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1S161 © Masson, Paris, 2004 Ann Pathol 2004 ; 24 : 1S136-1S164 Expression de MUC1 et de la E-cadhérine dans les métastases de carcinome rénal à cellules claires LEROY X (1, 2) , AUBERT S (2) , BALLEREAU C (3) , GOSSELIN B (2) , COPIN MC (2) (1) Unité INSERM UMRS 514, 51092 Reims, (2) Service d’Anatomie Pathologique et (3) Service d’Urologie, CHRU 59037 Lille Cedex. Buts du travail : La carcinome rénal à cellules claires (CRCC) est un cancer résistant aux thérapeutiques conventionnelles (chimio- radiothérapie) en cas de diffusion métastatique. La recherche de nouvelles cibles thérapeutiques est un challenge dans ce domaine. MUC1 et de la E-cadhérine sont fréquemment dysrégulés dans les carcinomes. Le but de ce travail est d’évaluer leur expression dans les métastases de CRCC. Matériel et méthodes : 22 métastases de CRCC et 10 tumeurs ré- nales primitives correspondantes ont été incluses dans l’étude. MUC1 et la E-cadhérine ont été évalués de façon semi-quantitative par immunohistochimie sur coupes en paraffine avec des anticorps monoclonaux dirigés contre MUC1 (M8, 1/50, Consortium Euro- péen) et la E-cadhérine (Clone 4A2C7, Zymed, 1/100). Résultats : – 86 % (19/22) des métastases étaient marquées avec l’anticorps anti MUC1 dans plus de 50 % des cellules tumorales. Le marquage était membranaire circonférentiel et/ou cytoplasmique en rapport avec une perte de la polarité apicale observée dans les cellu- les rénales tubulaires normales. Dans 10 cas, au sein des tissus métas- tatiques, il existait une répartition préférentielle péri-vasculaire des cellules tumorales immunomarquées par MUC1. – 27 % des métasta- ses étaient marquées par l’anticorps anti E-cadhérine sous la forme d’un marquage baso-latéral intéressant en moyenne 20 % de cellules tumorales avec dans un unique cas, un marquage délocalisé cytoplas- mique intense. Conclusions : MUC1 est fortement exprimé dans les métastases de CRCC avec un marquage membranaire circonférentiel et/ou cyto- plasmique comme observé dans les cancers du sein à évolution mé- tastatique. La sur-expression de MUC1 s’accompagne d’une faible expression de la E-cadhérine. La répartition préférentielle des cellules tumorales MUC1 positives autour des vaisseaux fait suspecter un rôle possible dans la dissémination métastatique. Enfin la sur-expres- sion de MUC1 dans les métastases de CRCC permet également d’envisager de l’étudier comme une cible thérapeutique potentielle. Intérêt de l’anticorps p504s dans la prise en charge des tumeurs du rein à cellules éosinophiles de dia- gnostic incertain MOLINIÉ V (1) , HERVÉ JM (2) , LEBRET T (2) , BERNIER M (1) , LONGCHAMPT E (1) , SAUTET A (1) , ZEMOURA L (1) , BOTTO H (2) , BAGLIN AC (1) (1) Services de Pathologie, (2) d’Urologie, Hôpital Foch, 92151 Su- resnes. Les carcinomes à cellules éosinophiles du rein posent des problè- mes diagnostiques, pour lesquels le pathologiste peut être amené à demander une étude immunohistochimique afin de pouvoir différen- cier les différents types tumoraux : oncocytome, carcinome papillaire, carcinome urothélial, carcinome chromophobe, carcinome de Bellini ou variante éosinophile d’un carcinome conventionnel… Parmi les nouveaux anticorps l’alpha-méthylacyl-Co A Racemase (AMACR) ou p504s, marqueur des carcinomes prostatiques, a été rapporté comme pouvant être un marqueur des carcinomes papillaires. Nous rapportons une étude préliminaire portant sur des tumeurs du rein à cellules éosinophiles. Matériels et méthodes : Étude rétrospective portant sur 21 tumeurs du rein à cellules éosinophiles : 1 carcinome de Bellini, 1 carcinome conventionnel, 2 carcinomes à cellules chromophobes ; 11 carcinomes papillaires (5 compact, 2 type 1 et 4 type 2) ; 1 carcinome urothélial ; 4 oncocytomes ; 1 carcinome rhabdoïde. L’étude a été réalisée avec l’anticorps p504s (Zeta Corp, 1/80, USA), après restauration antigéni- que par la chaleur, sur l’automate Nexes R de Ventana. Résultats : Seuls les carcinomes papillaires (type 1 ou 2) présen- tent un marquage avec l’anticorps p504s, avec une intensité modérée à intense, intéressant 30 à 70 % des cellules tumorales. Toutes les autres tumeurs sont négatives. L’intensité du marquage n’est pas liée au grade ni au type histologique, ni à la fixation (Bouin ou formol). Conclusion : L’anticorps p504s initialement proposé comme mar- queur spécifique des carcinomes prostatiques s’avère être un excel- lent marqueur des carcinomes papillaires du rein et peut trouver son utilité dans la démarche diagnostique devant une tumeur rénale à cellules éosinophile, de diagnostic incertain. Carcinome rénal à cellules claires avec composante rhabdoïde. Une variante morphologique particu- lièrement agressive AUBERT S (1) , ZINI L (2) , GONZALEZ S (1) , GOSSELIN B (1) , BISERTE J (2) , LEROY X (1) (1) Service d’Anatomie Pathologique, CHRU Lille (2) Service d’Uro- logie, CHRU Lille. Les carcinomes à cellules claires avec composante rhabdoïde constituent moins de 5 % des cancers du rein à cellules claires. Nous rapportons une série de 6 observations survenant chez des adultes d’âge moyen de 53,5 ans. Ces tumeurs mesuraient 11,5 cm en moyen- ne. Microscopiquement, outre un contingent tumoral classique, elles présentaient un contingent tumoral intrinqué focal ou plus diffus d’architecture en plages solides, pseudoglandulaire ou fusiforme plus ou moins intrinqués. Les cellules tumorales rhabdoïdes étaient de grande taille globoïde, avec un noyau large vésiculeux excentré muni d’un nucléole proéminent au sein d’un cytoplasme abondant, parfois vacuolisé en périphérie, et une inclusion éosinophile intracytoplasmi- que ronde globuleuse. Le stroma tumoral était grêle bien vascularisé sans caractère desmoplasique. Systématiquement, la composante rhabdoïde était associée à un haut grade de Fürhman (III-IV). En immunohistochimie, cette composante ne montrait pas de différen- ciation myogénique. Quatre tumeurs avaient une extension extra-ré- nale en rapport avec cette composante. Le suivi clinique objectivait chez 3 patients une diffusion métastatique précoce et un patient dé- cédait de la maladie 7 mois après la chirurgie. Cette composante rhabdoïde présente des similitudes morphologiques, immunohisto- chimiques et ultrastructurales avec les tumeurs rhabdoïdes rénales de l’enfant. Elle correspondrait à une évolution clonale agressive du contingent tumoral classique. L’identification et la quantification d’un contingent rhabdoïde dans les carcinomes à cellules claires pa- raît importante car elle implique un plus mauvais pronostic avec un risque métastatique accru. Utilité du cocktail p63/p504s dans les lésions pros- tatiques ambiguës de moins de 1 mm MOLINIE V (1) , SIBONY M (2) , FROMONT G (3) , VIEILLEFOND A (4) , COCHAND-PRIOLLE T (5) , VASSILIU V (6) , LEBRET T (7) , BAGLIN AC (1) , BOTTO H (7) (1) Paris. Services de Pathologie, d’Urologie, (2) Services de Patholo- gie Hôpital Tenon, (3) Institut Mutualiste Montsouris, (4) Hôpital Cochin, (5) Hôpital Lariboisière, (6) Hôpital Necker, (7) Hôpital Foch, 92151 Suresnes. Introduction : Le diagnostic histologique du cancer de la prostate repose sur un ensemble de critères cytologiques et architecturaux bien établis. En cas de micro foyer minime (quelques glandes ou < 1 mm) et en cas de foyer suspect (ASAP) une étude immunohisto- chimique, réalisée sur coupe en paraffine, avec un anticorps dirigé contre les cellules basales des glandes prostatiques (CK 903 ou CK 5/ 6), afin de confirmer ou d’infirmer la disparition de la couche des cellules basales. But de l’étude : Évaluer l’intérêt d’un cocktail de deux nouveaux anticorps : la protéine p63 marqueur des cellules basales et p504s (alpha-méthylacyl-CoA racémase, AMACR) marqueur des celllules tumorales prostatiques, dans les foyers suspectes et les micro foyers de cancers et de le comparer à l’anticorps anti cytokératine CK5/6. Matériels et méthodes : 355 prélèvements biopsiques inclus et fixés en paraffine, intéressant 151 adénocarcinomes prostatiques, 156 lé- sions ambiguës, 30 foyers d’atrophie, 16 PIN et 2 biopsies normales, ont été testés avec un cocktail associant p63 (Clone 4A4, 1 : 40, Dako, France) et AMACR (p504s, 1 : 40, Zeta Corporation, USA)

Expression de MUC1 et de la E-cadhérine dans les métastases de carcinome rénal à cellules claires

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Page 1: Expression de MUC1 et de la E-cadhérine dans les métastases de carcinome rénal à cellules claires

1S161

© M a s s o n , P a r i s , 2 0 0 4

A n n P a t h o l 2 0 0 4 ; 2 4 : 1 S 1 3 6 - 1 S 1 6 4

Expression de MUC1 et de la E-cadhérine dans les

métastases de carcinome rénal à cellules claires

LEROY X (1, 2), AUBERT S (2), BALLEREAU C (3),GOSSELIN B (2), COPIN MC (2)

(1) Unité INSERM UMRS 514, 51092 Reims, (2) Service d’AnatomiePathologique et (3) Service d’Urologie, CHRU 59037 Lille Cedex.

Buts du travail : La carcinome rénal à cellules claires (CRCC) estun cancer résistant aux thérapeutiques conventionnelles (chimio-radiothérapie) en cas de diffusion métastatique. La recherche denouvelles cibles thérapeutiques est un challenge dans ce domaine.MUC1 et de la E-cadhérine sont fréquemment dysrégulés dans lescarcinomes. Le but de ce travail est d’évaluer leur expression dans lesmétastases de CRCC.

Matériel et méthodes : 22 métastases de CRCC et 10 tumeurs ré-nales primitives correspondantes ont été incluses dans l’étude.MUC1 et la E-cadhérine ont été évalués de façon semi-quantitativepar immunohistochimie sur coupes en paraffine avec des anticorpsmonoclonaux dirigés contre MUC1 (M8, 1/50, Consortium Euro-péen) et la E-cadhérine (Clone 4A2C7, Zymed, 1/100).

Résultats : – 86 % (19/22) des métastases étaient marquées avecl’anticorps anti MUC1 dans plus de 50 % des cellules tumorales. Lemarquage était membranaire circonférentiel et/ou cytoplasmique enrapport avec une perte de la polarité apicale observée dans les cellu-les rénales tubulaires normales. Dans 10 cas, au sein des tissus métas-tatiques, il existait une répartition préférentielle péri-vasculaire descellules tumorales immunomarquées par MUC1. – 27 % des métasta-ses étaient marquées par l’anticorps anti E-cadhérine sous la formed’un marquage baso-latéral intéressant en moyenne 20 % de cellulestumorales avec dans un unique cas, un marquage délocalisé cytoplas-mique intense.

Conclusions : MUC1 est fortement exprimé dans les métastases deCRCC avec un marquage membranaire circonférentiel et/ou cyto-plasmique comme observé dans les cancers du sein à évolution mé-tastatique. La sur-expression de MUC1 s’accompagne d’une faibleexpression de la E-cadhérine. La répartition préférentielle des cellulestumorales MUC1 positives autour des vaisseaux fait suspecter unrôle possible dans la dissémination métastatique. Enfin la sur-expres-sion de MUC1 dans les métastases de CRCC permet égalementd’envisager de l’étudier comme une cible thérapeutique potentielle.

Intérêt de l’anticorps p504s dans la prise en charge

des tumeurs du rein à cellules éosinophiles de dia-

gnostic incertain

MOLINIÉ V (1), HERVÉ JM (2), LEBRET T (2), BERNIER M (1),LONGCHAMPT E (1), SAUTET A (1), ZEMOURA L (1),BOTTO H (2), BAGLIN AC (1)

(1) Services de Pathologie, (2) d’Urologie, Hôpital Foch, 92151 Su-resnes.

Les carcinomes à cellules éosinophiles du rein posent des problè-mes diagnostiques, pour lesquels le pathologiste peut être amené àdemander une étude immunohistochimique afin de pouvoir différen-cier les différents types tumoraux : oncocytome, carcinome papillaire,carcinome urothélial, carcinome chromophobe, carcinome de Belliniou variante éosinophile d’un carcinome conventionnel… Parmi lesnouveaux anticorps l’alpha-méthylacyl-Co A Racemase (AMACR)ou p504s, marqueur des carcinomes prostatiques, a été rapportécomme pouvant être un marqueur des carcinomes papillaires. Nousrapportons une étude préliminaire portant sur des tumeurs du rein àcellules éosinophiles.

Matériels et méthodes : Étude rétrospective portant sur 21 tumeursdu rein à cellules éosinophiles : 1 carcinome de Bellini, 1 carcinomeconventionnel, 2 carcinomes à cellules chromophobes ; 11 carcinomespapillaires (5 compact, 2 type 1 et 4 type 2) ; 1 carcinome urothélial ;4 oncocytomes ; 1 carcinome rhabdoïde. L’étude a été réalisée avecl’anticorps p504s (Zeta Corp, 1/80, USA), après restauration antigéni-que par la chaleur, sur l’automate Nexes R de Ventana.

Résultats : Seuls les carcinomes papillaires (type 1 ou 2) présen-tent un marquage avec l’anticorps p504s, avec une intensité modéréeà intense, intéressant 30 à 70 % des cellules tumorales. Toutes les

autres tumeurs sont négatives. L’intensité du marquage n’est pas liéeau grade ni au type histologique, ni à la fixation (Bouin ou formol).

Conclusion : L’anticorps p504s initialement proposé comme mar-queur spécifique des carcinomes prostatiques s’avère être un excel-lent marqueur des carcinomes papillaires du rein et peut trouver sonutilité dans la démarche diagnostique devant une tumeur rénale àcellules éosinophile, de diagnostic incertain.

Carcinome rénal à cellules claires avec composante

rhabdoïde. Une variante morphologique particu-

lièrement agressive

AUBERT S (1), ZINI L (2), GONZALEZ S (1), GOSSELIN B (1),BISERTE J (2), LEROY X (1)

(1) Service d’Anatomie Pathologique, CHRU Lille (2) Service d’Uro-logie, CHRU Lille.

Les carcinomes à cellules claires avec composante rhabdoïdeconstituent moins de 5 % des cancers du rein à cellules claires. Nousrapportons une série de 6 observations survenant chez des adultesd’âge moyen de 53,5 ans. Ces tumeurs mesuraient 11,5 cm en moyen-ne. Microscopiquement, outre un contingent tumoral classique, ellesprésentaient un contingent tumoral intrinqué focal ou plus diffusd’architecture en plages solides, pseudoglandulaire ou fusiforme plusou moins intrinqués. Les cellules tumorales rhabdoïdes étaient degrande taille globoïde, avec un noyau large vésiculeux excentré munid’un nucléole proéminent au sein d’un cytoplasme abondant, parfoisvacuolisé en périphérie, et une inclusion éosinophile intracytoplasmi-que ronde globuleuse. Le stroma tumoral était grêle bien vascularisésans caractère desmoplasique. Systématiquement, la composanterhabdoïde était associée à un haut grade de Fürhman (III-IV). Enimmunohistochimie, cette composante ne montrait pas de différen-ciation myogénique. Quatre tumeurs avaient une extension extra-ré-nale en rapport avec cette composante. Le suivi clinique objectivaitchez 3 patients une diffusion métastatique précoce et un patient dé-cédait de la maladie 7 mois après la chirurgie. Cette composanterhabdoïde présente des similitudes morphologiques, immunohisto-chimiques et ultrastructurales avec les tumeurs rhabdoïdes rénales del’enfant. Elle correspondrait à une évolution clonale agressive ducontingent tumoral classique. L’identification et la quantificationd’un contingent rhabdoïde dans les carcinomes à cellules claires pa-raît importante car elle implique un plus mauvais pronostic avec unrisque métastatique accru.

Utilité du cocktail p63/p504s dans les lésions pros-

tatiques ambiguës de moins de 1 mm

MOLINIE V (1), SIBONY M (2), FROMONT G (3),VIEILLEFOND A (4), COCHAND-PRIOLLE T (5),VASSILIU V (6), LEBRET T (7), BAGLIN AC (1), BOTTO H (7)

(1) Paris. Services de Pathologie, d’Urologie, (2) Services de Patholo-gie Hôpital Tenon, (3) Institut Mutualiste Montsouris, (4) HôpitalCochin, (5) Hôpital Lariboisière, (6) Hôpital Necker, (7) HôpitalFoch, 92151 Suresnes.

Introduction : Le diagnostic histologique du cancer de la prostaterepose sur un ensemble de critères cytologiques et architecturauxbien établis. En cas de micro foyer minime (quelques glandes ou< 1 mm) et en cas de foyer suspect (ASAP) une étude immunohisto-chimique, réalisée sur coupe en paraffine, avec un anticorps dirigécontre les cellules basales des glandes prostatiques (CK 903 ou CK 5/6), afin de confirmer ou d’infirmer la disparition de la couche descellules basales.

But de l’étude : Évaluer l’intérêt d’un cocktail de deux nouveauxanticorps : la protéine p63 marqueur des cellules basales et p504s(alpha-méthylacyl-CoA racémase, AMACR) marqueur des celllulestumorales prostatiques, dans les foyers suspectes et les micro foyersde cancers et de le comparer à l’anticorps anti cytokératine CK5/6.

Matériels et méthodes : 355 prélèvements biopsiques inclus et fixésen paraffine, intéressant 151 adénocarcinomes prostatiques, 156 lé-sions ambiguës, 30 foyers d’atrophie, 16 PIN et 2 biopsies normales,ont été testés avec un cocktail associant p63 (Clone 4A4, 1 : 40,Dako, France) et AMACR (p504s, 1 : 40, Zeta Corporation, USA)