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Réservations – ( E / mn) – www.fnac.comRéservations –( E / mn)– www.fnac.com

Miniatures flamandes

1404-1482

flamandesFrançois-Mitterrand Paris e

mars juin bnf.fr

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Dossier de presse

Sommaire

Communiqué de presse 3

Renseignements pratiques 4

Iconographie 5

Présentation 8

Parcours de l’exposition 9

Repères chronologiques 17

Carte des Pays-Bas méridionaux 18

Scénographie 19 Publication 20

L’exposition virtuelle 21

Activités pédagogiques 22

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François-Mitterrand

6 mars I 10 juin 2012|

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Véritable âge d’or de la miniature flamande, le XVe siècle a donné une place majeure à l’art des enlumineurs. La Bibliothèque royale de Belgique et la Bibliothèque nationale de France ont réuni leurs collections pour présenter ce moment exceptionnel dans l’histoire de la « peinture de livres ». Après une première exposition présentée à Bruxelles, la BnF I François-Mitterrand dévoile quelque 90 manuscrits rarement montrés, chefs-d’œuvre de l’art flamand.

« Fruit des liens étroits qui unissent nos deux institutions, cette exposition sera l’occasion pour le public de découvrir des manuscrits parmi les plus prestigieux des collections belges et françaises, déclare Bruno Racine, président de la BnF. Elle permettra ainsi d’admirer le précieux manuscrit de la Vie de sainte Catherine d’Alexandrie, classé trésor national et récemment acquis par la BnF. »

L’art de l’enluminure atteint son apogée au XVe siècle sous l’impulsion des ducs de Bourgogne. Après la mort de Philippe le Hardi en 1404, ses héritiers étendent progressivement leur pouvoir aux anciens Pays-Bas méridionaux, constitués de nombreux territoires du nord de la France et de l’actuelle Belgique. Jean sans Peur, Philippe le Bon et Charles le Téméraire sont à la fois des mécènes et des bibliophiles actifs. Ils délaissent le foyer artistique parisien pour s’approvisionner dans leurs possessions les plus prospères, la Flandre, l’Artois, le Brabant et le Hainaut. Par goût personnel ou pour affirmer aux yeux de leurs voisins leurs visées politiques, ils s’adressent aux meilleurs enlumineurs de leur temps, contemporains de Jan Van Eyck ou Rogier Van der Weyden et c’est à Bruges, Anvers, Bruxelles mais aussi Hesdin, Lille ou Valenciennes que les manuscrits sont réalisés. La demande étant aussi soutenue par les fonctionnaires et ecclésiastiques de haut rang, les courtisans ou les bourgeois fortunés, la production du livre enluminé va connaître un essor sans précédent.Ces manuscrits enluminés sont des œuvres collectives confectionnées dans des ateliers urbains selon une division du travail aboutie. Les volumes sont de grand format pour la plupart, calligraphiés d’une écriture belle et lisible, pourvus d’un décor luxueux. Leur contenu littéraire est essentiellement de langue française, souvent profane : traités moraux, traductions de textes antiques, hagiographies, mais aussi épopées chevaleresques et romans. Les œuvres sont souvent inédites et leur iconographie toujours rare.L’intérêt des manuscrits présentés va cependant au-delà de leurs superbes ou étonnantes miniatures. Ils nous informent sur leurs commanditaires et le contexte de leur production. Ils témoignent non seulement du faste de la cour de Bourgogne et des ambitions politiques des ducs, mais aussi de l’apparition d’une esthétique nouvelle, sensible et picturale, à la recherche d’effets réalistes ou expressifs.

De l’art chatoyant et gracieux du Maître de Guillebert de Mets au style expressionniste du Maître de la Chronique d’Angleterre ou la légère ironie des dessins aquarellés du Maître de Wavrin, la richesse et la variété des œuvres dessinent un âge d’or de la miniature flamande auquel cette exposition rend hommage. Le manuscrit de la Vie de sainte Catherine de Simon Marmion, l’un des plus grands artistes du XVe siècle en Europe et dont les collections nationales ne possédaient jusqu’ici aucune œuvre majeure, sera l’un des fleurons de l’exposition.

Communiqué de presse

Miniatures flamandes1404 -1482

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_______________________Dates 6 mars - 10 juin 2012

_____________________Lieu BnF I François-Mitterrand Galerie François Ier

Quai François-Mauriac - Paris XIIIe

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Horaires Du mardi au samedi 10h -19h Dimanche 13h -19h Fermé lundi et jours fériés Entrée : 7 euros, TR : 5 euros Réservations FNAC Tél: 0892 684 694 (0.34 euros TTC / mn), www.fnac.com

_____________________Commissariat Ilona Hans-Collas et Pascal Schandel, chargés de recherche à la BnF

_____________________Coordination Anne-Hélène Rigogne, service des expositions, BnF

_____________________Scénographie Véronique Dollfus

Graphisme Atelier Jeanne Bovier-Lapierre

_____________________Publication Miniatures flamandes, 1404 -1482 Sous la direction de Bernard Bousmanne et Thierry Delcourt

avec la collaboration d’Ilona Hans-Collas, Pascal Schandel, Céline Van Hoorebeeck et Michiel Verweij 463 pages, 324 illustrations, 49 euros Coédition : Bibliothèque nationale de France / Bibliothèque royale de Belgique _____________________

Visites guidées Renseignements et réservation au 01 53 79 49 49

_____________________Contacts presse Claudine Hermabessière, chef du service de presse 01 53 79 41 18 - [email protected]

Hélène Crenon, chargée de communication presse 01 53 79 46 76 - [email protected]

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Miniatures flamandes 1404 -1482

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Visuels libres de droits

disponibles dans le cadre de la promotion de l’exposition et pendant la durée de celle-ci.

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Iconographie

L’Apocalypse : épisodes de la vie de saint Jean l’Evangéliste, courant pré-eyckien, début XVe siècle.BnF, dpt des Manuscrits

Coudrette, Roman de Mélusine :Mélusine, transformée en dragon, survole le château de Lusignan. Enlumineur : Maître de Guillebert de Mets, vers 1420-1430.BnF, dpt des Manuscrits

Saint Augustin, La Cité de Dieu : Nemrod fait édifier Babylone.Enlumineur : Maître de Guillebert de Mets, vers 1420-1435. Bibliothèque royale de Belgique

Jacques de Guise, Chroniques de Hainaut : Philippe le Bon recevant en conseill’hommage des Chroniques de Hainaut.Enlumineur : Rogier Van der Weyden, 1446.Bibliothèque royale de Belgique

Nicolas Finet, Benois seront les misericordieux : Marguerite d’York en prière devant l’église Sainte-Gudule de Bruxelles.Enlumineur : Maître du Girart de Roussillon, vers 1468BnF, dpt des Manuscrits

Guillaume Fillastre, Histoire de la Toison d’or : chapitre de l’ordre de la Toison d’or présidé par Charles le Téméraire.Enlumineur : Maître aux inscriptions blanches, entre 1475 et 1485. Bibliothèque royale de Belgique

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Grand Armorial équestre de la Toison d’or : le duc de Bourgogne,vers 1435-1438. BnF, Bibliothèque de l’Arsenal

Benvenuto da Imola, Romuléon : la flotte carthaginoise prête à affronter l’armée romaine.Enlumineur : Maître aux grisailles fleurdelisées, vers 1468. Bibliothèque royale de Belgique

Raoul Lefèvre, Recueil des histoires de Troie :mariage de Jupiter avec sa sœur Junon.Enlumineur : Maître de la Chronique d’Angleterre, vers 1470-1480.BnF, dpt des Manuscrits

Jean Miélot, Miracles de Notre-Dame : la Vierge venant au secours d’une pécheressetourmentée par des diables.Enlumineur : Lievin Van Lathem, après 1456. BnF, dpt des Manuscrits

Roman de Jean d’Avesnes : un homme invité dans une bibliothèque y examine l’un des volumes. Enlumineur : Maître de Wavrin, vers 1452-1460.BnF, dpt des Manuscrits

Bréviaire de Philippe le Bon :la Nativité, Enlumineur : Jean Le Tavernier, vers 1460-1465.Bibliothèque royale de Belgique

Jean Chartier, Chronique du règne de Charles VII : cortège funéraire de Charles VI.Enlumineur : Philippe de Mazerolles, entre 1470 et 1479.BnF, dpt des Manuscrits

Jean Froissart, Chroniques : prise de Caen par les Anglais.Enlumineur : Loyset Liédet, vers 1475.BnF, dpt des Manuscrits

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Barthélemy l’Anglais, Le Livre des propriétés des choses : Jean Corbichon remet sa traduction au roi Charles V.Enlumineur : Maître d’Antoine de Bourgogne, vers 1465-1475.BnF, dpt des Manuscrits

Jacques Legrand, Le Livre de bonnes mœurs : chute des anges rebelles.Enlumineur : Maître d’Antoine de Bourgogne, vers 1465-1475.BnF, dpt des Manuscrits

Pierre d’Ailly, Jardin de vertueuse consolation : la sainte Âme reçue par Obédience et les quatre vertus cardinales.Enlumineur : Maître de Marguerite d’York, vers 1470-1480.BnF, dpt des Manuscrits

René d’Anjou, Livre des tournois : revue des heaumes à l’intérieur d’un cloître.Enlumineur : Maître du Livre de prières de Dresde, vers 1480-1488.BnF, dpt des Manuscrits

Flavius Josèphe, Antiquités judaïques : la mort d’Absalom.Enlumineur : Maître du Boèce flamand, 1483.BnF, dpt des Manuscrits

Jean Miélot, Vie de sainte Catherine :L’empereur Maxence ordonnant la flagellation de la sainte.Enlumineur : Simon Marmion, vers 1475BnF, dpt des Manuscrits © Christie’s

Jean Miélot, Vie de sainte Catherine :L’empereur Maxence débattant avec son épouse convertie.Enlumineur : Simon Marmion, vers 1475BnF, dpt des Manuscrits © Christie’s

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Présentation

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Un partenariat international

Réunissant leurs prestigieuses collections, la Bibliothèque royale de Belgique et la Bibliothèque nationale de France se sont associées pour présenter un panorama exceptionnel de la miniature flamande à travers deux expositions complémentaires, la première à Bruxelles (30 septembre - 31 décembre 2011) et la seconde à Paris, du 6 mars au 10 juin 2012. Les deux institutions présentent dans chaque lieu des manuscrits différents mais proposent un catalogue commun. Parmi les 90 manuscrits exposés par la Bibliothèque nationale de France, 21 ont été prêtés par la Bibliothèque royale de Belgique, parmi lesquels des pièces exceptionnelles : Les Chroniques de Hainaut, Les Conquêtes et chroniques de Charlemagne, le Bréviaire de Philippe le Bon ou encore Benois seront les misericordieux, un manuscrit commandé par Marguerite d’York.

L’exposition à la Bibliothèque nationale de France

La dernière exposition en France consacrée à la miniature flamande remonte à 1959. Depuis lors, des artistes ont été localisés, d’autres découverts, de nouveaux manuscrits sont apparus, la cartographie de la miniature s’est précisée ; des commanditaires ont été identifiés et leurs bibliothèques reconstituées ; l’étude des conditions de production des manuscrits et de leur iconographie a été renouvelée. Cinq décennies plus tard, l’exposition de la BnF dresse un bilan, à travers 90 chefs-d’œuvre, célèbres ou inédits, retenus comme exemplaires. Leurs couleurs rehaussées d’or et d’argent ont conservé leur éclat d’origine, et leur richesse matérielle n’a d’égale que la virtuosité stylistique des artistes.L’exposition invite à un jeu de rapprochements et de confrontations, d’autant plus riche que les deux institutions partenaires ont réuni leur fonds respectifs pour présenter un ensemble de manuscrits que l’Histoire avait dispersés.

La Vie de sainte Catherine d’Alexandrie

L’acquisition par la BnF en 2011 de La Vie de sainte Catherine d’Alexandrie, un manuscrit inédit de Simon Marmion, l’un des plus grands enlumineurs du XVe siècle, donne une couleur particulière à cette manifestation. Présentée en début d’exposition, cette pièce entre en résonance avec d’autres manuscrits exposés : les propres œuvres de l’auteur, Jean Miélot, l’exemplaire de Philippe le Bon qui servit de modèle, ou encore d’autres ouvrages de Marguerite d’York, épouse de Charles le Téméraire, qui fut la commanditaire du volume.

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Parcours de l’exposition

L’exposition s’ouvre avec le manuscrit de la Vie de sainte Catherine d’Alexandrie de Simon Marmion et présente en son cœur les Chroniques de Hainaut peintes par Roger Van der Weyden. La première partie, à caractère historique, évoque le mécénat littéraire et artistique, le rôle des bibliophiles, leur milieu et leurs aspirations. La deuxième, consacrée aux questions artistiques, souligne la spécificité de la miniature, notamment les pratiques d’ateliers qui voient naître des œuvres collectives ou des techniques particulières, comme la « grisaille ». Complétant ce parcours, une « galerie d’artistes » présente des personnalités telles que Willem Vrelant, Jean Le Tavernier, Loyset Liédet ou des artistes anonymes, qui ont porté au plus haut, avec leur style propre, l’art de l’enluminure.Le visiteur découvrira également des pièces qui dialoguent avec les manuscrits : monnaies et médailles présentant les effigies ou les emblèmes des ducs de Bourgogne, reliure originale, portrait de Philippe le Bon et inventaire de sa bibliothèque.

Miniatures flamandes 1404 –1482 : un âge d’or

L’art de la miniature flamande connaît au XVe siècle un développement et un épanouissement exceptionnels sous l’effet d’une double conjonction économique et politique.

Les anciens Pays-Bas méridionaux comportaient de nombreux territoires, progressivement réunis sous l’autorité des ducs de Bourgogne. Au cours du siècle, Philippe le Hardi, Jean sans Peur, Philippe le Bon et Charles le Téméraire gagnèrent peu à peu en indépendance et constituèrent une entité territoriale autonome étendue, correspondant au Nord de la France et à l’actuelle Belgique. L’ensemble des œuvres qui y virent le jour sont dites « flamandes ». Le mot, employé dans son sens le plus large, ne concerne donc pas seulement le comté de Flandre. Ces régions fortement urbanisées connurent une prospérité favorisée par l’industrie drapière et le commerce maritime et international. Les arts somptuaires s’y développèrent : orfèvrerie, tapisserie, peinture de chevalet, manuscrits enluminés. La miniature flamande triompha sous Philippe le Bon et Charles le Téméraire. L’exposition embrasse donc une période qui commence sous le règne de Jean sans Peur (1404) et s’achève avec la disparition de Marie de Bourgogne (1482), dernière héritière de la dynastie bourguignonne.

La mosaïque des états bourguignons et le particularisme des villes favorisèrent l’émergence de styles locaux. On ne peignait pas à Lille comme à Gand. Les centres de productions étaient nombreux, certains plus importants et mieux organisés que d’autres. Bruges par exemple, attirait des enlumineurs venant de tous les horizons géographiques. Enfin, dans le contexte économique favorable, le mécénat ducal encouragea la mobilité des artistes et la circulation des œuvres. L’art de cour développa ainsi des spécificités esthétiques propres.

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La commande

À l’automne du Moyen Âge, le commerce du livre enluminé propose à la vente des livres faits, pour l’essentiel des livres d’heures que l’acheteur peut, s’il en a les moyens, faire personnaliser par quelques ajouts. Mais les titres originaux et les volumes les plus luxueux relèvent de la commande. Ils sont le fait de bibliophiles actifs qui encouragent la création littéraire. Les ducs entretiennent une administration abondante, un personnel de clercs et de lettrés prêts à produire de nouveaux titres de leur propre initiative, sur ordre de leur maître ou pour répondre à l’incitation de courtisans. Quelques personnalités se détachent : Jean Wauquelin, libraire à Mons promu « valet de chambre » ; Jean Miélot, « secrétaire au honneur », nommé chanoine de Lille ; David Aubert lié par des attaches familiales à l’administration ducale. Leurs œuvres, parfois soumises à examen, offrent aux princes un miroir flatteur et ont un contenu ou une fin politique. Pour l’illustration, les ducs peuvent ensuite compter sur des peintres pensionnés, les « valets de chambre », ou faire appel aux artistes membres des corporations.Les manuscrits comportent des images de dédicace où le commanditaire est représenté recevant le livre dans des mises en page élaborées. L’image du souverain idéalisé, favorisant les lettres, s’accompagne d’une prolifération d’emblèmes dont les combinaisons multiplient la grandeur du dédicataire. Les Chroniques de Hainaut en offrent l’exemple le plus remarquable.

La « Librairie » de Philippe Le Bon

Philippe le Bon succède à Jean sans Peur en 1419 et hérite des 248 ouvrages de la bibliothèque ducale fondée par Philippe le Hardi. Lui-même ne devint un bibliophile actif que plus tard, vers 1446, en commandant plusieurs ouvrages soutenant ses ambitions politiques : chroniques régionales, vies de héros antiques ou légendaires auxquels le souverain peut s’identifier. Ce mécénat littéraire génère des œuvres inédites, des traductions et des mises en prose, en même temps qu’une certaine standardisation vers le haut des manuscrits enluminés. En plus de leur décor, les livres ont un aspect ostentatoire : très grand format, écriture gothique grande et lisible, mise en page aérée, structure des textes soulignée par un décor enluminé très normé. Cette bibliothèque qui comptait une majorité d’ouvrages profanes à caractère luxueux fut sans équivalent au nord des Alpes. L’inventaire dressé à sa mort en 1467 fait état de 865 volumes auxquels il faut ajouter quelques dizaines d’autres non recensés. Certains livres étaient restés sans enluminure. Il revint à Charles le Téméraire de les faire achever.

Les bibliophiles

Les ducs entretiennent une cour fastueuse qui favorise à son tour la production de livres enluminés, réclamant les mêmes titres ou en suscitant d’autres. Aux familiers, s’ajoutent les membres de la haute noblesse. Certains sont suiveurs, d’autres affichent des goûts plus personnels dans les titres sélectionnés et le choix des artistes. Les moins fortunés ne sont pas les moins inventifs. Parmi les personnalités présentées : Charles le Téméraire qui, comme son père, considère la bibliothèque comme un instrument de pouvoir ; son demi-frère, Antoine de Bourgogne, sans originalité mais à la bibliophilie tapageuse ; son épouse Marguerite d’York, dont les commandes sont davantagetournées vers les ouvrages de piété et de dévotion, à l’image des femmes de son temps ; Louis de Bruges, dont la bibliothèque vaste et homogène, échut au roi Louis XII ; Jean de Croÿ ou Jean de Créquy, ce dernier privilégiant l’originalité des titres plus que le luxe des volumes.

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La Toison d’or

La Toison d’or est un ordre de chevalerie fondé à Bruges, en 1430, par Philippe le Bon à l’occasion de son mariage avec Isabelle de Portugal. Réservé aux nobles les plus importants de sa cour ou aux princes étrangers, ses membres s’engageaient à faire vivre l’idéal de la chevalerie et à défendre la foi. Le coup de génie fut d’abandonner les vieux mythes arthuriens pour placer cet ordre nouveau sous le symbole de la Toison d’or, conquise en Colchide par Jason selon la mythologie grecque, même si dès l’année suivante, Gédéon, personnage biblique, fut convoqué pour donner une couleur plus chrétienne à l’institution. La valeur du héros antique ajoutée au faste de la cour de Bourgogne conféra un rayonnement particulier à l’ordre qui survécut à la mort de Charles le Téméraire. La Toison d’or donnera lieu à une production livresque, une iconographie originale , un langage riche et emblématique à hauteur des ambitions ducales.

L’antiquité révisitée

La production littéraire à la cour de Bourgogne accorde une place importante à l’Antiquité, mais celle-ci est rêvée, vue à travers le filtre médiéval où l’histoire et la légende se confondent. On y cherche des personnages, réels ou imaginaires, offrant des exemples à méditer ou à imiter : Jason, Alexandre, Hercule, César. Ces emprunts à la matière antique, qui raniment aussi l’intérêt pour l’Orient, nourrissent un imaginaire encore chevaleresque. Les miniatures ne montrent aucun souci archéologique et les textes qui circulent sont diffusés dans des versions françaises très remaniées. Ils sont composites (compilations et textes glosés) ou coexistent avec quelques traductions plus rigoureuses entreprises sous Charles le Téméraire. Jean Du Quesne traduit les Commentaires de César, et Vasque de Lucène la Vie d’Alexandre de Quinte Curce. Il n’y a cependant guère de rapport avec l’humanisme italien qui privilégie le goût pour la langue classique, la critique rigoureuse des sources et la redécouverte des auteurs grecs. À la cour de Bourgogne, l’Antiquité présente d’autres attraits.

La pratique des enlumineurs

Dans l’histoire générale de l’art, le XVe siècle est celui des « primitifs flamands ». Il est associé à l’invention de la peinture à l’huile, à sa facture lisse et aux conquêtes picturales de l’illusionnisme. Pourtant d’autres arts figurés, la tapisserie et la miniature, connaissent dans les Pays-Bas méridionaux un essor comparable. Si les tentures nous sont parvenues en petit nombre ou fanées, les manuscrits livrent un exceptionnel répertoire d’images. Leur nombre et la variété de leurs sujets sont sans équivalent. Elles nous sont parvenue intactes.

L’enluminure d’un manuscrit suppose plusieurs tâches de difficultés variables qui peuvent être exécutées par une même personne ou réparties entre différents exécutants, selon la qualification de chacun. Il faut distinguer l’image figurée (la miniature) du décor peint (l’enluminure). Lui-même inclut les marges enluminées (bordures et encadrements), les initiales ornées et divers signes d’écriture colorés. La division du travail et la collaboration sont monnaie courante à l’intérieur d’un même atelier et supposent l’apprentissage de techniques spécifiques liées aux supports (parchemin ou papier) et aux matériaux (or, argent et pigments). Aussi ce travail est-il à l’ordinaire le fait de spécialistes.Quelques peintres de chevalet s’y adonnent ponctuellement ou de façon plus régulière comme Simon Marmion, mais beaucoup d’enlumineurs se livrent exclusivement à leur art guidés par les contenus du texte et l’espace de la page. A la cour de Bourgogne, la nécessité d’illustrer des œuvres littéraires inédites encouragea la création d’une iconographie nouvelle et la qualité des commanditaires l’expression des artistes les plus doués.

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Un art de la narration

La miniature utilise deux techniques. La peinture sur parchemin, comparable à la technique de la gouache, est à la détrempe et présente des couleurs couvrantes, intenses et vives. La peinture sur papier privilégie quant à elle le dessin aquarellé aux couleurs liquides. Le choix du second support, plus économique, peut aussi avoir des raisons esthétiques. Les feuillets déreliés du Roi Modus et du Gérard de Nevers offrent deux exemples de ces techniques et de leurs ressources. Dans le premier cas, un art naturaliste servi par une touche apparente et nerveuse, dans l’autre une stylisation des formes, des croquis vifs et suggestifs.Ces images témoignent de cycles illustratifs fournis et cohérents ; le premier, à caractère encyclopédique, inventorie les techniques de chasse ; l’autre, romanesque, développe sur un mode narquois plusieurs scènes d’une même séquence. Le sens de chaque image augmente au regard de celle qui la précède ou la suit. La miniature ne se réduit donc pas à un simple tableau. Elle souligne aussi les grandes subdivisions du texte : parties et chapitres. Les frontispices, au début des manuscrits, font également l’objet d’un soin particulier. Ils illustrent la matière du prologue avec des informations sur l’auteur ou le destinataire. Les volumes de Jean d’Avesnes et de La Pénitence d’Adam ouverts sur leur première page permettent l’examen et la confrontation de sujets identiques traités par des artistes différents.

Les œuvres collectives

La production des manuscrits suppose de nombreux intervenants et une division des tâches à l’intérieur d’un atelier pour la peinture des initiales, celle des bordures et celle des miniatures. Il n’est pas rare qu’un livre soit illustré par plusieurs mains de style très différent. Le travail peut être mené de front, par un partage des cahiers, pour satisfaire rapidement une commande. Plusieurs années d’intervalle peuvent séparer deux campagnes d’illustration. Les ouvrages comportant plusieurs volumes autorisent la comparaison des mains. Il en va ainsi du Bréviaire de Philippe le Bon et des Histoires romaines. Dans le second cas, le paiement ducal, présenté dans l’exposition, nous révèle l’identité du principal artiste, Loyset Liédet ; à charge pour lui de rémunérer son collaborateur, qui pour cette raison est resté anonyme. Le Miroir de la salvation humaine au programme iconographique abondant offre sur une double page la possibilité d’une confrontation entre deux artistes pratiquant deux techniques différentes.

La grisaille

C’est à Paris que cette technique connaît un essor aussi subit que brillant avec les Heures de la reine Jeanne d’Evreux, peintes par Jean Pucelle entre 1325 et 1328, suivies d’autres œuvres majeures pendant tout le XIVe siècle. Le flambeau est ranimé au milieu du siècle suivant à la cour de Bourgogne. Le phénomène est général, concerne tous les titres et tous les artistes. Ces images « de blanc et de noir » sont souvent rehaussées d’or ou, si ce sont des semi-grisailles, de quelques couleurs pour les carnations et le ciel. La grisaille est un exercice de virtuosité où le naturalisme flamand est mis à l’épreuve d’un procédétechnique hautement artificiel. La gamme des gris se substitue à celle des couleurs, suggère la lumière et sculpte les volumes. Le blanc est obtenu par de la céruse de plomb, le noir est une encre fabriquée à partir de la noix de galle et des sulfates de fer. D’autres arts offrent à la même époque des exemples de camaïeux : des émaux noirs et or, des vitraux rehaussés de jaune, et des tableaux figurant des personnages comme statufiés.

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Un cas d’école : Philippe de Mazerolles, libraire et chef d’atelier

L’artiste qui porte un patronyme français est attesté à Paris en 1454 où il fait commerce d’un « tableau d’or », probablement un retable. On le trouve plus tard en Flandre où il est promu en 1467 « valet de chambre » de Charles le Téméraire. Installé à Bruges, il devient membre de la guilde des enlumineurs à partir de 1469 et y reste jusqu’à sa mort en 1479. Au vu des archives, son travail pour Charles le Téméraire consista dans l’achèvement d’un livre d’heures (1467-1468) et la production de 21 exemplaires des Ordonnances militaires (1475). Enfin Édouard IV, roi d’Angleterre, le rémunère en une fois pour plusieurs volumes luxueux (1479). En résumé, le peintre est apte à fournir des lots de manuscrits dans des délais contraints, ce qui suppose une expérience du métier, un talent d’organisateur et la mobilisation de collaborateurs. Son style propre qui se situe dans une tradition parisienne reste imperméable à l’art illusionniste et aux effets de lumière. Il est le peintre des édifices parisiens, du cérémonial de cour et des armoiries. Il impose un type de décor marginal, aux acanthes ligneuses, repris par ses collaborateurs. Les manuscrits exposés se partagent à part égale entre les siens propres et ceux de son équipe.

Galerie d’artistes

Les prémices

Les manuscrits produits à la fin du XIVe siècle et au début du XVe siècle, avant le mécénat ducal, présentent des caractéristiques stylistiques qui sont encore gothiques, des sujets souvent religieux et des formats variés. L’influence de l’art parisien y est sensible même si des notes plus locales commencent à poindre : un goût pour les figures typées, des détails empruntés au quotidien, le sens de l’anecdote mais à l’intérieur d’un cadre formel très contraint. Les spécialistes désignent cette production comme « pré-eyckienne ». Elle est antérieure à l’œuvre de Jan Van Eyck et ne recherche pas les effets illusionnistes, dont ce peintre est le plus grand initiateur. En un mot, elle est antérieure à la révolution picturale de l’ars nova des primitifs flamands et le fait d’artistes anonymes. Un art plus suave se développe dans le second quart du XVe siècle, avec les Maîtres aux rinceaux d’or dont la production de livres d’heures, essentiellement brugeoise et massive, s’exporte même à l’étranger. Des ramages souples et dorés ou des motifs quadrillés occupent le fond de l’image dont l’espace reste conventionnel. En parallèle, les Maîtres de Guillebert de Mets proposent à Gand des formules plus inventives. Leurs ciels argentés, graduellement colorés, montrent une exceptionnelle maîtrise technique. Leur art, plus ambitieux, touche la cour de Bourgogne. Jean sans Peur lui-même a pour libraire Guillebert de Mets, très impliqué dans la copie et la diffusion de titres nouveaux.Une nouvelle page s’ouvre dans l’histoire de la miniature.

Les artistes

Les peintres enlumineurs sont actifs en milieu urbain et organisés en ateliers sous la direction d’un maître, dans un cadre souvent familial. Ils sont réunis dans des corporations de métiers. À Bruges, par exemple, les enlumineurs rejoignent la corporation des libraires en 1454, preuve de l’essor de l’industrie du livre dans cette ville. Les documents à caractère réglementaire qui émanent de ces institutions, nous informent seulement sur leur communauté et leur organisation. Les noms des peintres sont connus, pas leurs œuvres… Les manuscrits ne sont pas signés par les artistes qui les enluminent. L’anonymat est de règle.

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Beaucoup portent aujourd’hui des noms de convention forgés sur le titre d’une œuvre littéraire (Maître de la Chronique d’Angleterre), le nom d’un commanditaire (Maître de Wavrin) ou une caractéristique stylistique (Maître aux grisailles fleurdelisées).Les artistes qui ont travaillé pour les ducs de Bourgogne ont quelque chance que leurs œuvres soient identifiées, car l’administration ducale produit des documents (livres de comptes, ordres de paiement ou quittances). Un peintre peut y être nommé avec le titre de l’œuvre pour laquelle il est payé. Si le descriptif du manuscrit est assez précis et mentionne, par exemple, le nombre de miniatures, le livre peut être retrouvé et attribué. Enfin, à la cour de Bourgogne, certains artistes « valets de chambre » perçoivent une rente plus ou moins régulière et montrent alors une certaine indépendance vis-à-vis des corporations.

Galerie d’artistes : quelques exemples

Willem Vrelant Activité attestée : Utrecht, 1449, Bruges, 1454 -1481

L’artiste est originaire de Vreeland, bourg situé au nord d’Utrecht, qui lui donna son nom. Il s’installe à Bruges où on le sait présent dès 1454 car il est l’un des membres importants de la guilde des enlumineurs. Il fait aussi partie de la confrérie Notre - Dame - des - Neiges, rassemblant l’élite de la cité. A sa mort, sa femme, poursuit l’activité de l’atelier. Lui-même est payé pour le deuxième tome des Chroniques de Hainaut ; son œuvre nous est donc connue.Sa production prolifique évoque à ses débuts l’art parisien et présente encore des similitudes avec ses prédécesseurs brugeois, les Maîtres aux rinceaux d’or. Il développe cependant une maîtrise technique et une facture soignée qui lui valent un succès durable à la cour de Bourgogne. La commande ducale le pousse à développer une iconographie innovante pour des cycles profanes et hagiographiques. Son style méticuleux aux coloris harmonieux a été galvaudé par de nombreux imitateurs.

Jean Le TavernierActivité attestée : Audenarde, 1449 - 1462

Jean Le Tavernier est issu d’une famille de peintres établie à Audenarde, ville située au sud de Gand. On le sait membre de la guilde des archers de Saint-Georges. Son implantation locale ne l’empêche pas d’avoir pour client privilégié Philippe le Bon. Il participe aux préparatifs artistiques du banquet du Faisan de Lille, en 1454, et un paiement ducal de 1460 permit d’identifier l’une de ces œuvres majeures. Il meurt en 1462.Son style se reconnaît dans d’autres manuscrits ducaux de grande qualité. Plusieurs sont en grisaille et témoignent de la virtuosité de l’artiste. Mais celui-ci ne néglige pas non plus les commandes plus modestes par le format ou destinées à une clientèle locale. Même dans cette production, l’influence de Robert Campin, peintre tournaisien, reste sensible. Ses figurines sont poupines et un peu maniérées. Le Tavernier met son pinceau souple au service d’un réalisme délicat.

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Loyset LiédetActivité attestée : Hesdin, 1460, Bruges, 1468 -1478, Lille, 1483

Les comptes ducaux conservent de nombreux paiements à Loyset Liédet pour des manuscrits aujourd’hui identifiés. Il signa d’ailleurs l’un d’eux, selon une pratique inhabituelle pour l’époque, preuve de sa notoriété ou de l’estime que lui-même portait à son art.D’abord actif à Hesdin et déjà sollicité par Philippe le Bon, l’artiste s’installe dans le foyer artistique brugeois lorsque Charles le Téméraire lui confie un lot de manuscrits laissés inachevés à la mort de son père. En s’inscrivant à la guilde des enlumineurs, Liédet peut y exercer le métier, tenir un atelier et engager des aides pour satisfaire rapidement cette commande (1468 -1472). Il accède aussi à une clientèle plus élargie comprenant Louis de Bruges. Il est tardivement attesté à Lille avec son frère Husson, lui aussi peintre.Son style connut plusieurs phases mais fut essentiellement narratif, près des textes à illustrer. Ses compositions, d’abord détaillées et abondantes, se simplifièrent au profit d’un pittoresque de bon aloi. Un trait de contour net et des couleurs franches peu modelées l’ont parfois fait considérer comme l’ancêtre d’Hergé, adepte de la « ligne claire ».

Le Maître d’Antoine de BourgogneActif à Bruges vers1465 -1475

Ainsi désigné pour avoir illustré trois manuscrits du fils bâtard de Philippe le Bon, le Maître d’Antoine de Bourgogne, est un artiste hors pair, dont la clientèle était prestigieuse. Par-delà leur sujet ou l’anecdote illustrée, ses miniatures révèlent une vision puissante et personnelle. La vérité des physionomies, la suggestion de la lumière, le rendu des matières sont poussés à un rare point de perfection. Pourtant, son œuvre n’est pas à proprement parler réaliste. La peinture des apparences n’est pas l’objet premier du maître. Celles-ci sont mises au service de son imagination inquiète. Les compositions abritent des détails insolites, des personnages de dos ou écrasés par une perspective surplombante, des actions étrangères à la scène principale. Le peintre se détourne de la grâce pour privilégier le pathos. Les visages masculins sont volontiers anguleux et émaciés. Le teint peut tendre vers le jaune ou le vert, selon un arbitraire assumé. Enfin, l’artiste exalte la part surnaturelle des sujets religieux pour en proposer de saisissantes images.

Le Maître de Marguerite d’YorkActif à Bruges vers 1470 -1480

Le Maître de Marguerite d’York fut assez mal dénommé d’après un recueil de dévotion de Marguerite d’York, alors que son principal commanditaire fut Louis de Bruges pour lequel il réalisa une vingtaine d’ouvrages essentiellement profanes. L’artiste recourt tantôt à des couleurs très lavées laissant deviner par endroit un dessin préparatoire, tantôt à une facture plus épaisse et soignée pour les ouvrages de petits format. Le peintre, qui a le sens du drame, valorise l’action et ses personnages, retient des vues plongeantes, recherche plus les effets expressifs de la couleur que la perfection du dessin. Sa production abondante suppose des collaborations au moins pour le décor secondaire. Les encadrements sont l’œuvre de trois mains différentes, ici toutes représentées. Il y a les bordures comportant des motifs linéaires et secs, celles aux couleurs tendres abritant des oiseaux, enfin, celles aux acanthes rondes, d’un bleu soutenu. Aucun de ces décors n’est l’exclusivité du maître. Tous sont susceptibles de figurer dans la production brugeoise courante de cette époque.

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Le Maître de WavrinActif à Lille vers 1450 -1467

Le Maître de Wavrin est un artiste à part car sa veine est d’abord humoristique ; cela n’est possible que parce qu’il peint sur papier et recourt à la technique du dessin aquarellé. D’un trait alerte, il dessine à la plume et à l’encre les contours des objets et des êtres, il les rehausse de quelques lavis colorés, posés au pinceau, laissant l’essentiel de l’image en réserve. Une grande économie de moyens pour beaucoup d’effets, c’est à cet écart que se mesure le talent de l’artiste.Les œuvres qu’il illustre sont des romans de chevalerie produits à la cour de Bourgogne. Il est le premier à les illustrer, parfois même le seul. Il se tient donc près de la fabrique littéraire qui le fournit. On peut même supposer que certains de ces romans n’auraient pas vu le jour, si on n’avait pu compter sur ses illustrations. Ce phénomène se produit à Lille, dans l’entourage de Jean de Wavrin, dont les armoiries figurent sur la moitié de sa production. L’artiste lui doit son nom de convention.

Quand la miniature devient tableau

Charles le Téméraire meurt tragiquement sous les murs de Nancy en 1477, suivi de peu par sa fille, Marie de Bourgogne en 1482. La production de livres manuscrits se maintient cependant avec le même niveau d’exigence et la même abondance sous leurs héritiers de la maison de Habsbourg : Maximilien Ier et Philippe le Beau. La littérature suscitée par les anciens souverains est encore prisée par l’aristocratie fidèle à la « culture bourguignonne » et à son vecteur : le livre enluminé sur parchemin. D’ailleurs, la bourgeoisie enrichie, les ecclésiastiques et les marchands étrangers l’avaient à leur tour adopté. Auprès de cette large clientèle, le manuscrit, considéré comme un objet de prestige, souffre peu de l’essor de l’imprimerie.La révolution s’opère en revanche sur un plan artistique. Un nouveau style voit progressivement le jour ; il est dit « ganto-brugeois » ; Gand et Bruges sont alors les deux plus gros centres de production. Les encadrements, dorés ou colorés, se remplissent de fleurs coupées, d’oiseaux et d’insectes peints en trompe-l’œil. Plus fondamentalement, les miniatures sont peu à peu conçues selon la même esthétique illusionniste que les tableaux de chevalet. La miniature s’affranchit du plan de la page et devient une fenêtre ouverte sur un espace tridimensionnel. Chez les peintres les plus doués, des couleurs plus mélangées mises au service d’une facture très fine servent, par exemple, à l’évocation de paysages réalistes. Gérard David, Simon Bening et bien d’autres se livrent à des exercices de virtuosité. Autant d’évolutions qui transforment la miniature en un véritable tableau.Une page se tourne...

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1404 Mort de Philippe le Hardi et avènement de Jean sans Peur

1407 Louis d’Orléans, chef du parti Armagnac, assassiné par les Bourguignons

1415 Bataille d’Azincourt, victoire anglaise

1417 Élection du pape Martin V, fin du Grand Schisme d’Occident

1419 Assassinat de Jean sans Peur par les Armagnacs

1420 Traité de Troyes. Philippe le Bon reconnaît Henri V, roi d’Angleterre, comme roi de France

1425 Création de l’université de Louvain

1429 Sacre de Charles VII à Reims

1430 Mariage de Philippe le Bon et d’Isabelle de Portugal Fondation de l’Ordre de la Toison d’or à Bruges par Philippe le Bon Jeanne d’Arc livrée aux Anglais par les Bourguignons

1435 Traité d’Arras, paix entre Philippe le Bon et Charles VII

1453 Prise de Constantinople par les Ottomans Fin de la guerre de Cent ans

1454 Banquet du Faisan à Lille, projet de croisade de Philippe le Bon

1455-1485 Guerre des Deux-Roses entre les maisons de Lancastre et d’York

1461 Édouard IV, frère de Marguerite d’York, roi d’Angleterre Avènement de Louis XI

1467 Mort de Philippe le Bon à Bruges

1468 Mariage de Charles le Téméraire et de Marguerite d’York

1473 Création du Parlement et de la Chambre des comptes de Malines

1476 Défaite de Charles le Téméraire à Grandson et Morat face aux confédérés suisses

1477 Défaite et mort de Charles le Téméraire à Nancy Grand Privilège de Marie de Bourgogne : les villes retrouvent leurs libertés

Suppression du Parlement et de la Chambre des comptes de Malines Mariage de Marie de Bourgogne et de Maximilien d’Autriche

1482 Mort de Marie de Bourgogne à Bruges, suite à une chute de cheval

Repères chronologiques

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Carte des Pays-Bas méridionaux

Le mariage de Philippe le Hardi, duc de Bourgogne, avec Marguerite de Male (1369), l’unique héritière de la Flandre, de l’Artois et de la Franche-Comté, fonda la prospérité de sa lignée. Après lui, Jean sans Peur, Philippe le Bon et Charles le Téméraire constituèrent, par alliances ou conquêtes, un ensemble qui recouvrait l’actuelle Belgique et quelques territoires dans le Nord de la France : les anciens Pays-Bas méridionaux, foyer de l’art flamand. Chaque principauté conservait sa personnalité linguistique, institutionnelle, juridique et administrative. Ces régions formaient avec la Hollande, plus au nord, un ensemble qui était sans continuité territoriale avec les pays de Bourgogne (comté et duché de Bourgogne et comté de Nevers). L’ambition du Téméraire fut de les unifier politiquement, son drame de vouloir les réunir. Il mourut au combat, en Lorraine, en 1477. Sa fille, Marie de Bourgogne, qui avait épousé Maximilien d’Autriche laissa à sa mort, en 1482, l’héritage des Pays-Bas méridionaux à la dynastie des Habsbourg.

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Dispositifs d’accompagnement

MultimediaPlusieurs postes multimedia placés dans l’exposition à côté des manuscrits originaux proposent des livres virtuels à feuilleter (Armorial de la Toison d’or, Gérard de Nevers, Chroniques et conquêtes de Charlemagne). Au terme du parcours, le visiteur pourra découvrir deux autres livres virtuels dans le salon audiovisuel (Chroniques de Froissart, Le Roman d’Alexandre), de même qu’un film sur la fabrique des manuscrits et leur restauration produit par la Bibliothèque royale de Belgique : « Au-delà des images. l’envers du décor ». Genèse, tourments et rédemption du livre médiéval, réalisé par Tiele Mulier/ Tielevisie.

Accessibilité de l’exposition à l'attention des visiteurs en situation de handicap visuelTrois stations audio-tactiles permettent la lecture sur planche en relief de miniatures accompagnées d’un commentaire sonore : le frontispice des Chroniques de Hainaut, réalisé par Rogier Van der Weyden, une miniature du Maître de Guillebert de Mets pour un Livre d'heures et une grisaille faite pour un exemplaire du Roman de Jean d'Avesnes.

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tissu agrafé

MINIATURES FLAMANDES , 1404-1482

PRÉMICES

INTRODUCTION

LA COMMANDE

LA PRATIQUE DES ENLUMINEURS

GALERIE D'ARTISTES

GALERIE D'ARTISTES QUAND LA MINIATURE DEVIENT TABLEAUESPACE DE CONSULTATION

Un portique noir, central et de plan carré, circonscrit l’espace dévolu à la commande et sert de pivot au dispositif. Espace sans cimaise ni cloison, il est largement ouvert sur les séquences suivantes distribuées tout autour. Á la périphérie, la Galerie d’artistes se déploie en une succession de niches, chacune dédiée à un miniaturiste ou à un groupe d’artistes et met en évidence la variété des motifs, la précision du dessin, la vivacité des couleurs.Matériaux et couleurs ont été choisis pour leur pouvoir évocateur, en résonance avec l’univers des miniatures du XVe : noir et rouge appréciés des seigneurs pour les tenues et les tentures, gris de la pierre, vert bleuté des paysages. Le graphisme des textes interprète quant à lui les archétypes de la page enluminée : marge et page, grotesques ornant les angles, titres et lettrines en rouge.

Scénographie

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Publication

Miniatures flamandes, 1404 -1482

sous la direction de Bernard Bousmanne et Thierry Delcourt avec la collaboration de Ilona Hans-Collas, Pascal Schandel, Céline Van Hoorebeeck et Michiel Verweij

catalogue des deux expositions : Bruxelles, Bibliothèque royale de Belgique, 30 septembre - 31 décembre 2011 Paris, Bibliothèque nationale de France, 6 mars - 10 juin 2012 Relié, 31 x 24 cm463 pages, 324 illustrationsPrix : 49 eurosCoédition Bibliothèque nationale de France / Bibliothèque royale de Belgique

Célèbre pour la peinture des primitifs flamands, la musique polyphonique et les retables brabançons, le XVe siècle s’impose comme le « Siècle d’or de l’enluminure ». Vivifiées par le mécénat actif des ducs de Bourgogne, princes de la maison des Valois installés en comté de Flandre, les « lettres » acquièrent leurs titres de noblesse. Pour satisfaire leur goût du luxe, mais également pour asseoir leurs ambitions politiques, Philippe le Bon, le Grand Duc d’Occident, et son fils Charles dit le Téméraire – et bien vite, à leur exemple, les hauts fonctionnaires de la cour, la noblesse d’épée, les clercs, les bourgeois et le patriciat urbain – convoquent les meilleurs miniaturistes de leur temps dont la réputation égale celle des peintres de chevalet.Pour répondre aux commandes de cette clientèle vaste et diversifiée, des artistes de tous horizons, Liévin Van Lathem, Dreux Jehan, Loyset Liédet, Simon Marmion ou Jean Le Tavernier, s’attellent sans relâche à la représentation d’ystoires. Les villes des Pays-Bas méridionaux voient fleurir des œuvres exceptionnelles qui, aujourd’hui encore, suscitent l’admiration. Même si les ouvrages de dévotion gardent droit de cité, la miniature, affranchie de l’anathème ecclésiastique, illustre à présent des textes profanes et particulièrement novateurs : chroniques, épopées chevaleresques, romans courtois ou traités sur la chasse. Autant d’écrits, couchés sur parchemin, qui plongent les lecteurs dans l’univers enchanté des légendes et des héros, où Alexandre le Grand, Charles Martel et Charlemagne côtoient Renart le goupil, des licornes, des centaures belliqueux et des dragons ailés. Les peintres à ymaiges laissent libre cours à leur imagination. Jamais auparavant l’enluminure n’avait connu pareil épanouissement.

Riche de plus de trois cents illustrations, cette superbe monographie accompagne l’exposition Miniatures flamandes, 1404-1482, présentée à la Bibliothèque royale de Belgique et à la Bibliothèque nationale de France. Réalisant la synthèse des recherches les plus actuelles, une vingtaine de spécialistes mettent en lumière l’une des plus belles pages de l’histoire de l’art en Occident, celle, sans égale, où « la peinture était dans les livres ».

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Exposition virtuellehttp://expositions.bnf.fr/flamands/index.htm

Miniatures flamandesUn voyage à la cour des ducs de Bourgogne

L’exposition virtuelle

En images : l’internaute pourra découvrir les manuscrits des ducs et de leur entourage à la cour de Bourgogne à travers un ensemble de mosaïques d’images interactives.Le dossier propose des textes thématiques qui développent le contexte historique et tous les aspects de l’art du livre.

Les livres interactifs

Six fac-similés numériques permettent de découvrir des manuscrits représentatifs et de zoomer sur les pages commentées.Le Grand Armorial équestre de la Toison d’or, peint à la gouache, rassemble de somptueux portraits équestres et plus de 950 armoiries. Les Chroniques de Froissart, une lecture très prisée dans la classe aristocratique, servit de référence à tous les chroniqueurs.Le Roman d’Alexandre raconte une vie légendaire d’Alexandre le Grand.Le Roman de Gérard de Nevers, illustré avec verve et humour, relate l’amour contrarié du noble chevalier et de la belle Euriant.Un livre d’heures, qui témoigne de la diffusion très large de ces ouvrages et de leur production massive dans la ville de Bruges. Les Conquêtes et chroniques de Charlemagne retracent la vie romancée de celui qui se voulait héritier de l’empire romain.Des albums par artistes permettent de se familiariser avec les plus remarquables d’entre eux.

Pour le jeune public

Un parcours ludique invite à un voyage à la cour de Bourgogne au temps de la guerre de Cent ans, pour découvrir la bibliothèque de Philippe le Bon et l’art des enlumineurs. Images à explorer avec une lampe torche, chronologies, rébus, intrus à démasquer et livres à comparer permettent de s’initier à l’univers du livre, à la représentation de l’espace et aux innovations formelles de l’art flamand.

Sur ipad et iphone

Une application gratuite propose de découvrir la miniature flamande dans son contexte historique. Elle permet de zoomer sur 20 miniatures choisies dans les manuscrits des collections belges et françaises, accompagnées de leur commentaire sonore.

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Page 22: Exposition Miniatures flamandes - Dossier de presse - BnF

Pour le jeune public (individuel et scolaire) - Cheminement en 15 documents signalés par un pictogramme, proposant une exploration de la bibliothèque idéale d’un prince au XVe siècle.

- Un livret d’aide à la visite pour découvrir l’exposition de façon autonome et ludique sera disponible gratuitement à l’accueil de l’exposition ou téléchargeable sur le site bnf.fr.

Pour les classes (élémentaires, collèges et lycées) - Visite guidée de l’expositionMardi, jeudi à 10h (durée 1h30)Tarifs : 70 euros par classe, 45 euros en-dessous de 20 élèves

- Visite libre gratuite sous la conduite de l’enseignant

Pour les enseignants- Présentation gratuite de l’exposition et des documents pédagogiques le mercredi à 14h30 (dates à consulter sur le site ou auprès du service des réservations au 01 53 79 49 49)

- Fiches pédagogiques disponibles à l’Espace pédagogique ou téléchargeables sur simple demande : [email protected]

Réservation obligatoire pour toutes les activités au 01 53 79 49 49

Activités pédagogiques

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