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Extrait de la publication…manche du veston, pour retenir celui-ci, sait bien qu'il va se glisser voluptueusement dans le ... Et telle que tu me vois, j'ai du talc entre les fesses

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TRANSFERT

NOCTURNE

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DU MÊME AUTEUR

mf

LE PASSAGER CLANDESTIN, poèmes, 1946.

SAINTE PATIENCE, poèmes, 1951.

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TRANSFERT

NOCTURNE

6, rue Sébàstlen-Bottin, Paris VII-

5' édition

ARMEN LUBIN

0

GALLIMARD

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Il a été tiré de l'édition originale de cet ouvrage, vingt-cinq exemplaires sur vélin pur fil Lafuma-Navarre, dontvingt, numérotés de 1 à 20, et cinq, hors commerce,

marqués de A à E.

Q

Tous droits de traduction, de reproduction et d'adaptationréservés pour tous les pays, y compris la Russie.

Copyright by Librairie Gallimard, 1955.

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TOUT LE TRAFALGAR

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LE BATEAU-LAVOIR

Tout au fond de la Salpêtrière et vers ladroite, se dressait le pavillon Gosset, dont lesbriques rouges n'avaient encore rien perdu deleur éclat. Tout y était neuf et moderne. Maisce pavillon de chirurgie n'étant pas complété,faute de capitaux, dissimulait toujours, der-rière sa façade moderne, des baraques en bois.Ces baraquements pourris et branlants n'exis-tent plus, car vers la fin du séjour que j'y fis,l'on nous transporta dans d'autres bâtiments,pour livrer les baraques aux démolisseurs.

Quand les gens non prévenus débouchaientdans notre baraque Adrian, après avoir traverséle pavillon moderne, ils restaient extrêmementsurpris et comme saisis de froid. Le haut-le-corps était visible, surtout chez les gens d'une

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certaine classe. Ce saisissement où répugnanceet dégoût précédaient la peur réelle, donnaitaux visiteurs une expression si étrange qu'ilne m'était pas toujours facile de réprimer unsourire. C'est alors que je faisais le rapproche-ment suivant Au moment de quitter lelogis familial, en plein hiver, et d'affronter lefroid du dehors, on décroche le pardessus etl'on enfonce le bras dans la manche chaude-

ment doublée. Le poing qu'on a fermé sur lamanche du veston, pour retenir celui-ci, saitbien qu'il va se glisser voluptueusement dans lecouloir confortable et doté des installations les

plus modernes. Mais arrivé au bout du couloir,le poing se crispe et frissonne, pour avoir tou-ché les bords extrêmes de la manche où s'est

accumulée l'eau glaciale de la pluie. C'étaitcela, l'apparition de notre salle, mais en unesouillure infiniment plus grande.

L'administration avait donné à notre ba-

raque le nom de Salle Segond (un nom propre,voyons !), mais les visiteurs s'obstinaient à l'ap-peler Salle Seconde. Quant aux malades, ils ladésignaient plus communément sous le nom de« Bateau-lavoir ». Construction en bois pro-visoirement dressée durant la guerre de 14, elleétait arrivée à un tel degré de délabrement que,sous la poussée du vent elle craquait de toutesses jointures, ses fenêtres s'ouvraient avec fra-cas, et l'opéré du jour recevait l'averse sur lecrâne à son grand plaisir d'ailleurs Sur le

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plafond et les parois, la pluie avait tracé descartes géographiques, les rideaux aux fers rouil-lés étaient couleur d'urine, et il était impossiblede les baisser. Les baissait-on ? Ça ne remontaitplus. Après l'observation du médecin qui nevoyait plus clair, on allait chercher uneéchelle et un garçon de salle, qui arrangeait lerideau au péril de sa vie. Lorsqu'il ne ventaitni ne pleuvait, et que les infirmières n'étaientpas obligées de placer partout des cuvettes pourrecueillir l'eau, c'était pis encore. A cause dela chaleur. On était dans une étuve et il était

interdit d'ouvrir la fenêtre, la présence del'opéré du jour ne le permettant pas. Et commeil y avait des opérés tous les jours, ou presque,l'air était constamment empesté. Plus d'unefois j'ai vu défaillir des gens, malade ou visi-teur. N'empêche que la salle restait humidesur ses pilotis. Le troisième jour le biscuit se ra-mollissait, et le sel de la salière obstruait ses sixtrous. Il y avait aussi des bêtes. En plein jourse baladaient dans la salle souris et cafards. Et

si j'ai vu des mille-pattes, à la saison des mille-pattes, c'est parce que mon séjour fut longdans cette salle (cent trente-huit jours).Comme notre chat Kiki était un mâle châtré

ayant peur des souris, on avait placé un piègedans la salle. Ça claquait parfois.

La salle Segond contenait trente lits, douzede chaque côté et six dans le milieu. Ces der-niers, appelés brancards, disparaissaient quel-

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que temps en été. Eh bien sur ces trente lits,dix étaient de trop. Tassés et entassés dans cebateau-lavoir, les malades devaient prêter milleattentions à leurs gestes et mouvements, toutautant que l'infirmière qui avait bien du malà manœuvrer son chariot de pansement. « J'aimon permis de conduire », disait-elle, mais ellen'était pas plus heureuse que la cuisine rou-lante, qui passait en nous frôlant (au poil aupoil criait-on), et qui se cognait souvent auxlits, dans un grand fracas de vaisselle remuée.Le bouillon montait comme un geyser puis serépandait, au grand amusement des titis.

La salle Segond se prolongeait au delà d'unpetit couloir, et formait une chambre de dixlits, appelée « la chambre des sénateurs », àcause des discussions épiques qui s'y déroulèrentà un moment donné sur la politique intérieuredu Front Populaire. Entre ces deux fractionsde la salle Segond, c'est-à-dire dans le couloirmême, se trouvait lui le cabinet Comment

était-il, ce seul et unique cabinet réservé àl'usage d'une quarantaine de malades ? Je nesaurais le dire, n'y ayant jamais mis les pieds,mais c'est devant sa porte que les usagers lan-çaient leurs jurons les plus imagés et leursinvectives les plus flamboyantes.

Il me reste à dire maintenant le bon côté

de la salle Segond. Non, la salle n'avait pas debon côté durant le jour, mais seulement lanuit, ou plus exactement durant certaines

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nuits. De quoi s'agissait-il ? On me l'a viteexpliqué. Nous étions placés dans les paragesd'un chenil dont les chiens-cobayes souffraientet mouraient au bout de leurs chaînes. Tantôt

comme un être adulte qui serait exaspéré etrévolté, mais plus souvent comme un enfantplaintif, le chien hurlait, gémissait et pleuraitlonguement, alors que les ténèbres sinistresavaient envahi notre salle misérable, et que laveilleuse du plafond, qui était d'un bleu chi-mique, dardait ses rayons venimeux. Il ne peutpas exister une harmonie plus profonde ni plusparfaite que celle-là même qui se forme entrela salle et le hurlement. Parce que l'hommeégaré dans l'enfer du mal ne peut être com-paré qu'à cela, à un hurlement interminablequi racle la gorge, alors que le monde sombredans la nuit.

1

FOCH ET LES MOINEAUX

Le N° 10 est un vieillard majestueux quime fait face. Il s'appelle Foch comme le maré-chal, et va mourir bientôt par épuisement. Ila des sourcils épais, et des moustaches longues

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dont certaines mèches se soulèvent, lorsque levieillard se met à mugir et à grogner. Long-temps il a pesté à propos de tout et de rien,longtemps il a lutté, et victorieusement, contrel'infirmière qui voulait lui tailler ses mousta-ches, par souci de propreté, lesdites mousta-ches se chargeant trop de nourriture pendantles repas, mais depuis quelques jours Foch nedit plus rien. L'air toujours bourru, il attendla mort patiemment, pour ne s'animer qu'àl'approche du jeune interne, auquel il ne ditrien, bien sûr, mais sa physionomie parle bienhaut à sa place « Pourquoi n'es-tu pas restéoù tu étais, arlequin ? Je ne t'ai pas sonné,moi »

A une heure tapant arrive sa femme, unelourde et épaisse ménagère qui arbore, commeunique parure, un collier de verre rose. Aprèsle bonjour, elle s'installe auprès de son homme,elle croise les mains sur le ventre, elle renifleun bon coup, et se tait. Le couple n'a rien àse dire. Au bout d'un long silence la femmeparle tout de même, pour suivre l'exemple detoutes ces épouses qui bavardent autour d'elle.Elle dit

T'as bonne mine aujourd'hui, t'sais ?L'autre

Non J'ai mauvaise mine et tu n'esqu'une menteuse.

Comment ça ? Pourquoi menteuse ?Parce que de vrais amis m'ont fait com-

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prendre ce matin que j'avais mauvaise mine.Quand je me suis mis à la fenêtre, j'ai fait fuirles pierrots.

T'as fait fuir les pierrots ?Les moineaux, quoi En voyant ma

gueule, ils se sont enfuis tout de suite, commeça, frrr. Ceux-là sont plus sincères. Unebête à Dieu c'est plus sincère, et elle nous faitcomprendre quand elle a peur.

Dans le civil, Foch était vidangeur.

2

PENDANT LA CANICULE

Mon voisin de droite est un tout petit bon-homme de soixante-deux ans, souriant et pro-pret, qui me montre les photographies de l'êtrequ'il aime le plus au monde son chien-loup.

Tous les jours il reçoit la visite de sa femmeet de sa nièce. Cette dernière, qui personnifiela stupidité sur la terre de France, accaparetoute mon attention, car les phrases qu'elle,prononce forment une telle succession de pé-tards ininterrompus que j'ai la certitude deme trouver devant la face contraire d'une mer-

veille de perfection. Mon étonnement est si

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grand que je détaille de près cette fille auxformes rebondies. Mais même sa poitrine su-perbe me fait sourire avec commisération,parce que la sotte fille n'a pas de maintien dutout. Elle parle sans arrêt à bâtons rompus, etalors que l'oncle explique l'état présent de sasanté, elle lui répond « Les tortues fonttoc-toc avec leur carapace quand elles fontl'amour. Elles se cognent le derrière, les far-ceurs » (Elle s'est arrêtée au Jardin des Plan-tes, en attendant l'heure des visites.) « Laferme » dit parfois le malade d'une voix plusou moins faible. Lorsque l'apostrophe a étélancée vigoureusement, la nièce ouvre degrands yeux étonnés, secoue sa jolie tête d'oùpendent des boucles d'oreilles incroyables, etverse deux larmes. Mais aussitôt après elle sou-rit gentiment, et rectifie son maquillage àgrands coups de houppette. Elle a désarmél'adversaire.

Arrive le jour fatidique où l'on opère le bon-homme. Notre salle, qui est chaude comme unhammam, incommode beaucoup l'opéré qu'ona chargé d'un énorme édredon, et qui transpireà grosses gouttes. Il s'efforce de me parler, maiscomme on lui a retiré son appareil dentaire,j'ai du mal à le comprendre. Je distingue seu-lement ces mots

N'en peux plus Je meursA l'heure des visites arrive la femme toute

essoufflée et très rouge, précédée par la nièce

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qui marche comme un petit coq, la tête haute,la poitrine dehors, la taille bien prise dans lecorset. La femme est si bouleversée qu'elles'écroule sur ma chaise. Quant à la belle en-fant, je lui dis

Causez pas Il faut le laisser tranquilleaujourd'hui.

Elle me fait oui de la tête, mais au bout dedeux minutes elle oublie mon conseil et parlesans arrêt, pose mille questions au malade, ar-range les couvertures qui n'en ont nul besoin.A la fin, le malade dit

J'ai chaudLa nièce lui répond textuellement, en se-

couant sa jolie têteQue veux-tu, mon petit bonhomme

Tout le monde souffre avec ces chaleurs Jetranspire à tel point que j'ai failli mourir cematin. Et telle que tu me vois, j'ai du talc entreles fesses

3

LA MORT DU GAVROCHE

Les brancardiers nous ont amené un gavro-che de quinze à seize ans, écrasé par un ca-

A.

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mion. Après lui avoir fait sa toilette, l'infir-mière est venue près de moi pour dire

Mon Dieu, mon Dieu Il était salecomme un clochard.

C'était vrai. Arrivé vers dix heures du

matin, il est mort avant midi, après avoir reçula visite de deux équipes de médecins qui seretirèrent silencieusement, sans intervenir.

Après sa toilette et les visites, lorsque son litfut dégagé, il lança dans la salle un regard cir-culaire, un long regard circulaire, et commeles malades le regardaient mais se taisaient, euxqui avaient vite compris le sens exact de l'abs-tention des médecins, cet enfant déjà marquépar la mort et très pâle, a dit

Eh ben alors quoi ? On ne cause pas parici ? Est-ce que je suis à la Salpêtrière ou aumusée Grévin ?

Les malades (ces visages de cire) ont tout desuite rompu le silence comme en se bousculant.Tout le monde posait des questions pour sefaire expliquer les circonstances de l'accident.L'enfant a dit, en parlant du camionneur quil'avait écrasé

Qu'est-ce que je vais lui casser à ce mec-là Attends un peu, mon salaud, on va réglerça plus tard Mais tu comprends, moi, j'te-nais bien ma droite avec ma bécane, mais ilm'est monté d'sus

Puis il a ajoutéDes mecs qui n'savent même pas con-

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