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Extrait de la publication… · De plus, la Human Development and Capability Association ... gouvernementale pionnière à Ahmedabad, ... croissance sans consacrer beaucoup de ressources

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Capabilités

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Martha C. Nussbaum

Capabilités

Comment créer les conditionsd’un monde plus juste ?

Traduit de l’anglais (États-Unis) par Solange Chavel

Avec le concours du Centre national du livre

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Titre original :Creating Capabilities. The Human Development Approach.

The Belknap Press, Harvard University Press, 2011.© 2011 Martha C. Nussbaum.

© Climats, un département des éditions Flammarion, 2012,pour la traduction française.ISBN : 978-2-0812-9123-2

À tous les membres de la Human Developmentand Capability Association

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Préface

Les économistes, les responsables politiques et lesadministrateurs qui travaillent à résoudre les problèmesdes pays les plus pauvres ont longtemps propagé un récitqui dénature l’expérience humaine. Selon les modèlesdominants qui sont les leurs, la qualité de vie dans unpays s’améliore si et seulement si le Produit IntérieurBrut (PIB) par tête augmente. Cette mesure grossièrepermet de noter très favorablement des pays marqués pardes inégalités criantes, où une grande fraction de lapopulation ne profite pas de l’amélioration économiquegénérale du pays. Et puisque les pays s’adaptent auxclassements publics qui affectent leur réputation inter-nationale, cette approche grossière les encourage à se

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concentrer sur la seule croissance économique, sanss’attacher au niveau de vie de leurs habitants les pluspauvres, et en négligeant des enjeux liés par exemple àla santé et à l’éducation, lesquelles, le plus souvent, nes’améliorent pas avec la croissance économique.

Ce modèle a la vie dure. Même s’il est surtout prégnantdans les analyses communes des succès des « pays en voiede développement », dans la pratique de l’économie du

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CAPABILITÉS

développement et dans les institutions liées au dévelop-pement comme le Fonds monétaire international(FMI) et la Banque mondiale, il est également large-ment utilisé pour réfléchir sur la situation des pays lesplus riches, et sur ce que cela signifie pour eux que de« développer » ou d’améliorer leur qualité de vie. (Tousles pays sont « en voie de développement », même sil’expression n’est parfois appliquée qu’aux pays les pluspauvres : chaque pays a une large marge de progrèspour assurer une qualité de vie décente à tous ses habi-tants.) Et puisque ces pays sont également marqués pard’importantes inégalités, cette approche engendre despréjugés semblables.

Il existe désormais un nouveau paradigme théoriquedans le monde de la politique du développement.Connu sous le terme d’« approche du développementhumain », « approche de la capabilité » ou « approchedes capabilités », il commence par une question toutesimple : qu’est-ce que les gens sont réellement capablesde faire et d’être ? Quelles possibilités leur sont réelle-ment offertes ? Cette question simple est aussi très com-plexe parce que la qualité d’une vie humaine met enjeu des éléments variés dont l’articulation implique uneétude attentive. De fait, un des aspects séduisants de

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cette nouvelle approche est sa complexité même : ellesemble bien armée pour traiter des complexités de lavie et des entreprises humaines. Après tout, elle poseune question que les gens se posent souvent à eux-mêmes dans leur vie quotidienne.

Ce nouveau paradigme gagne en influence dans lesinstitutions internationales qui traitent de bien-être, dela Banque mondiale au Programme des Nations unies

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PRÉFACE

pour le développement (PNUD). Par l’intermédiaire desRapports sur le développement humain publiés chaqueannée depuis 1990 par le bureau des Rapports duPNUD, il affecte désormais la plupart des pays ; il lesinvite à produire leurs propres études, fondées sur lescapabilités, au sujet des différents régions et groupes quiles composent. Il y a peu de pays aujourd’hui qui neproduisent pas un rapport de ce type. (Les États-Uniseux-mêmes le font depuis 2008.) Il existe aussi des rap-ports régionaux, comme le Rapport arabe sur le dévelop-pement humain. De plus, la Human Development andCapability Association (HDCA), qui compte à peu près700 membres issus de 80 pays, développe une recherchede très haut niveau sur un large ensemble de sujets oùl’approche du développement humain et des capabilitéspeut, et a d’ores et déjà, apporté une contribution impor-tante. Plus récemment, ce paradigme a eu une influencefondamentale sur la commission Sarkozy, destinée à éva-luer la réussite économique et le progrès social.

Cette approche par les capabilités, dont l’influenceest croissante, a surtout été présentée dans des articleset des livres denses, adressés aux spécialistes. Le publicnon spécialisé et les enseignants de premier cycle seplaignent régulièrement de l’absence de livres plus

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accessibles sur ce sujet. Cet ouvrage a pour but de com-bler cette lacune : il veut expliciter les éléments essen-tiels de l’approche et aider à évaluer ses avantages etinconvénients par rapport aux conceptions rivales. Ilveut surtout essayer de situer cette approche dans lecontexte narratif de vies humaines, montrer commentelle affecte l’attention des responsables politiques et lacapacité politique à intervenir d’une manière sensée,

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qui respecte les personnes réelles et les rend plus auto-nomes, au lieu de refléter simplement les préjugés desélites intellectuelles.

Améliorer la qualité de vie des gens requiert des choixpolitiques avisés et une action continue de la part denombreuses personnes. Il pourrait donc sembler vaind’écrire un livre théorique sur ce sujet, même si ce der-nier est profondément nourri par un récit détaillé. Maisles théories sont un élément important de notre monde.Elles structurent la manière dont nous voyons les pro-blèmes, forment notre perception de ce qui est importantou non et orientent le débat vers certaines mesures plu-tôt que d’autres. Les militants avisés n’ont qu’une tropfaible influence dans les couloirs du pouvoir. Parce queles théories dominantes qui ont historiquement guidél’action politique dans ce domaine sont profondémenterronées, comme je voudrais le montrer, elles ont orientéles politiques de développement vers des choix qui sonterronés du point de vue de valeurs humaines largementpartagées (telles que le respect pour l’égalité et pour ladignité). Si nous voulons orienter l’action politique dansla bonne direction, il nous faut une contre-théorie quiremette en question ces théories répandues et fautives.Une telle contre-théorie exprimera le monde du dévelop-

pement de façon nouvelle, et nous révélera une imagedifférente de nos priorités. L’approche par les capabilitésest cette contre-théorie, plus que jamais nécessaire à uneépoque où abondent des problèmes humains urgents etdes inégalités injustifiables.

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Chapitre premier

Une femme demande justice

Dans le monde entier, des hommes et des femmesluttent pour mener une vie digne d’un être humain.Les dirigeants ne s’attachent souvent qu’à la croissanceéconomique, mais leurs concitoyens aspirent à toutautre chose : des vies sensées. L’accroissement du PIBd’un État n’améliore pas nécessairement la qualité devie de ses habitants et les rapports sur la prospériténationale risquent de n’être qu’une piètre consolationpour ceux dont l’existence est marquée par les inégalitéset les privations. Ces personnes ont besoin d’analysesthéoriques pour appuyer leurs combats, ou au moinssusciter un débat public qui attire l’attention sur elles ;elles n’ont pas besoin d’approches théoriques qui

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camouflent ces efforts ou étouffent discussion et cri-tique. Comme l’écrivait le regretté Mahbub ul-Haq,économiste pakistanais qui a inauguré les rapports surle développement humain du PNUD, dans l’un de cespremiers rapports, en 1990 : « La véritable richesse d’unpays, ce sont ses habitants. Et le but du développementest de créer un environnement qui permette aux gensde jouir de vies longues, saines, créatives. Cette vérité

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simple mais puissante est trop souvent oubliée dans lapoursuite de la richesse matérielle et financière. » PourHaq, l’économie du développement a besoin d’unenouvelle approche théorique pour pouvoir répondreaux problèmes les plus pressants des gens.

Considérons l’histoire de Vasanti : cette jeunefemme menue, d’un peu plus de trente ans, vit à Ahme-dabad, grande ville de l’État du Gujarat, dans le nord-ouest de l’Inde.

Dès le début de leur mariage, son époux est joueur etalcoolique. Il dépense tout l’argent du foyer en boisson.Après s’être ruiné de la sorte, il se fait faire une vasectomieafin de profiter de l’incitation financière proposée par legouvernement du Gujarat pour encourager la stérilisa-tion. Vasanti n’a donc pas d’enfant pour l’aider, handicapconsidérable puisque l’on sait qu’une femme sans enfantest bien plus exposée à la violence domestique. D’ailleurs,son mari la maltraite de plus en plus, si bien qu’elle finitpar le quitter pour retourner dans sa famille.

Les parents de familles pauvres (ou les frères etsœurs, si les parents sont décédés) rechignent souventà accueillir à nouveau un enfant qui a été marié, enparticulier une fille qui a emporté sa dot. Le retour del’enfant au foyer signifie une bouche supplémentaire à

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nourrir et un nouveau lot de problèmes. Dans le cas deVasanti, le divorce s’avère coûteux parce que son marin’a pas l’intention de l’accorder. Elle a une chance rareque sa famille accepte de l’aider. Bien des femmes danssa situation finissent dans la rue, réduites à la prostitu-tion. Le père de Vasanti, qui fabriquait des pièces demachines à coudre Singer, est mort, mais ses frères ontouvert un commerce de pièces détachées automobiles

UNE FEMME DEMANDE JUSTICE

dans son ancien atelier. En utilisant l’une des vieillesmachines à coudre, et en vivant dans la boutiquemême, Vasanti s’assure un petit revenu en confection-nant des boutonnières pour les accroches de saris. Dansle même temps, ses frères lui accordent un prêt qui luipermet de se procurer une autre machine, servant àrouler les bords du sari. Mais, bien qu’elle ait acceptécet argent, l’idée de dépendre de ses frères lui déplaît :ils sont mariés et pères de famille, et elle sait que leursoutien peut cesser à tout moment.

C’est alors qu’elle découvre la Self-EmployedWomen’s Association (SEWA), une organisation nongouvernementale pionnière à Ahmedabad, qui travailleen collaboration avec des femmes pauvres. Fondé parla célèbre militante Ela Bhatt, la SEWA a alors déjàaidé plus de 50 000 membres à la faveur de pro-grammes comprenant microcrédit, éducation, santé etsyndicalisation. À la différence d’autres États indiens,le Gujarat a poursuivi une stratégie tournée vers lacroissance sans consacrer beaucoup de ressources auxbesoins de ses habitants les plus pauvres. Les pro-grammes gouvernementaux qui auraient pu aiderVasanti – aide juridique, soins, crédit, éducation –n’ont pas vu le jour. C’est donc pour elle une chance

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inespérée de découvrir l’une des meilleures ONGindiennes à proximité de chez elle.

Grâce à la SEWA, Vasanti obtient un prêt bancairepersonnel et rembourse ses frères. En effet, l’organisa-tion, qui a commencé comme modeste union de crédit,gère désormais une banque située dans un immeubleimpressionnant du centre-ville d’Ahmedabad. Tous lescadres et employés de la banque sont des femmes,

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parmi lesquelles beaucoup d’anciennes bénéficiaires desprogrammes de la SEWA.

Lorsque je la rencontre, plusieurs années après cettehistoire, Vasanti a presque intégralement remboursé leprêt. Elle peut prétendre s’inscrire aux programmespédagogiques de la SEWA, où elle veut apprendre à lireet à écrire et acquérir les qualités nécessaires à une plusgrande indépendance sociale et économique ainsi qu’àla participation politique. Elle est activement engagéedans la lutte contre la violence domestique dans sacommunauté, avec l’aide de son amie Kokila. Cetteamitié aurait été tout à fait impensable sans la SEWA :Vasanti, quoique pauvre, appartient à la haute caste desBrahmanes, tandis que Kokila appartient à l’une desplus basses castes. Mais si elles ne sont encore que tropévidentes dans la société, les divisions de castes et dereligions n’ont pas droit de cité dans le mouvementféministe indien.

Quelle approche théorique pourrait éclairer les élé-ments saillants de la situation de Vasanti, proposer uneanalyse adaptée et formuler un programme de recom-mandations pertinentes ? Supposons un instant quenous ne nous préoccupons pas de théorie économique

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et politique, mais simplement des personnes : qu’est-cequi retient notre intérêt dans l’histoire de Vasanti ?Qu’est-ce qui nous semble important ?

Nous avons remarqué d’emblée que Vasanti estpetite et frêle : c’est le signe d’une malnutrition ousous-nutrition subie pendant l’enfance. Les famillespauvres sont souvent contraintes de mal nourrir leursenfants. Le destin des frères de Vasanti nous en apprend

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davantage. De nombreux éléments montrent que lesfilles sont moins bien nourries que les garçons et moinssouvent amenées chez le médecin lorsqu’elles sontmalades. Pourquoi ? Parce que les filles ont moins depossibilités d’emploi que les garçons et sont à ce titreconsidérées comme moins importantes pour le bien-être de l’ensemble de la famille. Le travail qu’elles effec-tuent est un travail domestique non lucratif, il est doncfacile d’en sous-estimer l’importance économique. Deplus, les filles indiennes du Nord et de l’Ouest quittentleur famille lorsqu’elles se marient et emportent unedot. Elles coûtent donc plus cher que les garçons, et lesparents se demandent souvent pourquoi ils devraientdépenser leurs ressources pour un enfant qui ne seraplus là pour les soutenir dans leur vieillesse. Ainsi, lamortalité des filles cadettes dans le nord et l’ouest del’Inde est notoirement élevée. Le déficit nutritionnel deVasanti ne résulte donc pas seulement de la pauvreté,mais aussi de la discrimination sexuelle.

Des lois inégalitaires en matière de propriété etd’héritage contribuent à la mise au ban des jeunes fillesindiennes, et si l’on réfléchit à la situation de Vasanti,on s’aperçoit que ces lois ont joué le même rôle dansson cas. Les systèmes de droit privé fondés sur la reli-

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gion, qui existent en Inde depuis l’indépendance, régis-sent la propriété et l’héritage ainsi que le droit familial.Ils institutionnalisent l’inégalité intrinsèque desfemmes. Par exemple, jusqu’en 1986, les femmes de lacommunauté chrétienne n’héritaient que d’un quartde la part dévolue aux fils, coutume qui, assurément,contribue à perpétuer la représentation selon laquelle lavie d’une fille vaut moins que celle d’un garçon. Les

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femmes hindoues ont également souffert des inégalitésentérinées par le régime de propriété hindou ; ce n’estqu’en 2005, soit sept ans après ma rencontre avecVasanti, qu’elles ont obtenu des parts égales des terresagricoles. La famille de Vasanti, pour sa part, ne pos-sède pas de terres, mais une analyse des difficultés dela jeune femme va nous montrer la prégnance de l’iné-galité dont nous venons de parler.

L’étude de ces questions nous amène à examiner lefort déséquilibre des sexes dans la population indienne.Les démographes estiment que, lorsque l’alimentationet les soins de santé sont semblables, les femmes viventen moyenne un peu plus longtemps que les hommes,ce qui conduit à un rapport de 102 femmes pour 100hommes. Au lieu de quoi, le recensement indien le plusrécent compte sur l’ensemble du pays 92 femmes pour100 hommes en moyenne. Dans le Sud, où la trans-mission de la propriété est matrilinéaire, et où le mariemménage chez sa femme au lieu de l’emmener aveclui, l’espérance de vie des femmes correspond à la pré-vision des démographes : l’État du Kerala a ainsi unrapport de 102 femmes pour 100 hommes. Dans cer-tains États du Nord, au contraire, le rapport est dan-gereusement déséquilibré : une enquête précise dans

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une zone rurale du Bihar a donné le résultat effrayantde 75 femmes pour 100 hommes. Et l’on sait que cesdéséquilibres sont plus marqués partout où l’informa-tion sur le sexe des fœtus est disponible. Les cliniquesd’amniocentèse abondent dans tout le pays. L’avorte-ment en fonction du sexe est un abus si largement pra-tiqué en Inde qu’il est illégal de s’informer sur le sexed’un fœtus… mais cette loi est rarement appliquée.

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Vasanti est donc, de ce point de vue, chanceuse, neserait-ce que d’être en vie. Certes, ses parents l’ont peunourrie, mais ils ont fait mieux que beaucoup defamilles pauvres. Lorsque je l’ai rencontrée, elle sem-blait jouir d’une relative bonne santé – avoir une bonneconstitution est une chance au Gujarat, où les soinsmédicaux sont difficilement accessibles aux pauvres.D’après la Constitution indienne, la santé relève desÉtats, et non de l’État fédéral, si bien que les différencesde ressources disponibles pour les pauvres sont grandesd’un État à l’autre. Certains, comme le Kerala, ont dessystèmes de santé efficaces, mais ce n’est pas la norme.

Ensuite, nous remarquons qu’une femme aussi intel-ligente et déterminée que Vasanti n’a pourtant pas eubeaucoup de possibilités d’emploi, parce qu’elle n’ajamais appris à lire et à écrire. On peut en accuser lesystème éducatif du Gujarat car l’éducation, comme lasanté, relève des États, et les taux d’alphabétismevarient aussi grandement d’un État à l’autre. Au Kerala,le taux d’alphabétisation des adolescents, garçons oufilles, est proche de 100 %, alors qu’au niveau national75,3 % des hommes savent lire et écrire, contre seule-ment 53,7 % des femmes. Les facteurs responsables de

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cette différence sont liés à ceux qui sont responsables dela différence d’espérance de vie et de santé entre lessexes : on pense que les femmes ont moins de possibilitésd’emploi et de participation politique, de sorte que, dansla perspective de la famille, il vaut mieux assigner auxfilles les travaux domestiques et n’envoyer à l’école queles garçons. La prédiction est de ce fait autoréalisatrice,dans la mesure où l’analphabétisme exclut les femmes

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de la plupart des possibilités professionnelles et poli-tiques. De plus, le fait qu’une fille quitte rapidementsa famille de naissance pour en rejoindre une autre unefois mariée tend à désintéresser ses parents de son ave-nir. Le Kerala a mieux répondu à ces problèmes que leGujarat, même si le Kerala peine globalement à créerde l’emploi pour les individus qui ont achevé leur édu-cation.

Parce que l’éducation ouvre tant de possibilités, laConstitution indienne a été amendée en 2002 afin dedonner à l’éducation primaire et secondaire le statutd’un droit fondamental opposable. Prenant acte du faitque les parents pauvres retirent souvent leurs enfantsde l’école pour mettre leur force de travail au servicede leur subsistance, la Cour suprême indienne aordonné aux écoles d’offrir aux enfants un repas demidi substantiel qui contienne au moins 350 calories et18 grammes de protéines. Cette mesure constitue uneincitation pour les parents pauvres, et compense biensouvent le manque à gagner du travail de l’enfant pen-dant le temps scolaire. Vasanti, elle, n’a pas pu profiterde ce changement, qui lui aurait permis de lire etd’écrire, et d’être plus forte physiquement.

En outre, au niveau national, la Constitution a été

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amendée en 1992 pour assigner aux femmes un tiersdes sièges dans les conseils de villages, les panchayatslocaux. Ce système, tout comme le repas de midi, inciteles parents à éduquer leurs filles aussi bien que leursgarçons, dans l’espoir qu’elles représentent un jour lesintérêts de la famille dans le gouvernement local. Denouveau, ce changement est survenu trop tard pourVasanti, et n’a pas influencé les choix éducatifs de ses

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TABLE

Table

Préface ................................................................. 9

Chapitre premier. Une femmedemande justice .............................................. 13

Chapitre 2. Les capabilités centrales ................... 35Chapitre 3. La nécessité d’une alternative

théorique ........................................................ 71Chapitre 4. Les droits fondamentaux ................. 99Chapitre 5. La diversité culturelle ....................... 139Chapitre 6. L’État-nation et la justice

mondiale ........................................................ 155Chapitre 7. Influences philosophiques ................ 167Chapitre 8. Capabilités et problèmes

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contemporains ................................................ 193Conclusion .......................................................... 245

Postface ................................................................ 249Annexe A ............................................................ 251Annexe B ............................................................. 257Notes des chapitres ................................................ 263Bibliographie ....................................................... 273Index ................................................................... 295

No d’édition : L.01EHBN000505.N001Dépôt légal : août 2012

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