Eveil de l Homme Nouveau

7/29/2019 Eveil de l Homme Nouveau

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1958 EVEIL DE L'HOMME NOUVEAU

Il est inutile de prsenter Andr Karquel, auteur denombreux ouvrages, notamment de: "Europe, humaine aventure"et de 1' "Homme la mesure de notre temps".. Il est, en outre, lefondateur de la "Croix Blanche Universelle", organisation qui apour but de runir tous ceux qui veulent travailler pour

l'avnement d'un monde o l'quilibre entre le naturel et lesurnaturel serait la Loi.L'ouvrage que nous publions aujourd'hui: "veil de

l'Homme nouveau", indique clairement le but que poursuit, ici,Andr Karquel. veil, veut dire mobilisation de toutes les forcesrelles de l'homme tant spirituelles et psychiques que matrielles,en vue de les runir en un faisceau harmonieux. L'hommenouveau c'est l'homme qui doit natre en nous, celui que lesillusions du "moi" nous cachent, et qui constitue l'essence mmede notre personne, laquelle n'est en dfinitive qu'une partie de lacration voulue par Dieu.

Le monde vit actuellement dans l'angoisse, car le mondene comprend pas ce qui arrive, mais il a la prescience d'un prochebouleversement. Vaincre l'angoisse, c'est d'abord se connatre,c'est veiller l'homme vrai qui est en nous. Le mal du monde,alors, sera vaincu.

Il ne saurait tre question pour nous de rendre enquelques lignes toute la richesse de l'enseignement que contient lelivre d'Andr Karquel. Qu'il nous soit seulement permis de direque c'est un livre majeur. L'ide que nous nous faisons de notremonde s'enrichit de perspectives nouvelles. Nous savons que nousallons vers un univers o l'homme sera enfin libr par l'Esprit.


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TABLE DES MATIRES

I. PREMIERS PROPOSPour une rponse la question angoisse du monde p.7

II. SECONDS PROPOS

Pour la naissance de l'homme nouveau. Croyance et Foi : diffrence sur l'chelledes valeurs spirituelles p.13

PREMIERE PARTIE

III. CHAPITRE IL'Espace, le Mouvement et la Gense p. 21Du fond des ges; de la vie l'existence.

IV. CHAPITRE II

La vrit et le scandale p.33 A l'esprit de mensonge qui domine le monde ainsi parlait Pie XII . Lemensonge qui domine le monde provoque le scandale qu'impose la vrit.

V. CHAPITRE IIIMouvement, Rythme, Harmonie, Evolution p.41Les battements du cour divin.

VI. CHAPITRE IVL'Unit et le Multiple p.49Sur le sentier du grand Secret.

VII. CHAPITRE VVoil Adam devenu comme l'un de nous p.57Le sacrifice de la vie l'existence. Le prix de la conscience par la

connaissance.VIII. CHAPITRE VI

De la Substance l'Esprit p. 65Le sens de la Communion.

IX. CHAPITRE VIILe fils prodigue. p.71

La fabuleuse aventure humaine. Quiconque aura vaincu, je le feraiasseoir avec moi sur mon trne, comme moi qui ai vaincu.

DEUXIME PARTIE

X. INTRODUCTION p.83XI. CHAPITRE I

Du bien et du mal p.89Jsus crucifi entre deux larrons, les deux ples de l'existence. Le conflit des

opposs.

XII. CHAPITRE IIDe la morale l'Ethique p.97De l'apparence la ralit.


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XIII. CHAPITRE IIILa nouvelle expression de la Trinit p.107Corps, Ciel, Esprit. Le mode d'activit du Dieu incr.

XIV. CHAPITRE IVL'homme eI ses rapports avec l'Univers p.115

La physique dualiste. L'Assomption (par la science).Rapport de la quantit avec la qualit.XV. CHAPITRE V

Les degrs de la Conscience p.126Les marches du temple. L'appel de la vie spirituelle.

XVI. CHAPITRE VIDu Temps et de la Mort p.132La vie est au centre du cercle de l'existence. La vie est hors du temps.

XVII. CHAPITRE VIIDe la Libert 1'Amour p.139Christ est Vrit - Christ est Vie -Christ est Intelligence - Christ est Amour -L'Amour est Vrit.

TROISIME PARTIE

XVIII.INTRODUCTION p.145

XIX.I

La Science et la Religion. De l'Alpha vers l'Omga . p. 149II

La peur et l'avidit. Dpouillement p.153III

Les faux problmes. Le temps des revendications p.158IV

La recherche de la scurit. Les dangers de la civilisation organise. Rendement etagitation . p.161

V

La vocation de l'homme : manifester le divin p.165VIPre et Mre honoreras Le Ciel et la Terre p.168

VIIDe la fin d'un cycle l're du Verseau. Eveil de l'homme la Ralit Christique.

Nous sommes dans un sicle d'aventures p. 117


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Avertissement

Ces textes ont t raliss daprs des livres anciens, la typographie pas toujours nette, grce un logiciel dereconnaissance optique de caractres. Malgr le soin apport ce travail, il peut subsister des coquilles ; le lecteurvoudra bien nous en excuser.La pagination dorigine est respecte. Elle est balise par les titres et les numros de pages.

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PREMIERS PROPOS

Pourquoi crire un nouveau livre?Je me pose cette question par ce que je veux tenter de rpondre la raison qui me pousse exprimer ma pense dans un nouvel ouvrage ; parce que je veux que tout soit clair dans l'expression decette pense, clair de la clart de ce qui m'incite crire.

Dans l'angoisse du monde que j'observe au milieu de l'inquitude qui rgne autour de moi, jesuis sans trouble, inaccessible l'angoisse, l'inquitude, je suis pactifi parce qu'une foi vivantem'habite, une foi qui est symphonie intrieure. Cette foi est une foi en la vie, une foi en l'Intelligencefinalement triomphante, en l'Intelligence que les passions grossires des hommes ne parviennent pas annihiler pour toujours. Bien au contraire, il semble que l'Intelligence flotte au-dessus d'elles, attendantque leur mulsion chaotique s'apaise afin de remplir ses "bons offices". "Et l'Esprit de Dieu flotteau-dessus des eaux", comme il est crit dans la Gense. J'ai foi dans un

dessein suprieur de la Vie qui s'inscrit dans l'volution des choses, dans l'volution des uvres, dans lavarit infinie des combinaisons physiques, chimiques, biologiques et spirituelles qui offrent l'Hommeun jeu sans limite de contemplation et de mditation, sources, elles-mmes, de joie.

J'ai foi en ce qui constitue la nature des choses, des tres de toute grandeur, de toute mesure. J'aifoi en


la sve inpuisable qui court travers les mondes et qui anime des creusets o se modlent desconsciences, centres d'accueil d'une Intelligence Universelle qui est Espace, Mouvement, Lumire,Verbe, Energie et Chaleur; qui est ondes et corpuscules, continu et discontinu, gnes, et gnies.

C'est parce que j'ai foi en cette ralit dont artistes, savants, philosophes, religieux, rendenttmoignage, que j'cris ce livre. Il est vivant en moi, s'il est encore confus dans sa forme. Il est vivantparce que j'ai ardemment vcu les raisons qui m'entranent l'crire. J'ai particip deux guerres. J'aiobserv la stupidit des passions qui aveuglent les hommes. J'ai admir la grandeur des sacrifices danstous les camps. J'ai vu que les adversaires se ressemblent, qu'ils ont des explosions de vitalit qui lespoussent ragir (1) sans discernement, devenir des hros parfois redoutables, comme d'autresdeviennent des lches. Mais j'ai vu aussi qu'au-dessus de ce drame, l'Intelligence flotte, et que chaquefois que l'homme lui en laisse la possibilit, elle intervient pour rtablir le courant de la vie, fertilisant lemonde, l o le monde se laisse fertiliser.


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Malgr les frquentes manifestations de stupidit des humains, l'Intelligence fait son uvre.Chaque fois que l'homme a puis sa btise, l'Intelligence l'a clair.

Ainsi l'aspect politique et conomique du monde oblige la pense se concentrer sur la causeprofonde qui le trouble.

C'est surtout l'homme de race blanche que la ncessit d'analyser le trouble revient. C'estsurtout au chrtien que le problme se pose. Au chrtien convaincu de la valeur spirituelle de sa mission,

partant du message d'Intelligence et d'Amour qui l'a entran tre chrtien prtendre rgner sur lemonde, concevoir l'audace de soulever le boisseau qui se trouvait sur les lumires qu'il cachait, car rienne doit rester cach.

Le chrtien a fait tout cela dans l'oubli quasi total de

(1) Je ne dis pas agir, car l'homme n'agit que s'il est libre. Il ragit quand il est prisonnier de ses habitudes, de sespassions.

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son christianisme, c'est--dire du christianisme ternel et universel qui n'est vivant que s'il runit tous leshommes baptiss ou non dans une seule fraternit. Il a fait de sa mission une affaire personnelle, uneaffaire de profits temporels et non point une uvre de vie inconditionne rpondant au dessein del'Intelligence Universelle qui veut que l'homme soit le symbole de l'Evolution consciente d'elle-mme,comme dit Julian Huxley.

Pourquoi ce problme se pose-t-il aujourd'hui si dramatiquement aux hommes d'Occident, auxhommes blancs aux hommes de l'Europe chrtienne et de l'Amrique conquise sous le signe de la Croix,aux conqurants de la Science et de la technique, aux privilgis de la vie, aux possesseurs de pouvoirsqui leur permettraient de dispenser au monde les biens que la Nature prodigue, aux hritiers d'Athnes,de Rome, de Nazareth, d'Alexandrie? Pourquoi ? Sinon parce que puissance oblige, intelligence oblige,gnie oblige ... Oblige quoi, direz-vous ? Oblige tre puissance, intelligence et non avidit. Oblige tre la mesure de sa grandeur. tant frres ans sur la voie de l'volution, ces hommes se devaientd'lever leurs frres cadets leur niveau, les aider s'aligner sur eux-mmes, sortir de leurs misresphysiques et morales. Au lieu de cela, les chrtiens se sont livrs entre eux des luttes sans merci. Ils sesont disputs les richesses qu'ils auraient d se partager sans pret pour fertiliser les terres et les espritsqui s'offraient sans rsistance leur activit quand cette activit tait appele servir tous les hommes

sans distinction de race ou de religion.Ils se sont disput le pouvoir spirituel pour tre plus assurs de jouir de biens temporels. Est-il

ncessaire de faire appel l'Histoire ?. La volont de puissance qui poussait certains pontifes devenirchefs d'arme, certain moine vouloir tre pontife. Volont de puissance qui prtendait s'appuyer sur laBible, "nez de cire qui se laisse tordre en tous sens" disait Martin Luther qui, tout comme les autres,s'entendait bien le tordre. Faut-il rappeler le martyre des Templiers. dont la richesse tait convoiteautant



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par Rome que par Paris ; la guerre de Trente ans et mille pisodes meurtriers de l'histoire de. l'Europe?

Non, cela n'est pas ncessaire, car tout cela repose dans le lit de notre conscience. L'nonc defaits prcis ne changerait pas notre amertume en liqueur savoureuse.

Pouvons-nous conclure, en mditant sur la somme de nos checs, que le christianisme a chou,que le christianisme n'a rien apport au monde ? Un certain cartsianisme soucieux d'appliquer les

rgles de la logique en partant des faits (qui sont incontestables) pourrait nous faire adopter cesconclusions.Mais le disciple de Descartes nglige parfois d'observer que la logique ne peut se dvelopper

qu' partir d'un postulat qui, lui, est juste ou faux. Dans le cas qui nous intresse, c'est le christianismequi est en cause, le christianisme en chec. Mais ce christianisme, dont nous levons bien haut l'tendard,est-il vraiment l'expression sans voile, l'expression sans bavure, l'expression sans mensonge, sans duperiedu Christ sa suprme origine ? N'y a-t-il pas eu par des hommes exploitation d'un idal pour desfins personnelles et gostes, afin d'tablir l'autorit d'une catgorie d'individus sur un ensembled'hommes crdules? Pour quelles fins a-t-on fait le trafic des indulgences?

Je m'arrte l. Je ne dresse pas un acte d'accusation. Je m'invite faire un examen deconscience, car je n'ai pas l'intention de me dsolidariser d'avec les hommes de ma race, de ma culture...

et de ma religion qui, elle, pourrait peut-tre, en faisant retour ses origines solaires, tre catholique dansl'acception prcise du mot.Je pense, aujourd'hui, sincrement, que le christianisme, dans les organisations qui se parent de

son tiquette, dans le mode de vie des socits qui se disent chrtiennes, ne s'est pas encore manifestdans sa Vrit, dans sa ralit cosmique. Il m'apparat que c'est cette absence essentielle dans nospenses, nos volitions, dans nos actes que se dcouvrent les causes de l'chec et, par cela mme, lescauses du trouble rvolutionnaire qui envahit le monde. Les explosions rvolutionnaires tmoignenttoujours des carences apportes au service d'une Evolution ou, mieux


encore, des oppositions faites l'Evolution laquelle nous ne voulons pas consacrer nos uvres, celaexigeant de notre gosme des sacrifices qu'il ne peut pas consentir puisque ce consentement entraneraitsa disparition.

Je veux donc, dans ce nouveau livre, tablir le bilan de la situation spirituelle d'un ensemble depeuples groups dans le cercle d'une mme civilisation. Civilisation qui comprend au-dessus des valeursreprsentes par l'Art, la Science, la Technique, l'Economie, le dveloppement social (qui implique unsens de la solidarit), la projection d'une Intelligence cosmique qui est l'origine et l'aboutissement de ceque l'volution de la vie nous dvoile.

Pour parvenir ce rsultat, il est indispensable de se librer de toute opinion, de toute croyance,de tout prjug racial et national, de tout prjug politique, de tout conditionnement intellectuel qui fontobstacle la claire comprhension des faits, des actes et des choses, qui font obstacle la claireperception de ce qui doit pntrer notre conscience.

Nietzsche disait : On ment bien avec les lvres, mais on dit la vrit avec la tte que l'onfait .

Prenons cela pour un sage conseil et regardons dans le miroir de la vie la tte que nous faisonsaujourd'hui. La Vrit se rvlera sans doute si tenant compte que nous ne faisons pas bonne figure

nous voulons bien reconnatre pourquoi la lumire des expriences vcues et des connaissancesacquises.


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Il te faudra, je le prsume, lecteur, mon semblable, mon frre, des rfrences pour t'assurer queje ne t'entrane pas dans le vertige des mots dvids o l'intellect fait son rgal d'illusions. Nous nousrfrerons ensemble la Science prouve, l'Ecriture sacre et la symbolique qui cachent toutes deuxune science, l'observation des choses prsentes que nous pouvons contrler, l'intuition mme qui faitune troue dans les nues que les disputes idologiques accumulent.

Ainsi, du mieux possible, sera-t-il fait.

SECONDS PROPOS

Mes premiers propos, lecteur, si tu les veux bien considrer, nous invitent tre, tout moment, unhomme nouveau. Or l'homme n'est nouveau que s'il se renouvelle sans cesse, que s'il consent mourirpour renatre de seconde en seconde.

Tout s'coule, tout est en perptuel devenir, pensait Hraclite. C'est un nouveau soleil qui selve chaque jour.

Saint Paul, qui postulait l'homme nouveau, disait: Dans ce renouvellement, il n'y a ni grec, ni juif, ni circoncis, ni incirconcis, ni barbare ou scythe,

ni esclave ou homme libre, mais le Christ qui est Tout en tous. Rptons ces derniers mots pour nous en pntrer: qui est Tout en tous. Ainsi donc, si nous

comprenons bien ce que cela veut dire dans son universalit, ds la premire apparition de l'homme,Christ tait en lui. Cela est de toute vidence puisque Christ est Tout et qu'on ne peut pas tre hors duTout ou avant le Tout.

Pouvons-nous entendre aprs cela que le Christ est une entit qui parut pour la premire fois sur laterre, il y a environ 2000 ans, alors que l'humanit a un million d'annes d'existence, nous dit-on ? Ouentendrons-nous plus exactement que le Christ est la Lumire essentielle de ce que nous apprhendonsseulement par l'apparence, et que cette Lumire a t de toute ternit. Qu'Elle a t, est et sera dans lessicles des sicles puisqu'Elle est Tout?

Christ est Tout. Il est de toute ternit. Il est de tous les temps : pass, prsent et futur. Jsus seraitalors venu


rappeler cette ternelle prsence mconnue en tout premier lieu par le peuple juif, ensuite par lesGentils qui laissaient corrompre leur symbolisme par l'idoltrie.

Le Christianisme, qui tire son nom de Christ, aurait donc t de tous les temps, quel que nom qu'ilai emprunte au cours des ges. Il tait la Lumire des religions d'Asie, des religions atlantes et desreligions antrieures l'histoire dont nous ne connaissons pas l'existence.

Le Christianisme tait donc avant Ponce Pilate. II est encore, mais dans la nuit de notre me, hlas! Aujourd'hui, il serait opportun qu'il ft dans la clart de notre conscience. Il est temps que l'hommedcouvre que le Christ est en lui, qu'il est son ultime rfrence et la ralit de Sa vie.

Si nous concevons cela ; si cette prsence nous devient sensible et nous ouvre les portes de l'esprit,alors pourquoi faisons-nous partir le christianisme d'un vnement qui prit naissance par une belle nuit


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toile de Bethlem, il y a 2000 ans, entre un ne et un buf, en compagnie de bergers, de moutons et debrebis (pour respecter la symbolique) ?

Pourquoi de cet vnement, si potiquement rapport, faisons-nous le commencement de ce quenous n'avons pas encore accompli, alors qu'il est le rappel rdempteur de ce qui a toujours t et toujourspriodiquement et longuement mconnu?

Ce Christianisme que Jsus a rvl pour nous n'est-il pas en esprit l'origine de toutes les

religions, le fondement mme de ce que nous appelons religion puisqu'il est la glorification del'Intelligence et de l'Amour dont il nous faut dvoiler l'existence au centre mme du cur de l'homme ?Le Christianisme qui chante ds l'origine des mondes est pour l'homme la reconnaissance d'une

Ralit ternelle, d'une Ralit absolue, voile par les revtements que les formes adoptes pour semanifester prsentent nos sens, nos sens qui impriment notre cerveau des images mentales, lesquellesmasquent la Vrit. Mais l'intelligence et l'Amour refltent la Foi, et la Foi a besoin, comme le dit

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le R.P. Teilhard de Chardin, de toute la Vrit. Oui, la Foi a besoin de toute la Vrit et elle ne la redoutepas. Si elle la redoutait, serait-elle encore la Foi ?

Mais si la Foi ne redoute pas la Vrit, en revanche, la croyance, me semble-t-il, la redoutefarouchement.

Dis-moi, cher lecteur, si l'veil de cette pense ne te fait pas dcouvrir soudain qu'entre la Foi et lacroyance se glisse une ambigut cause de confusion et de trouble ? Aprs rflexion, ne devons-nous pasreconnatre que croyance et Foi sont trangres ? Croyance et Foi n'appartiennent pas aux mmes rgionsde l'me. Elles ne sont. pas sur le mme chelon de l'chelle des valeurs spirituelles.

La diffrence entre croyance et Foi apparat ds que nous observons que les premiers moyens misen uvre par l'homme pour prendre conscience du milieu qui l'entoure sont les sens. Les sens sont sesmoyens d'apprhension du monde et ce que ces sens lui rapportent est accept pour rel. Partant de l, ilcroit en cette ralit qu'il dclare objective. Il croit en la ralit des images que les apports des senscrent en lui. Parmi elles, il y en a de terrifiantes. Elles sont terrifiantes quand des forces se dchanentautour de lui les orages par exemple et qu'il n'en discerne pas l'origine. Il croit en la ralitobjective de ces images que la peur projette. Il joint l'objectif le subjectif : deux aspects de la Ralitissus d'un mme moyen d'apprhension. Contraint de reconnatre sa faiblesse au premier stade de safausse connaissance du monde, il croit alors en l'existence d'une entit qui dispose des forces qui lebouleversent. L'homme, conditionn par cette croyance, emploie toutes ses ressources obtenir lesfaveurs de cette entit toute-puissante. L'homme donne une forme cette toute-puissance, hors de lui. Etl'homme croit cette forme et aux attributs qu'il lui a joints. Il croit et craint de ne jamais croire assezbien parce qu'il suppose qu'un dfaut de croyance pourrait irriter l'entit toute puissante qui dchaneraitalors les forces redoutes.. L'homme croit et veut croire ; et c'est l'homme de chair qui croit ; l'hommedomin par ses sens, tromp par



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ses sens ; l'homme dont la vie de l'esprit plafonne au niveau du mental, du mental conditionn parles sens, l'affectivit et la mmoire psychologique.

Plus on reoit de Dieu, moins il est ncessaire de croire.La croyance est l'obstacle que l'homme rencontre sur le chemin de la vie. La croyance est le voile

qui intercepte la lumire de la Ralit puisque c'est aux sens, l'affectivit, aux clichs mentaux que lacroyance doit son existence. En consquence, mettre sa confiance en la croyance, c'est mettre sa

confiance en la chair si faible. C'est pourquoi Jsus combattit avec tant de vigueur la croyance. Voyez-levivre. Voyez-le agir. Il fait scandale, Il mprise les rgles de la synagogue. Il nglige, tout moment, dese conformer aux prceptes que pharisiens et saducens observent parce que telle est leur croyance en largle, en la tradition formelle, en l'existence d'un tre redoutable qui clame : il pour il, dent pourdent (1). Cela compris par eux autorisait la vengeance, les reprsailles, la cruaut. Voil o les amenaitla croyance, crature du mental toujours enflamm de passion.

La croyance invitait les juifs se faire circoncire. Saint Paul proclame que l'affranchi ne doit plusse rendre esclave. La croyance esclavage: Je vous dclare, moi Paul, dit-il aux Galates, que si vousvous faites circoncire, Jsus?Christne servira de rien. Je proteste de plus quiconque se fait circoncirequ'il est oblig de garder toute la loi (2). Vous qui voulez tre justifis par la loi, vous avez renonc

Jsus-Christ ; vous vous tes dchus de la grce. Mais pour nous, c'est de l'Esprit par la Foi, que nous

esprons la justice. Car en Jsus-Christ, ni la circoncision, ni l'incirconcision ne servent de rien, mais laFoi qui agit par l'Amour .

(1) il pour il, dent pour dent : vous subirez ce que vous avez fait subir, selon le karma.(2) Ce n'est pas cette loi particulire aux juifs que Jsus dclare accomplir. La loi qu'il veut accomplir est celle-ci :

Conduisezvous en toute chose envers les hommes comme vous voudriez qu'ils se conduisent envers vous. Car c'est en celaque consistent la loi et les Prophtes . (Saint Matthieu, ch. VII - 12).


il pour il, dent pour dent, menacent les saducens. Et Jsus leur dit : On vous a command dehar votre ennemi, moi je vous dis de l'aimer. Il leur dit aussi : pourquoi violez-vous lecommandement de Dieu pour suivre la tradition (Saint Matthieu, ch, XV - 2).

Et Jsus, pour viter toute cristallisation mentale de son enseignement, procde par symboles et

paraboles: Je parlerai en paraboles, dit-il, je dcouvrirai des choses qui ont t caches depuis lacration du monde. (Saint Matthieu, Ch. XIII - 35). Les paraboles, ces formes fluides d'expression,invitent l'esprit au silence pour que la vie contenue dans la parole, pntre jusqu' la chambre secrte ducur. Le mental doit tre dpass, fluidifi, pour que le Verbe s'ouvre un chemin jusqu' la demeure del'Esprit de Dieu qui habite en l'homme, comme le dit Saint Paul. Toute croyance doit tre dissoute pourque le Verbe pntre en cette demeure. La dissolution de la croyance fait place la Foi, car la Foi est lefil de relation qui relie le Verbe la demeure de l'Esprit de Dieu qui doit faire la Gloire de lHomme.

Nous voyons Jsus glorifier le Pre dans l'Homme : Si votre Foi, dit-il, gale seulement en grandeur un grain de senev, vous direz cette montagne

: Passez d'ici, l ; et elle y passera, et rien ne vous sera impossible. La croyance et la Foi ne sont pas sur le mme chelon de l'chelle des valeurs spirituelles,

avons-nous dit. La croyance participe de la chair, la Foi de l'Esprit.Si nous nous rfrons la parole que dit Saint Paul aux Corinthiens : Lepremier homme est de

la terre ; le second homme est le Seigneur du Ciel , nous pourrons alors comprendre que la croyance est


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de la nature du premier homme et que la Foi est de l'essence du second. Si nous avons une Foi gale engrandeur un grain de senev, le second homme, le Seigneur du Ciel agit en nous et pour nous.

Reconnaissons-nous que la croyance n'est pas la Foi? Alors ne les confondons pas. La confusionest grave en consquences. La croyance est un produit du cerveau humain, cette ponge toujours prte s'imbiber de tous les


mensonges, comme le dit Jean Rostand. La Foi, rptons-le, est le fil de relation qui relie le Verbe lademeure de l'Esprit de Dieu.

La croyance paralyse l'lan spirituel et ptrifie la pense. Elle s'attache aux doctrines et auxsystmes qui emprisonnent les hommes. La croyance a t l'excitatrice de guerres inexpiables. La

croyance n'a jamais favoris l'expression de la Charit, bien au contraire, car celui qui se veut Charitdoit se savoir en relation, doit avoir foi en la participation de tous au Divin, sans exception ; doit savoirque le Tout fractionn est toujours le Tout, et que l'homme fraction du Tout est le Tout manifesten uvre et en esprit. Jean Rostand, le biologiste dit : Des quadrillions de cellules qui nous composent,chacune nous contient potentiellement tout entier ... Combattre la fraction au nom de la croyance, c'estrenier le Tout, c'est tre priv de la lumire de la Foi, de la Foi qui est la conscience originelle del'Ineffable d'o Tout procde. Car, comme l'crivait Saint Paul aux Hbreux : lafoi est le fondement deschoses que nous esprons et l'vidence de celles que nous ne voyons pas.

J'ai foi dans un dessein suprieur de la Vie, ai-je dclar. C'est vrai. J'ai foi en ce dessein parce quemalgr les obstacles dresss par les hommes sur le champ de l'Evolution, l'Evolution accomplit sonuvre en traversant, invulnrable, les sinistres et les catastrophes que les hommes provoquent.

Ce n'est donc pas tellement dans l'intention d'acclrer le cours de l'volution que j'essaied'introduire dans ce livre ce quoi la vie m'a initi, mais pour rendre actif en mes frres humains lesentiment qu'ils peuvent viter les catastrophes et les souffrances qu'ils provoquent. Ils peuvent viter lescalamits en s'ouvrant la Ralit, en pousant le sens de l'Evolution par une prise de consciencetoujours renouvele, par la justification de leur essence et l'adhsion un constant renouveau .

Les volcans politiques du monde sont en ruption. Un flot de lave emporte les uvres du pass.


L'homme de ma race, d'ducation ncessairement chrtienne (1), s'attache plus vouloir calfeutrerles voies volcaniques qu' s'appliquer comprendre les causes de ces ruptions, comprendre la partd'imprudence et d'erreur qu'on peut exactement lui imputer. Il ne voit pas la situation nouvelle qui lui estfaite dans ce monde mouvant qui s'attaque au sentiment de scurit dans lequel s'panouissait savaniteuse satisfaction.

La ncessit l'oblige, maintenant, re-dcouvrir la place qui lui est faite dans ce monde nouveau,car une place est toujours faite dans ce monde vivant ce qui est vivant. A l'gard de la rsurrectiondes morts (qui est un sublime re-nouveau) n'avez-vous pas lu, remarque Jsus, ces paroles que Dieu


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vous a dites : Je suis le Dieu d'Abraham, le Dieu d'isaac, le Dieu de Jacob ? Il n'est pas le Dieu desmorts mais des vivants (Saint Matthieu XXII - 31). La vie communie toujours avec la vie. L'Espritinterpntre toujours l'Esprit. La vie n'empche pas la vie. L'Esprit n'empche pas l'esprit. Si les hommesde ma race sont menacs par l'mancipation d'une humanit considre par eux jusqu'alors mineure, c'estqu'ils ont termin tant bien que mal leur tche dans la voie qui avait t la leur, et qu'ils ont,aujourd'hui, une nouvelle tche remplir. C'est qu'ils doivent, ds lors, passer de la notion : caractre

national qui a t la base de leur dveloppement, au caractre plus universel de civilisation qui sembleactuellement convenir l'tat d'volution auquel ils sont parvenus.L'humanit Afro-asiatique emprunte la voie qui a t la ntre. Il n'y a pas lieu de s'tonner. Elle

s'veille au nationalisme agressif qui nous a t cher, et au moment o nous devons nous veiller notreuniversalisme pour rester guide et pilote et pour nous justifier de l'tre.

L'Occident chrtien, dans la conjoncture actuelle, ne peut que prendre une voie nouvelle, une voielargie et expansive, une voie qui favorise l'homme l'panouissement

(1) Le matrialiste d'opinion est malgr lui d'ducation chrtienne dans notre socit Europenne. Le chrtien estinfluenc dans sa vie par le matrialisme.

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de la Noosphre (1) - la sphre de l'Esprit ; de cette sphre qui puise sa vitalit dans la complexit conscience que l'homme rvle par son intellect subtil et par sa spiritualit audacieuse. Je dcouvriraides choses qui ont t caches depuis la cration du monde . (Saint Matthieu XIII - 35).

Le monde chrtien doit tre un dcouvreur de choses caches pour rpondre sa missionchristique.

C'est pour tenter d'expliciter cela que j'cris ce livre, cher lecteur. Puisse-t-il t'intresser et tedisposer ouvrir, les curs et les esprits pour que la Loi soit accomplie Conduisez-vous donc en toutes choses envers les hommes, comme vous voudriez qu'ils se

conduisent envers vous: car c'est en cela que consistent la Loi et les Prophtes.

(1) J'emprunte ce mot au vocabulaire du P. Teilhard de Chardin.


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PREMIERE PARTIE

CHAPITRE PREMIER

L'ESPACE , LE MOUVEMENT ET LA GENSE

Sous le soleil ardent et dans l'atmosphre subtile de l'Attique, Paul de Tarse mditait devantl'autel dress la gloire du Dieu inconnu. L'esprit semblait rgner au cur des choses, comme l'amourrgnait au cur de Paul. L'esprit palpitait dans l'air qui agitait lgrement les minces feuilles argentesdes oliviers. L'esprit tait partout prsent. Il frmissait sous les apparences au point de rendre cesapparences expressives et fraternelles.

Certes le Dieu inconnu chappait la recherche, mais les dieux taient l pour chanter salouange par la vertu de leurs crations : Car encore qu'il y en ait plusieurs que l'on appelle Dieu, soitau ciel, soit sur la terre, et qu'ainsi il y ait plusieurs Dieux et plusieurs Seigneurs... (I . Epitre auxCorinthiens VIII - Saint Paul). Cependant, malgr ces attraits, Paul de Tarse voulait opposer l'indiff-rence aux charmes rpandus par les dieux. Paul de Tarse voulait rejoindre le Dieu, le Dieu inconnu,l'Unique qui se faisait sensible travers les charmes que les dieux rpandaient.

Levant les yeux, Paul fouillait le ciel de son regard extatique et par ce regard perdu dans l'infini,l'espace


entrait en lui ; l'Espace, riche des potentialits qui tmoignaient de Sa puissance : Mouvement, Lumire,Son, Chaleur, Champs magntiques, Gravit... L'Espace s'imposait sa contemplation, l'Espace sansrelais, l'Espace commencement et fin de toutes choses l'emplissait tout entier. Plein d'ternit, ilmurmura :

Au commencement, l'Espace tait. L'Espace tait vide, d'un vide absolu. L'Espace tait vide et

plein, car l'Essence l'habitait. Et par l'Essence, les qualits de la puissance l'habitaient. De l'Essence quireprsentait sa plnitude, Il possdait le Mouvement. Et parce qu'Il possdait le Mouvement, Il taitEnergie, Il tait Lumire, Il tait Son, Il tait Verbe... Il tait Conscience


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Paul promena son regard sur les choses, sur les tres et il pensa : C'est alors que commena lacration : Le Verbe tait au commencement, et le Verbe tait en Dieu, et le Verbe tait Dieu.

Le Verbe tait en Dieu : l'Essence qui habitait l'Espace tait en l'Espace - complexe atomique. Etl'Espace-Mouvement (mouvement interne) portait dans son sein des myriades de matrices qui gnrrentla conscience sous le souffle de l'Esprit ds que le Verbe commanda : Que la Lumire soit !

L'Espace portait dans son sein tous les lments de la physique microcosmique que les hommes

d'une poque future appelleront Physique quantique (1).Dieu est Mouvement, Energie, Lumire, Son, Conscience amorisante. L'Espace, dans sarprsentation abstraite, est la divinit, Elle-mme Cause unique, Ineffable, Inconnue, esprit et Matiremicroscopique ou Substance primordiale.

L'Espace brassait la Lumire Primordiale (Tnbres nos yeux de chair) et la Lumire Primordialetraverse par le rayon de la Pense Eternelle cra le Verbe et le Verbe cra la lumire physique, car duVerbe jaillit l'existence.

(1) Eliphas Lvy (l'abb Constant) dit: La divinit cache dirigea un rayon de l'Essence Eternelle(les Eaux de l'Espace) et faisant ainsi fructifier le germe primordial, l'Essence se dveloppa en donnantnaissance l'Homme Cleste, du mental duquel naquirent toutes les formes.


Le Soleil riait de tout son clat sur le sol enchant. Une haleine chaude montait jusqu'au visage dePaul de Tarse qui, levant sa main droite, traa sur le Ciel pur une croix. La croix est le symbole del'espace infini et de sa potentialit, murmura-t-il. Et il poursuivit son rve. Il rva la Cration.

Le rayon de la Pense Eternelle dans l'Espace-Mouvement, par la polarisation des champsmagntiques, imprima une direction aux manifestations de la Vie, aux vnements de l'existencecosmique macro-physique et microphysique. Il y eut contraction et expansion; mouvement centripte etmouvement centrifuge; involution et volution. Les champs magntiques usant de la puissance qui venaitde leur tre donne, attirrent les particules de lumire de la Substance primordiale. Les particules, sousl'effet d'une gravit imprative, s'agglomrrent, s'assombrirent, devinrent les eaux puis la matire non encore pondrable et sensible. Dans le jeu des ondes et des corpuscules, les noyaux de matireaffirmrent leur individualit et les mondes fluides tourbillonnrent dans un Espace de Feu et cependantamorphe pour des yeux d'homme de chair.

La pense de Paul s'abma dans l'approfondissement des Ecritures : Dieu est appel Elohim.Elohim est un pluriel Elohim, les 7 Puissances lmentales de l'Espace Puissance de la nature, dieux des constellations. Car je sais qu'il y a plusieurs dieux et plusieurs seigneurs, fit-il. Les dieuxordonnrent donc la cration des mondes l'chelle de leur niveau, de leur pouvoir. Les mondes, sous lesouffle des dieux, chantrent la gloire de l'Unique, de l'Ineffable inconnu , toujours et jamais inconnudans le monde phnomnal, toujours et jamais pressenti par les consciences que le Souffle de l'Espritveilla.

L'Espace reut alors une nouvelle impulsion de l'Esprit la fois total et divis, et ce fut l'expansiondu Cosmos nbuleux sous le rayonnement incessant de l'Esprit. Ce Cosmos devenait l'me du Divin.L'Esprit prenait possession des refuges que lui offraient les lments atomiques de cette me fulguranteque les anges habitaient. Introduisant sa pense veille dans le cur de son


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rve, Paul de Tarse murmura : Et il y eut le Ciel. Et il y eut les astres et les plantes. Et la substanceplantaire se spara en deux. Et il y eut le liquide et le solide. Et Dieu donna l'lment aride le nom

de Terre, et il appela Mers toutes ces eaux rassembles. Et il vit que cela tait bon .Promenant ses regards sur d'augustes monuments o logeait la Beaut, Paul voqua la grandeur deshommes que les uvres glorifiaient. Il voqua les prcurseurs, ceux qui avaient prpar les fondationssur lesquelles son Eglise allait reposer, sur les fondations d'une science qu'il pressentait. Il voquaDmocrite d'Abdre, celui qui disait: Ce qui existe rellement, ce sont les particules immuables, lesatomes et leur mouvement dans l'espace vide .

Attir de nouveau par son rve Paul vit l'Esprit apparatre au cur de la structure physique en voied'volution. Et les minraux essayaient leur cristallisation en cubes et en octadres. Des associations departicules se formaient sous la direction d'une entit mystrieuse, attractive, complexive. Et la masse,dans la pense Divine, offrit une rsistance une variation de mouvement. Et la matire se dcouvrit toutd'abord sous des aspects diffrents : solide, liquide, gazeux. Vus de l'intrieur, les lments de cette

matire paraissaient subir des mouvements qui dpendaient de leur tat propre. Ils se diffrenciaient enallant du simple au compos: Atome unique dans l'hlium, double dans l'oxygne de l'air, d'une grandemultiplicit dans l'uranium... Des groupes d'atomes formaient des molcules. Les dieux mettaient denouvelles nergies qui devenaient de nouveaux champs lectriques. Et les sicles... et les sicles, les unsaprs les autres, comme de courtes secondes, s'abmaient dans la Mmoire Universelle qui les buvaitpour en aspirer d'autres. Et le temps s'enroulait sur la surface des mondes en mulsion appels l'existence.

Et les groupes d'atomes qui avaient form des cellules produisirent, partir de ces cellules, desstructures nouvelles appeles tissus. Et les complications chimiques se multiplirent, et l'origine serfugia dans le noyau. Et l'Espace et le Ciel, et la Terre taient associs pour aider


l'Artisan cleste dlgu l'accomplissement de l'uvre de cration. Et cette uvre se manifesta dansl'apparition du cytoplasme. D'autres naissances eurent lieu. Le milieu vivant se peuplait d'entitsinvisibles. Et dans une impalpable cration l'herbe poussa et des arbres fruitiers portrent des fruits, etl'herbe et les fruits portrent leur semence en eux-mmes comme l'Espace portait en Lui la semence detoutes choses qui seraient promues l'existence. Et ces choses verront la lumire, se nourriront de lalumire qu'un corps de lumire leur enverrait. Et cette lumire corpuscules aprs corpuscules courrait sur des ondes, et cette lumire tait dj de la vie.

Un petit nuage, d'une blancheur dore, glissait audessus de la mer. Il venait de natre commenaissent et disparaissent les formes qui servent d'habits aux effluves angliques de la vie. Paul l'admira,puis il pensa qu'il grossirait sans doute pour porter, dans son apparence, l'eau qui devait rafrachir uneterre altre. Le petit nuage, devenu gros, serait sacrifi l'ouvre de fcondit. Ainsi la loi de l'ternellecharit veut-elle que la forme qu'emprunte la vie, parvenue la phase extrme de son dveloppement, sesacrifie l'Evolution Universelle de Cela qui rayonne la conscience, tmoignage constamment renouvel

de l'Intelligence suprme.Paul, son rve, encore s'abandonna :


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La matire vivante, sous la pousse d'une force interne, dcouvrait au Modeleur divin, parl'intermdiaire de ses anges, les atomes, des proprits structurales qu'il engageait dans son uvre. Destransformations se produisaient et des activits spontanes provoquaient des naissances encore ignores.Les centrosomes s'entouraient de lignes radiantes, les chromosomes peuplaient un univers qui leur taitrserv ; une intense activit rgnait au cur d'un monde nourri d'une sve lectronique. De cettecomplexit, soudainement apparue, naquirent des structures vivantes et animes dans un milieu neuf. Et

l'animal, rflexion d'un tat particulier de la cration, tablit son rgne dans l'air, dans les eaux, puis surun


monde encore informe, un monde qui se mouvait dans une fluide astra1it.

Alors, un grand vnement eut lieu.L'Esprit, pour tre conscience active, Puissance crative, projeta Son Image dans le chantierimpondrable de la cration, et l'Adam divin fut. Il fut Un et anim de la double polarit de Cela qu'ilrfltait, mle et femelle, positive et ngative. II fut et manifesta le reflet du Dieu inconnu, de l'Ineffable; Couronne de ce monde rayonnant, ear c'tait un monde de lumire. Adam, anim par l'Esprit-Roi, rgnasur ce milieu offert la hirarchie des nergies cosmiques.

Par la prsence de l'Image de Dieu dans la premire phase de la cration, par la prsence del'Homme cleste, la cration parvenait une nouvelle tape de son volution. La gravitation servait ledessein de l'Espace qui s'acheminait vers son union avec le Temps.

Et Paul, assis maintenant sur un bloc de marbre de l'antique cit, songea aux Ecritures. Le SeigneurDieu, pensa-t-il, a dit, dans le deuxime chapitre de la Gense, qu' Il cra toutes les plantes des champs

avant qu'elles fussent sorties de la terre, et toutes les herbes de la campagne avant qu'elles eussentpouss. Dieu n'avait, encore point fait pleuvoir sur la terre et il n'y avait point d'hommes pour lalabourer . C'est donc que la cration dbuta dans un tat fluide qui possdait toutes les matrices, toutesles puissances et toutes les formes penses que l'Espace divin portait en lui. C'est donc partir de l quela cration offerte nos sens commena.

Et Paul de Tarse se laissa de nouveau captiver par a vision:Il y eut une priode de repos. Cette priode de repos tait une priode d'activit cache dans le sein

de l'universelle splendeur. Alors tout ce qui tait lumire devint, sous l'action d'une force centripte,substance astrale, inonde sensible. Les archtypes du rgne minral, du rgne vgtal et du rgne animalfurent entrans dans le courant de l'volution sous l'influence de la puissance cratrice. Le Modeleurdivin, dlgu du Pouvoir Suprme,


dissimul sous la trame des choses, essayait des structures susceptibles de servir de corps astral l'Adamqui devait l'habiter, l'Adam harmonieuse unit ignorant tout conflit (Adam, en sanscrit signifie

Unit-Universalit). Comme champ d'exprience, une ligne htroclite de btes tait utilise. Ellecomptait des geles marines, des vers rampants, des poissons visqueux, des mammifres ... (1) Et pourAdam l'preuve commena au curd'un monde paradisiaque. Car Il se divisa ; devint mle et devint


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femelle Humanit mle, Humanit femelle. A cause de cela, un drame s'bauchait dans l'interaction de ladualit.

A ce drame, Paul de Tarse rflchit. Il se laissa entrainer dans une profonde mditation.Le Seigneur Dieu avait dit l'Adam-Eve humanit mle, humanit femelle, songea-t-il : Ne

mangez point du fruit de l'arbre de la Science du bien et du mal. Car en mme temps que vous enmangerez, vous mourrez trs certainement.

Cette recommandation tait-elle conforme l'injonction de la Loi Souveraine qui prsidait l'volution de la manifestation de la Vie dans la Matire ? N'tait-il pas indispensable que les hommesaidassent Dieu dans son ouvrage ? (Saint Paul : I Eptre aux Corinthiens III-9) et mourussent pourressusciter ? Il n'est rien d'enseveli qui ne doive ressusciter , disent les Ecritures.

Adam mangea du fruit de l'arbre de la Science du bien et du mal. Il changea d'tat. L'homme dechair apparut et l'Homme Cleste, par le souffle de l'Esprit, l'anima. Le corps de chair treignit l'homme,l'emmura, le soumit ce que la chair ressentait. On t'a donn le corps d'une bte, toi d'en mriter unmeilleur , dit l'Ecclsiaste.

Et Paul pensa : tout corps mortel et corruptible doit

(1) Penses d'un biologiste : Jean Rostand. Page 100.N.B. - Les phases de l'existence intra-utrine, de l'homme reprsentent le rcit abrg de quelques-unes des pages

perdues de l'histoire de la terre.

28 EVEIL DE L'HOMME NOUVEAU.

tre revtu de l'immortalit. (I Eptre aux Corinthiens XV -53). C'est ainsi que sur notre plante, le genrehumain rvla un premier homme l'homme apparent qui tait de la terre, et un second homme quitait le Seigneur du Ciel. (IEptre aux Corinthiens, XV - 47).

Le premier homme, l'homme de la terre, se divisa et se prsenta sous deux aspects, Il y eutl'homme de chair male et l'homme de chair femelle. Il y eut une humanit mle et une humanit femelle.Mais mle ou femelle, il y avait dans chacun de ces tres l'homme de la terre et le Seigneur du Ciel.Voil le grand mystre de la double origine de l'homme incarn. Substance dans son tat temporaine ;esprit dans son tat essentiel : unis, puis opposs pour se fondre in fine dans un tat supra-substantielet, supra-spirituel, un tat divin. L'homme de chair, au cours de son exprience terrestre, doit dcouvrirl'Homme cleste pour tre essentiellement l'Homme Cleste. Pour cela, il doit se rsigner savoir que la

chair et le sang ne peuvent possder le royaume de Dieu, et que ce qui est sujet la corruption nejouira point de l'immortalit . (I Eptre aux Corinthiens, XV - 50).

Paul de Tarse mdita profondment et rpta:Le Seigneur Dieu avait dit l'homme mle et l'homme femelle : nemangez point du fruit de

l'arbre de la Science du bien et du mal. Car en mme temps que vous en mangerez, vous mourrez trscertainement .

L'homme mangea du fruit de l'arbre de la Science du bien et du mal. Le Modeleur des formes, leModeleur divin dlgu par l'Esprit pour accomplir dans la cration l'uvre qui lui tait rserve, dutavouer alors sa dfaite, car il dit : Voil Adam devenu comme l'un de nous , sachant le bien et lemal. Empchons donc maintenant qu'il ne porte la main l'arbre de vie, qu'il ne prenne aussi de son

fruit, et qu'en mangeant, il ne vive ternellement . (Gense III - 22).

L'homme n'est-il pas destin tre par la perfection crbrale du systme nerveux, lemiroir-conscience qui reflte dans la nature, au curdes choses, le rayon de


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la Sublime Origine ? (1). Il devait obir la ncessit de manger du fruit de l'arbre de la Science du bienet du mal de la Science des opposs qui s'affrontent dans l'Univers pour aider Dieu dans sonouvrage . Mais devait-il se laisser duper par la dualit et perdre le sentiment de sa divine Unit?

L'homme de chair s'abmant dans les obscures rgions de la matire vivante, attir par une forcecentripte irresistible, chercha la voie qui devait le conduire mditer sur l'origine de toutes choses qu'ilapprhendait par les sens. C'est alors que sous la pression de l'Homme Cleste qui l'adombrait, il futsoumis une nouvelle complexit de ses lments organiques. Il ordonna son instrument crbral,dveloppa ses facults intellectuelles, et tout cela pour aider Dieu dans son ouvrage .

Et il peina dans sa recherche subjugu par le mirage des apparences qui voilait le vrai visage de lacration, voile qui tait semblable au voile que Mose portait sur le visage afin que les enfants d'Isral

ne vissent pas la lumire qui en sortait, quoiqu'elle dut passer . (II Eptres aux Corinthiens III - 13,Saint Paul). Sa recherche tait tendue vers la dcouverte de l'intrieur des eaux de l 'Esprit deDieu port sur les Eaux vers la dcouverte de l'arbre de vie qui lui dispenserait l'immortalit. Car ilrefusait la mort. Il voulait tre vivant. Il voulait tre vivant en devenant plus conscient. La majorit deslments dont nous sommes faits nous les hommes ne sont-ils paspotentiellement immortels ? (1).

Le visionnaire soulevait le voile des apparences. Il enfonait son regard dans la structure matrielleo se discernait la rflexion des mondes psychique et spirituel : Le monde psychique, se ralisantmdiateur entre la Substance et l'Esprit, prparait la naissance d'un nouvel homme, prmice d'unultra-humain. Il bauchait le trac d'une

(1) ... les phnomnes de vie et de conscience, si difficiles jusqu'ici localiser dans l'univers, pourraient bien ne pastre autre chose que les proprits particulires une Matire porte de trs hautes valeurs d'arrangement et de centration(l'Apparition de l'Homme, II p. 302. Pierre Teilhard de Chardin, Edition du Seuil).

(1) Penses d'un biologiste : Jean Rostand. Pages 56-57.


nouvelle voie menant une nouvelle sphre prdestinant l'homme passer par de nouvellesmtamorphoses. Paul voit l'homme revtir sa nature de Fils de Dieu et travailler tablir son rgne surles tres et les choses infrieures lui, afin de les entraner dans la voie propre de l'volution dont ilmanifeste la conscience.

Le Seigneur Dieu n'amena-t-il pas devant Adam toue les animaux terrestres et tous les oiseauxdu ciel, afin qu'il vit comment il les appellerait. Le nom qu'Adam donnerait chacun des animaux devanttre son nom vritable. (Gense 11-19).

Adam, ici, possdait donc la puissance du Verbe, le don de nommer et, par ce don, possdait-il lepouvoir d'animer tous les composants du monde au curde la conscience universelle, Adam hypostasiaiten Lui les trois rayons de la Trinit. Il tait Pre, Fils et Saint-Esprit avant de consentir au sacrifice de

l'engloutissement dans la matire cosmique o il aurait lutter pour chapper son emprise.Et c'est l que commena la lente, l'interminable et sublime crucifixion. L'Adam de lumire allait,

en s'enfonant dans l'abme, emplir ses yeux d'obscurit, ses oreilles d'eau bourbeuse et sa bouche de


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au contrle de l'homme l'tat de veille ? Conscience individuelle relie sans doute une conscienceuniverselle charge de tous les vnements qui font l'Histoire de l'Espace vide et plein, de l'Espacecosmique et qui contient tout ce qui nous est connu et tout ce qui nous est inconnu?

Le rve de Paul de Tarse, ce rve que nous venons de rver ensemble, qui projette l'esprit dans unpass insondable et qui voque des connaissances plantes sur des lots mergs de l'avenir, ce rve peuttre poursuivi par nous : Il peut conserver son enchanement logique et s'appuyer sur ce que l'on ne

rvoque plus. Paul de Tarse, le cur et l'esprit pleins de son doux Matre, peut pntrer les raisons quiopposaient l'esprit de vrit que Jsus incarnait l'esprit de la synagogue systmatique et dominateur, l'esprit de la synagogue pour qui la doctrine fruit d'un mental humain est plus importante que lavrit, prvaut sur toute vrit premire ne de la spontanit de l'tre pur et simple, pour qui la lettrerecouvrant l'esprit est seule autorit.

La Synagogue, plus exactement le conseil suprieur


des Prtres, dcide, dcrte, juge, condamne. Alors que Jsus, laissant pandre sa puret, dit la femmeadultre : moi, je ne te juge point.

En laissant pandre sa puret, Jsus laisse transparatre la lumire dont son tre est constitu. Cettelumire est la Vie. La Vie, cette lumire des hommes, dit Saint Jean. Cette lumire que chaque hommedevra laisser transparatre ; cette lumire qui baignera toutes les mes.

Revoyons Paul de Tarse. Retrouvons-le sur le chemin de Damas courant sus aux chrtiens etsoudainement bloui, foudroy par cette lumire qui tait en lui; mais qu'il avait tenue jusqu'alors sous

les voiles tendus par sa croyance sectaire. Le Christ a provoqu en lui le dchirement de ces voiles, et ilfut soudain veill sa propre divinit par Celui qui avait incarn dans la transparence d'une humanitextrmement pure, cette cleste lumire.

Cette brutale transformation d'un homme qui perscutait les chrtiens peut-elle s'expliquer ? Cebrusque saut en avant sur la voie de l'volution se comprend-il?

Le P. Teilhard de Chardin expose le problme du mal (1). II semble rpondre la question quivient d'tre pose. Il observe que la matire se charge d'esprit dans l'opration universelle en laquellenous sommes engags, vaste opration, voyez-vous, qui s'tend non seulement dans l'espace, mais aussidans le temps, dans le temps infiltr dans l'espace. Il n'est pas tonnant qu' cette mesure, matire etesprit s'pousant, se compntrant, quelque inarrangement ou drangement n'apparaisse au sein d'unemultitude en voie d'arrangement. Au cours de cette vaste opration, il est invitable que des altrations seproduisent, et que des mutations surgissent. Dans ce match de judo que se livrent l'esprit et la matire, ily a des passes rapides qui provoquent la surprise. La chair lutte contre l'esprit, l'esprit contre la chair.Mais quand survient la victoire de l'esprit, la chair n'est pas dchue, elle est sublime. Il y a des dfaitesqui sont des victoires. Paul de Tarse,

(1) Du Cosmos la Cosmognse (Etude du P. Teilhard de Chardin).


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sur le chemin de la vie qui est un chemin d'initiation, venait d'tre soumis une rvolution intrieure. Iltait envahi par le cours imptueux de la Vie relle. Sa chair serait, dornavant, offerte au service duChrist.

En servant, sa ralit se manifestait. Il devenait vivant. Le ciel de son tre s'ouvrait. Il dcouvraitsoudain l'erreur que la tradition religieuse juive imposait aux hommes par le truchement des Princes desPrtres. Il dcouvrait la vie que l'esprit libre manait. L'esprit libre est esprit pur. Paul avait chang lesvoiles qui l'obscuraient contre la libert que le Christ lui rvlait, libert qui tait lumire. Il prenaitconscience qu'il ne fallait regarder aucun homme comme souill ou impur (les Actes des Aptres, X -28). Car la loi juive interdisait un juif d'approcher d'un tranger ou de le visiter. Il comprenait lemessage que Jsus avait eu mission de transmettre l'humanit. Message de Vrit, message de Libert.Le Fils de Dieu avait parl pour que la lampe que l'on avait mise sous le boisseau ft place sur unchandelier afin qu'elle clairt tous ceux qui taient dans la maison. Mais, et mal lui en prit, il n'avaitpas rpondu aux espoirs que l'attente de la venue du Messie entretenait en Palestine dans les espritsd'alors, esprits racistes et nationalistes, adorateurs du veau d'or, amateurs de trafics, avides de puissance,

se dclarant fils de Jhovah, Dieu national, et non du Pre solaire avec qui Jsus tait en totalecommunion. Un abme sparait l'organisation religieuse de ce peuple de l'Etre pur qui sacrifiait sa Vie la Vrit. Car il enseignait comme ayant autorit, et non pas comme les Scribes et les Pharisiens (SaintMatthieu VII - 29). L'Etre pur tait amour et ne regardait aucun homme comme souill ou impur.L'Etre pur tait Vrit. Etre Vrit, c'est tre vivant.

Pie XII, parlant aux anciens lves du Sminaire pontifical d'Agnani, disait qu' l'esprit demensonge qui domine le monde devait tre oppos l'amour inbranlable de la Vrit. Il ne pouvait parlerque de la Vrit dont l'Univers est plein et dont l'homme est sevr. Vrit qui suinte travers les pores del'piderme de la vie. Vrit dont chaque atome est fait, dont chaque cellule est emplie, dont chaque


germe explose. Vrit qui transpire sous le tgument des choses. Vrit qui sommeille sous le voile del'illusion. Vrit qui s'offre qui sait voir, qui sait entendre. Vrit que l'homme chrit comme unematresse vainement dsire et jamais possde parce que le dsir dtruit ce qu'il veut saisir, et parce quela vrit n'exige point de lutte pour tre apprhende puisqu'elle s'offre la perception directe. Elle n'estpas un objet, elle n'est-pas un bien que l'homme peut dtenir. Elle est ce que l'homme fuit en la voulantchercher, car elle n'a pas de lieu de son choix, de domicile particulier. L'homme la porte en lui, dans sonsang, dans ses glandes, dans son cerveau, dans son cur, dans ses colres, dans ses douleurs, dans sesplaisirs, dans ses rapports avec autrui. L'Esprit et la Matire en portent tmoignage puisque la Matire estsusceptible de s'vaporer en lumire et que la lumire est vie et que la vie est la lumire des hommes. LaMatire offre sa lumire et elle est Vie.

La vie est mouvante et elle est vrit. La vrit est donc mouvante et se peroit dans le rythme dece mouvement qui nous entrane.

La Vrit est absolue dans l'axe d la loi qui nous impose le mouvement. Mais on la peroit qu'enne la clichant point, c'est--dire en ne lui substituant pas des images graves dans notre mental, dans

notre mmoire. Ce n'est pas la reprsentation que nous voulons en faire qui est la Vrit, au contraire,cette reprsentation peine manifeste se fait mensonge Nous ne pouvons rien l'encontre de la Vrit,mais uniquement selon la Vrit , dit Saint Paul . C'est la perception qui succde une perception qui


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rvle notre esprit-conscience l'ternelle prsence de la Vrit sous le voile vanescent des apparencesqui se droule sans fin. Apparences toujours nouvelles de choses toujours nouvelles : C'est pour celaque tout docteur bien instruit en ce qui regarde le royaume du ciel est semblable un pre de famille quitire de son trsor des choses nouvelles et anciennes (SaintMatthieu XIII - 2).

Les choses anciennes se renouvellent quand l'homme


devient la rsurrection et la vie en suivant l'exemple qui lui fut donn. Mais de quel dpouillementdoit-il tre capable pour que la vrit transparaisse ! La vrit fluide, mouvante comme la vie, quand elles'introduit dans la cration en marche, en perptuel devenir, exige de qui la veut percevoir la puret de la

perception. Aucun prjug et aucun mode de croyance ne doivent prolifrer pour envelopper l'esprit quiobserve, apprhende. Prjugs et croyances sont des scories arraches des visions vanouies. Notreprison est le monde de notre vision, disait Platon. Mais, hlas ! notre avidit de toutes choses et notregot de la possession nous incitent n'aimer que ce nous possdons ou pouvons possder. Et nouspensons faire de la vrit un bien qui nous est propre et que nous disputons qui prtend le dtruire oul'altrer. Et qui prtend le dtruire fait scandale. Il fait scandale, car il s'attaque ce que nous dclaronspremptoirement sacr et intouchable, une vrit mise en bote avec certificat d'origine garantie par desautorits humaines sujettes l'erreur. Alors pour que la Vrit transparaisse, pour que la Vrit sourde travers toutes les valeurs de la nature et du ciel, il faut que les scandales se succdent au cours de l'Evo-lution. Ainsi, est-il crit : Malheur au monde cause du scandale, car il est ncessaire qu'il arrive desscandales, mais malheur celui par qui le scandale arrive . (Saint Matthieu XVIII - 7).

Malheur au monde cause du scandale, car il est ncessaire qu'il arrive des scandales, est-il crit.Oui, malheur au monde qui oppose l'opinion toujours mensongre parce qu'opinion la vie sourcede vrit. Malheur au monde parce que ce comportement, qui veut tre orthodoxe et qui veut treimpos, provoque le scandale qui doit le dtruire ou le rnover. Malheur au monde qui s'enlise dans lemensonge. C'est pourquoi il est ncessaire qu'il arrive des scandales. Le monde se complat dans lemensonge parce qu'il entretient une reprsentation trompeuse de la vrit. Cette reprsentation estdgrade par l'activit mentale au service de l'ego. L'homme de ce monde interprte ce qui se peroit,soit par les sens, soit par cette sensibilit

38 EVE1L DE L'HOMME NOUVEAU

secrte qui serait intelligence pure si l'homme ne matrialisait pas ce qu'elle transmet son esprit. Al'homme de ce monde le scandale est ncessaire. Car il aime plus la gloire des hommes que la gloirede Dieu . (Saint Jean, XII - 43).

Pourquoi, demandez-vous encore, le scandale doit-il arriver ? Parce que l'homme doit tre pntrde l'esprit de vrit pour tre vivant.

Le scandale atteint les sources motives de l'homme et, en atteignant ces sources, bouleversel'ordonnance de son corps d'motion qui est hirarchis selon ses prjugs, son hrdit, son ducation,etc... Le bouleversement provoque une question : il provoque aussi un choix, car le corps motionnel


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trouvera la rponse sa question en faisant appel des facteurs plus subtils ou en faisant appel desfacteurs moins subtils, ou en faisant appel des valeurs extrieures. Quelquefois le choix sera tel que lecorps motionnel reprendra sa position antrieure au scandale, mais il y aura la minute de perplexit, dechoix et de prise de position. La prise de position sera ignorance, s'il y a appel de prjugs extrieurs oude forces moins subtiles. Il y aura claircissement de conscience, s'il est fait appel des valeurs plussubtiles. Seulement, celui qui aura dtermin le scandale, sera le point de fixation de la somme des

troubles motionnels provoqus par le scandale et, ainsi, supportera le contre-coup de cette dchargeastrale.Malheur celui par qui le scandale arrive !Le scandale est arriv. Il est arriv en Jude, il y a 2.000 ans.Les valeurs spirituelles transmises par la tradition et dposes dans le cur des hommes avaient t

soumises une organisation au sein de laquelle Saducens et Pharisiens dfendaient un conformismefavorable leur tablissement dans la socit, un conformisme ptrifi qui s'opposait au cours vif de laVrit : N'allez point vers les Gentils et n'entrez point dans les villes des Samaritains. Mais allez pluttvers les brebis perdues de la maison d'Isral dit ses disciples le fils de Dieu. Et Jsus, le


pur Jsus fit scandale. Et Jsus, pour se soumettre la loi occulte, dt supporter le contre-coup de cettedcharge astrale qu'il avait provoque, Lui, le Christ, Lumire et Vrit.

Malheur vous lgistes, vous avez enlev la cl de la Science, vous n'tes pas entrsvous-mmes, et ceux qui voulaient entrer, vous les en avez empchs . (Saint Luc, XI - 52).

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En crant des organisations, les hommes se soumettent finalement aux dsirs voils de leursintrts. Ils s'arrogent des droits et des pouvoirs auxquels ils sont attachs et sont plus proccups dedfendre et de conserver l'organisation que de sacrifier tout intrt personnel ce qui avait, tout d'abord,motiv cette cration. Les statuts de l'organisation sont plus importants que la raison d'tre idale de lachose organise. C'est ainsi que l'esprit originel est souvent contredit par les organisateurs eux-mmessoucieux de justifier leurs fonctions et leur existence, par les organisateurs qui opposent au dynamismede la vie, la force d'inertie.

La vie n'est-elle pas plus que la nourriture, et le corps plus que le vtement ? (Saint Matthieu,VI - 25).

Hlas ! l'homme n'abandonne pas aisment son go, et ses uvres sont obscures. A ces uvres, lalumire du vrai est hostile. De la lumire du vrai l'homme se garde. C'est ainsi que Saint Jrme, quiavait trouv le manuscrit de l'Evangile de saint Matthieu dans la bibliothque de Csare, prtendit quece livre crit de la main de l'Aptre, exposait des faits qui n'taient pas pour l'dification, mais pour ladestruction . La destruction de quoi ? De l'organisation que saint Jrme prfrait la vrit? SaintJrme se chargea alors de traduire l'ouvrage. Par ailleurs, saint Grgoire de Nazianze, dans un crit

adress saint Jrme, dit : Souvent nos anctres et nos docteurs ont dit, non pas ce qu'ils pensaient,mais ce que les circonstances et la ncessit les foraient dire .De la lumire du vrai, l'homme se garde. Et pour s'en


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garder, il ne sera pas en peine d'artifice et de justification. L'empire de sa pense est assez grandpour qu'il y trouve ce qui convient son dessein. Et souvent, trange disposition mentale, dans songotisme qui reste pour lui voil, il est sincre. Il propage le mensonge en se pensant justifi parl'excellente intention de protger ce qu'il croit tre le bien. Il nglige de comprendre que le bien ne peuttre que l'expression du vrai. Le bien, le beau, le vrai sont trois aspects d'une unique ralit.

Il ne faut pas prjuger de ce qui est ou de ce qui n'est pas, mais laisser ce qui est s'offrir notreconscience lucide.

C'est pourquoi, l'esprit de mensonge qui domine le monde, il faut opposer l'amour inbranlablede la vrit.

Mais l'amour inbranlable de la vrit conduit provoquer le scandale, car il est ncessaire qu'ilarrive des scandales quand le monde n'est pas plein de l'amour inbranlable de la Vrit. Heureux celui qui peut d'une aile vigoureuse S'lancer vers les champs lumineux et sereins. La Vrit, sachons-le, fait d'un monde profane un lieu sacr.

CHAPITRE TROISIME

MOUVEMENT - RYTHME HARMONIE

EVOLUTION

Paul de Tarse, mditant devant l'autel dress la gloire du Dieu inconnu Athnes, avait eu lesyeux remplis d'une vision prophtique. Il nous en souvient, n'est-ce pas ? II avait peru dans une unitde temps ce qui avait t dans un pass insondable ; ce qui tait l'poque de son apostolat ; et ce quidevait tre dans un avenir qui est aujourd'hui notre prsent.

Il avait distingu de la Bible la Gense, la Gense ou l'histoire fabuleuse de la Cration. Il avaitvoqu le droulement des sept jours de cette Cration. Sept jours qui reprsentaient sept priodes, sept

cycles, sept phases de l'volution de la vie, de la vie manifeste substantiellement ; sept pisodes du filmde l'enfantement universel. Il avait peru le mouvement ternel, mouvement grandiose qui impliquait unrythme ; un rythme qui rvlait une harmonie ; une harmonie pressentie par les hommes de tous les


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temps dans l'Art, dans les Sciences, dans les Religions. Une harmonie que les chercheurs d'aujourd'hui,mathmaticiens et physiciens, esprent bientt saisir dans la contemplation d'une quation, quation quin'est qu'un bref symbole, symbole vocateur d'un monde invisible, mais actif ; d'un monde prsent dansune impalpable fluidit ; d'un monde nergie-substance ; d'un monde esprit-substance ; d'un mondekalidoscopique qui force la pense


se dpasser, la nature se livrer dans son essence, l'homme s'humilier ou se dtruire. Et c'est par lemouvement, par le rythme que l'harmonie s'est rendue sensible. Par le rythme que les savants saluent etreconnaissent d'tape en tape sur le chemin o s'chelonnent leurs dcouvertes. La rptition d'unrythme ne donnerait lieu, dit J. Rivain, qu' des mouvements cycliques, si la symphonie des rythmes

n'utilisait les marges d'lasticit pour ses liberts de mouvement . Le Prince Louis de Broglie parle del'existence d'une sorte de rythme dans les progrs de la Science.Mouvement, rythme, formes transitoires vanescentes sous l'influence intgrante et dsintgrante

du mouvement et du rythme, sont prsent les lments soumis aux investigations de la science depuisque l'nergie a escamot la matire.

Les oppositions de doctrine entre finalistes et antifinalistes font sourire mieux encore que l'onsouriait l'vocation de cette anecdote rapporte de la Grce antique : Le divin Platon expliquait un jour,devant Diogne, ses ides et parlait de la forme d'une table et de celle d'un verre. Je vois bien une table etun verre, avait dit ce dernier, mais je ne sais pas ce que c'est que la forme d'une table et non plus celled'un verre. Cela est vrai, avait rpliqu Platon, car pour voir une table et un verre, il ne faut avoir que desyeux, au lieu que pour connatre la forme d'une table et celle d'un verre, il faut avoir de l'esprit.

Nous pouvons nous demander, aujourd'hui, de quel secours sont les yeux quand il s'agit decontempler ce monde invisible, ce monde qui chappe nos sens et qui ne se laisse actuellement (enpartie, est-il sage de dire) apprhender que par le calcul aid par l'esprit ; l'esprit comprenant unensemble de facults dont certaines demeurent mystrieuses tant elles nous apparaissent extracrbrales.Les autres sont confuses devant l'exposition de symboles obscurs qui ne vivent en nous que grce unedisposition particulire de l'esprit. A ce propos, rappelons ce que dit M. Gaston Bachelard dans sonouvrage


La Formation de l'Esprit Scientifique (p. 251) : Dsormais le cerveau n'est plus absolumentl'instrument adquat de la pense scientifique ; autant dire que le cerveau est l'obstacle la pensescientifique. Il est un obstacle en ce sens qu'il est un coordonnateur de gestes et d'apptits. Il faut pensercontre le cerveau . Les physiciens dcouvrent et nous dcrivent comment les choses se comportentgrce l'abstraction du langage mathmatique. Et cependant, ils ignorent ce qu'elles sont en elles-mmes; mais le rythme nous est, l encore, rvl.

Dieu est Mouvement, Energie, Lumire, Son, Cohrence, suggrait Paul de Tarse captif de sacontemplation. Le rythme partant du Mouvement initial, est projection et rflexion. Le soleil projette salumire que la lune rflchit ; l'hiver projette son activit interne que l't renvoie ou rflchit. Le rythme


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s'vertue dans le jeu altern des contraires ; dans le cur des choses qui ont leur mouvement interne etqui rsonnent aux rythmes qu'elles peuvent mettre. Au rythme du cur, le sang circule dans le corps del'homme ; au rythme de psych se manifeste la beaut de son expression. Et cette beaut est Harmonie etcette Harmonie s'objective dans l'Art ; s'objective dans la pense du savant, dans les crations de laNature ; et l'homme tant une harmonique de la divine Pense, est musicalement accord cette Nature.

Chaque fleur est une me la Nature close ;

Un mystre d'amour dans le mtal repose... Mais pour juger de la beaut, pour juger de l'Harmonie, ce n'est point des yeux qu'il faut, mais del'esprit.

Henri Poincar disait : L'objectif suprme de la Science est la recherche de cette beaut spciale,le sens de l'harmonie du Monde .

L'Harmonie, ne du rythme lequel est n du mouvement, est un tat d'Etre mouvant quiconcilie par le rythme les forces contraires en action dans la varit des manifestations de la Vie.L'Harmonie est Vie et la Vie, cette lumire des hommes , est Mouvement, Rythme, Harmonie. La Vieest Lumire comme la Vie est Verbe,


et cela dans une traduction adquate du Mouvement, du Rythme et de l'Harmonie dans l'Universalit destres et des choses.

Le prince de Broglie nous dit avec enthousiasme que les grandes dcouvertes ont t comme debrusques clairs nous faisant apercevoir d'un seul coup une harmonie jusque l insouponne, et c'estpour avoir de temps autre la joie divine de dcouvrir de telles harmonies que la Science pure travaillesans mnager sa peine, ni chercher son profit .

Au dix-septime sicle, un homme minent, Leibniz, dfinissait ainsi l'harmonie : l'immanencede la logique dans le monde sensible . Cela rejoint, n'est-il pas vrai, la pense grecque, toujourspntrante, qui mariait logique et harmonie. Dans l'acheminement de notre apprhension du mondesensible, nous voyons que logique et harmonie ne sont pas trangres. Il est clair que dans le monde sen-sible o rgne l'harmonie l'harmonie ne du rythme, l'harmonie ne du mouvement la logique voitson rgne tabli par la dcouverte du fil de relation, du fil qui relie toutes choses existantes, du fil derelation qui favorise l'quilibre des forces qui s'opposent, qui s'affrontent constamment sur le champ ola vie se propage en se manifestant.

L'Univers est Mouvement, Rythme, Harmonie, Logique. Selon Pythagore, celui qui rsoudrait leproblme musical rsoudrait du mme coup le problme de l'Univers. L'homme de Science, de nos jours,devient sensible au chant des sphres. Il reconnat, assez volontiers, que l'Univers est une symphonie,une composition musicale au style fugu que nous entendons avec un sens qui n'est pas l'oue, mais unsens spirituel qui sige au cur de la ralit qui nous habite. Dans cette symphonie, les thmes, lescanons, les imitations, la strette sont les structures atomiques complexes qui chantaient dans l'EternellePense qui est l'intelligence Universelle ; structures complexes qui se dveloppent dans une suiteharmonique tendue vers sa sublimation. De l'Alpha rayonnant cette suite harmonique



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se droule pour parvenir l'Omga triomphant sans cesser d'Etre Pense Initiale.L'Univers est une symphonie, une composition musicale.A ce propos, qu'il me soit permis de rappeler ici ce qu'crivait Amadeus Wolfgang Mozart son

pre. Il venait d'achever une symphonie. Il s'tonnait de la virtuosit avec laquelle il l'avait compose. Iln'avait eu, prtendait-il, qu' la copier, car, vibrante dans son me, elle tait entirement grave dans satte. Il l'avait donc transcrite. Extraite d'un monde, pour nous silencieux, cette musique tait reprsente

par des signes conventionnels qui figuraient rythme, harmonie, dessin mlodique. Signes que ceux qui nesont point des techniciens de la musique, ne dchiffrent pas. Pour ces derniers, la musique qui chantaitdans l'me de Mozart n'existait pas. Elle appartenait au domaine de l'abstraction.

Pour faire entendre cette musique aux hommes de chair qui ne peroivent les sons qu'avec lesecours de leur sens auditif, il fallait une succession d'oprations qui nous rappelle l'ouvre de cration desdieux dans la Gense.

Ainsi, la symphonie clate dans l'me du gnial musicien, mais nul autre que lui ne l'entend. Pourque l'audition soit possible, il faut, en premier lieu, au compositeur, du papier, de l'encre, une plume.Pour que la transcription soit possible, il faut que la plume, l'encre, le papier soit crs. Il faut ensuite quechacune des parties instrumentales soit copie sparment ; que la copie de chacune des partiesinstrumentales soit distribue un musicien spcialis dans la pratique de l'instrument dsign. Que les

musiciens spcialiss dans chacune des parties instrumentales ainsi enfantes soient runis en uneformation d'orchestre homogne sous la direction d'un chef qui assurera l'ordre gnral pour que de ladiversit des dessins musicaux, naisse une harmonie. Et cette harmonie n'entrera vraiment en existenceque lorsqu'elle sera rflchie par une conscience, la conscience d'un auditoire rceptif : Autrement dit,dans un monde vide de conscience, la symphonie


ne serait pas. Le silence rgnerait vide de musique, vide de rythme, vide d'harmonie, vide de chant.Saint Matthieu nous apprend (ch. X-27) ce que le Christ a prdit : Ne craignons donc pas, car il

n'y a rien de cach qui ne doive tre dcouvert, ni rien de secret qui ne doive tre su .Ce qui est actuellement cach est ce qui n'a pas encore t rflchi par la conscience humaine. Mais

la conscience humaine s'panouissant rflchira ce qui est cach, et ce qui est secret sera su. Car laconscience humaine est le miroir qui rflchit la Vie dans sa manifestation. Et la Vie, qui se manifestepar le Mouvement, le Rythme, l'Harmonie, a pour mode d'expression l'Evolution. L'Evolution rvle lesens de direction du Mouvement originel oprant dans la Cration.

Ainsi l'homme apparat comme tant l'Evolution consciente d'elle-mme, selon l'expression deJulian Huxley. L'homme est en essence Mouvement, Rythme, Harmonie, Evolution. L'homme estaccord l'Univers par le Mouvement, le Rythme, l'Harmonie et l'Evolution.

C'est par l'mission de son rythme que l'homme s'intgre l'Univers.C'est par sa soumission au Mouvement, au Rythme, l'Harmonie qui constituent sa propre loi, que

l'Homme peut tre en ce inonde l'expression de la Sublime Ralit.

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Au commencement l'Espace tait. L'Espace tait vide, d'un vide absolu. L'Espace tait vide et pleincar l'Essence l'habitait. Et par l'Essence les qualits de la puissance l'habitaient. De l'Essence quireprsentait sa plnitude, Il possdait le Mouvement. Et parce qu'Il possdait le Mouvement, Il taitEnergie, Il tait Lumire, Il tait Son, Il tait Verbe, Il tait Conscience.

L'espace tait vide et ce vide tait substance primordiale, substance qui ne connaissait point detypes diffrents de corpuscules. Substance qui tait Une dans son

EVEIL DE L'H0MME NOUVEAU 47

tat initial. La structure n'apparut dans sa varit corpusculaire que sous la pression de I'Evolutionelle-mme soumise l'impulsion donne par le Souffle-Esprit, quand les dieux s'veillrent.

Dans la varit corpusculaire, le nombre de corpuscules de types diffrents fut ensuite fort peugrand, mais ces corpuscules furent rpts tant de milliards et de milliards d'exemplaires, qu'ilsparvinrent constituer une varit de phnomnes physico-chimiques d'une richesse qu'il est difficiled'valuer. La cration devint comparable une plonge dans l'Abme de la multiplicit et de la varitdes structures, des formes et des aspects. Cette plonge dans l'Abme ne fut pas livre l'incohrence, l'anarchie que nous confondons avec le chaos. Elle suivit une sorte de trajectoire que l'Evolution rvlesoumise une loi. Et cette plonge dans l'Abme de la multiplicit fut accompagne par la pntrationconcomitante de la conscience humaine sous les obscures profondeurs de la cration. Elle pntra

jusqu'aux limites extrmes de la cration sous son aspect involu, et la conscience reflta la varit desstructures qu'entranait l'Evolution, et cette rflexion fut elle-mme rflchie par les limites qui taientcelles de la Conscience : Mouvement, Rythme, Harmonie, Evolution . Celles que la conscience,

dpendante des conditions de perception que l'Evolution lui imposait, avait elle-mme cres.En pntrant la pense de Paul de Tarse que nous avons voque dans l'exercice de son apostolat

sur la terre ensoleille de l'Attique, nous pouvons, avecl'aptre, noncer ceci : L'homme l'image du Dieu Inconnu , bien que manifest, est esprit-nergie ; mais l'image de ta Cration, il est aussi charnelle-substance . Et il est encore possible de dire que de l' esprit-nergie la char-nelle-substance il n'y a que l'intervalle d'un tat de conscience divis en degrs. Cet tat de consciencepeut tre considr comme un tat mdiateur entre deux aspects de la vie manifeste. La mdiation nouspermet de comprendre que la charnelle-substance limite les facults apprhensives de la Conscience,alors que l' Esprit-nergie


favorise le dpassement des limites. Il favorise aussi l'volution de la charnelle-substance vers lesubtil en vue de la rsurrection.

Paul de Tarse comprend ce que signifie le symbolisme de la Sainte-Cne. Par la communionprofonde avec son principe suprieur, il comprend que le pain symbolise la charnelle-substance qui senourrit de la substance qui est le corps du Christ-Esprit-Energie et que le vin symbolise le fluide vital

Esprit-nergie qui transcende la charnelle-substance. Ainsi compris ce symbolisme de la communionpeut aider l'homme s'veiller la conscience de la prsence permanente en lui du Christ.


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Il y aura lieu de revenir plus tard sur le symbolisme de la communion. Contentons-nous, pourl'instant, et pour terminer ce chapitre, de constater que l'Evolution (Mouvement, Rythme et Harmonie) aamen l'homme, aujourd'hui, la perception, encore imprcise, sans doute, de son origine.

Vous tes la lumire du monde : Une ville situe sur une montagne ne peut tre cache . (SaintMatthieu, ch. V-14).

CHAPITRE QUATRIME

L'UNIT ET LE MULTIPLE

Le divin matre avait dit ses disciples : Je suis en eux, et vous tes en moi, afin qu'ils soientconsomms dans l'Unit . (Saint Jean, XVII - 23). Ainsi pensait Paul de Tarse, aptre des Gentils, qu'ilnous plat d'voquer rvant et prophtisant. Et

La rivire courait au pied des collines et serpentait dans les replis du terrain. La pluie pntrait laterre et les gouttes d'eau tombes du ciel couraient avec l'eau de la rivire, et les gouttes d'eau taientmles l'eau de la rivire, mles la foule des gouttes d'eau qui constituaient la rivire, la riviregrossie par l'apport des ruisseaux qui descendaient des pentes naturelles. Les gouttes d'eau de la riviregrossie par l'apport des ruisseaux, des ruisseaux qui descendaient des pentes naturelles ; les gouttes d'eau

de la rivire grossie des gouttes d'eau des ruisseaux, un affluent, se joignaient aux gouttes d'eau quiconstituaient le fleuve pour s'intgrer ensuite la foule innombrable des gouttes d'eau qui constituaientl'ocan. La multitude des gouttes d'eau tait l'ocan. Et l'ocan reprsentait l'Unit. L'Unit taitmultitude. L'Unit tait Espace et l'Espace contenait, dans son unit, le multiple. L'Unit et le multipletaient UN, parce que le multiple non diffrenci est Un. C'est pourquoi il est dit : Au commencementl'Espace tait... et l'Espace tait Un.

Paul de Tarse rptait : Et l'Espace tait Un. Et l'Espace entrait en lui pour le consommer dansl'Unit.


Quand l'ocan s'levait en vapeur vers le ciel, le souffle du ciel transportait ces vapeurs au-dessusdes terres immenses, et ces vapeurs, que le ciel avait bues, taient ensuite attires vers le sol ; ellessubissaient l'attraction de la terre. Ces vapeurs, alors, se transformaient en gouttes d'eau,s'individualisaient en devenant gouttes d'eau. Le multiple comblait l'Unit de la Varit de ses aspects.L'Unit tait pleine de ce qui tait unit ; unit qui tait Espace, Espace que le multiple comblait. Espacevide et plein.

Et Paul de Tarse, juif et citoyen romain, voquait la pense d'un sage empereur qui devait rgner Rome au II. sicle, le sage Marc-Aurle :


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Souviens-toi de la substance universelle dont tu n'es qu'un atome, dit ce sage empereur ;souviens-toi de l'ternit entire dans laquelle tu n'as en partage qu'un instant court et presque insensibledu destin gnral dont tu n'es qu'un si mince objet .

Ainsi le grand empereur, le premier homme de l'empire se considre comme la goutte d'eau dansl'ocan. Cependant, il dit par ailleurs avec foi : . . . toute me est un gnie, un Dieu man de lasubstance du Dieu suprme qui l'a donn chacun de nous pour gouverneur, pour guide, pour matre

intrieur . La goutte d'eau participe de l'ocan. La goutte d'eau rpte des milliards et des milliards defois l'ocan.Le biologiste, au XXe sicle, dit : Des quadrillions de cellules qui nous composent, chacune nous

contient potentiellement tout entier ds lors que, pourvue de nos quarante-huit chromosomes, elles recleau complet notre patrimoine hrditaire. Nous sommes des milliards de fois rpts en nous-mmes (1).

Les gouttes d'eau absorbes par l'Ocan restaient gouttes d'eau, ces gouttes d'eau qui taientl'ocan. L'ocan projetait hors de lui la goutte d'eau qui tait vapeur et la goutte d'eau tait l'ocan.

Tout procde de l'Un. De l'Un tout procde.

(1) Penses d'un biologiste, p. 55. Jean Rostand.


Par l'observation du multiple, l'homme tente de saisir l'unit, mais il est aussi possible enprocdant de l'Unit de comprendre le multiple.

Une blanche fleur sur un vert tapis, une toile brillante dans une tendue bleue : une seule motionrfugie dans le cur de l'homme.

La haute figure de Marc-Aurle hantait de nouveau le visionnaire.La pense du sage hantait sa pense dans l'universalit des choses. Il n'y a qu'un seul monde qui comprend tout, rappelait le Sage Une seule loi gnrale laquelle obissent les lments dans la constitution physique du monde.

Une seule impulsion qui fait tout mouvoir. Une seule harmonie qui prside l'ensemble des tres... Une seule loi morale qui est la raison commune tous les tres intelligents. Une seule me intelligente distribue tous les tres raisonnables. Une seule vrit. Un seul principe de sentiment. Enfin, un seul tat de perfection pour les choses du mme genre et pour les tres qui participent

la mme raison.Et Paul murmura: Il n'y a qu'un seul Dieu bien qu'il y ait plusieurs dieux et plusieurs seigneurs .Oui, je le sais, le son fondamental, par l'unit, est en accord avec ses harmoniques. Les

harmoniques sont l'unit. Cela est juste. Qui en doute ? Mais la somme de ces harmoniques n'estpeut-tre pas l'Unit. Qui le croit ? Par quel artifice de la nature, la vie dconcerte-t-elle le vivant bienque le vivant soit la vie ? Est-ce parce que le vivant veut voir en l'Univers une grande machine, alorsqu'aussi bien il parat tre une grande Pense ? (1).

(1) A mesure qu'on le connat mieux, le monde ressemble au moins autant une Grande Pense qu' une grandeMachine. (James Jeans).


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Le divin Matre avait dit ses disciples: Je suis en vous et vous tes en moi afin qu'ils soientconsomms dans l'Unit, songeait de nouveau Paul de Tarse qui reprit : Afin qu'ils soient tous un,comme vous, mon Pre, tes en moi et moi en vous ; afin qu'ils soient aussi un en nous... (SaintJean,XVII 21).

Paul de Tarse s'enfonait dans la spirale des profondeurs du message qu'il portait dans son sein.Cette grande Pense est Espace et l'Espace est unit et multiple parce que l'un se divise en se

multipliant et que chaque fraction de cet un multipli est l'un divis, l'un dans son intgrit, l'un simple etcomplexe ; le simple au complexe tant identifi ; le complexe au simple tant intgr par le mouvementoriginel qui est vie.

Ainsi est-il possible de dire que le Mouvement qui est l'origine de l'unification de la cellule est l'origine de la substance primordiale qui est Une. L'Unit est mouvante et le mouvement s'identifie l'Unit. C'est ainsi qu'extraite de l'Universelle Pense, au XX sicle, la pense des physiciens Pauli etFermi, met en vidence l'existence d'une prsence potentielle de chaque corpuscule atomique s'tendant l'Univers entier. Et ceci est saisissable par l'effet d'un mouvement qui est identification et intgration parune conscience perceptive.

Pour cette conscience qui peroit l'unit par le jeu du multiple, l'Unit est le fruit qu'elle aspire connatre, mais qu'elle ne peut connatre que par intgration. Les rivires de la vie coulent vers l'ocan delumire qui est vie. Et chaque onde entrane la dure ; c'est le temps qui s'coule, mais qu'est-ce que letemps, sinon l'ternit quand notre esprit peroit que le Tout est dans tout et que c'est l'Unit ?

Paul de Tarse pensa ce qu'il avait crit aux Corinthiens : ( Que lil n'a point vu, ni l'oreille

entendu, ni l'esprit de l'homme conu ce que Dieu a prpar ceux qui l'aiment. Mais Dieu nous l'arvl par son Esprit. Car l'Esprit pntre ce qu'il y a de plus cach, mme les plus profonds secrets de

Dieu (I Eptre Ch. II - 9 - 10).Au XX sicle, la Science, par une pntration nouvelle


de l'esprit, apporte une grande perturbation dans la faon de voir les choses de la vie, dans la faon deles situer dans un ensemble, dans la faon d'apprcier les ractions des hommes devant les phnomnesde la nature. Et cependant, de dcouverte en dcouverte, la Science achemine l'homme vers unecomprhension raffine de la Sagesse antique, vers une mise en vidence d'une traditionnelle pense quiest l'ternelle pense que porte l'humain en faction devant le bric--brac de son ignorance. Car sonignorance est faite par l'accumulation de faux concepts et de prjugs que le paradoxe, parfois, engage dissiper. Plotin voulait que l'homme librt son mental des entraves de sa conscience limite pours'unifier et s'identifier l'infini. Ralisation difficile. Le mental, usurpant la conscience de l'tre par letruchement d'une conscience illgitime du moi , est rtif aux concessions qu'il doit faire la raison

suprme et finale des choses qui est l'unit absolue. Mme s'il reconnat que, selon la tendance ultime dela Science, l'homme doit observer actuellement que cette science rduit au vide, au vide qui n'est pas lenant, mais qui est au contraire, comme le dit un savant, l'tre le plus complet qui soit, puisqu'il contient


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l'univers en puissance. Ralisation difficile quand l'homme goque est captiv par l'attrait des chosesvanescentes qui parent un monde transitoire. Le moi concupiscent tente d'treindre les objets qu'offre sa porte, ce monde illusionniste avec l'espoir que ces objets, treints par lui, cesseront de mourir. Lesavant pressant le vide sans pouvoir le dfinir. Il doit, devant quoi le met la ronde des dcouvertesscientifiques qui escamotent la matire comme elle avait t dfinie au sicle dernier, abandonner lemode de pense et les thories qui l'ont servi s'engager dans cette grande aventure. A des questions, en

apparence, des plus simples, dit M. Robert Oppenheimer, nous allons tre amens soit ne donneraucune rponse, soit en fournir une qui, premire vue,

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