesmiņupar drošajiem Vella kalpiem

nu viņš ir projām trešoreizbūs māmiņai lielāka alga tētis teica : mums vajag parunāt bet man tagad ir vienalga

DZIESMA TĒTIM

kad tētis aizgāja projām no mumsmamma vakaros raudāt sākaar omīti lūdzām Dieviņulai tētis atpakaļ nāktu

un tētis atnāca atpakaļvisi kopā bijām uz cirkutētis teica ka dzīvē visādi ietun saldējumu man pirka

kad tētis aizgāja otru reizmamma strādāja vakaros vēlues uzgriezu tēta numurubet viņš klausuli nepacēla

LETTONIE KĀARLIS VERDINŠNé en 1979 à Riga, Karlis Verdins est un tout jeune auteur reconnu comme l’un des plus remarquables de lanouvelle génération de poètes lettons. Ses premiers poèmes sont publiés en 1997, alors qu’il a 18 ans. Il estégalement critique littéraire et traducteur d’écrivains anglais, comme Virginia Woolf. Le poème Chanson pour papaest extrait de son recueil de poésie pour la jeunesse publié en 2007, Soupe-alphabet. Ses poèmes sont traduits enallemand, anglais, russe, suédois et turc.

CHANSON POUR PAPA

quand papa est parti de chez nousmaman a pleuré tous les soirsavec mamie on a prié le bon Dieupour qu’il fasse revenir papa

et il est revenu mon papaon est allé au cirque tous ensembleil m’a dit : la vie n’est pas simpleet m’a acheté une barbe à papa

quand il est parti à nouveaumaman a travaillé tard le soirj’ai composé le numéro de papamais il n’a pas décroché

puis il est encore revenuavec maman ils sont allés dans les Alpesmamie m’a fredonné la chansondu Courageux Petit Soldat

il est parti une troisième foismaman va bientôt être mieux payéepapa m’a dit : il faut qu’on se parlemais maintenant ça m’est bien égal

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KODĖL TYLI ŽEMĖ

- Pasakyk, mamute, kodėl žemė tyli?Kodėl tyli žemė dieną ir nakčia?Žvaigždėms nesiskundžiam saulei neprabyla,Kad krūtinę slegia jai sunki kančia.

- Niekam nesiskundžia, tik ramiai keliaujaLygiu, sau paskirtu, amžinu keliu.Ji baisi – kai geria gyvą karštą kraują,Nuostabi – pražydus puokštėmis gėlių.

Kodėl tyli žemė, ko saulutei linksi,Nežinau, vaikuti, nežinau – kodėl.Tik žinau: nežūsi, niekada nedingsi,Jei už savo žemę galvą paguldei.

POURQUOI LA TERRE SE TAIT

Dis, Maman, pourquoi elle se tait, la terre?Pourquoi la terre se tait, le jour et la nuit ?Elle ne se plaint pas aux étoiles, ne dit pas au soleilLe lourd chagrin qui pèse sur sa poitrine.

Elle ne se plaint à personne – elle avance, calmeSur la route éternelle de son destin.Terrible – quand elle boit le sang vivant et chaud,Merveilleuse – quand elle s’habille de fleurs.

Pourquoi la terre se tait et salue le soleil,Mon petit, je ne saurai le dire.Mais je sais ceci : nous serons là, vivants,Tant que notre terre roulera suivant son chemin.

LITUANIE SALOMÉJA NÉRIS (1904–1945)Salomeja Bacinskaite-Buciene, dite Salomeja Néris (du nom de l’une des principale rivières de Lituanie) naît dans levillage de Kiršai. Elle fait ses études à l’université de Kaunas et devient professeur de lycée. Elle séjourne en Francedans la seconde moitié des années 1930. En 1941, lors de la première occupation soviétique, elle est élue député duSoviet Suprême d’U.R.S.S. Lorsque l’armée hitlérienne envahit la Lituanie en juin 1941, elle se réfugie en République deRussie, où elle se sent en exil : la nostalgie, la douleur, donnent alors une acuité nouvelle à ses poèmes. Elle s’inscritdans la lignée néoromantique de la poésie lituanienne.

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LITUANIE VINCAS MYKOLAITIS-PUTINAS (1893–1967)Vincas Mykolaitis-Putinas se destine d’abord au sacerdoce et fait ses études supérieures en Allemagne. De retour enLituanie, il renonce à la prêtrise et se marie. Professeur de littérature à l’université de Kaunas, puis à celle de Vilnius,capitale de la Lituanie, il est élu membre de l’Académie des sciences en 1941. Contrairement à la plupart de ses amis,il choisit de rester en Lituanie lors de la deuxième occupation soviétique (à partir de 1944). Poète symboliste, romancier,auteur dramatique, traducteur, Vincas Mykolaitis-Putinas est sans doute l’écrivain lituanien le plus en vue de l’entre-deux-guerres.

A LA TERRE

Belle et puissante, terre pécheresse !Tes fleurs sont plus claires que le bleu du ciel.Dans tes flancs, l’arc-en-ciel puise son ébauche,Dans ton sein, moi aussi, je bois la vie.

De ton visage brun retirant l’écharpe,Tu t’es enivrée de moi une nuit de printemps :Je sens ton cœur battre et tes cheveux parfumésMe font tourner la tête comme une brume de prés fleuris.

Les pavots rouges penchés se fanent à tes pieds,Des nuages roses épars auréolent ta tête,Les étoiles se rassemblent, la lune s’arrêteQuand tu me donnes tes baisers dans la nuit chaude de printemps.

Je t’ai étreint, comme personne ne saura le faire,Je me suis enraciné en toi chaos de désir,Telle la plante légendaire, je toucherai l’espace étoilé,Et la fleur fécondée se nourrira de ta vie.

ŽEMEI

Graži ir galinga esi, nuodemingoji žeme !Tu praneši dangu savuju žiedu skaidrumu.Iš tavo gelmiu sau vaivorykštes metmenis semia -Iš tavo kru-tines ir aš sau gyvybes imu.

Nuo juodbruvo veido sauleleidžio skara nutraukus,Tu šilta pavasario nakti manim apsvaigai :Jauciu tavo plakancia širdi ir kvepiancius plaukus,Kaip galva svaigina, lyg žydinciu pievu u-kai.

Raudonos aguonos nulinke tau vyto prie koju,Ant taves rausvi debesynai pakriko lengvai, -Susitelke žvaigždes ir menuo padangej sustojo,Kai šilta pavasario nakti mane buciavai.

Apglebiau tave, kaip ne vienas apglebt negaletu.Iaugau tavin chaotingu geismu šaknimis.Kaip pasakos augalas kilsiu lig ruimu žvaigždetu,O kraunamas žiedas tavaja gyvybe išmis.

Page 42: Europe en Poesie

LE GARÇON MALINUn père rentra à la maison, il avait dans sa poche deux pommes, une

grosse et une petite. Alors il les prit et les mit sur la table etappela son petit.

«Tiens ! » dit le père : «Prends-en une. »À peine le père eut-il fini sa phrase que d’un coup,

le petit prit la pomme la plus grosse et mordit dedans.«Tu n’as pas honte?» demanda le père.

« Qu’y a-t-il, papa? »« Tu as pris la plus grosse. »« Et toi, qu’aurais-tu fait ? »

« Moi, j’aurais pris la plus petite»« Alors arrête de râler, papa, c’est ce que tu as eu. »

DE SCHLAUE JONG

E Papp koum heem an en hat zwéin Äppel an der Täsch, endécken an e klengen. Du leet en s’eraus op den Dësch an e

rifft säi Klengen erbäi.«Héi», sot de Papp, « huel der een dervun».

De Papp hat d’Wuert nach nët zergutts aus dem Monn, wupp!,hat de Klengen deen décksten Apel geholl an dra gebass.

«Schumms de dech net? », sot de Papp.« Wat ass da geschitt, Papp?»

«Ma fir deen décksten Appel ze huelen.»« A wéi häss du et da gemaach?»

« Ma ech hätt dee klengste geholl. »«Da jäiz dach nët, Papp, elo hues du e jo.»

NICOLAS PLETSCHETTE (1882-1961)Nicolas Pletschette naît dans une famille modeste. Son père est cordonnier, sa mère, nièce du poète luxembourgeoisMichel Rodange meurt quand il a 6 ans. Il devient instituteur en 1901 et enseignera jusqu’en 1945. Il se consacre paral-lèlement à ses activités d’écrivain : articles divers, ouvrages sur la langue luxembourgeoise, pièces de théâtre et recueilsd’histoires comme Lëtzebuerger Schnocken (1932) d’où est extrait le texte ici présenté.

LUXEMBOURG

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MÄI KOLLEEGMäi Kolleeg huet en Tischört

Mam Rambo dropD'Rockyen huet en all op d'mannst

Schonn zéng mol gesinnEn duutzt säi Papp

A seng Mamm nennt en "seng Al"Am léifsten huet e Lieder

Kee kippt de BéierMéi séier wéi hien

Géint hie verléiere mer all WettEngem Prof bleiwt e keng schëlleg

An e sammelt d'RetenuenWéi ech d'Timberen

E kann am wäitste späizenA pissen

Op senge Suelen sinn EisebeschléiDann héiert een e kommen

Wou ech e Rimm droenDréit hien eng Ketten

Säi léifstent Wuert ass "cool"Am Turnsall rennt en eis all ëm

Just mech net :Ech si säi Kolleeg, säi beschte Kolleeg,

Well ech muss an der 10Auer PausD'Maggy froen,

Qb et net gär mat him wéilt goen…

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LUXEMBOURG JHEMP HOSCHEITJhemp Hoscheit, né en 1951, fait ses études secondaires au Luxembourg et ses études supérieures à Strasbourg. Il estprofesseur de lycée à mi-temps et écrivain. Il a publié neuf livres pour enfants, quatre livres de textes satiriques etdeux romans. Son premier roman, Perl oder Pica (1998), a été porté à l’écran en 2005 par le réalisateur luxembour-geois Pol Cruchten. Ce film, dont le titre en français est Petits Secrets, a reçu le prix du public 2007.

MON COPAINMon copain porte un t-shirt

Avec Rambo dessusLes Rocky, il les a vus au moins

Dix fois déjàIl tutoie son père

Et sa mère il l’appelle « sa vieille»Il préfère porter du cuir

Personne ne descend la bièreAussi vite que lui

Avec lui, nous perdons tous les parisAvec un prof il a toujours le dernier mot

Et il collectionne les retenuesComme je collectionne les timbres

Il sait roter et pisser plus loin que nousIl porte des ferrures sur ses semelles

Ainsi on l’entend venirLà où je porte une ceinture

Il porte une chaîneSon mot préféré est « cool »

Au gymnase il nous renverse tousSauf moi :

Je suis son copain, son meilleur copainCar je dois, pendant la récréation de 10heures

Demander à MaggySi elle n’a pas envie de sortir avec lui…

Page 44: Europe en Poesie

IL BEJJIEGH TAL-GAZZETTI

Ghall-bejjieghtal-gazzetti fuq Kastiljamin ma jixtrixma jez

.istix

Iz.da

hu ghandu ommu d-daru ghalkemm gazzetti ma tixtrixu ma taqrax,ghax ma tarax,ghalih hi kolloxu bihaid-dinja ma taqax.

LE VENDEUR DE JOURNAUX

Pour le vendeurde journaux devant Castille*celui qui n’achète pasn’existe pas.

Cependantil a sa mère à la maisonet bien que, des journaux, elle n’en achète paset n’en lit pas,car elle ne voit pas,pour lui, elle est toutet grâce à ellele monde ne s’écroule pas.

MALTEGO

.RG

.BORG

G.org. Borg est né le 26 novembre 1946. Il travaille comme cadre dans une banque de Malte. Il a écrit plusieurs contes

et recueils de poèmes. Ses poèmes sont courts, lyriques, pleins de vérité poétique. Il trouve essentiellement son inspiration dans la nature (Jien sigra Kbira : Je suis un arbre) et dans la vie maltaise comme dans le poème Il-Bejjiegh tal-Gazzetti.

* La Place de Castille abritele Palais de Castille, où se trouve le bureau duPremier ministre de Malte

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MALTE TREVOR ZAHRATrevor Zahra est né en décembre 1947. Il a enseigné le dessin et le maltais pendant 33 ans. Il est aujourd’hui à laretraite. C’est un écrivain très prolifique qui a, à son actif, plus de cent publications, romans, poèmes et nouvelles. Il écrit aussi bien pour les adultes que pour les enfants et illustre lui-même certaines de ses œuvres. Son style est pleind’humour et de créativité.

FORMULES’il y a du travail il faut l’éviter ;Les devoirs ? Il ne faut pas les faire !Ecoute-moi – fais comme moiJe te donne une formule de roi.

Chaque fois que ma mère me dit : «Paul,viens m’aider :

J’ai trop de choses à faire, »Je ne réplique pas, il vaut mieux ne rien

répondreEt faire semblant de ne pas entendre.

Je m’approche d’elle très lentement,Je me traîne en tremblantEt lui dis, doux comme un agneau :«Maman, que veux-tu? Comment je peux

t’aider?»

Maman est vite prise par la panique,Fait toute une histoire sur un moustique,Puis elle perd la bouleSi on a la toux ou le nez qui coule,

Et si on a mal au ventre ou au dos,Si on souffre d’allergies de type petit

ou gros,Le moindre rhume devient une bronchite,Asthme, toux ou congestion pulmonaire.

Elle a tout un assortiment de flacons

Gouttes, comprimés ou siropsDes tiroirs pleins à craquer de produitsTout comme une pharmacie.

Au moment où ma mère jette son regardsur moi

Et voit mes yeux qui larmoient(Car il faut comprendre ça :Je sais me faire venir les larmes aux

yeux, moi !)

Elle me dit : «Qu’est-ce qui t’arrive, toi ?Tes yeux larmoient !Monte dans ta chambre, oublie ce que

tu dois faire,Va te coucher! Dépêche-toi, va te reposer!»

Et elle me donne de l’aspirine,Ou une cuillerée de sirop(Y a un sirop jaune qui apaise la toux,Et de la banane il a le goût !)

Voilà comment le travail j’évite de le faire,Et de la plupart des devoirs j’arrive à

m’en défaire.Mais si ta mère n’est pas gobe-moucheEt qu’elle soit assez fine moucheBen… je ne sais pas trop comment tu

vas lui faire comprendre !

G�andha fliexken ta’ kull suraQtar u pilloli w mistura,Kxaxen s�a� sax-xfar mimlijaDonnhom kienu spizerija.

Hekk kif ommi t�ares lejjaW tara d-dmug� fi xfar g�ajnejja..(G�ax dal-fatt je�tieg tifhmuh :Jien naf anki ngib id-dmug�!!)

Tg�idli : “X’g�andek, x’wa�da din ?G�ajnejk jidhru miksurin.Itla’ ‘l fuq… u x-xog�ol insieh !Mur gos-sodda ! Fittex strieh !”

U tag�tini asperina,Jew xi mg�arfa medicina,(Hemm mistura ftit safrana,Tog�ma bnina ta’ banana !)

−Hafna xog�ol b’hekk niskartah,−Hafna homework niffrankah…Izda ’kk ommok mhix mazzun,U nzertat gurdien brikkun ;−Heqq… ma nafx kif taqbad tfehimhaF’dak il-kaz… g�andek problema !

FORMOLA

Jekk hemm xog�ol trid tiskartah,Jew il-homework tiffrankah,Isma’ minni --- ag�mel b�ali,Se ntik formola specjali :

Kull met’ommi tg�idli : “Paul,Ej’ �a tg�inni f’bicca xog�ol,”Noqg�od kwiet, ma nwegibhiex,G�at-taparsi ma smajthiex.

−Hdejha mmur bil-mod, il-mod,Nimxi nfekren u nirtog�od,U ng�idilha, mans daqs nag�ga :“Xi trid, Ma ? Naqdik f’xi �aga ?”

Ommi mara panikuza,Tag�mel g�ageb fuq nemusa,G�andha certa fissazzjoniFuq is-sog�la w il-flissjoni,

Fuq l-ugig� taz-zaqq u d-dahar,Allergiji kbar u zg�ar,L-icken ri� tarah bronkite,Azzma, sog�la w pulmonite.

Page 46: Europe en Poesie

Alle guppies die ik hadzwemmen nuin onze kat –nou ja, waarschijnlijk zijn zedood.Hij viste zo,zo,met zijn poot.Er is er één maar die hij miste.O – omdat hij zich vergiste?Katje dom en van de tel?Of zwom die ene veel te snel?Maakt niet uit,kan me niet schelen :liever dan dat hele kluppieheb ik deze in z’n uppie.Superguppie in mijn kom.Er nog zijn –daar gaat het om.

Les poissons que j’ai eusnagent dans notre chat.Maintenant, ils sont morts,tous, probablement.Ils ont tous disparu,d’un coup de patte, comme ça.Sauf Gloupi, qui s’en sort,lui,toujours vivant.

Je m’en fiche pas maldes autres réunis.Super Gloupi dans mon bocal :être là,c’est çala vie.

PAYS-BAS EDWARD VAN DE VENDELRomancier et poète, Edward van de Vendel a publié une vingtaine d'ouvrages pour la jeunesse et reçu de nombreuxprix littéraires. Né aux Pays-Bas en 1964, il a été responsable d'un collège alternatif avant de se consacrer entièrementà l'écriture.Le poème présenté ici est extrait de Superguppie, recueil de 51 poèmes dont la source d’inspiration est l’environnementquotidien d’un jeune enfant.

Page 47: Europe en Poesie

SMS

Kreeg in de trein jouw smsom eventjes te melden datje zulk fijn kippenvelgekregen had van te koud zwemmen.Bye ! schreef je eronderen terwijl ik opkeek was jealweer plonzend weggespat.Ik reisde door per smile.

Zo lezen we al tijdens onze gsm’s :met honderdzestig tekens maaren één verzendgebaarblijft wat mobiel is stilstaan,knielen wij en tikken wevoorover in elkaar.

Ik sms’te terug :hier is het droogen warm toch al wel.Wou nog even melden :heb hier ookjouw vel.

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PAYS-BAS EDWARD VAN DE VENDELRomancier et poète, Edward van de Vendel a publié une vingtaine d'ouvrages pour la jeunesse et reçu de nombreuxprix littéraires. Né aux Pays-Bas en 1964, il a été responsable d'un collège alternatif avant de se consacrer entièrementà l'écriture.Le poème présenté ici est extrait de Superguppie, recueil de 51 poèmes dont la source d’inspiration est l’environnementquotidien d’un jeune enfant.

SMS

J’ai reçu dans le train ton smstu m’as dis que tu avaisla chair de pouled’avoir nagé dans l’eau froide.Bye ! as-tu écrit à la finet le temps que je lève le neztu as plongé de nouveaudans un éclaboussement d’eau.J’ai continué mon voyage sur « smile».

Des centaines de lignes sur nos portablescent soixante signes – incroyable –d’une pression sur une touchece qui est mobile est immobilesoumettons-nous, taponset nos messages s’entrecroiseront.

J’ai répondu à ton sms :ici il fait secet bien chaud.Je voudrais encore te dire :moi aussi j’ai chair de poule.

Page 48: Europe en Poesie

LA MOUCHELes bienfaits du bain sont bien connus,Aux oreilles de la mouche, ils sont parvenus.Dimanche, elle prit son bain dans le goudron,Et lundi dans le bouillon.Mardi, elle se baigna dans le vin rouge,Et mercredi dans un truc louche.Jeudi, elle plongea dans la soupe au chou,Et vendredi, elle fit plouf dans le ragoût.Samedi, elle barbota dans du jus de raisin.Quelle drôle d’idée que ces bains !Elle n’en avait que du souci !Elle était toute gluante, jusque dans son lit.Or, il ne lui vint pas à l’espritDe prendre un bain dans l’eau du puits.

POLOGNE JAN BRZECHWA (1898-1966)Jan Brzechwa débute comme auteur de textes satiriques et de chansons en 1920. Sa célébrité se confirme avec la parution, en 1938, d’une première plaquette de poésies pour enfants intitulée Le Fil dansait avec l’aiguille. Ensuite,pendant près de cinquante ans, chacun de ses livres est un succès. Jan Brzechwa est l’auteur des lectures enfantinesen vers et en prose de plusieurs générations de Polonais.

MUCHA

Z kapieli ka�dy korzysta,A mucha chcia�a byc czysta.W niedziele kapa�a sie w smole,A w poniedzia�ek w rosole,We wtorek - w czerwonym winie,A znowu w srode - w czerninie,A potem w czwartek - w bigosie,A w piatek – w tatarskim sosie,W sobote – w soku z moreli…Co mia�a z takich kapieli ?Co mia�a ? Zmartwienie mia�a,Bo z brudu lepi sie ca�a,A na mysl jej nie przychodziZeby wykapac sie w wodzie.

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Przetrwa ten, kto stworzy_ swój _wiat,Bóg istnieje, bo stworzy_ swój _wiat,Homer istnieje, bo stworzy_ swój _wiat,I Micha_ Anio_, i Mozart,Rafael stworzy_ wiele postaci – wszystkie _yj_.K__bi_ si_ potwory Hieronima Boscha.Kobiety Renoira pokazuj_ swoje cia_a – s_ pi_kne.Piej_ koguty Chagalla, jego ciel_ta hasaj_ po niebie.Don Kichot poprawia zbroj_. Sancho Pansa nieprzestaje filozofowa_.

Ile jeszcze _wiatów powstanie?Ile postaci?Ile zwierz_t?

Druga Arka Noego?

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POLOGNE RYSZARD KAPUS’CIN’SKI (1932-2007)En Pologne, Ryszard Kapus’cin’ski est à l’origine d’un genre nouveau en littérature : le reportage littéraire. Chacun deses livres n’en est pas moins un document d’histoire. Journaliste talentueux, il va à la rencontre des hommes incon-nus ou célèbres d’Asie, d’Afrique et d’Amérique. Après chaque voyage, il tente de comprendre « la rumeur du monde ».Ses analyses sont celles d’un homme que seuls guident sa conscience et son sens moral, le respect de soi et desautres, un homme pour qui il n’est qu’une fidélité, celle que l’on porte à la vérité. Ryszard Kapus’cin’ski exprime éga-lement sa réflexion sur les valeurs du monde sur un mode poétique comme dans Carnet. Plusieurs de ses livresont été publiés en français.

Perdure celui qui sait créer un univers.Dieu existe, il a créé un univers.Homère existe, il a créé un univers ;Michel Ange pareil, Mozart aussi.Raphaël a créé de nombreux personnages, ils vivent tousTout comme s’agitent les monstres de Jérôme Bosch.Les femmes de Renoir dévoilent leurs corps magnifiquesLes coqs de Chagall chantent et ses veaux bondissent dans les cieux.Don Quichotte réajuste son armure,Sancho Pancha philosophe sans faillir.

Combien d’univers seront encore créés?Combien de personnages?Combien d’animaux?

Y aura-t-il une nouvelle Arche de Noé?

Przetrwa ten, kto stworzy� swój swiat,Bóg istnieje, bo stworzy� swój swiat,Homer istnieje, bo stworzy� swój swiat,I Micha� Anio�, i Mozart,Rafael stworzy� wiele postaci – wszystkie zyja.K�ebia sie potwory Hieronima Boscha.Kobiety Renoira pokazuja swoje cia�a – sa piekne.Pieja koguty Chagalla, jego cieleta hasaja po niebie.Don Kichot poprawia zbroje. Sancho Pansa nie przestaje filozofowac.

Ile jeszcze´ swiatów powstanie ?Ile postaci ?Ile zwierzat ?

Druga Arka Noego ?

Page 50: Europe en Poesie

MAR PORTUGUÊS

Ó mar salgado, quanto do teu sal

São lágrimas de Portugal !

Por te cruzarmos, quantas mães choraram,

Quantos filhos em vão rezaram!

Quantas noivas ficaram por casar

Para que fosses nosso, ó mar !

Valeu a pena ? Tudo vale a penaSe a alma não é pequena.Quem quer passar além do BojadorTem que passar além da dor.Deus ao mar o perigo e o abismo deu,Mas nele é que espelhou o céu.

MER PORTUGAISE

Ô mer salée, combien dans ton sel tu contiensDe larmes versées par le Portugal !Pour t’avoir sillonnée, combien avons-nous fait Pleurer de mères,Combien d’enfants avons-nous fait prier en vain !Combien de fiancées sans époux sont restéesPour que tu fusses nôtre, ô mer, ô mer salée !

Dirons-nous que cela valut la peine? ToutVaut la peine dès que l’âme n’est pas petite.Qui veut passer outre le BojadorDoit passer outre la douleur.Dieu a mis dans la mer le péril et l’abîme,Mais il fit d’elle aussi le seul miroir du ciel.

PORTUGAL FERNANDO PESSOA (1888-1935)Fernando António Nogueira Pessoa, dit Fernando Pessoa, écrivain et poète, est un auteur majeur de la littérature portugaise et mondiale. Il écrit en portugais et en anglais car il a passé une bonne partie de son enfance en Afriquedu Sud. Il affirme cependant avec force : « Ma patrie est la langue portugaise. ».En portugais « pessoa » signifie « personne ». Il n’a donc pratiquement jamais écrit sous son nom et s’est inventé unemultitude de pseudonymes qu’il appelait ses « hétéronymes » tant chacun correspondait à une personnalité différente.Autre particularité : il n’a publié qu’un livre de son vivant. C’est après sa mort que l’on découvrit plus de 27 000 textesenfouis dans une malle.

Page 51: Europe en Poesie

GATO

Que fazes por aqui, ó gato?

Que ambiguidade vens explorar?

Senhor de ti, avanças, cauto,meio agastado e sempre a disfarçaro que afinal não tens e eu te empresto,o gato, pesadelo lento e lesto,fofo no pelo, frio no olhar !

De que obscura força és a morada?

Qual o crime de que foste testemunha?

Que deus te deu a repentina unhaque rubrica esta mão, aquela cara?

Gato, cúmplice de um medoainda sem palavras, sem enredos,quem somos nós, teus donos ou teus servos?

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PORTUGAL ALEXANDRE O’NEILL (1924-1986)Alexandre Manuel Vahia de Castro O’Neill, dit Alexandre O’Neill, doit son nom à une ascendance irlandaise. Né en1924, il renonce très tôt à poursuivre ses études à l'École navale pour se consacrer à la littérature et gagne sa vie entravaillant dans la publicité. En 1948, il introduit le Surréalisme au Portugal et fonde, avec Cesariny, le Groupe sur-réaliste de Lisbonne, dont il se démarque en 1951, date à laquelle il publie son premier livre, Tempo de Fantasmas. Ilse rattache autant à la tradition de la poésie satirique qu’à la tradition du lyrisme, toutes deux constituant les forcesqui animent depuis toujours la poésie portugaise.

LE CHAT

Chat, que fais-tu là?

Quelles ambiguïtés viens-tu explorer?

Maître de toi-même, tu avances avec précautionà demi ennuyé et toujours dissimulantce que tu n’as pas, en fait, et que je te prête,ô chat, cauchemar agile et lent,au poil moelleux et au regard froid !

De quelle force obscure es-tu demeure,

De quel crime as-tu été le témoin?

Quel dieu t’a donné l’ongle soudainqui signe cette main-ci, ce visage-là?

Chat, complice d’une peursans mots encore, sans circonlocutions,qui sommes-nous, tes maîtres ou serviteurs?

Page 52: Europe en Poesie

CHANSON DE L´ENFANCEDonnez, garçons, un peu d´argile,et nous construirons un barrage,sans nous dire « quelle heure est-il ? »sans entendre le temps qui passe.

Pataugeons dans le froid ruisseau,aux mains, aux pieds, pas d’engelures !Devant nous la vie s’ouvre, beau,long chemin – pourvu que ça dure !

RÉPUBLIQUETCHÈQUE

JAROSLAV SEIFERT (1901-1986)Jaroslav Seifert est un écrivain, poète et journaliste qui personnifie mieux que tout autre les destinées de la poésie etde la nation tchèques de la libération de 1918 aux années 80. Enfant d’un quartier populaire de Prague, il inscrit sonpremier recueil La Ville en larmes (1920) dans le courant de la poésie prolétarienne dont il s’éloigne rapidement. Il fonde alors le groupe artistique Dev tsil influencé par les nouvelles conceptions littéraires nées à Paris autour depoètes tels que Guillaume Apollinaire dont Seifert traduit les œuvres en tchèque. En 1949, Jaroslav Seifert quitte lejournalisme et se consacre entièrement à la littérature. Il reçoit le prix Nobel de littérature en 1984, deux ans avantsa mort.

PÍSEN O DETSTVÍDejte mi chlapci, trochu hlíny,chtel bych si s vámi stavet hráza nedívat se na hodinya neslyšet, jak míjí cas.

A brouzdali se chladnou strouhou,vždyt� ruce, nohy nezebou.A život, cestu krásnou, dlouhouteprve míti pred sebou.

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RÉPUBLIQUETCHÈQUE

KAREL HYNEK MÁCHA (1810-1836)Karel Hynek Mácha est l´un des représentants les plus importants du romantisme tchèque. Il commence par écrire enallemand, langue de l’Empire austro-hongrois, puis abandonne cette langue pour écrire uniquement en tchèque. C’estun grand lecteur et sa poésie est influencée aussi bien par les chansons de geste que par les œuvres de Shakespeare,Byron ou Goethe. Promeneur solitaire, Mácha fait de la nature l’une des sources d’inspiration principale de sonœuvre. Le long poème Mai (Maj, 1836), dont est extrait le présent texte est devenu l’un des textes majeurs de lalittérature tchèque.

MAI

C’était un soir de 1er maiMai du soir où la tourterelleinvitait, de sa ritournelledans la pinède, au temps d’aimer.Des rumeurs d´amour dans la mousse ;l’arbre en fleurs feint d’amour mourir,le rossignol chantant sa douceromance aux roses qui soupirent.Aux sombres buissons, le lac lissequ’étreignait, tout autour, la rive,confiait sa douleur secrète ;d’autres mondes les soleils clairserraient dans les strates d’azur,comme des larmes d’amour pur.

MÁJ

Byl pozdní vecer – první májVecerní máj – byl lásky cas.Hrdliccin zval ku lásce hlas,Kde borový zavánel háj.O lásce šeptal tichý mech ;Kvetoucí strom lhal lásky žel,Svou lásku slavík ruži pel,Ružinu jevil vonný vzdech.Jezero hladké v krovích stinnýchZvucelo temne tajný bol,Breh je objímal kol a kol ;A slunce jasná svetu jinýchBloudila blankytnými pásky,Planoucí tam co slzy lásky.

Page 54: Europe en Poesie

LES PETITS OISEAUX…Les petits oiseaux qui sommeillentReviennent tour à tour au nid,Se cachent sous les tendres feuilles –Bonne nuit !

Il n’y a que la source qui geint,Pendant que le noir bois se tait ;Même la fleur dort au jardin –Dors en paix !

Et le cygne blanc comme la neigeS’endort dans les roseaux qui veillent –Que tous les anges te protègent,Doux sommeil !

Et la lune fière se lèveSur la nocturne féerie,Tout est pur harmonie et rêve –Bonne nuit !

ROUMANIE MIHAI EMINESCU (1850 – 1889)Mihai Eminescu (Mikhai Eminescou) est le poète national des Roumains. Né dans le nord de la Moldavie, il y com-mence ses études avant de partir pour l’université de Vienne puis de Berlin où il étudie l’histoire et la philosophie alle-mande. Un temps directeur d’une bibliothèque universitaire, il se lance ensuite dans le journalisme et devient rédacteuren chef du quotidien Timpul (Le Temps) où il est reconnu pour ses analyses fines et ses attaques contre la corruption.Grand poète romantique, ses thèmes d’inspiration principaux sont l’amour, la nature mais aussi l’histoire nationale etles grandes réflexions philosophiques. L’influence de la poésie d’Eminescu sur la création poétique roumaine a étécapitale. Il est traduit dans un grand nombre de langues.

SOMNOROASE PASARELE

Somnoroase pasarelePe la cuiburi se aduna,Se ascund în ramurele –Noapte buna!

Doar izvoarele suspina,Pe când codrul negru tace ;Dorm si florile-n gradina –Dormi în pace !

Trece lebada pe apeÎntre trestii sa se culce –Fie- ti îngerii aproape,Somnul dulce !

Peste a nop tii feerieSe ridica mândra lunaTotu-i vis si armonie –Noapte buna!

Page 55: Europe en Poesie

De-i goni fie norocul,Fie idealurile,Te urmeaza în tot loculVânturile, valurile.

Ne-naeles ramâne gândulCe-ai strabate cânturile,Zboara vecinic, îngânându-l,Valurile, vânturile.

DINTRE SUTE DE CATARGE

Dintre sute de catargeCare lasa malurile,Câte oare le vor spargeVânturile, valurile?

Dintre pasari calatoare,Ce strabat pamânturile,Câte-o sa le-nece oareValurile, vânturile?

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ROUMANIE MIHAI EMINESCU (1850 – 1889)Mihai Eminescu (Mikhai Eminescou) est le poète national des Roumains. Né dans le nord de la Moldavie, il y com-mence ses études avant de partir pour l’Université de Vienne puis de Berlin où il étudie l’histoire et la philosophie alle-mande. Un temps directeur d’une bibliothèque universitaire, il se lance ensuite dans le journalisme et devient rédacteuren chef du quotidien Timpul (Le Temps) où il est reconnu pour ses analyses fines et ses attaques contre la corruption.Grand poète romantique, ses thèmes d’inspiration principaux sont l’amour, la nature mais aussi l’histoire nationale etles grandes réflexions philosophiques. L’influence de la poésie d’Eminescu sur la création poétique roumaine a été capitale. Il est traduit dans un grand nombre de langues.

PARMI TOUS CES MÂTS

Parmi tous ces mâts, par milliersQui se perdent sous l’horizon,Combien au loin vont écraserLes vents sans noms, les flots profonds?

Et des oiseaux qui, sans fléchirParcourent les terres en long,Combien au large vont occireLes flots profonds, les vents sans noms?

On peut chasser les coups de chance,Ou bien les grandes illusions,Vous remettent dans la balanceLes vents sans noms, les flots profonds.

Le sens que renferment tes chantsReste incompris, bien que fécond,Vole toujours, l’accompagnantLes flots profonds, les vents sans nom.

Page 56: Europe en Poesie

Jajar’s a pizza eaterAn eater that eats pizza,And when he eats his pizzaHe drinks about a litre.Although he lives in Essex(that’s not far from the sea)Jajar Sandhu’s favourite foodComes from Italy !

LE MANGEUR DE PIZZASSes parents le nourrissent de riz et de petits poisEt de légumes verts aux formes bizarres.Parfois ils lui donnent des noix et des grainesEt divers haricots à fils.Ils lui donnent aussi un «channa dhal»De la soupe de tomates et du brochet,Mais Jajar se contente de claironner :«C’est la pizza que j’aime!»

Son père lui a dit : «Allez mon fils, mange tes chouxEt tu deviendras grand et fort.»Jajar a répondu: «Oui, je vais les manger,Mais ça ne va pas durer longtemps.»Sa mère lui a dit : «Regarde ton papa –Il mange beaucoup de viande.»Jajar s’est contenté de répondre: «Chère maman et cher papa,C’est de la pizza que je mange!»

Oui, Jajar mange des légumes verts – il saitQue c’est bon, il l’a dit.Il mange des frites et des rotisEt des fruits, comme il le faut.Mais les experts ont fait des études,Et les experts ont tous trouvéQue le plat préféré de Jajar SandhuEst tout plat et tout rond.

Jajar est un mangeur de pizzasUn mangeur qui mange de la pizza,Et quand il mange sa pizzaIl boit près d’un litre.Bien qu’il habite dans l’Essex(ce n’est pas loin de la mer),Le plat préféré de Jajar SandhuVient d’Italie!

THE PIZZA EATERHis parents feed him rice and peasAnd fancy looking greensSometimes they give him nuts and seedsAnd various string beans.They also give him channa dhal,Tomato soup and pike,But jajar just says loud and clear“It’s pizza that I like !”

His father said, “Son, eat your sproutsAnd you’ll be big and strong.”Jajar said, “Yes I’ll eat them,But I won’t eat them for long.”His mother said, “look at your Dad-He eats a lot of meat.”Jajar just said, “Dear Mum and Dad,It’s pizza that I eat !

Well jajar does eat greens – he saidHe knows that they are good.He does eat chips and rotisAnd fruits just as he should.But experts have all foundThat Jajar Sandhu’s favourite foodIs very flat and round

ROYAUME-UNI

BENJAMIN ZEPHANIABenjamin Zephania naît le 15 avril 1958 près de Birmingham. Il passe une partie de son enfance en Jamaïque d’oùsa famille est originaire. A l’âge de 15 ans, il est déjà considéré comme un jeune et talentueux poète. Il a 22 ansquand son premier livre, Pen Rythm, est publié. Il se donne pour mission de rendre la poésie accessible à tous. Outrede nombreux recueils poétiques, il a également écrit plusieurs romans dont Face et Refugee Boy. Il est aussi musicien,dans la lignée de Bob Marley. Il vit actuellement à Londres.

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THE BRITISHTake some Picts, Celts and SiluresAnd let them settle,Then overrun them with Roman conquerors.

Remove the Romans after approximately 400 yearsAdd lots of Norman French to someAngles, Saxons, Jutes and Vikings, then stir vigorously.

Mix some hot Chileans, cool Jamaicans, Dominicans,Trinidadians and Bajans with some Ethiopians, Chinese,Vietnamese and Sudanese.

Then take a blend of Somalians, Sri Lankans, NigeriansAnd Pakistanis,Combine with some GuyaneseAnd turn up the heat.

Sprinkle some fresh Indians, Malaysians, Bosnians,Iraqis and Bangladeshis together with someAfghans, Spanish, Turkish, Kurdish, JapaneseAnd PalestiniansThen add to the melting pot.

Leave the ingredients to simmer.

As they mix and blend allow their languages to flourishBinding them together with English.

Allow time to be cool.

Add some unity, understanding, and respect for the future,Serve with justiceAnd enjoy.

ROYAUME-UNI

BENJAMIN ZEPHANIABenjamin Zephania naît le 15 avril 1958 près de Birmingham. Il passe une partie de son enfance en Jamaïque d’oùsa famille est originaire. A l’âge de 15 ans, il est déjà considéré comme un jeune et talentueux poète. Il a 22 ansquand son premier livre, Pen Rythm, est publié. Il se donne pour mission de rendre la poésie accessible à tous. Outrede nombreux recueils poétiques, il a également écrit plusieurs romans dont Face et Refugee Boy. Il est aussi musicien,dans la lignée de Bob Marley. Il vit actuellement à Londres.

LES BRITANNIQUESPrenez des Pictes, des Celtes et des SiluresEt laissez-les s’installer,Puis faites-les envahir par des conquérants romains.

Otez les Romains au bout de quelques 400 annéesAjoutez beaucoup de Normands à quelquesAngles, Saxons, Jutes et Vikings, puis mélangez vigoureusement.

Ajoutez quelques Chiliens au sang chaud, des Jamaïcains cool, des Dominicains,Des Trinidadiens et Barbadiens avec quelques Ethiopiens, Chinois,Vietnamiens et Soudanais.

Puis faites un mélange de Somaliens, de Sri Lankais, de NigériansEt de Pakistanais,Liez avec quelques GuyanaisEt mettez sur le feu.

Saupoudrez de nouveau-venus d’Inde, de Malaisie, Bosnie,D’Irak et du Bangladesh avec d’autres venusD’Afghanistan, d’Espagne, de Turquie, du Kurdistan, du JaponEt de PalestinePuis ajoutez au pot-pourri.

Laissez cuire à petit feu.

Au fur et à mesure qu’ils se mélangent et s’incorporent, laissez leurs langues s’épanouirEn les liant à l’anglais.

Laissez faire le temps, faites refroidir.

Ajoutez un peu d’unité, de compréhension et de respect pour l’avenir,Servez avec la justiceEt goûtez.

Note : All the ingredientsare equally important.Treating one ingredient better than another willleave a bitter unpleasanttaste. Warning: An unequalspread of justice willdamage the people andcause pain. Give justiceand equality to all.

Note : tous les ingrédientssont d’égale importance.Traiter un ingrédient mieuxqu’un autre va laisser ungoût amer et désa gréable.Avertissement : si la justicen’est pas distribuée demanière équitable, cela lais-sera des traces et causerade la douleur. Donnez la justice et l’égalité à tous.

Page 58: Europe en Poesie

PST!

stála tam taká samas naširoko roztvoreny˘mi oãamis tielkom tykadielkomvedel som ïe prišlaz druhej strany zrkadlabola taká nevinnáže sa mohla hrat’ aj s hadmiked'som sa jej chcel opytat’čo tu robí v tejtozelenej noci plnej tigrovpovedala pstved'sa mi iba snívaša potom pozri kol’ko diamantov somnaplakalalucinka halucinka

CHUT!

elle se tenait là si seuleavec ses yeux grands ouvertsavec son petit corps comme une antenne d’insecteje savais qu'elle était venuede l’autre côté du miroirelle était si innocentequ'elle aurait pu jouer avec des serpentsquand j'ai voulu lui demanderce qu'elle faisait ici dans cettenuit verte pleine de tigreselle a dit chuttout cela n’est qu'un rêve dans lequel je te voismais regarde tous ces diamants qui sont tombés de mes yeuxquand j'ai pleurépetite lucie hallucinée

SLOVAQUIE DANIEL HEVIERDaniel Hevier est né en 1955 à Bratislava, en Slovaquie. Il est considéré comme l’un des plus importants écrivains pourenfants de ce pays. Avant de fonder sa propre maison d’édition, il a travaillé comme éditorialiste à la radio et commedirecteur éditorial d’une maison d’édition pour enfants. Actuellement ses activités sont nombreuses et diverses : il està la fois connu comme poète, nouvelliste, auteur de chansons, illustrateur, éditeur, auteur de théâtre et de scénarios.Comme poète, il écrit autant pour les adultes que pour les enfants. Sa poésie est connue pour sa richesse métapho-rique et son esprit léger.

Page 59: Europe en Poesie

KRAJINA DETSTVA

Krajiny sú. O túto požiadajiba vo sne. A nestúp nohou, padneš.

To akoby si, ãierny pasaïier,zo svojho ãasu ako z lietadlachcel vystúpit’ a rovno na obláãik.Prisahajúc, ïe unesieto t’aïké, ktory˘m si,to navždy bez krídel.

A zatial’ je to oltár. iba oltár.A pánaboha nikto nevidel.

Ale ão na tom záleïí,z akého kameàa je socha.

Tu kameà nie je kameà,je myšlienka. Tak postoj.

A potom chod’ a ži.

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SLOVAQUIE MILAN RÚFUSMilan Rúfus, né en 1928, fait une carrière d’universitaire comme spécialiste de la littérature tchèque des XIXe et xxe siècles,dans son pays mais également en Italie.Il est poète, essayiste, traducteur et auteur d’ouvrages pour la jeunesse. Poète de l’intimité et de la spiritualité, pro-fondément humaniste, Milan Rúfus s’exprime dans une langue lyrique, sobre et limpide.

LE PAYS DE L'ENFANCE

Il est des pays. Celui-ci, ne le demandequ'en rêve. Et n'y pose pas le pied, tu tomberais.

Comme si, passager clandestinde ton temps comme d’un avion,tu voulais atterrir droit sur un nuage.Jurant bien qu'il supporteraitce poids que tu es,ce sans aile à jamais.

Pour l’instant, c'est un autel. Rien qu'un autel.Et pourtant, personne n'a vu Dieu.

Mais peu importe,la pierre dont est faite la sculpture.

Ici la pierre n'est pas pierre,mais idée. Alors arrête-toi.

Puis va et vis.

Page 60: Europe en Poesie

KAKO RASTE MAMA

Najprej je sama tema,najprej je velik nič,potlej je majcena deklicain iz nje ljubek deklič.

Iz njega mamica zraste,a raste dolgo in mnogo let,potem pa je to kar naenkratin jaz pridem na svet.

Iz mamice zraste mamabogve kdaj, kar nekega dne,ko še sama ne ve, da ji padaprvi sneg na lase.

Ko jaz odrastem, rastemama počasi nazaj,dokler babica ne postanein pride z vnuki v raj.

COMMENT GRANDIT MAMAN

Au commencement, ce sont des ténèbres ;au commencement, c'est un grand néant,ensuite, c'est une toute petite fille,qui devient une fillette gentille.

Cette fillette grandit longtemps, longtemps,et devient maman.Puis tout d'un coup,voici que je viens au monde.

Maman est devenue ma mamanun beau jour, Dieu sait quand,sans qu'elle le sachecomme une première neige lui serait tombée sur les cheveux.

Tandis que je grandis,maman grandit en arrière,jusqu'à ce qu'elle devienne grand-mèreet arrive avec ses petits-enfants au paradis.

SLOVÉNIE TONE PAVCEKTone Pavček est né en 1928. Il est juriste de formation mais a de nombreuses cordes à son arc. Il a successivementété journaliste, réalisateur pour la radio-télévision slovène, directeur de théâtre et responsable d’une maison d’édi-tion.Son œuvre écrite est celle d’un poète, d’un essayiste et d’un traducteur. C’est un poète de l’intimité et de la réflexionaussi puissant dans la peine que dans la joie.

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VRATA

Za velikimi vrati so še ena vrata.Za še enimi vrati so še ena vrata. Manjša.Za manjšimi vrati so še ena vrata. še manjša.Za še manjšimi vrati so najmanjša vrata. Najmanjša.

Za najmanjšimi vrati so še ena vrata.Ta vrata so vratca.

Za vratci je vrt.V vrtu je manjši vrt.V manjšem vrtu je še manjši vrt.V še manjšem vrtu je najmanjši vrt.

V najmanjšem vrtu je vrtec.

V vrtcu je roža. Ena sama, dišeča.Ta roža je zate. Najlepša in največja.

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SLOVÉNIE DANE ZAJCNé en 1929, Dane Zajc est une figure de proue du mouvement moderniste des années 1960. Sa poésie s’inspire desmotifs de la poésie slovène traditionnelle. C’est aussi un auteur de théâtre dont les œuvres s'inscrivent dans la tradi-tion du drame poétique qui est l’une des formes les plus intéressantes et les plus originales du théâtre slovène. Il estle deuxième poète slovène à être traduit en français après Srecko Kosovel.

LA PORTE

Derrière la grande porte, il y a une autre porte.Derrière cette autre porte, il y a encore une porte. Plus petite.Derrière la petite porte, il y a encore une porte. Encore plus petite.Derrière la porte encore plus petite, il y a encore une porte. C'est la plus petite.

Derrière la plus petite porte, il y a encore une porte.Cette porte, c'est une portière.

Derrière la portière, il y a un jardin.Dans le jardin, il y a un plus petit jardin.Dans le petit jardin, il y a un jardin encore plus petit.Dans le jardin encore plus petit, il y a le plus petit jardin.

Dans le plus petit jardin, il y a un jardinet.

Dans le jardinet, il y a une fleur. Une seule, parfumée.Cette fleur, c'est pour toi. La plus belle et la plus grande.

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SKATANmitt blåsiga lynnes fågel,flyger virvlande som en helikopter,Ett klot av vingar i vinden.Skatan, den glada änkan, skrattandeTrots sina oförsörjda barn, skrattandeat stölder hon begått och stölder hon planerar.Björkarnas egen svartvita fågel,hemma även i träd som står svart i snö.Höstens rönnbärsplockerska utan korg,med bröstet stålskimrade som en köldklar vinterhimmel.Men gårdana älskar hon mer än skogen,flyger genom skorstensröken som luktar stekt fläsk,plockar en säkerhetsnål utkastad med spädbarnets badvatten,sitter på trädpumpen och lyssnar till separatorn i köket.Skatan, den knepiga flickan med vippande stjärt,aldrig riktigt ung och oerfaren,mera lik en tattarjänta med silverslant i örat,lätt förförd i vårvinterns sista hö.när fötterna är kalla av regn.Men heller aldrig knarrig gumma som kråkaneller hes som korpen, den kringflackande hästskojaren,med kniv under rocken och tobak i gapet.Nej, mest i släkt med den fattiga prästgårdsfrökensom dansar på isentrots sina trasiga vantar.Skatan med risknippe och gnisslande mjölkhämtare,klädd i bortblåst äggvita, doppad i tjära från stupören,bosatt i de vinterbonade trädhusens landdär hon vässar näbben mot slipstenenoch skrattar sitt hån över pojkar som klättrar it räd

SUÈDE ARTUR LUNDKVIST (1906-1991) Avec près de quatre-vingts livres à son actif, Artur Lundkvist est l’un des auteurs suédois les plus prolifiques. À la foispoète et critique, il a aussi traduit de nombreux récits ou essais (André Breton, Saint-John Perse, Pablo Néruda…).D’une origine rurale très modeste, il marque, dans les années 1920, avec cinq autres jeunes écrivains, l’avènementd’une nouvelle littérature issue du prolétariat. Son style est concret et précis. Une grande partie de sa poésie trouve sasource d’inspiration dans la nature suédoise et du monde entier. Artur Lundkvist a également été un grand voyageur.

LA PIE oiseau de mes jours de grand vent, vole en tourbillonnant comme un hélicoptère,boule d’ailes dans l’air.La pie, veuve joyeuse, qui ritmalgré ses enfants misérables, qui rità cause des larcins qu’elle a commis et de ceux qu’elle projette.L’oiseau noir et blanc des bouleaux,chez elle jusque sur les arbres qui restent noirs dans la neige.Automnale cueilleuse de sorbes, mais sans corbeille,dont la poitrine d’acier brille comme le ciel clair de l’hiver.Mais elle préfère à la forêt les fermes,elle vole dans la fumée des cheminées, qui sent le lard grillé,ramasse une épingle qu’on a jetée avec l’eau du bain du nouveau-né,se pose sur la pompe en bois pour écouter l’écrémeuse dans la cuisine.

La pie, jeune fille rusée, qui hoche la queue,jamais tout à fait jeune ni sans expérience,plutôt une romanichelle, une pièce d’argent à l’oreille,facile à séduire dans le foin de l’arrière-hiverquand les pieds sont froids de pluie.Et jamais non plus une vieille grincheuse comme la corneille,ou enrouée comme le corbeau, ce maquignon ambulant,un couteau sous le manteau et du tabac dans la gueule.Non, plutôt parente de la pauvre servante du curéqui danse sur la glacemalgré ses gants troués.La pie, avec son fagot et son bidon de lait qui grince,habillée de blanc d’œuf envolé, trempée dans le goudron des gouttières,habite le pays des chaudes maisons de boisoù elle aiguise son bec à la meuleet rit son dédain des garçons qui grimpent dans les arbres.

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Då, när det är värst och inget hjälper,Brister som i jubel trädets knoppar.Då, när ingen rädsla längre håller,faller i ett glitter kvistens dropparglömmer att de skrämdes av det nya,glömmer att de ängslades för färden -känner en sekund sin största trygghet,vilar i den tillit

som skapar världen.

JA VISST GÖR DET ONTJa visst gör det ont när knoppar brister.Varför skulle annars våren tveka?Varför skulle all vår heta längtanbindas i det frusna bitterbleka?Höljet var ju knoppen hela vintern.Vad är det för nytt, som tär och spränger?Ja visst gör det ont när knoppar brister,ont för det som växer

och det som stänger.

Ja nog är det svårt när droppar faller.Skälvande av ängslan tungt de hänger,klamrar sig vid kvisten, sväller, glider -tyngden drar dem neråt, hur de klänger.Svårt att vara oviss, rädd och delad,svårt att känna djupet dra och kalla,andå sitta kvar och bara darra -svårt att vilja stanna

och vilja falla.

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SUÈDE KARIN BOYE (1900-1941)Karin Boye grandit à Stockholm dans un milieu favorisé. Après avoir passé l’équivalent du baccalauréat, elle décrocheun diplôme d’enseignant. Elle s’engage pour le socialisme et participe à la revue d’avant-garde Clarté. Son œuvre, cinqrecueils poétiques et un roman, est marquée par le mal-être et par des réflexions métaphysiques. Elle est égalementsouvent associée à la période de l’adolescence et le poème Certes, cela fait mal constitue encore aujourd’hui une œuvremajeure de la poésie suédoise.

CERTES, CELA FAIT MALCertes, cela fait mal quand les bourgeons éclatent.Aussi n’est-il printemps qui n’hésite à fleurir.Aussi s’enlisent-ils tous, nos brûlants désirsDans les marais glacés de la pâle amertume.Le bourgeon tout l’hiver en sa gaine a dormi.Qu’est-ce donc qui l’éveille, et pour le torturer?Certes, cela fait mal quand les bourgeons éclatent :mal à ce qui s’ouvre et

ce qui va se fermer.

Pour les gouttes de sève il est dur de tomber.Elles tremblent d’angoisse et pendent lourdement,s’agrippent à la branche et se gonflent et glissent.Leur poids les tire au sol, rien ne peut les sauver.Il est dur, certes, d’être indécis, hésitant,de sentir que la terre appelle et cependantde demeurer sur place à seulement trembler…dur de vouloir rester

et de vouloir tomber.

Mais alors au plus fort d’une telle souffrance,tous les bourgeons de l’arbre éclatent à la foiscomme un chant d’allégresse ! Et les gouttes de sèvetombent des branches et miroitent au soleil.Oubliant aussitôt qu’elles avaient trembléd’affronter un sort neuf et chargé de mystère,elles vont se détendre et connaître, apaisées,cet espoir confiant

dont est fait l’univers.

Page 64: Europe en Poesie

AUTEURS ET TRADUCTEURS

AllemagneRingelnatz Joachim, Die Ameisen,

in « Kinder-Verwirr-Buch »,

Lefebvre Jean-Pierre (traducteur), Les Fourmis,

in « Anthologie bilingue de la poésie allemande»,

Bibliothèque de la Pléiade, © Gallimard,

pour les deux textes.

Heine Heirinch, Ein Fichtenbaum steht einsam,

in „Buch der Lieder“,

Lefebvre Jean-Pierre (traducteur), Un grand pin,

in « Anthologie bilingue de la poésie allemande »,

Bibliothèque de la Pléiade © Gallimard, pour les deux textes.

AutricheJandl Ernst, Bibliothek, in « Die Bearbeitung der Mütze »,

Luchter Hand, Darmstadt, 1978

Lefebvre Jean-Pierre (traducteur), Bibliothèque,

in «Anthologie bilingue de la poésie allemande»,

Bibliothèque de la Pléiade

© Gallimard, pour la traduction française.

Celan Paul, Psalm, in « Choix de poèmes réunis par

l’auteur » (édition bilingue)

Lefebvre Jean-Pierre (traducteur), Psaume,

in « Choix de poèmes réunis par l’auteur »,

© Gallimard, pour les deux textes.

Belgique Communauté flamandeHolvoet-Hanssen Peter, Optocht, in « De hond

van de Duivelsbrug, VIII » et Roza en de maan

Cunin Daniel (traducteur), Cortège, et Roza et la lune

Communauté françaiseCoran Pierre, Le Pagivore, in « Inimaginaire »,

© Espace Nord Junior, 2000.

Noullez Lucien, Les langues, in « Comme un pommier »,

© L’Âge d’homme, 1997.

BulgarieRadoslavov Tsvétan, мила родино

Ganeva Popova Veselina (traducteur),Chère Patrie.

Mikhaïlovski Stoyan, кирил и методий

Ganeva Popova Veselina (traducteur), Cyrille et Méthode.

ChyprePallikarides Evagoras, Στην Κύπρο, Κυπριακό

Ανθολόγιο για την πρώτη και τη δευτέρα

δημοτικού,Έκδοση Yπουργείου Παιδείας και Πολιτισμού

Έκδοση δέκατη, 2007 (Έκδοση πρώτη, 1998)

Georgiou Stella (traducteur), Pour Chypre,

in « Anthologie Chypriote pour la première et deuxième

classe de l’école primaire », © Ministère de l’Éducation

et de la Culture, 1998, 2007.

Michanikos Pandelis, Ενα τραγούδι για το Ριμαχό,

in « Η Κατάθεση », édité par l’auteur, 1975

Michanikos Pandélis, Une chanson pour Rimaho,

in « Déposition », collection Kerynia IV : La poésie de

Pandélis Michanikos, © Institut d’études néo-helléniques

de l’université de Nancy II, Editions Praxandre.

DanemarkRasmussen Halfdan, Jeg kan li at klappe katte , in «Tante

Andante», © Schønberg, 1985.

Emion François (traducteur), J’aime caresser les chats.

Andersen Benny, Årstiderne,in „Svantes viser“,

© Borgen, 1972.

Emion François (traducteur), Les saisons.

EspagneGarcia Lorca Federico, El largato está llorando...,

in « Canciones. 1921-1924, Antología poética », ©Bruño

Belamich André (traducteur) Le lézard est tout en larmes...,

in « Chansons », recueilli dans « Œuvres complètes »,

tome I, Bibliothèque de la Pléiade , © Gallimard.

Machado Antonio, extraits XXIX et XLIV de Proverbios

y cantares © Espasa Calpe, S. A. Madrid, 1978, 1988,

1997, 2006, 2007.

Léger Sylvie et Sesé Bernard (traduteurs)

Voyager le chemin..., Tout passe et tout demeure,

extraits de « Proverbes et chansons » recueillis dans

« Champs de Castille », © Gallimard.

EstonieLiiv Juhan, Üle Vee

Chalvin Antoine (traducteur), Sur l’eau.

« Patrimoine littéraire européen », vol. 12 : anthologie en

langue française, sous la direction de Jean-Claude Polet,

Bruxelles : De Boeck Université, 2000.

Suits Gustav, Sügise Laul.

Chalvin Antoine (traducteur), Chanson d’automne,

« Patrimoine littéraire européen », vol. 12,

sous la direction de Jean-Claude Polet, Bruxelles,

De Boeck Université, 2000.

FinlandeOtonkoski Lauri, Loru, in « Charbon du jour

(poètes vivants finlandais) », © Riveneuve , 2000.

Rebourcet G. (traducteur), Bavardage, © Riveneuve, 2000.

Stenberg Eira, Puun ääni, in « Charbon du jour »

© Riveneuve, 2000.

Rebourcet G., (traducteur), La Voix de l’arbre,

in « Charbon du jour », © Riveneuve, 2000.

FranceCésaire Aimé, Demain,in « Et les chiens se taisaient (1997) »

© Présence africaine.

Baudelaire Charles, Le Voyage in « Les Fleurs du mal ».

GrèceMitropoulou Kostoula, Ο Δρόμος, © Kedros Ekdoseis.

Mavroeidakos Clio (traducteur), Cette rue.

Elytis Odysséas, Tην γλώσσα μου έδωσαν ελληνική,

in « Άξιόν εστι », © Publications IKAROS.

Bordes Xavier et Longueville Robert (traducteurs)

Comme langue on m’a donné le grec..., in « Axion Esti »,

© Gallimard.

HongrieJózsef Attila, Altatό.

Gara Ladislas, Guillevic Eugène(traducteurs) Berceuse,

in « Attila József, Aimez-moi. L’œuvre poétique »,

© Phébus, 2005.

Miklós Radnóti, Nem Tudhatom..., in « Radnóti Miklós

művei », © Szépirodalmi Könyvkiadó, 1978.

Moreau Jean-Luc (traducteur) Je ne sais..., in « Marche

forcée, Œuvres1930-1944 », © Phébus, 2000.

IrlandeYeats William Butler, The Lake Isle of Innisfree,

in « Anthologie de la poésie irlandaise du XXe »,

© Verdier 1996.

Jaujard François-Xavier (traducteur), L’Île du lac d’Innisfree,

in « Anthologie de la poésie irlandaise du XXe »,

© Verdier, 1996.

Heaney Seamus, Mid-Term Break, in “Death of a Naturalist”,

© Faber & Faber 1990.

Bernard Kerney Anne, Lafon Florences (traducteurs)

Petites vacances, in « Poèmes », 1966-1984, © Gallimard.

ItaliePascoli Giovanni, I due cugini, in « Myricae ».

Barincou Edmond (traducteur), Les deux cousins,

in « Giovanni Pascoli, Poésies » © Didier Érudition, 1965.

Caproni Giorgio, Su cartolina, in « Il passaggio di Enea »,

© Vallecchi, 1956.

Burckhardt Geneviève (traducteur), Sur carte postale, in

« Italie Poétique Contemporaine »,© Éditions du Dauphin,

Paris, 1964.

Page 65: Europe en Poesie

Imprimé par l’imprimerie Vincent26, avenue Charles-Bedaux

37042 ToursDépôt légal : novembre 2008

LettonieBrūveris Pēteris, Maziņš kā jūra, in « Brinumdzejoli»,

© Zvaigzne, 2006.

Grīnberga Gita, Ringuenoir Jean-jacques (traducteurs),

Petit comme la mer.

Vērdiņš Kārlis, Dziesma tētim, in „Burtinu zupa”,

© Ed. Liels un mazs, 2007.

Grīnberga Gita, Ringuenoir Jean-jacques (traducteurs)

Chanson pour papa.

LituanieNéris Saloméja, Kodél tyli Žemé, in « Prie didelio kelio »

© Lietuvos rašytojų sąjungos leidykla

Karvelis Ugné (traducteur), Pourquoi la terre se tait,

in « Poésie 92 » n° 43, juin 1992.

Mykolaitis-Putinas Vincas, Žemei,

in « V. Mykolaitis Putinas Poezija »,

© Valstybine grozines literaturos Vilnius, 1956.

Karvelis Ugné (traducteur), À la terre,

in « Poésie 92 », n° 43, juin 1992.

LuxembourgPletschette Nic, Schnoken – de schlaue Jong, in « Lies a

Fléi », © ministère de l’Éducation nationale, Luxembourg.

Engel Mike (traducteur), Histoires drôles – Le garçon malin.

Hoscheit Jhemp, Mäi Kolleeg, in « Letzebuergesch Texter »,

1990, © ministère de l’Éducation nationale-Lëtzebuerg,

1994.

Engel Mike (traducteur), Mon copain.

MalteBorg Ġorġ , Il Bejjiegh tal-gazzetti, © Agius & Agius.

Cremona Vicki Ann (traducteur), Le Vendeur de journaux.

Zahra Trevor, Formola, © Agius & Agius. Pace Karen

(traducteur), Formule.

Pays-Basvan de Vendel Edward, Alle guppies die ik had...,

in « Superguppie », © Querido.

Bruel Christian (traducteur), Les poissons que j’ai eus... ,

in «Super Gloupi», © Être Éditions, Paris, 2004.

van de Vendel Edward, SMS, in “Aanhalingstekens”,

© Querido’s Uitgeverij BV.

Weijters-Bage Françoise (traducteur), SMS,

© BoekieBoekie, Autoped, Rotterdam, 2004.

PologneBrzechwa Jan, Mucha, in « Brzechwa Dzieciom »,

© Nasz Dom, 1952.

Śluzar-Dobrowolska Agata (traducteur), La Mouche.

Kapuściński Ryszard, Zapis pewnej idei, in “Notes“

© Czytelnik, Varsovie, 2005.

Laurent Maryla (traducteur), Une certaine conception

de l’homme.

PortugalPessoa Fernando, Mar português.

Brechon Robert (traducteur), Mer portugaise,

in « Je ne suis personne, Anthologie », © Bourgois, 1994.

O’Neill Alexandre, Gato,in “ Poesias completas”,

© Assirio & Alvim e Herdeiros.

Picon Violante (traducteur), Le chat, in « Vingt et un

poètes pour un xxe siècle portugais », auteur du recueil :

Luis Miguel Queiros, © L’Escampette, 1994.

République tchèqueSeifert Jaroslav, Píseň o dětství, in « Chlapec a hvězdy”.

Galmiche Xavier (traducteur), Chanson de l’enfance,

in « L’Enfant et les étoiles »,1956.

Mácha Karel Hynek, Máj.

Galmiche Xavier (traducteur), Máj,

in « Karel Hynek Mácha, Pèlerin et brigand de Bohême »,

© Éditions Zoé, Les Classiques du Monde, Paris, 2007.

RoumanieEminescu Mihai, Somnoroase păsărele.

Miclău Paul (traducteur), Les Petits Oiseaux

in « Mihai Eminescu, Poésies » © Éditions de

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Eminescu Mihai, Dintre sute de catarge.

Miclău Paul (traducteur), Parmi tous ces mâts,

in « Mihai Eminescu , Poésies,», © Éditions de

la fondation culturelle roumaine, Bucarest, 1999.

Royaume-UniZephania Benjamin, The Pizza Eater, in « We are Britain »,

© Frances Lincoln Ltd, 2004.

C S L (traduction), Le mangeur de pizza.

Zephaniah Benjamin, The British, in “Wicked World”,

(Puffin 2000) © Benjamin Zephaniah,

© Penguin Group, 2000.

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SlovaquieHevier Daniel, Pst, in « Les jeux charmants de l’aristocratie.

Anthologie de la poésie slovaque contemporaine »,

© Modry Peter.

Boxberger Jana (traducteur), Chut !, in « Les jeux

charmants de l’aristocratie. Anthologie de la poésie

slovaque contemporaine », © Modry Peter.

Rufus Milan, Krajina detstva, in « L’inquiétude

du cœur », Édition bilingue « Le Fleuve et l’Écho »

© Editions Unesco/La Différence, 2002.

Cornevin Arlette (traducteur), Le pays de l’enfance,

in L’inquiétude du cœur, Édition bilingue « Le Fleuve et

l’Écho » © Éditions Unesco/La Différence, 2002.

SlovéniePavček Tone, Kako raste mama.

Vincenot Irène et Vincenot Claude (traducteurs), Comment

grandit maman, Le Livre slovène, n 3/4, année XVII, 1979,

© Association des écrivains slovènes, Ljubljana.

Dane Zajc, Vrate, in „Hisa sanja“ © Mladinska knjiga.

Japelj Carone Liza (traducteur) La Porte.

SuèdeLundkvist Artur, Skatan.

Lambert Jean-Clarence (traducteur), La Pie, in « Anthologie

de la poésie suédoise », © UNESCO/Collection Somogy.

Boye Karin, Ja visst gör det ont, in « För trädets skull »

Lambert Jean-Clarence (traducteur), Certes, ça fait mal,

in « Anthologie de la poésie suédoise »,

© Unesco, coll. Somogy.

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