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Extrait de la publication

Comprendre la Parole

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André BeAuchAmp

Comprendre la ParoleCommentaires bibliques des dimanches – année B

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Comprendre la Parole (année B) est publié par Novalis.

Révision : Claude Auger Couverture : Pascale Turmel Éditique : Audrey Wells, Francine Petitclerc Photographie de la couverture : © Cérac

© 2008 : Novalis, Université Saint-Paul, Ottawa.

Dépôts légaux : 3e trimestre 2008 Bibliothèque nationale du Canada Bibliothèque nationale du Québec

Novalis, 4475, rue Frontenac, Montréal (Québec), H2H 2S2 C.P. 990, succursale Delorimier, Montréal (Québec), H2H 2T1

Nous reconnaissons l’aide financière du gouvernement du Canada par l’entremise du Programme d’aide au développement de l’industrie de l’édition (PADIÉ) pour nos activités d’édition.

ISBN : 978-2-89646-049-6

Imprimé au Canada

Catalogage avant publication de Bibliothèque et Archives nationales du Québec et Bibliothèque et Archives Canada

Beauchamp, André, 1938-

Comprendre la Parole : commentaires bibliques des dimanches

Comprend des réf. bibliogr. et des index.

Sommaire : [1] Année C -- [2] Année A -- [3] Année B.

ISBN : 978-2-89507-796-1 (v. 1) ISBN : 978-2-89507-875-3 (v. 2) ISBN : 978-2-89646-049-6 (v. 3)

1. Bible - Critique, interprétation, etc. 2. Année liturgique - Méditations. 3. Bible - Actualisation. I. Titre.

BS512.3.B4 2006 220.6 C2006-941426-2


ISBN : 978-2-89646-732-7 – version numérique

Liminaire

« Le soir du premier jour de la semaine » (Jn 20, 19), le lende-main de la pâque juive, Jésus s’est levé du tombeau et est devenu le Seigneur. Ce premier jour de la semaine, ou encore le huitième jour, celui de la nouvelle création, est le jour du Seigneur, jour de résurrection et de l’accomplissement (Ap 1, 10). C’est cela même qu’est le dimanche, dies Dominica, ou jour du Seigneur. C’est au jour du Seigneur, le dimanche, que les chrétiens se réunissent pour célébrer la pâque du Seigneur, la mort et la résurrection du Christ. Chaque dimanche est Pâques. Chaque dimanche, inscrit au rythme hebdomadaire de notre temps, rappelle et actualise la mort et la résurrection de Jésus, célèbre sa présence glorieuse aujourd’hui, annonce sa venue.

Bien sûr, dans le cadre de l’année liturgique, Pâques est aussi un simple moment de l’année qui doit composer avec les autres. Cinquante-deux semaines, ce n’est pas rien. Mais il ne faut pas se laisser prendre au mirage. Chaque dimanche est pascal. C’est cela que dit sans cesse la liturgie rappelant qu’il est venu, qu’il vient, qu’il reviendra. À partir de cet ancrage radical, il est ensuite profitable de se laisser guider par la pédagogie de la liturgie qui nous offre le cycle liturgique (Avent, Noël, Épiphanie, Carême, Pâques, Pentecôte, temps dit ordinaire, Christ Roi) sur toute la durée du cycle accompli par la Terre autour du Soleil, même si l’année liturgique ne corres-pond pas exactement au temps de l’année civile.



comprendre la parole – année b6

La liturgie ne fait pas qu’affirmer Pâques. Elle offre pour chaque dimanche des passages de l’Écriture. Ici la référence essentielle est l’évangile. D’une part, les temps particuliers de l’année (Avent, Noël, Carême, Pâques) ont leur structure. Pour le reste, pour le temps qu’on dénomme si tristement « ordinaire », la liturgie nous propose un des évangiles synoptiques : Matthieu pour la première année, dite année A, Marc pour la deuxième année, dite année B, et Luc pour la troisième année, dite année C. Règle générale, la première lecture de la liturgie dominicale offre un écho à l’évangile. Quant à l’épître (deuxième lecture), elle n’est pas choisie en fonction de sa correspondance à l’évangile mais en fonction d’une lecture dite continue des autres écrits du Nouveau Testament : lettres, Actes des Apôtres, Apocalypse.

Parfois, la seconde lecture tombe pile avec le contexte de la pre-mière lecture et de l’évangile. La plupart du temps, elle représente un élément hétéroclite. D’où la pratique, fréquente en certains milieux, d’omettre la seconde lecture ou de choisir un autre texte mieux assorti, pratiques que les nouvelles directives interdisent.

L’intention du présent travail est de donner à penser à partir des textes d’Écriture offerts par la liturgie dominicale. Ces textes sont d’une grande richesse et d’une belle diversité, même si l’ordre des évangiles synoptiques tend à être répétitif d’une année à l’autre. Dans la célébration liturgique, cette Écriture devient Parole, interrogation pour les hommes et les femmes que nous sommes, non pas simple-ment textes du passé mais Parole d’aujourd’hui à la condition que nous soyons immergés en ce temps et en ce lieu. L’Écriture est figée. La Parole est vivante et suppose une interaction des interlocuteurs : Dieu, la communauté, les fidèles.

Pour chaque dimanche de l’année, nous proposons une triple démarche : une présentation des textes de l’Écriture, une réflexion qui prolonge et actualise certains aspects des textes suggérés, et enfin une prière. Divers encadrés présentent d’autres éléments d’infor-mation ou de réflexion.

Le présent ouvrage vise deux publics : un public de croyants et croyantes désireux d’approfondir leur réflexion; un public d’homé-


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listes confrontés au défi si difficile de réaliser un entretien familier au cœur de la célébration eucharistique.

Pour ne pas alourdir le texte, j’ai renoncé à faire des suggestions pour la célébration eucharistique elle-même. Il ne manque pas de bons instruments à cette fin.

Pour des raisons conjoncturelles, le présent travail sur l’année B est publié comme dernier des trois volumes couvrant l’année liturgique.

Tout au long de ce travail astreignant, je n’ai voulu que donner à penser, à agir, à prier. Je n’ai cherché ni l’orthodoxie, ni l’embri-gadement. Ma contribution est une libre parole, audacieusement libre à l’occasion, parfois joyeuse, parfois torturée, sur l’événement pascal et son retentissement en nos vies. J’ai cherché à donner une interprétation dynamique de la foi, au risque de secouer certaines représentations reçues. Il me semble que la foi est toujours aussi recherche et dépassement.

André Beauchamp



note sur l’année liturgique et le calendrier

L’année civile de nos sociétés commence le 1er janvier et se termine le 31 décembre. C’est une convention. Autrefois, l’année commençait au ler mars, comme en témoignent encore les noms des mois de septembre, oc-tobre, novembre et décembre qui renvoient aux chiffres 7, 8, 9, 10 alors que leur position actuelle au calendrier correspond aux 9e, 10e, 11e et 12e mois. L’année solaire dure 365 jours, 48 minutes, 22 secondes. Le temps conventionnel d’une année de 365 jours est donc dif-ficile à accorder au temps solaire. On y parvient par l’ajout d’un jour (29 février) à tous les quatre ans lors de l’année bissextile (réforme de Jules César), mais par l’absence d’année bissextile lors du changement de siècle si le radical de l’année ne se divise pas par 4 (réforme de Grégoire XIII en 1582; ainsi l’année 1900 n’était pas bissextile, mais l’année 2000 l’a été).L’année solaire est caractérisée par les saisons : solstices (21 décembre qui détermine le début de l’hiver pour



l’hémisphère nord et de l’été pour l’hémisphère sud; 21 juin qui détermine le début de l’été pour les gens du nord); équinoxes (21 mars et 21 septembre) qui ren-voient au printemps et à l’automne. Le solstice d’hiver détermine la fête de Noël (25 décembre) et celui d’été accompagne la fête de la Saint Jean (24 juin).Mais le temps humain n’est pas marqué uniquement par le Soleil. La Lune a toujours été perçue comme très importante. Son cycle de 29 jours et demi détermine le mois lunaire et correspond d’assez près au cycle mens-truel féminin. L’inscription du calendrier lunaire dans le calendrier religieux était assez fréquente dans l’Antiquité, notamment par les néoménies ou fêtes de la nouvelle lune. Le calendrier des fêtes juives était lunaire à l’origine. Il en est resté des vestiges dans la liturgie chrétienne pour la détermination de la fête de Pâques, laquelle renvoie à un calendrier agraire. La fête de Pâques fluctue entre le 22 mars et le 25 avril, prenant place au premier diman-che qui suit la pleine lune du printemps, c’est-à-dire la pleine lune qui advient après le 21 mars. D’abord fête agraire du printemps, la pâque juive a ensuite incorporé une mémoire de la sortie d’Égypte, l’Exode devenant alors l’événement fondateur de la religion juive. Le ca-lendrier liturgique est donc établi de manière fixe par la fête de Noël qui détermine en retour le temps de l’Avent, et donc le début de l’année liturgique, et par la fête mobile de Pâques qui va déterminer le reste du calendrier liturgique (Carême, temps de Pâques, temps ordinaire). L’année liturgique se termine au Christ Roi, qui correspond donc au 5e dimanche avant Noël.L’Église orthodoxe suit en gros le même calendrier que la liturgie catholique, sauf qu’elle n’a pas accepté la réforme des calendriers imposée par Grégoire XIII. Elle est donc en décalage avec nous d’une quinzaine de jours. Les musulmans pour leur part suivent un calendrier lunaire, ce qui fait que leurs fêtes peuvent changer de date d’une année à l’autre, par exemple pour la détermination du


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Ramadan. Chez eux, le comput des années ne s’établit pas à partir de la date présumée de la naissance du Christ mais à partir de l’hégire, ou fuite du prophète Mahomet à Médine en l’an 622 de notre ère.




Temps de l’Avent




Le cycle de l’Avent

L’année liturgique commence avec le premier dimanche de l’Avent. Noël étant fête de la naissance, de la venue de Dieu en chair humaine, l’Avent nous prépare à cette nouveauté. D’où l’insistance sur l’Avent comme temps d’attente, d’espérance, d’éveil. La liturgie des trois an-nées suggère pour chaque année un même itinéraire : le premier dimanche sur la vigilance, les deuxième et troisième dimanches sur Jean Baptiste, le quatrième sur Marie. Les valeurs communes sont modulées au rythme des lectures propre à chaque année et de notre histoire dans son incessante nouveauté.


premier dimanche de l’Avent

Veiller

Isaïe 63, 16b-17.19b; 64, 2b-7

Selon de nombreux spécialistes, le livre du prophète Isaïe com-prend au moins trois parties : le ministère propre d’Isaïe (740 à 710 avant notre ère) occupe les 39 premiers chapitres du livre. Longtemps après, un autre écrivain-prophète attribue ses réflexions au prophète Isaïe (chapitres 40-55). Un troisième prophète qu’on appelle le troi-sième Isaïe, propose lui aussi ses réflexions sous l’autorité d’Isaïe.

L’extrait proposé par la liturgie (dans un découpage savant) n’est pas simple. Il provient du troisième Isaïe. C’est une lamentation en forme de prière du prophète pour la situation du peuple élu, déporté à Babylone : « Pourquoi nous laisses-tu errer hors de ton chemin? » Mais le Seigneur l’a ramené sur sa terre.

Le texte attribue à Dieu deux titres importants : notre Père, notre rédempteur. L’expérience de l’exil n’est pas perçue comme un geste de vengeance de Dieu. Le prophète supplie Dieu de revenir : « Ah! Si tu déchirais les cieux » (63, 19). L’expression « voici que tu es descendu » (64, 2) évoque le retour d’exil. Le texte qui suit se construit sur une série d’antithèses : « Personne n’a vu un autre dieu que toi agir ainsi » (64, 3), « Tu étais irrité [...] et pourtant nous



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serons sauvés » (64, 4), « Tu nous avais caché ton visage [...]. Pourtant, Seigneur, tu es notre Père. »

L’auteur alterne constamment entre la confiance et la peur, entre la conscience du péché, le sentiment de rejet et l’espérance malgré tout. Isaïe traduit bien nos innombrables négociations devant Dieu, nos mouvements de culpabilité, de peur, de révolte, de confiance. Chacun de nous ne dit-il pas : « Tu m’avais caché ton visage et pourtant tu es notre Père! »

1 Corinthiens 1, 3-9

Missionnaire itinérant, Paul se perçoit comme l’apôtre des non-juifs, des païens ou Gentils. Pharisien converti, Paul se bagarre avec les pharisiens et insiste pour présenter la foi chrétienne comme accessible à ceux qui ne sont pas juifs. Il parcourt l’empire romain et regroupe des communautés locales qui deviennent des Églises. Le début de la première lettre aux Corinthiens est plein d’enthou-siasme : « Vous avez reçu toutes les richesses, [...] aucun don spirituel ne vous manque » (1, 5.7). Homme de combat et de controverse, Paul sait aussi que la communauté connaîtra ses tensions internes et externes. Il ajoute donc, à l’intention de ceux qui attendent Jésus Christ, que « c’est lui qui vous fera tenir solidement jusqu’au bout » (1, 8).

Rien n’est jamais acquis dans la vie. Tout est toujours fragile, à refaire, à redécouvrir. Qui pense posséder le monde risque de voir tout s’effondrer. Seule la foi permet de tenir solidement.

Marc 13, 33-37

Le chapitre 13 de l’évangile de Marc s’inscrit dans un contexte eschatologique, c’est-à-dire qui évoque la fin d’un monde ou du monde, la fin de l’histoire. Pour inciter ses lecteurs à la vigilance, Marc propose une petite parabole qui lui est propre : celle du portier. Alors que Matthieu (25, 14-15) et Luc (19, 12 et ss) rapportent la parabole des talents, Marc propose celle d’un maître parti à l’étranger qui a confié à chacun sa tâche, en demandant au portier de veiller. Le maître peut revenir à l’improviste et trouver ses serviteurs endormis. Si tous se doivent d’être vigilants, le portier a un rôle déterminant. Il s’agit probablement d’une allusion à Pierre.



La symbolique de l’arrivée à l’improviste est plutôt négative. Elle évoque la peur et le sentiment de culpabilité. Le brigand ou le voleur arrivent à l’improviste, ou encore le policier, le surveillant. On pense à un jugement ou à l’obligation de rendre des comptes. Dans le récit de la passion, Marc rappelle que Jésus demande à Pierre, Jacques et Jean de veiller (14, 37). L’idée de sommeil renvoie ici au côté sombre de la vie, à la négligence, au péché, à l’absence de conscience.

Les exégètes estiment que le discours eschatologique de Marc vise la chute de Jérusalem et la destruction du Temple, un temps de guerre et de persécution. Dans ce contexte, être vigilant, c’est à la fois discerner l’action de Dieu et sauver sa peau.

Veiller

Au premier de l’an, c’est la coutume, nous nous souhaitons une bonne année. C’est une convenance, mais c’est aussi plus que cela. C’est un signe qui nous invite à maîtriser le temps. Le premier dimanche de l’Avent marquant le début de l’année liturgique, nous pouvons donc nous souhaiter une « bonne année liturgique » et faire ensemble l’effort de nous approprier ce temps qui déploie tout le mystère du Christ. En entrant dans l’Avent qui est un temps de prière, d’espérance et de joie, nous préparons Noël, bien sûr, mais nous nous mettons plus largement dans une situation d’attente et de vigilance à l’égard de la venue de Dieu.

L’histoire de Dieu ne s’écrit pas seulement au passé, à la création du monde par exemple il y a bien longtemps, ou à la naissance de Jésus il y a deux mille ans. Il s’écrit au présent et au futur. Hier, aujourd’hui, demain. Il est venu, il vient, il viendra. Au commen-cement, maintenant et toujours. La liturgie regorge constamment de ces formules qui associent passé, présent et futur, dans une réac-tualisation incessante de la présence de Dieu. C’est cette densité et cette imminence de la présence de Dieu qui sous-tendent l’appel de Jésus à veiller. Prolongeant la tradition des prophètes et des apo-calypses de l’Ancien Testament, Jésus a beaucoup utilisé les appels à la veille et à la vigilance. La parabole dite du portier qu’il utilise aujourd’hui évoque un maître de maison parti pour un voyage et qui peut revenir à l’improviste. Sa parabole évoque les heures de la




nuit selon la coutume romaine : le soir, à minuit, au chant du coq, le matin. « Veillez donc, car vous ne savez pas quand le maître de la maison reviendra. »

Cette idée d’arrivée à l’improviste est constante dans la tradition biblique. C’est une image inquiétante. Le voleur ou le bandit, le po-licier, le maître d’école arrivent à l’improviste et nous surprennent. On pense au chauffeur distrait qui voit le radar de la police un peu trop tard. On pense au fumeur négligent qui s’endort en fumant. Dieu est-il celui qui nous prend à l’improviste ou, plus encore, qui nous épie sans cesse et attend que le sommeil s’empare de nous pour nous tomber dessus? La pastorale sur ce point a longtemps véhiculé des images terrifiantes.

Ainsi, je me souviens encore de ma première communion. J’ai fait ma première communion au printemps 1945 alors que j’étais en deuxième année à l’école primaire. Le vieux curé Granger avait prêché ce jour-là et nous avait incités à ne jamais nous coucher en état de péché mortel. À des enfants de sept ans! Il a alors raconté l’histoire d’un jeune homme qui avait commis un péché mortel (on se doute lequel!) et qui, se rappelant la consigne de son bon curé, était allé se confesser le jour même. Vous devinez le reste de l’histoire : il est mort ce soir-là.

Quand Jésus nous demande de veiller et d’être prêts à accueillir le maître, même au milieu de la nuit, nous demande-t-il de devenir insomniaques? L’expérience de la foi doit-elle se traduire par une forme d’anxiété morbide où la peur sera le moteur principal de la conduite? Je refuse de m’avancer dans cette piste même si bien des gens dans notre société, depuis les sectes jusqu’aux écologistes, évoquent sans cesse cette heuristique de la peur et d’une catastrophe-fatalité qui nous prend par surprise, comme ces gens de Pompéi que la lave a figés dans leur destin.

Au moment où Jésus enseigne, et surtout au moment où s’écri-vent les évangiles, la culture religieuse est à l’inquiétude, les images d’apocalypse sont courantes et la période politique est trouble. L’insistance de Jésus ne porte pas sur la peur mais sur la certitude de l’intervention de Dieu et sur la nécessité de la vigilance.



Or l’expérience que nous faisons constamment est celle de l’ab-sence de Dieu, de son apparente indifférence, de son insignifiance au sein des réalités humaines courantes : les affaires, la politique, la guerre, le terrorisme, la drogue, l’amour.

Nous étions tous desséchés comme des feuilles, et nos crimes, comme le vent, nous emportaient. Personne n’invoquait ton nom, nul ne se réveillait pour recourir à toi. Car tu nous avais caché ton visage.

Is 64, 5-6

Chaque jour, nous expérimentons l’absence de Dieu. Mais chaque jour, nous demandons à Dieu de nous révéler sa présence.

Pourtant, Seigneur, tu es notre Père. Nous sommes l’argile, et tu es le potier : nous sommes tous l’ouvrage de tes mains.

Is 63, 7

C’est précisément cela, la vigilance. Cette capacité de reconnaî-tre Dieu et de l’appeler, cette volonté de ne pas nous satisfaire de l’état actuel du monde et d’attendre la venue du Christ, car nous attendons « de voir se révéler notre Seigneur Jésus Christ » (1 Co 1, 7). Très largement, le sommeil qui nous guette est celui de la consommation ostentatoire.

Par le jeu du crédit et de la publicité, la société nous dit que le passé n’existe pas, que l’avenir est vain et qu’il n’y a de vrai qu’aujourd’hui. « Voyagez maintenant, payez plus tard. » Jouissez maintenant. Plus tard, qu’importe. Vous ferez faillite. Vous demande-rez à la société et aux politiciens de vous prendre en charge.

Le croyant refuse cet enfermement dans le seul temps présent, le temps de la consommation. Il rappelle le passé. Il se tend vers l’ave-nir. Il demande à Dieu de faire irruption dans ce temps et d’ouvrir l’avenir. C’est cela veiller. C’est cela prier. C’est cela vivre.



PRIÈRE

Toi, le Dieu des ancêtres,Le Dieu d’Abraham, d’Isaac et de Jacob,Le Dieu de notre histoire,Le Dieu de notre longue marche aux confins de la terre,Le Dieu de Jésus Christ, notre Seigneur et notre frère,Le Dieu d’hier, d’aujourd’hui, de demain,Hâte le temps, force la porte.Brise la coquille du présent pour qu’apparaisse ta présence,Ouvre la porte de l’avenir.Que notre cœur s’éveilleEt garde vivante la flamme de ton amour.

Amen.


deuxième dimanche de l’Avent

en attente de dieu

Isaïe 40, 1-5.9-11

Avec le chapitre 40 du livre d’Isaïe commence ce que l’on appelle le second Isaïe. Le prophète est mort vraisemblablement autour de l’an 700 avant Jésus Christ. Le contexte évoqué par les chapitres 40-55 de l’actuel livre d’Isaïe renvoie au retour de l’exil, vers 550 avant notre ère. La Bible de Jérusalem appelle cette section : le livre de la consolation d’Israël. Quatre éléments sont à signaler dans le texte. D’abord l’invitation à la consolation : « Consolez, consolez mon peuple. » La faute est expiée, c’est l’heure du pardon. Vient ensuite une invitation à construire une route à travers le désert. Il y a ici une allusion à l’Exode, mais probablement aussi l’annonce du chemin du retour pour ceux qui reviendront de Babylone après la fin de l’exil. « Alors la gloire de Dieu se révélera. » Vient ensuite une invitation à la proclamation de l’action de Dieu : « Élève la voix avec force. » Mais l’image de Dieu venant avec puissance peut donner illusion. Elle est donc tempérée par la figure du bon pasteur : « Son bras rassemble les agneaux, il les porte sur son cœur. » La liturgie omet les versets 6 à 8 qui insistent sur la faiblesse humaine mais exaltent la force de la parole de Dieu.



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Dans l’ensemble il s’agit d’un beau poème, très évocateur, qui annonce un nouveau temps messianique. C’est un texte qui ravive l’espérance et exalte la confiance en Dieu.

2 Pierre 3, 8-14

La seconde lettre de Pierre est considérée comme l’écrit le plus tardif du Nouveau Testament. Écrite vers l’an 125 de notre ère, elle est assez polémique. Elle met en garde contre les faux docteurs et cherche à expliquer le retard de la parousie. La première généra-tion de croyants attendait le retour prochain du Christ et la fin de l’histoire humaine. Or ce n’est pas ainsi que Dieu semble vouloir réaliser le salut. « Le Seigneur n’est pas en retard pour tenir sa pro-messe, comme le pensent certaines personnes » (v. 9). C’est pour donner à tous le temps de se convertir. Le Seigneur viendra comme un voleur. Le monde sera détruit avec fracas. Lui succéderont un « ciel nouveau et une terre nouvelle où résidera la justice ». Dans son argumentation, la lettre renvoie au Psaume 89 (90), 4 pour dire : « Pour le Seigneur, un seul jour est comme mille ans, et mille ans sont comme un seul jour » (v. 8). Cette expression reprise autrement dans l’Apocalypse (20, 2) favorisera la doctrine du millénarisme, ou domination de Satan pendant mille ans.

Malgré une argumentation déroutante (en 1, 17, l’auteur prend appui sur la transfiguration et non sur la résurrection), la lettre insiste sur la fidélité : « Faites donc tout pour que le Christ vous trouve nets et irréprochables » (v. 14).

Marc 1, 1-8

L’évangile de Marc commence de façon abrupte. Il ne s’inté-resse pas à l’homme Jésus, à son histoire et à sa psychologie, mais à la Bonne Nouvelle de Jésus Christ, Fils de Dieu. Comme pour les autres évangélistes et même les Actes des Apôtres (13, 24-25), Marc fait précéder le ministère de Jésus par celui de Jean, dit le Baptiste. Marc introduit Jean par une citation qu’il attribue à Isaïe, mais qui est tirée en partie de Malachie (3, 1) et en partie d’Isaïe (40, 3). Il établit ainsi un lien entre Jean et la tradition prophétique, celle d’Élie et des autres prophètes. De même qu’Isaïe annonçait la consolation d’Israël, Jean annonce un temps de pardon. Jean est un ascète et



attire les foules au désert où il administre un baptême de pénitence. On pense que Jean se situait dans la mouvance des Esséniens et était favorable à une religion plus populaire, moins formaliste et intellectuelle que le judaïsme officiel. Jean s’efface devant celui qui vient derrière, parce que ce dernier est « plus puissant que moi » (terme omis par Jean et par les Actes des Apôtres) et qu’il baptisera dans l’Esprit saint.

Ce passage de Marc nous situe d’emblée dans l’attente du salut qui caractérise l’époque. Il n’est pas question d’un retour d’exil. Mais il faut à nouveau préparer le chemin de Dieu et tracer des routes spirituelles qui permettent aujourd’hui aux gens de reprendre souffle.

Les deuxième et troisième dimanches de l’Avent portant sur Jean Baptiste, et ce pour les trois années du cycle, il y a un fort risque de redite d’une année à l’autre. Cette année, nous aborderons donc le contexte de l’époque de Jésus (ce dimanche) et le rôle de précurseur de Jean (dimanche prochain).

En attente de Dieu

En amorçant les travaux de recherche et de mise en ordre du présent ouvrage, je me demandais comment un jeune d’aujourd’hui, immergé dans la culture médiatique et informatique moderne, peut se retrouver devant des textes parfois aussi difficiles et aussi distants que l’extrait de la deuxième lettre de Pierre ou le passage du pro-phète Isaïe que la liturgie nous offre aujourd’hui. Il y a là des images, des expressions, des représentations du monde bien étranges pour quelqu’un de notre siècle, tout comme la symbolique dont se nour-rissent maintenant les jeunes, de Star Trek au Seigneur des anneaux, de Harry Potter à Indiana Jones, égarerait entièrement nos ancêtres.

Il y a plus de cinquante ans que je fréquente la Bible, dans la prière liturgique et personnelle, dans la lecture, dans l’étude. En préparant le présent volume, il me faut tout reprendre à zéro, tout recommencer pour saisir l’intuition spirituelle qui mène à notre époque. Il ne suffit pas de dire qu’il s’agit de la parole de Dieu. Nous glisserions vite dans la magie. Il faut que cette Parole nous interpelle, que nous en devenions les interlocuteurs pour qu’elle devienne vraie pour nous ici et maintenant. Nous avons une écriture sacrée, bravo!




Mais cette écriture ne peut ni ne doit devenir un ghetto. Elle doit être une passerelle.

Dans une encyclique célèbre contre le nazisme, le pape Pie XI avait écrit : « Nous sommes spirituellement des Sémites. » L’expérience que nous avons de Dieu se situe dans le prolongement de celle du peuple de la Bible et dans le dévoilement de Dieu que Jésus le Christ nous a procuré. Faut-il, pour comprendre cela et le vivre, devenir des savants des cultures anciennes, savoir le grec et l’hébreu? Certainement pas. Mais pour comprendre, actualiser et inventer aujourd’hui, il est certes nécessaire de faire des ponts entre ce que les anciens ont vécu et ce que nous vivons. Car c’est le même Dieu vivant que nous rencontrons et que nous voulons confesser.

Arrêtons-nous un moment aux trois lectures d’aujourd’hui, celle d’Isaïe, celle de la deuxième lettre de Pierre, celle de l’évangile de Marc.

Le prophète Isaïe est un poète. Ce n’est pas tout le monde qui est un poète, ou qui aime la poésie, même si nous acceptons d’écouter des chansons. Isaïe parle à un peuple qui a connu la guerre. Quand Jérusalem est tombée aux mains de Nabuchodonosor, une partie du peuple a été déportée à Babylone pendant que des gens sympathiques à Nabuchodonosor sont venus s’établir en Palestine. Pour comprendre cela, pensez à la déportation des Acadiens. Isaïe entrevoit la fin de cette situation. Il pressent la chute de Babylone et l’arrivée d’une nouvelle puissance sous la direction de Cyrus, roi de Perse, qui permettra le retour des captifs. Isaïe voit en cela un cadeau de Dieu. D’où ses accents poétiques : consolez mon peuple, préparez le chemin, monte sur une haute montagne, voici le Seigneur. Isaïe chante l’espérance, l’espérance de toujours, celle des Noirs aux États-Unis qui ont réinventé les gospels, celle des Noirs d’Afrique du Sud qui ont fait tomber l’apartheid, celle des femmes qui ont secoué le joug de l’ancien patriarcat. La domination n’a ni âge ni frontière. L’espérance non plus. Pouvons-nous nous laisser émouvoir par la poésie d’Isaïe?

Dans la deuxième lecture, le rédacteur de la lettre attribuée à Pierre est aux prises avec ceux et celles qui constatent que la fin du monde n’arrive pas. Le Seigneur n’est pas en retard, dit-il, puisque




mille ans sont comme un jour. Alors il faut admettre que nous en sommes à la troisième journée. J’ai entendu à la radio un rabbin de Montréal qui prétendait encore que le monde a six mille ans et que nous entrons dans le septième et dernier jour. Il ne faisait que répéter une tradition juive que les chrétiens ont partagée longtemps. Ne chantions-nous pas : « Depuis plus de quatre mille ans nous le promettaient les prophètes, depuis plus de quatre mille ans, nous attendions cet heureux temps »? L’aventure humaine existe depuis beaucoup plus longtemps que sept ou dix mille ans. Les illusions ont la vie longue. L’auteur de la lettre de Pierre s’est trompé. La fin du monde, symbolisée par la chute de Jérusalem en l’an 70 de notre ère, n’a pas eu lieu, et il est inutile de compter les jours et les mille ans. Jésus devenu le Christ ressuscité a radicalement changé notre rapport à Dieu et au monde. Mais loin d’interrompre le cours de ce monde pour imposer une conclusion du dehors, il laisse aller ce monde à son propre rythme, au risque même d’un échec de l’humanité dans son développement : guerre nucléaire totale ou catastrophe écologique complète. C’est cela, l’incarnation. Mais Pierre a pourtant raison : « Dans l’attente de ce jour, faites donc tout pour que le Christ vous trouve nets et irréprochables. » Nets et irréprochables : un puissant défi!

L’évangile ne nous parle pas directement de Jésus mais de Jean, surnommé le Baptiste. Au temps de Jésus, il semble que la pratique religieuse était faible. Les pharisiens étaient purs et fervents. Mais leur foi était également formaliste et intellectuelle. Le culte était très centré sur le Temple de Jérusalem. Alors les gens cherchaient. Il y avait donc des courants nouveaux, fervents, parfois rigoristes, qui jouaient à la marge de la religion officielle. On a beaucoup parlé des membres de la communauté de Qoumrân, aussi appelés Esséniens, qui avaient inventé des formes de vie monastique. Jean Baptiste appartenait probablement à ce courant. C’était un homme rude, plutôt austère, mais en même temps accessible. Il y a eu certai-nement des liens entre Jésus et Jean puisque les quatre évangélistes nous en parlent, que des disciples de Jean sont devenus disciples de Jésus et que Luc va même jusqu’à suggérer que Jésus était le cousin de Jean selon la chair. Jean Baptiste prêche au désert, proclame un baptême de conversion. Les gens accourent vers lui pour se faire




baptiser. Jean était une vedette, mais une vedette rude, radicale et exigeante. Aujourd’hui, nos vedettes ne sont pas souvent des gens de convictions. Ce ne sont ni des prophètes ni des religieux. Ce sont, de préférence, des gens riches, des vedettes des médias, ou encore des jeunes, très jeunes, très beaux, très ambitieux, qu’on livre tout entiers à notre curiosité dans Star Académie ou Loft Story. Ils sont notre chair à canon. On leur donnera de beaux vêtements et beaucoup d’argent en retour de leur âme. Et ils aimeront cela et nous baiseront la main pour que nous fassions d’eux des vedettes... jusqu’à ce qu’on les oublie.

Jean Baptiste crie aux gens de sortir de l’insignifiance. Il annonce même qu’un autre viendra qui baptisera dans l’Esprit. Nous avons toujours besoin d’être baptisés dans l’Esprit. Le baptême que j’ai reçu il y a 70 ans n’est pas suffisant pour aujourd’hui. L’Esprit n’est pas acquis une fois pour toutes. Aujourd’hui encore, il me faut renaître d’en-haut et de l’Esprit. Bien sûr, Jésus est né il y a 2000 ans. Mais cet hier ne suffit pas. Il faut aussi qu’en 2010, 2012, 2014 et ainsi de suite, il y ait une nouvelle venue et un nouveau don de l’Esprit. Le contexte spirituel de notre époque est à la fois semblable et différent de celui du temps de Jésus. C’est pourquoi nous devons reprendre la longue route de l’espérance et de la fidélité.

PRIÈRE

La vie est une énigme.Je n’en sais ni le début ni la fin.Je ne sais rien de ma naissance,Si j’étais avant, avant quoi, avant qui?Je ne sais rien de ce qui m’adviendra :Serai-je encore quand on me fermera les yeux?Je n’ai rien,Rien d’autre que ma confiance,Rien d’autre que mon espérance.Je suis dans l’attente de ton jour.

Amen.


Troisième dimanche de l’Avent

Le précurseur

Isaïe 61, 1-2a.10-11

Ce très beau poème est attribué au troisième Isaïe, un prophète tardif qui a inséré sa prophétie dans le recueil du grand prophète. Le déroulement du texte donne d’abord la vocation du prophète (v. 1) : « Le Seigneur m’a consacré par l’onction. » Viennent ensuite l’énumération des destinataires (les pauvres, les cœurs brisés, les prisonniers, les captifs) et l’annonce d’une année jubilaire. C’est en faisant la proclamation de ce texte que Jésus commence sa prédi-cation à Nazareth (Lc 4, 16-19). La liturgie omet le verset 2b (jour de vengeance) et les versets 3 à 9 qui évoquent assez clairement le retour des exilés dans leur pays. Les versets 10 et 11 représentent comme la réponse du peuple à l’annonce du prophète. Une partie du verset 10, « Mon âme exalte en mon Dieu », est insérée par Luc dans le Magnificat (Lc 1, 46). L’action de grâce s’inscrit dans une symbolique d’amour (époux, épouse) et de fécondité : « Le Seigneur fera germer la justice. »

Cet extrait d’Isaïe s’inscrit très bien dans le contexte de l’Avent. C’est un message d’espérance et de joie, une annonce de salut pour ceux qui souffrent mais qui sont invités à se réjouir dans le Seigneur.


troisième dimanche de l’avent 29

1 Thessaloniciens 5, 16-24

Les experts considèrent la première lettre aux Thessaloniciens comme le premier écrit chrétien, probablement rédigé en l’an 51. Paul se réjouit de la constance de la communauté et répond entre autres à une inquiétude des Thessaloniciens à propos du sort des personnes défuntes. L’extrait retenu correspond à la finale de l’épître. On y trouve de petits conseils tout simples mais très révélateurs de la manière chrétienne de vivre : être toujours dans la joie, prier, rendre grâce, être accueillant au prophétisme mais savoir discerner; suit une très belle bénédiction en attente de la venue du Seigneur. À remarquer l’identification de l’être humain selon trois catégories : esprit (ou souffle, ou vie), âme, corps.

Le troisième dimanche de l’Avent est le dimanche en rose, alors que le chant d’entrée cite la lettre aux Philippiens (4, 4) proclamée au 3e dimanche de l’Avent de l’année C. Il est intéressant de noter qu’en deux occasions différentes, Paul fait devoir aux croyants de se réjouir. La joie se commande difficilement. Et pourtant, il y a un devoir de joie, joie qui est le fruit de l’expérience de la grâce de Dieu.

Jean 1, 6-8.19-28

Comme les autres évangélistes, Jean sent la nécessité de souligner la relation entre Jean Baptiste et Jésus. Jean Baptiste semble avoir connu un succès considérable (les foules venaient se faire baptiser par lui : Lc 3, 7). Certains disciples de Jésus semblent avoir été préa-lablement disciples de Jean Baptiste. Quel est donc le rapport entre le Baptiste et Jésus? La réponse qu’apporte l’évangile de Jean à cette question est la suivante : Jean est le précurseur.

La proclamation liturgique cite d’abord le prologue de l’évan-gile : « Il était venu comme témoin, pour rendre témoignage à la lumière » (Jn 1, 7). Les versets 19 à 28 nous précisent le témoignage que Jean Baptiste rend de lui-même à la question : qui es-tu?

On a l’impression qu’il y a deux interrogatoires. Le premier est réalisé par les prêtres et les lévites qui viennent vérifier son identité (v. 19). Jean Baptiste répond par la négation : il n’est pas le Messie, il n’est pas Élie (alors que pour Marc et Matthieu, Jean Baptiste représente Élie), il n’est pas le prophète, celui qui mettrait fin au



silence de Dieu (voir note i dans la BJ). Il est la voix qui crie dans le désert. La suite suggère un interrogatoire des pharisiens qui lui demandent pourquoi il baptise (v. 24-25). Jean Baptiste baptise dans l’eau. Derrière lui vient un plus digne que lui. À remarquer l’absence de référence explicite à l’Esprit. Elle est donnée, dans un contexte un peu différent, au verset 32 : « J’ai vu l’Esprit descendre sur lui. »

Le précurseur

Jean Baptiste est une figure spirituelle très importante dans la liturgie puisqu’elle occupe les 2e et 3e dimanches de l’Avent des trois années du cycle liturgique (à l’exception du 3e dimanche de l’année A). De plus, la naissance de Jésus est célébrée liturgiquement au solstice d’hiver, au moment où le soleil reprend sa course, alors que Jean est fêté le 24 juin, au moment où le soleil amorce son déclin. Ainsi les deux fêtes du soleil mettent l’accent sur ces deux personnages, Jésus et cet autre prophète, dont Luc a fait le cousin de Jésus, Jean Baptiste. Je ne veux pas faire ici un parallèle entre Jean Baptiste et Jésus (l’occasion s’en présentera lors du 2e dimanche de l’Avent de l’année A) mais simplement réfléchir sur la mission de Précurseur que l’évangile d’aujourd’hui attribue à Jean Baptiste.

Quand on nous présente Jean Baptiste, il prêche et il baptise. Le Baptiste ne semble pas se rattacher à un courant connu du judaïsme, ni aux sadducéens qui ont la réputation d’être associés au pouvoir politique, ni aux pharisiens que les évangélistes décrivent souvent de manière polémique mais qui représentent certainement un mouve-ment de ferveur au sein du judaïsme. Il est probable que Jean Baptiste a fréquenté un groupe assez radical et très fervent, les Esséniens. Ce groupe vivait à l’écart dans une vie de type monastique, attendait avec ferveur la fin des temps, contestait le culte rendu au Temple de Jérusalem et représentait donc un axe important dans la mouvance spirituelle de l’époque. Les évangiles ne parlent pas directement des Esséniens, ni de Qoumrân, mais il y a vraisemblablement des allusions qui leur sont faites dans certains récits. Nous connaissons, par d’autres sources, l’existence du mouvement.

Jean Baptiste prêche et baptise. Il prêche la conversion à des gens qui sont déçus par la religion officielle, et il administre un baptême. Ce baptême n’est pas une simple ablution rituelle, mais un rite de




conversion et de salut accompli dans le Jourdain. On comprend que les prêtres, les lévites et les pharisiens s’inquiètent de ce rite probablement assez nouveau. Ce n’est pas encore le baptême chré-tien, qu’on appellera baptême dans l’Esprit après la résurrection de Jésus, mais il s’agit d’une démarche sérieuse et sincère qu’on peut aisément rattacher à un oracle du prophète Ézékiel : « J’irai vous prendre dans toutes les nations; je vous rassemblerai de tous les pays, et je vous ramènerai sur votre terre. Je verserai sur vous une eau pure, et vous serez purifiés » (Ez 36, 24-25, texte proclamé à la veillée pascale). L’évangile de Jean rapporte que Jésus lui aussi a baptisé, et que cela a créé une controverse entre les disciples de Jean Baptiste et les siens (cf. Jn 3, 22-36).

On peut donc se poser la question de la relation entre Jean Baptiste et Jésus. Ont-il été des adversaires, des rivaux, des al-liés? Leurs routes se sont-elles simplement croisées pour glisser dans l’oubli? Si nous devons en croire le récit que nous propose aujourd’hui l’évangéliste Jean, Jean Baptiste se situe devant Jésus comme un précurseur.

À la question sur son identité, Jean Baptiste répond d’abord par trois négations : il n’est pas le Messie, il n’est pas Élie, il n’est pas le Grand Prophète. Pour les juifs qui attendaient une intervention de Dieu, ces trois figures du Messie, d’Élie ou du Grand Prophète étaient les personnages qui attesteraient clairement l’intervention eschatologique de Dieu. Jean n’a pas la prétention d’inaugurer ce temps messianique. Il l’attend. Il le souhaite. Il le prépare. Il appelle à la conversion. Mais il ne prétend pas être celui qui doit venir.

Un autre doit venir. « Je ne suis même pas digne de défaire la courroie de sa sandale. » L’évangéliste Jean lui prêtera cette parole à propos de l’arrivée de Jésus dans le sillage de Jean Baptiste : « Il faut que lui grandisse et que moi je décroisse » (Jn 3, 30). Ainsi, dans la tradition ecclésiale, Jean Baptiste est à la fois celui qui clôt le prophétisme antérieur (ce que nous appelons Ancien Testament) et celui qui inaugure l’ère nouvelle. L’évangéliste Luc marque cette rupture : « De plus grand que Jean parmi les enfants des femmes, il n’y en a pas; et cependant le plus petit dans le royaume de Dieu est plus grand que lui » (Lc 7, 28). Je ne pense pas qu’il faille insister sur cette antinomie entre l’avant et l’après, entre Jean Baptiste qui ferme



une étape désormais périmée et Jean Baptiste qui inaugure une ère nouvelle. Il y a continuité profonde et complétude. Le Baptiste pré-pare la route, précède, introduit. Il est le regard tourné vers l’avenir qui force notre regard à voir celui qui vient. Jean Baptiste sait parler, interloquer, surprendre. Il baptise et annonce le Royaume qui vient. Il pointe vers Jésus et sait alors se mettre en mode de discrétion.

Les rôles d’un précurseur sont importants. À un moment de notre vie, il nous faut apprendre à céder la place, à reconnaître celui ou celle qui vient derrière et qui relaiera notre pas. Ainsi font les éducateurs qui précèdent leurs élèves puis s’effacent. Ainsi font les parents. Dans les ordres religieux, le supérieur (ou la supérieure) est souvent élu ou nommé pour un ou deux termes. Puis il redevient simple membre de la communauté. C’est extrêmement exigeant. Souvent on accorde une période de transition, un moment d’absence ou d’étude pour permettre à la personne concernée de reprendre un rôle plus humble sans perdre la face. Dans la fonction publique, laisser la place à un autre et revenir à une tâche plus humble semble inacceptable. Alors les gens s’accrochent à leur titre et à leur fonction; leur bonheur se brise et l’institution en souffre.

Autrefois, l’Avent ne faisait que préparer à Noël, et c’est le 24 au soir, à la messe de minuit, que l’instant arrivait. Nous avons maintenant tant de fêtes avant Noël que nous sommes épuisés quand celui-ci arrive. Le temps du précurseur prend toute la place et a cessé de jouer son rôle. Nous nous laissons distraire par les préliminaires et l’essentiel nous échappe. C’est pourquoi la figure de Jean Baptiste le précurseur peut nous aider à nous décentrer de nous-mêmes et à tourner notre regard vers celui qui vient. Il nous est difficile d’attendre et de préparer. Il nous faut réapprendre cela du précurseur.




PRIÈRE

Je ne suis ni le début ni la fin,Je ne suis que le maillon d’une chaîne.Je suis solidaire de ceux et celles d’avant,Eux qui m’ont légué la foi, la parole et la vie;Je suis solidaire de ceux et celles qui suiventAuxquels je voudrais aussi tout donner.Je voudrais être Jean Baptiste, le Précurseur.Je voudrais léguer en héritageLe doux et terrifiant chemin de l’espérance.


Quatrième dimanche de l’Avent

L’Annonciation

2 Samuel 7, 1-5.8b-12.14a.16

Le roi David est vieillissant. Il s’inquiète donc de son héritage. Le texte raconte qu’il se préoccupe de donner à Dieu une maison, un temple : « J’habite dans une maison de cèdre, et l’arche de Dieu habite sous la tente » (v. 2). À cette requête qu’il accepte d’abord, le prophète Natan, un prophète de cour, propose un prolongement qui crée une inversion de sens grâce à un jeu de mots. C’est Dieu lui-même qui va donner à David une maison, au sens de maisonnée ou lignage : sa royauté sera stable et s’inscrira dans sa descendance.

En fait, la promesse de Dieu faite à David dépasse de loin la dynastie royale (le royaume se scindera et s’écroulera) et prend un sens messianique. C’est de la lignée de David que viendra le Messie tant attendu.

Le découpage liturgique évacue la réflexion sur le Temple lui-même. Les versets 6 et 7 sont un réquisitoire contre le Temple (Dieu n’a pas besoin de Temple), alors que le verset 13, également omis, signale que ce n’est pas David mais Salomon qui s’occupera de sa construction. Il s’agit d’une glose ultérieure. La centration sur le Temple de Jérusalem correspond à une vision cultuelle et politique du rapport à Dieu (primauté de Jérusalem), alors que le Dieu qui n’a


quatrième dimanche de l’avent 35

pas de Temple pourra trouver son lieu dans l’humanité elle-même. La ligne prophétique rejoint ici la ligne messianique. David n’a pas construit de Temple. Mais de sa descendance viendra le Messie qui sera le Temple par excellence.

Romains 16, 25-27

Admettons-le d’emblée : le choix de cette lecture ne paraît pas évident. On a beau le lire cinq fois, dix fois, on se demande ce que ce texte sorti de son contexte peut bien vouloir dire. Il s’agit en fait des trois derniers versets de la lettre de Paul aux Romains, une lettre magistrale et complexe qui porte sur le salut en Jésus et sur les rapports entre la loi et la foi. Paul finit sa lettre en forme de bénédiction. Le mystère révélé « est porté à la connaissance de toutes les nations ». Le mystère, en un sens, c’est le secret de Dieu, sa volonté de salut par le moyen de la croix qui confond la sagesse humaine. Nous pensons en termes de planification, de rationalité, d’efficacité, de sagesse humaine. Dieu préfère une voie de folie (c’est le thème principal de la première lettre aux Corinthiens). Son secret ou mystère n’est pas réservé à quelques initiés. Il « est porté à la connaissance de toutes les nations ».

Or c’est bien en Jésus que Dieu se dévoile entièrement, qu’il nous dit sa proximité et sa vulnérabilité. La liturgie attribue donc ici à la naissance de Jésus ce que Paul lui reconnaît dans sa résurrection. Il y a un télescopage. Qu’importe, la venue de Dieu en chair humaine est toujours épiphanie, manifestation (le texte grec dit apocalypse, c’est-à-dire révélation). Le mystère de Noël est déjà présent.

Luc 1, 26-38

Des quatre évangiles, deux (Marc et Jean) ne disent rien de la naissance de Jésus. Jésus y apparaît à l’âge adulte. Matthieu donne une généalogie de Jésus en 42 générations depuis Abraham. Il raconte le songe à Joseph, l’adoration des mages, la fuite en Égypte. Luc, pour sa part, consacre les deux premiers chapitres de son évangile à ce qu’on appelle les récits de l’enfance. Ces chapitres sont un peu trompeurs. Ils semblent simples et naïfs à prendre au premier abord. Ils sont en réalité très complexes et pleins d’allusions et de références à l’Écriture. Ils renvoient à des codes dont nous avons




perdu le secret et que nous cherchons à comprendre depuis notre propre point de vue de gens modernes, soucieux de science et de faits mesurables.

Il importe donc de comprendre qu’il ne s’agit pas d’un récit historique qui raconterait comment les choses sont arrivées. Nous sommes en présence d’une construction littéraire calquée sur des écrits de naissance de l’Ancien Testament et qui ont pour but de nous rappeler que, dès l’origine, Jésus est le Seigneur, le Fils de Dieu.

L’annonce à Marie est à mettre en parallèle avec l’annonce à Zacharie (Lc 1, 5-23). Pour l’annonce à Zacharie, il y a présence de l’ange Gabriel. La vision a lieu dans le Temple, et Élisabeth et Zacharie sont tous deux âgés, en rappel d’Abraham et de Sara. Dans l’annonce à Marie, le même Gabriel est présent. Dans une maison quelconque de Galilée, région méprisée, une jeune fille accordée en mariage à Joseph est associée à la venue du Messie : « Tu vas concevoir et enfanter un fils. » Il s’appellera Jésus et accomplira l’espérance messianique. Sara était une femme inféconde qui avait passé l’âge de concevoir; Élisabeth aussi. Marie est une jeune fille dont la fécondité va transcender la réalité humaine. Pour que cette mission s’accomplisse, l’Esprit viendra sur Marie, et « la puissance du Très-Haut [la] prendra sous son ombre ». Il y a ici des référen-ces directes à la création et à l’Exode. Mais il est demandé à Marie d’acquiescer à la démarche de foi qui lui est proposée. Sa réponse est claire et nette : « Voici la servante du Seigneur, que tout se passe pour moi selon ta parole. »

Reste le problème de la conception originale. À partir de sources différentes, Matthieu et Luc évoquent ce mystère, ce qui laisse entendre une tradition antérieure. Les évangélistes n’ont pas cherché à cacher une situation a priori gênante. Les interprétations exégétiques divergent (voir sur ce point R.E. Brown, Que sait-on du Nouveau Testament?, p. 260-261). Pour ma part, je ne pense pas que le récit veuille nous donner des informations gynécologiques. Il évoque, dans un discours rempli de merveilleux, la venue de Dieu parmi nous et l’inauguration d’une ère nouvelle. Marie est à la fois une jeune femme au destin particulier (la mère de Jésus) et le symbole de la Jérusalem à venir, de l’humanité nouvelle invitée aux épousailles de Dieu.



L’Annonciation

Le temps de l’Avent est marqué par deux figures de l’attente et de l’espérance : Jean Baptiste et Marie. Le Baptiste est un prophète puissant qui exhorte, entraîne, baptise. Il est le symbole de l’attente active et laborieuse, d’une espérance qu’on pourrait dire efficace. Il est le précurseur dont la main pointe vers celui qui doit venir.

De Marie, la mère de Jésus, on dit très peu de choses. Ce que l’Écriture nous dit d’elle est bien mince, sauf dans les récits de l’en-fance. On la retrouve discrètement dans certains épisodes (l’évangile de Marc est plutôt dur à son égard), et Jean nous rappelle sa présence au pied de la croix. Marie semble la figure de l’attente effacée, de la foi acquiesçante et méditante : « Elle gardait dans son cœur tous ces événements » (Lc 2, 51). Mais Marie n’indique pas du doigt celui qui vient. Elle le porte en elle. Elle le fait grandir. Elle le donne. Marie est la toute première des croyantes, celle qui a jeté sa vie dans l’aventure de Dieu.

Il y a, bien sûr, une disproportion entre la discrétion des écrits du Nouveau Testament et l’ampleur du culte marial, entre la mère de Jésus des évangiles et la Mère de Dieu du dogme et de la piété. On a souvent l’impression que Marie représente le côté féminin de Dieu, un Dieu présenté exclusivement comme Père et mâle. Bien des prédicateurs disaient autrefois que Marie adoucissait la figure de Dieu, la féminisait, la rendait plus accessible. On risque alors d’en faire rapidement une déesse, un être intermédiaire entre Dieu et nous, un être de lumière qui échapperait à la lourdeur de notre condition charnelle. N’est-ce pas cela que laisse soupçonner l’idée de maternité virginale? Donner la vie en s’abstenant du sexe, devenir mère sans connaître le désir, la passion et les lourdeurs du corps?

Il y avait au temps de Jésus de forts courants ascétiques, por-tés à mépriser le corps et l’expérience charnelle. On comprend que le récit de l’annonce faite à Marie ait favorisé la glorification d’une femme qui aurait fait l’économie de la condition humaine et sexuelle courante. Est-ce bien cela que veut dire le récit de l’Annonciation?



Il me semble que le récit de l’Annonciation, tel que le proclame la liturgie, signifie deux choses : Jésus, celui qui va naître, est déjà le Fils de Dieu; Marie est la première des croyantes.

Quand on lit le Nouveau Testament, à l’exception de l’évangile de Jean, on a l’impression que Jésus n’est qu’un homme comme les autres. Ce n’est qu’après l’expérience de la résurrection que ses premiers fidèles comprennent que Jésus est Christ et Seigneur, que Dieu a fait pour lui ce qu’il n’avait fait pour aucun autre homme. Si tous les humains sont fils et filles de Dieu, Jésus est fils à un titre particulier. Il est celui en qui Dieu s’est reconnu. Est-il donc devenu Fils unique de Dieu comme si Dieu l’avait adopté, ou est-il Fils par excellence? Il y a eu dans l’Église de grandes discussions sur ce point. La foi de l’Église a proclamé que Jésus est vrai Dieu et vrai homme et que, dès avant sa conception humaine, il était déjà le Fils éternel du Père. C’est bien ce que nous dit le prologue de l’évangile de Jean : « Et le Verbe s’est fait chair, il a habité parmi nous » (Jn 1, 14). C’est cela aussi que nous dit le récit de l’Annonciation. Dès sa concep-tion, Jésus est déjà le Fils unique du Père. Les cheminements de la conception et de la naissance humaine de Jésus ne sont pas que l’œuvre des humains. On y reconnaît déjà l’action de Dieu. La tra-dition a raconté cela sous la forme d’une conception originale (les hymnes latins chantent : virgo prius et posterius, « vierge avant et après la naissance »), dans un contexte de merveilleux. L’essentiel n’est pas le merveilleux, mais l’extraordinaire présence de Dieu.

La condition de possibilité du mystère de l’incarnation, c’est l’acquiescement de Marie. Voici une toute jeune femme accordée en mariage à Joseph qui acquiesce à la parole de l’ange : « Sois sans crainte, Marie, car tu as trouvé grâce auprès de Dieu. » Marie se demande ce que chacun de nous se demande quand il lui arrive quelque chose d’imprévisible : pourquoi moi, pourquoi ici, pourquoi maintenant? Moment de surprise. Moment d’inquiétude. Moment de révolte. La vie réelle n’est toujours que singulière, mais cette singularité étonne et bouscule. Marie, probablement, n’a toujours aspiré qu’à être une femme comme les autres. Et la voici projetée, je dirais à son corps défendant, dans une aventure insensée. Elle n’a rien que ces deux promesses si vagues : « L’Esprit saint te prendra sous son ombre » et « Rien n’est impossible à Dieu ».



C’est l’aventure de la foi dans ce qu’elle a de plus désarmant. Marie n’a pas les repères de la sécurité humaine pour se retrouver. Elle n’a pas de calcul qui puisse fonder son adhésion à cette demande. Elle aurait raisonnablement dû dire non. Mais la réponse est d’un autre ordre : « Voici la servante du Seigneur; que tout se passe pour moi selon ta parole. »

C’est pour cela que la tradition accorde tant d’importance à Marie. En acquiesçant à la parole de l’ange, Marie fait basculer le monde dans l’âge de la foi. On dit de Marie qu’elle est l’Ève nou-velle. Elle est la première des croyantes. Comme l’enfant qui naîtra d’elle sera tout ensemble vrai homme et vrai Dieu, on la dénommera mère de Jésus et Mère de Dieu. Vraiment :

Je te salue, Comblée-de-grâce, le Seigneur est avec toi.

Lc 1, 28

PRIÈRE

Salut à toi, humble jeune fille de Nazareth,Toi qui as prêté l’oreille à la parole de Gabriel,Toi qui as acquiescé à la demande du Seigneur.Tu n’as pas cédé à la peur,Tu ne t’es pas réfugiée derrière la prudence humaine.Tu as fait confiance au SeigneurAu-delà des calculs raisonnables des humains.Toi, l’humble jeune fille,Tu es devenue à jamais l’audacieuse croyante.Donne-nous de croire à notre tour.Donne-nous d’oser l’impossible.Donne-nous de reconnaître, aujourd’hui,Celui qui vient,Notre bien-aimé frère et Seigneur.

Amen.


Table des matières

Liminaire ......................................................................................... 5

Note sur l’année liturgique et le calendrier ..................................... 9

Temps de l’Avent

Le cycle de l’Avent ............................................................................ 15

Premier dimanche de l’Avent

Veiller .............................................................................................. 16

Deuxième dimanche de l’Avent

En attente de Dieu ........................................................................... 22

Troisième dimanche de l’Avent

Le précurseur ................................................................................... 28

Quatrième dimanche de l’Avent

L’Annonciation ................................................................................ 34

Temps de Noël

Note sur Noël .................................................................................... 43

Noël

Un Sauveur nous est né .................................................................... 45

La Sainte Famille de Jésus, Marie et Joseph

Un enfant qui fait parler ................................................................... 52

Sainte Marie, Mère de Dieu (1er janvier)

Le temps de la bénédiction ............................................................... 58

Note sur l’Épiphanie .......................................................................... 667

Épiphanie du Seigneur

L’accès des païens à la foi .................................................................. 68

Baptême du Seigneur

L’Esprit, l’eau, le sang ........................................................................ 76



Temps du Carême

Le Carême de l’année B .................................................................. 87

Premier dimanche de Carême

Convertissez-vous et croyez .............................................................. 90

Deuxième dimanche de Carême

Le secret si bien caché ...................................................................... 97

Note sur le décalogue ........................................................................ 105

Troisième dimanche de Carême

Le temple, éphémère et éternel ......................................................... 110

Quatrième dimanche de Carême

Faire la vérité ................................................................................... 118

Cinquième dimanche de Carême

L’angoisse de la mort ........................................................................ 125

Note sur l’anthropologie du sacrifice ............................................... 132

Dimanche des Rameaux et de la Passion

Moments de gloire, chemin de croix ................................................. 136

Temps pascal

Note : le mystère de Pâques .............................................................. 149

La nuit pascale

Qui nous roulera la pierre? ............................................................... 151

Dimanche de Pâques

Plus qu’un tombeau vide .................................................................. 160

Deuxième dimanche de Pâques

Croire et voir .................................................................................. 167

Troisième dimanche de Pâques

L’intelligence des Écritures ............................................................... 173

Quatrième dimanche de Pâques

Donner sa vie ................................................................................... 180


table des matières 531

Cinquième dimanche de Pâques

Demeurer en lui ............................................................................... 187

Sixième dimanche de Pâques

Plus que des serviteurs, des amis ........................................................ 195

Ascension du Seigneur

Rituel d’intronisation ....................................................................... 202

Septième dimanche de Pâques

Présents à un monde hostile? ............................................................ 209

Pentecôte

Le Maître intérieur ........................................................................... 216

Solennités du Seigneur

La Sainte Trinité

De quel Dieu parlons-nous? ............................................................. 225

Note sur la Fête-Dieu ........................................................................ 232

Le Saint-Sacrement du Corps et du Sang du Christ

Le sang de l’alliance .......................................................................... 237

Temps ordinaire

Les lectures du temps ordinaire ......................................................... 247

Deuxième dimanche du temps ordinaire

Guides spirituels demandés ............................................................... 249

Troisième dimanche du temps ordinaire

Le temps des commencements .......................................................... 256

Quatrième dimanche du temps ordinaire

Un monde fasciné par les esprits ....................................................... 263

Cinquième dimanche du temps ordinaire

Une journée bien remplie ................................................................ 271

Sixième dimanche du temps ordinaire

Oser toucher .................................................................................... 279



Septième dimanche du temps ordinaire

Les voies détournées ......................................................................... 287

Huitième dimanche du temps ordinaire

Le temps des noces ........................................................................... 294

Neuvième dimanche du temps ordinaire

Le sabbat pour l’homme ................................................................... 302

Dixième dimanche du temps ordinaire

L’opposition se durcit encore ............................................................ 310

Onzième dimanche du temps ordinaire

Mesure et démesure ......................................................................... 318

Douzième dimanche du temps ordinaire

Ils sont partis sur la barque légère ...................................................... 327

Treizième dimanche du temps ordinaire

Histoire de femmes? ......................................................................... 334

Quatorzième dimanche du temps ordinaire

Le refus des gens de Nazareth ........................................................... 343

Quinzième dimanche du temps ordinaire

Consignes adéquates? ....................................................................... 351

Seizième dimanche du temps ordinaire

Crise de pastorale, crise de pasteurs?.................................................. 359

Note : Le cycle du pain de vie .......................................................... 367

Dix-septième dimanche du temps ordinaire

La symbolique du repas .................................................................... 369

Dix-huitième dimanche du temps ordinaire

Manger moins, manger mieux, faire autre chose que manger ............. 377

Dix-neuvième dimanche du temps ordinaire

Se laisser instruire par Jésus ............................................................... 385


table des matières 533

Vingtième dimanche du temps ordinaire

Manger la chair du Christ ................................................................. 392

Vingt et unième dimanche du temps ordinaire

Discerner le corps du Christ ............................................................. 400

Vingt-deuxième dimanche du temps ordinaire

Règles de propreté et contraintes alimentaires ................................... 407

Vingt-troisième dimanche du temps ordinaire

Prisonnier de son corps? ................................................................... 415

Vingt-quatrième dimanche du temps ordinaire

Découvrir Jésus ................................................................................ 422

Vingt-cinquième dimanche du temps ordinaire

Servir sans s’asservir .......................................................................... 431

Vingt-sixième dimanche du temps ordinaire

Qui n’est pas contre nous est pour nous ............................................ 439

Vingt-septième dimanche du temps ordinaire

Divorce d’hier, divorce d’aujourd’hui ................................................ 448

Vingt-huitième dimanche du temps ordinaire

L’épisode intrigant du jeune homme riche ........................................ 459

Vingt-neuvième dimanche du temps ordinaire

Auriez-vous un bon emploi pour moi? ............................................. 468

Trentième dimanche du temps ordinaire

Voir .................................................................................................. 477

Trente et unième dimanche du temps ordinaire

Pas de commandement plus grand que ceux-là ................................. 485

Trente-deuxième dimanche du temps ordinaire

À même son indigence ..................................................................... 493



Trente-troisième dimanche du temps ordinaire

Quelle fin du monde? ...................................................................... 501

Note : La fête du Christ, Roi de l’univers ........................................ 511

Le Christ, Roi de l’univers

Le Puissant-en-tout .......................................................................... 514

Indications bibliographiques .............................................................. 523

Table des lectures bibliques ............................................................... 525

Table des matières .............................................................................. 529


Du même auteur :

ISBN : 978-2-89507-875-3, 495 pages

ISBN : 978-2-89507-796-1, 543 pages

Comprendre la Parole

Commentaires bibliques des dimanches année A

Commentaires bibliques des dimanches année C





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Extrait de la publication… · main de la pâque juive, Jésus s’est levé du tombeau et est devenu le Seigneur. Ce premier jour de la semaine, ou encore le huitième jour, celui