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1 Elle rayonnait de beauté ; son corps de déesse était moulé dans un habit de soie brodé de fleurs exotiques et de paisibles paysages ancestraux. Ses cheveux noirs scintillaient, encadrant ce beau visage nacré qu’il avait vu rosir à Guangzhou. A cet instant précis, elle fixait Childéric qui venait enfin d’apparaître. Le responsable des jeux avait la trentaine, était de taille moyenne, brun aux yeux bleus, plutôt sportif. Sa jeunesse transparaissait, bien que les trois derniers mois de sa vie aient donné à ses traits une certaine gravité et un incontestable sérieux. Luan l’avait d’abord aperçu à la réception du président, puis lors de la réunion de Guangzhou. Dès qu’il avait serré sa main plus longtemps que le protocole gestuel ne l’autorisait, sa double génétique avait frémi et s’était replacée à la surface de son être… * Luan semblait attendre Childéric ! Lui, désirait la voir plus que toute chose au monde, plus que l’aventure qu’il avait entreprise ! Il voulait sa présence physique. Il la désirait, organiquement, comme jamais il n’en avait eu la perception auparavant. Son être tremblait d’envie contenue. * Sans ambages, virtuellement, elle se leva, lui saisit la main, posa ses lèvres sur les siennes, l’enlaça de toute la force que lui communiquait leur désir réciproque. Childéric à son tour, enroula ses jambes autour des siennes, dénouant sa robe qui se déplia comme une rose à l’aube du soleil. « Je t’aime, cria-t’elle, bousculant tous les préceptes acquis, sortant de ses entrailles copiées des mots n’ayant plus cours, de vieux termes prononcés des milliards de fois par l’humanité, mais avant, avant ce monde néo-individualiste, avant l’éducation, le conditionnement, l’endoctrinement, la séparation du corps au profit de l’esprit !! « Je t’aime », répondit-il en écho, incluant dans ce mot, la somme des vibrations surgissant du plus profond de son être, des manifestations physiologiques balisant son désir; rougeurs, palpitations, et plus bas au tréfonds de son ventre, des signaux ancestraux, animaux… * Après avoir assouvi ce besoin bestial, immodéré, ils se retrouvèrent devant la réalité de Cervoclonis, de cette société inhumaine qui les avait fait se rencontrer trop tard. Childéric songea un instant avec horreur, que peut être, le double biologique de Luan et lui-même s’étaient déjà rencontrés. Cette bouffée de folie n’était-elle que la répétition de gestes copiés, 50 années en arrière ? Quelle étrange pensée ? Il n’était pas né !!! Childéric ressentait quelque chose de très fort pour Luan. Pour lui, ces instants virtuels si intenses étaient le prélude d’une grande passion. Mais était-il toujours Childéric Reyna ? N’était-il pas prisonnier de Cervoclonis, donc du président? Etaient-ce ses pensées ? Ses désirs ? Ou les fantasmes de la machine ? Childéric se sentait dans un état d’euphorie jamais atteint ! Il en oubliait la séance de formation d’EM4. A ce stade de ces pensées, Cervoclonis lui rappela qu’il avait rendez-vous avec la dernière équipe, ce qu’il entreprit d’organiser bien malgré lui !

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Elle rayonnait de beauté ; son corps de déesse était moulé dans un habit de soie brodé de fleurs exotiques et de paisibles paysages ancestraux. Ses cheveux noirs scintillaient, encadrant ce beau visage nacré qu’il avait vu rosir à Guangzhou.

A cet instant précis, elle fixait Childéric qui venait enfin d’apparaître.

Le responsable des jeux avait la trentaine, était de taille moyenne, brun aux yeux bleus, plutôt sportif. Sa jeunesse transparaissait, bien que les trois derniers mois de sa vie aient donné à ses traits une certaine gravité et un incontestable sérieux.

Luan l’avait d’abord aperçu à la réception du président, puis lors de la réunion de Guangzhou.

Dès qu’il avait serré sa main plus longtemps que le protocole gestuel ne l’autorisait, sa double génétique avait frémi et s’était replacée à la surface de son être…

*

Luan semblait attendre Childéric !

Lui, désirait la voir plus que toute chose au monde, plus que l’aventure qu’il avait entreprise ! Il voulait sa présence physique. Il la désirait, organiquement, comme jamais il n’en avait eu la perception auparavant. Son être tremblait d’envie contenue.

*

Sans ambages, virtuellement, elle se leva, lui saisit la main, posa ses lèvres sur les siennes, l’enlaça de toute la force que lui communiquait leur désir réciproque.

Childéric à son tour, enroula ses jambes autour des siennes, dénouant sa robe qui se déplia comme une rose à l’aube du soleil.

« Je t’aime, cria-t’elle, bousculant tous les préceptes acquis, sortant de ses entrailles copiées des mots n’ayant plus cours, de vieux termes prononcés des milliards de fois par l’humanité, mais avant, avant ce monde néo-individualiste, avant l’éducation, le conditionnement, l’endoctrinement, la séparation du corps au profit de l’esprit !!

« Je t’aime », répondit-il en écho, incluant dans ce mot, la somme des vibrations surgissant du plus profond de son être, des manifestations physiologiques balisant son désir; rougeurs, palpitations, et plus bas au tréfonds de son ventre, des signaux ancestraux, animaux…

*

Après avoir assouvi ce besoin bestial, immodéré, ils se retrouvèrent devant la réalité de Cervoclonis, de cette société inhumaine qui les avait fait se rencontrer trop tard.

Childéric songea un instant avec horreur, que peut être, le double biologique de Luan et lui-même s’étaient déjà rencontrés. Cette bouffée de folie n’était-elle que la répétition de gestes copiés, 50 années en arrière ? Quelle étrange pensée ? Il n’était pas né !!!

Childéric ressentait quelque chose de très fort pour Luan.

Pour lui, ces instants virtuels si intenses étaient le prélude d’une grande passion.

Mais était-il toujours Childéric Reyna ? N’était-il pas prisonnier de Cervoclonis, donc du président?

Etaient-ce ses pensées ? Ses désirs ? Ou les fantasmes de la machine ?

Childéric se sentait dans un état d’euphorie jamais atteint ! Il en oubliait la séance de formation d’EM4.

A ce stade de ces pensées, Cervoclonis lui rappela qu’il avait rendez-vous avec la dernière équipe, ce qu’il entreprit d’organiser bien malgré lui !