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Le palais de Federico da Montefeltro à Urbino

Expose Justine Laure Urbino

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Le palais de Federico da Montefeltro à Urbino

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SommaireI Aux origines du palais ducal d'Urbino

1) Un contexte historique et culturel particulier2) Notions clés de l'humanisme3) Biographie de Federico da Montefetro4) Urbino et le palais ducal

II Un palais à l'image de son prince : Un lieu affirmant les qualités de Federico de Montefeltro

1) La cour intérieure2) Les deux chapelles3) La bibliothèque4) Étude du studiolo d'Urbino5) Comparaison avec celui de Gubbio

III Des œuvres dignes du mécène

1) La cité idéale2) Le double diptyque3) Le portrait de Fedrico da Montefeltro et de son fils

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Contexte historio-culturel- Longtemps réservé aux institutions religieuses, le mécénat s'ouvre à

la sphère privée et laïque au XIIIe siècle.

- Les nouvelles élites urbaines affirment fièrement leur autonomie en faisant ériger des édifices civils, des monuments (goût nouveau pour le raffinement et le luxe)

- Sous l'influence de l'humanisme, les princes constituent de vastes bibliothèques, des collections d'objets rares, d'antiquités ou d'œuvres.

- Rivalité constante entre les cours qui pousse les princes à rehausser leur prestige : ils s'entourent d'une cour dont le faste traduit leur puissance et leur statut social. Le mécénat artistique est destiné à affirmer le rayonnement de leur cour.

- Devoir du souverain : connaître l'art antique et promouvoir l'art moderne, s'intéresser à tous les aspects possibles de l'activité intellectuelle.

- Peu à peu, le mécène reconnaît le travail de l’artiste à sa juste valeur (non plus comme un travail mécanique)

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Notions clés de l'humanisme: la voie vers la compréhension du mécénat

de Federico da Montefeltro Il affiche un optimisme certain sur l’Homme et sa capacité à tout

connaître, en tous domaines.

Il est attaché à la traduction des textes anciens qui représentent à ses yeux la perfection en matière de littérature et de philosophie.

L'humaniste entend restaurer le prestige de l’architecte dont il croit lire la justification chez Platon.

Il aime le beau qui est une voie directe vers le divin.

Volonté de rompre avec la scolastique médiévale et de prôner un retour aux textes originaux des Anciens.

Il croit enfin en la bonté et en la liberté de l’Homme.

Federico Da Montefeltro est un mécène humaniste, et le palais ducal en est l'illustration par excellence.

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Federico da Montefeltro (1420-1482) Famille de condiottieri (détient un condotta -contrat-, permettant de

lever et de commander les troupes; condotiere = chef d'armée de mercenaires). Acquit en 1377 le petit Etat papal d'Urbino (en guise de paiement pour leurs services rendus à la papauté)

Voie vers le pouvoir difficile. N'y accéda qu'à la mort de son demi frère, Oddentonio (assassiné par un de ses sujets car menait une vie de débauche:inspirait la haine).

Ne fût autorisé à entrer dans la ville qu'après avoir consenti aux volontés du peuple; dût déjouer leur complot (origine:caisses vides), et accusé d'avoir été l'instigateur du complot contre son frère;fût excommunié en 1446 par Eugène IV; n'est reconnu comte d'Urbino qu'en 1447, par Nicolas V.

Après, recherche uniquement la paix et la sécurité. Priorité: avoir la confiance de ses sujets (réduit l'impôt..). Richesses d'Urbino: les campagnes militaires.

Mais surtout, « magnificience » qu'acquit Urbino progressivement qui encourage l'orgueil civique et qui répand sa réputation.

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Un mécénat hors du commun Fortes origines culturelles et militaires de

Federico: avait acquis la connaissance des armes sous la tutelle du général Nicolo Piccino; + éducation à l'école humaniste de Vittorino de Feltre: latin, astronomie, gym, musique, maths, géométrie...

Vertus de convenance et de retenue. Importance de l'alliance des armes, et des sciences: mènent à la fortune et à la stabilité.

Federico développe par son mécénat les arts, et Urbino devient la cour idéale de la Renaissance (dès 1468, investit dans l'art plus qu'aucun autre souverain italien)

Goût prononcé pour l'art qui est indéniable, mais aussi besoin d'affirmer la légitimité de sa succession et de propager son image de souverain juste et bienveillant.

Federico da Montefeltro, détail du dyptique réalisé par Piero della Francesca.

« la lumière de l'Italie », selon

Balthazar Castiglione.

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Urbino: foyer de la Renaissance

Ville abritée derrière des remparts: souci défensif des petits états de l'Italie du Quattrocento

Palais ducal construit à flanc de colline, est à la fois défensif et accessible car il s'ouvre sur la place principale de la ville.

Élégant symbole des ambitions pacifiques de Federico.

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Plan axonométrique du palais ducal Plan qui permet de comprendre la

structure de l'édifice

Monde extérieur tenu à l'écart par les hauts murs entourant tout le palais

Cour qui donne sur la bibliothèque, puis gradation des espaces intérieurs: public (salle de Iole contenant les œuvres d'art, salle du trône); semi-privé (salle d'audience, de spectacle, des veillées); privé (appartements de la duchesse, chambre du duc, studiolo)

Renforce l'aura, le charisme et l'autorité du couple ducal.

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La cour intérieure,« Cortile Onore »

Construite de 1465 à 1479, par Luciano Laurana (venu de la cour d'Alexandre Sforza à Pesaro, se vit attribué tous les pouvoirs pour diriger et orchestrer tous les aspects de la construction et de la décoration)

Harmonie des formes, rythme cadencé unissant les différents éléments, grande luminosité due au jeu chromatique de la pierre mixte associé la brique.

espace d’une sobre élégance, où priment avant tout le sens de la mesure et de l’équilibre, rendu parfaitement par la symétrie.

- Pilastres d’angles qui portent un entablement orné d’une inscription latine à la gloire de Federico (géométrie des lettres latines s’accordent avec architecture)

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Cour intérieure du palais ducal d'Urbino

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Rez de chaussée de la cour doté d’une arcade à voûte d’arête et de colonnes corinthiennes.

Influence Antique

Juste au dessus se trouve le piano nobile= étage noble: celui où habitait la famille.

Ici se manifeste la supériorité du palais d’Urbino par rapport au palais Médicis de Florence qui présente au niveau des angles de la cour une difficulté : comment faire se rencontrer à angle droit deux arches sur une seule colonne? Laurana,ici, imagina de recourir à un pied droit en L sur lequel est plaquée à chaque angle une demi-colonne qui soutient la voûte du rez-de-chaussée. Cour intérieur du palais des Médicis

Détail de la cour intérieure du palais ducal d'Urbino

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Les deux chapelles Elles ont été construites vers 1474, et

sont situées directement sous le studiolo

Chaque salle comporte un ordre de colonnes classiques encadrant une niche « d'autel »

Mélange de références chrétiennes et humanistes qui se reflète dans ces deux chapelles car:- L'une est dédiée au Saint esprit- L'autre à Apollon, Pallas et aux 7 Muses.

On retrouve donc par ce syncrétisme les 2 intérêts majeurs animant toutes les actions du mécène:exaltation de la foi en Dieu,exaltation de la foi en l'homme.

Chapelle ducale contenant les reliques du duc, Ambrogio Barroci,1474. Située entre les deux autres chapelles.

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La bibliothèque: lieu d'affiche de la magnificence de Federico et de ses qualités humanistes.

Située au rez de chaussée, pièce très lumineuse

Présente un grand nombre de manuscrits, tous enluminés d'or et d'argent.

Authenticité des oeuvres?L'humaniste florentin Poliziano prétendait que beaucoup de transcriptions étaient assez mauvaises. A comparé cette bibliothèque à d'autres, très prestigieuses, et, en consultant le catalogue, a noté que « toutes avaient des manques ou des doublons; toutes, sauf la sienne ».

Photo de manuscrits numérisés et exposés de façon virtuelle par un procédé informatique au palais ducal d'Urbino.. La bibliothèque a donc été transférée "virtuellement" du Vatican où elle est réellement exposée.

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Des œuvres reflétant l'attitude de Federico, « nouveau riche » cultivé.

Bibliothèque qui était à l'origine peut-être décorée d'une série de tableaux représentant les arts libéraux, où Federico et d'autres grands courtisans rendent hommage aux allégories des différentes disciplines, en étant eux-mêmes honorés pour leurs travaux intellectuels.

Inscription présente au dessus du tableau très significatrice: « Ecclesie Gonfalonierius » = gonfalonier de l'Eglise, qui est le nom donné aux protecteurs établis par le pape dans les villes d'Italie.

Mise en évidence du titre honorifique reçu. Juste de Gand, La musique (1476).

Huile sur bois, 155X97cm, National Galery de Londres.

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Le studiolo: exaltation de la personnalité de Federico Crée après que Federicio fut

devenu duc, entre 1472 et 1474.

Situé entre la principale salle d'audience et les appartements privés, il répondait à un double usage:- Federico s'adonnait dans cette pièce à son désir de connaissance.- Il montrait aux dignitaires de passage la magnificence et les orientations morales de son règne.

Il fût peut-être inspiré du studietto de Piero de Medicis dans son Palazzo de la via Larga.

Studiolo qui reflète les préoccupations politiques, intellectuelles et spirituelles du duc. C'est un lieu où se rencontrent les deux composantes de la vie de l'homme d'état éclairé: action et contemplation.

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La conception du studiolo repose sur une division des murs en deux registres:- Partie inférieure des murs, revêtue de marqueterie en trompe l'oeil de Baccio Pontelli (d'après les cartons de Botticelli,-florentin-?).- Partie supérieure, ornée de 28 portraits d'hommes savants et illustres peints par Juste de Gand et Pedro Berruguete.

Partie supérieure qui a une fonction symbolique forte, car elle juxtapose poètes et philosophes, hommes d'états et politiciens: union entre la vie active et la vie contemplative, fondement majeur sur lequel se basait le despotisme éclairé de Federico.Pour Vespasiano da Bisticci il était« l'idéal chrétien de la vie active et contemplative »

Syncrétisme entre figures profanes et chrétiennes:volonté typiquement humaniste.

Choix d'un programme décoratifcomplexe, qui reflète lespréoccupations humaines etintellectuelles du commanditaire.

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"FEDERICUS.MONTEFELTRIUS.DUX.URBINI.MONTISERETRI.AC.DURANTIS.COMES.SERNISSIMI.REGIS.SICILIAE.CAPITANEUS.GENERALIS.SANCTAEQUE.ROMANE.ECCLESIAE.GONFALONERIUS.MCCCCLXXVI"

(Frédéric de Montefeltro, duc d'Urbino, comte de Montefeltro et de Castel Durante, capitaine général du roi de Sicile, gonfalonier de la Sainte Romaine Eglise, 1476).

La partie supérieure du studiolo: mise en abyme de la vie contemplative de Federico

Galerie de 28 « portraits » d'hommes illustres par Juste de Gand et Pedro Berruguete. Aujourd'hui partagés entre le Louvre et Urbino.

- Personnages profanes et chrétiens: synthèse typiquement humaniste.Platon, Aristote, Archimède, Luca Paccioli (gd mathéma- -ticien ayant vécu à Urbino) Cicéron,Homère,Pétrarque,Dante, ms aussi Moïse, St Paul, St Augustin...

- Lieu qui reflète donc les préoccupations politiques, intellectuelles et spirituelles de Montefeltro.

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La partie inférieure du studiolo: mise en abyme de la vie active de Federico

Panneaux aménagés dans les années 1465-1480.

Marqueteries en trompe l'œil où l'on retrouve l'environnement familier d'un homme à la fois de culture et de guerre (fût au service du roi de Naples, du pape, et du duc de Milan)

Nombreux objets divers, disposés sur des étagères ou dans des armoires aux portes entrouvertes: armures, livres, instruments de mesure (équerres, sabliers, compas), clavicorde...+ figures allégoriques (La charité)

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Le studiolo de Gubbio (1480-1482) Parois également recouvertes de

marqueteries, crées climat d'illusion (trompe l'œil) et d'intimité (objets dont s'entourent les princes cultivés)

Pts communs avec celui d'Urbino: portes d'armoires entrebâilles sur objets (viole, tambour, compas, sabliers, livres...

Mais différences: panneaux intermédiaires uniquement décoratifs + décor floral nouveau

On retrouve donc les marques du mécène humaniste, qui affiche clairement l'importance qu'il donne aux ≠ sciences.

Studiolo de Gubbio. Aujourd'hui à New York, au Metropolitain Museum of Art

- Réalisé par Baccio Pontelli, d'après les cartons de Francesco di Gorgio Martini (Siennois), il fût achevé après celui d'Urbino, pour Guidobaldo (inscription preuve à l'appui)

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Détails des marqueteries du studiolo à Gubbio

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La cité idéale, symbole du pouvoir « Ce n'était point un palais mais une ville en forme de

palais » Castiglione

- Vues connues sous le nom de « Perspectives Urbinates »,dont l'inspiration et peut être même l'exécution sont attribuées à Alberti. Il y en existe trois à l'origine.

- Mythe de la cité idéale, naissant de la nouvelle conscience aux problèmes architecturaux et urbanistiques (car influence des textes de Platon et d'Aristote, contenant des conseils sur l'art du « bon gouvernement »)

- Sûrement réalisée à l'intention de Federico, afin de lui montrer plusieurs variantes d'aménagement monumental d'un centre urbain selon les canons de l'architecture humaniste.

- Un des exemples les plus raffinés de l'architecture de la Renaissance italienne, accentuant la valeur courtoise et humaniste et non plus guerrière et défensive.

La Cité idéale, vers 1470 (Urbino, Galleria Nazionale delle Marche).

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Un double portrait révélateur de son commanditaire En 1472, commande à Piero della

Francesca un double portrait de lui-même et de son épouse, sous la forme d'un diptyque. Portraits en buste à l'extérieur, et scènes allégoriques à l'intérieur.

Commande vouée à la mémoire de son épouse défunte (ne s'était pas remise de la naissance de son fils).

Choix du diptyque significatif: il pouvait emporter le portrait de sa femme lorsqu'il voyageait d'un palais à un autre.

Reconnaissance éternelle envers son épouse, car c'est elle qui lui a donné son seul et unique fils, Guidobaldo: sera son héritier.

Portraits de Federico da Montefeltro et de Battista Sforza, diptique. Chaque panneau mesure 47X33 cm. Florence, Offices.

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Un mécénat assurant la continuité de sa dynastie. Prince de profil (car défiguré), mais

digne, symbole de son courage.

Prestigieux titres chevaleresques qui sont bien en vue, car il a acquis 2 prestigieuses distinctions internationales:- L'ordre de la Jarretière d'Edouard IV d'Angleterre- L'ordre de l'Hermine de Ferrante de Naples.

Portrait officiel qui exprimel'assuranceprincière acquise.Portraits de Federico da Montefeltro

et de son fils Guidobaldo, vers 1476-1477. Urbino, Galleria Nazionale delle Marche. Pedro Berruguete (?).

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Se pose en tant que défenseur de la foi chrétienne: reste d'une constante vigilance, même lorsqu'il est plongé dans la méditation savante.

Forte symbolique: enfant richement drapé, radieux dans sa robe de cérémonie,à l'image de son père.

Il porte le sceptre = futur de la dynastie qui est assuré. Celui-ci est gravé du mot « pontifex » : droit de succession accordé par le pape.

Lutrin qui porte une coiffure incrustée de perles:cadeau offert par l'ambassadeur du chah persan?

Allusion au rôle central joué par Federico lors d'une croisade internationale lors de l'appel lancépar le chah.

Mise en valeur de toutes les qualités de ladynastie des Montefeltro: fortune, stabilité,bienveillance et humanisme.

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- En Italie, le 15e siècle est marqué par la convergence probablement fortuite entre, d'une part les intérêts des princes qui désirent gagner leur crédibilité auprès de la population et les artistes en mal de notoriété.

- Il s'agissait de « faire de grandes choses »: « construire n'est rien d'autre qu'un plaisir voluptueux, comme peut en éprouver un homme amoureux; qui en fait l'expérience sait qu'il y a dans l'acte de bâtir une telle quantité de plaisir et de désir qu'autant en fasse un homme, il en voudra toujours d'avantage » (Antonio di Pietro Averlino).

- Ce siècle fut aussi celui d'autres convergences et Urbino restera l'exemple de celle qui marquera la renaissance : celles de l'art antique avec l'humanisme.

Conclusion

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Bibliographie

Alison Cole, La renaissance italienne André Chastel, Renaissance italienne 1460-1500 Bertrand Jestaz, L'art de la Renaissance. Paul Murray, L'architecture de la Renaissance italienne Encyclopédie Wikipédia Encyclopédie Universalis Site « Apparences »: http://www.aparences.net/indexb.html Patrick Boucheron, « Princes et architectes de la renaissance »,

article paru dans le numéro 197 de L'Histoire.