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Extrait de la publication…textes de Spinoza et comme l'antidote à côté du poison ». Seul un Leibniz pouvait mener à bien la tâche de démasquer les sophismes et les paralogismes

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Tous droits de traduction, de reproduction et d'adaptationréservés pour tous les pays, y compris l'U.R.S.S.

© Éditions Gallimard, 1962.

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A la mémoire de

MARC BLOCH

et

JEAN CAVAILLÈS

professeurs à la Sorbonne

HOMMES JUSTES ET SAVANTS

MORTS EN 1944

AU SERVICE DE LA LIBERTÉ

ET d'une cité MEILLEURE

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« Il n'est donné dans la Nature

aucune chose singulière qui soit plusutile à l'homme qu'un homme vivantsous la conduite de la Raison. »

Ethique(IV, propos. 35, coroll. 1)

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AVANT-PROPOS

DE LA PREMIÈRE ÉDITION*

On s'est préoccupé de bonne heure de confronter lapensée de Leibniz à celle de Spinoza et cet intérêt singuliern'a rien qui doive surprendre.

Il est rare, en effet, que les vies et les doctrines de deuxgénies philosophiques de cette envergure se soient réel-lement croisées dans l'histoire. En outre, tout ce qui con-cerne Spinoza appelle, dans la société de la fin duXVIIe siècle, une curiosité trop hardie ou trop craintive,souvent les deux à la fois, presque toujours passionnéeet mélangée de l'attrait du scandale. On cherche à s'ap-procher de sa personne et de ses écrits, tout en multipliantles alibis, les attaques (sincères ou non), les précautions.

De son côté, Leibniz est déjà, au regard de son siècle,l'esprit prodigieux, l'homme versé dans toutes les scienceset techniques et doctrines, dont la renommée, partant à lafois des cours, des académies, des cercles lettrés, force lesrésistances. Or cette philosophie, qui veut se concilier toutesles croyances, toutes les orthodoxies, finit, comme dejuste, par les inquiéter toutes les unes après les autres,malgré la continuité et la vigueur des préoccupationsreligieuses qu'elle manifeste. Le bruit des rencontres qui

Auquel nous avons ajouté (1962) quelques notes en bas de pages.

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Leibniz et Spinoza

ont eu lieu naguère, en Hollande, entre le protagonisted'une nouvelle philosophie chrétienne, infatigable artisand'une union des Églises, et l'athée honni se répandquelles que soient les précautions du premier pour en cacherle nombre et la portée. Dès lors, et pour longtemps, l'inté-rêt suscité par les rapports entre les deux philosophes etleurs doctrines ne procédera pas d'un intérêt proprementphilosophique, mais trouble, chargé de réactions affectiveset sociales, comme tout ce qui touche au spinozisme dansle climat intellectuel et religieux de l'époque.

Cette curiosité piquait déjà les contemporains et, parmiles amis de Leibniz, le P. Bourguet ne fit qu'en recueillirl'écho inquiet. Chacun, selon son tempérament, son infor-mation, ses croyances philosophiques et religieuses, sefait a priori une opinion personnelle à ce sujet, où inter-vient non l'effort critique pour éclairer le problème maisseulement l'appréciation toute subjective des systèmes.Aussi la diversité des opinions sur le spinozisme ou lenon-spinozisme de Leibniz égale-t-elle celle des individusqui les expriment et des milieux auxquels elles s'adressent.Déjà du vivant de Leibniz, des publicistes le dénoncentcomme un spinoziste masqué. Mendelssohn et Jacobi,au cours de leur célèbre correspondance, admettent uneressemblance profonde entre les deux doctrines. De Goetheà Fichte et à Schleiermacher, de Schiller à Hegel, il n'estpas de grand penseur allemand qui n'ait dit là-dessus sonsentiment: ces remarques, quelque intérêt que leur confèrela personnalité de l'auteur, ne peuvent éclairer leproblème historique, d'autant qu'elles continuent d'êtremêlées d'éléments sentimentaux, de soumission ou de pro-vocante hostilité aux tabous repoussants qui s'efforcentd'isoler de la société Spinoza et le spinozisme. Il n'est pasjusqu'aux réactions de Gœthe qui n'aient été atteintes(mais non troublées) par cette vague de délation et depolémique. « J'avais con fiance en Spinoza, écrit-il dans

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Avant-propos de la première édition

Poésie et Vérité, parce qu'il exerçait en moi une actionapaisante. Cette con fiance ne fit que s'accroître lorsqu'onaccusa mes chers mystiques de spinozisme, lorsque j'apprisque Leibniz lui-même n'avait pu échapper à ce reprocheet que Boerhave, suspect des mêmes opinions, avait dûabandonner la théologie pour la médecine »

En France, rien ne peut mieux déceler la résonancepassionnelle autour du problème Leibniz-Spinoza quel'attitude du comte Foucher de Careil. Ne discutons pasici la valeur critique de ses éditions de textes leibniziens etparticulièrement des « Animadversiones ad Wachterilibrum » qu'il publia en 1854 sous le titre, déjà signifi-catif, de « Réfutation inédite de Spinoza par Leibniz ».Ce qui nous intéresse, par contre, est l'esprit qui entourecette publication et l'inspire.

Victor Cousin, chargé de présenter la « Réfutationinédite » à l'Académie des Sciences morales et politiques,faisait précéder le mémoire de F. de Careil de bien curieu-ses réflexions Il évoquait la source véritable du spino-zisme, « cette méthode anticartésienne. qui a le pluségaré Spinoza et, de nos jours encore, ramène et entretientle spinozisme ». Il se félicitait que « des deux erreurs inté-ressées qui depuis quelque temps circulaient dans le mondesur Leibniz, après avoir nous-mêmes détruit l'une, nousvoyons avec satisfaction détruire l'autre de la manière laplus péremptoire ». Selon la première de ces « erreurs inté-ressées », Leibniz, sur la fin de sa vie, se serait fait catho-lique. Selon la seconde, « des personnes qui voient partoutle panthéisme ont voulu le trouver jusque dans Leibniz etprétendu que le penseur hollandais avait exercé une grandeinfluence sur le penseur allemand ». « Mais, ajoute-t-il,

Dichtung und Wahrheit, IV, 16.Cf. C. R. Académie Sc. mor. et polit., Année 1854, t. XXXVIII,

p. 159 sq., reproduit en tête de F. DE Caiœil, Leibniz, Descarteset Spinoza, Paris, 1862.

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Leibniz et Spinoza

Y influence a été précisément en sens inverse de ce qu'onimagine ce sont les déplorables conséquences de la notionde substance, telle que la définit Spinoza, qui ont le pluscontribué à mettre Leibniz sur le chemin de la vérité. » Lavérité c'est-à-dire une philolosophie pour qui la substance,loin d'être une abstraction, possède des qualités, une énergietoujours prêteà passer à l'acte, et enferme en elle seule tousses développements.

La « Réfutation inédite », conclut-il, met ces faits dansune lumière irrésistible. « Après cela, parler du spino-zisme de Leibniz nous semblerait impossible, s'il y avaitquelque chose d'impossible à l'intérêt et à la passion. » Ilest piquant de voir Cousin, qui vient lui-même de tirerargument des « déplorables conséquences » du spinozisme,condamner, l'instant d'après, l'irruption de considérationspassionnelles dans l'histoire des idées.

Et pourtant, combien il paraît équitable et serein, à côtéde Foucher de Careil Celui-ci, armé de pied en cap,mène autour de l'orthodoxie spiritualiste de Leibniz lagarde la plus vigilante. C'est bien, en effet, à ses yeux,une bataille qui se livre. Des adversaires sans scrupuleont le dessein de déconsidérer, en le liant au spinozisme,l'auteur de la Monadologie, de souiller ce monument duspiritualisme tel que le comprend et veut l'annexer l'éclec-tisme cousinien. Aussi F. de Careil poursuit-il Spinozade sa vindicte. Spinoza, « esprit tortueux, alambiqué etsubtil, a déformé le cerveau des penseurs d'Outre-Rhin »,sa morale n'est « que le rêve du plus monstrueux égoïsmeet une nouvelle forme de la morale de l'intérêt », l'Éthi-que tout entière s'explique par « l'accouplement de Des-cartes et de la Kabbale dans un cerveau vigoureux mais

F. DE CAREIL, op. cit., p. 7, 8, 10, 11, 169, 173, 176 et 177. Cf.aussi dans la Réfutation inédite de Spinoza par Leibniz (Paris, 1854)la notice rédigée par F. de C. sur le De recondita Ilebraeorum pltilo8opltiade Wachter.

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difforme ». Les notes de Leibniz représentent, dans cettebataille, un renfort précieux, « le correctif obligé destextes de Spinoza et comme l'antidote à côté du poison ».Seul un Leibniz pouvait mener à bien la tâche de démasquerles sophismes et les paralogismes de l'Éthique. En publiantces brouillons sous le titre emphatique de « Réfutationinédite de Spinoza par Leibniz », F. de Careil pense faired'une pierre deux coups. Il apporte contre l'odieusedoctrine le plus efficace des remèdes qui puisse en préserverles esprits. D'autre part, il purifie, par cette publication,Leibniz de tout soupçon et le rend, derechef prestigieux etdisponible, à sa fonction de précurseur de l'éclectisme cou-sinien.

On ne s'étonnera donc pas qu'obnubilé par tant de pré-jugés, jeté dans la mêlée des luttes philosophiques et reli-gieuses, le problème Leibniz-Spinoza n'ait guère étéabordé dans un esprit scientifique. Au moins la décou-verte par Joh. Erdmann du petit traité De vita beata,où il croyait relever sans doute possible l'influence deSpinoza, souleva-t-elle un débat très ardent auquel furentmêlés outre Erdmann Guhrauer et Trendelenburg,et dont il ne sortit qu'une conclusion certaine le petittraité en question, loin d'exposer des pensées originales deLeibniz, n'était autre chose qu'un extrait, fait par celui-ci,de textes cartésiens. Le problème demeurait entier.

La seule tentative pour l'embrasser dans son ensemblea été celle de Ludwig Stein. Son livre, Leibniz und Spi-noza, paru en 1890, a le grand mérite de s'attaquer pourla première fois à cette délicate question en utilisant lesécrits de Leibniz (ceux du moins connus à cette date)dans lesquels on trouve des commentaires ou des allusionsà Spinoza. De plus, Stein a publié en appendice à sonlivre des textes leibniziens jusqu'alors inédits, dont cer-tains sont fort intéressants pour le problème qui nous occupe.

Par contre, sur le fond, Stein a pris une position dogma-

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Leibniz et Spinoza

tique et impossible à défendre dès l'époque où il écrivaitD'après lui, Leibniz serait passé par une période spino-ziste, par un accord avec Spinoza sur les points essentiels.Pour rendre cette thèse acceptable, Stein admet que Leib-niz a été longtemps acquis au cartésianisme et que, jusquevers 1684, il n'a pas eu d'idées philosophiques originales.Au moment de sa rencontre avec Spinoza il hésitait, tâton-nait encore et ne s'était pas dégagé de l'in fluence carté-sienne. Leibniz aurait été longtemps indifférent auxconséquences impies d'une doctrine philosophique telleque le panthéisme c'était alors un esprit libre de toutpréjugé. On ne relèverait pas chez Leibniz d'oppositionde principe au spinozisme avant sa lettre à Arnauld, dejanvier 1688.

Or cette construction de Stein repose sur une erreurfondamentale et se trouve tout entière faussée par elleloin d'être demeuré jusqu'aux environs de sa quarantièmeannée un esprit hésitant et tâtonnant, un philosophedisponible, Leibniz, dès sa plus extrême jeunesse, a fixéles directions définitives où il s'engagera. Il ne fera quecreuser, qu'amasser des richesses, des connaissances, desdécouvertes scientifiques autour de ces intuitions primi-tives, a fin de les coordonner en un système doué d'une termi-nologie subtile et arrondi en une voûte parfaite.

Lors de la parution du livre de Stein, des critiquesperspicaces en avaient déjà suspecté la solidité Depuis,les progrès qui ont été faits dans la connaissance de Leib-niz et plus particulièrement du jeune Leibniz ontachevé de ruiner une interprétation contraire à tout cequ'on sait de son évolution morale, intellectuelle, reli-gieuse et de la maturation de sa pensée.

On trouvera plus loin, en appendice, une note sur le livre deSTEIN.

LuciEN HERR, Revue critique d'histoire et de littérature, 25 janvier1892.

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Parmi les publications faites autour de Leibniz depuisun demi-siècle, certaines intéressent, à des titres divers,ses rapports avec Spinoza. Les Opuscules et Fragmentsinédits réunis par Couturat, la petite thèse d'Hannequinsur la première philosophie de Leibniz, les inédits publiéspar Willy Kabitz en appendice à Die Philosophie desjungen Leibniz (ouvrage fondamental qui ne laisse riendebout des interprétations de Stein sur la jeunesse de Leib-niz), ceux que nous a révélés l'incomparable connaisseurde Leibniz qu'est Paul Schrecker, les textes d'une éton-nante richesse et maturité publiés par 1. Jagodinsky,auraient déjà suffi à justifier un nouvel examen du pro-blème, si neuve est la lumière qu'ils répandent sur lapensée originale du jeune Leibniz au moment de ses pre-miers contacts avec le spinozisme. Certaines lettres jus-qu'alors inédites, contenues dans les premiers volumes dela grande Édition deï 'Académie prussienne, projetée avantla précédente guerre mondiale et abandonnée depuis 1933,apportent des indications précieuses. On doit se contenterde déplorer que les convulsions de l'Europe soient venues,une fois de plus, retarder l'heure où sera enfin intégra-lement éditée l'œuvre de Leibniz, grand Européen

Dans le même temps, la connaissance de Spinoza pro-gressait, au premier chef grâceà Jacob Freudenthal. Spi-

noza a trouvé en Freudenthal le biographe qu'il méritaitla richesse, la nouveauté des documents que celui-ci aréunis, la conscience, la compréhension, la discrète réserveavec lesquelles il les a utilisés font de ses livres des exemplesde science et de piété philosophique, où des découvertes

Le livre classique de COUTURAT (La Logique de Leibniz) est uninstrument irremplaçable pour qui examine Leibniz à travers ce quin'est malgré tout qu'une des faces de son génie.

Nous nous en voudrions de ne pas rendre hommage, dès cet avant-propos, aux remarquables ouvrages ou articles sur Leibniz de MM. BA-nuzi, Brunschvicg, GUEROULT, RIVAUD que nous avons consultésmaintes fois avec profit et dont on trouvera plus loin les références.

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Leibniz et Spinoza

ultérieures ont pu apporter des ajouts, des retouches, maisn'ont rien modi fié d'essentiel. Freudenthal, si on luiadjoint l'ouvrage de Meinsma, éclaire pour nous lemilieu d'amis communs à Leibniz et à Spinoza, la visitede Leibniz à La Haye, et (du moins en partie) ses effortspour s'assurer une connaissance plus exacte du spinozisme.Les admirables recherches de Carl Gebhardt et particu-lièrement sa nouvelle édition des Œuvres de Spinoza, lestraductions et commentaires de Charles Appuhn, cer-taines contributions du Chronicon spinozanum assurentune aide substantielle à quiconque entreprend un travailsur Spinoza et le spinozisme.

Nous nous trouvions donc devant un problème obscurcipar des positions personnelles, des passions, ou faussé pardes thèses préconçues. Notre dessein a été de le reprendre.à la lumière des textes et des textes seuls objectif limitéet méthode bien définie. Il ne s'agit pas de partir d'unecomparaison théorique des deux systèmes ou d'un jeud'interprétations subjectives qui ne peuvent, même dansles cas où elles seraient le produit d'une pensée brillanteet ingénieuse, se substituer à la patiente analyse et con-frontation des textes.Leibniz commence à s'occuper de Spinoza en toutcas à le nommer dans sa correspondance en avril 1669et le cite encore dans une lettre à Bourguet, en avril 1716,quelques mois avant sa mort. Ces jugements, commen-taires, allusions, s'étalent donc sur quarante-sept années,près d'un demi-siècle, et forment la matière d'où notrerecherche a pris sa substance et son élan. C'est évidem-ment dans cette collectïon d'une rare richesse, encoregrossie par les publications récentes d'inédits leibniziens,qu'il faut chercher la clef des problèmes qui, dès le débutdu XVIIe siècle, ont suscité tant de curiosité et d'opi-

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nions contradictoires. Quelle a été, quelles ont été lesréactions authentiques de Leibniz à l'égard de Spinoza etdu spinozisme ?Par quoi ces réactions et les attitudes quien ont été inséparables ont-elles été commandées ?Com-ment les expliquerQuels sont, en définitive, les liensentre les deux systèmes ?a

Mais les réactions de Leibniz au spinozisme, tellesque nous les retrouvons dans les textes, ne sont que lesréfractions nuancées, variables, de certains thèmes spi-nozistes à travers le tempérament, le caractère, l'espritde Leibniz. Il était donc indispensable de savoir où Leib-niz en était lui-même à la date où il commence de réagirau spinozisme une étude utile de ces jugements étaitinconcevable si on ne les détachait pas sur la connaissancede la pensée et de l'orientation générale du jeune Leibniz.Au contraire, ils. s'éclairaient dès qu'on les plaçait surcette toile de fond.

Ce livre s'ouvre donc par un chapitre, essentiel à sonéconomie interne, sorte d'esquisse de la pensée de Leibnizavant ses premiers contacts importants avec le spino-zisme. Une étude fouillée de l'évolution de Leibniz jusqu'àla fin de son séjour à Paris eût été une tâche considérable,qui débordait notre sujet et pour laquelle, en outre, unepublication complète des manuscrits de Hanovre seraitindispensable. Notre dessein était seulement de saisirdans ses traits principaux l'homme, le penseur qui, ennovembre 1676, va franchir le seuil de la maisonnette duPaviljoensgracht, annoter les lettres à Louis Meyer et àOldenburg, presser Schuller de lui envoyer les Operaposthuma où il découvrira, enfin, dans ses proportionsgrandioses, l'Éthique.

Ce chapitre sur la pensée du jeune Leibniz la suitjusqu'à la fin du séjour à Paris, en octobre 1676. Il fautici, au moins brièvement, justifier cette date. Deux raisonsprincipales nous ont conduit à la choisir.

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Tout d'abord, le séjour de Leibniz à Paris marque, dansl'histoire de sa formation intellectuelle, une période excep-tionnellement riche et stiniulante. C'est à ce moment qu'ilprend contact avec les mathématiques modernes et parti-culièrement avec la géométrie de Descartes, les travaux dePascal. C'est alors qu'il fréquente Arnauld, Huyghens,Malebranche. Sa pensée politique et religieuse, mathéma-tique, logique, métaphysique, brassée à partir d'un foyercentral que nous nous efforcerons d'atteindre, fermente etbouillonne. C'est au terme du séjour à Paris qu'il découvrele calcul infinitésimal. Bien qu'il publie alors fort peu,il vit d'une vie intellectuelle et créatrice intense. L'étude de

sa correspondance et de ses manuscrits a permis derendre à cette période, dans la maturation de sa pensée,l'importance primordiale qui lui revient. En ce sens, lafin du séjour à Paris indique non une coupure, mais unrepère significatif.

D'autre part, en octobre 1676, lorsqu'il quitte Paris pourse rendre via Londres en Hollande, Leibniz n'a encore euque bien peu de contacts avec la doctrine de Spinoza danssa plénitude et son expression la plus libre. Il a eu entreles mains les Principia philosophiae Renati des Cartesqui ne pouvaient lui apporter que bien peu de lumière surla pensée personnelle de leur auteur. Il a lu et vivementcombattu le Traité théologico-politique mais celui-ci nerévèle toute sa valeur philosophique qu'à ceux qui ontdéjà pénétré pro fondément dans le spinozisme. Leibnizn'y a guère vu ce qui était fort compréhensible qu'unouvrage traitant de religion et d'exégèse biblique. La noteécrite après un entretien avec Tschirnhaus montre combienpeu de choses exactes il savait du spinozisme avant sondépart de Paris. C'est surtout en Hollande, en octobre etnovembre 1676, qu'il connaîtra d'importantes lettres deSpinoza et pourra s'entretenir avec le maître lui-même.Il lui faudra même attendre encore le début de 1678 pour

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