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Extrait de la publication

Extrait de la publication… · j'avance gramme par gramme comme une notation de « Brin» Berio indique au début doux et immobile j'avance sans risque de me retrouver auaux centreenvironsdu

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L'année du Serpent

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DU MÊME AUTEUR

Chez le même éditeur

DOUZE APPARITIONS CALMES DE NUS ET LEUR SUITE QU'ELLES

PROVOQUENT (1984).Décollage (1986).EPISODES (1990).

Chez d'autres éditeurs

Au BORD DES YEUX, Action Poétique, collection « Alluvions»(1963).

SEPT PEINTRES, SEPT POÈTES, en collaboration, Da Silva (1963).

RÉCITS DU ZODIAQUE, avec 12 lithographies de François Bouché,Winninger (1973).

IMAGE D'UNE PLACE POUR LE REQUIEM DE GABRIEL FAURÉ, La Répé-tition (1979).

TERMINAL, Hachette-Littérature, collection P.O.L (1981).PRINCIPE DE LIEUX i, Manicle (1982).

LE WooD, Orange Export Ltd. (1983) et in « Orange Export Ltd. »,Flammarion (1986).

EPISODES DU VENT, Spectres Familiers (1983), H.C.SOME POST CARDS ABOUT CRJ AND OTHERS CARDS, en collaboration

avec Liliane Giraudon, Spectres Familiers (1983).GALAS, André Dimanche, Collection Ryoan-Ji (1989).LA FORMATION DU CAVALIER, avec une intervention plastique de

Liliane Giraudon, La Main Courante P. Courtaud Ed. (1991).

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jean-jacques Viton

L'année du Serpent

P.O.L

8, villa d'Alésia, Paris 14e

Ouvrage publié avec le concoursdu Centre National des Lettres

@ P.O.L éditeur, 1992ISBN 2-86744-277-X

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Dans le calendrier chinois, 1989

est l'année du Serpent.

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RESSAC

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Un matin de semaine

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parcours six mètres gris blancobjectif miroir terminaldoublure d'espace closj'avance tête penchéevers le sol où tombent

les indices de la poussièrede nos cheveux de nos pochesde nos mains et de notre peaulorsque nous sommes nus

je déplace les piedsl'un après l'autrece qui revient à marcher

je change de placeimperceptiblementtmoins vite que les patineursqui se croisent la nuiten se frôlant les jouesdans les allées du Prado

je change de place

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j'avance gramme par grammecomme une notation de « Brin»

Berio indique au début doux et immobilej'avance sans risque de me retrouverau centre du papier à musiqueaux environs de très rapide et sans accents« Brin » est un titre de partitionsplendidement émouvant

je change de placej'avance sur la laine du couloirla porte de la cuisine est à gauche

je n'ai jamais dit à personne

qu'il y a des tarentes dans la cuisinepersonne ne les a jamais surprisesc'est une sacrée chance

elles sont pâles presque translucidescomme des jouets japonais en plastiqueune grande famille de geckosaplatis contre un mur

le haut du mur pour la chaleurd'abord trois ou quatreensuite quatre ou cinq

encore une fois trois ou quatre

ensuite deux un couple verdâtreenfin un seul toujours colléau-dessus de la porte-fenêtreje le regarde en prenant une bièreje me dis en ouvrant le frigoc'est le dernier gecko de ma maisonil dort en paix devant moi

il reste fidèle au mur

c'est une habitude que j'ai prisede regarder dans sa directionchaque soir

dans le miroir la lumière change

léger grillage poster brillantje finirai par le surprendreappuyé contre une balustradeen chemise d'été le visage masqué

par le cuivre de la maladieil suffirait de peupour qu'il m'aperçoiveet me fasse signe de la mainpourquoi ne peut-on parler aux mortsL me dit que sans aucun doute c'estparce qu'on ne les aime pas suffisamment

j'avance vers un tableau-piège« le lieu de repos de la famille Delbeck»fixé en 1960 par Daniel Spoerriou les installations de Isidoro Valcàrcel Medina

les tables les chaises les couverts les assiettes

les aliments exacts changés tous les deux joursexhibant l'infecte nourriture de ces « Repas »

offerts aux indigents de Madrid

par les institutions de charité

j'avance vers un rite cruel« l'âge de l'âne» en est un

le plus vieil âne du villagemonté par l'homme le plus lourd

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et traîné sur les genouxà travers son paysage familierles rues les places les montées les descentesun « terrible périple» disait le journalisteâne misérable de Villanueva

au lieu de son exécution encore frappéà coups de bâtons à coups de pierresjusqu'à ce que mort s'ensuive

j'avance vers la maison des fillesoù sont retenues les putains des champs« si monsieur le soldat n'est pas satisfait»phrase simple et simples les suivantes« au bout de trois plaintesla femme reçoit une bastonnade publiqueet part pour les cheminées»

la lumière change dans le miroiril me reste une petite sériede gestes obligatoires

entrer dans le salon

aller aux fenêtres laissées ouvertes l'été pendant la nuitme pencher compter les maraîchers entre les platanesregarder les jeunes filles traverser à grandes enjambéessuivre le glissement aquatique des autobusrentrer les fleurs

croiser les persiennes

et puis

ouvrir la porte du couloir

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vérifier les clefs avant de refermer

descendre les trois étagesarriver dans la rue

il se produit alorschaque matin sans exceptionun remarquable changementd'appréciation

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