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Extrait de la publication...structuralisme « La moindre des sottises, à ce propos, n'est certes pas la fabrication de celle école dite "struc-turaliste",visle(.) duquipouvoirserait

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  • la notion de structure ne relève

    pas d'une définition induclive, fon-dée sur la comparaison et l'abstractiondes éléments communs à toutes les

    acceptions du terme tel qu'il est géné-ralement employé. Ou le terme destructure sociale n'a pas de sens, ouce sens même a déjd une structure.

    Claude Lévi-Strauss, Anthropo-logie structurale, chap. xv « Lanotion de structure en ethnologie »,p. 305

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  • AVANT-PROPOS

    En France, le structuralisme est aujourd'hui unepanacée. De la linguistique, il est passé à l'anlhro-pologie. De là, il n'a cessé de se répandre, du moinssi l'on en croit la rumeur publique (car, pour affirmerqu'il se répand, il faudrait encore savoir ce qu'il est).Il a, paraît-il, atteint la philosophie. Selon l'éditoria-liste d'un récent numéro de L'Arc, il serait même

    devenu la philosophie dominante: « 1945, 1960:pour mesurer le chemin parcouru entre ces deux dates,il suffit d'ouvrir un journal ou une revue el de lirequelques critiques de livres. » Quelle mutation pro-fonde y observera-l-on? Celle-ci: « On ne parle plus de"conscience" ou de ."sujet", mais de "règles", de"codes", de "systèmes" (.) on n'est plus existen-tialiste, mais structuraliste. »

    Il est vrai qu'il ne se passe plus de jour sans quephilosophes, critiques littéraires, psychanalystes etautres se jettent ou se voient jeter le structuralismeà la tête. Naguère, Le Nouvel Observateur rappe-lait le malheureux destin du psychanalyste JacquesLacan: « L'image du grand Shaman de l'idéologiecontemporaine en France se dessinait, entourée desfumées délétères de la haine et de l'adoration; deschapelles se constituaient; des complices se reconnais-

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  • A quoi sert la notion de « Structure »?10

    saient à des tics stylistiques (.).Le résultat: voiciLacan taxé de servir la lechnocralie, sous couleur de

    structuralisme « La moindre des sottises, à ce propos,n'est certes pas la fabrication de celle école dite "struc-turaliste", qui serait l'expression rusée et néo-positi-visle (.) du pouvoir technocratique, dont Lacan. »

    Étendant son terrain d'action, le structuralisme vientmême de descendre dans l'arène politique, non seule-ment à Paris, mais dans nos paisibles villes de pro-vince. A Bordeaux, où nous rédigeons cet avant-propos, un membre influent d'un important partipolitique vient de donner une conférence sur le thème« marxisme ef structuralisme ». Il y démontrait l'in-compatibilité entre structuralisme et humanisme, eten concluait que le parti structuraliste faisait le jeudes Chinois contre les Soviétiques.

    Jusqu'ici, les excès structuralistes paraissent cepen-dant géographiquement limités. En Allemagne, enGrande-Bretagne, aux Étals-Unis, il ne semble pas,ni qu'il soit devenu la philosophie à la mode ni qu'ilguide les choix politiques. Il est confiné dans d'aus-tères revues scientifiques. Le mot structure y apparaît,bien sûr, un peu partout et à tout propos. Mais nousne sommes pas encore au temps où le structuro-fonc-lionnalisme de Parsons se vendrait dans les biblio-

    thèques de gare et envahirait les rubriques de Time.

    Mais qu'est-ce que le structuralisme et que signifieau juste la notion de structure?

    A un extrême, chez un linguiste comme Chomskyou un anthropologue comme Lévi-Strauss, il estassocié à des découvertes dont l'importance scientifiquen'est plus à démontrer. A l'autre extrême, dans cer-tains textes de Barthes par exemple, il est conçu commeune sorte de fluide. En effet, il ne serait autre que lamanière d'être, que l'habitus de « l'homme structural »

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  • Avant-propos

    « L'homme structural prend le réel, le décompose, puisle recompose.» Si ces opérations sont effectuées parun homme du commun, il n'en sorlira pas grand-chose. Si elles sont confiées à un « homme structural »,« il se produit du nouveau, et ce nouveau n'est rienmoins que l'intelligible en général: le simulacre(entendez: la structure), c'est l'intellect ajouté àl'objet, et celle addition a une valeur anthropologique,en ceci qu'elle est l'homme même, son histoire, sa situa-lion, sa liberté et la résistance même que la natureoppose à son esprit1 ». Bref, le structuralisme est lepouvoir, donné à quelques-uns, de sortir de la cavernepour y contempler les structures.

    Nous nous sommes efforcé, pour notre part, denous éloigner des « fumées délétères de l'adoration etde la haine » et d'éviter les « chapelles ». La questionà laquelle nous avons cherché à répondre est celle de lasignification de la notion de structure. Que veut-on dire,qu'a-t-on dans l'esprit quand on parle de structure?Pourquoi celte vogue du mot « structure »? Pourquoiaussi celle confusion et ces « fumées » qui l'entourent?

    Plus précisément, nous nous sommes donné pourtâche d'analyser et d'expliquer un certain nombrede faits associés à l'usage du mof structure dans lessciences humaines.

    Citons d'abord, parmi ces faits, une contradictiongénéralement ressentie: d'une part, tout le mondes'accorde à associer à la notion de structure des notions

    comme « système de relations », « dépendance desparties par rapport au tout », « totalité », etc. L'exis-tence de ces associations montre que la notion destructure possède bien, au moins à un niveau général,une signification claire et qu'on pourrait en donnerune définition susceptible d'entraîner le consensus.Cependanl, si le « structuralisme » consiste seulementà reconnaître dans une langue, une société ou une

  • A quoi serl la nolion de « Struclure »?

    personnalité un système de relations ou une totalitédont les éléments ne peuvent être analysés sans réfé-rence à celle totalité, on se demande comment une idéeaussi banale a pu provoquer une révolution scienti-fique et fonder une nouvelle mystique.

    Bref, comment la notion de structure, si elle n'està peu de chose près qu'un synonyme des notionsde totalité, de système, d' inierdépendance-des-parties-d'un-ensemble, peut-elle rencontrer le succès qu'onlui connaît?

    Un autre fait incontestable et remarquable est lecaractère polysémique de la même notion: peu depersonnes contesteraient qu'elle revêt autant de signi-ficalions différentes qu'il est d'auteurs pour l'employer.Le consensus dont nous parlons plus haut se dissoutdonc de lui-même dès qu'on abandonne le terrain dela plus extrême généralité.

    Mais comment justifier, dans ce cas, l'existenced'un terme unique?

    Dans ce qui suit, nous prendrons ces faits pouracquis. Nous admellrons donc que la notion de struc-ture évoque normalement un certain nombre d'asso-ciations el d'oppositions telles que (slructure-syslèmede relations), (slructure-dépendance des parties parrapport au tout), (structure /caractéristiques appa-rentes) (structure /agrégat)

    Nous admettrons aussi que les usages du mot slruc-ture sont fréquemment homonymiques. Mais nousreconnaîtrons en même temps que la significationde la notion de structure ne peut êlre cernée par l'en-semble de ses associations et oppositions.

    Ces fails apparemment contradictoires étant recon-nus, la question à laquelle nous tenterons de répondreest la suivante: exisle-1-il une définition de la notionde structure qui puisse les expliquer?

    Bordeaux, 20 janvier 1967.

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  • POLYSÉMIE DU TERME STRUCTURE

    Parmi les concepts clés des sciences humaines, leconcept de structure est sans doute un des plus obs-curs. On peut en juger par le nombre des travaux dediscussion et de réflexion qui lui sont consacrés depuisdix ans 1. S'il s'agissait d'une notion dépourvued'équivoque, on ne prendrait sans doute pas tant depeine à la définir. Mais il est superflu de recourir àcette preuve indirecte. L'apparition du mot structurene laisse-t-elle pas, dans certains contextes au moins,un sentiment de malaise? On se demande, lorsqu'onconsidère les différences de connotation qui carac-térisent l'emploi du terme d'un auteur à l'autre,s'il recouvre une signification unique, s'il existe effec-tivement une méthode ou tout au moins une

    orientation méthodologique qui mérite d'être quali-fiée de « structuraliste », et si les travaux remar-

    quables de certains « structuralistes » ne sont pas,pour parodier une expression employée par Leibnizà propos de la géométrie analytique de Descartes,« un effet de leur génie plutôt que de leur méthode ».

    Les travaux consacrés à l'analyse de la notion destructure, qu'ils soient individuels ou collectifs, fontpour la plupart état de ces difficultés. D'un côté,

    CHAPITRE PREMIER

  • A quoi sert la notion de « Structure »?

    on s'accorde à reconnaître l'importance fondamentalepour les sciences humaines de la notion de structure.De l'autre, on en reconnaît immanquablement lecaractère polysémique. La conjonction de ces deuxpropositions ne peut manquer de provoquer un sen-timent de malaise. Car, comment peut-on vanter lesmérites d'un concept ou d'une méthode dont lemoins qu'on puisse dire est qu'on n'en voit pas net-tement l'identité?

    Le fait qu'en dépit de son caractère polysémique,la notion de structure soit, de l'avis général, associéeà un certain nombre d'autres notions, à partir des-quelles on la définit généralement, ajoute encoreà l'incertitude. Qui dit structure veut dire système,cohérence, totalité, dépendance des parties parrapport au tout, système de relations, totalité nonréductible à la somme de ses parties, etc.

    D'où vient donc le sentiment de malaise dont nous

    parlons plus haut? Ne peut-on définir la notion destructure à partir de ces associations, qui ont lemérite de réunir l'unanimité? C'est ce que fait Piaget(48) lorsqu'il énonce « Il y a structure (sous sonaspect le plus général) quand les éléments sont réunisen une totalité présentant certaines propriétés entant que totalité et quand les propriétés des élémentsdépendent, entièrement ou partiellement, de cescaractères de la totalité n (p. 34). Un autre exemplede définition de la notion de structure à partir deses associations est dû à Flament (15) « Une struc-ture est un ensemble d'éléments entre lesquels exis-tent des relations, et tel que toute modificationd'un élément ou d'une relation entraîne une modifi-

    cation des autres éléments ou relations » (p. 417).La définition proposée par Piaget ne semble pas

    avoir satisfait même son auteur, puisqu'il devaitavouer, quelques années après (49), que la définition

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  • Polysémie du terme structure

    de la notion de structure pose des « problèmes assezeffrayants » et que le sens de ce terme « demeure leplus souvent imprécis » (p. 7). Remarque d'autantplus importante qu'elle provient d'un auteur dontl'éminence des contributions à l'analyse des struc-tures psychologiques est mondialement admise.

    Quoi qu'il en soit, les deux définitions que nousvenons de citer peuvent, si on les considère sommai-rement, être considérées comme équivalentes. Ellesne diffèrent que par des nuances et reposent toutesdeux sur une assimilation de la notion de structure

    à ses associations. On peut affirmer, sans chercher àmultiplier les exemples, que la plupart des définitionsgénérales de la notion de structure qu'on pourraitrecueillir leur seraient comparables.

    La difficulté ne réside donc pas dans le fait qu'onne puisse établir une définition entraînant l'assenti-ment général. Elle provient plutôt de ce qu'une défi-nition de cette sorte conduit à une notion si pauvreet si banale qu'elle ne peut guère expliquer les muta-tions scientifiques que représentent, par exemple,l'anthropologie ou la linguistique structurale. Enoutre, si on peut définir la notion de structureà partird'associations synonymiques telles que « système derelations », « ensemble d'éléments non réductibles à

    leur somme », etc., pourquoi recourir à un termeplus obscur? Surtout, comment expliquer le fait,d'ordre à la fois linguistique et épistémologique,que l'emploi de ce mot apparaisse comme indispen-sable, non seulement au linguiste et à l'anthropologue,mais au sociologue, au psychologue ou à l'écono-miste ?

  • A quoi serl la notion de « Structure »?

    Nécessité de renoncer à une définition inductive de lanotion de structure.

    Nous nous proposons de montrer que les difficultéset contradictions qu'on vient de souligner peuventêtre résolues par un changement de perspectiveméthodologique, dont la nécessité est énoncée parLévi-Strauss (30) « la notion de structure nerelève pas d'une définition inductive, fondée sur lacomparaison et l'abstraction des éléments communsà toutes les acceptions du terme tel qu'il est généra-lement employé. Ou le terme de structure socialen'a pas de sens, ou ce sens même a déjà une structure.C'est cette notion de structure qu'il faut d'abordsaisir. » (p. 305).

    Que la notion de structure ne puisse faire l'objetd'une définition inductive, au sens que Lévi-Straussdonne à ce mot, voilà qui semble évident. Lorsqu'unconcept est supporté par une réalité objective,comme le concept de « chien », cher à Kant, on peutsans doute chercher à le définir par la comparaisonet l'abstraction des éléments communs aux objetsqu'il désigne. Dans notre exemple, le concept de chienserait défini par la comparaison et l'abstraction deséléments communs à tous les chiens particuliers. Maisle concept de « structure »? Manifestement, lacomparaison et l'abstraction travailleraient ici surdes documents de seconde main et ne pourraientguère utiliser d'autre matériau que les définitionsde la notion de structure proposées par tel ou telauteur dans telle ou telle discipline. Car, s'il existedes chiens empiriques indépendamment des défini-tions qu'on peut donner du concept de chien, il n'enva pas de même des « structures », qui n'existent qu'à

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  • Polysémie du terme structure

    partir du moment où elles ont été définies. Uneanalyse des définitions de la notion de structureproposée par les économistes, les sociologues, lespsychologues peut donc renseigner sur ces défini-tions, mais non produire, par la comparaison etl'abstraction de leurs éléments communs, une défi-nition de la notion de structure. Les éléments com-

    muns de ces définitions ne sont du reste pas biendifficiles à découvrir ce sont les associations et oppo-sitions dont nous parlons plus haut. Il semble doncincontestable que les techniques classiques de ladéfinition, définitions par le genre proche et la diffé-rence spécifique, ou plus généralement définitionsinductives au sens de Lévi-Strauss, doivent être d'un

    faible secours pour découvrir la signification de lanotion de structure.

    Si l'inadéquation d'une définition de type inductifest parfaitement claire, on ne voit pas aussi aisémentce que Lévi-Strauss veut dire lorsqu'il énonce « Oule terme de structure sociale n'a pas de sens, ou cesens même a une structure. » Qu'est-ce que lastructuredu sens du terme structure?

    Peut-être comprendrons-nous mieux cette formulelapidaire si nous nous rappelons, d'une part, queLévi-Strauss reconnaît publiquement sa dette enversla phonologie structurale et, d'autre part, que leproblème essentiel de la phonologie au moinsjusqu'à une époque récente a été précisément derechercher une définilion des phonèmes d'une langue.Bref la phonologie contient une théorie de la défi-nition et c'est cette théorie que Lévi-Strauss proposed'appliquer à la notion de structure.

    Prenons l'exemple du son qu'on transcrit, en fran-çais, par le symbole r. Nous avons tous conscienceque ce son a une identité. Pourtant, si on essaie,comme le fait la phonétique classique, de décrire

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  • A quoi sert la notion de « Slructure »?

    cette entité de manière inductive, en exprimant leséléments communs aux réalisations possibles du son r,on se heurte immédiatement à une difficulté que laphonétique n'a jamais réussi à surmonter. En effet,ces réalisations varient considérablement d'un sujetà l'autre et, chez un même sujet, d'un contexte àl'autre. Pourtant, l'expérience courante confirmequ'une série de sons signifiante est correctementidentifiée, même si la prononciation est extrêmementdéfectueuse. Voilà donc une entité, (r), qu'il estimpossible de ramener sans arbitraire à une sommed'éléments communs eu égard à la diversité deses réalisations et dont l'identité est cependantévidente. En d'autres termes, toute définition induc-live de (r) échoue à rendre compte de l'identité dece phonème, identité qu'il est pourtant impossiblede nier.

    Si on analyse les difficultés présentées par la défi-nition de la notion de structure, on remarque quel'épistémologue qui tente de formuler cette définitionest dans une situation voisine de celle où se trouve le

    phonéticien. D'une part, on ne peut échapper àl'impression d'une identité de la notion de structure.Mais on ne peut manquer non plus de noter la variétéde ses réalisations. Le terme revêt des sens différents

    en économie et en sociologie. La notion de « structuresociale n'est visiblement pas la même chez Parsonset chez Lévi-Strauss. Chez Lévi-Strauss lui-même,il n'est pas sûr que le terme structure ait le mêmesens dans Les Structures élémentaires de la parentéet dans Le Cru et le cuit. Le concept d' « analysestructurale » diffère au minimum, de l'un de ces textes

    à l'autre, par la nature logique de l'instrumentationà laquelle il est associé.

    Dans les deux situations, un sentiment puissantd'identité est donc contredit par les différences

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  • Polysémie du terme structure

    incontestables qui séparent les réalisations, qu'ils'agisse des réalisations de l'entité (r) ou de la notionde structure. Pour résumer cet état de choses, nous

    dirons, paraphrasant une suggestion de R. Pagès (45),que la notion de structure est une collection d'homo-nymes.

    On sait, et nous aurons à revenir en détail sur cepoint, que la solution proposée par la phonologiestructurale aux difficultés de la phonétique classiquea consisté à montrer qu'il fallait considérer uneentité comme (r), non de l'intérieur, mais de l'extérieur;non à partir de ses propriétés intrinsèques, mais àpartir de ses relations avec le contexte. Plus précisé-ment, alors que la phonétique tente d'identifier oude définir les phonèmes à partir de leurs réalisations,l'hypothèse fondamentale de la phonologie est qu'ilsdoivent être identifiés par les contextes dans lesquelsils apparaissent. Bref, l'identification d'un phonèmen'est possible que si on considère ses relations avecles autres entités qu'on peut discerner dans unelangue (a), (b), (p), etc.

    Nous reviendrons sur la nature de ces relations.

    A ce point, il importe seulement de comprendre qu'àpartir du moment où des entités telles que (a), (b),(p), etc., sont identifiées par les relations qu'ellesentretiennent entre elles, on peut fort bien imaginerune langue dont toutes les unités seraient différentesde l'ensemble (a), (b), (p), etc., et qui serait indis-tincte de la langue dont les unités sont définies parcet ensemble. Il suffirait pour cela que le système desrelations entre (a), (b), (p), etc., soit le même quecelui qui gouvernerait les unités (a'), (b'), (p'), etc.,de la seconde langue. On pourrait alors établirl'équation (p) = (p'), même si, du point de vuephonateur ou acoustique, les réalisations de (p)étaient très différentes des réalisations de (p').

  • A quoi sert la notion de « Structure »?

    Inversement, on imagine fort bien qu'on puissetenir (p)A comme différent de (p)B, si une entité« unique » d'un point de vue acoustique et phonateurapparaît dans deux langues A et B, de telle manièreque le système des relations entre (p) et les autresunités soit différent dans la langue A et dans lalangue B.

    Reconnaissons que l'application de la notiond'isomorphisme que nous proposons ici a quelquechose de forcé. Si nous l'introduisons, c'est afin dedégager une nouvelle analogie entre les problèmes dedéfinition des phonèmes et les problèmes posés parla définition de la notion de structure. Plus haut,nous avons vu qu'une entité comme (r) donnait lieuà des réalisations différentes. Ici, nous voyons qu'unemême réalisation peutcorrespondre à des entitésdistinctes, selon qu'on la considère dans une langueA ou dans une langue B. Transposant cette idée auproblème qui nous intéresse, nous nous demande-rons si des notions apparemment synonymiquesde la notion de structure pallern, « système derelations », « totalité non réductible à la somme de

    ses parties », Aufbau, Gefüge, « système cohérent »,etc., ne sont pas avec la notion de structure dans unerelation analogue à celle que (p)A entretient avec(p)B. Considérées de l'intérieur, les entités (p)A et(p)B sont indistinctes, comme « structure » et, parexemple, « système de relations ». Considérées del'extérieur, elles sont distinctes. Nous verrons qu'ilen va effectivement de même si on oppose, de l'exté-rieur, la notion de structure à ses associations syno-nymiques. En d'autres termes, nous montrerons que,si la notion de structure évoque nécessairement lesassociations (structure-pallern), (structure-systèmede relations), etc., elle est pourtant fondamentalementdistincte de ces termes. Le rapport entre « structure »

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  • Polysémie du terme structure

    et, par exemple, « système de relations » est le mêmepour reprendre un exemple dû à André Martinetque le rapport entre le mot persan bad et le mot

    anglais bad. Les deux mots se prononcent exactementde la même façon ils sont indistincts par leurs pro-priétés intrinsèques. Pourtant, il existe entre euxune différence de taille c'est que l'un est persan etl'autre anglais. Mais cette différence ne peut êtredécelée que par le contexte. Il en va de même avecla notion qui nous intéresse ici par son contenu,elle est d'une certaine manière indistincte de ses

    associations. Il en va tout autrement si on tient

    compte des contextes dans lesquels elle apparaît. Bref,plutôt que d'analyser le contenu de la notion destructure contenu assez banal et pauvre il fautanalyser le rôle de cette notion dans les contextesqui la contiennent.

    Comme nous le disions précédemment, les phéno-mènes de synonymie et d'homonymie liés à l'usagede la notion de structure engendrent un sentimentde contradiction. Dans le second cas, la contradictionest entre l'identité de la notion de structure et la

    variété de ses réalisations. Dans le premier cas, elleest entre l'impossibilité de définir inductivementla notion de structure sans recourir à ses associa-

    tions synonymiques et l'impression d'échec ressentielorsqu'on la ramène à ces associations. L'échec estmême à ce point évident que, lorsque, comme Lévy(33) ou Viet (57), on tente d'utiliser une définition« inductive » de la notion de structure, on aboutit

    à une dissolution intégrale de ce qui constitue lanature propre de cette notion. II est impossible dedistinguer entre les « méthodes structuralistes » donttraitent ces auteurs et ce qu'on pourrait, plus sim-plement, appeler les « méthodes » des sciences humai-nes. Malgré un effort d'information et d'analyse

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