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FICHE ENSEIGNANT Explorons… Les registres littéraires Par Amélie Berthou-Sergeant, professeure de lettres au collège Jean-Jaurès (Clichy-la-Garenne) Cette série de six fiches permet d’explorer les principaux re- gistres littéraires étudiés au collège : réaliste, poétique, épique, merveilleux et fantastique. La dernière fiche est une évaluation sur la série complète. Souvent associés à des genres précis, les registres peuvent cependant s’en affranchir et se retrouver dans d’autres. Ces fiches permettent de les distinguer entre eux mais elles peuvent être employées en classe au gré des besoins, in- dépendamment les unes des autres. Chacune amène l’élève à définir la visée du registre travaillé en même temps que les procédés le plus souvent employés pour y parvenir. Corrigé de la fiche élève 1 1. a. Ils sont de la même famille : la mère, le père et la fille. b. Ils sont à table pour un repas, c’est une action quotidienne, ordinaire, banale, triviale même. c. Ils sont pauvres car les parents veulent que leur fille postule comme servante, peut-être paysans avec la soupe aux choux et la comparaison avec les « pommes ». d. Les paroles des personnages sont rapportées au style direct pour nous faire entendre le niveau de langue familier et le patois paysan qui leur donnent une présence plus proche du réel. e. Ce récit se situe dans le présent de l’auteur, il est contem- porain de son écriture. f. Tout est possible et aurait pu se produire dans la réalité. 2. Réaliste : un soldat – une serveuse de café – un employé de bureau – un vagabond - un marchandage entre un vendeur et son client – une personne qui passe le balai – un jeu entre deux enfants – une couturière – une averse. 3. Le registre réaliste cherche à produire une imitation de la réalité contemporaine par des détails, un vocabulaire ou un niveau de langue adapté aux personnages, des personnages qui ne sont ni extraordinaires, ni nobles comme dans la littérature idéaliste et par des scènes de la vie quotidienne. Corrigé de la fiche élève 2 1. a. Cette strophe parle d’une « rose », une fleur qui vient d’éclore. b. Cette métaphore désigne l’ensemble des pétales de la rose que la forme en corolle, la couleur rouge et la matière soyeuse rapprochent d’une robe. Plus précisément, on peut parler de per- sonnification parce que l’image attribue un vêtement humain à un élément végétal. c. La voix poétique masculine s’adresse à une femme qu’il aime ou courtise : « Mignonne ». d. La comparaison entre le teint de la rose rouge et celui de la femme est un compliment pour celle-ci, elle cherche à flatter. e. Les termes « déclose », « pourpre », « point » et « vêprée » sont recherchés, ils apportent de la délicatesse et de la préciosité au discours du poète. f. On entend une allitération en [p] : « pourpre », « point per- du », « vêprée », « plis », « pourprée » (à laquelle on peut ajouter le son [b], labial également, dans les deux occurrences du nom « robe »). Cette consonne labiale confère au discours un effet de douceur et d’intimité, le son étant produit par le contact des lèvres du locuteur. g. Le texte est disposé en une strophe de six vers, un sizain, dont les rimes reposent sur le schéma AABCCB. Si le genre poé- tique peut s’affranchir des vers et des rimes, comme dans la prose poétique, le registre poétique peut, lui, être adopté partout, dans le récit, le roman ou le théâtre. Bonus : Cette strophe est une réflexion sur le temps qui passe trop vite : la rose qui a éclos le matin peut être fanée le soir, la femme à qui on la compare est donc également menacée par le vieillissement. 2. Les textes a et b sont poétiques. Nerval suggère un lien de causalité imaginaire entre le chant de la femme aimée et le lever de la lune. Proust emploie un vocabulaire raffiné et compare par la forme les madeleines et les coquilles Saint-Jacques. Le texte c est prosaïque et réaliste, tiré de l’extrait donné dans la fiche 1. 3. Le registre poétique vise moins à représenter le monde tel qu’il est qu’à en créer un par la vision et la sensibilité d’un poète. Il repose beaucoup sur les pouvoirs du langage (étymologie, niveau de langue, champ sémantique, sonorités et rythmes) et de l’ima- gination (figures d’analogie, concepts abstraits). Corrigé de la fiche élève 3 1. a. Les femmes sont une force de vie, ce sont elles qui ont le pouvoir d’enfanter et donc de produire de la main-d’œuvre future. b. Elles se plaignent du salaire pitoyable des mineurs, qui les maintient dans une grande pauvreté (« guenilles ») et avec lequel ACCOMPAGNEMENT PERSONNALISÉ 50 NRP COLLÈGE MAI 2020 Présentation

Explorons… ACCOMPAGNEMENT PERSON Les registres …...la réalité contemporaine par des détails, un vocabulaire ou un niveau de langue adapté aux personnages, des personnages qui

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Page 1: Explorons… ACCOMPAGNEMENT PERSON Les registres …...la réalité contemporaine par des détails, un vocabulaire ou un niveau de langue adapté aux personnages, des personnages qui

FICHE ENSEIGNANT

Explorons… Les registres littéraires

Par Amélie Berthou-Sergeant, professeure de lettres au collège Jean-Jaurès (Clichy-la-Garenne)

Cette série de six fiches permet d’explorer les principaux re-gistres littéraires étudiés au collège : réaliste, poétique, épique, merveilleux et fantastique. La dernière fiche est une évaluation sur la série complète. Souvent associés à des genres précis, les registres peuvent cependant s’en affranchir et se retrouver dans

d’autres. Ces fiches permettent de les distinguer entre eux mais elles peuvent être employées en classe au gré des besoins, in-dépendamment les unes des autres. Chacune amène l’élève à définir la visée du registre travaillé en même temps que les procédés le plus souvent employés pour y parvenir.

Corrigé de la fiche élève 1

1. a. Ils sont de la même famille : la mère, le père et la fille.b. Ils sont à table pour un repas, c’est une action quotidienne,

ordinaire, banale, triviale même.c. Ils sont pauvres car les parents veulent que leur fille postule

comme servante, peut-être paysans avec la soupe aux choux et la comparaison avec les « pommes ».

d. Les paroles des personnages sont rapportées au style direct pour nous faire entendre le niveau de langue familier et le patois paysan qui leur donnent une présence plus proche du réel.

e. Ce récit se situe dans le présent de l’auteur, il est contem-porain de son écriture.

f. Tout est possible et aurait pu se produire dans la réalité.

2. Réaliste : un soldat – une serveuse de café – un employé de bureau – un vagabond - un marchandage entre un vendeur et son client – une personne qui passe le balai – un jeu entre deux enfants – une couturière – une averse.

3. Le registre réaliste cherche à produire une imitation de la réalité contemporaine par des détails, un vocabulaire ou un niveau de langue adapté aux personnages, des personnages qui ne sont ni extraordinaires, ni nobles comme dans la littérature idéaliste et par des scènes de la vie quotidienne.

Corrigé de la fiche élève 2

1. a. Cette strophe parle d’une « rose », une fleur qui vient d’éclore.

b. Cette métaphore désigne l’ensemble des pétales de la rose que la forme en corolle, la couleur rouge et la matière soyeuse rapprochent d’une robe. Plus précisément, on peut parler de per-sonnification parce que l’image attribue un vêtement humain à un élément végétal.

c. La voix poétique masculine s’adresse à une femme qu’il aime ou courtise : « Mignonne ».

d. La comparaison entre le teint de la rose rouge et celui de la femme est un compliment pour celle-ci, elle cherche à flatter.

e. Les termes « déclose », « pourpre », « point » et « vêprée » sont recherchés, ils apportent de la délicatesse et de la préciosité au discours du poète.

f. On entend une allitération en [p] : « pourpre », « point per-du », « vêprée », « plis », « pourprée » (à laquelle on peut ajouter le son [b], labial également, dans les deux occurrences du nom « robe »). Cette consonne labiale confère au discours un effet de douceur et d’intimité, le son étant produit par le contact des lèvres du locuteur.

g. Le texte est disposé en une strophe de six vers, un sizain, dont les rimes reposent sur le schéma AABCCB. Si le genre poé-tique peut s’affranchir des vers et des rimes, comme dans la prose poétique, le registre poétique peut, lui, être adopté partout, dans le récit, le roman ou le théâtre.

Bonus : Cette strophe est une réflexion sur le temps qui passe trop vite : la rose qui a éclos le matin peut être fanée le soir, la femme à qui on la compare est donc également menacée par le vieillissement.

2. Les textes a et b sont poétiques. Nerval suggère un lien de causalité imaginaire entre le chant de la femme aimée et le lever de la lune. Proust emploie un vocabulaire raffiné et compare par la forme les madeleines et les coquilles Saint-Jacques. Le texte c est prosaïque et réaliste, tiré de l’extrait donné dans la fiche 1.

3. Le registre poétique vise moins à représenter le monde tel qu’il est qu’à en créer un par la vision et la sensibilité d’un poète. Il repose beaucoup sur les pouvoirs du langage (étymologie, niveau de langue, champ sémantique, sonorités et rythmes) et de l’ima-gination (figures d’analogie, concepts abstraits).

Corrigé de la fiche élève 3

1. a. Les femmes sont une force de vie, ce sont elles qui ont le pouvoir d’enfanter et donc de produire de la main-d’œuvre future.

b. Elles se plaignent du salaire pitoyable des mineurs, qui les maintient dans une grande pauvreté (« guenilles ») et avec lequel

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50 NRP COLLÈGE MAI 2020

Présentation

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Cette fiche est à télécharger au format word sur le site pour les abonnés numériques. Adaptable aux besoins des élèves.

FICH

E ENSEIGNANTelles ne peuvent pas nourrir leur famille : « lasses d’enfanter des meurt-de-faim ». Elles ne se battent pas pour elles-mêmes mais pour les mineurs et leurs familles : c’est un combat collectif.

c. Les différents morceaux de la phrase sont de plus en plus longs, on parle de gradation en cadence majeure. Ce rythme pro-duit un élan comparable à celui des femmes, il amplifie les faits avec la syntaxe.

d. Les verbes d’action sont « tenaient », « soulevaient », « agi-taient », « brandissaient » et « hurlaient ».

e. Champ lexical de la guerre : « deuil », « vengeance », « guer-rières », « bâtons », « hurlaient ».

f. Hyperboles : « près d’un millier » et « si fort, que les cordes

de leurs cous décharnés semblaient se rompre. »Bonus : Ces procédés en font des héroïnes à admirer.

2. Épique : Héroïsme – actions extraordinaires – admiration – collectif – combat – destin d’un peuple – exploits – rythmes croissants – superlatifs – hyperboles.

3. Le registre épique vise à amplifier des faits jusqu’à l’hé-roïsme. Il se trouve en priorité dans des récits de combat ou d’actions extraordinaires accomplies par des héros qui ont une force et une noblesse hors du commun. Ils luttent pour la gloire d’un peuple ou d’un groupe et suscitent l’admiration. On trouve donc souvent des verbes d’action et des procédés d’amplification (hyperboles, superlatifs, gradations en cadence majeure).

Corrigé de la fiche élève 4

1. a. Ce chat est personnifié par la majuscule et il parle.b. L’ogre est généralement un géant effrayant qui mange les

humains.c. Cet ogre a le pouvoir de se métamorphoser en « toutes

sortes d’animaux ».d. Dans un univers merveilleux comme c’est le cas ici, les per-

sonnages ne sont pas surpris d’entendre les animaux parler ou de voir des métamorphoses.

e. Le lecteur n’est pas surpris de découvrir de la magie ou des éléments surnaturels parce qu’il sait que, par le récit, il pénètre dans un univers merveilleux, différent du nôtre.

f. Le registre merveilleux en littérature ne se limite pas à la connotation méliorative de ce terme dans le langage courant,

synonyme de « magnifique ». Il peut s’appliquer aux monstres et à la peur.

2. Un dragon – une licorne – un ogre – une souris qui parle – un tapis volant – une sirène – un génie sorti d’une lampe – un cheval ailé - un cyclope – une bague qui rend invisible – une fée – un magicien

3. Le registre merveilleux vise à faire rêver le lecteur en le transportant dans un univers différent du nôtre, dans lequel la magie et le surnaturel, comme les animaux qui parlent, sont consi-dérés comme normaux. Les personnages ne sont donc ni surpris ni inquiets de cela, pas plus que le lecteur. Par contre, les récits merveilleux peuvent faire peur ou mettre en scène des person-nages monstrueux.

Corrigé de la fiche élève 5

1. a. C’est le point de vue interne.b. Champ lexical de la vue : « a admiré », « yeux », « regardai »,

« attentivement », « visibles », « voir », « jeter les yeux ».c. Verbes du doute : « il me sembla », « je crus ».d. Cette émotion est la peur, qui est de plus en plus forte :

« un léger sentiment de frayeur » devient « La peur commençait à me travailler sérieusement » puis « plusieurs jours sans oser jeter les yeux ».

e. Cette émotion vient du phénomène surnaturel dont le narrateur a l’impression d’être témoin : Omphale, la femme de la tapisserie, prend vie et bouge les yeux ou la tête.

f. Ce phénomène peut s’expliquer rationnellement par la mauvaise visibilité due à la « faible pénombre lumineuse » com-parée aux « ténèbres » ou encore parce que le narrateur, le soir,

dans son lit, pourrait être déjà en train de dormir et de faire ce cauchemar.

2. C’est le texte b car la peur repose sur l’hésitation entre deux visions, l’une rationnelle (la silhouette humaine) et l’autre surna-turelle (un arbre qui aurait pris vie). La vision du texte a est un cauchemar, la peur cesse au réveil.

3. Le registre fantastique vise à susciter la peur chez le lecteur qui s’identifie au personnage, le plus souvent grâce au point de vue interne. La peur repose sur l’intrusion du surnaturel dans la réalité ordinaire, l’hésitation entre des explications rationnelle et irrationnelle. On trouve donc souvent le champ lexical de la vue et des sensations du personnage, associés aux modalisateurs du doute (verbes d’incertitude, mode conditionnel, adverbes, …).

Corrigé de la fiche élève 6

2. a. 1 – b. 3 – c. 23. a. poétique – b. épique et merveilleux –

c. fantastique – d. réaliste – e. merveilleux.

MAI 2020 NRP COLLÈGE 51

Réaliste Poétique Épique Merveilleux Fantastique

Roman X X X

Épopée X X X

Conte de fées X X

Nouvelle X X

Fable X X

Récit de chevalerie

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