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E ´ volution du traitement chirurgical des fractures du condyle mandibulaire en France entre 2005 et 2012 Latest trends in the surgical management of mandibular condyle fractures in France, 2005–2012 O. Trost a, * ,b , J.-M. Pe ´ron c a Service de chirurgie maxillo-faciale et stomatologie, ho ˆpital du Bocage, CHU de Dijon, 14, rue Gaffarel, 21079 Dijon cedex, France b Inserm U 1093 « cognition, action, et plasticite ´ sensorimotrice », UFR me ´decine, laboratoire d’anatomie, 7, boulevard Jeanne-d’Arc, 21000 Dijon, France c Service de chirurgie maxillo-faciale et stomatologie, ho ˆpital Ch.-Nicolle, CHU de Rouen, 1, rue de Germont, 76000 Rouen, France Disponible en ligne sur www.sciencedirect.com Summary Introduction. The surgical treatment of mandibular condylar frac- tures is commonly performed. We had for aim to present the latest trends in the surgical management of condylar fractures in France, between 2005 and 2012. Material and methods. A survey was performed among the 49 members of the French college of oral and maxillofacial surgeons between January and September 2012, with a questionnaire sent by email. We analyzed the therapeutic management, the surgical indications; the techniques used according to the fracture, and the postoperative treatment protocols. The data was compared to that of a similar study performed in 2005. Results. The overall reply rate was 86%. Low subcondylar fractures were operated on in all institutions (100%), compared to 76% in 2005. The most popular technique was the high submandibular approach with intraoral miniplate fixation osteosynthesis. High subcondylar and diacapitular fractures were operated on in respec- tively 82% and 35% of the cases compared to 29% and 10% in 2005 with various surgical techniques and postoperative management. Discussion. French maxillofacial surgeons operated on more man- dibular condylar fractures in 2012 than in 2005. As observed in 2005, the lower and the more dislocated the fractures were, the more they were operated on. The high submandibular approach has become the most popular approach. The use of miniplates for bone fixation has become common. Diacapitular fractures were usually Re ´sume ´ Introduction. Le traitement chirurgical des fractures de la re ´gion condylienne de la mandibule tend a ` se ge ´ne ´raliser. L’objectif de cette e ´tude e ´tait d’e ´valuer l’e ´volution de la prise en charge chirurgicale de ces fractures en France entre 2005 et 2012. Mate ´riel et me ´thode. Une enque ˆte a e ´te ´ mene ´e entre janvier et septembre 2012 aupre `s des 49 membres du Colle `ge des enseignants de chirurgie maxillo-faciale et de stomatologie a ` l’aide d’un ques- tionnaire adresse ´ par courrier e ´lectronique. Les questions portaient sur l’attitude the ´rapeutique, les e ´ventuelles indications chirurgica- les, les techniques utilise ´es en fonction du type de fracture et les principes des traitements postope ´ratoires des e ´quipes. Ces donne ´es ont e ´te ´ compare ´es aux re ´sultats de l’enque ˆte de 2005. Re ´sultats. Le taux de re ´ponse a e ´te ´ de 86 %. Les fractures sous- condyliennes basses e ´taient ope ´re ´es par tous les services (100 %) ayant re ´pondu contre 76 % en 2005. La technique la plus utilise ´e e ´tait une oste ´osynthe `se par mini-plaque place ´e par voie sous-angulo- mandibulaire haute. Les fractures sous-condyliennes hautes et diacapitulaires e ´taient ope ´re ´es par respectivement 82 % et 35 % des e ´quipes, contre 29 % et 10 % en 2005 avec des techniques tre `s diverses et de grandes diffe ´rences dans le traitement postope ´ratoire. Discussion. Les chirurgiens maxillo-faciaux franc ¸ais ont plus ope ´re ´ les fractures de la re ´gion condylienne en 2012 qu’en 2005. Les fractures ont e ´te ´, comme en 2005, d’autant plus fre ´quemment ope ´re ´es qu’elles e ´taient basses et de ´place ´es. L’utilisation de la voie * Auteur correspondant. e-mail : [email protected] Rec ¸u le : 30 octobre 2012 Accepte ´ le : 16 mai 2013 Disponible en ligne 23 juillet 2013 Article original 341 2213-6533/$ - see front matter ß 2013 Publie ´ par Elsevier Masson SAS. http://dx.doi.org/10.1016/j.revsto.2013.05.004 Rev Stomatol Chir Maxillofac Chir Orale 2013;114:341-348

Évolution du traitement chirurgical des fractures du condyle mandibulaire en France entre 2005 et 2012

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Page 1: Évolution du traitement chirurgical des fractures du condyle mandibulaire en France entre 2005 et 2012

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Article original

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Evolution du traitement chirurgical desfractures du condyle mandibulaire enFrance entre 2005 et 2012

Latest trends in the surgical management of mandibularcondyle fractures in France, 2005–2012

O. Trosta,*,b, J.-M. Peronc

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Recu le :30 octobre 2012Accepte le :16 mai 2013Disponible en ligne23 juillet 2013

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a Service de chirurgie maxillo-faciale et stomatologie, hopital du Bocage, CHU de Dijon, 14, rueGaffarel, 21079 Dijon cedex, Franceb Inserm U 1093 « cognition, action, et plasticite sensorimotrice », UFR medecine, laboratoired’anatomie, 7, boulevard Jeanne-d’Arc, 21000 Dijon, Francec Service de chirurgie maxillo-faciale et stomatologie, hopital Ch.-Nicolle, CHU de Rouen, 1, ruede Germont, 76000 Rouen, France

Disponible en ligne sur

www.sciencedirect.com

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SummaryIntroduction. The surgical treatment of mandibular condylar frac-

tures is commonly performed. We had for aim to present the latest

trends in the surgical management of condylar fractures in France,

between 2005 and 2012.

Material and methods. A survey was performed among the

49 members of the French college of oral and maxillofacial surgeons

between January and September 2012, with a questionnaire sent by

email. We analyzed the therapeutic management, the surgical

indications; the techniques used according to the fracture, and

the postoperative treatment protocols. The data was compared to

that of a similar study performed in 2005.

Results. The overall reply rate was 86%. Low subcondylar fractures

were operated on in all institutions (100%), compared to 76% in

2005. The most popular technique was the high submandibular

approach with intraoral miniplate fixation osteosynthesis. High

subcondylar and diacapitular fractures were operated on in respec-

tively 82% and 35% of the cases compared to 29% and 10% in 2005

with various surgical techniques and postoperative management.

Discussion. French maxillofacial surgeons operated on more man-

dibular condylar fractures in 2012 than in 2005. As observed in

2005, the lower and the more dislocated the fractures were, the more

they were operated on. The high submandibular approach has

become the most popular approach. The use of miniplates for bone

fixation has become common. Diacapitular fractures were usually

ResumeIntroduction. Le traitement chirurgical des fractures de la region

condylienne de la mandibule tend a se generaliser. L’objectif de cette

etude etait d’evaluer l’evolution de la prise en charge chirurgicale de

ces fractures en France entre 2005 et 2012.

Materiel et methode. Une enquete a ete menee entre janvier et

septembre 2012 aupres des 49 membres du College des enseignants

de chirurgie maxillo-faciale et de stomatologie a l’aide d’un ques-

tionnaire adresse par courrier electronique. Les questions portaient

sur l’attitude therapeutique, les eventuelles indications chirurgica-

les, les techniques utilisees en fonction du type de fracture et les

principes des traitements postoperatoires des equipes. Ces donnees

ont ete comparees aux resultats de l’enquete de 2005.

Resultats. Le taux de reponse a ete de 86 %. Les fractures sous-

condyliennes basses etaient operees par tous les services (100 %)

ayant repondu contre 76 % en 2005. La technique la plus utilisee

etait une osteosynthese par mini-plaque placee par voie sous-angulo-

mandibulaire haute. Les fractures sous-condyliennes hautes et

diacapitulaires etaient operees par respectivement 82 % et 35 %

des equipes, contre 29 % et 10 % en 2005 avec des techniques tres

diverses et de grandes differences dans le traitement postoperatoire.

Discussion. Les chirurgiens maxillo-faciaux francais ont plus opere

les fractures de la region condylienne en 2012 qu’en 2005. Les

fractures ont ete, comme en 2005, d’autant plus frequemment

operees qu’elles etaient basses et deplacees. L’utilisation de la voie

* Auteur correspondant.e-mail : [email protected]

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2213-6533/$ - see front matter � 2013 Publie par Elsevier Masson SAS.http://dx.doi.org/10.1016/j.revsto.2013.05.004 Rev Stomatol Chir Maxillofac Chir Orale 2013;114:341-348

Page 2: Évolution du traitement chirurgical des fractures du condyle mandibulaire en France entre 2005 et 2012

O. Trost, J.-M. Peron Rev Stomatol Chir Maxillofac Chir Orale 2013;114:341-348

treated functionally. The postoperative management varied greatly

from one team to the other.

� 2013 Published by Elsevier Masson SAS.

Keywords: Fracture, Mandibular condyle, Treatment protocol,Maxillofacial surgery

d’abord sous-angulo-mandibulaire haute a ete privilegiee. La syn-

these par miniplaques vissees s’est generalisee. Les fractures dia-

capitulaires ont majoritairement ete traitees de maniere

fonctionnelle. Les protocoles de soins postoperatoires differaient

beaucoup selon les equipes.

� 2013 Publie par Elsevier Masson SAS.

Mots cles : Fracture, Condyle mandibulaire, Traitement,Chirurgie maxillo-faciale

Introduction

Le traitement chirurgical des fractures du condyle mandi-bulaire reste un sujet tres discute. Les equipes privilegiantles traitements non-chirurgicaux mettent en avant desresultats satisfaisants et une morbidite faible, en particulieraucun risque pour le nerf facial. Les equipes en faveur d’untraitement chirurgical invoquent une meilleure recuperationde la fonction manducatrice chez les patients operes. Dansune enquete realisee en 2005 aupres des services universi-taires de chirurgie maxillo-faciale francais, nous avionsdresse l’etat des lieux du traitement chirurgical des fractu-res de la region du condyle mandibulaire en France. Cetteetude mettait en evidence, malgre une grande heteroge-neite dans les indications et dans les methodes chirurgica-les, une tendance a operer plus volontiers les fractures sous-condyliennes basses deplacees responsables d’une modifi-cation de l’articule dentaire [1]. Le but de notre etude etait derealiser la meme enquete sept ans plus tard afin de mettreen evidence d’eventuelles evolutions de prise en charge deces fractures.

Materiel et methode

Une etude descriptive a ete realisee entre janvier et sep-tembre 2012 aupres des 49 membres references dans la listedu College francais des enseignants hospitalo-universitairesde chirurgie maxillo-faciale et de stomatologie, represen-tant 21 services hospitaliers. Un questionnaire portant sur laprise en charge chirurgicale des fractures de la regioncondylienne leur a ete adresse par courrier electronique(annexe I). Ce questionnaire reprenait les memes itemsqu’en 2005 (attitude therapeutique, indications, voiesd’abord, type d’osteosynthese, modalites de prise en chargepostoperatoire en fonction de la hauteur du trait de frac-ture) afin de pouvoir etablir des comparaisons. Nous n’avonsretenu qu’une reponse par service, considerant que tous leschirurgiens d’une meme equipe appliquaient la meme stra-tegie therapeutique.

342

Resultats

Dix-huit services sur les 21 contactes ont repondu a cetteenquete (taux de reponse de 86 %), dont un service dechirurgie maxillo-faciale pediatrique (enfants ages de moinsde 15 ans le plus souvent). Les reponses de cette equipe ontete analysees separement du fait des particularites pedia-triques de ce type de fractures.

Fractures sous-condyliennes bassesTous les services (100 %) qui ont repondu operaient cesfractures chez les adultes, alors qu’ils etaient 76 % en 2005(tableau I). On peut discuter le fait que les fractures de2005 soient, ou non, similaires a celles de 2012 (fig. 1). Lesindications etaient les suivantes :� raccourcissement du ramus pour 15 equipes (88 % desequipes), en moyenne de 3,6 mm (0 a 5 mm). En 2005, leraccourcissement moyen retenu comme indication operatoireetait de 6 mm ;� bascule du fragment cranial pour 15 equipes, (88 % desequipes), en moyenne de 25,58 (0 a 408). En 2005, la basculemoyenne retenue comme indication operatoire etait de50 degres ;� modification de l’articule dentaire pour 12 equipes, (70 %des equipes). Pour une equipe, la persistance d’un troubleocclusal apres cinq seances de reeducation etait le criteremajeur pour poser l’indication operatoire. Une equipe insistaitsur la necessaire association de troubles occlusaux et d’unraccourcissement du ramus superieur a deux millimetres pourposer l’indication chirurgicale ;� absence de calage posterieur pour une equipe.

Concernant les voies d’abord utilisees dans les fractures sous-condyliennes basses (fig. 2) :� 12 equipes (70 %) utilisaient la voie sous-angulo-mandi-bulaire haute decrite par Meyer et al. en 2006 [2] ;� cinq equipes (29 %), contre 69 % en 2005, utilisaient la voiesous-angulo-mandibulaire basse classique (voie de Risdon) ;

Page 3: Évolution du traitement chirurgical des fractures du condyle mandibulaire en France entre 2005 et 2012

Evolution du

traitement

chirurgical des

fractures du

condyle m

andibulaire

Tableau IReponses concernant le traitement chirurgical des fractures sous-condyliennes basses de l’adulte. 1–17 : numero de l’equipe chirurgicale (les reponses du service de chirurgiemaxillo-faciale pediatrique ne sont pas presentees dans ce tableau).

Indications Voies d’abord Osteosynthese PostoperatoireRaccourcissement Bascule Trouble de l’occlusion VSAMH RIS PA Endoscopie RM

1 X (> 5 mm) X X X Miniplaque Blocage IMF 7 jours2 X (apres 5 jours de

reeducation specialiseeX Miniplaque Pas de blocage

3 X (absence decalage posterieur)

X X X X Miniplaque Blocage IMF 3 jours

4 X (> 308) X Miniplaque Blocage sur arcs de30 a 45 jours

5 X (> 2 mm) X (si associe a unraccourcissement)

X Miniplaque Pas de blocage

6 X X X X Miniplaque Pas de blocage7 X X (> 308) X Miniplaque Pas de blocage8 X X (> 358) X X Miniplaquea Blocage sur arcs 5 jours9 X (> 2 mm) X (> 208) X X Miniplaque Pas de blocage10 X (> 0 mm) X (> 08) X X Miniplaque Blocage (non precise)

7 a 21 jours11 X X X X Miniplaque

Vis d’EckeltBlocage (non precise)

12 X (> 5 mm) X (> 308) X X Miniplaque Pas de blocage13 X (> 5 mm) X (> 108) X X X Miniplaque Pas de blocage14 X (> 5 mm) X (> 308) X Miniplaque Blocage sur arcs

(duree non precisee)15 X (> 5 mm) X (>v408) X X Miniplaque Blocage sur arcs 10 jours16 X (> 5 mm) X (> 308) X X Miniplaque Pas de blocage17 X (> 3 mm) X (> 308) X X Miniplaque Pas de blocageSCB : fractures sous-condyliennes basses ; SCH : fractures sous-condyliennes hautes ; DC : fractures diacapitulaires ; VSAMH : voie sous-angulo-mandibulaire haute ; RIS : voie sous-angulo-mandibulaire basse (voie de Risdon) ; PA : voie pre-auriculaire (voie de Ginestet) ; Endos : voies d’abord intra-orales aidees par endoscopie ; RM : voie retromandibulaire ; IMF : vis de fixation maxillo-mandibulaire.a Materiel resorbable.

343

Page 4: Évolution du traitement chirurgical des fractures du condyle mandibulaire en France entre 2005 et 2012

O. Trost, J.-M. Peron Rev Stomatol Chir Maxillofac Chir Orale 2013;114:341-348

0

10

20

30

40

50

60

70

80

90

100

VSAMH RIS PA Endos RM

Voies d'abord des fractures du condyle pratiquées en 2012

SCB

SCH

DC

0

10

20

30

40

50

60

70

80

90

100

VSAMH RIS PA Endos RM

Voi es d'abord d es frac tures du cond yle mandibul air e

pratiqué es en 200 5

SCB

SCH

DC

Figure 2. Voies d’abord utilisees pour le traitement chirurgical desfractures du condyle mandibulaire. SCB : fractures sous-condyliennesbasses ; SCH : fractures sous-condyliennes hautes ; DC : fracturesdiacapitulaires ; VSAMH : voie sous-angulo-mandibulaire haute ; RIS :voie sous-angulo-mandibulaire basse (voie de Risdon) ; PA : voie pre-auriculaire (voie de Ginestet) ; Endos : voies d’abord intra-orales aideespar endoscopie ; RM : voie retromandibulaire.

0

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20

30

40

50

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90

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SCB SCH DC

2005

2012

Figure 1. Proportion des equipes proposant un traitement chirurgical dansl’arsenal therapeutique des fractures du condyle mandibulaire. SCB :fractures sous-condyliennes basses ; SCH : fractures sous-condylienneshautes ; DC : fractures diacapitulaires.

� deux equipes (12 %), contre 13 % en 2005, utilisaientexclusivement un abord intra-oral avec aide endoscopique.Un centre souhaitait utiliser cette technique prochainement ;� les voies retromandibulaire et pre-auriculaire (PA) (voie deGinestet) etaient citees chacune une fois (6 % des equipes)alors que la voie PA etait utilisee par 31 % des equipes en 2005.

Les osteosyntheses etaient, dans toutes les equipes, realiseesa l’aide de miniplaques vissees (94 % des equipes en 2005). Unservice utilisait du materiel resorbable en routine (idem en2005). Un autre avait un projet de plaque resorbable dediee al’etude. Une equipe utilisait parfois la vis d’Eckelt (egalementcitee par une equipe en 2005).Le traitement postoperatoire comportait :� une absence de blocage maxillo-mandibulaire (BMM) etune reeducation immediate pour neuf (53 %) equipes ;� un BMM postoperatoire pour huit (47 %) equipes, d’uneduree moyenne de 15 jours (trois a 45 jours), a l’aide de vis typeIMF pour deux equipes, a l’aide d’arcs metalliques de typeDautrey pour quatre equipes ou selon une technique nonprecisee pour deux equipes.

En chirurgie maxillo-faciale pediatrique, seuls les enfants agesde plus de 15 ans etaient eligibles a un traitement chirurgical.Dans ce cas, seule une modification de l’occlusion faisait poserl’indication operatoire. L’osteosynthese etait realisee parminiplaque vissee posee par voie intra-orale exclusivement.Aucun BMM postoperatoire n’etait realise et une reeducationimmediate etait mise en route.

Fractures sous-condyliennes hautesQuatorze equipes (82 %) operaient les fractures sous-condy-liennes hautes de l’adulte (29 % en 2005) (tableau II). Troisequipes (18 %) disaient ne jamais operer ces fractures. Pour lesequipes qui operaient ces fractures, les indications etaient lessuivantes :

344

� raccourcissement du ramus de la mandibule pour 11 equipes(79 % des equipes), en moyenne de 3 mm (0 a 5 mm). En 2005,le raccourcissement moyen retenu comme indication opera-toire etait de 5 mm ;� bascule du fragment cranial du ramus pour 11 equipes (78 %des equipes), en moyenne de 258 (0 a 358). En 2005, la basculemoyenne retenue comme indication operatoire en 2005 etaitde 508 ;� modification de l’articule dentaire pour dix equipes (71 %des equipes).

Concernant les voies d’abord :� neuf equipes (64 %) utilisaient la voie sous-angulo-mandibulaire haute, seule ou associee a une voie PA ;� sept equipes (50 %) utilisaient une voie PA (type Ginestet),seule ou associee a une voie cervicale (67 % en 2005) ;� trois equipes (21 %) utilisaient la voie sous-angulo-mandibulaire basse (voie de Risdon), seule ou en associationavec une voie PA (33 % en 2005) ;� deux equipes (14 %) utilisaient une voie intra-orale aideepar endoscopie (17 % en 2005). Un centre a souhaite mettrecette technique en place prochainement.

Page 5: Évolution du traitement chirurgical des fractures du condyle mandibulaire en France entre 2005 et 2012

Evolution du

traitement

chirurgical des

fractures du

condyle m

andibulaire

Tableau IIReponses concernant le traitement chirurgical des fractures sous-condyliennes hautes de l’adulte (les reponses du service de chirurgie maxillo-faciale pediatrique ne sont paspresentees dans ce tableau).

Indications Voies d’abord Osteosynthese PostoperatoireRaccourcissement Bascule Trouble de l’occlusion VSAMH RIS PA Endoscopie RM

1 X X X X X Miniplaque Blocage IMF 7 jours2 X (apres 5 jours de

reeducation specialiseeX Miniplaque Pas de blocage

3 X (absence de calageposterieur)

X X X X Miniplaque Blocage IMF 3 jours

4 X (> 308) X X Miniplaque Blocage sur arcs de30 a 45 jours

5 X (> 2 mm) X (si associe a unraccourcissement)

X Miniplaque Pas de blocage

6 X X X X Miniplaque Pas de blocage7 X X Miniplaque Pas de blocage8 X X (> 358) X X Miniplaquea Blocage sur arcs 5 jours9 X X (> 308) X X X Miniplaque

Vissage encompression

Pas de blocage

10 X (> 0 mm) X (> 08) X X Miniplaque Blocage IMF 8 jours11 X X X X Miniplaque Blocage (non precise)12 X X X X Miniplaque Pas de blocage13 X (> 5 mm) X X X Fil d’acier Pas de blocage14 Traitement non chirurgical15 Traitement non chirurgical16 Traitement non chirurgical17 X (> 3 mm) X (> 308) X X Miniplaque Pas de blocageSCB : fractures sous-condyliennes basses ; SCH : fractures sous-condyliennes hautes ; DC : fractures diacapitulaires ; VSAMH : voie sous-angulo-mandibulaire haute ; RIS : voie sous-angulo-mandibulaire basse (voie de Risdon) ; PA : voie pre-auriculaire (voie de Ginestet) ; Endos : voies d’abord intra-orales aidees par endoscopie ; RM : voie retromandibulaire ; IMF : vis de fixation maxillo-mandibulaire.a Materiel resorbable.

345

Page 6: Évolution du traitement chirurgical des fractures du condyle mandibulaire en France entre 2005 et 2012

O. Trost, J.-M. Peron Rev Stomatol Chir Maxillofac Chir Orale 2013;114:341-348

L’osteosynthese etait realisee a l’aide de miniplaques vissees(references non precisees) par 13 equipes (93 %) contre 67 %

des equipes en 2005. Une equipe (7 %) utilisait du materielresorbable en routine (17 % en 2005). Une equipe avait unprojet d’etude en cours concernant une plaque resorbableinnovante. Une equipe realisait les osteosyntheses a l’aide deligatures au fil d’acier. Une equipe completait l’osteosynthesepar un vissage en compression dans certains cas.Le traitement postoperatoire comportait :� pas de BMM et mise en route d’une reeducation immediatepour huit equipes (57 %) ;� un BMM pour six equipes (43 %), d’une duree moyenne de12 jours (deux a 45 jours), a l’aide de vis type IMF pour troisequipes ou d’arcs, eventuellement preformes, pour deuxequipes.

En chirurgie maxillo-faciale pediatrique, les fractures sous-

condyliennes hautes etaient toujours traitees de manierefonctionnelle, l’equipe considerant que le risque d’ankyloseest eleve.

Fractures diacapitulairesSix equipes (35 %) operaient les fractures diacapitulaires (10 %en 2005) (tableau III). Onze equipes (65 %) ne les operaient

Tableau IIIReponses concernant le traitement chirurgical des fractures diacapitufaciale pediatrique ne sont pas presentees dans ce tableau).

Indications Voies d’aboRaccourcissement Bascule Trouble de

l’occlusionVSAMH R

1 Traitement non chirurgical2 Traitement non chirurgical3 Traitement non chirurgical4 Traitement non chirurgical5 X (> 2 mm) X (si associe a un

raccourcissement)

6 X X X

7 Traitement non chirurgical8 Traitement non chirurgical9 X X X

10 Traitement non chirurgical11 X

12 X

13 X (> 5 mm) X

14 Traitement non chirurgical15 Traitement non chirurgical16 Traitement non chirurgical17 Traitement non chirurgicalSCB : fractures sous-condyliennes basses ; SCH : fractures sous-condyliennes hautes ; DC : fraangulo-mandibulaire basse (voie de Risdon) ; PA : voie pre-auriculaire (voie de Ginestet) ; Endosde fixation maxillo-mandibulaire.

346

jamais. Pour les equipes qui les operaient, les indicationsetaient :� un raccourcissement du ramus de la mandibule pourquatre equipes, en moyenne de 3,5 mm (2 a 5 mm). En 2005, leraccourcissement moyen retenu comme indication operatoireetait de 5 mm ;� une bascule du fragment medial de la tete mandibulairepour trois equipes. En 2005, cette bascule moyenne etait de608 ;� une modification de l’articule dentaire pour cinq equipes.

Pour toutes les equipes, la voie d’abord utilisee etait une voiePA (idem en 2005).Les osteosyntheses etaient realisees par cinq equipes (83 %) al’aide de vis en compression (references non precisees). Deuxequipes (33 %) associaient une microplaque au vissage encompression. Une equipe realisait l’osteosynthese au fild’acier. Seul le vissage en compression etait cite en 2005.Cinq equipes (83 %) ne bloquaient pas les patients en post-operatoire. Une equipe realisait un blocage nocturne (dureenon renseignee).En chirurgie maxillo-faciale pediatrique, ce type de fracturesetait toujours traite de maniere fonctionnelle.

laires de l’adulte (les reponses du service de chirurgie maxillo-

rd Osteosynthese PostoperatoireIS PA Endoscopie RM

X MicroplaqueVissage encompression

Pas de blocage

X Vissage encompression

Pas de blocage

X MicroplaqueVissage encompression

Pas de blocage

X Vissage encompression

Blocage(non precise)

X Vissage encompression

Pas de blocage

X Fil d’acier Pas de blocage

ctures diacapitulaires ; VSAMH : voie sous-angulo-mandibulaire haute ; RIS : voie sous- : voies d’abord intra-orales aidees par endoscopie ; RM : voie retromandibulaire ; IMF : vis

Page 7: Évolution du traitement chirurgical des fractures du condyle mandibulaire en France entre 2005 et 2012

Evolution du traitement chirurgical des fractures du condyle mandibulaire

Discussion

Les chirurgiens maxillo-faciaux francais exercant en centrehospitalo-universitaire operent en moyenne plus les fracturesdu condyle mandibulaire en 2012 qu’ils ne le faisaient en 2005.Ces chiffres restent relatifs puisque le nombre et la consti-tution des equipes qui ont repondu en 2005 et en 2012 apartiellement varie. Cette tendance est particulierementnette pour les fractures sous-condyliennes basses et hautes.On note egalement une legere evolution vers l’osteosynthesedes fractures diacapitulaires, mais une majorite d’equipes(65 %) continue a les traiter de maniere exclusivement fonc-tionnelle. La voie d’abord doit permettre une expositionsuffisante du foyer de fracture pour permettre la reductionet l’osteosynthese, tout en etant la plus sure possible vis-a-visdu nerf facial. La voie sous-angulo-mandibulaire haute(VSAMH), decrite en 2006 par Meyer et al. [2], est utiliseepar 70 % des equipes ayant participe a l’etude et est, a l’heureactuelle la voie d’abord la plus utilisee en France dans lesfractures sous-condyliennes basses. Elle a pris le pas sur la voiesous-angulo-mandibulaire basse (voie de Risdon) qui etait laplus utilisee (par 69 % des equipes) en 2005. La VSAMH, gracea une localisation plus proche du trait de fracture et unedissection plan par plan, est reputee tres sure vis-a-vis du nerffacial [3]. Un des auteurs de la technique originale indiquedans son questionnaire qu’il n’a note aucune paralysie faciale,meme transitoire, sur plus de 400 fractures operees. Unevariante de cette voie d’abord est parfois citee dans la litte-rature, la dissection se faisant alors par une voie PA (typelifting) [4].Plus le trait de fracture est haut, moins la voie d’abord estconsensuelle. Pour les fractures sous-condyliennes hautes, lavoie PA est legerement predominante. On note cependant unrecours occasionnel a un double abord (PA plus voie cervicale,VSAMH ou Risdon) qui permet un meilleur controle du trait defracture et facilite l’osteosynthese. Les techniques endosco-piques pourraient constituer dans ces cas une bonne indica-tion en permettant une meilleure visualisation de la fracture,une reduction plus aisee et plus precise, et une osteosynthesede meilleure qualite [5]. Elles sont actuellement peu prati-quees en France.Les protocoles de soins postoperatoires indiques par les equi-pes ayant participe a l’enquete sont tres heterogenes, ce quirejoint les donnees de la litterature [1]. Pour les fractures sous-condyliennes, une moitie des equipes realise un BMM post-operatoire d’une duree variant de trois jours a six semaines,alors que l’autre moitie ne bloque pas et debute immediate-ment la reeducation. Les avantages d’un BMM postoperatoiresont un role antalgique et de securisation de l’osteosyntheselorsque la stabilite semble insuffisante (presence d’un troi-sieme fragment, qualite osseuse mediocre, occlusion dentairedefectueuse. . .). L’inconvenient majeur du BMM, outre soncaractere chronophage est l’inconfort occasionne au patient,

et le retard qu’il engendre pour debuter la reeducation post-operatoire dont la precocite est un facteur important pour laqualite du resultat fonctionnel. La stabilite obtenue a l’aide dela majorite des systemes d’osteosynthese actuels permetd’eviter le BMM postoperatoire [6].

Declaration d’interets

Les auteurs declarent ne pas avoir de conflits d’interets enrelation avec cet article.

Annexe I. Questionnaire envoye auxmembres du College francais desenseignants de chirurgie maxillo-facialeet de stomatologieETAT DES LIEUX DU TRAITEMENT CHIRURGICAL DES FRAC-TURES DU CONDYLE MANDIBULAIRE EN FRANCE EN 2012Date :Ville :FRACTURES SOUS-CONDYLIENNE BASSES DE LA MANDIBULEPratiquez-vous un traitement chirurgical ? Oui [ ] / Non [ ]

Si oui, dans quelles indications ?Toutes : Oui [ ] / Non [ ]Raccourcissement du ramus : Oui [ ] / Non [ ], combien :Bascule du condyle : Oui [ ] / Non [ ], combien :Troubles de l’articule dentaire : Oui [ ] / Non [ ]Autres :

Si oui, quel type d’osteosynthese realisez-vous ?Fil d’acier : Oui [ ] / Non [ ]Miniplaque vissee : Oui [ ] / Non [ ]Miniplaque resorbable : Oui [ ] / Non [ ]Vis d’Eckelt : Oui [ ] / Non [ ]Autres :

Si oui, quelle voie d’abord utilisez-vous ?Voie pre-auriculaire type Ginestet : Oui [ ] / Non [ ]Voie sous-angulo-mandibulaire haute (Risdon modifiee) : Oui[ ] / Non [ ]Voie sous-angulo-mandibulaire basse (Risdon) : Oui [ ] / Non[ ]Voie retromandibulaire : Oui [ ] / Non [ ]Voie retro-auriculaire : Oui [ ] / Non [ ]Voie endo-buccale : Oui [ ] / Non [ ]Endoscopie : Oui [ ] / Non [ ]Autres :

Realisez-vous un blocage maxillo-mandibulaire ? Oui [ ] / Non[ ]- Comment ? IMF [ ], arc de Dautrey [ ], autre ?- peroperatoire : Oui [ ] / Non [ ]- postoperatoire : Oui [ ] / Non [ ], combien de temps ?

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Page 8: Évolution du traitement chirurgical des fractures du condyle mandibulaire en France entre 2005 et 2012

O. Trost, J.-M. Peron Rev Stomatol Chir Maxillofac Chir Orale 2013;114:341-348

FRACTURES SOUS-CONDYLIENNE HAUTESPratiquez-vous un traitement chirurgical ? Oui [ ] / Non [ ]

Si oui, dans quelles indications ?Toutes : Oui [ ] / Non [ ]Raccourcissement du ramus : Oui [ ] / Non [ ], combien :Bascule du condyle : Oui [ ] / Non [ ], combien :Troubles de l’articule dentaire : Oui [ ] / Non [ ]Autres :

Si oui, quel type d’osteosynthese realisez-vous ?Fil d’acier : Oui [ ] / Non [ ]Miniplaque vissee : Oui [ ] / Non [ ]Miniplaque resorbable : Oui [ ] / Non [ ]Vis d’Eckelt : Oui [ ] / Non [ ]Autres :

Si oui, quelle voie d’abord utilisez-vous ?Voie pre-auriculaire type Ginestet : Oui [ ] / Non [ ]Voie sous-angulo-mandibulaire haute (Risdon modifiee) : Oui[ ] / Non [ ]Voie sous-angulo-mandibulaire basse (Risdon) : Oui [ ] / Non[ ]Voie retromandibulaire : Oui [ ] / Non [ ]Voie retro-auriculaire : Oui [ ] / Non [ ]Voie endo-buccale : Oui [ ] / Non [ ]Endoscopie : Oui [ ] / Non [ ]Autres :

Realisez-vous un blocage maxillo-mandibulaire ? Oui [ ] / Non[ ]- Comment ? IMF [ ], arc de Dautrey [ ], autre ?- peroperatoire : Oui [ ] / Non [ ]- postoperatoire : Oui [ ] / Non [ ], combien de temps ?

FRACTURES DE LA TETE MANDIBULAIRE (FRACTURES DIACA-PITULAIRES)Pratiquez-vous un traitement chirurgical ? Oui [ ] / Non [ ]

Si oui, dans quelles indications ?Toutes : Oui [ ] / Non [ ]Raccourcissement du ramus : Oui [ ] / Non [ ], combien :Bascule de la tete mandibulaire : Oui [ ] / Non [ ], combien :Troubles de l’articule dentaire : Oui [ ] / Non [ ]

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Autres :

Si oui, quel type d’osteosynthese realisez-vous ?Fil d’acier : Oui [ ] / Non [ ]Miniplaque vissee : Oui [ ] / Non [ ]Miniplaque resorbable : Oui [ ] / Non [ ]Vissage en compression : Oui [ ] / Non [ ]Autres :

Si oui, quelle voie d’abord utilisez-vous ?Voie pre-auriculaire type Ginestet : Oui [ ] / Non [ ]Voie retro-auriculaire : Oui [ ] / Non [ ]Autres :

Realisez-vous un blocage maxillo-mandibulaire ? Oui [ ] / Non[ ]- Comment ? IMF [ ], arc de Dautrey [ ], autre ?- peroperatoire : Oui [ ] / Non [ ]- postoperatoire : Oui [ ] / Non [ ], combien de temps ?

COMMENTAIRES :

References[1] Trost O, Kadlub N, Abu El-Naaj I, Danino A, Trouilloud P, Malka

G. Traitement chirurgical des fractures du condyle mandibu-laire de l’adulte en France en 2005. Rev Stomatol Chir Maxi-llofac 2007;108:183–8.

[2] Meyer C, Zink S, Wilk A. La voie d’abord sous-angulo-mandi-bulaire haute (voie de Risdon modifiee) pour le traitement desfractures sous-condyliennes de la mandibule. Rev StomatolChir Maxillofac 2006;107:449–54.

[3] Meyer C, Zink S, Chatelain B, Wilk A. Clinical experience withosteosynthesis of subcondylar fractures of the mandible usingTCP plates. J Craniomaxillofac Surg 2008;36:260–8.

[4] Narayanan V, Ramadorai A, Ravi P, Nirvikalpa N. Transmasse-teric anterior parotid approach for condylar fractures: expe-rience of 129 cases. Br J Oral Maxillofac Surg 2012;50:420–4.

[5] Handschel J, Ruggeberg T, Depprich R, Schwarz F, Meyer U,Kubler NR, et al. Comparison of various approaches for thetreatment of fractures of the mandibular condylar process. JCraniomaxillofac Surg 2012;40:e397–401.

[6] Meyer C, Martin E, Kahn JL, Zink S. Development and biome-chanical testing of a new osteosynthesis plate (TCP) designedto stabilize mandibular condyle fractures. J CraniomaxillofacSurg 2007;35:84–90.