Extrait TINTIGNAC Aquitania

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Aquitania, 27, 2011, p. 7-19

Christophe Maniquet, Thierry Lejars, Barbara Armbruster, Michel Pernot, Monique Drieux-Daguerre, Pascal Mora, Loc Espinasse

Le carnyx et le casque-oiseau celtiquesde Tintignac (Naves-Corrze). Description et tude technologiqueRsum Zusammenfassung

mots-clsCarnyx, casque, armement, symbolique, instrument de musique antique, archomtallugie, technologie, animaux, bronzes celtiques, artisanat latnien.

schlsselwRteRCarnyx, Archometallurgie, Helm, Bewaffnung, Symbolik, antike Musikinstrumente, Technologie, Tiere, Celtic Bronze, Crafts Latenian.

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Chr. Maniquet et al.

CreuseLimoges

Limousin

Haute-Vienne CorrzeTulle Brive

054550

100 km54600 54650

0

40 km54700 54750

Limousin54800

Vers Limoges

37300

R.N

N. 120

Souche

37250

Tribunal FanumPuits Dpt gaulois

Ve

rs T

ulle

37200

Sanctuaire gaulois

Thtre

37150

Puits

37100

Btiment semi-circulaireBois Broussailles Maonnerie visible ou dgage entre 2001 et 2003 Maonnerie daprs le plan de 1884

0

50 m

Fig. 1. Plan de lensemble monumental cultuel gallo-romain et emplacement du sanctuaire et du dpt gaulois (relev Chr. Maniquet, INRAP et Jean-Louis Courtadon.

Le carnyx et le casque-oiseau celtiques de Tintignac

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Ce dossier se propose de faire le point sur les recherches menes sur les deux premiers objets restaurs extraits du dpt dobjets dcouvert en 2004 dans le sanctuaire gaulois de Tintignac (Naves-19). Archologues, archo-mtallurgistes, restauratrices, photographes, dessinateurs se sont associs pour extraire de ces objets uniques toutes les informations disponibles. Bien dautres objets sont en cours ou en attente de traitement. Il a cependant sembl important pour lquipe de faire un premier point et dinformer de ltat davancement de la recherche sur cette fabuleuse dcouverte.

Le choix des deux premiers objetsLa fouille et le prlvement des objets de cette fosse se sont droules lautomne 2004. Aprs un nettoyage partiel de certains dentre eux en laboratoire, ils ont t rapidement stocks sous vide partiel. Les budgets importants ncessaires et les retards rencontrs pour les runir nont pas permis dentamer ltude et la restauration de tous les objets rapidement. Ce nest quen dbut danne 2008 que les premires tudes ont pu dbuter. Il a t dcid, dans un premier temps, de ne traiter que deux objets, parmi les moins abms. Le choix sest port sur des objets prsentant une homognit quant aux matriaux utiliss, en vitant ceux constitus dassemblages de tles en fer et en alliage cuivreux ou intgrant des incrustations. Ainsi ont t retenus le casque le moins cras et la trompette de guerre la plus complte. Ces objets devaient donner la mesure de leur caractre tout fait exceptionnel et entraner une prise de conscience de la part des partenaires financiers et de la communaut scientifique de la ncessit de sauvegarder au plus vite ce fragile patrimoine. Leur restauration a t accompagne dun examen approfondi et dune tude, raliss par plusieurs spcialistes, dont cet article se veut le compterendu. Depuis le dbut de lanne 2009, les deux premiers objets restaurs ont t exposs Tulle (Corrze) et Toulouse (Haute-Garonne) dans le cadre dexpositions consacres cette dcouverte, ou bien, comme Berne (Suisse), associs dautres chefs-duvre de lart celtique. La trompette dcrite ici est une restitution idale ralise partir de plusieurs lments dcouverts dans la fosse. Plusieurs indices semblent confirmer quils ont rellement appartenu lorigine la mme trompe. Seule lembouchure ne peut lui tre rattache de faon certaine ; elle permet cependant dextrapoler la morphologie complte de ces objets.

le contexte de la dcouveRte(Chr. Maniquet)Le sanctuaire gaulois de Tintignac a t difi vers le milieu du iie s. a.C. en bordure dun axe important traversant le territoire lmovice. Reconstruit plusieurs fois, il gardera la mme morphologie jusqu sa destruction dans les dernires dcennies avant notre re. Au dbut de notre re, deux fanums sont inclus dans un espace sacr, cern par un mur pribole, qui intgre la quasi-totalit de la plateforme du sanctuaire primitif (fig. 1). Dautres difices seront par la suite adjoints au temple et occups jusqu la fin du iiie s. p.C1. Lespace sacr gaulois, protg par une palissade, incluait un difice de bois (fig. 2) au centre et quelques fosses parses2. Dans langle nord-est, directement sous la couche charbonneuse scellant les structures du sanctuaire protohistorique, une petite fosse a t mise au jour. De forme carre avec des angles arrondis, elle tait dote dune petite excroissance circulaire au nord-est. Plus de 500 fragments dobjets en fer et en alliage cuivreux (fig. 3), appartenant une soixantaine dobjets la comblaient. Il sagit essentiellement darmes (pes, fourreaux, fers de lance, umbo de bouclier, casques), mais galement de reprsentations danimaux en tle de bronze, dmontes, dun chaudron et dinstruments de musique (carnyx), sans compter les lments non identifis3.

La place des objets dans le dptLe casque en forme doiseau et le carnyx prsents ici sont les premiers objets dposs dans la fosse. En effet, tous les lments y avaient t consciencieusement rangs : les armes en fer, en sur-

1- Maniquet 2004. 2- Maniquet 2009b. 3- Maniquet 2005a ; Maniquet 2005b ; Maniquet 2008 ; Maniquet 2009a.

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Foss de palissade nord

N

Foss de palissade oriental

280 457 467A 309

Trou de poteau

464

Casque oiseau 468

466

467B

Dpt

0

1 m.

Trou de poteau

Fig. 3. Plan du dpt gaulois. Les objets restaurs apparaissent en jaune (relev Chr. Maniquet, INRAP).

face, reposaient sur les portions danimaux en tles de bronze ; en dessous, les casques recouvraient les portions de carnyx. La plupart des pices, et les armes en particulier, avaient souffert de mutilations volontaires. Les casques avaient t en gnral littralement crass, celui en forme doiseau tant le moins abm. En ce qui concerne les trompettes, il nest pas certain quelles aient reu des coups. Elles ont t soit soigneusement dmontes, soit scindes

par pliages successifs, pour pouvoir les placer dans la fosse aux dimensions restreintes. Dix casques ont t identifis dans le dpt4. Lun dentre eux possdait une calotte en fer, avec plaques et cimier dcors selon le style plastique.

4-

Maniquet 2008.

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Chr. Maniquet et al.

457

467A

464

467B

468 460 466 467B

Fig. 4. Le niveau infrieur des objets reposant dans la fosse. Ne restent plus que les trompettes de guerre et le casque oiseau. Au centre et pavillon vers le bas se trouve le carnyx trait ici et droite le casque oiseau (cl. Patrick Ernaux, INRAP).

Tous les autres taient constitus de pices en alliage cuivreux assembles. Parmi ces casques, lun tait dot dune rsille ajoure en partie suprieure et antrieure ; un autre disposait de trois grands anneaux disposs en triangle. Tous, hormis le casque oiseau et celui en fer, taient pourvus lorigine de paragnathides et dun couvre-nuque rivets sur le timbre. Le casque oiseau (n468) et la partie de la trompe dote du pavillon-sanglier (n467) reposaient plat sur le fond de la fosse, respectivement lest et louest (fig. 4). Les deux animaux taient dposs

sur leur flanc gauche et regardaient lun comme lautre vers louest. Alors que le pavillon du carnyx se trouvait au sud, le cou de loiseau se dveloppait vers le nord. Le carnyx semble avoir t pos dabord au centre de la fosse, avant le casque plac dans lespace libre lest. Le couvre-chef reposait simplement sur un fragment de fourreau en fer et un tube de carnyx avait t gliss lintrieur du timbre. Un pavillon de carnyx dmont a t soigneusement plac dans lenroulement du cou de loiseau, tandis quune tle de

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Fig. 5. Le casque oiseau reposant au fond de la fosse (cl. P. Ernaux, INRAP).

mtal en forme de feuille (correspondant lorigine une oreille de trompette) est venue dissimuler partiellement sa tte (fig. 4). Le casque dot de trois anneaux dpos plat sur le casque oiseau, le recouvrait totalement. La portion de carnyx comprenant le pavillon, la partie courbe du tube, avec la crte, et une partie du tube rectiligne, reposait plat sur le fond de la fosse (n467). Elle tait fissure en deux, juste en-dessous de la base de la crte (fig. 4). Le tube droit distal a t enregistr en n467A et celui dot du pavillon en n467B. Lextrmit du tube n467B disparaissait sous le casque n424 lintrieur duquel un fragment de tube (n474) a t retrouv lors du nettoyage en labo-

ratoire. Ce dernier recollait parfaitement lextrmit du tube n467A. Une autre portion de tube (n457) reposait sur le tube n467A, perpendiculairement ce dernier (fig. 4). Dautres portions de tubes de carnyx ont t mises au jour dans le dpt, dotes ou non de bagues de raccord de morphologie ou de section diffrente. La seule possdant des bagues de raccord moules identiques celles du n467B est prcisment cette section de tube n457. Bien quaucune liaison physique nait pu tre confirme, il est trs probable que ces portions de tubes aux diamtres diffrents aient appartenu au mme instrument. Cest donc avec une forte prsomption que ces deux portions ont t rassembles pour la reconstitution propose ici.

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Le tube n280, quant lui, a t retrouv dans lextension circulaire, en bordure occidentale de la fosse (fig. 3), bien au-dessus des autres fragments de trompes, entre les tles danimaux en bronze et les armes en fer, quasiment au mme niveau que lembouchure. L encore, cest lors de leur nettoyage en laboratoire que le lien physique entre ce tube et lune des extrmits du tube n457 a pu tre mise en vidence. La seule embouchure du dpt (n309) a t mise au jour dans le quart nord-est de la fosse, avec dautres petits fragments de trompe, juste sous les fourreaux et lames dpe superficiels (fig. 3). Cette embouchure, complte, ntait en connexion avec aucun tube. Il est impossible de savoir quel instrument elle a appartenu. Elle a t prise en compte pour prsenter un instrument complet mais rien ne permet de lassocier avec certitude avec linstrument prsent ici. Les deux tles en forme de feuille mises au jour sur le terrain proximit immdiate du pavillon 467B ont t restaures (fig. 4). En aucun cas, tout comme pour lembouchure, il nest assur quelles ont fonctionn avec cet instrument. La premire (n466) reposait plat sur le fond de la fosse, sous le pavillon. La seconde (n464), complte, se trouvait peu de distance au nord de notre pavillon et sous le pavillon dun autre carnyx. Une troisime (n460), quasiment entire aurait pu tre prise en compte. Elle reposait aussi sur le fond de la structure, sous le pavillon qui conservait son oreille en connexion, et sur la tte du casque-oiseau. Malheureusement elle tait moins bien conserve que les prcdentes et sa restauration ne pouvait tre ralise dans des dlais raisonnables. Cest la plus grande oreille mise au jour dans le dpt, avec une longueur de 410 mm5. Lors du montage de loreille n464 sur le pavillon n467, la parfaite adaptation de lune dans lautre laisse imaginer que ces lments ont bien fonctionn ensemble mme si rien ne permet de lassurer. Il semblait important, pour avoir une vision complte de la trompe gauloise, de la pourvoir dau moins un de ses appendices auriculaires.

Le carnyx prsent ci-dessous a donc t reconstitu partir dlments issus, peut-tre, de plusieurs instruments. Cependant, une forte probabilit existe quant lappartenance de tous ces fragments au mme objet lorigine, hormis lembouchure et loreille 466. Le casque quant lui a t retrouv en une seule pice et na fait lobjet daucun remontage postfouille (fig. 5). Intact dans le dpt, il a t simplement vid du sdiment quil renfermait, nettoy et restaur.

le caRnyxLes textes classiques, peu nombreux, voquant la trompette celtique et son bruit assourdissant, ne dcrivent pas du tout sa morphologie6. Cette dernire est connue en fait par ses nombreuses reprsentations, sur des monuments romains ou gallo-romains, ou sur des monnaies gauloises, rpublicaines et mme, dans une moindre mesure, impriales. Il sagit dune trompe de la hauteur dun homme dont le pavillon prend la forme dune tte danimal plus ou moins fantastique (le sanglier semblant cependant lanimal de prdilection) par la gueule ouverte duquel le son est expuls. Seuls quelques fragments de carnyx ont t dcouverts au travers du monde celtique7. La fosse de Tintignac recelait les pavillons de sept trompes, dont deux en bronze moul et 5 en tles marteles assembles. Ces pavillons se terminent tous par une hure de sanglier plus ou moins stylise, sauf un qui sapparente davantage un serpent. Le carnyx prsent ici est constitu de tles de bronze et dot dune hure de sanglier. Il tait lorigine constitu de 28 pices mtalliques distinctes assembles (fig. 6), dont 25 ont t retrouves dans le dpt (manquent une oreille et sa lunule, et

5-

Maniquet 2008, 308.

6- Les Romains taient frapps par larrangement et les bruits confus de larme des Celtes ; innombrable y tait la foule des sonneurs de cors et de trompettes ; et en mme temps toute larme entonnant son chant de guerre, il en rsultait une si grande, une si formidable clameur que, non seulement les trompettes et les troupes mais encore les lieux voisins rsonnant de concert semblaient eux-mmes pousser des cris (Pol., Hist., 2.29). Ils ont des trompettes dune nature particulire et bien faite pour des Barbares : ils soufflent dans ces trompettes et en font sortir un son rude qui convient bien au tumulte de la guerre (Diod., Bibliothque historique, 5.30.4). 7- Le carnyx et la lyre, 1993 ; Hunter 2001.

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Ecoute ou oreille Mirette Boutoir Grs Dfense Crinire, crte ou chine

lourlet de la crte). Linstrument peut tre divis en trois parties distinctes : le pavillon reprsent par lextrmit vase de linstrument (soit la hure de sanglier la gueule grande ouverte), le corps de linstrument et lembouchure. Le corps peut son tour tre subdivis en 2 parties : le cou, matrialis par la partie courbe du tube associe la crte, et la partie infrieure, rectiligne, du tube (fig. 7).

DescriptionLe pavillon

(Chr. Maniquet)

Corps de linstrument

Pavillon Cou Tube rectiligne Embouchure

Le pavillon de linstrument regroupait lui seul sept tles dont cinq ont t retrouves (fig. 6) : trois pour la hure (deux demi-faces et le boutoir) et deux pour la seule oreille qui a pu lui tre rattache. La hure Le pavillon de linstrument de musique est reprsent sous la forme de la gueule bante dun animal stylis (fig. 8). Certaines caractristiques (dents, boutoir) permettent cependant de le rapprocher du sanglier, animal emblmatique gaulois par excellence, symbole de puissance et de courage, qualits tant recherches par les membres de laristocratie guerrire. La hure proprement dite est compose de deux tles marteles pour chacune des demi-faces et dune autre plus petite pour le boutoir. A loppos de ce dernier, les deux tles formaient un cylindre de 83,6 mm de diamtre pour tre assembls avec le tube du cou de lanimal. Les demi-faces Les deux demi-faces, dont la bordure distale disparaissant sous la premire bague du cou (fig. 9 et 10), ne se joignaient pas bord bord et confraient encore au pavillon une largeur maximale, dune joue lautre, de 82 mm, malgr un crasement visible. La face droite (467B-12) recouvre de quelques millimtres la gauche (467B-13) sous la mandibule, en dessous du groin et au sommet de la hure. Ailleurs, cest la tle gauche qui se superpose la droite (jusqu 12 mm au-dessus des yeux). Les deux tles sont dsolidarises en partie suprieure, la gauche semblant stre souleve suite son enfonce-

Fig. 7. Dnomination des diffrentes parties dun carnyx (dessin Chr. Maniquet, INRAP).

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tion aussi haute pour les autres trompes en tles de bronze. Sans plus de preuve, cette trompette pourrait aussi bien tre contemporaine des objets les plus anciens, soit le dbut du iiie s. a.C., que juste antrieure la constitution du dpt, dans la seconde moiti du ier s. a.C.

Perspectives

(Chr. Maniquet)Lambition dsormais est de restituer un carnyx au plus prs de la ralit, en utilisant, dans la mesure du possible, les mmes alliages, les mmes techniques de fabrication, les mmes assemblages. Le but ultime nest pas seulement de reproduire lobjet dans son intgralit, mais galement dtudier les sons quil pouvait mettre. A ce jour, aucune reconstitution nest dote dune embouchure droite ou doreilles. Elles sinspirent pour la plupart de reliefs de monuments romains et de reprsentations montaires napportant aucune information sur les matriaux employs. Devant labsence de dcouverte dembouchure de carnyx jusquen 2004, le faible nombre de reprsentations de ces dernires sur des monnaies (toutes droites) et le caractre trompeur de la seule illustration de linstrument en fonctionnement (le bassin de Gundestrup), lembouchure tait considre courbe et a t presque systmatiquement restitue comme telle. De faon tonnante, les plus anciennes reconstitutions, telle celle construite vers la fin du xixe s. accompagnant un mannequin gaulois du Muse de lArme Paris ou encore celle ralise pour le Muse de Mayence vers 1912-1913, ont t dotes dune embouchure droite, plutt raliste69. Les reconstitutions plus rcentes (celle fabrique partir des vestiges de Deskford en 1999, et celle du muse de Bibracte en 1996) sont toutes pourvues dune embouchure courbe. En ralit cette erreur est assez rcente : Le choix dune embouchure droite est incompatible avec le jeu en position verticale mais il est vrai que les monnaies, les reliefs romains de larc dOrange70 ou de la colonne trajane ne montrent jamais lembouchure, masque par un

amoncellement darmes diverses. Il faut peut-tre considrer que lembouchure tait mobile. Cette erreur dans le profil de lembouchure a t heureusement rectifie par Fraser Hunter lors de sa reconstitution71. En 2009, Fraser Hunter crit : one key point to emerge is that, contrary to most reconstructions (including one the author was involved in !), the carnyx had a mouthpiece at the end of a straight tube, with no curve to make it easier for the player72. La reconstitution du carnyx de Tintignac permettra, avec laide de musiciens et de musicologues, de se faire une ide prcise des sons que pouvaient en tirer les Gaulois.

le casque oiseauDescription(Th. Lejars)Longueur max. 535 mm ; largeur max. 158 mm ; hauteur max. 430 mm. Timbre : longueur 225 mm ; largeur 158 mm ; hauteur 143 mm ; circonfrence interne base 610 mm ; hauteur base 25 mm. Tte et cou : Longueur (dveloppe externe) 990 mm ; longueur tte 103 mm ; largeur tte 32 mm (38 mm avec les yeux, un seul est conserv). Appendice caudal : longueur 190 mm ; largeur extrmit 50 mm. Poids 1400 g Conservation : bon tat. Patine verte vert fonc, localement bleue noire. La surface est granuleuse et mieux prserve sur la face qui reposait sur le sol.

Le casque complet, en bronze, en forme doiseau (fig. 45 et 46) reposait sur son flanc gauche, directement sur le fond. Le poids des sdiments et des objets, en bronze et en fer, qui le recouvraient, a provoqu un lger crasement des parties latrales. Lobjet, trs lgrement dform, prsente, sur un ct, des traces de coups (fig. 47). Les marques verticales et sensiblement parallles, qui ont touch plus particulirement le timbre et le col, nont pas provoqu de dchirure. On note en revanche un dchire-

69- Vendries 1999, fig. 10 et 12, 384-385. 70- Amy et al. 1962.

71- Vendries 1999, 386-387. 72- Hunter 2009b, 244.

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Fig. 48. Perforations la base du flanc droit du casque (cl. B. Armbruster, CNRS).

ment de la base, sur larrire, et une perforation de la face antrieure gauche provoque par une armature nervure, probablement un fer de lance (fig. 48). Le refoulement du mtal sur les cts parat avoir t provoqu par le retrait du fer. Les impacts relevs sur la tle, relativement superficiels, nont eu aucune incidence sur la physionomie gnrale de lobjet, ce qui peut tonner du fait de sa taille, de la faible paisseur des tles et de sa morphologie trs lance. Compte tenu du contexte de dpt, cette bonne tenue de la structure mtallique implique un colmatage rapide du fond de la fosse et de lintrieur du casque. Le casque est constitu de onze tles soudes et brases. Le timbre parat avoir t ralis par martelage partir dune bauche coule, tandis que la tte doiseau, plus massive, a t obtenue par la technique de la cire perdue (cf. infra, tudes mtallurgiques et technologiques). Il ny a aucune trace de

rivet et le polissage final a limin les marques des soudures qui ne sont plus visibles qu la radiographie X. Le casque se compose de trois parties : le timbre (le corps de loiseau), lexcroissance postrieure (lappendice caudal) et enfin la partie frontale qui se dveloppe en arc de cercle au-dessus et vers larrire (le col et la tte). Le timbre est lui-mme divis horizontalement en deux parties distinctes spares par une rainure plus marque sur larrire et les cts. Alors que la moiti suprieure, ovode, constitue le corps de lanimal proprement dit, la partie infrieure, ralise sparment et nettement diffrencie, venait ceindre la tte du porteur. La partie suprieure ne prsente aucun trait particulier lexception dune double perforation irrgulire, au sommet (fig. 49). Ces trous ont t percs depuis lextrieur, tandis que le mtal tait refoul vers lintrieur et la partie centrale exhausse. La technique

Fig. 49. Perforations au sommet du timbre (cl. B. Armbruster, CNRS).

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tude technologique(B. Armbruster)Le casque est un corps creux en tle de bronze compos de plusieurs lments, dont la majorit des parties est martele (fig. 56). Les tles le constituant sont dpaisseurs faibles, de 0,5 2 mm. Comme pour le carnyx, les fines tles jouaient un rle important pour allger le poids du casque (environ 1,5 kg) malgr le volume et la taille de lobjet. Contrairement au carnyx, le casque porte peu dlments de dcor en relief, quelques traits sur la tte, autour du bec et des yeux. Des sillons discrets cisels, lun entre les

parties suprieure et infrieure du casque, lautre sur le dos du cygne, sont des lments structurants et renforant lensemble. Le casque est actuellement constitu de 10 lments raliss sparment puis assembls. Un seul lment, la tte creuse avec le bec, est uniquement issu de la coule. Cest donc le seul lment, qui na pas subi une dformation plastique. Les lments en tle sont le cou, constitu de six lments, la partie suprieure du casque (le timbre), incluant la partie suprieure de la queue, la partie infrieure en forme dun ovale extrud du casque, incluant la partie infrieure de la queue, et une bande mince sur le

468-5 (tle droite) 468-4 (tle gauche)

468-2 (tle gauche) 468-3 (tle droite)

468-6 (tle gauche)

468-7 (tle droite) 468-8 (timbre)

468-1 (tte moule)

468-10 (bandeau)

468-9 (sous la queue)

468-11 (orle)

Fig. 56. Le casque et ses parties constitutives (cl. B. Armbruster, CNRS).

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les tRaitements et tudesDe la fouille lexposition : conservation et restauration(M. Drieux-Daguerre)Rares sont en France les interventions dune seule quipe de restauration pour accompagner des objets de la fouille jusqu lexposition, en assistant les tudes et la recherche146. Pourtant, si lon admet limportance de la prservation et de la mise en valeur des informations que renferme un objet archologique, vritable archive du sol, la conservation et la restauration simposent bien ds la fouille. En ce sens, les interventions du laboratoire de Materia Viva sur les pices de Tintignac revtent un caractre exceptionnel. De la fouille en septembre 2004 lexposition du carnyx et du casque oiseau en janvier 2009, lquipe a dvelopp des procds novateurs au sein dune chane logique de traitements, conue selon les impratifs et les contraintes budgtaires et scientifiques de ce projet. Lessentiel du dispositif repose sur la mise en place dune suite dinterventions permettant de prserver le potentiel informatif de ces objets uniques. Ainsi, la possibilit dun prlvement en bloc est rapidement carte en raison essentiellement de la fragmentation importante des objets. Lquipe de Materia Viva est alors intgre la fouille et charge in situ des mesures conservatoires : micro fouille, identification des matriaux, diagnostic de ltat de prservation, choix des modes de prlvements, emballages, transport vers le laboratoire. L, saffine le diagnostic puis suivent lenregistrement photographique des lments et la radiographie, qui participent du constat. Enfin, un stockage provisoire dans

des conditions climatiques stables permet lattente de dcisions et la constitution dune quipe de recherche. Quatre ans aprs, la restauration du carnyx 467 et du casque oiseau 468 atteste que les interventions premires ont bien permis de prserver les donnes tout au long des tudes et des examens.

Prservation des donnes et prlvementsLors de la dcouverte en 2004, les lments du carnyx et le casque oiseau, linstar de tous les alliages cuivreux du dpt, prsentent un bon tat de prservation : les couches de corrosion sont fines et les formes des objets sont identifiables. La nature du sdiment, les structures bties au-dessus de la fosse et la pente du terrain ont certainement contribu crer un milieu denfouissement peu ar et favorable une dgradation lente des mtaux. En outre, la corrosion des objets en fer dposs dans les niveaux suprieurs a t bnfique aux alliages cuivreux dans les changes lectrochimiques. La micro fouille constitue le premier constat dtat et le moment privilgi dobservation des matriaux. Il apparat alors que les objets ont t dmonts ou fragments avant leur dpt dans la fosse : les cassures et les marques de frappes volontaires prsentent une couche de corrosion similaire celle des surfaces. De mme, on note rapidement labsence quasi-totale de restes de matriaux organiques : pas de jugulaires, pas de restes de textiles ni de cuir pouvant tre associs aux casques. Or les sels de cuivre agissent gnralement en biocides et de faon favorable dans la prservation de ces matires. En revanche, les restes de brasure ou dtain sont nombreux, apparaissant ds la fouille sous la forme de concrtions gristres dures et fissures ; plusieurs sont notes sur le pavillon du carnyx, lintrieur du casque oiseau et autour des yeux des animaux. Enfin, la prsence dune pupille noire en lignite, tmoin tnu et fragile, incite la prudence et la mise en uvre de prlvements particuliers. Le dgagement du carnyx et du casque oiseau intervient alors que toutes les autres pices ont dj t prleves. Les deux objets reposent face gauche contre terre ; quelques fragments des autres objets dj enlevs, souds par la corrosion en surface des deux pices, sont laisss en place (fragments du casque

146- Citons celles et ceux qui sont principalement intervenus dans ce projet, intgrs ou associs Materia Viva : Interventions sur la fouille : Valrie Uzel, Monique DrieuxDaguerre, Tania Eyermann. Restaurations : Monique Drieux Daguerre, Valrie Uzel, Inocencia Queixalos. Radiographie : Cline Gargam et lApave de lUnion (MM Pontoni et Colas). Photographies : Materia Viva, Daniel Martin, Patrick Ernaux (INRAP). Supports, vitrines, exposition : Marc Jeanclos, Guillaume Blanchard et Eric Charpentier, atelier Jeanclos, Meaux.