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MINISTÈRE DE LA CULTURE ET DE LA COMMUNICATION Direction générale de la création artistique ÉVALUATION DE LA POLITIQUE EN FAVEUR DU SPECTACLE VIVANT Diagnostic Coordination générale Alain LOISEAU Chef de l'Inspection de la création artistique Patrick CIERCOLES et Vincent COSSE 1 Adjoints au Chef de l'inspection de la création artistique avec le concours de Philippe LE MOAL Inspecteur de la création artistique Avril 2014 1 À compter du 1 er janvier 2014

ÉVALUATION DE LA POLITIQUE EN FAVEUR DU SPECTACLE VIVANT

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MINISTÈRE DE LA CULTURE ET DE LA COMMUNICATION Direction générale de la création artistique

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  • MINISTRE DE LA CULTURE ET DE LA COMMUNICATIONDirection gnrale de la cration artistique

    VALUATION DE LA POLITIQUEEN FAVEUR DU SPECTACLE VIVANT

    Diagnostic

    Coordination gnrale

    Alain LOISEAUChef de l'Inspection de la cration artistique

    Patrick CIERCOLES et Vincent COSSE1Adjoints au Chef de l'inspection de la cration artistique

    avec le concours de

    Philippe LE MOALInspecteur de la cration artistique

    Avril 2014

    1 compter du 1er janvier 2014

  • Diagnostic spectacle vivant - DGCA - ICA - 2 -

  • SOMMAIRE

    lments de mthode et de procdure 5

    1. Observations gnrales (Alain Loiseau et Philippe Le Moal) 7

    2. La politique des labels et rseaux 19

    2.0.1 Tableau synoptique de la mise en place des labels et rseaux 212.0.2 Rpartition des labels en France mtropolitaine 232.1 CDN (rapporteure : Catherine Joanns) 252.2 Scnes nationales (rapporteure : Marie-Moreau Descoings) 332.3 Opras (rapporteurs : Laurent Chassain, Isabelle Fuchs) 392.4 CCN (rapporteure : Odile Cougoule) 492.5 Orchestres (rapporteur : Jean-Pierre Tronche) 572.6 SMAC (rapporteure :Anne-Claire Rocton) 652.7 CNCM (rapporteur : Fernand Vandenbogaerde) 712.8 CDC (rapporteure : Odile Cougoule) 772.9 PNAC (rapporteur : Andr Mondy) 832.10 CNAR (rapporteur : Andr Mondy) 87

    3. Les grands programmes d'action 93

    3.1 Les quipes artistiques indpendantes 95(rapporteurs : Isabelle Fuchs, Rmy Paul)

    3.2 Les lieux non-labelliss 107(rapporteurs : Annie Chvrefils-Desbiolles, Jean.-Pierre Estival, Philippe Le Moal)

    3.3 Les festivals 119(rapporteurs : Michel Fournier, Isabelle Fuchs, Philippe Ribour)

    4. Lemploi dans le spectacle vivant 125Synthse du rapport tabli par M. Abdelkrim Kiour, membre delinspection gnrale des affaires sociales

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  • LMENTS DE MTHODE ET DE PROCDURE

    Le prsent document prend place dans le programme de modernisation de l'action publique,engag par le Premier ministre en dcembre 2012. Dans le domaine de la culture, ce programmes'est concrtis par le lancement en 2013 de l'valuation de trois politiques publiques dont celle dusoutien en faveur du spectacle vivant. Celle-ci a fait l'objet, de mai juin 2013, d'un diagnosticinterne au ministre de la Culture et de la Communication avant la mise en uvre duneconcertation engage dans le cadre du Conseil des Collectivits territoriales pour le dveloppementculturel et du bureau du Conseil national des professionnels du spectacle (CNPS) qui rassemble lesreprsentants des associations de collectivits territoriales et des organisations professionnelles, desalaris et d'employeurs.

    Organisation du travailLa phase de diagnostic interne a t place sous l'gide d'un comit de pilotage prsid par ledirecteur de la DGCA et constitu d'un reprsentant des directeurs rgionaux des affairesculturelles (DRAC), d'un inspecteur gnral des affaires culturelles, de la chef de dpartement de lamodernisation et de la stratgie du SG et de l'ensemble des cadres de direction de la DGCA. Uncomit de suivi prsid par l'IGAC en a accompagn le droulement.La conduite oprationnelle de ce diagnostic a t assure par l'Inspection de la cration artistiqueavec le concours actif du Bureau de l'observation de la DGCA.Une vingtaine de groupes de travail a t constitue, rassemblant des reprsentants des services dela DGCA, des conseillers des DRAC et des inspecteurs de la cration artistique, ces derniersassumant le rle de rapporteur. Ces groupes de travail se sont consacrs des thmes couvrantl'ensemble du champ du programme 131-1, concernant les interventions mises en uvre aussi bienpar l'chelon central que par les DRAC, notamment les dix labels et rseaux bnficiant du soutiende l'tat pour lesquels une grille de lecture normalise a t labore.Leurs runions ont donn lieu des comptes rendus de travail. Outre les grilles de lecture deslabels et rseaux qui ont t renseignes conjointement par les agents concerns, des investigationsdiverses ont t conduites et des notes de synthse ont t ralises. Les inspecteurs de la crationartistique dont le nom figure au sommaire ci-avant ont t les rdacteurs dun ensemble de fichesconstituant une premire proposition de ladministration. Parmi ces fiches, celles relatives auxlabels et rseaux (cf. 2 infra) ont constitu le socle de la concertation avec les partenaires duministre qui sest droule entre lhiver et le printemps pour aboutir au diagnostic partag qui estprsent ici.Les aspects relatifs limpact des politiques en faveur du spectacle vivant en matire demploi ontt clairs par un rapport spcifique de lIGAS ralis par M. Abdelkrim Kiour, membre delquipe oprationnelle dsigne par le Premier ministre.

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  • Remarques relatives au primtre concernLe primtre retenu pour ce diagnostic recouvre l'intgralit de celui du programme 131-1 : soutien la cration, la production et la diffusion du spectacle vivant . De ce fait sont exclues du champ d'observation les interventions relatives au spectacle vivantvisant directement :- les enseignements artistiques spcialis et suprieur, les pratiques amateurs, l'ducationartistique et culturelle (programme 224) qui contribuent de manire importante au service rendu la population ;- l'action internationale hormis la contribution de la DGCA au Bureau export et aux actionsinternationales de l'ONDA ; cette action fort impact artistique relve en effet du programme 224(contribution l'Institut franais ou l'Acadmie de France Rome pour les pensionnairesrelevant du domaine du spectacle vivant, notamment).

    Principaux angles de lectureTrois axes transversaux d'analyse avaient t dfinis par la DGCA pour structurer la conduite dudiagnostic :- le service rendu la population (intgrant un regard port sur l'quit territoriale, les critres deciblage des zones gographiques et sur la dmocratisation culturelle) ;- l'impact artistique (diversit de la cration, mergence de jeunes talents, accompagnement de leurcarrire) ;- l'impact conomique (emploi et externalits positives, notamment en termes de rayonnement etd'attractivit des territoires).

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  • 1- OBSERVATIONS GNRALES

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  • OBSERVATIONS GNRALES

    L'TAT DES DONNES DISPONIBLES OU ACCESSIBLES

    La phase de diagnostic de lvaluation de la politique en faveur du spectacle vivant a pti ducaractre la fois lacunaire et htrogne des donnes relatives aux institutions labellises ouinscrites dans un rseau aid par le ministre. Un premier constat simposait donc demble : cettesituation ne permettait pas la DGCA dassurer pleinement le triptyque de ses missions premiresde conception, de pilotage et dvaluation.

    Identifie ds sa prise de fonctions par le directeur gnral, la ncessit dtoffer le bureaude lobservation a t immdiatement inscrite au rang des priorits de la direction afin de complterles leviers indispensables lexercice de sa mission. Le diagnostic conduit doit beaucoup cebureau qui a dploy dimportants moyens pour constituer les ressources statistiques indispensables.

    Le manque de donnes concerne tout particulirement la dimension conomique du secteursubventionn faute notamment de centrale de bilans , chantier aujourdhui engag. Ce dficit estgalement constat dans le domaine social, la dlicate remonte des donnes d'emploi des structuressubventionnes restant trs partielle. Toutefois, en 2013, un premier rapprochement a t opr parla DGCA et le DEPS (source DADS) entre les subventions publiques (MCC, collectivitsterritoriales) et des groupes de lieux subventionns ( labels musique , labels thtre , labelsdanse ). Ce travail, trop rcent pour avoir pu tre exploit dans le cadre de ce diagnostic, permet unrapprochement de la subvention et des grands indicateurs de l'emploi (masse salariale par grandecatgorie d'emploi, effectifs, ETP, nombre de contrats de travail/CDI, CDD, volume d'emploi,genre, indicateurs dmographiques). Il sera dsormais men annuellement.

    Le rapport tabli par Abdelkrim Kiour, membre de linspection gnrale des affaires socialesainsi que les donnes relatives au spectacle vivant extraites du rapport sur lconomie de la culturetabli par une quipe constitue par linspection gnrale des finances et linspection gnrale desaffaires culturelles a toutefois permis dapporter un clairage macroconomique sur ce secteur (cf.infra 5).

    LA DESSERTE TERRITORIALE

    Le service rendu la population tait un des angles de lecture retenu pour ce diagnostic.Bien qu'on ne puisse le rduire cela, cest dans un premier temps la problmatique de la desserteterritoriale qui ressort, ou tout au moins de la contribution de l'tat la desserte territorialepuisque ne sont prises en considration ici que les entits sur lesquelles l'tat intervientfinancirement.

    On relve ainsi que si toutes les rgions mtropolitaines (hormis la Corse en raison de sonstatut particulier) bnficient d'au moins un tablissement labellis, il n'en va pas de mmelorsquon examine la situation au niveau dpartemental puisquune dizaine de dpartements sontdpourvus de structure labellise. Soulignons toutefois que le plan, en cours dexcution, visant

    Les comptences de ltat sur le champ de la Culture lui ont t dlgues au terme de la loi n91-428 du

    13 mai 1991.- 9 - Diagnostic spectacle vivant - DGCA - ICA

  • doter chaque dpartement dune Scne de musiques actuelles (SMAC) permettra datteindre moyen terme lobjectif de permettre chacun de disposer proximit dun de ces outils derfrence que constitutent les labels.

    Globale, lambition de maillage se dcline de manire diffrente selon les labels et rseauxaids par le MCC. La situation est d'ailleurs sensiblement diffrente selon le label ou rseauconcern. La couverture territoriale peut ainsi tre considre comme plutt fine s'agissant durseau des scnes nationales, tablissements vocation pluridisciplinaire au nombre de 70 et lesSMAC. En revanche, les mailles sont nettement moins serres s'agissant de tous les autres rseauxspcialiss, que ce soit dans le domaine du thtre (38 CDN/CDR), des orchestres (21 formationslabellises), de l'art lyrique (13 maisons labellises), de la danse (19 CCN et 10 CDC), du cirque(12 PNAC), des arts de la rue (9 CNAR) ou de la musique contemporaine (6 CNCM).

    C'est en fait par le biais de programmes moins lourds (scnes conventionnes) ou moinscadrs (autres lieux) que se complte la desserte territoriale laquelle l'tat participe ; il fautaussi prendre en compte le rle que jouent les quipes artistiques, notamment les quipesconventionnes qui pour la plupart ont une forte implication territoriale.

    Structures : CDN/CDRScnes nationalesCCNScnes conventionnesCCMSMACAutres lieux de diffusionOprasOrchestresPles cirqueCentres Arts de la rueCie chorgraphiquesCie dramatiquesEnsembles musicauxCDCEPFestivals

    Ainsi que le fait apparatre la carte ci-dessus, en somme, l'tat intervient partout sur leterritoire national.

    Cette prsence est le plus souvent inscrite dans un partenariat avec une ou plusieurscollectivits territoriales : les cas o l'tat est la seule collectivit publique intervenir sont limitsaux seuls tablissements publics nationaux, au nombre dune dizaine. Ainsi, au fil du temps etparfois depuis fort longtemps s'agissant du partenariat avec les villes une desserte des territoiresde plus en plus fine s'est progressivement mise en place.

    Au regard du nombre de structures subentionnes par ltat, on note que sontparticulirement bien desservis les dpartements o se situent les prfectures de rgion et, plusgnralement, que les zones urbaines sont nettement mieux pourvues que les zones plus rurales.

    Au regard de la rpartition globale des diffrents types de structure, des redondancesapparaissent alors mme que les effectifs des labels et rseaux ne permettent quune couvertureterritoriale imparfaite.

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    Nombre de structures aides par l'tat pour 100 000 habitants(Donnes 2010, par dpartement)

    Guadeloupe Martinique Guyane Runion

    [0 ; 1[[1 ; 2[[2 ; 3[[3 ; 5[[5 ; 10[10 ou plus (Paris)

    NS : Non significatifSO : Sans objet (Corse)

    Paris et petitecouronne

  • Le dsquilibre apparat particulirement criant s'agissant de la situation Paris o lesmoyens de l'tat sont concentrs de manire impressionnante. Nous y reviendrons.

    Loin d'tre nouveaux, ces constats invitent se demander quel serait le sens in fine duneomniprsence de l'tat et, dans le mme temps, bien identifier les consquences que peut avoirson absence ici ou l.

    Ils mettent en vidence que la desserte des territoires en matire de spectacle vivant ne peutpas s'apprcier correctement sans tendre l'observation l'ensemble des structures concourant celle-ci, y compris hors de l'intervention de l'tat, tant rappel que les collectivits territoriales et,au premier rang, les communes assurent les 2/3 du financement du spectacle vivant subventionn.

    Ils soulvent des questions d'ordres diffrents mais qui sont intimement lies et qui appellentprobablement toutes des clarifications sur le plan de la doctrine :

    Rendre accessible les uvres de l'esprit au plus grand nombre est un objectif fondateurde la responsabilit de la puissance publique dans les domaines de l'art et de la culture.Or cet objectif est difficilement dtachable des notions de proximit d'une part etd'quit d'autre part. Jusqu'o est-il possible dassumer cet objectif dans les domainesdivers du spectacle vivant et de supporter les cots qui en rsultent, cots dontl'ampleur et le rendement sont minemment variables en fonction des donnesgographiques et dmographiques ?

    La ralisation de cet objectif relve d'une responsabilit partage entre les collectivitspubliques mais il apparat que revient en tout premier lieu l'tat d'assurer une quitterritoriale, ce qui passe notamment par le fait qu'existe une desserte territorialequilibre. Quels moyens d'action envisager pour que l'tat contribue plusefficacement cette quit territoriale qui est bien loin d'tre atteinte pour ce qui estdu spectacle vivant ?

    Comme le met en vidence le diagnostic qui a t conduit, la desserte territoriale enmatire de spectacle vivant peut prendre de multiples visages. Comment avancer surla dfinition de ce qu'est un territoire correctement desservi en matire de spectaclevivant ?

    Au-del de l'aspect gographique, on peut aussi considrer la question du service rendu sousl'angle de la temporalit.

    La problmatique des dures d'ouverture de certains tablissements ou plus exactement deleur fermeture durant des priodes de grande disponibilit du public (vacances scolaires, priodeestivale) est intressante cet gard.

    De mme, lallongement de la dure de prsentation des spectacles offre un levier importantd'amlioration du service rendu en augmentant les possibilits de rencontres entre les publics et lesuvres. Favorisant terme le dveloppement des publics, il contribue par ailleurs uneconsolidation du tissu professionnel dont il amoindrit ainsi la prcarit.

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  • LES ENJEUX ARTISTIQUES

    Rendre accessible les uvres de l'esprit au plus grand nombre ne peut videmment secantonner un problme de desserte. S'agissant de spectacle vivant, encore faut-il que les uvresexistantes soient joues et que de nouvelles uvres soient cres, et donc que des artistes crateursou interprtes puissent construire et dployer leurs talents.

    L'impact artistique de l'action publique, second axe de lecture retenu pour ce diagnostic,n'est donc pas sparable de la ncessit qu'existent des conditions favorables la cration et lareprsentation des uvres.

    Ces conditions ont t forges par la puissance publique qui a dvelopp au fil du tempslexistence dtablissements institutionnels permettant des artistes-directeurs de disposer demoyens consquents pour dvelopper leur parcours de cration. Si l'on considre part la ComdieFranaise et l'Opra national de Paris du fait de leur mission patrimoniale rgalienne, l'tatconcourt au financement public d'une centaine d'tablissements de ce type : lui seul dans le cas dequatre thtres nationaux dont la direction est dvolue des artistes (Odon, Colline, TNS, Opra-Comique), en partenariat avec les collectivits territoriales pour les CDN/CDR, CCN, CNCM ainsique les opras et orchestres labelliss. Ces tablissements qui totalisent un effectif denviron 3 000artistes permanents, reoivent, dans leur ensemble, une aide de ltat de 362 M soit 53 % duprogramme 131-1.

    Mais la diffusion, la production ou la coproduction sont galement le fait dautres rseauxlabelliss (SN, CDC, SMAC, PNAC, CNAR), qui sappuient sur autant de comptences et deressources techniques et financires pour favoriser les conditions propices la cration et lareprsentation des uvres. Au-del des programmations quils proposent, ils sont autant de lieuxdacceuils ou de rsidences pour les quipes artistiques.

    Car cette trame institutionnelle ne trouve pleinement son sens qu'en regard du tissu queforment les quipes artistiques indpendantes et de l'action que la puissance publique dveloppe son endroit. Ainsi, hormis la centaine d'artistes directeurs bnficiant de la trame institutionnelleprcdemment voque, ce sont 1300 quipes artistiques environ (710 compagnies dramatiques,330 ensembles musicaux, 260 compagnies chorgraphiques) qui bnficient d'un soutien financierde l'tat, soutien qui reprsente annuellement 55 M, soit 8 % du programme 131-1 et un septimedes moyens consacrs la centaine d'tablissements prcdemment voque.

    Rpartition par rgion des subventions alloues desquipes artistiques indpendantes

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    Nota : Le secteur rouge est reprsentatifdes dpenses des collectivits croises avecdes interventions du MCC. Il exclut doncleurs interventions sur des structures nonfinances par ltat

  • Condition essentielle d'une mulation artistique, matrice du renouvellement des formes,support naturel de l'mergence de nouvelles gnrations, acteur majeur de l'ducation artistique etculturelle l'attention des populations, ce tissu mrite une attention particulire.

    Sur un plan tout fait diffrent, on note que le diagnostic n'a pas permis d'valuercorrectement l'impact international, notamment europen, de la scne artistique franaise, enjeupourtant loin d'tre ngligeable s'agissant des effets attendus de politiques publiques. Que ce soit l'exportation (diffusion internationales des artistes et quipes artistiques franaises), ou en termesd'attractivit (prsence des artistes, compagnies ou ensemble trangers sur le territoire franais, enprogrammation sur les scnes ou en en rsidence dans les tablissements), un complmentd'investigation devra tre men pour parvenir une lecture pertinente sur ce point.

    DES PRIMTRES PARFOIS DIFFICILES CERNER

    Diversit des disciplines, des esthtiques, des histoires, des effectifs, des formats, desmoyens, des territoires : la diversit apparat le matre mot au fil du diagnostic conduit. On doitbien sr s'en rjouir, tant sur le plan artistique la norme n'est pas de mise.

    Cependant, la diversit est aussi une source de complexit pour la bonne dfinition depolitiques, dfinition qui le plus souvent appelle cadrage, talonnage voire formatage.

    La varit des entits runies sous le mme label ou rseau est le meilleur exemple de cetteproblmatique. Et cette varit n'est pas loin de mettre mal la logique de classification sur laquellereposent labels et rseaux alors mme qu'on envisage d'en stabiliser le principe par une actionnormative dont la circulaire du 31 aot 2010 ouvre la voie. Par ailleurs, nombre d'entits recensesdans la catgorie autres lieux apparaissent comme prsentant une forte parent avec cellesrunies dans tel label ou rseau.

    S'agissant des entits runies dans les labels et rseaux, on parle habituellementd'tablissements de rfrence : on sent ici une tension thorique importante sur laquelle il n'est pasinutile de s'arrter.

    Jusqu'o la rfrence ici invoque peut-elle tre dissocie du format ? En d'autres termesqu'est-ce qui fait rfrence commune entre un ensemble de 15 instrumentistes et une formation de100 musiciens ? Entre un CCN comptant 30 danseurs permanents et un autre o tous les artisteshormis les directeurs sont intermittents ? Entre un CDN/CDR dot d'une salle de spectacle de 500 1000 places et un autre disposant d'une salle de moins de 100 fauteuils voire dpourvu de salle despectacle ?

    Comment cette rfrence est-elle transposable en paramtres chiffrables ? Souvent retenuecomme indicateur, la caractrisation d'une envergure, d'une visibilit, d'un rayonnement qui dpassele territoire d'implantation suffit-elle ?

    En quoi cette rfrence est-elle discriminante entre les entits intgres au label et lesautres ? Il n'est pas indiffrent d'observer que seulement quatre labels ou rseaux ont constitu uneassociation regroupant exclusivement les membres du rseau. Dans les autres cas hormis lesCNCM, il existe effectivement une entit o les membres du rseau sont fdrs, mais dans unensemble plus vaste, intgrant galement des structures non labellises (ROF pour les opra, AFOpour les orchestres. FEDELIMA pour les SMAC, Territoires de cirque pour les PNAC, FNAR pourles CNAR).

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  • Entre gestion d'intrts catgoriels et structuration d'une filire, ces entits sont rvlatricesd'approches diffrentes selon les secteurs et sont symptomatiques des rsultats des politiques misesen uvre par l'tat dans le domaine du spectacle vivant au cours des dernires dcennies.

    En tout tat de cause, on pourra difficilement faire l'conomie de requalifier clairement lesmissions ou, tout au moins, le cur de mission spcifiques et partages par tous qui fondent lalogique de chaque label ou rseau. cet gard, le tronc commun des missions des labels et rseauxaids, dtaill dans la circulaire du 31 aot 2010 qui leur est consacre, illustre, par son ampleur,une difficult identifier des priorits.

    L'AMBITION NATIONALE

    Le tramage institutionnel rsultant des politiques dveloppes au fil du temps par l'tat setraduit le plus souvent par l'attribution du qualificatif national aux entits qui en forment lesupport.

    Traduisant une ambition dont on ne sait plus trop qui la porte dans un contexte decomptences partages, le caractre national d'un tablissement apparat dans le domaine duspectacle vivant quasi incantatoire alors que dans le domaine musographique on a prfrl'appellation muse de France ou que dans celui des arts plastiques on se contente de Fondsrgionaux d'art contemporain ou de centres d'arts.

    noter nanmoins que deux rseaux rcemment constitus, chappent cette rglequasiment immuable : les centres de dveloppement chorgraphique et les scnes de musiquesactuelles n'ont pas revendiqu l'onction nationale dans leur appellation. Signe des temps ?

    l'vidence, ce qualificatif hirarchise, au moins symboliquement ; mais que traduit-ilrellement aujourd'hui en termes d'objectifs politiques hormis l'implication financire de l'tat ?

    Tout tablissement dit national bnficie, en principe, d'un financement relevant dubudget de l'tat. L'inverse, en revanche n'est pas vrai : nombre d'entits o l'tat intervientfinancirement ne sont pas qualifies de nationales le Festival d'Avignon, la Maison de ladanse de Lyon, l'Ensemble intercontemporain, par exemple. En outre, cette qualification estindpendante du poids de l'tat dans l'ensemble des financements publics : dans nombre de cas,l'tat y est trs minoritaire.

    On doit plutt considrer que le qualificatif national rend compte d'une ambition publiquepartage renvoyant des missions d'intrt gnral qui dpassent le primtre du territoired'implantation.

    Cette approche est toutefois brouille par les cas o ce mme terme national est utilispour dsigner des tablissements financs uniquement par l'tat et dployant des missions fixespar lui seul, sans que l'on comprenne toujours trs bien en quoi ces missions diffrent de cellesd'autres tablissements o l'tat intervient en partenariat avec des collectivits territoriales.

    Quoi qu'il en soit, on en revient ici la problmatique de la rfrence. Et celle sous-jacentede savoir avec qui et jusqu'o celle-ci est partage.

    UNE CONTRACTUALISATION EN DVELOPPEMENT

    Au regard des analyses qui prcdent, dfinir des cadres de rfrence, a fortiori lorsqu'ils seveulent partags, revt videmment une importance capitale.

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  • La circulaire du 31 aot 2010 relative aux labels et rseaux et les cahiers des charges qui luisont associs ont permis une avance substantielle, l'tat y prcisant les missions qu'il assigne chaque catgorie d'tablissements de rfrence qu'il a contribu forger, visant parfois uneexcessive exhaustivit (cf. supra).

    Cette mme circulaire prconise la conclusion dune convention dobjectifs pluriannuelle etmultipartite, destine scuriser les financements des institutions, permettre chacune delle dedisposer dune feuille de route et fixer les principes dune valuation. C'est l que peuvent seprciser entre les partenaires publics les contours de l'ambition partage.

    On note que la circulaire labels et rseaux a relanc la politique conventionnelle mmesi, pour lessentiel, les conventions conclues sont trs majoritairement bilatrales tat / institution.

    Effectif tudiNb de

    conventions envigueur

    Pourcentage

    2009 179 70 39 %

    2012 189 119 62 %

    Le principe prconis de conventions multipartites sest rvl tre dune mise en uvrecomplexe en raison dune difficile articulation avec la circulaire du 18 janvier 2010 relative auxrelations entre les pouvoirs publics et les associations. Il en rsulte que nombre d'entreprises duspectacle vivant voient leur activit rgie par autant de conventions bilatrales quelles ont definanceurs publics associs.

    Cette difficult technique, relle, ne doit pas occulter que la contractualisation bute aussidans certains cas sur les diffrences d'objectifs qui fondent l'intervention de chaque financeurpublic. Les consquences de ce diffrentiel varient en fait selon la configuration.

    Dans le cas des tablissements relevant des labels et rseaux, c'est un socle de missions quidclenche l'aide de l'tat. Ds lors que ce socle de mission n'est pas constitu, en principe lalabellisation n'est pas possible. l'inverse, ds lors qu'il est constitu, rien n'empche que desmissions soient ajoutes ce socle et c'est bien souvent ce qui se produit lorsque les objectifs desdiffrents partenaires diffrent, la mission globale s'en trouvant alourdie, complexifie au risqueparfois de la saturation et d'une perte de lisibilit du socle premier.

    noter que les compagnies conventionnes nchappent pas non plus ce phnomne desaturation, de mme que certains tablissements non labelliss de la catgorie autres lieux .

    En revanche, dans le cas des scnes conventionnes, le financement de l'tat se rapporte enprincipe un volet prcis et cern de l'action, volet qu'il vise encourager ou dvelopper. Il cibleainsi l'intervention dans son articulation avec les ncessits particulires du territoire.

    Cette souplesse, d'autant plus prcieuse en priode de grande contrainte budgtaire, mrited'tre examine avec attention. La politique de labellisation qui a constitu un mode majeurd'intervention de l'tat jusqu' rcemment n'offre aujourd'hui plus gure de marge d'volution ; cenon pas tant du fait qu'il manquerait de candidats pertinents tel label ou rseau mais le plussouvent faute de crdits disponibles permettant d'largir le cercle des lus.

    LES FRUITS DE L'HISTOIRE

    Au fil du diagnostic a t rgulirement voqu le fait que nombre de configurations sur leterrain sont les fruits de l'histoire et il est vrai que, dans sa phase pionnire, l'tat a souvent agi

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  • l o le contexte local en offrait lopportunit, sans que prvale une logique damnagementculturel du territoire.

    Dpense du MCC par habitant sur le champ du spectacle vivant (programme 131-1)

    On a dj soulign prcdemment les disparits sur le plan de la desserte territoriale. Celles-ci trouvent une traduction chiffre travers la dpense par habitant qui stablit entre 2,55 pour laPicardie et 28,87 pour lIle-de-France.

    Le cas pour le moins atypique de lle-de-France est entirement imputable Paris. En effet,la dpense par habitant hors Paris slve 3,41 et fait que les dpartements de la rgionrejoignent le peloton, voire mme y courent plutt en queue. Quant la capitale, examine seule,elle bnficie dune dpense par habitants de 113,69 dont 105,44 sont imputables aux seulstablissements publics nationaux situs sur son territoire (tous, lexception du TNS Strasbourg etdu CND Pantin). Cette situation nest pas sans soulever un certain nombre de questions.

    Quelle est la part du rayonnement international et de la centralit, naturelle pour une villecapitale, assume par les tablissements publics nationaux ? Pour rpondre cette question,il conviendrait de procder un examen de leur frquentation par les touristes trangers etpar un public national non francilien.

    Existe-t-il une relle diffrence dans la structure des publics des institutions de lacouronne ? En dautres termes, ces institutions jouent-elles un rle singulier en faveur despublics de leurs territoires ? L encore, une tude des publics savrerait fort utile.

    Quelles actions les tablissements publics pourraient-ils (ou devraient-ils) mener pouramliorer leurs capacits irriguer lensemble du territoire ? Ce point pourrait treenvisag sous trois aspects : les tournes et rsidences en rgion, le positionnement en ttede rseau voire, plus complexe aborder en priode de budget contraint, linstallationdtablissements filialiss en rgions.Il apparat donc clairement que l'tat ne pourra plus longtemps faire l'conomie d'une

    rgulation de la situation spcifique qui prvaut Paris si la concentration des structures agissantdans le domaine du spectacle vivant ne parvenait se justifier, au moins en partie, au titre desemblmes de la capitale de la France et du rayonnement international qui s'y attache, ou par unemission dont la porte concernerait l'ensemble du territoire national.

    Quoi quil en soit, les quilibres territoriaux doivent tre apprhends dans la globalit delensemble de laction de ltat dans les territoires et, ce titre, lobservation doit tre mise enregard de donnes plus globales. Il n'en reste pas moins que les financements de ltat dans ledomaine du spectacle vivant ne sauraient sexonrer dun souci dquit territoriale.Diagnostic spectacle vivant - DGCA - ICA - 16 -

    2 3 / habitant3 4 / habitant4 5 / habitant5 6 / habitantPlus de 6 / habitant

  • Part relative des interventions de ltat et des Collectivits territoriales

    Invoqu selon les cas comme facteur de lgitimit aussi bien que comme frein la plasticitde l'action, l'effet de l'histoire apparat trs ambivalent. En vrit, il recouvre des ralitscomplexes et varies qui interfrent de manire substantielle avec les dcisions.

    Parmi celles-ci, on peut citer l'ombre porte de grands programmes d'action de l'tat(dcentralisation dramatique de Jeanne Laurent, maisons de la Culture d'Andr Malraux, planLandowski pour la musique, centres chorgraphiques nationaux sous Jack Lang, plan SMACdernirement, par exemple), la notorit des artistes porteurs de projet et les effets d'emblmepropres la sphre culturelle, le positionnement et le poids politique des grands lus (en particulierdes maires). Autant d'lments qui affectent la localisation des interventions de l'tat et leur niveau.

    Rsultant d'une conjugaison, sans doute invitable, entre volontarisme et opportunits, lepaysage du spectacle vivant souffre d'imperfections notoires que la raret de la ressource financirerend encore plus criantes mais sur lesquelles il est bien difficile d'agir. C'est l o d'effets del'histoire on en arrive au poids de l'histoire qui se fait sentir d'autant plus lourdement que ladconcentration a rendu difficile le transfert des moyens de l'tat d'une rgion l'autre.

    Faute de les identifier lucidement, on sous-estime trop souvent les facteurs de contrainte oud'empchement qui interfrent ngativement avec une volont de transformation. En particulier, ondoit prendre en compte qu'en manire de politique de spectacle vivant, les responsabilits sonttellement entrecroises qu'il est quasiment impossible pour l'tat de rformer sa propreintervention sans mettre en jeu l'ensemble des interventions. C'est ainsi que la mthode des mandatsde rvision o l'tat a tent de r-agencer en solo ses propres interventions a montr ses limites.

    En ce sens, la dmarche de la Modernisation de l'action publique qui se propose d'associer l'valuation les parties prenantes (ministres, collectivits, organismes sociaux, usagers) demanire construire une vision collective des enjeux va dans le bon sens. Toutefois, il ressort duprsent diagnostic que la mise en uvre d'une transformation ncessitera une grande lucidit de lapart de tous les protagonistes.

    La photographie livre ici laisse entrevoir des pistes en termes d'approches collaboratives.En tmoigne par exemple le programme en faveur des musiques actuelles.

    Bti sur un terrain quasiment vierge, il tait demble lcart de toute considrationhistorique. Dmonstration de laptitude prendre en compte les pratiques et les esthtiquesmergentes ainsi que les aspirations de nos concitoyens, il a ds les origines t marqu par unelogique de desserte territoriale, aux plans national aussi bien que local. Le plan SMAC (Scnes demusiques actuelles) vise lobjectif de doter moyen terme chaque dpartement franais dau moinsune de ces structures labellises. Localement, il se proccupe de mettre les acteurs du secteur enrseau, par la mise en uvre des SOLIMA, vritables schmas directeurs concerts avec lescollectivits territoriales.

    - 17 - Diagnostic spectacle vivant - DGCA - ICA

    Nota : Le secteur rouge estreprsentatif des dpenses descollectivits croises avec desinterventions du MCC. Il exclut doncleurs interventions sur des initiativesnon finances par ltat

  • Il en rsulte que sans se poser en chef de file sa participation financire reste trsminoritaire ltat a dvelopp une expertise respecte et coute sur le champ des musiquesactuelles, donnant ipso facto ses interventions un effet dentranement remarquable.

    A l'inverse, l'tat peine rguler une situation qui s'est sdimente au fil des ans et qui leconduit attribuer en direction centrale des aides des bnficiaires l'gard desquels lesexigences de contrepartie sont peu caractrises voire inexistantes. Cest ainsi notamment quuncertain nombre de noms illustres du thtre reoivent une aide annuelle avec pour seule finalitcelle de faciliter la continuit de leur travail de crateurs.

    Il nest certes pas contestable que le service insigne rendu par ces figures tutlaires, souventpionnires de la dcentralisation thtrale et acteurs du rayonnement de la cration franaise ltranger, justifie pleinement la reconnaissance nationale. On pourrait cependant imaginer de leurproposer de renouer avec lesprit de mission dont ils ont t les militants, par exemple dans le cadredune forme de contrat de gnrations qui leur donnerait un rle irremplaable en matire detransmission.

    Quoi quil en soit, lexamen au cas par cas des subventions verses pourrait dboucher surune nouvelle vague de dconcentration, prioritairement oriente vers une amorce dquilibrageterritorial.

    Diagnostic spectacle vivant - DGCA - ICA - 18 -

  • 2- LA POLITIQUE DES LABELS ET RSEAUX

    - 19 - Diagnostic spectacle vivant - DGCA - ICA

  • Diagnostic spectacle vivant - DGCA - ICA - 20 -

  • 2.0.1- TABLEAU SYNOPTIQUE DE LA MISE EN PLACE DES LABELS ET RESEAUX

    Prmices Formalisation Primtre 2013 Entit regroupant les membresdu rseauCDN 1946 : fondation du Centre

    dramatique de l'Est Colmar qui marque le dbut de la dcentralisation thtrale orchestre par Jeanne Laurent

    1972 : dcret relatif aux contrats de dcentralisation dramatique1995 : arrt fixant le contrat-type de dcentralisation dramatique

    33 CDN, 1 assimil (TNB), 4CDR2012 : CDR de Poitiers devient CDN2013 CDR de Colmar devientCDNSortie rcente : Thtre Ouvert (Paris)Entres l'tude : Ivry

    ACID : Association pour la cration et l'innovation dans ladcentralisation dramatique. Fonde dans les annes 1980, dnomm agence au lieu d' association jusqu'en mars 2006, elle regroupe de droit tous les directeurs des CDNPas de soutien DGCA

    SN 1961 : inauguration de la premire Maison de la cultureau Havre1967 : lancement des centres d'action culturelle1975 : lancement des centres de dveloppement culturel

    1991 : lettre du directeur du thtre et des spectacles instituant le label scne nationale en runissant les trois ensembles existant1997 : circulaire relative aux scnes nationales et aux contrats d'objectifs

    70 entitsSorties rcentes : Martinique et Petit-QuevillyDernier entrant : Scnes du Jura en 2013Entres l'tude : Corse, Toulon-Chteauvallon, Guyane

    Association des scnes nationales.Constitue en 1990 par la fusion de l'Union des maisonsde la culture et de l'Association des tablissements d'action culturelle. Soutien DGCA = 50 k

    Opras 1964 : cration de la Runion des thtres lyriques municipaux de France (RTLMF), ententeintercommunale entre 13 villes en charge de coordonner les activits de ces thtres1991 : la RTLMF devient RTLF2003 : la RTLF devient la ROF

    1996 : instauration d'un label "opra national en rgion" 2010 : le label "maison d'opra en rgion" recouvrant les opras bnficiant de l'aide de l'tat est consolid par la circulaire du 31 aot 2010

    13 entitsDernier entrant : Opra de Dijon en 2009dont 5 "opras nationaux en rgion"Dernier entrant : Opra de Lorraine Nancy labellis "national" en 2006

    Pas d'entit regroupant uniquement les membres du rseau.C'est la ROF dont le primtre est plus large (elle fdre ce jour 26 opras, scnes et festivals lyriques) qui en tient lieu.Soutien DGCA = 90 k

    CCN 1968 : fondation du Ballet thtre contemporain (BTC), bas la maison de la culture d'Amiens, premier acte de la dcentralisation chorgraphique1972 1983 : installation en rgion de neuf chorgraphes l'instigation de l'Etat

    1984 : discours du ministre dela culture relatif instaurant le label CCN parmi dix mesures annonces pour le dveloppement chorgraphique2005 : projet de texte cadre organisant le label CCN qui ne sera pas formellement valid2010 : consolidation du label par la circulaire du 31 aot 2010

    19 entitsDerniers entrants : CCN de Biarritz et de Rillieux-la-Papeen 1998Dernire sortie : CCN de Toulouse devenu le premier CDC en 1995

    A-CCNAssociation fonde en 1995 qui regroupe l'ensemble des CCN. Soutenue par l'tat depuis 2005.Soutien DGCA = 70 k

    Orchestres 1969 : Plan de dix ans pour l'organisation des structures musicales franaises de Marcel Landowski2000 : cration de l'Association franaise des orchestres (AFO) runissant 32 orchestres

    2010 : formalisation du rseau national des orchestres en rgion par la circulaire du 31 aot 2010

    21 entits quoi s'ajoutent l'Orchestre de chambre de Paris ainsi quedeux oprateurs : l'Ensemble intercontemporain et l'Orchestre de ParisDernier entrant : Orchestre dePicardie intgr en 1985

    Pas d'entit regroupant uniquement les membres du rseau.C'est l'AFO, Association franaise des orchestres, fonde en 2000 et dont le primtre est plus large (27 membres) qui en tient lieuSoutien DGCA = 121 k

    - 21 - Diagnostic spectacle vivant - DGCA - ICA

  • Prmices Formalisation Primtre 2013 Entit regroupant les membresdu rseau

    SMAC 1991 : lancement des cafs-musique1996 : fusion du programme cafs-musique avec d'autres aides du MCC aux lieux de musiques actuelles

    1998 : circulaire relative aux scnes de musiques actuelles2010 : consolidation du rseau national des SMAC par la circulaire du 31 aot 20102013 : validation du Vademecum des schmas d'orientation pour le dveloppement des lieux de musiques actuelles (Solima)

    82 entitsDerniers entrants : La Paloma Nmes, la Cordonnerie Romans, Jazz d'Or Strasbourg en 201330 tablissements candidats rejoindre le rseau

    Pas d'entit regroupant uniquement les lieux labelliss.C'est la FEDELIMA, Fdration des lieux de musiques actuelles, dont le primtre est plus large (133 membres) qui en tient lieu. Elle rsulte de la fusion en dcembre 2012 de la Fdurock et de la FSJ (fdration des scnes de jazz et de musiques improvises)Soutien DGCA = 178 k

    CNCM 1993 : identification d'un premier rseau runissant quatre structures

    2005 : cahier des charges dfinissant les missions des CNCM2010 : consolidation du rseau national des CNCM par la circulaire du 31 aot 2010

    6 entitsDerniers entrants : Reims, Albi, AlfortvilleSortie rcente : Bourges en 2011 (cessation d'activit)

    Association en voie de constitution

    CDC 1995 : le CCN de Toulouse est transform en "centre de dveloppement chorgraphique"2001 : courrier la DMDTS de quatre entits (Avignon, Dijon, Lille, Uzs) revendiquant l'appellation CDC

    2005 : discours du ministre dela culture validant la dnomination CDC et leur attribuant des mesures financires pour l'accueil d'artistes en rsidence 2008 : rdaction d'une charte des CDC2010 : reconnaissance du rseau national des CDC par la circulaire du 31 aot 2010

    9 entitsDernier entrant : CDC de Picardie en 2011En prfiguration : CDC de Guyane et CDC Paris-RseauCandidat : Ple Sud (Strasbourg)

    A-CDCAssociation fonde en 2010 qui runit 8 des 9 CDC.Soutien DGCA = 30 k

    PNAC 2001 : le ministre de la Culture, lance L'anne des arts du Cirque sur la saison 2001-2002 et dsigne 11 ples cirque

    2010 : A l'occasion de la conclusion des Entretiens de Valois et avec le soutien des organisations syndicales, le MCC cre le label Ple national des arts du cirque formalis par la circulaire du 31 aot 2010

    12 entitsDernier entrant : PNAC Mditerrane (La Seyne-sur-Mer / CREAC Marseille)

    En prfiguration : Obernai Espace Athic (Alsace)

    Pas d'entit regroupant uniquement les lieux labelliss.C'est Territoires de cirquequi en tient lieu. Cre en 2004, cette association regroupe les PNAC et une vingtaine d'tablissements de production et de diffusion soutenant le cirque de cration

    CNAR 2005-2007 : dans le cadre du Temps des Arts de la Rue, neuf lieux de fabrication ont t reconnus centres nationaux des arts de la rue avec des missions et de moyens leur permettant une structuration durable.

    2009 : Cration des centres nationaux des arts de la rue.

    9 entits :Dernier entrant : Usine Boinot, NiortEn prfiguration : le Boulon (Vieux-Cond, Nord-Pas-de-Calais)le SOAR, Annonayet Ateliers Frappaz Villeurbanne (Rhne-Alpes)

    Pas d'entit regroupant uniquement les lieux labelliss.C'est la FNAR, Fdration nationale des arts de la rue, qui en tient lieu.Soutien DGCA = 69 k

    Diagnostic spectacle vivant - DGCA - ICA - 22 -

  • 2.0.1- RPARTITION DES LABELS EN FRANCE MTROPOLITAINE

    DONNES 2010

    (CDN, ples cirque, CNAR, CCN, CDC, Scnes nationales, orchestres, opras, CNCM et SMAC)

    - 23 - Diagnostic spectacle vivant - DGCA - ICA

  • Diagnostic spectacle vivant - DGCA - ICA - 24 -

  • 2.1- LES CENTRES DRAMATIQUES NATIONAUX & REGIONAUX (CDN/R)

    A. Principales caractristiques du rseauLes centres dramatiques nationaux, rgionaux et assimils, prsents sur l'ensemble du territoirefranais sauf Picardie et Corse, sont clairement identifis comme les institutions professionnelles derfrence ddies au thtre, du rpertoire classique aux formes et critures contemporaines.Leur mission premire de cration/production, exploitation et diffusion dans leur zoned'implantation mission aujourd'hui largie l'chelle nationale et internationale des spectaclesdramatiques de leurs directeurs et d'autres metteurs en scne s'accompagne d'une missioncomplmentaire de programmation rgulire au sige duvres thtrales "de haut niveau" : lamission artistique des CDN/R, incarne par le directeur, se confond d'emble avec leur missiond'intrt gnral.Les CDN/R sont les seuls assumer aussi dans leur rgion des missions de professionnalisation, detransmission et d'insertion : accompagnement et qualification de jeunes compagnies, formationinitiale (ateliers, responsabilit de cinq coles suprieures) et formation continue des comdiens(AFR), prservation des mtiers du thtre (dcors, costumes, etc).Le cahier des charges du contrat triennal de dcentralisation dramatique assure une grandecohrence. Depuis 2010, celui-ci est progressivement complt par une convention pluripartited'objectifs et de moyens avec les collectivits territoriales partenaires.

    Des entreprises personnalises par le profil et le mode de nomination des artistes commedirecteursDepuis l'origine en 1946, les CDN/R sont des organisations de droit priv (24 SARL, 1 SA,7 SCOP, 1 EURL, 2 SAS, 2 associations et 1 SEML), diriges par un "chef de troupe", dsignintuitu personae par le ministre lui-mme . Cette double spcificit constitue la carte d'identit desCDN/R.Si la procdure d'appel public candidatures et de slection sur projet par un jury mixtetat/collectivits territoriales a amlior la transparence des recrutements, la nomination d'uncomdien et metteur en scne, vaut aussi lgitimation artistique et politique. Corollaire, le non-renouvellement du contrat est souvent vcu comme un dsaveu voire une injustice. La fin demandat est nanmoins assortie, sur la base d'un projet artistique, d'une convention triennale de l'tatde 150k par an qui facilite le retour l'exercice professionnel et donc la mobilit.

    Un ensemble en voie de stabilisation qui prsente de fortes disparits des quipements, desbudgets et des situations locales De 42 CDN/R en 1993, 41 en 2003, 39 en 2010, on est pass 38 en 20132. On constate cesdernires annes une tendance transformer des CDR en CDN, y compris dans des villes moyennes(Thionville, Colmar, Poitiers) en fonction de la volont politique et du rayonnement territorial maissur des critres techniques et budgtaires qui mriteraient d'tre cadrs.21 CDN/R disposent de deux salles en propre. Si 40% des centres en ont une de 700 places aumoins, 13 n'ont aucune jauge suprieure 400 places. Plusieurs n'ont pas d'atelier de dcors etcostumes ni mme de salle de rptition. 2 n'ont pas de lieu en propre (Orlans, Poitiers)3. L'tat deslieux est ractualiser.

    2 33 CDN+ 4 CDR + 1 assimil (TNB Rennes)3 Hormis le cas particulier des Trteaux de France - 25 - Diagnostic spectacle vivant - DGCA - ICA

  • On observe une disproportion de poids budgtaire et de volant d'activits qui s'explique autant par laconfiguration de l'outil, la taille du bassin d'implantation et le paysage thtral environnant que laligne artistique : 9 gros CDN4 (> 5 M) dont 4 trs gros (>7 M) ctoient 8 10 moyens (moyenne3,8 M) et une majorit de plus petites institutions (2 3 M). L'tat reste financeur majoritaire mme si sa part tend diminuer un peu : en 2010, avec 56,7% desfinancements publics, il contribuait globalement pour 59,5M5 sur 149 M de budget cumul durseau (montant en progression de 11% depuis 2003 soit 2,1% en moyenne annuelle). Les CDNhistoriques restent toutefois trs majoritairement subventionns par l'tat.Le rseau est subventionn 75% par les collectivits publiques. Il est plutt bien gr mme si onobserve que 8 CDN/R prsentent un dficit cumul > 100 k.

    B. Service rendu la population

    La rpartition territoriale, dense, prsente plusieurs dsquilibres. Si les bassins des capitales dergion sont pourvus (sauf Auvergne, Corse et Picardie), on observe une plus forte implantation surla moiti nord de la France, une hyper concentration dans la couronne francilienne (au nord-est) etune "diagonale aride" du sud Bretagne PACA. Des rgions tendues comme les Pays de la Loire,Poitou-Charentes, Aquitaine, Midi-Pyrnes, Languedoc-Roussillon n'ont qu'un seul CDN/R alorsque d'autres plus petites en comptent deux (Alsace, Basse-Normandie, Lorraine). Fruit d'alashistorico-politiques, la carte des CDN/R ne recoupe pas compltement celle des 30 premires airesurbaines mtropolitaines (Brest, Nantes, Clermont-Ferrand, Le Mans, Metz., notamment, en sontdpourvues).

    4 Bordeaux, Lille, Marseille, Nice, Reims , Rennes, Nanterre, Toulouse, Villeurbanne5 Y compris Trteaux et TO sur crdits centrauxDiagnostic spectacle vivant - DGCA - ICA - 26 -

    LILLE

    VILLEURBANNE

    STRASBOURG

    BORDEAUX

    MONTLUCON

    CAEN

    DIJON

    LORIENT

    RENNES

    ORLEANS

    REIMS

    BESANCON

    MONTPELLIER

    LIMOGES

    NANCY

    TOULOUSE

    BETHUNE

    ANGERS

    MARSEILLE

    NICE

    GRENOBLESAINT-ETIENNE

    VALENCE

    LYON

    COLMAR

    VIRE

    TOURS

    ROUEN THIONVILLE

    POITIERS

    Centres dramatiques nationaux Centres dramatiques rgionaux

    *8$'(/283(

    0$57,1,48(

    *8

  • Dans le contexte budgtaire que nous traversons, la cration de nouveaux CDN ou CDR pourassurer une meilleure couverture nationale apparat improbable. Au demeurant, il serait hasardeuxde vouloir rduire le nombre de ces institutions dans des rgions qui pourraient tre juges sur-dotes au profit dautres, qui apparaissent dfavorises, sans courir le risque dinstaurer le principeparadoxal dune pnurie quitable.Une solution doit plutt tre recherche dans le renforcement des responsabilits territoriales desCDN/R, notamment en matire de diffusion. Force est dailleurs de constater que les Scnesnationales ou conventionnes apportent sur ce plan une forme de compensation aux territoires lesplus dmunis sur le plan de la dcentralisation thtrale.

    Un rle fondamental dans l'largissement et le renouvellement du public de thtre Tous les CDN/R ont des partenariats avec les tablissements scolaires et universitaires etdveloppent des actions de sensibilisation et d'EAC, notamment les options Thtre en lyce. Lafrquentation moyenne des scolaires (22%) masque de grandes disparits : de 5 6% (Nice,Marseille) 40 55% (Angers, Saint-Denis, Lorient, Caen, Vire, Thionville). Ils ont uneresponsabilit particulire dans la formation des matres, vecteur-cl de dmultiplication traversles conventions Drac-Rectorat. L'largissement du public passe aussi par les sries longues (10 obligatoires pour les crations et 5,5en moyenne sur l'ensemble de la programmation) et le dveloppement de petites formes itinrantespour des publics loigns gographiquement ou culturellement. A noter qu'en 2010, la frquentationpayante a progress de 3,6% (72,5% en moyenne) alors que le nombre de reprsentations argress (-1,7%6 ).

    C. Impact artistique au service du rayonnement des arts du thtre et des compagnies Il dpend de la singularit des projets et du choix des artistes-directeurs qui assurent la fois unepermanence de la tradition et de la pense du thtre et le renouvellement des esthtiques etcritures scniques dans leur diversit. Les CDN/R soutiennent les auteurs vivants (art.7 et comitsde lecture) et produisent aujourd'hui du thtre au sens large avec souvent une coloration danse(Bordeaux, Gennevilliers, Rennes, Sartrouville, Valence). L'ouverture pluri ou trans-disciplinaireaugmente: 13,3% des entres en moyenne et 13,7 % en 2010-2011.Les tournes se sont dveloppes en France (22 font + de 50 reprsentations en tourne par an dont8 font + de 100) au dtriment du territoire proche (10 15), souvent satur. C'est surtout le cas pourles CDN importants ou frontaliers qui privilgient l'international. La visibilit internationale reste documenter, car si beaucoup de CDN/R ont des temps forts internationaux, peu d'lments sontdisponibles leur sujet. Les CDN/R coproduisent le travail d'environ 250 compagnies par an dont une centaine de maniremajoritaire ou trs significative et en accueillent autant ; le rseau se partage autour d'une mdianede 5 6 pour les coproductions et de 10 15 pour les accueils. On constate un partage de l'outil plusgnreux de la part d'une nouvelle gnration de directeurs, notamment sous forme d'uneaugmentation du nombre d'artistes associs mais cet indicateur doit tre perfectionn. La productiondlgue n'est vraiment pertinente que pour les artistes encore isols (metteur en scne, auteur) oules quipes peu structures.La trs forte augmentation du nombre de compagnies (leur nombre a doubl en dix ans pouratteindre plus de 450 lheure actuelle en France) doit cependant tre interroge. Les initiatives encette matire traduisent bien davantage le souci des jeunes metteurs en scne et comdiens de crerleur propre emploi, ce que la duret du temps rend comprhensible, que limprieuse ncessit

    6 Synthse DT portant sur la saison 2009-10; il semble que la saison suivante marque un recul de 6,2% (contexte conomique ?)

    - 27 - Diagnostic spectacle vivant - DGCA - ICA

  • dassurer leur libert de cration. Il conviendrait plutt de renforcer les engagements des CDN/Rsur le champ de la responsabilit et de la solidarit professionnelles en termes daccueil mais ausside production, de coproduction, de portage de projets de jeunes metteurs en scne. Le renforcementde ces engagements aurait comme effet de contenir linflation du nombre de compagnies de thtre,au profit dun accompagnement des carrires dans un cadre structur.

    D. Impact socio-conomiqueAucune donne statistique propre produire une vision macroconomique n'a pu tre runie sur cesujet dans le temps imparti au diagnostic cet gard, il serait pertinent deffectuer un bilan au moyen de dispositifs de suivi tels UNIDO,afin dvaluer prcisment limpact de laction des CDN/R sur lemploi dartistes et de techniciens.Sagissant de ces derniers, on constate une tendance la multiplication des CDD ou encore parfoisau montage de productions sans engagement daucun technicien. Or, les comptences despersonnels techniques doivent tre davantage valorises. Ce phnomne doit tre mesur.On doit cependant noter que, seuls assujettis au protocole d'accord de 20037, les 31 CDN assurent383 000 heures aux artistes, soit 6,5 ETP environ par thtre et par an, dont 82% aux interprtes.Cependant, en masse salariale et en volume horaire par rapport aux autres personnels (art.4 & 5),l'emploi direct des interprtes a rgress de - 7,4 % en 2010 , soit -9,4 % depuis 2003, en dpit del'augmentation des artistes permanents (14 CDN en dclarent).Un diagnostic approfondi de limpact socio-conomique du spectacle vivant devrait mettre enexergue le poids des CDN/R sur lconomie locale et le rle majeur de ces institutions danslinsertion sociale des jeunes. Une tude de limpact conomique et social de la permanenceartistique dans les CDN/R devrait galement tre conduite, afin dvaluer prcisment et au cas parcas pour chaque CDN/R sa capacit entretenir un noyau de comdiens permanents, directementmobiliss dans la conduite dactions culturelles en direction du public local.En matire dinsertion professionnelle, un rappel doit tre fait des rgles collectives pour jugulercertaines drives conscutives aux contraintes budgtaires. La tentation peut parfois tre grande, eneffet, de monter des ouvrages avec trop peu de comdiens professionnels, la distribution tantcomplte par un recours majoritaire des jeunes en contrats aids, issus dun cole de thtre. Unerflexion connexe devrait aussi tre mene afin dassocier davantage les seniors au sein des troupesde thtre et de mieux mixer les gnrations.La rduction de la prcarit des artistes doit faire figure denjeu majeur pour la dmarchedvaluation de la politique en faveur du spectacle vivant.

    E. Diagnostic gnral

    Points forts : des lieux de dveloppement durable du thtre- Une mission claire, un maillage national remarquable et un corps de doctrine solide font desCDN/R les piliers historiques et emblmatiques de la cration thtrale en France ;- Une capacit assumer sur la dure le renouvellement des arts du thtre, la continuit de latransmission et de la qualification professionnelles, de la sensibilisation et de l'ducation artistiquedu public aux formes varies de la cration thtrale ;

    7 Hors CDR, Rennes et Thtre OuvertDiagnostic spectacle vivant - DGCA - ICA - 28 -

  • - Des personnalits d'artistes pour qui l'engagement dans le sicle donne sens leur geste artistiqueet dont le regard singulier, en contrepoint du turn-over des modes, doit s'ancrer dans la ralit d'unterritoire ; - Des directeurs rcemment nomms respectueux de l'clectisme artistique et conscients du contextece qui devrait renforcer l'effet 'rseau' (projets en commun, coproductions) qui n'avait pas tencourag par crainte de clture endogamique. (lhtrognit des quipements et des budgetscomme la diversit des esthtiques limite aussi de fait la possibilit des collaborations).

    Le revers de la mdaille : les points faibles se sont sdiments- L'insuffisance et le vieillissement des outils de travail : thtres sans salle de rptition, sans lieuxde stockage, etc ; vtust des quipements scniques et sous-quipement en technologiesnumrises ;- La progression naturelle des cots de structure et d'exploitation, suprieure celle des produits,entrane, en dpit dune gestion globalement saine, une rduction de la marge d'activits ;. - Un changement de modle conomique se fait jour au profit de la diffusion et au dtriment de laproduction qui se traduit par un moindre investissement artistique des diffuseurs qui optent plusvolontiers pour des contrats de cession que pour des parts de coproduction ;- Le manque de prsence artistique continue malgr une tendance la hausse et surtout, un poidsinsuffisant des comdiens dans la dfinition et la conduite de la politique artistique ; - Les moindres capacits produire des pices exigeant une distribution nombreuse, singulirementdu rpertoire, et l'engouement pour la pluri ou la trans-disciplinarit qui ont contribu banaliserl'identit du label ;- Lquilibre dlicat engendr par la superposition des missions de cration/diffusion, deprogrammation largie et d'action territoriale assortie des exigences et inclinations de quatrecollectivits publiques ;- L'appropriation variable de ces tablissements par les collectivits territoriales et donc la disparitdes financements publics ;- Un statut ambigu et juridiquement fragile.

    Interactions internes et externes au rseauLes coproductions ou changes avec les thtres nationaux restent ponctuels. Ils sont anciens avecLa Colline et se sont dvelopps plus rcemment avec le Thtre national de Strasbourg, Onn'observe pas d'effet de concurrence entre ces deux ensembles autre qu'artistique. Les scnes nationales et conventionnes sont le dbouch logique des centres dramatiques qui ytournent beaucoup, en fonction des affinits et des conditions pratiques. Toutefois, la circulationentre ces labels ou programmes pourrait s'intensifier. A noter que les centres dramatiques peuventtre fragiliss par des scnes trop proches de leur sige (Orlans, Caen, notamment), sauf si leterritoire artistique est clairement partag (Reims). Sur leur territoire, les centres dramatiques s'efforcent de travailler en cohrence avec lescompagnies, les 'autres lieux' et d'autres institutions du SV (opras, CNAR, festivals...).

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  • Cohrence globale du rseauAu-del de la doctrine commune et du cahier des charges identique, le rseau est marqu par uneforte disparit qui tient plutt la taille des quipements et de la ville d'implantation, la situationou non de monopole, l'implication des lus et au budget. Les neuf dix gros CDN (dont Rennes)ne sont pas reprsentatifs d'un rseau dense d'institutions plus modestes et artisanales qui peinent rpondre toutes les injonctions. Des synergies doivent encore tre trouves dans le cadre dundialogue renouvel entre les professionnels, les collectivits territoriales et ltat. La multiplicitdes tutelles, le dialogue entre elles et avec les responsables dtablissement sont jugs fructueux parles professionnels qui y voient la justification du maintien dune comptence culturelle partage.Linstauration dune grille commune dvaluation des diffrents tablissements en favoriseraitlorganisation. Aujourdhui, la donne du nombre de reprsentations par spectacle nest pasconsolidable ni forcment prsente dans les bilans des CDN. Une trame applicable touspermettrait de disposer de donnes chiffres, notamment en matire de diffusion.Schmatiquement, il y a en fait deux grandes familles : les gros CDN dont certains se sont auto-promus "Thtre National de"... (effet TNP) et la famille des structures plus lgres, dont le 'rseau'des "Comdies". Encore ces ensembles vidents ne sont-ils nullement homognes. Nanmoins, lo toutes les missions convergent sur une institution, majoritairement dans des capitales de rgion(Bordeaux, Limoges, Marseille, Montpellier, Nice, Toulouse, etc), le CDN/R peut tre enclin adopter une programmation plus large, parfois au dtriment de sa mission de cration, de formationou d'action culturelle, car il dispose d'un vaste rservoir de public. A contrario, mettre un artiste plusoriginal dans un CDN/R implant dans un bassin de vie aux dimensions modestes le condamne une moindre visibilit qui peut nuire au rayonnement de l'institution.Les CDN/R conjuguent stabilit institutionnelle et renouvellement d'aventures artistiques sur unrythme de dix ans qui parat adapt l'panouissement d'un projet, la demande lgitime dechangement des spectateurs et l'volution de la structuration esthtique d'un territoire.

    Problmatiques majeures traiterQuelle que soit sa situation, le Centre Dramatique reste le pivot de la cration thtrale sur sonterritoire et le lieu de rfrence artistique, au service du public et du thtre et non d'un metteur enscne, si talentueux ou habile soit-il. La direction par un artiste praticien (et un administrateur agrpar le MCC) est constitutive du label : elle signifie le thtre dans sa dimension d'incarnationsingulire et collective, relationnelle et citoyenne.Considrs comme des 'nantis', les centres dramatiques ont faire face une multiplicit de chargesnouvelles, relevant parfois de linjonction paradoxale. Ils ne sont plus le cadre unique delgitimation artistique professionnelle : il nest pas rare que des metteurs scne reconnus hsitent prendre en charge une institution dont la gestion s'est complique au risque d'amoindrir leur libertde cration. Pourtant, dans le contexte de professionnalisation des fonctions de gestion, ladjonction lartiste-directeur dun administrateur permet dabsorber la charge quimpliquent le reporting etles tches administratives et est de nature vaincre cette rticence. Paralllement, la russite de ladcentralisation dramatique et les initiatives prises dans ce domaine par les collectivits estompentla spcificit politique de leur mission originelle. Enfin, le thtre lui-mme volue (revient) versdes formes de spectacle qui diluent l'image des centres dramatiques dans l'esprit du 'grand public',sans que se dmente pour autant le succs public du "thtre parl" classique ou contemporain.

    Sur cette base apparaissent plusieurs problmatiques qui dcoulent de la dynamique ambivalente duparadigme fondateur du label : parcours d'artistes versus lieu thtral, projet versus institution,nomadisme versus sdentarisation. Plus prcisment, un travail de rflexion voire d'arbitragesemble devoir tre men sur les points-cls suivants :

    Diagnostic spectacle vivant - DGCA - ICA - 30 -

  • Faut-il modifier le statut ? Le passage du rgime priv un statut d'tablissement publicbouleverserait l'esprit initial du label. Scurisant financirement et juridiquement, plusconforme la notion de service public, il contribuerait nanmoins paracheverl'institutionnalisation des centres dramatiques. La solution de la SCIC (socits coopratived'intrt collectif) explore paralllement par les organisations professionnelles mrite aussid'tre envisage : elle privilgie la responsabilit personnelle des acteurs d'une aventureartistique collective qui l'on confie un lieu et une mission. Il n'y a pas lieu d'opposer les deuxoptions et sans doute faut-il envisager une approche au cas par cas. En revanche, cette rflexion est dconnecter de la question identitaire du profil du directeur et de l'indpendance du projet artistique.

    - Quels sont les critres prioritaires du choix de l'artiste-directeur ? Crateur, chef de troupe dontle geste artistique singulier contribue dvelopper le thtre un endroit particulier et/ouresponsable d'une entreprise de spectacles d'intrt public ? Les modalits actuelles de recrutementsont-elles les plus adaptes pour apprcier la pertinence artistique et la viabilit conomique d'unprojet en regard de l'quipement et de son environnement thtral et culturel ? Les professionnelsestiment cet gard que les candidats la direction dun CDN/R doivent tre invits concevoir unprojet dtermin la fois par les spcificits du lieu, les outils dont ils disposent (ex : atelier dedcors) et les ambitions des pouvoirs publics, notamment locaux, afin dassurer une exploitationoptimale de lquipement Comment dvelopper une prsence artistique durable ? Comdiens, artistes et compagnies

    associs ? Stages de longue dure pour des lves-comdiens post-DNSPC ? Les modalits dupartage de l'outil de production et les partenariats doivent tre prcises pour permettre auxCDN/R de jouer pleinement leur rle de ' ples-ressources de la cration thtrale dcentralise' . cette fin, le concept de rsidence appelle une dfinition plus prcise et partage. Trop decollaborations de quelques jours peine reoivent aujourdhui abusivement cette appellation.De mme, les conditions de travail lies aux rsidences mriteraient dtre mieux prcises.

    Quelle volution du rseau ? Selon qu'il privilgie une logique de projet d'artiste ou ded'amnagement du territoire, ltat penche alternativement pour la rduction ou l'extension. Sa re-configuration ne peut pas tre envisage indpendamment de la rforme de l'aide aux compagnies ,de la place des 'autres lieux' et des Scnes Nationales. Un rexamen de leur situation peut trefond, rgion par rgion, sur la cartographie technique et esthtique des institutions subventionnespar ltat mais aussi de celles finances par les collectivits et de l'offre de thtres privs. Toutredploiement radical parat conomiquement ou politiquement hasardeux, sauf distinguer des CDrecentrs sur leurs missions premires et un autre label plus gnral de Thtre national enrgion (type Opra?). Des rapprochements ou fusions sont possibles sous rserve qu'ils induisentde rels avantages pour l'largissement des publics et la rduction des cots.

    - 31 - Diagnostic spectacle vivant - DGCA - ICA

  • Diagnostic spectacle vivant - DGCA - ICA - 32 -

  • 2.2- LES SCENES NATIONALES (SN)

    A. Principales caractristiques du rseau

    Si le label scne nationale date de 1997, le rseau des 70 tablissements qui en bnficient est lestrict aboutissement du vaste programme d'amnagement du territoire en Maisons de la culture vocation pluridisciplinaire lanc par Andr Malraux ds la naissance du ministre en 1959.On rappellera les 3 grandes missions qui s'attachent avec une gale importance ce label :

    programmation artistique pluridisciplinaire (danse, musique, thtre et de manireoptionnelle arts plastiques et cinma),

    irrigation territoriale et dveloppement culturel (dont une forte implication dansl'ducation artistique et culturelle de la jeunesse),

    accompagnement des artistes et des professionnels en matire de cration.On remarquera que ces missions font de ce label le seul vocation gnraliste en matire d'artvivant et de dveloppement culturel dans la mesure o elles mnagent ensemble un accueil gal aubnfice des artistes de toutes disciplines. Ce caractre universel explique pour une bonne partle succs et la longvit du rseau.

    B. Service rendu la population

    - 33 - Diagnostic spectacle vivant - DGCA - ICA

    LE PETIT-QUEVILLY

    LOOS-EN-GOHELLE

    VILLENEUVE-D'ASCQ

    MAUBEUGE

    VALENCIENNES

    MONTBELIARD

    BELFORT

    CALAIS

    LE HAVRE

    REIMS

    CHALONS EN CH.

    VANDOEUVRE

    MULHOUSE

    LE CREUSOT

    GRENOBLE

    CHAMBERY

    ANNECY

    MARSEILLE

    SAINT-NAZAIRE

    DUNKERQUE

    BAYONNE

    CLERMONT-FERRAND

    CHERBOURG

    ALENCON

    CHALON-SUR-SAONE

    MACON

    SAINT-BRIEUCBREST

    QUIMPER

    BLOIS

    CHATEAUROUX

    ORLEANS

    BOURGES

    BESANCON

    DIEPPE

    EVREUX

    ALES

    NARBONNE

    SETE

    AUBUSSON

    BAR-LE-DUC

    FORBACH

    ALBI

    TARBES

    FOIX

    DOUAI

    LA ROCHE-SUR-YON

    CHATEAU-GONTIER

    NANTES

    AMIENS

    LA ROCHELLENIORT

    POITIERS

    ANGOULEME

    GAP

    CAVAILLON

    MARTIGUES

    MEYLAN

    VALENCE

    IMPLANTATION DES 70 SCENES NATIONALES

    MALAKOFF MARNE-LA-VALLEE

    SENART

    CERGY

    SCEAUX

    BOBIGNY

    CRETEIL

    EVRY

    ST QUENTIN EN Y.

    *8$'(/283(

    0$57,1,48(

    *8

  • Les principes gographiques qui ont guid l'implantation progressive des scnes nationales ont dcomposer avec la volont ou l'absence de volont politique des lus locaux, ce qui peut expliquercertains manques ou redondances dans leur rpartition actuelle. Toutefois, la lecture a posteriori dupaysage de ces 70 scnes livre des enseignements relativement cohrents :

    une grosse moiti des scnes est implante dans les villes-centres de dpartements moyenne densit de population, avec un environnement rural ; elles y sont de faitl'quipement professionnel et artistique de rfrence (par exemple Gap, Chteauroux, Bar-le-Duc, Annecy, Niort, etc) ;

    les dpartements ou rgions forte densit dmographique et gnralement de sociologiepost-industrielle accueillent un plus grand nombre de SN que les autres (exemple duNord-Pas-de-Calais).

    la quasi totalit des grandes capitales rgionales (Paris, Lyon, Rennes, Toulouse,Bordeaux, etc) ont fait le choix de dvelopper ou de conforter une panoplied'tablissements spcialiss (CDN, CCN, Opra) plutt que celui d'un quipementgnraliste ;

    avec des succs mais aussi des checs, la dernire gnration des SN cres, l'tude ouen reconfiguration rvle une tendance la multipolarit sur un dpartement (Jura, Oise,Orne) ou un bassin de vie (prfigurations ou rapprochements Chteauvallon-Toulon, Paysde Montbliard - Belfort, Douai-Arras). Cette multipolarit nest toutefois pas aismentapplicable tous les contextes locaux et on doit sinterroger sur la capacit des SN toucher des villes trs loignes les unes des autres, notamment en milieu rural. Pourautant il convient dobserver les bonnes pratiques pour tablir une ligne de conduite pourlensemble du territoire national en matire dirrigation territoriale, au noyen notammentde nouvelles formes dintervention artistique hors les murs.

    l' outil universel SN , n'a pas trouv sa place ou son adaptation pour une vingtaine dedpartements sur la diagonale NE/SO, profondment ruraux et d'une dmographie demoins de 50 hab./km ; en revanche, il a sembl la moins mauvaise solution ce jour pourrechercher une continuit territoriale aux politiques nationales dans les rgionsultramarines, chantier qui ne fait que s'amorcer.

    Faute dindicateurs ad hoc, le diagnostic na pu se livrer lexamen de lquilibre entre lesdiffrentes disciplines du spectacle vivant reprsentes dans les scnes gnralistes. aussi nest-ilpas possible de porter un regard objectif sur les revendications de tel ou tel secteur sestimant sousreprsent ni, partant, dapporter les correctifs ncessaires le cas chant.

    C. Impact artistiqueLa programmation rgulire duvres de rfrence est une vitrine artistique d'exception et tmoignede l'engagement des scnes nationales auprs des artistes de toute discipline.Reflet de la diversit culturelle du paysage franais, les scnes nationales partagent les mmesmissions : soutenir la cration artistique. Leurs programmations pluridisciplinaires vont larencontre de tous les arts vivants et pour beaucoup des arts visuels. 23 dentre elles proposent, enoutre, une programmation cinma et 18 sont classes Art et Essai. Elles prsentent les principauxcourants de la cration actuelle franaise et internationale et rvlent rgulirement de nouveauxtalents. Dotes de moyens et doutils de production, les scnes nationales financent la cration (production,coproduction) pour prs de 9,5 M chaque anne ; elles accompagnent durablement les artistes dansleurs recherches et leurs crations, contribuant ainsi au renouvellement des esthtiques, des

    Diagnostic spectacle vivant - DGCA - ICA - 34 -

  • langages artistiques et des talents sur la scne franaise et internationale. Les artistes y travaillentselon des formules libres et adaptes la ralit de chaque tablissement et de chaque projet. Lescrations produites ou coproduites par le rseau des scnes nationales bnficient dune visibilitqui leur donne les meilleures chances dune diffusion ultrieure ; beaucoup seront reprises Paris etdans les plus grands festivals comme Avignon.Les artistes associs aux scnes nationales constituent par ailleurs un maillon prcieux entre la vied'une compagnie indpendante et l'accession ultrieure la responsabilit d'un lieu : CDN, CCN.Les scnes nationales forment le premier rseau de production et de diffusion du spectacle vivant enFrance.

    D. Impact socio-conomiqueEn matire de travail et d'emploi , les SN sont des PME , proches des microentreprises en termesd'emplois permanents (10 60 ETP en fonction du poids et missions annexes des diffrentes scnes,1740 ETP pour le rseau, 25 salaris en moyenne). Toutefois, le recours l'intermittence artistique et technique est trs important dans ce typed'tablissements. L'on sait ce sujet que :

    le phnomne peut amener doubler en ETP les chiffres prcdents, notamment dans lecas de scnes ayant un rythme de programmation s'appuyant beaucoup sur des temps forts,voire festivals ;

    les choix entrepreneuriaux sont trs diffrents d'une scne l'autre cet gard ; l'analyse en volume et par objet de l'intermittence artistique provoque par chaque scne

    constituerait un prcieux indicateur de son investissement en faveur de la cration et del'action artistique.

    Par ailleurs, une valuation du recours des SN aux contrats de coralisation devrait tre mene,mme si cette pratique semble encore marginale.De mme, il faut noter que la notion daccueil en rsidence recouvre des ralits diverses. Cete dmarche appelle une dfinition plus prcise et partage. Trop de collaborations de quelques jours peine reoivent aujourdhui abusivement cette appellation. Les conditions de travail lies aux rsidences mriteraient dtre mieux prcises, notamment en termes de dure, de mme que limpact artistique qui en est attendu, en termes daction culturelle et de diffusion. Ressortissant laresponsabilit daccompagnement de lmergence et de solidarit professionnelle des Scnes nationales, leur mission de partage de loutil sen trouverait conforte.

    Enfin, les artistes locaux font tat de leur difficult tre intgrs,a et l, la programmation dessalles locales o ils se heurteraient parfois la rticence de directeurs de structurespluridisciplinaires. A contrario, les thtres de ville se montrent souvent plus accueillants lgarddes compagnies artistiques locales.Une rflexion doit donc tre mene, de manire globale, sur la notion de parcours dartistes et decrateurs mais on en regrettera d'autant plus de ne disposer ce stade, sur ce chapitre, d'aucun outilfiable et gnral de comptage et de suivi.

    E. Diagnostic gnral

    Points forts

    Une profondeur historique notoire et une couverture belle chelle du territoire quiinscrivent avec vitalit le rseau dans l'histoire de la dcentralisation.

    - 35 - Diagnostic spectacle vivant - DGCA - ICA

  • Une vocation de programmation pluridisciplinaire qui garantit au plus grand nombrel'accs aux uvres dans la diversit des esthtiques.

    Une fonction inconteste d'espace d'appui pour les quipes artistiques indpendantes tanten termes de diffusion que sur le plan de la production pour les scnes les plus dotes.

    Une capacit tmoigner de l'actualit de la cration et, pour certaines d'entre elles, plusttes chercheuses, accompagner les parcours d'mergence. Le rseau participe faireconnatre les nouveaux langages de la cration actuelle, voire contribue la cration despectacles transdisciplinaires.

    Un potentiel spcifique en tant que lieu de proximit sur le plan de l'ducation artistique etcelui de l'action culturelle : les scnes nationales s'attachent largir les publics partirdes propositions artistiques des crateurs invits.

    Points faibles

    Une tension dlicate grer entre la mission gnrale universelle et le dsir de crer l'vnement en organisant des oprations singulires. C'est le cas en particulier pour lesscnes rurales qui ont l'ardente obligation de promouvoir l'action culturelle sur leterritoire.

    Une articulation dlicate grer entre la mission permanente de programmation etdaction culturelle et le besoin ou la demande de crer lvnement en organisant desoprations singulires.

    Un dcalage entre le rythme de programmation et la disponibilit effective des publics : leplus souvent, les vacances scolaires ne sont pas programmes. On notera que cetteremarque pourrait tre formule bien au del de ce rseau.

    Une priorisation encore insuffisante de la qualit d'accueil du public et de la convivialitdes espaces, dimension sur laquelle les SN pourraient tre pilotes.

    - Une politique tarifaire qui en dpit des subventions publiques n'est peut-tre pas toujoursen harmonie avec les impratifs de dmocratisation, remarque qui doit, il est vrai, tremesure au regard de limpratif de maintenir des recettes propres significatives.

    Interactions internes et externes au rseauLes scnes nationales sont regroupes au sein de l'Association des scnes nationales constitue en1990 par fusion de l'Union des Maisons de la culture et de l'Association nationale destablissements d'action culturelle. En sommeil entre 2000 et 2008, cette association a relanc sonactivit et modifi ses statuts l'automne 2009 afin de se rorienter sur une dmarche de rflexionautour des enjeux lis ce label et avec l'objectif de mieux en faire connatre la spcificit, ledynamisme et la diversit. Ainsi, des groupes de travail thmatiques ont t mis en place sur uncertain nombre de sujets tels que la dmocratisation culturelle et la connaissance des publics, lerapport au territoire, le soutien la cration et la production ou la diffusion du cinma. Parailleurs, l'Association des scnes nationales est galement l'initiative d'Effet Scnes, coup deprojecteur annuel, pendant une semaine, sur les programmations des scnes nationales. Les scnes nationales peuvent porter ensemble soit en production, soit en accueil, des spectaclespluridisciplinaires, lourds techniquement, qu'elles ne pourraient diffuser seules. Les GRACauparavant (seul subsiste aujourd'hui le GRAC Est), les RIDAS aujourd'hui, animes par l'ONDAparticipent la vie de ce rseau.

    Diagnostic spectacle vivant - DGCA - ICA - 36 -

  • En outre, des collaborations peuvent s'tabir entre scnes nationales, en fonction des proximitsterritoriales. C'est ainsi que l'anne 2013 verra la naissance d'une Biennale de danse en Lorraine. Exp. Edition .Outils de diffusion de plusieurs esthtiques, les scnes nationales sont constitutivement en relationavec d'autres labels vocation de cration artistique : CDN/R, CCN, orchestres. Cette relation peuttre formalise (accueil des productions d'un CCN implant sur le mme territoire comme Orlansou La Rochelle) voire se traduire par une cohabitation ( Grenoble o la MC2 et le CCN partagentle mme btiment, Poitiers ou le TAP hberge deux orchestres).

    Cohrence globale du rseauSur le plan des quipements, on notera une certaine disparit hrite de plusieurs gnrations deconceptions architecturales et scnographiques, voire urbanistiques. On peut conclure grandstraits que :

    si la bonne configuration des lieux pour qu'une SN remplisse ses missions premiresvoudrait qu'elle dispose au moins d'une grande salle fixe de 500 800 places, d'unesalle de prfrence modulable de 200 400 places et d'un vaste studio de rptition et detravail d'action artistique n'oubliant pas les contraintes propres la danse, un bon tiers durseau ne runit pas compltement ces caractristiques ;

    le traitement des lieux d'accueil et de convivialit pour le public est un sujet globalementsous-estim et trop peu travaill au regard de l'volution trs rapide des comportements etdes attentes de la population en matire de sortie et de pratiques culturelles, l'heurenotamment du tout numrique.

    les partenaires publics des SN, commencer par l'Etat, ne se sont pas donn ce jour lesrgles communes et les moyens rguliers de l'entretien et de la modernisation de cerseau ;

    en matire de renouvellement et d'entretien de leurs quipements scnographiques oubureautiques, il serait intressant d'encourager les SN exprimenter des pistes dengociations et d'achats groups avec leurs divers fournisseurs.

    Des diffrences sensibles existent donc quant aux caractristiques des outils mis disposition de lastructure. Des contraintes lourdes psent sur certaines scnes nationales qui ne disposent pas d'unlieu en bon ordre de marche. D'autres sont dotes d'une salle de rptition, de studios de danse et deplusieurs salles de spectacle ce qui ouvre de larges possibilits. Ds lors le potentiel diffrenotamment en termes de soutien aux artistes en priode de cration.Toutefois, quelle que soit la diversit du rseau, les scnes nationales ont pour enjeu artistiquecommun de crer, prsenter des uvres et dvelopper des publics sur un territoire donn.On peut par ailleurs reprer un effet de chevauchement avec d'autres labels ou programmes. Quellediffrence entre les CDN nouvelle gnration (Toulouse, Angers, Bordeaux, Nice, Marseille) etcertaines grosses scnes nationales (Grenoble, Amiens, Crteil, Bobigny) ? La frontire est tnue.De mme, quelle diffrence avec certains lieux non labelliss (cf. .3-2), en particulier avec lesscnes conventionnes sur un axe pluridisciplinaire ?

    Problmatiques majeures traiterSi les scnes nationales bnficient d'une assise territoriale solide et d'une indpendance artistique,garanties d'une part par le label d'Etat et, d'autre part, par la contractualisation financire desdiffrents partenaires, elles sont souvent carteles entre des missions multiples, parfois mme- 37 - Diagnostic spectacle vivant - DGCA - ICA

  • contradictoires : rayonnement artistique et culturel territorial, national, europen, par exemple.Tirailles entre l'histoire du thtre de centre ville et des missions qui ont bascul hors les murs pouraller la rencontre des publics, elles oscillent entre le standard et l'exceptionnel au prix d'unbrouillage de leur image propre et de celle du label.Le soutien la cration artistique est la matrice commune des scnes nationales. Il sera d'autant plussignificatif si la scne dispose de moyens qui lui permettront de produire la proposition artistique,de prsenter des sries du spectacle produit ou accueilli, voire d'associer des artistes la vie del'tablissement.Label le plus important en nombre d'tablissements concerns, hormis les SMAC, les scnesnationales assurent une couverture territoriale importante. De sorte que dans les configurations devilles qui cumulent les labels, de dpartements ou de rgions qui paraissent trop dotes, il estquasiment invitable qu'une ou plusieurs scnes nationales soient concernes. Ces cas deredondance, qui ne sont toutefois pas lgion, doivent tre traits mais avec circonspection.

    Dans la mesure o cette politique a t poursuivie sans discontinuer par tous les ministres qui sesont succd rue de Valois depuis 54 ans, la rponse que l'on doit attendre de ce diagnosticconcerne le degr d'achvement de ce programme d'implantation et de labellisation en termes decouverture du territoire l'chelle nationale.On peut estimer que la contribution du programme scnes nationales l'amnagement culturel duterritoire a t puissante et dterminante, et qu'elle est globalement arrive son terme, la rserved'une demi douzaine de dpartements qui pourraient encore prtendre au label dans uneorganisation multipolaire ainsi que d'une traduction spcifique du label dans chaque rgionultramarine.

    Diagnostic spectacle vivant - DGCA - ICA - 38 -

  • 2.3- LES OPRAS

    A- Grandes caractristiques du rseau des opras en rgion

    Du service du roi au service public Issu tout la fois du privilge de l'Opra octroy en 1669 (par lettre de patente) par Louis XIV mcne absolu et de la lutte ultrieure contre ce monopole franais, le rseau des maisonsd'opras et des autres structures de diffusion de l'art lyrique (compagnies, festivals, etc) est l'imagede la diversit des initiatives qui ont permis de crer et de diffuser peu peu l'art lyrique hors de lacapitale.Le dveloppement de socits multiples va cependant donner lieu en 1939 l'closion de laRunion des Thtres Lyriques Nationaux (RTLN, loi du 14 janvier), instituant de fait un rseaud'tablissements publics consacrs l'opra, en affirmant ainsi, en particulier pour le plus anciend'entre eux, l'Opra de Paris, leur mission de service public.La vritable naissance d'un rseau des opras se fera cependant dans les annes 1960, dans uncontexte de crise marque par l'asphyxie des maisons d'opra confrontes l'incapacit des villes faire face au cot de leur fonctionnement.Devant cette situation, les lus de 13 villes 8 dcident en 1964 de se rassembler pour constituer une instance, la RTLMF (Runion des Thtres Lyriques Municipaux de France), dont la missionconsistera dans le cadre intercommunal, dfendre l'art lyrique sous toutes ses formes . LaRTLMF bnficie alors de l'appui bienveillant de ltat qui va, dans les annes 1970 faire de cetteinstance un partenaire privilgi, en lui permettant de recevoir et de redistribuer les aides publiquesconsacres ce rseau.Au dbut des annes 1980, ltat dcide d'assumer son pouvoir rgalien en particulier dansl'objectif de renforcer la cohrence des missions de service public de ce secteur en faisant le choixde ne plus passer par la RTLMF (devenue en 1991 la RTLF) pour l'octroi des subventions, etdevient seul arbitre de ses dotations.En 2013, le rseau des opras en rgion soutenus par ltat est constitu du mme nombred'tablissements qu'il y a cinquante ans. Ses membres ne sont toutefois pas strictement identiques,ltat s'tant retir du financement des opras de Nice et de Metz et ayant apport un concoursfinancier nouveau aux opras de Lille et de Dijon (cf. infra effectif du rseau).En 2013, la liste du rseau est la suivante : Angers-Nantes, Avignon, Bordeaux, Dijon, Lille, Lyon,Marseille, Montpellier, Nancy, le Rhin, Rouen, Toulouse, Tours.9

    La part de ltat dans le financement, public global du rseau reste relativement modeste : 27,8 Men 2010 soit 15,5%.

    8 Avignon, Bordeaux, Lyon, Marseille, Metz, Montpellier, Nancy, Nantes, Nice, Rouen, Strasbourg, Toulouse, Tours

    9 Citons pour mmoire, les autres acteurs du paysage lyrique : -