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Tu te réveilles dans un endroit sordide.

Tu es seul, tu as peur.

Sans moyen de savoir quel jour ni quelle heure il est.

Tu vis dans cette minuscule pièce de seulement 5 mètres carrés.

Tu écris, c’est le seul moyen d’oublier.

Mais, tu ne fais que… Réécrire ton histoire.

Extraction

Tony Perraut

EXTRACTION

Extrait officiel

Couverture : Photographie de Tony Perraut et Cathy R.

Titre original : Extraction

©Bref c’est moi 2015©2015 Tony Perraut

http://brefcestmoi.wifeo.com/

« Cette œuvre est protégée par le droit d’auteur et strictement réservée à l’usage privé du client.

Toute reproduction ou diffusion au profit de tiers, à titre gratuit ou onéreux, de tout ou partie de cette œuvre, est strictement interdite et constitue une

contrefaçon prévue par les articles L 335-2 et suivants du Code de la propriété intellectuelle. L’éditeur se réserve le droit de poursuivre toute

atteinte à ses droits de propriété intellectuelle devant les juridictions civiles ou pénales. »

ISBN numérique : 1K1NLN1BHAB

J – 25

- 1 -

Le bruit des cloches résonne encore dans cette pièce lugubre, l'air y est frais et l'odeur insupportable. Je dois être là depuis maintenant plusieurs

semaines, mes vêtements sentent horriblement mauvais et ma peau est sale. J'ai beau crier à l'aide, personne ne m'entend. Je ne vois rien de l'extérieur à part cette forte lumière qui sort de la petite fenêtre située en haut de la porte. Celle que j'inspecte chaque seconde dans l'espoir de voir venir ou même entendre quelqu'un qui pourrait me sortir de là...Mais personne enfin, pas quand je suis éveillé, car tous les matins quand je me réveil, un sac de nourriture est posé au bas de la porte avec à chaque fois un chiffre qui décroisse de jour en jour... Hier le numéro 26 et aujourd'hui le 25... Il est inscrit sur

un petit morceau de papier, agrafé sur le sac en plastique.

Quand j'essaye de rester éveillé la nuit pour découvrir qui me dépose ces provisions, je tombe vite de sommeil... Ma nourriture et pleine de médicaments en poudre. Je la vois, je la sens mais je ne peux m’interdire de l’ingérer. J’ai faim, j’ai beau la passer sous l’eau afin de supprimer un maximum de cette saloperie, il en reste à chaque fois… En petite dose certes mais de jour en jour, ces petites doses deviennent d’immenses réserves dans mon corps. Je ne comprends pas ce qu'il m'arrive, en réalité, mes derniers

souvenirs remontent à mes vingt-cinq ans, j'étais scientifique à Boston dans un institut de recherche en microbiologie. Je vis seul dans un quartier calme de l'est de la ville. J'ai perdu ma copine dans un accident de voiture voilà quelques mois avant mon emménagement dans le pays. Je suis originaire du Canada et je n'ai aucun souvenir de ma famille... J'ai été abandonné sous x par mes parents qui ont certainement une bonne raison de m'avoir fait cela...Il m'est donc impossible de faire des recherches pour les retrouver, je n'ai absolument aucune piste, à vrai dire, même mon nom de famille est bidon, il a été créé de

toute pièce. Tout comme le début de mon existence, je ne sais pas jusqu'à mes cinq ans qui m'a élevé... Où j'ai passé les premiers mois de ma vie... Ma mère adoptive n'a aucune réponse à mes questions. Les seuls renseignements qu'elle est capable de me donner sont ceux de ma naissance, j'aurais vu le jour à Cornwall, au Canada là où je vivais avant d'être emporté ici, c'est une petite ville de quarante-six mille habitants dans le sud-est du pays. Proche des frontières avec les États-Unis. Je cherche encore à trouver réponses à mes questions... Mais malheureusement, je n'arrive pas à mes attentes, celle de voir au

moins une fois dans ma vie, mes parents...Pour le moment, je me trouve dans un trou sordide, où ma principale et seule réelle occupation et de graver des centaines de citations sur ces murs pourris par l'usure avec une lame de couteau que j'ai eu l'autre jour, dans un sac. Je n'ai trouvé aucune façon de sortir de là, alors je préfère attendre sagement le jour de vérité, c'est à dire, dans maintenant vingt-cinq jours. Que va-t-il m'arriver ? Que sais-je... Je préfère ne pas y penser et continuer à écrire ces quelques phrases qui sortent chaque jour de mon esprit, avant que des pensées futiles n’effacent

tout... C'est sur ces quelques réflexions que je ferme chaque jour mes yeux, espérant avoir une réponse le lendemain...

J – 24

-2-

Je me réveil encore dans une immense tristesse. Mes yeux s'ouvrent doucement, la clarté m'aveugle. Je marche en direction de ce vieux lavabo, l'eau y est froide et sale, je ne peux pas la boire, son odeur et épouvantable. Je préfère simplement me laver les mains et le visage avec. Après

en avoir fini, je m'avance jusqu'à la porte où m'attend comme chaque matin mes provisions. Le chiffre vingt-quatre y est inscrit. À l'intérieur du sac, je découvre un peu de nourriture et un morceau de chocolat emballé dans un papier transparent. Voici plusieurs semaines que je n'avais pas même senti l'odeur de cette douceur. Le plus dur ici, je crois, c'est de ne pas avoir de contact avec le monde extérieur, aucun dialogue, aucun espoir, rien... Alors pour ne pas perdre la parole, depuis quelques jours, je parle seul. Je m'assois au coin de la pièce et je raconte mes péripéties, j'imagine parfois la raison de ma

détenue bref, pourquoi je suis ici. Je me demande si en réalité je ne suis pas mort, je suis peut-être dans un rêve, ou tout simplement devenu fou... Tant de questions qui restent, elles encore et toujours sans aucune réponse. Dans mes heures perdues, je pense à ma famille, pense t ils à moi, m'ont-ils oublié, les questions sont faites pour avoir des solutions, une question sans réponse c'est un peu comme chercher mais ne pas trouver l’être éternel.

Cela fait partie de la triste vérité de la vie, malgré ça, j'essaie de garder espoirs, je regarde l'avenir avec toujours autant d'amertume.

Les jours sont si longs dans cette minuscule pièce insalubre, seul l'écriture est là pour rythmer mes heures passées à attendre le jour fatidique de ma survie ou de ma mort. Je ne comprends pas pourquoi je suis enfermé là. Ni le but, c'est compliquer, je sais que je ne suis pas comme tous les autres mais quand même, j'ai le droit comme chaque individu de cette pauvre terre à ma liberté...

Je suis parfois en colère quand je pense à la personne qui m'a enfermé ici... Mon être n'est plus lui-même sans ces vérités, je veux voir l'avenir avec toujours autant d'envie, sans me préoccuper de savoir quand je vais finir mes

jours. Sans me demander chaque matin, si les anges sont bels est bien avec moi ou s’ils préfèrent parler du futur ou revenir encore une fois sur mon passé qui me terrorise chaque seconde ma vie, au plus profond de mon être, au plus profond de mon cœur, existera-t-il un jour, un ange qui s'y réveillera.Je préfère m'endormir sans avoir de remords, sans me dire que j'aurais dû faire autrement avec elle. La vie est dure avec les anges, pour leur apprendre à se soutenir à chaque instant et à faire le bien avec leurs prochains. La vie reste facile pour les personnes qui n'en valent pas la peine. Je ne sens de nouveau plus

rien juste ce sifflement dans l’oreille qui me faire perdre réalité.

J – 23

-3-

Je suis debout depuis maintenant un peu plus d'une heure, avant que les éclairages du couloir ne soient allumés, c'est la première fois depuis que je suis là. Les cachets en poudre qu'ils mettent dans ma nourriture, doivent moins faire effet sur moi à présent, je m'endors pourtant toujours aussi brutalement comme la nuit dernière. J'ai donc l’occasion de regardé à travers la petite fenêtre qui donne sur l'extérieur de cette pièce fermée. Je commence par voir un grand pan de mur, tout est sombres, je distingue un conduit en hauteur ainsi qu'un panneau

d'issue de secourt qui clignote vert à une folle allure. Au loin, à quelques dizaines de mètres de moi, tout est beau, une sorte de grande baie vitrée ouvre sur l'extérieur, un arbre aux couleurs d'automne est en train de perdre ses feuilles, j'aperçois au loin, des montagnes enneigées. Ce spectacle me changeait de celui que j'avais tous les jours, quatre murs gris et sans âmes. Une atmosphère épouvantable, une seule envie, de sortir vite de là...

Déjà plusieurs minutes que je suis là, devant ma petite ouverture de dix centimètres sur cinq, ne faisant qu'attendre de voir toutes

les feuilles tomber de cet arbre si splendide à mes yeux.Quand soudainement, les éclairages au plafond ce son soudainement mit à s'allumer. J’aperçois, au fond de ce couloir, une silhouette brune approcher, marchant doucement le long de cette interminable galerie, traversant les nombreuses autres portes semblables à la mienne. Je décide donc de me recoucher, faire mine de dormir, j'entends très vite le bruit du verrou s'ouvrir. Mon cœur se met alors à battre de toutes ses forces, la peur me transcendait, je reste là, couché sur le côté droit tout en laissant mes yeux entre ouvert. Quand brusquement la porte s'est

mise à s'ouvrir, la sueur coule sur mon front, un goût amer dans la bouche, une personne assez grande entre, un sac à la main, je ne peux pas voir son visage. D'après ses chaussures, c'est une femme, elle porte de petits talons et son corps est recouvert de vêtements opaques. Sa tête est recouverte d'une cagoule en laine. Elle a posé le sac au sol puis m’a regardé, pendant plusieurs secondes, une étrange sensation c'est emparé de mon corps, je n'avais jamais eu cela. Un geste plein de regret, elle s'est mise à marcher, le long de la pièce avant de s'arrêter au pied du mur des citations.

D'une main a touché l'une d'elles où était inscrit :

"Le ciel te guidera demain, quand les anges t'appelleront."

Après cela, elle s'est retournée vers moi, ma de nouveau observer, d'un geste, a envoyé un baiser puis c'est avancée vers la porte. Elle referma le verrou à doubles tours. J'entends les bruits de ses talons sur ce sol de métal. Après quelques pas, elle s'arrête. Très vite, le bruit d'une autre porte. C'est alors que ma joie revenue. Je n'étais peut-être pas seul,

d'autres personnes étaient peut-être dans le même cas que moi. Le rêve était trop beau, je savais que ne sortirais probablement pas mais le seul fait de savoir que des personnes m’entouraient me rendit confiance en moi. Une sensation de liberté s'est emparée de moi, comme une revanche, je suis optimiste maintenant. Et mon cœur, lui est aussi...

J – 22

-4-

"Ne regarde plus le passé, tourne-toi vers le futur..."

Quand j'ouvre les yeux, c'est la première citation que je vois, je

l'ai gravé en gros, c'est un peu ma phrase favorite, celle que j'ai créée de moi-même et qui est tatouée sur mon bras droit. Sur ce mur de gré, où, avec la seule force de cette lame de couteau abîmée par l'usure, mon cœur s'est mis à avoir une idée. C'est comme d'habitude, par pur inconscience du danger que je pousse mon lit qui est collé au mur, regarder le plafond une dernière fois afin de quand-même réfléchir rapidement sur mes actes prochains, savoir si ce que je vais faire va vraiment fonctionner ou non. C'est alors que je m'accroupis, m’empara de la lame et commençai à gratter sur ce mur à un bon mètre du sol.

J'ai peur de savoir ce que je vais trouver derrière. En tout cas, j'en suis sûr, je n'ai plus que vingt-deux jours pour retrouver ma liberté... Vingt-deux jours pour retrouver une vie normale, une vie comme j'avais avant mais que j'ai déjà gâchée. C'est en partie de ma faute mais surtout la leur... On me l’a tout simplement rendu impossible à contrôler. Il y a quelques mois, je n'avais aucun but dans la vie à part sa fin. Aujourd'hui je sais pourquoi j'ai ma place ici, pourquoi je dois me battre, et aussi j'ai découvert que ma vie n'est pas pire que celle d'un autre...

Je décide spontanément de

prendre une pause après plusieurs minutes d’effort, mon corps est fatigué, comme souvent je touche le pendentif de mon collier que j'ai trouvé pendu à mon coup lors de mon premier réveil dans cet endroit. Une aille d'ange y est représentée. C'est un symbole d'espoir dans le moment difficile, je me dis toujours que ma mère à la deuxième partie qui complète ce collier et peu importe où elle se trouve, dès ma sortie, je la trouverais.

"Si les miracles n'existent pas c'est que nous même

n'existons pas..."

Je me répète sans cesse cette phrase, telle une mélodie, elle s'empare de moi. L'écriture n'est pas là pour plaire aux hommes mais pour les faire réfléchir... Je continuerais à creuser jusqu'à en mourir. Car la seule façon d'abandonner dans la vie pour les plus forts, c'est d'en finir... Je m'aventure dans ce périple sans savoir si je vais parvenir à mes fins, sans savoir si je vais vraiment trouver quelqu'un mais avant tout, je fais cela pour ne pas perdre la vie avant d'avoir vu le monde une dernière fois... Je ne sais pas si dans une vingtaine de jour je mourrais alors je continue à creuser sans trop me poser de question de ce genre. Mais voilà

que je commence à tomber de nouveau de sommeil, je pousse donc délicatement ce lit de taules contre le mur afin de masquer ma liberté. J'espère que demain, je me réveillerais encore une fois plus tôt pour avoir cette chance d'entendre cette femme ouvrir les portes voisines à la mienne et garder espoir en mon combat. Je vais sortir, je vais sortir... Je vais... C'est sur ses derniers mots que mes yeux sont soudainement tombés de sommeil...

J – 21

-5-

"Si la mort n'a pas d'importance aux yeux du monde, alors les hommes

n'auront plus aucun but dans la vie..."

J'ouvre soudainement les yeux, quant à mon immense surprise, je vis accrocher au mur... Un calendrier... De loin, il avait l'air d'un tableau sans grande importance mais dans mon cas, c'est une révolution... C'est sur la page du mois de novembre 2013 avec une croix rouge sur la case du onze qu'il était là, cherchant à m'amadouer. Je ne sais pas si cette croix correspond à la date d'aujourd'hui ou à celle de la fin...

La nuit, mon cerveau bouillonne, je prends des maux de crâne à en devoir me frapper la tête contre le mur pour les calmer, je sais que je deviens fou. Par moments je me mets à hurler sans raison, les

moments heureux dans ma vie disparaissent peu à peu de ma mémoire pour laisser place au malheur qui grandit chaque jour... Pourquoi n'est-ont pas prévenu de cela avant notre naissance... Pourquoi est-ont obligé de subir toutes ces longues années avec une telle cruauté... Vivre pour être converti, avoir de la gêne, de la honte, de la culpabilité... Si la vie devrait avoir un adjectif, je lui décernerais, surprenant... Sans même savoir pourquoi, on est conduit parfois dans des situations compliquées et qui n'aurait jamais dû arriver... La mort elle, frappe sans souvent prévenir...

''Celui qui guide le diable, celui qui guide le monde''

C'est presque devenu banal même si ce n'est que la deuxième fois, je m'approche près de mon lit avant de le basculer pour pouvoir continuer à rêver, mon rêve n'est pas encore fini, je dois encore user d'effort avant d'atteindre la liberté, celle que j'aurais méritée. Mon avancé en est toujours au même point, la femme n'a probablement pas vu cette nuit ce que j'avais fait la veille, le travail doit pourtant recommencer, la liberté se gagne. Je commence donc par gratter doucement les bords de cette minuscule fente. Froid et humide,

les gravats tombaient très rapidement à une folle allure tout en devenant toujours de plus en plus gros. Alors la seule façon pour moi de m'en débarrasser c'est de les jeter dans le lavabo. Mais avant cela, je dois la plupart du temps les briser en plusieurs petits morceaux pour qu'ils passent. Je me suis arrêté pour casser ces quelques fragments de roche quand soudainement, je me suis mis à chantonner un air. Sans trop comprendre pourquoi, des larmes tombent progressivement sur mes joues. C'est alors que je chantai à pleine voix jusqu'à ne plus pouvoir continuer. Le visage de ma copine est revenu dans ma tête. Je la vois encore là, avec

moi, entrain de danser sur notre musique préférée. Un énorme hurlement est alors sorti de mon corps, pendant quelques instants mon cœur à crier car au plus profond de lui-même, il savait qu'il avait mal... Il savait ce qu'il avait enduré pour ne pas mériter ça... C'est la vie, elle ne pardonne rien... Enfin, pour moi...

"J'ai changé pour toi... Mes textes en sont la preuve..."

D'un geste, mon poing c'est retrouvé au mur... Une voix venait de retentir... De peur que ce soit la femme, je repoussai précipitamment le lit. Les yeux

tournés vers le plafond, les larmes s’écoulaient. Je sens ce sentiment de peur me traverser, je ressens aussi ce moment de pur oubli dans lequel je suis. N’entendant plus rien à la suite de ça, je poussai un cri, demandant qui c'était, suppliant cette personne de me sortir de là... Puis, une seconde fois, un peu moins fort tout en pleurant. Je n'arrêtais pas de répéter dans ma tête "Je suis fou !". Le silence régnait, encore une fois dans cette pièce sans âme. À bout de forces, je m’accroupis, avant de prononcer :

- J'arrête...

Plusieurs secondes de silence, de méditation avant de l'entendre une deuxième fois. C'est une voix de femme, elle pleurait de peur... Des sons très fins, il fallait tendre l’oreille pour prétendre les ressentir. Mais cette fois, j'en étais certain, le bruit venait de la pièce d'à côté.

"Reste sur cette terre, celle qui t'a fait naître, celle qui te

fait vivre les anges eux, attendront..."

Je ne voulais pas y croire, je n'arrivais pas à me dire que derrière ces murs, une personne m’attendait... C'est alors que j'ai délicatement posé mes deux

paumes de main autour des parois du trou grand d'un diamètre de cinq centimètres, j'ai avancé la tête près du mur avant de prononcer ces quelques mots :

- "Qui es-tu ? Es-tu seule ?"

Pendant un court instant j'ai cru que je n'allais jamais avoir de réponse jusqu'à entendre quelques coups contre le mur accompagné de cette voix féminine me disant :

- "Je ne sais plus qui je suis, aide-moi, je t'en prie..."C'est alors que, les larmes aux yeux, je lui ai dit :

- "J'arrive, met ton lit de ce côté du mur, je vais te sortir de là. C'est promis..."

J'ai ensuite entendu le bruit du lit venir à moi, le grincement donnait mal aux oreilles, j'ai alors ris bêtement. Je venais d'avoir une conversation avec quelqu'un... Elle n'a plus rien dit pendant quelques instants comme si elle réfléchissait... Je continuais à gratter ce mur quand je me suis surpris à entendre des bruits venant d'à côté, des bruits semblables aux miens, ceux de gravats tombant sur le sol... Le sourire s'empara vite de mon visage tout en imaginant le faciès

de cette femme qui se trouve à seulement quelques centimètres de moi. Je lui ai posé une question :

- "À tu eu un calendrier ce matin à ton réveil ?"

Quand elle me répondit en chuchotant :

- "Oui j'en ai eu un, la semaine dernière, il était accompagné d'un sac portant le chiffre neuf mais..."

Je l'arrêtai en me mettant à crier :- "Neuf !!"

- "Oui, neuf... Pourquoi, pas toi ?"

D'une voix presque inaudible je lui ai adressé :

- "J'arrive..."

Elle m’entend pleurer, jusqu'à me demander pourquoi... Je lui ai donc expliqué que je n'avais pas le même numéro qu'elle...Elle m'a alors confié que ces numéros lui importaient peu et qu'elle n'avait pas souhaité réfléchir sur leurs sujets. Dans un élan de dernier espoir j'ai tapé contre le mur avec mon poing tout en lui demandant de creuser... Mais je n'ai eu aucune réponse, j'ai juste entendu

de nouveau son lit grincer comme si elle s'était couchée... Elle devait sans doute comme moi être bourrée de médicaments, sans trop m'en préoccuper je me suis avancé près du mur des citations et avec mes dernières forces j'ai alors inscris...

"Si tu n'es pas là avec moi demain, alors je ne serais plus

jamais de ce monde..."

Tout en versant ma larme comme à chaque fois, je me recouche avant de discrètement rechanter mon air préféré... Quand soudainement j'ai dû m'arrêter, je venais d'entendre venant de la

pièce d'à côté, de nouveau cette femme pleurer...

J – 20

-6-

"L'ange sans âme, voit le malheur du monde mais

préfère ne rien dire, il préfère l'écrire..."

J'ai doucement ouvert les yeux, des larmes sèches sur mon visage comme si j'avais pleuré toute la nuit, hier, j'ai entendu des pleurs jusqu'à tomber de sommeil. Mon esprit lui, n'en pouvait plus... Il n'y a rien de pire que d'entendre une femme pleurer de peur... J'étais

allongé dans ce qui me sert de lit, pensant encore à ma copine, à chaque moment partagé, chaque instant de bonheur passé à ses côtés tout en me demandant si mon cœur allait un jour avoir la force de s'ouvrir une seconde fois ou si, malheureusement, la perte de cet ange avait été trop fort... Grâce à elle, j'ai appris à aimer, j'ai appris à savourer chaque moment passé, j'ai surtout appris que malgré son corps loin de moi, son âme et elle toujours aussi présente dans mon cœur... Je regrette juste de ne pas avoir pu lui dire au revoir. Lui avouer que j’avais des projets avec elle. Lui supplier de ne pas me laisser seul dans ce monde dingue. Mais non,

cet accident en a décidé autrement.

"Il n'y a pas de plus fort... L'ange a la conscience, le

diable a la force..."

C'est le regard perdu dans nul part que je me lève pour m'approcher près du lavabo où m'attend comme chaque matin cette odeur si horrible... J'ai actionné l'eau chaude, il a fallu quelques instants avant qu’elle devienne à peine chaude. J'évite quand même de laisser l'eau couler, la robinetterie est bouchée, je me baisse afin de me laver le visage puis me relève

pour me regarder dans le miroir. C'est à ce moment-là que je vis des traces de buées contre ce miroir cassé. Plus les secondes passèrent plus elles devenaient opaques jusqu'à masquer mon visage. Des lignes sont apparues, formant petit à petits des lettres. Après quelques secondes, la phrase suivante ce dévoila :

"Il n'y a qu'en rêvant que l'on décroche les étoiles..."

Je m’empare sous l'emprise de la colère de ma lame de couteau, retourne devant le miroir avant de le poignarder de toutes mes forces... C'est avec les mains

ensanglantées, que je me suis avancé près du trou puis avec la seule force de mes ongles, je brisai brusquement ce qui composait ce mur... Dans ma tête tout se mélangea... Dans deux jours cette femme ne sera plus là... Dans deux jours je serais de nouveau seul... C'est dans ce moment fatidique que je me lève avant de taper contre le mur avec mon pied afin de casser le restant de la structure... Très vite, une fissure apparut, laissant progressivement éclater des bruits de craquements, jusqu'à que je comprenne qu'avec ce geste maladroit, mon sentiment de liberté devenait de plus en plus présent. Il n'avait

malheureusement pas été assez puissant, je m’avançai donc de nouveau avant de frapper mon pied contre le mur à plusieurs reprises. C'est inconsciemment que le mur commença à céder devant mes yeux...

J'ai alors donné un dernier coup... Laissant ce mur en défaite... Une minuscule ouverture d’une petite dizaine de centimètres avait pris place... C’est impatient que je me pose devant la fente afin d'observer l'autre pièce... Une silhouette brune approche, s'est à son tour assise avant de me regarder plusieurs secondes... Plusieurs secondes pendant lesquelles mon cœur s'est

envolé... Très loin... Tout comme son regard qui comme le mien était perdu dans l'autre... J'ai avancé mon doigt avant qu'elle la face à son tour jusqu'à ce qu'ils se touchent... C'est les larmes aux yeux que j'ai prononcé...

- "Tu vois, je suis là..."

Ce premier regard, ce premier échange durant lequel, je rêvais... C'est dans la profondeur de ses yeux que j'ai lu sa tristesse, son angoisse... Ce regard bleu nuit, accompagné d'une envie de vengeance qui se dessine progressivement dans sur les

traits de son visage fatigué par le désespoir... 

Sans cligner des yeux pendant plusieurs secondes, comme si elle ne souhaitait en perdre aucune, c'est le regard perdu dans l'oubli qu'elle s'est soudainement mise à avoir les joues couvertes de larmes, de peur certes, mais en quelque sorte, des larmes de joie d'avoir enfin trouvé quelqu'un à regarder... Aucune parole, juste cet échange sans bruit... Comme si la seule chose qui comptait à présent c'était la victoire... Celle d'avoir enfin accompli une prouesse... Dans ce moment de pur plaisir... Rien ne pouvait gâcher nos

quelques minutes de partage... Seulement, très vite le rêve ce fini, Nous entendîmes des voix assez forte et caverneuse approcher, d'un geste d’effroi, elle eut tout juste le temps de repousser le lit contre le mur afin de masquer notre signe de réussite, deux hommes vêtus de blouse blanche ouvrit brusquement sa porte. Ils s'approchèrent ensuite de ce cette jeune femme avant de la battre à plusieurs reprises. Puis l'attrapa chacun par un bras avant de reculer avec elle en direction de la sortie. Ses jambes traînaient sur le sol, elle ne portait pas de chaussures, ses pieds étaient nus, ils étaient très sale aussi. Elle

portait une longue robe blanche qui lui arrivait jusqu’au chevilles. Le lit ne cachait pas la totalité du trou mais il l'était suffisamment pour que je puisse regarder et me masquer... Cette scène des plus horribles que j'ai vus dans ma vie... Un tel acharnement sur une femme au visage innocent... C'est avant qu'ils partent qu'elle m'a alors crié : 

- "Ugo, je suis Scarlett ta grande sœur..."

L'un des deux hommes l'a alors frappé sur le visage avec son poing, elle ferma alors les yeux...

Son visage recouvert de sang, donnait cette impression d'ange perdu... Comme si elle s'était enfin débarrassée d'un secret bien dissimulé... La porte se referma soudainement dernière eux. Laissant place de nouveau à ce vide effroyable qui horrifiait chacune de mes nuits ici... Sur le moment, impossible de prononcer quelconque mot, la frustration prenait le dessus, de n'avoir rien dit, ni fait... Et rester simple spectateur d'une scène de guerre... C'est sous le choc que je me suis allongé sur mon lit tout en me sentant tomber, tout en ne sachant pas si ce que je vivais en ce moment pouvait être vrai... Les yeux de nouveau plongés sur ce

plafond pourri par l'humidité. C'est inconsciemment que mes cris se mirent une fois de plus à surgir... Comme si toute cette culpabilité devait enfin sortir... Les questions ne faisaient que rendre encore plus fou mon cerveau abîmé par tant de cruauté. Pourquoi a-t-elle crié cette phrase avant de partir, pourquoi a-t-elle été frappée lorsque quelle a dit ceci... Tant de questions encore une fois sans réponse, qui resteront encore et encore marquées dans ma mémoire... 

"N'observe le passé qu'à travers le futur..."

J'ignore où elle peut se trouver, si elle va bien... La seule chose que je sais, c'est qu'elle avait probablement les réponses à mes questions. Je reste là, à fixer sa pièce. Comme si elle était plus belle et plus accueillante que la mienne, ou si, tout simplement, le seul fait de voir quelque chose de différent à seulement quelques mètres de moi me faisait ressentir autrement les choses... C'est toujours avec cette larme à l’œil, celle que je garde à chaque instant depuis plusieurs semaines maintenant, celle que mon cœur ne veut plus quitter pour montrer au monde ce qui est parfois infligé aux hommes qui n'ont rien fait de

mal à part vouloir enfin vivre dans un monde sans honte ni discrimination... 

Quand je sortirais, si ceci m'arrive, je n'aurais pas peur d'expliquer ce que j'ai vécu pendant plusieurs mois... 

"Ne soit plus triste, si ton passé te manque, tourne-toi

vers les personnes qui rythme aujourd'hui ton présent..."

Ce que je trouve bizarre, c'est que je ne suis toujours pas tombé de sommeil... C'est subitement que me rends compte que je n'ai tout simplement pas mangé ce que

comportait mon sac vingt du jour, la faim ne se présentait pas. Pourtant il y a bien quelque chose dans cette nourriture qui me faisait envie de manger. C'est pour ne pas éveiller les soupçons que je trouvai une solution, pourquoi ne pas jeter ma nourriture, faisant croire que je l'ai mangée afin de pouvoir découvrir qui m'apporte ces mystérieuses provisions...

"Les anges guident ce que les yeux ne voient pas..."

C'est dans cette ambiance encore perdue que mon cœur cherche où se reposer, j'observe en long et en

large cette pièce à l'allure si ténébreuse... Sans trop comprendre pourquoi, je regarde à nouveau par le trou, j'aperçois encore ce calendrier marqué d'une croix de couleur rouge. C'est à mon étrange surprise que je découvris qu'elle n'était pas sur la date d'aujourd'hui, en effet, elle se trouve sur la case dix-neuf de ce mois de novembre. Nous sommes deux jours avant cette date. Je ne peux pas rester ici à ne rien faire sachant que derrière ces murs, elle m'attend... Je ne vais pas faire que ça, regardé les gens mourir sans les aider et me faire pardonner ensuite en écrivant des centaines de citations pour eux. On ne choisit

pas de vivre mais on ne décide pas non plus quand partir... Je ne dois plus avoir de peine pour moi-même, je dois en avoir pour ceux qui comme moi ne comprennent plus leur passé...

C'est presque découragé que je m'avance près de mon mur de citations, il ne me reste guère d'espace à présent. Ces murs sont horribles car il me tienne emprisonné ici, mais ils sont aussi protecteurs est me servent de passage vers la liberté, ma liberté d'expression et ma liberté de parler. Dans ma tête, un seul mot :

''Reviens-moi, ne t’égare plus et suis ton chemin...''

J'ai la main et le bras qui tremblent... Je sens des fourmis dans mes jambes, j'ai mal au crâne, mon cerveau bouillonne... Mon corps ne suit plus ce changement, il a besoin de ces médicaments pour avancer... Avant, cette envie n’existait pas mais depuis que je suis là, je suis obligé de les prendre, enfin, au début je ne savais pas que ma nourriture en comportait, j'ai découvert ça quelques jours après mon arrivée. Je tombais de sommeil dans la journée, plusieurs fois par jour je me retrouvais en convulsion sur ce sol

de béton, une bave blanchâtre à la bouche et le regard perdu dans nul part...

Je prenais des crises de fou rire constamment, je devenais fou, je le suis encore maintenant mais je sais me contrôler... Je ne sais pas si la nourriture de ma sœur est elle aussi bourrée de drogue ou si à elle, ils lui ont laissé le droit de rêver librement... Je sens que je suis en manque, je sais très bien que ce besoin est devenu vital aujourd'hui... C'est dans un état pitoyable que j'entrepose délicatement des milliers de mots sur ce mur de honte...

"J'ai mis longtemps avant de comprendre que rien n'est fait

au hasard et que si je parle avec toi ce soir, c'est que

demain, je le partagerais avec toi..."

Voilà déjà sûrement quelques heures qu'avec mes dernières forces j'écris... La lumière qui m'aveugle pour observer ce qui se passe à l'extérieur et maintenant éteinte. Je ne vois pas grand-chose dans ce couloir, à part ces panneaux de sortie de secourt. Je suis à bout de forces, mon cœur ne suit plus, je tremble moins à présent, je me suis rafraîchi le visage au lavabo. Je suis habitué à l'odeur de cette eau sale et

jaunâtre. J'en ai profité pour me laver le reste du corps car l'odeur elle aussi était insupportable... Je suis à présent tout propre enfin, façon de parler. Plus les minutes passent, plus mon appréhension grandit, je me demande quelle sera ma réaction face à cette personne. Vais-je rester éveillé, vais-je lui parler ?

Voilà quelques jours, j'ignorais l'existence de personnes autour de moi et là, je me prends en train d'essayer de réfléchir sur un dialogue possible avec une femme.

"Pourquoi les anges ont-ils des ailles et les démons des

cornes sur la tête..."

C'est la dernière phrase que j'ai inscrite avant de me mettre à réfléchir sur la prochaine venue de cette femme. Je ne sais pas très bien et j'espère que cette nuit, enfin... J'aurais les réponses à chacune de mes questions... C'est à ce moment-là que je me rends enfin compte des paroles de cette jeune fille condamnée à rester seule dans une pièce insalubre... Cette phrase qu'elle m'a prononcée avant de s'en aller dans un endroit qui m'est encore inconnu...

Serait-elle réellement ma sœur... Si oui pourquoi est-elle aussi présente dans une pièce comme moi... Cette histoire commence à devenir insupportable... J'ai peur pour la suite des événements. Ne rien comprendre avec un mental dégradant est horrible... On en vient même à se demander si en réalité nous ne sommes pas morts, si ce que je vois aujourd'hui n'est pas ce que j'aurais dû mériter. Et puis, on laisse faire, comme si la vie pouvait nous laisse une deuxième chance. Bon OK, je rigole quand je dis ça... Si la vie laissait des chances supplémentaires, on serait au courant depuis fort longtemps...

L'homme cherche à imaginer son futur alors qu'il ne comprend toujours pas son passé. Si les anges pouvaient me guider, je leurs demanderai de me conduire jusqu'à cette femme qui a les clefs de mon passé incompris...Pendant quelques instants, mon être s'endormit... Comme plongé dans un rêve sans fin, des images sans liens, je repris très vite connaissance... En tombant, je me suis tapé les genoux contre le sol de béton. Me lever devient un supplice réfléchir l'est davantage. Je reste donc sur le sol, la tête posée sur le côté droit à regarder ce qu'il se passe. J'observe ces murs sombres et sans âme,

restant là debout dans l'attente d'être rempli de centaines de citations à leurs tours. Puis je tourne délicatement ma tête de l'autre côté j'ai devant moi cette porte, plus à gauche je distingue le calendrier. C'est d'un geste de colère que je pris la lame de couteau qui ne coupait plus grand chose avant de brusquement la jeter en direction de ce calendrier comme si je voulais d'un geste arrêter le temps… C’est après l’avoir violemment percuté qu’il tomba au sol. C’est à ce moment que mes yeux se tournent vers le mur. Derrière l’emplacement où était le calendrier se tiennent d’étranges inscriptions qui ressemblent beaucoup à celles

des Maya. Je ne sais même pas dans quel type de bâtiment je peux être renfermé. En tombant, il avait emporté avec lui des gravats, une sorte de deuxième couche qui était fixée au mur.

“Il n’y a qu’en rêvant que l’ont décroché les étoiles”

Je prends mon courage à deux mains et une force presque inexplicable, je me lève, ma jambe me fait souffrir mais je ne peux pas rester là à ne rien faire et me contenter à regarder les jours qu’il me reste avant de mourir. J’avance quelques pas afin

de voir ce que referme comme secret ce mystérieux mur. Ce n’est pas de simples dessins mais des gravures qui étaient et son encore cachées pour une partie sous un peu plus d’un centimètre de gré. À l’aide de mon indexe, je touchai une de ces nombreuses lignes. Cette ligne s’arrête dans un coin où une nouvelle couche de gré renferme la suite. Je prends sans réfléchir ma larme et je frappai un coup sur cette paroi. Des morceaux de trois à cinq centimètres tombaient sur le sol. C’est surpris que je vois que ces lignes se forment comme des branches dans un arbre, je continue à briser cette couche qui

au fur et à mesure devenait de plus en plus difficile à extraire.

“N’abandonne pas l’espoir de voir un ange, en réalité ton être n’est fait que de ça…”

Plusieurs minutes que je répète ces gestes fatigants, la faim et la soif deviennent problématiques. Je m’avance donc en direction ce lavabo à l’allure de vasque des années 1900 que l’on trouve encore dans certaines célèbres prisons des États-Unis. Je me rince vulgairement mes mains ensanglantées par les bords tranchants des gravats qui tombaient, ou parce que, la lame

ripe contre ma peau usée par tant d'effort sans aliments dans l’estomac... Une poudre blanche sortait du mur lorsque je le frappais, c’est après au moins deux heures passé à découvrir ce que renferme ce mur que je me retrouve avec deux mètre sur un de mur brut, une sorte de béton très sombre et humide. Les inscriptions étaient blanches enfin gris clair. Je me recule de quelques pas, je fais attention de ne pas tomber avec la pille de gravât qui était posé au sol tout autour de moi. Je me trouve à présent à trois mètres du mur. Les symboles que je distinguais voilà quelques heures n’en sont maintenant plus. C’est bien plus

que ça… C’est un plan. Un plan réparti en plusieurs zones toutes de la même taille. Certaine indique des cours d’eau, d’autre des sortes de panneaux d'interdictions. Toutes les lignes partent du centre où il n’y a rien... Le vide complet, sur environ plusieurs dizaines de centimètres. Cette zone n’a pas de forme spéciale, on dirait les cartes des grandes métropoles européennes avec un centre et des centaines de rues ou avenues qui la bordent. Le plus troublant ce sont ces quelques zones qui ne sont pas terminées. Comme si quelqu’un avait dessiné ce plan sans voir la possibilité de le finir… Elles n’ont aujourd’hui comme la

vie aucun but à part la mort… On commence mais on ne sait pas quand ce fini notre route… Elles laissent des mystères que seules les meilleures peuvent trouver les réponses. La vérité sur cet endroit... La vie ne comporte pas assez de problèmes, en voilà encore une qui aujourd’hui me retiens enfermé dans ce lieu sans vie où le seul passe-temps et de réfléchir sans comprendre…

“Tandis que je continue à traverser ce chemin, la vie derrière moi me devient

impardonnable...”

Je suis assis sur le coin de mon lit, tel un enfant puni de dessert

après le dîner. Je scrute chaque bruit, chaque goutte d'eau frappant le fond la vasque. Cette femme est-elle au courent de ce plan gravé sur le mur... Ce que je cherche à comprendre maintenant c'est de savoir si c'est bien la carte de ce lieu ou si c'est l’œuvre d'un illuminé. Mon cœur n'observe plus le futur mais dénombre mes erreurs passées... C'est soudainement que j'entendis du bruit venir de l'extérieur. Des personnes approchent, c'est sous l'emprise de la peur que je fais semblant de me recoucher avec l'esprit figé, presque perdu... Je pose sur moi le morceau de tissu qui me sert de drap. Les secondes passent... J'entends des bruits de

roulettes frapper le sol à une vitesse titanesque comme ceux que l'on peut entendre dans les supermarchés avec les chariots. Je compris très vite que cette fois je n'allais pas rester là, j'entends le bruit d'un verrou suivi d'une ouverture de porte, mais seulement, ce n'est pas la mienne. C'est d'un dynamisme grandissant que je me levai. Courus jusqu'à la porte, c'est discrètement que je vis ma sœur arriver dans le couloir, ils l’a tiennent par les bras, le brancard un peu plus loin derrière. Elle était comme sans vie, du sang tombait sur le sol, ses vêtements en étaient aussi couverts par endroit. Je devais me cacher car même si

la fenêtre est petite, elle se place en face de cette galerie interminable. L'un des deux hommes ouvra la porte de sa pièce pendant que l'autre la tenait, elle n'était pas consciente enfin d’après ce que je vois. C'est les bras ballant que l'homme qui la tenait la brusquement jetée dans la pièce. Je m'avance près du lit, afin de voir ce qu'ils lui font par le petit trou que nous avons creusé à deux. C'est après qu'ils soient partis qu'elle gémi. Elle souffrait. Certaines personnes auraient déjà voulu en finir avec une histoire aussi irréelle que sans espoir. Mais nous non, j'ai enduré ceci toute ma vie, je veux juste la finir en apothéose. La finir

mais avant cela, je dois attendre, je dois savoir qui je suis vraiment...

Les personnes sont parties, elle est seule à présent. Les anges veillent de nouveaux sur son être. Je me suis de nouveau assis sur le coin de mon lit, de là, je l'observe, je regarde ses moindres fait et gestes. Voilà déjà plusieurs minutes que je fais attention chacune à ses respirations, aux bruits de ses dents qui claquent de peur. Comme si je souhaitais la consoler, j’entamai doucement mon air de musique préféré, celui que j'écoutais des centaines de fois au côté de ma copine disparue. Tout a commencé par

un simple sifflement comme la dernière fois j'ai chantonné le refrain, dans ma tête, je vois encore ses yeux se morfondre dans les miens tout en dansant. À présent j'entends comme des bruits de pleurs. Des bruits de plus en plus fort jusqu'à que je vois par la seule ouverture que ce minuscule trou, son corps se retourner vers moi. Son visage est recouvert en partie de sang presque sec. Elle a la peau blanche comme moi, ses cheveux sont brun mais comme décoloré par endroit. Je reste fixé à la beauté de son visage en peine. C'est presque comme un miracle qu'elle ouvra soudainement ses

yeux bleus ce qui me transperce le cœur.

Elle avait du mal à parler, elle pleurait énormément en même temps.

-Ugo à tu compris ce que je t'ai dit tout à l'heure ?

-Oui bien-sûr, tu es ma sœur n'est-ce pas ?

Elle eut à peine le temps de me répondre que j'entendis de nouveau du bruit dans le couloir. C'est d'un regard presque meurtri qu'elle me dit.

-C'est bon, c'est à toi...

C'est d'une profonde inquiétude que je lui réponds.

-Que veulent-ils me faire ?

Arrivé au bout du couloir, je ne peux pas entendre leurs voix. Je m'avance donc jusqu'à la porte, je posai délicatement mon oreille gauche contre cette issue de métal froid. Je regarde discrètement par la petite fenêtre. Ils étaient en train de regarder la porte à gauche de la mienne, c'est à dire celle opposée à ma sœur.

L'un d'eux dit :

-L'autre on le fera après.

L’un ouvra, il se prépara mentalement comme s’il allait confronter un monstre. Plusieurs secondes s'écoulaient avant qu'il entra. Le dixième le rejoint, il poussait un brancard au matelas gorgé de sang sec ce qui lui donnait un aspect marron. Déjà plusieurs minutes qu'ils sont à l'intérieur sans montrer le moindre signe de vie. Je me demande surtout ce qu'ils peuvent lui faire.Quelques secondes plus tard, un cri surgi. Durant quelques instants

je sentis la douleur de cette personne. Mais je refuse de laisser une telle souffrance exister. Alors, je tape de toutes mes forces contre cette porte de taule ce qui donna un fort raisonnement. Il était si fort que les deux hommes sont subitement sortis fermant la porte de nouveau derrière eux. Je n’entends plus rien à part ma sœur qui cri me suppliant de m'arrêter. Des cris de désespoir, comme un ange me demandant d'arrêter un combat avec le diable. C'est tout en continuant à taper que je vis les deux hommes approcher, l'un d'eux se retroussa alors les manches.

"Je ne vois plus que mon âme dans cette océan de mal-être"

L'un d’eux parla :

-Il est trois heures du matin, pourquoi est-il encore celui-là !

Je reste collé à cette porte les regardant dans les yeux d'un air froid et sans vie. Ils ont alors rentré la clef dans le verrou, c'est d'un geste incontrôlé que je fais pression sur la porte. C'est en vain que je perdis. Ils ont ouvert la porte, moi, j'étais là, debout et adossé au mur, fermant les yeux pour ne pas voir le massacre, je

sentis très vite des coups au niveau du ventre et des jambes. C'est même avant de me retrouver au sol qu'un coup à la tête me fit perdre de nouveau connaissance. Durant quelques instants, je me suis plongé dans un rêve qui au fond ressemblait plus à un cauchemar. Je me revois petit, dégoûté par la vie, comme un goût amer en bouche lorsque l'on croque une graine de café. Puis une vision de mon début d'adolescence, Je n'en pouvais plus déjà jeune, je cherchais des réponses, ma deuxième maman comme je l'appelle souvent, me dit alors :

"Ugo, tu n'es pas comme tous les autres à jouer au débile dans les prés mais plutôt à

rester calme dans ta chambre à étudier des heures

entières."

Mon adolescence ne rimait pas avec recherche de l'amour mais de mon passé... J'ai depuis toujours cherché mes traces, mais la neige masquait mes semblants de trouvailles. Nul ne m'a aidé alors je suis parti, dans une sorte de monde imaginaire où les anges l'on pas d'ailes et où le diable n'est plus seul. C'est dans ce monde que mon cœur écrit, c'est dans ce monde aussi que mon cœur cri à l'aide dans les

moments désespérés. C'est moments qui comme souvent ne sont pas écrits mais gardés dans mon cœur sans armes. C'est encore dans mon rêve que j'ai en vision les yeux de ma sœur, Scarlett. Je suis sûr de les avoir déjà vus quelque part. Des yeux au regard envoûtant presque mélancoliques. Puis presque venue de nulle part, un ange portant à la main droite un trident couvert de sang se jetant sans crainte sur son corps sans défense.

C'est pris de panique que j'entendis comme des échos, Scarlett m'appelait me demandant de me lever, j'ouvris

alors les yeux, le souffle coupé par tant de cruauté.

Tu penses que tout est fini, que tu te réveil d'un cauchemar sans grande importance. Pourtant chez moi, rien n'est réellement fait au hasard. Les quelques signes de vie qui rythme tes jours sans fin ce sont éteint maintenant. Observe l'espoir de laisser ton cœur obtenir une nouvelle chance de voir de nouveau cette personne devant tes yeux. Elle est partie aujourd'hui... C'est avec ce goût amer encore en bouche que je me penche sur le côté. J'aperçois ma sœur avec derrière elle sur le sol une traînée de sang. Elle se tenait le ventre. Le sang se

mêlait à ses mains, une expression de peur sur le visage, c'est en pleurant qu'elle exprima sa douleur :

- Ugo, aide-moi, je t'en supplie. Ils m’ont pris mon bébé...

Pendant mon instant d'inconscience, les deux hommes étaient revenus lui refaire du mal...

"N'abandonne pas, les anges sont encore là..."

- Scarlett, regarde-moi, qui est cet enfant ? Je la vois, essayant de

retenir ses larmes qui depuis quelques jours ne cesse de tomber abondamment accompagné de cette réflexion qu'elle se faisait sur elle-même. C'est presque à contre cœur qu'elle répond :

-Ugo, je t'ai dit que nous n'étions pas là par hasard et c'est bien vrai. Tu n'as jamais pu comprendre ton passé et moi non plus, mais je connais plus de chose quand même sur notre existence...J'ai un petit ami qui est policier à Cornwall et...

Je l’arrêtai précipitamment.

-Cornwall dis-je avec un ton très prononcé.

-Oui, Cornwall, Je sais que tu y vis en réalité. Je ne te cherchais pas car pour être honnête, je ne savais pas que tu existais... À ma connaissance j'étais fille unique d'une mère décédée trop tôt... Mais ça c'est avant que je rencontre Matthew, mon fiancé dans un bar à Cornwall. J'étais là comme simple touriste mais surtout à des fins professionnelles. Je devais rédiger un article sur le prochain concert de ce fameux groupe de musique rock. (En disant cela, un sourire se dessinait sur son visage.) C'est

arrivée à quelques kilomètres de la salle de concert qu'une envie pressante ce déclara. Je me suis alors arrêtée près d'un bar ou plutôt une cafétéria au look branché en bordure de route. En entrant je demandai à une serveuse où se trouvait le petit coin quand une employée à l’allure de femme vulgaire qui tenait le comptoir m'interpella, elle me dit que les toilettes n'étaient accessibles seulement aux clients. J'ai donc pris un café que j'ai offert à un homme qui se tenait adossé au mur entrain de siroter un petit verre d'alcool doux. J'ai filée aux toilettes et en revenant l'homme était parti mais la femme m'interpella une

seconde fois pour cette fois me dire que l'homme m’avait laissé un petit mot de remerciement. Il était inscrit grossièrement sur une simple serviette en papier avec le logo de la chaine de restauration. Je sortis et entra dans ma voiture, il ne restait plus beaucoup de temps avant que le concert commence. C'est en enclenchant le contact que je lis en même temps ce message. Il commença par me remercie pour la boisson et me proposa de m’offrir un verre à son tour le lendemain soir dans un restaurant végétarien très renommé du centre-ville. Le mot était accompagné de son numéro de téléphone. C'est après un concert digne des plus grands que

je rentrai à l'hôtel. Le lendemain c'est toute heureuse que je fis les boutiques afin de trouver quelque chose de chic à mettre pour le soir venu. C'est quelques heures après qu'un SMS me suis parvenu me demandant de le retrouver devant le restaurant à vingt et une heure. Arrivé là-bas, je le vis, d'une tenue très classe lui aussi. Il me salua avant de me demander d'entrer. Nous avons ensuite fait connaissance, il me parla donc son métier, c'est un peu gêné qu'il me demanda ensuite mon nom. C'est souriante que je lui répondis :

-Moi, c'est Scarlett Tremblay.

C'est d'un air presque surprit qu'il me répondit :

- Tremblay ?

- Oui pourquoi ?

- Je connais un Tremblay ici.

- Ah oui ?

- Oui, le plus surprenant je crois, c'est qu'il porte un grain de beauté sur le côté de l'œil droit, comme toi.

"Si la vie devait avoir une histoire, elle commencerait

par toi..."

Tu comprends Ugo, à Cornwall tu n'es pas que connu pour ton métier mais surtout par ta différence... Ce soir-là, je ne voulais pas y croire... Enfin je ne pouvais pas le croire... C'est en cherchant un peu sur le net que je découvris ton profil Facebook avec un message publié quelques mois auparavant disant que tu étais né sous x en Décembre 1988 à Cornwall. J'ai donc su que ce qu'il me racontait n'était pas des bêtises. J'ai alors tout fait pour te voir, j'ai finalement quitté mon travail afin de m'installer

quelques semaines après chez Matt. Je t'ai croisé à plusieurs reprises, c'est l'air heureux mais le cœur déchiré qu'une après-midi tu étais là, à seulement quelques mètres de moi entrain de signer des autographes pour ton dernier thriller dans une célèbre librairie d'un centre commercial. Je suis venu vers toi, tu m’as demandé ce que je voulais indiquer dans la première page. Je t'ai alors répondu :

- Pour mon frère.

Tu m’as alors regardé avec sourire, pendant un instant j'ai cru

que tu avais remarqué mon grain de beauté mais non.

- Mais Scarlett, c'était il y a trois ans cela, depuis je n'écris plus !

- Oui Ugo trois ans.

- Tu n'as pas essayé de me recontacter depuis ?

- Si j'ai voulu mais le problème c'est que quelques semaines après, j'ai été enlevée et emportée ici...

- Tu vas me dire que ça fait trois ans que tu es là ?

- Bah oui Ugo mais toi aussi.

Nous n'avons plus aucun repère, si nous sommes la nuit pourquoi quand j'observe l’extérieur je vois encore cette magnifique baie vitrée qui ne change pas de luminosité depuis que je l'ai découverte. À vrai dire, j'ai l'impression que rien n'est vraiment réel dans cet endroit.

Elle m'a dit qu'elle allait se débarbouiller un peu. Je la laisse donc tranquille en enroulant un

vieux tee-shirt tout crasseux que je place ensuite dans le trou. J'entends l'eau couler accompagné de petits cris de douleurs. Elle est en souffrance, d'après ce que j'ai compris, elle a perdu un enfant, elle ne le portait que depuis seulement cinq mois. Je cherche encore à savoir qui l’a mise enceinte. J'ai plusieurs fois tenté de lui demander en vain. Elle cache cette vérité pour ne pas la rendre réelle. L'être humain ne cherche que ça, cacher ses propres vérités pour mieux appréhender le futur. C'est comme s’il avait besoin d'être quelqu'un d'autre pendant quelques instants. Juste pour penser autrement se dire que ce

qu'il se passe en ce moment n'est pas vrai et que demain l'aura oublié. Je ressens la douleur qu'elle éprouve mais je ne peux rien faire pour la calmer. Le mal est déjà fait, il faut donc juste attendre qu'elle s'estompe.

Je suis fatigué par tant de suspense, j'en ai ras le bol de tout cette mise en scène. Je vous en prie, réveillez-moi. Je suis en sursaut quand j'entends le moindre bruit venant de l’extérieur. J'ai maintenant peur de mes prochaines découvertes. J'ai peur de ne pas savoir comment les gérer. J'ai surtout peur de ne pas savoir les vivres. C'est en pensant à cela que je

touche en même temps une autre de mes citations...

"Je n'ai plus peur de mon passé, j'ai peur de ton futur..."

Autant de citation que d'idées, je n'imagine pas vivre sans. Penser et regarder dans le vide un instant est le seul moment où je suis ailleurs. Sans que je puisse regarder dans le passé mais vivre au présent. Ces moments que j'affectionne pour le fait qu'ils soient uniques en leurs genres. Je relativise en me disant qu'au fond cette histoire m'aura au moins donné une réponse inattendue à ma vie, j'ai une sœur. C'est une

partie de ma vie qui m'a été cachée mais que je découvre aujourd'hui.

Elle en a fini maintenant avec sa toilette, je lui demande donc si je pouvais retirer le tee-shirt. Un petit oui me parvint. Je l’ôtai donc. Le sang avait disparu mais la haine était d'avantage présente. C'est d'un semblant de sourire qu'elle me dit que tout allait bien. C'est avec cette envie d'en savoir plus que je lui demande :

- Scarlett, de qui est cet enfant ?

C'est surpris par ma réponse qu'elle me dit sèchement :

- C'est un test Ugo.

- Comment ça un test ?

- La drogue présente dans notre nourriture n'est pas connue du monde. Je l'ai compris lorsque les hommes sont un jour venus me chercher en pleine nuit. Ils m’ont emportée dans une pièce aux allures de bloc opératoire. Mes mains et pieds étaient attachés. Pour eux, je dormais. Un des deux s'exprima donc :

- Elle est prête pour le test tu crois ?

- D'après ce que j'ai vu dans le planning oui.

- Oui, tu la bien compris, ils surveillaient de savoir quand j'avais mes règles. Quelques minutes plus tard, la femme arriva. Blonde avec un visage superflu, des lèvres ratées par la chirurgie esthétique et une sacrée couchent de maquillage sur les joues. Elle n'avait plus que la voix qui était naturelle et encore... Sur

la table, un tube en plastique remplit d'un liquide blanchâtre. Je savais d'avance ce que j'allais devoir subir. Ils voulaient tout simplement savoir si leur nouvelle drogue pouvait avoir un effet sur un enfant... Ce n'est qu'aujourd'hui que je découvre qu'ils veulent avoir des informations dès que le fœtus peut percevoir ce manque. Il a pu percevoir mes cris, il a même avant la naissance connu la cruauté de ce monde. Dans son cas c'est plus que de la simple cruauté. C'est une monstruosité.

- Scarlett, tu n'es pas obligée de me dire toute ces choses tu sais.

- Ugo, j'en ai besoin.

"Tu n'as pas peur de l'avenir... Juste de faire des

erreurs..."

- Depuis quand portait tu ce bébé ?

- Un peu plus de sept mois. Donna-t-elle brusquement comme réponse.

C'est pour ne pas l’inquiéter que je préférai ne pas rentrer dans le sujet. Mentalement elle ne le supporterait pas, même si sa perte lui donnait envie d'en parler.

- Donc si j'ai bien compris, tu ne sais pas qui est le père ?

- Effectivement, je n'en sais rien mais j'ai peur de le découvrir.

Elle réfléchissait, ses mains serrent les parois de ce trou qui heure par heure deviennent de plus en plus grandes.

- Scarlett, j'ai aussi peur de le découvrir... Ils sont capables de tous ces monstres.

- J'ai pensé à cette éventualité Ugo mais je ne pense pas qu'ils auraient pu...

- J’espère...

- Ugo, pour en revenir à ta découverte, ce soir-là, j'ai bien plus que trouvé un proche.

Nous ne sommes pas de simple frère et sœur, nous sommes faux jumeaux. Tu es né le même jour

et la même année que moi. Le 1 décembre 1988.

Il m'a fallu quelques secondes. Le temps d'être un peu seul... J'étais pourtant bien présent, inerte certes mais bien devant elle, le cœur battant le corps était présent. Mais l'esprit était parti. Elle attend une réponse de ma part mais rien ne sort. Je suis imperturbable sur le moment, même les bruits dans le couloir ne m'effraient pas. Je suis dans un état de choc. Après avoir découvert qu'elle n'était pas qu'une simple inconnue mais un être cher. Je découvre maintenant les raisons de ma vie passée. Je sais pourquoi j'étais mal avant et

même si aujourd'hui je suis dans un endroit plein d'effrois je me sens bien depuis que j'ai entraperçu son regard. Depuis que sa voix à retentie sans prévenir. Depuis que son cœur a frappé au mien lui demandant une place... Je décèle aujourd'hui une vérité sur mon passé. Ils ont toujours été ensemble.

- Ugo, Ugo !

Mes yeux étaient encore ouverts mais ils ne voulaient rien voir. C'est après avoir entendu un grand bruit venant de l’extérieur qu'en une fraction de seconde je revins à moi.

Elle parlait mais je n'entendais rien. Ses lèvres bougeaient sans qu'aucun bruit ne parvienne à moi. Le bruit dehors était trop fort. Une sorte de grand bourdonnement sonore au-dessus de nous. C'est par chance que j'entendis quelques-uns de ses mots.

- Ug…........... Ugo ….... Pousse-le…. Pousse le lit !

Après l’avoir enfin remit à sa place. Il ne restait plus que le bruit. Je ne sais pas réellement d'où il peut provenir. Il vient certainement du haut. Mais qui

peut bien faire autant de vacarme. Je ne peux même pas savoir ce que c'est, aucune ouverture ne me le permet.

Mon idée était la bonne, le bruit vient bien du plafond. Celui-ci perd peu à peu des poussières. C'est une pensé soudaine que je me mis à sourire. C'était peut-être le bruit des secours. Je ne m'alarme pas, mais j’espère. Plus les secondes passaient, plus le bruit perdait de volume. Jusqu'à distinguer des voix humaines. En l'espace d'un instant mon cœur sorti de son état perdu, c'est avec la plus grande des joies qu'il cria de toute ses forces. Il était pourtant fatigué. Fatigué de

toutes ses années passées ici. Le sourire se lisait sur mon visage mais disparu très vite. Les minces de voix ne retentissaient plus maintenant. Mon esprit avait encore certainement rêvé.

Assis au bord de mon lit, c'est perdu dans les mots que ma sœur m'appela. Sans perdre une seconde, je décalai le lit et me pencha vers le trou. Elle était sur le sol agonisant. Du sang de nouveau sur les mains, elle me supplia de l'aider. Quelques minutes après que les deux hommes aient retirés l'enfant sans acte d'hygiène, elle perdit du sang. Beaucoup de sang cette fois ci. Je ne pouvais rien faire. Elle

avait beau n'être qu'à quelques mètres de moi, ce mur nous devisait. Je couru donc jusqu'à la porte pour voir si les deux hommes étaient encore là. En vain, je frappai donc la porte de nouveau dans l'espoir de faire apparaître quelqu'un. N'ayant pas de réponse après multiple essais. Je retournai près du creux. Elle était encore là mais plus pour longtemps. Durant mes études, j'ai pu faire une année dans le médical. Je connaissais donc les conduites à tenir durant une hémorragie. Je lui ai donc demandé de se coucher sur le dos, j'ai pris le vieux tee-shirt qui était posé au sol avant de le passer sous l'eau chaude. Je l'ai

essoré très rapidement puis j'ai voulu lui jeter. Ma main ne passait pas dans le trou j'ai donc forcé le passage. J'ai enfoncé mon bras avant de lui jeter le vêtement qui devait maintenant servir de compresse. Elle était à deux ou trois mètres de moi. Le tee-shirt lui parvint. Elle s'en empara avant de le placer au niveau de ses cuisses. Je lui demandai ensuite de serrer très fort. Pour être certain que personnes n'est dans le couloir, je retourne près de la porte tout en lui donnant des indications.S’ils m’entendaient, je savais que j'allais avoir des ennuis, qu'ils allaient trouver notre combine pour communiquer. Mais en

réalité, je n'y pense pas. Je me dis que ce risque ne dépend plus de sa santé mais sa survie. Si personne ne vient. S'en sera fini pour elle.

Personne... C'est comme décapité que mon dos glissa contre la porte avant que mes fesses ne touchent le sol. J'étais assis, la tête repliée sur mes genoux, les bras les entourant.

Sa respiration s'intensifiait, elle devenait irrégulière. Ses cris de douleurs me donnaient la chair de poule. Je ne raisonnais plus, mon corps ne suivait plus. Un bout de moi mourrait lentement... C'est alors qu'elle m'appela. D'un bon,

je me retrouvai devant le fond de ma pièce. Je lui demande si son placenta avait été retiré, elle me dit en douleur que non. Je lui dis donc de se mettre dos à moi, d'écarter doucement les jambes tout en tenant le tee-shirt compressé avant de lui donner la marche à suivre pour retirer la poche. C'est l'air fébrile qu'elle exprime sa peur. Elle tremble, elle est en sueur. Le plus horrible pour elle c'est de faire cela elle-même en pleine nuit. Je la rassure tel un grand frère. Je la réconforte sur le fait que ce n'est qu'un passage. Que dès que tout sera fini, elle ira mieux.

Quelques dizaines de minutes plus tard, elle se leva. La scène est-elle horrible, une véritable boucherie. Du sang imprégné en abondance sur le sol de béton. Ces vêtements en sont couverts eux aussi. Elle avait besoin de forces mais malheureusement elle n’avait plus de nourriture. Heureusement, je n'ai pas jeté la totalité de mes provisions. Il me restait un sandwich avec de la salade à l'intérieur. Je le passai sous l'eau afin de retirer la présence de poudre. Après en avoir terminé je le passai par le trou. Elle le prit avant de le dévorer.

Elle devait reprendre des forces, elle était trop faible pour continuer sans soins médicaux. Ce qui lui permet de rester vivante c'est probablement les quelques traces de drogue qui sont présentes dans son corps. Elle peut faire du mal mais elle va pouvoir sans doute la maintenir en vie. N'abandonne rien...

- Ugo. Me dit-elle d'une voix douce.

- Oui Scarlett ?

- Il me cherche en ce moment.

- Qui ça ?

- Matthew.

- Sans doute mais comment nous chercher sans avoir d'indice.

- J’espère juste qu'il ne pense pas que je suis partie du jour au lendemain. Il m'a peut-être oublié.

- Je ne pense pas. Il va sûrement vouloir me trouver aussi. Et si c'est le cas il va savoir qu'il se passe quelque chose.

- Trois ans, tu imagines ! Il doit être en couple de nouveau.

- Ne penses pas à cette éventualité.

- Comment ne pas y penser.

"Je suis perdu, entre monde sans réalité et désir perpétuel

de trouver des réponses..."

- Scarlett, savait tu que je me trouvais dans l'autre pièce ?

- Je n’en n’avais aucunement l'idée.

- As-tu trouvé une façon où même une astuce pour tenter de sortir ?

- Je suis sortie, une fois.

- Sortie ? Je dois avouer que j’étais sous le choc.

- Oui, je te raconte, un soir au tout début de ma capture, une femme est venue me voir avant de me déposer une fleur sur le coin du lit. Elle m’a ensuite regarder puis s'est ensuite exprimée de façon

incompréhensible avec des gestes étranges. Une langue inconnue à mes oreilles. Elle était folle elle aussi... C'est en partant qu'elle voulut fermer la porte. Mais ne la ferma pas complètement. Une simple fermeture. Sans geste de verrou. Rien. C'est surpris que je me lève afin de vérifier. J’actionnai donc la poignée. La porte s'ouvra. Je la refermai. Je pensai à un piège. Elle devait attendre quelques mètres plus loin. J'attendis quelques secondes mais la sortie m'appelait. L'envie de partir me donnait cet élan m’obligeant à ouvrir cette ouverture et filer. C'est ce que je fis quelques

instants après. Je n'avais jamais vu l’extérieur. À vrai dire, il n’y a rien de différent de là où nous vivons. Un long couloir se dresse à ma droite. Une étrange porte à ma gauche. Elle portait l'inscription : Réserver. Il était vulgairement écrit avec une sorte d'encre rouge. C'est en m'approchant doucement puis en touchant avec l'index que je découvris que le texte avait été écrit il y a peu de temps. C'est en l’amenant à mon nez qu'une forte odeur de fer s'empara de mes narines. Des sueurs froides sur le dos, je sentais que qu'elle qu'un allait surgir derrière moi. Que dans ce

milieu digne des pires scènes de crime, mon cœur n'allait pas pouvoir survivre. C'est curieuse que je me place sur la pointe des pieds afin de voir par la minuscule fenêtre de cette porte. Je distinguai un mur et un lit vide. Aucun homme. Rien à part ces quelques objets. Je me retournai, devant moi, de nouveau ce vide complet. J'entends le bruit du gaz passer dans le tuyau placé en hauteur et qui tourne un peu plus loin sur la gauche. Je m’avançai, mon cœur ne suivait plus, la peur me transcendait. Des pensées funestes dans tête, les mains qui trembles. C'est après une dizaine de mètres dans

cette galerie sombre et austère. Que le couloir ce fini. Une seconde porte se dressa à ma gauche. Une double porte avec des hublots. Derrière cette porte, de la lumière. Les murs étaient à nu mais le sol était tacheté de sang. Une seconde galerie interminable.

Malheureusement la porte ne s'ouvrait pas. L'humidité me fit retrousser chemin. La senteur en était suffocante on en aura dit les égouts.

- Pourquoi ma chambre était-elle marquée avec le mot « réserver » sur la porte. C'est

quoi qui est réservé ? C'est la chambre ou bien moi...

- Ugo, je suis impossible de te donner les explications. Ce soir-là la chambre était vide j'en suis sûre. Je n'ai pas depuis eu la chance de retrouver la porte de nouveau ouverte.

Elle n'avait plus de certitude sur le moment de mon arrivé. Moi non plus. Les souvenirs sont quasiment tous effacés. Je me rappel juste de mon réveil et de ce chiffre cent. Ces chiffres que j'ai précieusement gardés. Ce jour-là, je n'étais pas bien, nauséeux et couvert d’éraflures je trouvai vite mes repères.

J’implorais... Je pensais parfois que j'avais des troubles de claustrophobies. Je me sentais empresser dans un si petit endroit. J'ai plusieurs fois voulu en fini... Surtout depuis que j'ai eu ce jour du cinquantième sac, la lame assez aiguiser de ce couteau sans manche. D'un geste je pouvais mourir, tout oublier et pourquoi pas tout recommencer. Mais ma conscience m’a dit non. J'ai ensuite trouvé refuge dans l'imagination. Celle que j'avais perdue jusqu'à aujourd'hui. Celle qui permet de comprendre les choses. Dans ce lieu oublié du monde, je ne peux comprendre ce qu'il se passe à l'extérieur. La vie est peut-être finie dehors. Nous

sommes peut-être les derniers hommes... Parfois je délire un peu mais dans de telles circonstances, tout est possible.L'actualité ne circule plus, les potins ne sont pas nos priorités. Nous vivons avec ce que nous avons. Ce sont les sacs qui nous donnent le nombre de journées passées et qui nous reste avant de partir. Eux aussi nous mentent peut-être... Nous dormons peut-être plusieurs jours sans même nous en rendre compte. Comment le savoir ? Rester éveillé, sans voir les heures passées. Réfléchir sur nous même, chaque minute de notre ancienne vie passée en liberté. J'ai la certitude que ne suis pas là depuis trois ans enfin... Je

pense. Ce qui est drôle c'est que je ne m'embête plus. J'ai appris à attendre sagement que les jours passent. Me dire que demain est une étape de plus. Celle qui à commencer il y a quatre-vingt et un jour. Difficile au début mais supportable sur la longue. Je me remémore tous les souvenirs que j'ai, ceux de mon ange disparu, son cœur est toujours présent. Elle m’épaule et m'aide chaque jour. Tenir est la seul difficulté. C'est elle qui me disait, de là-haut je te vois, n'abandonne pas. Ce sont les faibles qui abandonnent. Toi tu es fait pour rester en vie. Ne me rejoint pas m'a-t-elle soufflé une nuit dans mon rêve... Reste seul maître à bord. Parfois

la lumière m'appelait mais je lui tournais le dos tandis que parfois je la cherchais mais elle n'était pas encore là pour moi.

Je m’avançai près du mur des citations, c'est dans un petit coin que j'inscris :

« Reste avec moi mon ange... »

Son corps et maintenant endormit, c'est pour encore une fois lui laisser son intimité que je coinçai de nouveau un autre morceau de tissus dans l'embouchure du trou.

En attendant de lui reparler, je me remémore ma vie, des flashes, encore des flashes… Je pense cette fois à ce que j'ai fait jeune, l'histoire n'est pas très drôle et les conséquences énormes. C'est avant tout pour ça que je suis mal dans ma peau. Je ne sais pas si ma sœur en a appris l'existence. Je veux juste que cette histoire face le moins de bruit possible. Personne ne sait que c’est moi. Mais tout le monde déteste me déteste inconsciemment. Je ne suis pas fière de ceci, mon être n'était pas lui-même depuis ce soir-là. Je roulais sur les routes sombres de cette grande forêt. L'air était humide, le brouillard

cachait les marquages sur le sol. La musique à fond dans la voiture. C'est l'esprit tranquille que je me rendais à Wakefield qui se trouvait à un peu plus de cent kilomètres de Cornwall. Progressivement, la chaussée s’enneigeait laissant très vite les arbres recouvert d'un épais manteau blanc. Je ne m’attendais pas à ce que ma vie bouscule en seulement quelques secondes, mais mon destin en avait décidé autrement. Je conduisais sur la route 105 à une allure normale, quand je remarquai un panneau m'indiquant que je n’étais plus qu'à une dizaine de bornes de l'entrée de la ville. Un second

panneau sur ma droite, un virage séré approche.

Jamais, je n'aurais imaginé connaître un tel sentiment de culpabilité. Il n'existe pas douleur aussi immédiate au moral. Aucun médicament au monde pouvant nous faire oublier ce passage. Même le temps reste impuissant, laissant couler les secondes en espérant de nouveau avoir un jour cette conscience sans remord.

Je m’apprêtai à prendre ce virage, la nuit avait prit place laissant le fond de cette route sans clarté. Seuls les phares de mon véhicule pour apercevoir les bandes jaunes partiellement effacées. Les cônes

de signalisation m’indiquent le tournant. C'est arrivé à l'embouchure que je vis à ma gauche une luminosité venant du fossé. Elle était plus instance que celle d'une lampe de poche, elle clignotait de façon discontinue. J'ouvris la fenêtre tout en roulant un peu moins vite afin d'en voir plus, la buée sur les vitres engendrées par le chauffage de la voiture ne me permettait pas de voir de façon précise l'extérieur. C'est manuellement que j’abaissai la fenêtre. Un grand vent d'air frais balaya en quelques secondes l'habitacle de la BM. C'est après quelques mètres que je vis plus en détails de quoi provenait la lumière. Dans un petit fossé, une

moto se tenait. Je me demandai où pouvait bien être le conducteur. Avait-il eu un accident ? Je regardai dans les entourages pour savoir si une personne était présente et s’il ou elle avait besoin d'aide. Mais personne. Les bois étaient vides des deux côtés, le silence régnait. Je regardai donc de nouveau en direction de la chaussé quand à mon immense surprise, je vis étendu sur le sol, une silhouette noire à l'apparence humaine. Par réflexe, je freinai brusquement. Elle était à seulement dix mètres de moi mais j'ai freiné beaucoup trop tard. Je vois bien son visage apeuré me regarder. Son regard aveuglé par mes phares. Elle

ferma les yeux. Elle le sentait. Elle a vu la mort de plein fouet. Depuis ce soir-là, dans ma tête rien ne va. Tout est confus. Je ne me rappelle plus de rien. Mes souvenirs sont effacés. Ma copine est décédée, je n'ai plus de travail à cause de ma dépression. Ma vie est fichue. J'ai cette culpabilité d'avoir tué une personne alors que je ne le voulais pas, j'ai été contraint. Depuis je cherche résolution au problème. Je remets en cause pleins d'événements qui ont fait que je suis parti sur cette route ce soir-là.

"Elle m'a toujours fait comprendre qu'il fallait que je

reste moi-même..."

Ce que je me souviens après l'accident c'est d'être sorti de la voiture. Avoir couru jusqu'à son corps inanimé. Du sang coulait de son crâne. Je remarquai elle était déjà gravement blessée, il lui manquait une partie de sa jambe. Je la traînai jusqu'au bord de la chaussée. La moto se tenait à quelques mètres de là, seule, elle m’éclairait dans cet endroit perdu. Durant ce moment, j'ai le cœur qui palpite. J'ai le conscient qui ne réagit pas. Je ne me rends pas compte tout de suite que j'ai tué quelqu'un. Un sentiment horrible, la poitrine compressée. Cette envie que tout redevienne comme il y a quelques minutes. C'est là,

que l'on se dit... La réalité n'est plus de rigueur, elle est omniprésente. Je ne sais plus quoi faire. Son corps ne revient plus. Elle est morte à présent. Je ne capte rien ici. Pas de réseau il m’est donc impossible d’appeler les secours. Je regarde sur les côtés en espérant voir venir quelqu'un. Aucune voiture, le vide complet. Ce silence qui me transperce. Je n’entends plus rien juste ce sifflement dans l'oreille. J'ai attendu plusieurs minutes, assis sur les graviers qui longent la route. Le corps de cette femme derrière moi. Je sens la culpabilité arriver. Cette angoisse qui me faire perdre pied. Plusieurs fois dans ma vie je l'ai ressentie. J'ai

souvent fait des erreurs après qu'elle soit passée.

Je suis complètement perdu. Je ne sais plus quoi faire de son corps. Les secondes passent, toujours aucune trace d’un véhicule arriver. Je me tourne maintenant vers la forêt. Des bois clairsemés à certains endroits. De grands arbres. Où vais-je la déposer. Je sais très bien que si je reste là, je risque de gros ennuis. Je l’attrapai donc par les poignets avant de la traîner jusqu'à un arbre à quelques dizaines de mètres d'ici. C'est sur une épaisse couche de feuille morte et de mousse verdâtre que je déposai délicatement son corps. La peur

prit le dessus. Je sentais la mort… Ce sentiment malpropre que mon cœur ne connaissait pas. J’ai peur. Je courrai en direction de ma voiture garée sur le bas-côté qui a elle aussi les phares allumés. C'est sans penser aux conséquences que je repris la route comme rien n'était. Les larmes montaient lorsque je conduisais, j’ai pris peu à peu conscience de ce que j’avais fait. Je sais pertinemment que j’ai donné la mort à quelqu’un qui ne l’a pas demandé. Je me demande s’il ne serait pas mieux que je fasse demi-tour, rester au près elle, attendre les secours, leurs expliquer que ce n’est qu’un accident.

Mais non, je suis ignorant, je n’ai pas eu le courage de faire cela. Je préfère ignorer mes actes, fuir et laisser une personne sans vie derrière moi.

« L’avenir n’est plus car mon passé me terrorise… »

Wakefield m’ouvrait ses portes, c’est un petit village en bord de rivière. Il était très tard, je m’installai dans une auberge au centre de ce canton. Sur la terrasse, une personne assez âgée était assise sur un banc en bois clair à droite de l’entrée. L’homme me regarda avec un air

presque méchant. Je sentais que je n’étais pas le bienvenue. Arrivé dans ma chambre, c’est pris de remords que je me couchai. Des cauchemars toute la nuit, une fille qui hurle dans un lieu vide et perdu. Mes pensées restent inertes, j’attends juste que tout s’arrête, je fais tout pour que cette fin arrive au plus vite. Je ne me comprends plus. Je vois son visage venir en gros plan face à moi accompagné de cette étrange mise en scène assez macabre. Je me réveil en sursaut. Je n’ai qu’une envie… M’enfuir.

Après une nuit mouvementée, je me réveillai le lendemain matin au alentour de sept heure. Je me

préparai pour mon rendez-vous. Thé noir accompagné de quelques pancakes au sirop d’érable. Après avoir très rapidement déjeuné j’ouvris la porte d’entrée de la chambre. Je trouvai le journal du jour plié en deux face à la une. La jeune femme est présente sur la photographie. Ils l’ont retrouvée hier soir. Je n’ai pas souhaité lire l’article. J’ai l’ai jeté dans la première poubelle en sortant.

J’arrivais à ma voiture aux vitres fumées, je fis surpris quand je découvris que les phares avant du véhicule étaient brisés. Je montai vite, enclencha le contact. Je posai mon sac à ma droite quand à mon immense surprise, je vis un

morceau de papier sur le siège passager. C’était un fragment de l’article avec des mots surlignés. Je compris très vite que quelqu’un savait tout cela. Je compris très vite que je n’allais pas sortir indemne de cette histoire. C’est au moment de démarrer. Qu’une main se posa à ma bouche. Une autre portait un revolver pointée à mon menton. Puis une voix me disant :

- Fait ce que je te dis de faire.

J’ai mis un petit bout de temps avant de comprendre. Mon cœur s’accélérait. Mes pensées devenaient confuses. La vie semblait être perdue. J’étais seul

avec une personne derrière moi. Je savais pourquoi elle m’en voulait à présent. J’ai volé la vie de quelqu’un. Certes pas volontairement mais je l’ai tué.

J’ouvris soudainement les yeux, je revenais à la réalité. Je sortais comme d’un rêve où j’étais resté éveillé. Le bout de tissus avait disparu de l’entrée du trou. À la place, ce tenait cette jeune femme assise sur le côté du lit. Une des mains lui tenait sa tête penchée, elle attendait, comme si elle souhaitait connaitre la suite d’une histoire sans fin réelle.

Elle me regarda avant de prononcé :

- Ça, je ne savais pas.

- Tu m’as entendu… Dis-je avec honte.

Un petit sourire se dessinait sur le coin de son visage. Il était presque voulu. Malgré cela, elle ne dit rien. Muette elle était. Juste ce sourire qui en disait long, je ne lui avais pas fait peur, elle s’en doutait.

Je me rendis compte que je venais de me souvenir d’une partie de mon passé. En regardant ses yeux, j’ai découvert un bout de ce que j’avais oublié. J’aurais voulu

me souvenir d’autre chose, c’est une partie douloureuse de ma vie.

- Ugo, qu’a tu fais après ?

Je n’avais pas le choix, je devais lui raconter la suite même si au fond je ne le voulais pas. C’est dans l’incapacité de faire autrement que je m’assis au sol, les jambes tremblantes. Elle, resta aussi au bord, un brin penché afin de pouvoir m’observer. C’était comme raconter une histoire à un enfant. Sauf que cette histoire n’était pas destinée à un jeune public. C’est pour en être sûre que je lui demandai si elle souhaitait réellement connaitre la suite. Elle

hocha de la tête en signe de oui. Je commençai.

- Je ne pouvais pas me défendre, impossible. Je restais sur mon siège, fixant l’horizon. Il était tôt, à peine sept heure du matin en regardant l’horloge sur le tableau de bord de la BM. Je roulais maintenant à soixante kilomètres à l’heure. Je sentais le métal froid de l’arme m’efflorer le haut de la gorge. La personne ne me parla pas. Aucun bruit. Juste cette arme comme signe de supériorité. J’entrais maintenant au cœur de cette forêt, la route ne comportait maintenant plus qu’une voie de

chaque côté. Aux deux extrémités se tenais de profonds fossés. Les premières lueurs du soleil rendaient les arbres d’une teinte orangée. Toujours rien, aucune voiture. Nous étions seuls.

C’est après quelques minutes que je sentis l’arme bouger de quelques millimètres.

C’est alors que de petits sons, sont apparus.

- Célia, mais où est Célia… C’est avec cette rage qui me rongeait que je dis :

- Laissez Célia tranquille.

- Célia, mais où est tu donc Célia ?

Je sentais l’adrénaline monter. Je savais qu’un mot de plus est j’allais me mettre vraiment en colère. Je continuais ma route en serrant très fort le volant. Des sueurs sur le dos, les jambes tremblantes. Je le sentais, je n’étais pas loin du lieu de l’accident. J’entends ses respirations.

- Dans une centaine de mètre me dit-il.

Je ne répondis pas. La colère me coupait la parole. Je vois au loin, à quelques mètres de la route, des bandes blanches avec des inscriptions noires entourer un des arbres. Personne n’était présent sur le lieu. Le corps de la jeune femme n’était plus présent.

La voix de cette personne retentie de nouveau jusqu’à mes oreilles.

- Que pense Célia après cela ? Me dis-t-il d’un ton sarcastique. Arrête-toi sur le bas-côté à présent.

C’est sous l’excès de la colère que j’appuyai vigoureusement sur l’accélérateur. Je sentais l’arme s’enfoncé progressivement au niveau de mon pharynx.

- Arrête-toi je te dis.

Je continuais a foncé. Je ne savais pas où je souhaitais aller. C’est sans réfléchir que je vis un chemin sur la gauche. C’est soudainement que je l’empruntai. Ce chemin de terre plongeait au cœur de la forêt inhospitalière. J’entendais encore cette voix grave me demander de m’arrête, des menaces à la clé.

Je me remémore les longues balades passé ici jeune. Je savais ce que j’allais faire à présent. Je savais réellement où je voulais aller. C’est après multiple menaces que l’homme m’ordonna de m’arrête ou il serait obligé de me tuer. Dans ma tête tout était clair, je ne m’arrêterais pas. Je continu. L’endroit n’était plus très loin. Je sentais que je touchais le but mais la peur de ne pas y parvenir me fit perdre confiance en moi.

- Arrête-toi bordel ! Me dit-il avec nervosité.

Je ne voulais rien saisir, je continuais à rouler toujours plus

vite sans me préoccuper de ses paroles.

Il devenait très agacé, c’est d’un geste de fureur qu’il retira le revolver de mon menton avant le pointer vers ma cuisse. Quelques instants après, le coup parti, la douleur était intense et immédiate. Des cris de souffrances accompagnées de cette rage qui grandissait. Je n’arrivais plus à appuyer sur la pédale d’accélération. Je perdis très vite le contrôle du véhicule. Je sentais que l’homme voulait me pousser du siège pour me mettre sur la banquette arrière. C’est avant même de pourvoir lui en

empêcher qu’un coup à la tête me fit perdre connaissance.

Elle m’écoutait encore, elle voulait entendre la suite mais impossible d’en dire plus. Mes souvenirs s’arrêtent ici. Tout comme ma vie libre car après cet événement, les seuls souvenirs que j’ai, c’est le jour où j’ai ouverts mes yeux me pensant juste perdu dans vulgaire lieu sordide. J’aurais bien voulu être dans un rêve pourtant je le sentais bien, j’étais enfermé.

Extraction – Fin de l’extrait officiel

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Tu te réveilles dans un endroit sordide.

Tu es seul, tu as peur.

Sans moyen de savoir quel jour ni quelle heure il est.

Tu vis dans cette minuscule pièce de seulement 5 mètres carrés.

Tu écris, c’est le seul moyen d’oublier.

Mais, tu ne fais que… Réécrire ton histoire.

Extraction

Tony Perraut

EXTRACTION

Extrait officiel

Couverture : Tony Perraut, Cathy R.

Titre original : Extraction

©Bref c’est moi 2015©2015 Tony Perraut

http://brefcestmoi.wifeo.com/

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