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EY Baromètre des banques 2019 Les signes de l’époque

EY Baromètre des banques 2019 Brochure...à la hausse et ils ont même parfois atteint quotidiennement des sommets historiques. • Le montant de la dette mondiale a sensiblement

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EY Baromètre des banques 2019

Les signes de l’époque

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SommaireÉditorial 3

1. Structure de l’étude 4

2. Environnement de marché des banques 6

3. Évolution de la marche des affaires 13

4. Taux d’intérêt négatifs 20

5. Réglementation des marchés financiers 26

6. Activités de crédit 35

7. Changement structurel et FinTech 43

8. Thèmes prioritaires en 2019 51

9. Perspectives – Banking dans 7 à 10 ans 54

10. Messages clés 64

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Éditorial

Plus de 10 ans se sont écoulés depuis l’avènement de la crise financière et économique en 2007. La politique monétaire des principales banques centrales se caractérise depuis par des mesures plutôt non conventionnelles comme des taux d’intérêt négatifs et de vastes programmes d’achat d’obligations. Certes, ces mesures ont eu immédiatement l’effet souhaité et ont préservé l’économie mondiale d’une spirale négative incontrôlable, cependant, les conséquences indésirables de cette évolution sur le long terme sont de plus en plus visibles. Les prix de nombreuses valeurs patrimoniales ont atteint de nouveaux niveaux maximums et les inquiétudes face à des formations de bulles potentielles dans certaines classes de placement augmentent. L’endettement global ne cesse de croître et a déjà atteint un peu partout des niveaux record. Les tensions géopolitiques se sont par ailleurs nettement accentuées au cours de la dernière année et le protectionnisme commercial accru n’augure rien de bon pour l’évolution de l’économie globale.

Cette situation pose d’énormes défis aux banques. La politique des taux bas a fait fondre les marges dans les activités de crédits et les produits des intérêts sont restés stables uniquement grâce à une nette progression du volume des crédits. Dans les opérations de commissions et des prestations de service également, les banques ont dû gérer des réductions de marges douloureuses. Les raisons sont multiples: outre la sensibilité généralement plus élevée aux prix de la clientèle privée, la régularisation fiscale des valeurs patrimoniales étrangères auprès des banques suisses effectuée au cours des dernières années en est aussi une des raisons principale.

Bien que les banques aient relativement bien affirmé leurs positions malgré un environnement de marché exigeant et aient renforcé sensiblement leur stabilité en raison d’une multitude de nouvelles dispositions réglementaires, la question se pose de savoir quelles seront les conséquences de cette évolution pour les banques suisses. Comment interprètent-elles ces évolutions ou les signes du temps et quel est leur degré d’optimisme face aux perspectives d’avenir à court et à long terme? Les établissements financiers sont-ils prêts à affronter de nouvelles turbulences et les évolutions sur le marché ? Les banques vont-elles à l’avenir mettre à nouveau davantage l’accent stratégique sur la croissance et l’innovation ou l’excellence opérationnelle restera-t-elle leur priorité ? Devant la diminution de leur capacité à créer de la valeur ajoutée dans leur cœur de métier au cours des dernières années, comment les banques souhaitent-elles développer leurs modèles d›affaires et quelle est leur réponse stratégique au changement structurel amorcé?

La Baromètre des banques EY 2019 propose des pistes de réponses à ces problématiques. Vous souhaitant une lecture enrichissante, nous espérons mener des discussions animées avec vous.

OlafToepfer

PartnerLeader Banking & Capital Markets

Stéphane Muller

Partner Leader Financial Services Suisse Latine

PatrickSchwaller

Managing PartnerAudit Financial Services

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1. Structure de l’étude

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5EY Baromètre des banques 2019 | Les signes de l’époque |

Structure de l’étude

• Sondage réalisé par EY en novembre 2018• Sondage réalisé auprès de 100 banques en Suisse1 • Neuvième édition depuis 2010

2018: 24 % 2017: 23 %

2018: 69 % 2017: 70 %

2018: 7 % 2017: 7 %

Type de banque 2018 2017

Banquiers privés2 33 % 31 %

Banques étrangères 28 % 33 %

Banques régionales 18 % 22 %

Banques cantonales 21 % 14 %

Taille de la banque entermes d’actifs clients 2018 2017

Moins de CHF 5 milliards 46 % 52 %

Entre CHF 5 et 10 milliards 14 % 14 %

Entre CHF 10 et 50 milliards 26 % 22 %

Plus de CHF 50 milliards 14 % 12 %

1 Les deux grandes banques font partie de l’échantillon des banques sondées et leurs réponses ont été prise en compte dans les évaluations générales. Les résultats ne sont cependant pas intégrés dans es évaluations par type de banque2 y compris les banques spécialisées dans la gestion d’actifs institutionnels

Répartition de l’échantillon du sondage

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2. Environnement économique

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7EY Baromètre des banques 2019 | Les signes de l’époque |

La crise financière et économique internationale a ébranlé dans ses fondements le monde financier. Depuis, la politique monétaire des plus importantes banques centrales est placée mondialement sous état d’urgence. La politique des taux bas et une abondance de liquidités sur les marchés ont certes eu immédiatement l’effet souhaité et préservé l’économie mondiale d’une spirale négative incontrôlable, cependant, les conséquences indésirables de cette évolution sur le long terme sont de plus en plus visibles.

• Les prix des valeurs réelles comme les actions, l’immobilier et bien d’autres valeurs patrimoniales ont été sans cesse tirés à la hausse et ils ont même parfois atteint quotidiennement des sommets historiques.

• Le montant de la dette mondiale a sensiblement augmenté au cours des dernières années et atteint aujourd’hui plus de 300 % du PIB mondial, ce qui constitue une valeur vertigineuse.

• Rémunération insuffisante des avoirs des rentes et d’épargne.

• On soupçonne de plus en plus que la politique monétaire ultra expansionniste des banques centrales a poussé les investisseurs à ignorer les risques existants et partants, à accélérer la formation de bulles dangereuses. Les primes de risque des marchés obligataires internationaux, qui se situent depuis un certain temps à des niveaux historiquement bas, confirment cette crainte.

La question cruciale qui se pose dans ce contexte est la suivante : une normalisation de la politique monétaire est-elle réaliste sans qu’elle provoque pour autant des turbulences sur les marchés financiers internationaux?

S’ajoutent à ces difficultés monétaires et macroéconomiques les tensions géopolitiques sans cesse croissantes. Le protectionnisme commercial grandissant ainsi que l’ascension politique de mouvements nationalistes dans les principales nations industrielles pourraient également constituer une menace supplémentaire pour l’économie mondiale.

Des symptômes de surchauffe ?

Sources: BNS, MSCI, BIS

Taux d’intérêt ImmeublesPlaces boursières

Suisse

Zone Euro

États-Unis

MSCI WORLD

MSCI SWITZERLAND

MSCI USAMSCI EUROPE

En % Indexé, 1.1.2000 = 100 Indexé, 1.1.2000 = 100

LIBOR EUR 3M

LIBOR USD 3M

LIBOR JPY 3MLIBOR CHF 3MCHF 10A Confédération suisse

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La masse monétaire, les dettes et les prix des actifs ont atteint des niveaux records

Sont incluses les dettes des sociétés non financières, des sociétés financières, des ménages et de l’État.Sources: IIF, EY, SIX, STOXX , Cboe

Ratio de dette VolatilitéShiller P/E et taux d’intérêts à long terme

Dett

e ab

solu

e (in

dexé

)

Shill

er P

/E (s

ur S

&P 5

00)

taux d’intérêts à long terme (U

SD)

Ratio de dette en % de PIB

Indexé, 1.1.2000 = 100Indexé, 1.1.2000 = 100

Global

Pays développés

Pays émergents

Absolu (Indexé)RelatifAbsolu (Indexé)RelatifAbsolu (Indexé)Relatif

Shiller P/E (sur S&P 500)Taux d’intérêts à long terme (USD)

VSMI®EURO STOXX 50® Volatility (VSTOXX®)Cboe Volatility Index® (VIX®)

* = Zone Euro

Sources: BNS, SECO, BfS, BCE, Eurostat u.a.

Suisse(en mia. de CHF)

EU* (en mia. de EUR)

États-Unis (en mia. de USD)

Japon (en trillions de JPY)

Royaume-Uni(en mia. de GBP)

Quantité de monnaie (M2) 981 11’207 13’920 991 2’346

PIB 669 11’206 19’391 547 2’044

Dette souveraine 197 9’732 20’493 1’289 1’783

M2/PIB 147% 100% 72% 181% 115%

M2/Dette souveraine 497% 115% 68% 77% 132%

Dette souveraine/PIB 30% 87% 106% 236% 87%

crise économique

bulle dot-com

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Depuis la crise financière de 2007, la dette globale a grimpé de manière sensible. La dette mesurée comme part du produit intérieur brut (PIB) dans de nombreux États a atteint des valeurs historiques. Ce développement touche avant tout les pays émergents, mais pas seulement. La montée rapide de la dette globale est une conséquence immédiate des mesures de stabilisation étatiques et de la politique monétaire expansionniste des banques centrales qui ont été lancées en réponse à la crise financière. Cette évolution est également constatée en Suisse : en comparaison internationale, le ratio de dette étatique se situe certes à un niveau très bas, mais mesurée à la performance économique (PIB), la masse monétaire a cependant atteint un volume qui est supérieur uniquement au Japon.

La politique monétaire extrêmement expansionniste a également donné un élan aux bourses internationales. Selon le ratio Shiller PE pris sur l’indice S&P 500, les évaluations du cours des actions se situent à un niveau dangereusement élevé : les évaluations ressemblent à celles mesurées immédiatement avant le krach boursier en octobre 1929 et l’éclatement de la bulle dot.com en mars 2000.

En dépit de ces nombreux défis, il y a également des signes positifs. Les bénéfices de nombreuses entreprises se situent à un niveau très élevé et les perspectives bénéficiaires restent intactes, même si elles pourraient être légèrement revues à la baisse au niveau général dans les semaines et mois qui suivent. La pression inflationniste dans les principales nations industrielles est plutôt modérée et ne devrait pas obliger les banques centrales à abandonner rapidement leur politique monétaire expansionniste. Par ailleurs, il faut souligner que curieusement, les volatilités sur les bourses mondiales se trouvent toujours à un niveau historique relativement bas malgré les évolutions des mois derniers.

Que cela signifie-t-il pour les banques suisses ? D’une part, il peut se révéler fatal d’ignorer les signes du temps. Une prudence accrue pourrait être le mot d’ordre. De l’autre, il convient également d’identifier les opportunités et d’en faire usage. Précisément en période de turbulences, les forces traditionnelles de la Suisse et de la place financière suisse, à savoir la sécurité et la protection des actifs, sont très demandées. Grâce à leur stabilité et à leur dotation en capital supérieure à la moyenne, à leur expertise de renommée mondiale ainsi qu’à la stabilité politique de la place économique suisse, les banques suisses ont de bons arguments à faire valoir pour attirer la clientèle internationale.

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La tendance à la consolidation se poursuit. Ainsi, le nombre de banques suisses s’est une nouvelle fois réduit de huit établissements en 2017. Depuis le passage au nouveau millénaire, 122 établissements (33%) ont disparu du marché. À première vue, les effectifs, par rapport à 2016, affichent un recul net de 8,6% ou de 10’425 postes en 2017, passant à 110’415 emplois. Ce chiffre comprend un facteur de distorsion particulier suite aux réorganisations des deux grandes banques suisses : avec la réglementation «Too-big-to-fail», elles ont dû créer de nouveaux centres de prestations ne disposant pas de licence bancaire et délocaliser les employés existants dans ces sociétés.

Au cours des dix dernières années, les banques suisses ont pu augmenter le total consolidé de leurs bilans de 53 %. Dans ce contexte, elles ont mis l’accent notamment sur le secteur des hypothèques. Ainsi, le volume de tels crédits a pratiquement doublé depuis début 2000 (94 %). Durant la période en question, le volume des dépôts de la clientèle a lui aussi enregistré une hausse de 102 %, alors que les actifs sous gestion ont affiché une progression remarquable de 51% malgré le krach boursier de 2008.

Croissance malgré le changement structurel ?

Source: BNS

Nombre de banques Nombre de collaborateursNombre de filiales

en mia. de CHF 2000 2005 2010 2015 2016 2017 2000 - 2017 in %

Total du bilan 2’125 2’846 2’715 3’026 3’101 3’249 1’125 53%

Hypothèques 513 647 767 943 968 995 483 94%

Dépôts de la clientèle 885 1’209 1’389 1’723 1’771 1’788 904 102%

Portefeuilles de titres 3‘677 4’413 4’456 5’588 5’654 6’256 2’578 70%

Actifs sous gestion 4‘815 5‘710 5‘475 6’568 6’650 7’292 2’477 51%

-33% -23% -12%

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Entre 2000 et 2017, le résultat opérationnel consolidé des banques suisses a baissé de CHF 68,7 milliards de francs à CHF 62,5 milliards, soit de 9,1%. Dans la même période, les coûts ont, eux, augmenté de CHF 37,5 milliards à CHF 44,0 milliards, ce qui représente une hausse de 17,4 %. En raison de l’évolution différente du résultat opérationnel et des coûts, le bénéfice brut résultant de l’activité commerciale a enregistré une baisse significative de 40,9% pour atteindre CHF 18,5 milliards

Dans ce contexte, la combinaison de rendements des banques suisses a sensiblement évolué depuis 2000. Suite à l’augmentation massive des volumes dans les opérations de crédits hypothécaires, les opérations d’intérêts sont devenues la source de revenu principale des banques suisses malgré les intérêts négatifs. Cependant, le résultat des opérations d’intérêts absolues (CHF 24,0 milliards) n’est que légèrement supérieur à la valeur de l’année 2000 (CHF 23,7 milliards) en dépit de la nette progression des activités de crédit. Les marges d’intérêt ont nettement diminué. Les opérations de commissions et des prestations de service ont subi une transformation en profondeur lors du passage à la gestion de fortune transfrontalière conforme aux règles fiscales. Le résultat des opérations de commissions se situe encore à CHF 21,7 milliards, ce qui représente une baisse de 25 % par rapport à 2000.

Les initiatives prises en vue d’augmenter la profitabilité des banques suisses se sont avérées peu efficaces jusqu’à présent. Ainsi, le ratio coûts/revenus est passé, depuis 2000, de 54,6% à 70,5% en 2017, ce qui ne constitue pas une évolution réjouissante. Certes, on est encore très loin des valeurs records de 82,4% resp. 76,6% des années 2008 et 2009, mais les banques ne peuvent pas être satisfaites de cette évolution et devraient procéder à des réductions de coûts et à des hausses de la productivité supplémentaires.

Le recul du résultat opérationnel des banques depuis le passage au nouveau millénaire se reflète également dans l’évolution de la création de valeur des banques. En effet, alors qu’elle se montait encore à CHF 37,9 milliards en 2000, elle a diminué à CHF 31,0 milliards en 2017.La contribution des activités financières à l’économie nationale a diminué. La part relative du secteur bancaire par rapport au PIB a chuté de 86% en 2000 à seulement 4.8% en 2017.

Changement des composantes du revenu – faible rentabilité

Source: BNS

Résultat consolidé des banques suisses Valeur ajoutéeRésultat opérationnel et

ratio coûts/revenus

En mia. de CHF En mia. de CHF Ratio coûts/revenus Indexé, 1.1.2000 = 100 Part relative des banques en %

Autres résultatsRésultat des opérations de négoce Résultat des opérations de commissions Résultat des opérations d’intérêts

Résultat opérationnel Charges d’exploitation Résultat annuel Ratio coûts/revenus

PIBBanquesPart relative des banques en %

68.7 68.6 61.5 64.6 62.5 62.5

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12 | EY Baromètre des banques 2019 | Les signes de l’époque

-

Les marges dans l’activité bancaire classique sont sous pression depuis un certain temps déjà. C’est ce qui ressort d’une comparaison de l’évolution à long terme du volume d’affaires par rapport aux flux de revenus correspondants. Alors que le volume consolidé des positions de bilan «Créances hypothécaires», «Créances clients» et «Immobilisations financières» a globalement progressé de 65,9% depuis 2000, passant de CHF 1’113 milliards à CHF 1’847 milliards, le résultat des opérations d’intérêts n’a enregistré qu’une légère augmentation de 1,4% à CHF 24,0 milliards. Les répercussions de l’environnement des taux bas se reflètent dans ces chiffres.

L’évolution des opérations de commissions et des prestations de service est encore moins réjouissante. Alors que les portefeuilles de titres ont progressé de 70,1 % à CHF 6’256 milliards depuis 2000, le résultat des opérations de commissions et des prestations de service a diminué de CHF 7,2 milliards ou 24,8% à CHF 21,7 milliards. Les raisons sont multiples: outre la sensibilité généralement plus élevée aux prix de la clientèle privée, la régularisation fiscale des valeurs patrimoniales étrangères auprès des banques suisses effectuée au cours de la période sous revue en fait certainement aussi partie.

Ainsi, les portefeuilles de titres à marge très élevée dans le passé des clients privés étrangers ont enregistré une baisse significative depuis 2000 de CHF 443 milliards ou 44% à CHF 553 milliards En supposant une marge mathématique de 100 à 150 points de base, il en résulte un recul des produits des commissions de CHF 5 à 6 milliards par année environ. Par contre, la fortune des investisseurs institutionnels étrangers et suisses a elle sensiblement augmenté depuis 2000, c’est-à-dire de 188%. Ces fortunes génèrent toutefois des marges nettement inférieures à celles des personnes privées.

Transformation et érosion des marges

Source: BNS

Résultat des opérations d’intérêts Dépôts de la clientèleRésultat des opérations

de commission

volume de crédits en mia. de CHF

Portefeuilles de titres en mia. de CHF

Résultat des opérations de commissions en mia. de CHF

Résultat des opérations d’intérêts en mia. de CHF

En mia. de CHF

Immobilisations financièresCréances clientsHypothèquesRésultat des opérations d’intérêts

Portefeuilles de titres Résultat des opérations de commissions

Clientèle privée - nationalClientèle commerciale - nationalClientèle institutionnelle - nationalClientèle privée - étrangersClientèle commerciale - étrangersClientèle institutionnelle - étrangers

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3. Évolution de la marche des affaires

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14 | EY Baromètre des banques 2019 | Les signes de l’époque

« Comment évaluez-vous l’évolution des affaires de votre établissement (6 à 12 derniers mois) ? »

Les banques suisses sont moins satisfaites de la marche des affaires de l’année écoulée qu’elles ne l’étaient l’année précédente. Elles ne sont plus que 19% – ce qui constitue la valeur la plus basse depuis 2011 – à interpréter de façon tout à fait positive, l’évolution des affaires au cours de l’exercice écoulé (année précédente : 32%). Environ la moitié des banques estiment toujours que l’évolution des affaires est modérément positive. Cependant, un quart des banques entrevoit déjà une dégradation (année précédente : 18%). On peut donc affirmer globalement que l’optimisme de l’année précédente a disparu, tout du moins partiellement.

Le sondage effectué l’année dernière démontre une évolution très positive de la marche des affaires. À la fin de l’année, les banques étaient presque euphoriques du fait de:• les problèmes hérités du passé avaient pu être surmontés, • l’espoir d’un assouplissement des barrières réglementaires

était apparu,• les risques géopolitiques avaient été clairement évalués,• la reprise économique de nombreuses régions du monde et

l’inondation de liquidités des banques centrales n’avaient probablement pas encore atteint leur point le plus haut.

En revanche, une plus grande incertitude est perceptible cette année. Les risques géopolitiques ont augmenté sensiblement, et le revers de la politique monétaire mondiale très expansionniste se fait ressentir toujours plus nettement. Par ailleurs, on peut considérer que l’économie mondiale se trouve vraisemblablement dans la dernière phase d’un cycle conjoncturel. L’espoir de voir s’assouplir sensiblement les prescriptions réglementaires à l’avenir a lui aussi diminué.

Des signes d’un sentiment croissant d’incertitude ?

Positive (hausse du résultat opérationnel supérieure à +10 %)Plutôt positive (légère hausse du résultat opérationnel jusqu’à +10 %)Plutôt négative (baisse du résultat opérationnel jusqu’à -10 %)Négative (baisse du résultat opérationnel entre -10 % et -25 %)Très négative (baisse du résultat opérationnel de plus de -25 %)

56%

19%

7%1%

17%

2018

50%

12% 6%

32%

2017

100%

90%

80%

70%

60%

50%

40%

30%

20%

10%

0%2010 2011 2012 2013 2014 2015 2016 2017 2018

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15EY Baromètre des banques 2019 | Les signes de l’époque |

« Comment évaluez-vous l’évolution des affaires de votre établissement (6 à 12 derniers mois) ? »

En considérant les différents groupes bancaires, on constate que les banques cantonales notamment sont plus réservées que par rapport à l’année dernière. Aucune des banques cantonales interrogées ne juge très positive l’évolution des affaires de l’année écoulée, alors que l’année précédente, elles étaient encore un tiers. Une tendance similaire se dessine pour les banques étrangères, qui ne sont plus que 22%, soit 16 points de moins que l’an dernier, à juger positive l’évolution des affaires.

Frilosité accrue des banques cantonales et des banques étrangères

Banques cantonales Banques étrangères

Banques régionales Banques privées

Positive (hausse du résultat opérationnel supérieure à +10 %)Plutôt positive (légère hausse du résultat opérationnel jusqu’à +10 %)Plutôt négative (baisse du résultat opérationnel jusqu’à -10 %)Négative (baisse du résultat opérationnel entre -10 % et -25 %)Très négative (baisse du résultat opérationnel de plus de -25 %)

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16 | EY Baromètre des banques 2019 | Les signes de l’époque

Les banques envisagent cependant toujours l’avenir avec optimisme. Au total, 78 % d’entre elles tablent sur une hausse des résultats d’exploitation dans les six à douze prochains mois (année précédente: 82%). Cet optimisme augmente même à moyen et long terme. En effet, la grande majorité des banques estiment pouvoir augmenter leurs résultats à moyen terme (84%) ou à long terme (87%).

Cet optimisme est tout à fait remarquable dans le contexte global général avec des marges à la baisse et une pression en faveur du changement dans leur cœur de métier ainsi que des tensions géopolitiques et des signes d’une baisse de la dynamique de croissance de l’économie mondiale.

La question est de savoir si le secteur bancaire évalue les perspectives d’avenir avec trop d’optimisme ou s’il peut, à juste titre, compter sur les capacités de résilience et d’adaptation dont il a fait preuve ces dernières années. Les différences que l’on peut constater dans l’appréciation des perspectives d’avenir des banques de gestion de fortune et des banques de détail classiques fournissent des indices sur la direction qui pourrait être prise (voir page suivante).

« Selon vos prévisions, quelle sera l’évolution des affaires de votre établissement ? »

Un regard positif sur l’avenir malgré un environnement incertain

Positive (hausse du résultat opérationnel supérieure à +10 %)Plutôt positive (légère hausse du résultat opérationnel jusqu’à +10 %)Plutôt négative (baisse du résultat opérationnel jusqu’à -10 %)Négative (baisse du résultat opérationnel entre -10 % et -25 %)Très négative (baisse du résultat opérationnel de plus de -25 %)

19% 15% 13%

63% 65%62%

15% 19% 25%

3% 1%

à court terme (6-12 mois) à moyen terme (1-3 ans) à long terme (> 3 ans)

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17EY Baromètre des banques 2019 | Les signes de l’époque |

« Selon vos prévisions, quelle sera l’évolution des affaires de votre établissement ? »

Les différents groupes bancaires évaluent de façon très dif-férente leurs perspectives d’avenir. Ainsi, ce sont notamment les banques étrangères et les banques privées, principalement actives dans la gestion de fortune, qui portent un regard très optimiste sur l’avenir. 45% des banques étrangères et 29 % des banques privées s’attendent à ce que leurs revenus aug-mentent de plus de 10% à long terme. En revanche, presque aucune banque cantonale (10 %) ou régionale (6%) ne prévoit une telle croissance.

D’où proviennent ces perspectives d’avenir différentes? L’énorme progression du marché hypothécaire de ces der-nières années dont notamment les banques de détail ont pu tirer profit ne devrait plus se maintenir. Il faut également s’attendre à ce que la période particulièrement longue sans défaillances de crédit ne dure pas éternellement. En outre, les banques de détail sont confrontées à une pression en faveur du changement plus accrue en raison des phénomènes nouveaux de plateformes de courtage en crédit et de prestataires de services de paiement. Pour finir, il convient de souligner que le potentiel du marché des banques de détail se limite au marché national.

Les banques de gestion de fortune, en revanche, ont déjà connu une transformation en profondeur lors de la mise en conformité fiscale de la gestion de fortune transfrontalière et se sont préparées à la nouvelle réalité. Contrairement aux banques de détail, les banques de gestion de fortune peuvent agir sur un marché global. Les valeurs patrimoniales mondiales ne cessent de progresser considérablement, notamment en Asie et aux États-Unis. Depuis la crise financière, le nombre de millionnaires mondiaux a pratiquement doublé pour atteindre le chiffre de 18,1 millions, ce qui représente une croissance annuelle de 9%. Les valeurs patrimoniales de cette clientèle croissante exigent non seulement des produits de placement judicieux et des conseils professionnels, mais également de plus en plus de sécurité et de stabilité dans le but de protéger la fortune constituée, notamment dans une période marquée par une insécurité géopolitique et macroéconomique crois-sante. Ce sont les banques de gestion de fortune suisses qui peuvent avant tout profiter de cette évolution.

Les groupes bancaires ont des vues divergentes quant à leurs perspectives d’avenir

Banques cantonales

Banques régionales

Banques étrangères

Banques privées

Positive (hausse du résultat opérationnel supérieure à +10 %)Plutôt positive (légère hausse du résultat opérationnel jusqu’à +10 %)

Plutôt négative (baisse du résultat opérationnel jusqu’à -10 %) Négative (baisse du résultat opérationnel entre -10 % et -25 %)Très négative (baisse du résultat opérationnel de plus de -25 %)

66%52%

24%

77%50%

6%35%

83% 59%

6%29%

22% 21%3%6% 6%

17% 15%11% 12%

à court terme (6-12 mois)

à court terme (6-12 mois)

à moyen terme (1-3 ans)

à moyen terme (1-3 ans)

à long terme (>3 ans)

à long terme (>3 ans)

80%59%

22%

70%71%

5% 22%

65%

48%

10%45%

20% 15%4%

25%7%

25%7%

à court terme (6-12 mois)

à court terme (6-12 mois)

à moyen terme (1-3 ans)

à moyen terme (1-3 ans)

à long terme (>3 ans)

à long terme (>3 ans)

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18 | EY Baromètre des banques 2019 | Les signes de l’époque

Au cours de ces dernières années, les opérations d’intérêts ont gagné sensiblement en importance en raison de la progression massive du volume de crédit et représentent la principale source de revenus pour les banques suisses. Cependant, les marges ont aussi nettement diminué dans les opérations d’intérêts classiques à cause du niveau d’intérêts extrêmement bas. Étant donné que l’on ne peut pas s’attendre à ce que l’énorme progression du marché hypothécaire des dernières années persiste à l’avenir, les banques cherchent de plus en plus de nouvelles sources de revenus.

Dans ce contexte, il n’est guère surprenant que la majorité (56%) des banques interrogées voient dans les activités de placement (conseil en placement et gestion de la fortune) le plus grand potentiel de croissance pour leur établissement. Il est intéressant de constater que ce sont précisément les banques cantonales et régionales, très fortement ancrées dans les opérations de crédit, qui estiment que les activités de placement recèlent le plus grand potentiel de croissance.

Les projets de diversification des banques suisses sont de bon augure pour leur stabilité et leur résistance aux crises étant donné qu’une trop forte dépendance des opérations de crédits hypothécaires n’est pas sans soulever des problèmes. C’est la raison pour laquelle les banques souhaitent continuer de renforcer leurs compétences en conseil et proposer aux clients un accompagnement complet pour toutes leurs demandes financières. Pour les banques qui investissent aujourd’hui dans les bonnes technologies et compétences, cette stratégie de diversification est tout à fait prometteuse. Il reste à savoir si le fait de mettre l’accent sur les activités de placement donnera vraiment les résultats escomptés pour la majorité des banques. La somme des ambitions des établissements individuels est plus élevée que le potentiel du marché effectif, en tout cas pour les affaires suisses.

Pour les banques très axées sur les activités nationales et les banques gérant majoritairement des clients fortunés («affluent» en anglais), le chemin risque d’être semé d’embuches. Le potentiel de croissance pour les activités de placement sur le marché suisse est plutôt limité et ne suffira pas pour satisfaire les ambitions d’expansion de toutes les banques suisses. Il faut par ailleurs partir du principe que les nouvelles technologies disruptives et les nouveaux modèles d’affaires attiseront eux aussi encore la concurrence.

« Dans quel domaines d’activité voyez-vous le plus grand potentiel de croissance pour votre établissement ? »

Les activités de placement font l’objet d’une attention accrue

Activité de créditActivité d’investissement (conseil d’investissement, gestion de fortune)Activité de négoceAsset ManagementAutres

2018

56%

7%6%

7%

24%

Banques cantonales

Banques privées

Banques étrangères

Banques régionales

11% 6%55% 11%

39% 55% 6%

26% 56% 11%

30% 60% 5% 5%

17%

7%

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19EY Baromètre des banques 2019 | Les signes de l’époque |

La question sur le développement futur du personnel donne une situation très disparate. Comme l’année précédente, la majorité de banques (57%) table, à court terme, sur des effectifs relativement constants (année précédente : 56%). Seules 13% des banques interrogées prévoient de réduire les effectifs de 5% ou plus (année précédente : 14%), alors que 30% (c’est-à-dire comme l’année précédente) comptent les augmenter.

À moyen et long terme, les banques s’attendent cependant à une dynamique croissante sur le marché du travail. La part des banques qui ne comptent effectuer aucun changement au niveau du nombre d’employés a diminué de 57% (à court terme) à 34% (à moyen terme) ou à plus que 20% (à long terme). Il est cependant intéressant de constater qu’à long terme, les établissements anticipant une hausse des effectifs (50%) sont nettement plus nombreux que ceux qui s’attendent à une baisse (30 %). Ce résultat est très surprenant étant donné que la tendance de ces dernières années va clairement dans une autre direction. En effet, le nombre d’employés a diminué de 16% depuis 2010.

Les banques suisses n’escomptent manifestement pas pouvoir atteindre leurs objectifs de croissance ambitieux sans augmentation des effectifs, malgré l’utilisation accrue de robots, l’automatisation croissante des processus d’affaires ainsi que la poursuite d’externalisation de certaines activités. Cela s’explique en partie par le fait que les banques souhaitent progresser avant tout dans l’activité de conseil et doivent à cet effet constituer des compétences de conseil supplémentaires ou engager des conseillers supplémentaires. Cela signifie, à l’inverse, qu’il ne faut pas s’attendre à l’avenir à des hausses de productivité nettes de la part des banques suisses.

Si l’on regarde les différents groupes bancaires, on constate que les banques cantonales sont nettement plus sceptiques en ce qui concerne l’évolution des effectifs futurs. Alors que, dans les autres groupes bancaires, la moitié voire les deux tiers s’attendent à une hausse de leurs effectifs, seules 10% des banques cantonales interrogées sont dans ce cas. 55% des banques cantonales tablent en revanche sur une baisse de leurs effectifs.

« Selon vos prévisions, quelle sera l’évolution du nombre de collaborateurs employés au sein de votre établissement ? »

Davantage de mouvement sur le marché du travail – les banques cantonales réduisent leurs effectifs

12%22%

10%

20%

57% 34% 20%

25%

5%

38%

4%

40%

10%

1% 2%

à court terme (6-12 mois) à moyen terme (1-3 ans) à long terme (>3 ans)

Forte augmentation (supérieure à +10 %)Légère augmentation (entre +5 % et +10 %)StabilisationLégère baisse (entre -5 % et -10 %)Forte baisse (plus de -10 %)

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4. Taux d’intérêt négatifs

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21EY Baromètre des banques 2019 | Les signes de l’époque |

La persistance des taux bas met les banques à rude épreuve. Ainsi, les banques sont encore plus nombreuses (89%) que l’année dernière (86%) à estimer que la politique de taux bas de la BNS a des conséquences négatives pour leur établissement. Cette appréciation se constate dans tous les groupes bancaires, et non seulement pour les banques cantonales et régionales agissant principalement dans les opérations d’intérêts.

Les taux d’intérêt négatifs persistants pèsent sur les marges des banques et tant qu’aucune fin de la politique monétaire expansionniste n’est en vue, les banques doivent trouver les bonnes réponses pour surmonter ce défi. Dans le passé, les banques ont répondu par une augmentation massive du volume de leurs portefeuilles de crédits ainsi que par une réduction des intérêts passifs à zéro. En termes absolus, cela a permis jusqu’ici de compenser les marges en baisse. L’imputation des taux négatifs aux clients privés a cependant pu être évitée dans la plupart des cas.

Le marché hypothécaire affiche déjà des tendances de saturation, si bien que la croissance considérable de ces dernières années dans l’évolution des volumes ne se poursuivra probablement pas à l’avenir ou ne se répétera pas. Les intérêts passifs ont atteint le seuil zéro depuis un certain temps déjà et ne peuvent plus être abaissés sans répercussions importantes. Le problème de rentabilité des banques menace de s’aggraver à long terme. La répercussion des taux négatifs sur les clients privés peut certes aider à mieux gérer ce problème, cependant, sur le long terme, seul un changement de la politique monétaire des banques centrales peut conduire à une réelle amélioration.

« En 2015, la BNS a mis fin au taux plancher de l’euro et a instauré des taux négatifs. Comment jugez-vous cette situation pour votre établissement ? »

Les taux d’intérêt négatifs représentent toujours une lourde charge

PositivePlutôt positivePlutôt négativeNégative

Banques cantonales

Banques privées

Banques étrangères

Banques régionales

2017

46%

40% 11%

3%

2018

47%

11%42%

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22 | EY Baromètre des banques 2019 | Les signes de l’époque

Les banques ne sont plus disposées à supporter seules le poids des taux d’intérêt négatifs. Alors qu’en 2015, encore 70 % des banques interrogées avaient catégoriquement exclu la répercussion des taux d’intérêt négatifs, elles ne sont plus que 34 % depuis (année précédente : 43%). Une nette majorité des banques cantonales (67%) continue de refuser catégoriquement une répercussion des taux d’intérêt négatifs sur leurs clients.

Les clients de détail ne devraient toutefois pas être concernés par d’éventuelles charges des taux d’intérêt négatifs sur leurs comptes courants et d’épargne. Seules 13% (année précédente: 16 %) des banques pourraient envisager une telle mesure pour les clients disposant d’une fortune minimale de CHF 100 000. Toutes les banques cantonales refusent même une telle mesure, et les banques régionales à une large majorité (89%). Il n’est pas envisageable actuellement que des avoirs clients inférieurs à CHF100’000 puissent être soumis à des taux négatifs.

Les résultats du sondage montrent cependant que la répercussion des taux d’intérêt négatifs devient, de plus en plus, une réalité pour les clients fortunés. Les banques ne peuvent et ne veulent plus supporter seules ces charges supplémentaires.

« Envisagez-vous au sein de votre établissement de mettre en place des taux d’intérêt négatifs pour votre clientèle privée ? »

La disposition à supporter des taux d’intérêt négatifs diminue en permanence...

Non, en aucun casOui, mais uniquement pour des avoirs dépassant le seuil de CHF 100’000Oui, mais uniquement pour des avoirs dépassant le seuil de CHF 1 mioOui, si la BNS renforce encore sa politique de taux négatifs (p. ex. à 1,5 %)

2017

16%

17%

43%

32%

2018

13%

34%

21%

24%

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23EY Baromètre des banques 2019 | Les signes de l’époque |

Les banques sont de plus en plus disposées à répercuter les taux d’intérêt négatifs sur leurs clients. Cette tendance apparaît également lorsqu’il s’agit de définir la valeur seuil d’une telle répercussion. Ainsi, un tiers des banques interrogées indiquent toujours vouloir bientôt abaisser la valeur seuil correspondante. Si l’épisode des taux d’intérêt négatifs ne s’achève pas bientôt, leur coût sera de plus en plus souvent perceptible directement aussi pour les clients privés.

« Envisagez-vous au sein de votre établissement de réduire le seuil minimum pour des taux d’intérêt négatifs pour votre clientèle privée ? »

…et les seuils baissent.

NonPlutôt nonPlutôt ouiOui

Banques cantonales

Banques privées

Banques étrangères

Banques régionales

2018

37%

11%30%

22%

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24 | EY Baromètre des banques 2019 | Les signes de l’époque

Seule une des banques interrogées (année précédente : 3%) n’entrevoit pas de conséquences graves en raison de l’environnement des taux d’intérêt négatifs. Même si les banques ont étonnamment bien supporté les taux négatifs jusqu’à présent, pour la majorité d’entre elles, le principal problème de la politique des taux bas est l’érosion des marges dans les opérations d’intérêts. Au début, les banques étaient encore en mesure de compenser la baisse des taux d’intérêt à l’actif par des réductions des intérêts passifs. Les intérêts passifs se situant maintenant pratiquement à zéro, une compensation complémentaire n’est plus possible.

Indépendamment des lourdes charges liées à la politique des taux d’intérêt bas pour les affaires des banques, ces dernières sont toujours convaincues que le contexte de taux bas n’assouplit pas les critères d’octroi de crédit et n’augmente pas les financements à risque. À l’instar de l’année précédente, seules 11% des banques entrevoient une augmentation de la propension au risque dans les activités de financement. Outre par les dispositions réglementaires plus strictes relatives au nantissement et à la capacité financière, cette appréciation s’explique également par les corrections de valeur et pertes extrêmement basses dans le secteur du crédit des banques suisses au cours des dernières années.

En plus des banques, ce sont les institutions de prévoyance qui souffrent le plus du contexte des taux bas persistants. On ne peut actuellement qu’imaginer les conséquences à long terme sur les systèmes de prévoyance vieillesse. Il est cependant établi que les taux d’intérêt bas engendrent des allocations inappropriées de capitaux et de liquidités et qu’ils ont fait monter en flèche les cotations de prix de toutes les classes de placement au cours de ces dernières années Le risque de formations de bulles potentielles dans certaines classes de placement ne peut par conséquent plus être nié.

L’érosion des marges pèse le plus lourdement sur les banques

« Parmi les conséquences suivantes qui découleraient de la persistance de la faiblesse des taux d’intérêt, quelle est celle que vous considérez comme la plus grave ? »

AucuneDéfis concernant la protection (Hedging)Prises de risques excessives dans les activités de financementAdaptation des prixRéduction des margesToutes

66%

11%

8%

12% 2%1%

2018

6%

2017

59%

16%

11%

5%

3%

Banques cantonales

Banques privées

Banques étrangères

Banques régionales

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25EY Baromètre des banques 2019 | Les signes de l’époque |

« Quand attendez-vous un changement dans la politique monétaire de la BNS, respectivement le retour à la normale avec des intérêts positifs ? »

Les taux d’intérêt négatifs constituent pour les banques un défi fondamental et les posent devant des problèmes de rentabilité sérieux. Une normalisation de la politique des taux sous forme de hausse graduelle du niveau d’intérêt conviendrait notamment aux banques opérant dans les activités de crédit. Il est par conséquent évident que les banques suisses souhaitent que l’épisode des taux d’intérêt négatifs touche à sa fin.

Bien que les banques ne tablent pas sur un changement d’orientation à court terme de la BNS, la grande majorité des établissements interrogés (72%) s’attend à ce que la Banque nationale mette fin à sa politique monétaire expansionniste à moyen terme, c’est-à-dire dans un à trois ans, et à ce qu’une normalisation du niveau des taux intervienne ensuite.

Cette supposition des banques suisses est-elle réellement justifiée ou ne s’agit-il ici que d’un vœu pieux ? Même si la Réserve fédérale américaine s’est déjà attelée à une normalisation de la politique des intérêts et qu’elle a augmenté les intérêts à quatre reprises au cours des douze derniers mois (la fourchette pour le «Fed Funds Rate» se situe actuellement entre 2,25% et 2,5 %), de nombreux éléments portent à croire que les intérêts resteront probablement encore longtemps à un niveau très bas en Europe et en Suisse. Les dettes ont atteint des niveaux record dans le monde entier, et des taux d’intérêt plus élevés pèseraient lourdement sur de nombreux débiteurs fortement endettés. Dans l’Union européenne en particulier, il convient de se demander si une hausse des taux serait politiquement réalisable compte tenu du fort endettement de certains pays.

Dans ce contexte, la marge de manœuvre pour une politique monétaire indépendante de la BNS ne semble pas être très grande et il faut compter encore longtemps sur des taux d’intérêts bas. Un retournement rapide de la politique des taux d’intérêt est actuellement le plus probable dans le cas d’une hausse significative de l’inflation, étant donné que les divergences en découlant obligeraient la BNS à réagir.

Fin des taux d’intérêt négatifs : vœu pieux ou réalité ?

Dans les 12 prochains mois (court terme)Dans 1 à 3 ans (moyen terme)Plus tard (long terme)Jamais

72%

21%4%

3%

2018

4%

2017

74%

21%

1%

Banques cantonales

Banques privées

Banques étrangères

Banques régionales

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5. Réglementation des marchés financiers

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27EY Baromètre des banques 2019 | Les signes de l’époque |

Après la crise financière, les banques ont dû faire face à une véritable vague de réglementations qui a fait apparaître sans cesse de nouvelles dispositions toujours plus sévères concernant le niveau de liquidités, la dotation en capital ou la gestion des risques. Dans ce contexte, un principe de proportionnalité susceptible d’apporter des allégements sensibles pour les banques de petite taille et de taille moyenne n’était que rarement prévu dans les dispositions réglementaires pertinentes. C’est la raison pour laquelle de nombreuses banques de petite taille et de taille moyenne ont davantage attiré l’attention sur le fait, au cours des dernières années, que leur compétitivité souffre des réglementations très denses et complexes qui ont été conçues notamment pour les grandes banques d’importance systémique et que, pour garantir un résultat durable, il faut à nouveau plus de marges de manœuvre entrepreneuriales.

En réaction, la FINMA a proposé, à l’occasion du symposium des petites banques en automne 2017, des allègements concrets dans la réglementation s’appliquant aux petites banques (c’est-à-dire les banques des catégories de surveillance 4 et 5) et a lancé en juillet 2018 la phase pilote pour le régime des petites banques. Celui-ci s’adresse à des banques à capitalisation supérieure à la moyenne et disposant de liquidités abondantes. Les banques participantes bénéficient de certains allègements réglementaires, comme

par exemple en ce qui concerne le ratio de fonds propres pondéré en fonction du risque, le Net Stable Funding Ratio, ainsi que certaines prescriptions en matière de présentation des comptes. Aucun allègement n’est cependant prévu pour les règles de conduite (Investment Suitability, lutte contre le blanchiment d’argent, comportement sur le marché, Cross-Border).

Les petites banques espèrent que le nouveau régime apportera des allègements significatifs et donc des réductions de coûts. Ainsi, 82% des banques dont le total du bilan est inférieur à un milliard de francs suisses estiment que le régime des petites banques va dans la bonne direction. Les banques avec un total du bilan se situant entre un milliard et dix milliards de francs suisses affichent encore une adhésion relativement importante avec 60 %. Cette adhésion diminue à mesure que la taille de l’établissement augmente, ce qui n’est guère étonnant. Les banques avec un total du bilan de CHF 20 milliards à CHF 50 milliards n’adhèrent plus qu’à 29% et celles avec un total du bilan supérieur à CHF 50 milliards à 17 %. Pour le dernier groupe, il faut cependant mentionner que 49 % des banques interrogées indiquent que leur établissement n’est pas du tout concerné par le régime des petites banques et que, par conséquent, ne reconnaissent ni les avantages ni les inconvénients du régime des petites banques.

« En 2018, la FINMA a lancé le « régime des petites banques ». Estimez-vous que les mesures prises sont utiles pour votre institut ? »

Les petites banques accueillent favorablemen l’assouplissement de la réglementation

OuiPlutôt ouiPlutôt nonNonÉtablissement pas affecté

Moins de 1 milliard

Plus de 50 milliards

Entre 10 et 50 milliards

Entre 1 et 10 milliardsle

tota

l du

bila

n2018

20%

11%

41%

15%

13%

17% 17% 17% 49%

22%19% 41% 9% 9%

4% 25% 11% 25%35%

24% 58% 12% 6%

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28 | EY Baromètre des banques 2019 | Les signes de l’époque

Les établissements qui rejettent le régime des petites banques dans sa forme actuelle (31 % des établissements interrogés) sont souvent d’avis que le régime des petites banques ne va pas suffisamment loin et que des mesures ou allègements supplémentaires sont encore nécessaires (37%). De nombreuses banques avec un total du bilan entre CHF 10 milliards et CHF 50 milliards partagent elles aussi cet avis. Au total, 50% des banques de cette taille expliquent de cette manière leur refus du régime des petites banques. Il ne s’agit que très rarement de banques appartenant à la catégorie de surveillance 4 ou 5, et donc de banques qui ne peuvent pas encore bénéficier du régime des petites banques dans sa forme actuelle. On reconnaît ici clairement le souhait d’élargir le régime des petites banques aux établissements de la catégorie de surveillance 3.

Les plus grandes banques ne sont pas favorables au régime des petites banques car elles redoutent qu’il conduise à des normes différentes au sein du secteur bancaire en ce qui concerne les thèmes de réglementation essentiels. Cette inégalité de traitement est considérée comme étant injustifiée et comme une violation du principe de l’égalité de droit.

Il reste à savoir si la FINMA répondra réellement au souhait de la branche d’un allègement pour toutes les banques.

« Si la question précédente a été répondue par « Non » ou « Plutôt non »: pourquoi ? »

Les banques souhaitent un élargissement du régime des petites banques

Moins de 1 milliard

Plus de 50 milliards

Entre 10 et 50 milliards

Entre 1 et 10 milliards

le to

tal d

u bi

lan

Les simplifications réglementaires ne sont pas encore suffisantesLe régime des petites banques est trop compliqué et pas très pratiqueLe régime des petites banques conduit à des normes différentes au sein de l‘industrieTousAutre raison

2018

6%

23%

17%37%

17%

30% 20% 10% 40%

33% 17% 17%33%

17%50% 17% 8% 8%

100%

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29EY Baromètre des banques 2019 | Les signes de l’époque |

Les coûts relatifs aux fonctions contrôle des risques et de compliance resteront élevés à l’avenir aussi et ne diminueront pas durablement. 82% des banques interrogées sont de cet avis, dont toutes les banques cantonales et plus de 80% des banques régionales.

L’espoir clairement exprimé l’an dernier que les efforts de réglementation et les coûts s’y rattachant aient atteint leur point culminant et qu’un retour à la normale avec moins de réglementation et des coûts moins élevés i ne s’est pas encore confirmé. Ainsi, cette année également, moins d’un tiers des banques interrogées s’attendent à ce que le secteur financier soit à l’avenir moins réglementé (contre 37% encore l’an dernier).

On constate par ailleurs que la complexité entraînée par le flot de réglementations après la crise financière menace de s’aggraver avec les tâches supplémentaires définies dans les fonctions de contrôle du risque et de compliance. Les banques ont du mal à simplifier ces fonctions sans que cela n’entraîne de baisses de la qualité. Il convient par ailleurs d’observer que certaines autorités de régulation dans les différents pays représentent de plus en plus les intérêts nationaux et posent des exigences supplémentaires aux sites étrangers respectifs, ce qui rend une gestion globale des affaires bancaires nettement plus difficile.

Le problème central est que ces dernières années, également dans le sillage des nouvelles dispositions réglementaires complexes, de nombreuses tâches de contrôle ont été progressivement transférées au Front Office aux fonctions centrales de gestion du risque et de compliance. Il faudrait probablement activer le levier et renforcer les contrôles et responsabilités du Front Office pour pouvoir réduire et simplifier à nouveau l’étendue des tâches et la complexité des fonctions centrales de gestion du risque et de compliance.

« Les banques prévoyaient une diminution des développements réglementaires et une diminution des coûts relatifs aux fonctions de risque et de conformité. Est-ce aussi vrai pour votre établissement ? Est-ce que vous observez une réduction des coûts dans ces fonctions au sein de votre établissement ? »

Les coûts de la réglementation restent élevés

OuiPlutôt ouiPlutôt nonNon

Banques cantonales

Banques privées

Banques étrangères

Banques régionales

2018

3%

47%

15%

35%

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30 | EY Baromètre des banques 2019 | Les signes de l’époque

La crise financière et économique internationale a ébranlé dans ses fondements le monde financier. Dans les années suivantes, les banques ont dû mettre en œuvre de nombreuses nouvelles réglementations, ce qui a engendré des coûts correspondants. Malgré ces frais de réglementation considérables, les banques reconnaissent qu’un grand nombre des réglementations mises en place au cours des dernières années ont stabilisé le système financier.

Mais il y a également des secteurs dans lesquels les banques interrogées ont identifié un excès de réglementations. C’est le cas notamment de la protection des investisseurs (67%), de la réglementation des fonds propres (60%) et des dispositions en matière de liquidités (55%).

Il est intéressant de constater que l’adhésion à certains domaines de réglementation essentiels a augmenté par rapport à l’année dernière. Ainsi, les banques perçoivent légèrement moins de tendances à la réglementation qu’il y a encore une année dans le négoce des produits dérivés (moins 13 points de pourcentage), la transparence fiscale (moins 11 points de pourcentage), les dispositions relatives aux liquidités (moins 7 points de pourcentage) et les prescriptions en matière de fonds propres (moins 6 points de pourcentage). Cela pourrait avoir un lien avec la baisse graduelle des coûts de compliance après une première phase d’analyse et d’implémentation dont font partie également des investissements dans de nouveaux systèmes informatiques et les paramétrages correspondants. On n’étonnera pas non plus que les banques se montrent particulièrement sceptiques (54%) à l’égard du plus important projet de réglementation adopté tout récemment, c’est-à-dire la protection des données.

Appréciation équilibrée de la réglementation des marchés financiers« Dans quels domaines la réglementation est peut-être exagérée et peut conduire à des effets secondaires négatifs ? »

NonPlutôt nonPlutôt ouiOui

Protection des données

Intégrité des marchés

Négoce des produits dérivés

Cybercriminalité

Réglementation des produits dans le domaine des fonds

KYC

Transparence dans le domaine fiscale

Protection des investisseurs et des clients

Liquidité

Capital / fonds propres

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31EY Baromètre des banques 2019 | Les signes de l’époque |

En été 2018, le Parlement a adopté la loi sur les établissements financiers (LSFin). La LSFin crée de nouvelles règles relatives à la fourniture de prestations financières et d’instruments financiers. Le but suprême du projet de loi consiste à renforcer la protection des clients par rapport aux établissements financiers. Un aspect central de la conception de la LSFin a été la création de dispositions équivalentes au droit européen. Le fait de remplir les exigences d’équivalence est une condition essentielle pour accéder au marché dans les pays européens.

À l’instar de l’année précédente, les banques suisses ont une opinion majoritairement négative de la LSFin. Cette critique s’est encore accentuée au cours de cette année. Aujourd’hui, près des trois quarts des banques craignent qu’en raison des exigences en matière de conseil, de la segmentation de la clientèle et des informations produits nécessaires, la LSFin conduise à une restriction de l’offre de produits. En même temps, 54% des banques estiment que la transparence accrue ainsi que les obligations de conseil et d’avertissement ne contribuent pas à améliorer la qualité du conseil. À court terme, la LSFin augmentera sûrement les coûts de la prestation et renforcera la pression sur les marges. Sur le moyen et long terme, les banques (78%) envisagent cependant de répercuter sur lurs clients des frais supplémentaires.

« Parmi les répercussions suivantes, quelles sont celles auxquelles vous vous attendez pour votre établissement en relation avec la nouvelle réglementation (projet de loi adapté) des marchés financiers (LSFin, LEFin, etc.) ? »

La LSFIN fait l’objet de critiques de plus en plus vives

OuiPlutôt ouiPlutôt nonNon

Amélioration de la protection des consommateurs

Amélioration de la qualité du conseil en investissement

Externalisation à des spécialistes

Amélioration de la documentation

Gamme de produits restreinte

Renchérissement des services bancaires

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32 | EY Baromètre des banques 2019 | Les signes de l’époque

Les fortunes gérées des banques suisses se montaient au total à CHF 7’292 milliards à la fin 2017 et ont augmenté de 51 % depuis le passage au nouveau millénaire. Environ la moitié des fortunes gérées provient de clients internationaux. La place financière suisse est très internationale et orientée vers les exportations. Avec une part de marché de 27,5 % dans la gestion de fortune transfrontalière avec les clients privés, la Suisse est même leader du marché mondial. Pour la compétitivité des banques suisses, il est par conséquent essentiel d’accéder aux marchés internationaux, notamment au marché européen.

Selon des estimations, les personnes privées européennes possèdent une fortune globale de EUR 18 milliards. Il est ainsi clair que l’UE constitue également un marché particulièrement lucratif pour les banques suisses. Pour garantir l’accès des banques suisses au marché européen, la politique suisse négocie depuis longtemps avec l’UE un accord sur les services financiers devant déterminer les règles principales des futures relations. Sans véritable succès jusqu’à présent, ce qui s’explique en partie par les négociations en cours en parallèle sur le Brexit entre l’UE et la Grande-Bretagne.

Au sein du secteur financier suisse, un certain mécontentement semble se faire jour à propos de l’impasse prolongée des négociations avec l’UE. Trois quarts des banques interrogées sont d’avis que la politique suisse s’engage actuellement trop peu en faveur de la place financière et de l’accès des banques suisses au marché de l’UE. Parmi elles, on trouve notamment les banques privées fortement ancrées dans la gestion de fortune internationale, ce qui ne surprendra personne.

« Quelle est votre position par rapport à l’affirmation suivante ? Le gouvernement et l’administration en Suisse font actuellement trop peu pour assurer l’accès des banques suisse au marché de L’UE ? »

Une meilleure protection de la place financière est souhaitée

Pas du tout d’accordPlutôt pas d’accordPlutôt d’accordTout à fait d’accord

Banques cantonales

Banques privées

Banques étrangères

Banques régionales

2018

43%

32%

5%20%

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33EY Baromètre des banques 2019 | Les signes de l’époque |

Malgré la menace de la perte d’accès au marché européen, les banques suisses gardent la tête froide. Presque deux tiers des banques interrogées (62%) ne craignent pas de conséquences graves pour leur établissement. Par contre, 22% prévoient une baisse sensible du revenu et des emplois en Suisse et 16 % un transfert de leurs activités vers l’UE.

Les divergences sont cependant très grandes au sein du secteur bancaire. Alors que les banques cantonales et régionales opérant essentiellement sur le territoire national ne craignent guère de conséquences négatives (85% resp. 94%), les banques privées sont nettement plus nerveuses. Seules 27% d’entre elles n’entrevoient pas de répercussions négatives pour leur établissement. La majorité de ces banques serait, le cas échéant, contrainte d’ouvrir de nouvelles agences à l’étranger, voire de délocaliser sur les sites étrangers des secteurs importants de la chaîne de création de valeur, et donc également des emplois intéressants. Cela serait certainement un affaiblissement de la place financière suisse.

Les divergences d’opinion en fonction de la taille de la banque ressortent également clairement. Alors que les grands établissements qui sont déjà fortement présents dans l’espace de l’UE ne craignent pas de conséquences négatives pour leur établissement, les petites banques notamment sont plus inquiètes. Cela ne surprend guère étant donné que ces établissements ne peuvent (ou ne veulent) souvent pas ouvrir de succursales à l’étranger et ne gèrent les clients avec domicile dans l’UE que lorsqu’ils séjournent en Suisse.

Indépendamment des répercussions spécifiques sur les différents établissements bancaires, il ne fait aucun doute que pour la Suisse, cela représenterait une perte si suite à des barrières supplémentaires à l’entrée sur le marché de l’UE, certaines banques suisses devaient transférer une partie de leur activité à l’étranger.

« Supposons que les négociations entre la Suisse et l’UE échouent avec pour conséquence une abolition de l’accès au marché des banques suisses à l’UE : Lequel des scénarios suivants est le plus réaliste pour votre établissement ? »

Accès au marché de l’UE : des répercussions négatives essentiellement pour les banques privées

Pas de conséquences graves car l’UE n’est pas un marché essentiel pour notre banqueAugmentation de la création de succursales dans l’UE et relocalisation des emplois à l’étranger pour compenser la réduction des revenus en SuisseDiminution significative des revenus et des suppressions de postes en Suisse

Banques cantonales

Banques privées

Banques étrangères

Banques régionales

2018

16%

22%

62%

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34 | EY Baromètre des banques 2019 | Les signes de l’époque

L’histoire nous enseigne que des crises financières et économiques importantes surviennent souvent. On peut résolument supposer qu’il y aura des turbulences importantes à l’avenir également. Au cours des derniers mois, les voix pronostiquant la prochaine crise se sont faites plus nombreuses.

Les banques interrogées estiment que le risque majeur de survenance d’une prochaine crise financière réside dans la politique monétaire expansionniste des banques centrales et la problématique de la dette toujours non résolue (33%), suivies par l’accroissement des incertitudes géopolitiques consécutives au protectionnisme commercial ainsi qu’à la poussée nationaliste observée dans la politique de certains pays (27%). Elles sont 11% à entrevoir le plus grand risque dans une baisse des prix sur les marchés de l’immobilier.

Seule une minorité prévoit une crise financière consécutive à un krach boursier (7%) ou à des cyberattaques (4%). Étant donné que la BCE a récemment mis en garde contre une crise financière déclenchée par des cyberattaques, cette estimation a de quoi surprendre.

L’anatomie des anciennes crises financières montre que, dans de nombreux cas, les graves endettements en rapide progression, notamment les dettes extérieures en monnaies étrangères, constituaient la raison principale de ces crises financières. Ainsi, de nombreuses banques interrogées estiment qu’une prochaine crise aura probablement les mêmes causes que les crises précédentes. L’endettement mondial a en effet fortement augmenté depuis la crise financière, étant donné que l’assouplissement de la politique monétaire des banques centrales a incité de nombreux acteurs du marché à s’endetter encore davantage. Si la charge d’intérêts devait nettement augmenter en raison d’une hausse durable des taux d’intérêts, cela mettrait de nombreux emprunteurs dans l’embarras.

« Selon vous, quel est le plus grand danger pour une prochaine crise financière ? »

Préoccupations au sujet du relâchement de la politique monétaire et de l’évolution de la dette mondiale

Diminution massive des prix sur les marchés immobiliersKrach boursierRalentissement économique sur les principaux marchésPoints chauds géopolitiques

Conséquences à long terme de la politique monétaire expansionnisteLes cyber-attaquesEffondrement des grandes infrastructures des marchés financiersAutres

Banques cantonales

Banques privées

Banques étrangères

Banques régionales

2018

33%7%

4%

11%

10%

27%

4% 4%

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6. Activités de crédit

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36 | EY Baromètre des banques 2019 | Les signes de l’époque

Les banques suisses ont massivement augmenté leur volume hypothécaire ces dernières années. À la fin 2017, celui-ci se montait à CHF 995 milliards, ce qui est presque le double du montant de l’an 2000. Les banques Raiffeisen notamment (+190% depuis la fin 2000) et les banques cantonales (+97% depuis la fin 2000) ont énormément progressé au cours des dernières années.

Mais la dynamique du marché hypothécaire semble marquer fortement le pas. Ainsi, 44% des banques s’attendent aujourd’hui à suivre, à l’avenir, une politique de crédit plus restrictive pour le financement de construction de logements, ce qui représente une augmentation marquée par rapport à l’année précédente (34 %). En revanche, 55 % des banques envisagent de maintenir leur politique d’octroi des crédits de ces dernières années (année précédente : 62%). Et seule l’une des banques interrogées table sur une politique plus expansive dans ce domaine.

La frilosité accrue des banques n’est guère étonnante. Après une longue phase d’expansion, le marché hypothécaire présente déjà des symptômes de surchauffe clairement perceptibles dans certaines régions et certains segments. En raison de la pénurie de placement des dernières années, le marché hypothécaire est également devenu plus attrayant pour les autres acteurs du marché. En plus des banques qui dominent nettement le marché avec une part de 90%, de plus en plus d’acteurs du marché opèrent sur ce marché largement saturé. Cette évolution conduit à une énorme densité sur le marché hypothécaire, que les banques suisses souhaitent éviter à l’avenir.

« Selon vous, comment va évoluer la politique d’octroi des crédits des banques suisses concernant les financements de l’acquisition de logements dans les 6 à 12 prochains mois ? »

L’appétit pour les financements de la construction de logements diminue

Plus restrictivePlutôt plus restrictiveInchangéePlutôt plus expansionnistePlus expansionniste

6%

1%

55%

38%

2018

2%2%

8%

2017

62% 26%

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37EY Baromètre des banques 2019 | Les signes de l’époque |

À l’instar des années précédentes, les banques se montrent cette année aussi détendues sur le court terme en ce qui concerne le besoin de provision pour risque en vue de financer l’acquisition de logements. L’an dernier, une valeur plancher avait déjà été atteinte avec 23%. Cette année, un nombre sensiblement plus bas de banques, c’est-à-dire 13%, s’attendent à une hausse à courte terme du besoin de provision pour risque. Cette estimation concorde avec le constat que les corrections de valeur pour risques de défaillance des banques suisses se situent actuellement à un niveau historiquement bas.

Cette opinion très positive des banques sur le court terme reflète l’évolution positive du marché immobilier au cours des dernières années. La longue phase de taux d’intérêt négatifs a créé des situations presque paradisiaques pour les emprunteurs : des conditions financières très attrayantes, des prix immobiliers sans cesse croissants et un boom des emplois sur le marché du travail, pour n’en citer que quelques-unes. Il n’est donc pas étonnant que les banques suisses aient pu enregistrer une baisse record des défaillances sur les crédits hypothécaires au cours des dernières années.

Mais le vent semble tourner sur le marché immobilier. Pour les immeubles de rendement, certaines régions présentent des symptômes de surchauffe clairement perceptibles. L’intense activité de construction des dernières années et le recul de la demande suite à une immigration en baisse a entraîné des taux de vacances plus élevés. Outre quelques particularités régionales, le taux de vacances est nettement supérieur à la réserve d’appartements nécessaire.

Pour l’avenir, les banques suisses ne considèrent pas que cette situation qui leur est très favorable va perdurer et prévoient une normalisation du cycle de crédit. À moyen terme déjà, 39% des banques entrevoient un besoin accru de corrections de valeur – à long terme, cette valeur atteint même 69%. La hausse escomptée à l’avenir du besoin de provision pour risque s’explique également par les normes comptables suisses pour les banques. Ces normes sont aujourd’hui régressives et ne permettent que de manière très limitée de constituer des corrections de valeur forfaitaires et des provisions pour des défaillances de crédits futures. La FINMA a reconnu ce problème et proposé d’introduire un taux des pertes escomptées pour les banques suisses. Il faut cependant s’attendre à ce que seules les banques d’importance systémique doivent appliquer l’ «expected credit loss method».

« Comment évaluez-vous l’évolution du besoin de provision pour risque de crédit (correctifs de valeurs et provisions) pour le financement de l’acquisition de logements ? »

Une augmentation des corrections de valeur attendue dans le cadre des financements de la construction de logements

à court terme (6-12 mois) à moyen terme (1-3 ans) à long terme (> 3 ans)

Baisse du besoin de provision pour risqueInchangéHausse du besoin de provision pour risqueForte hausse du besoin de provision pour risque

60%

31%

82%

13%

38%

1%

64%

5%

5% 1%

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38 | EY Baromètre des banques 2019 | Les signes de l’époque

Les banques demeurent préoccupées par le marché des immeubles de rendement. Trois quarts des établissements interrogés estiment que le boom immobilier actuel et l’augmentation des prix des objets de rendement présentent un danger considérable pour le marché immobilier suisse (année précédente: 71%). Dans ce contexte, les banques cantonales notamment se montrent plus préoccupées. Alors que, l’an dernier, ce groupe bancaire (62%) était encore plus optimiste que la moyenne des groupes bancaires, 75% des banques cantonales sondées partagent l’inquiétude quant au marché des immeubles de rendement.

Au cours des dernières années, les prix des résidences familiales n’ont cessé de grimper, malgré une progression considérable des taux de vacances ces derniers temps. Cette évolution s’explique en priorité par l’assouplissement marqué de la politique monétaire des banques centrales. La baisse constante des taux d’intérêt a provoqué une pénurie de placement et rendu lucratif le marché des immeubles de rendement pour de nombreux investisseurs.

L’évolution des prix des immeubles de rendement illustre de manière exemplaire la manière dont la politique des taux d’intérêt négatifs peut conduire à des allocations inappropriées de capitaux. Au vu du fait que les récessions provoquées par des crises immobilières se sont avérées particulièrement violentes et longues, l’évolution des prix sur le marché immobilier est plutôt préoccupante. Certes, l’évolution dynamique des prix a été légèrement atténuée dans le passé par des mesures macro prudentielles de la BNS ainsi que de nouvelles prescriptions d’autorégulation plus strictes des banques. De plus, les banques ont constitué davantage de fonds propres destinés à absorber leurs pertes depuis la crise financière. En dépit de ces mesures, il faut s’attendre à ce que les autorités de régulation (FINMA et BNS) continuent de garder à l’avenir aussi un œil sur le développement du marché immobilier et l’octroi de crédit.

« Quelle est votre position par rapport à l’affirmation suivante ? « Le boom immobilier actuel et l’augmentation des prix des objets de rendement présente un danger considérable pour les marché immobilier en Suisse ? » »

La situation du marché de l’immobilier reste tendue

NonPlutôt nonPlutôt ouiOui

2017

56%

28%15%

1%

2018

59%

17%

23%

1%12% 61% 24% 3%

19% 58% 23%

28% 50% 22%

29% 57% 14%

15% 60% 25%

31% 31% 38%

7% 67% 26%

7% 57% 33% 3%

Banques cantonales

Banques privées

Banques étrangères

Banques régionales

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39EY Baromètre des banques 2019 | Les signes de l’époque |

Le volume hypothécaire des banques suisses progresse rapidement depuis des années et a dépassé le seuil des CHF 1’000 milliards. Cela représente un doublement du volume depuis le passage au nouveau millénaire. Depuis un certain temps, d’autres prestataires accèdent au marché et essayent de constituer des parts de marché. C’est notamment le cas pour les assurances et les caisses de pension, qui sont confrontées, en raison de la phase des taux d’intérêt bas, à une véritable pénurie de placement, mais également pour les entreprises FinTech et les plateformes innovantes, qui entrent en concurrence pour certains éléments de la chaîne de création de valeur. Bien que les banques dominent toujours le marché avec une part de plus de 90%, les marges ont diminué à cause de la situation des taux d’intérêts et de la concurrence accrue.

Sur la question de savoir si les prestataires extérieurs au secteur bancaire resteront actifs sur le marché même après une fin (possible) de la phase de taux d’intérêt négatifs, les banques sondées ont des opinions divergentes. Alors que la moitié des banques prévoit une disparition de cette nouvelle concurrence, l’autre moitié table sur une évolution contraire. Cela reflète une grande source d’incertitude pour les banques suisses en ce qui concerne l’évolution du marché hypothécaire.

Il semble toutefois certain que la digitalisation offre aux nouveaux acteurs du marché de nombreuses possibilités de rompre davantage encore la chaîne de création de valeur et de pénétrer le marché. Les plateformes d’intermédiation et les plateformes comparatives qui sont apparues rendent la chaîne de création de valeur ainsi que les offres plus transparentes et compétitives. Avec leurs offres hypothécaires orientées sur le long terme notamment, les assurances et les caisses de pension représentent une concurrence grandissante pour les banques.

« Quelle est votre position par rapport à l’affirmation suivante ? « La pression sur les marges dans le secteur immobilier due à des acteurs non-classiques (caisse de pensions, peer-to-peer lending, etc.) est un phénomène temporaire et disparaîtra dès que les taux d’intérêt seront revenus à la normale. » »

Les acteurs extérieurs à la branche : arrivés pour rester ?

2018

35%

41%

10%

14%

Tout à fait d’accordPlutôt d’accordPlutôt pas d’accordPas du tout d’accord

Banques cantonales

Banques privées

Banques étrangères

Banques régionales

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40 | EY Baromètre des banques 2019 | Les signes de l’époque

La valeur locative ou l’imposition d’un revenu fictif avec la déductibilité fiscale des intérêts hypothécaires constitue une particularité du système fiscal suisse. Cette incitation fiscale à l’endettement a finalement fait que les propriétaires immobiliers privés en Suisse sont souvent beaucoup plus longtemps et plus fortement endettés que les propriétaires de maison à l’étranger.

En été 2018, le Parlement a donné un nouvel élan pour remplacer la valeur locative par un nouveau système d’imposition du logement. Au mois d’août, la Commission de l’économie et des redevances (CER) du Conseil des États a présenté les chiffres clés. Les modalités exactes de la proposition de la CER sont attendues au printemps 2019. Un éventuel changement de système devra encore faire face à de nombreux obstacles politiques et ne pourra vraisemblablement pas être réalisé avant 2021.

Si un tel changement devait effectivement se produire, on peut raisonnablement s’attendre à ce que les débiteurs amortissent de façon accrue leurs prêts hypothécaires résidentiels à l’avenir, ce qui à moyen et à long terme pourrait se traduire par un recul du volume hypothécaire global des banques.

Dans ce contexte, il n’est guère surprenant que toutes les banques régionales interrogées et 85% des banques cantonales sondées s’attendent à des incidences significatives sur le volume hypothécaire. Cependant les banques cantonales notamment ne s’affolent pas du tout : elles sont seulement 5% à s’attendre à un recul net de leurs affaires hypothécaires. Les banques régionales sont, elles, un peu plus sceptiques (28%). La majorité des banques privées (70%) et des banques étrangères (56%) envisagent sereinement le changement de système étant donné que les opérations de crédit hypothécaire ne sont pas très importantes pour ces établissements.

« Fin d’août 2018, la commission de l’économie et des redevances du conseil des Etats a décidé la suppression de la valeur locative et un changement du système d’imposition de la propriété du logement. Qu’elles sont les conséquences à moyen et long terme pour votre établissement ? »

Pas de panique en raison de la suppression de la valeur locative

Aucun effet notableLégère baisse (inférieure à 10 %) des prêts hypothécairesDiminution significative (plus de 10 %) du volume des prêts hypothécaires

2018

45%

13%

42%

Banques cantonales

Banques privées

Banques étrangères

Banques régionales

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41EY Baromètre des banques 2019 | Les signes de l’époque |

Le secteur suisse ne doit pas non plus s’attendre à une pénurie de capitaux externes à l’avenir. Tout comme l’année précédente, seules 17% des banques interrogées prévoient des conditions d’octroi de crédit plus restrictives pour les financements des PME. En cas de frilosité accrue dans les opérations de crédit hypothécaire, le fossé qui n’a cessé de se creuser ces dernières années dans les bilans des banques entre les crédits hypothécaires et les crédits aux entreprises devrait à nouveau être comblé quelque peu. Cela n’a rien d’inhabituel au vu de l’évolution constatée dans le passé : au cours des dernières années, le volume des crédits aux entreprises a diminué par rapport aux crédits hypothécaires ainsi qu’à la performance économique.

« Selon vous, comment va évoluer la politique d’octroi des crédits des banques suisses concernant les crédits aux PME dans les 6 à 12 prochains mois ? »

Les entreprises peuvent compter sur une offre de crédit stable…

Plus restrictivePlutôt plus restrictiveInchangéePlutôt plus expansionnistePlus expansionniste

17%

7%

76%

2018

6%1%

16%

2017

77%

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42 | EY Baromètre des banques 2019 | Les signes de l’époque

S’agissant de l’évaluation du futur besoin de provision pour risque pour les crédits aux PME, la situation est sensiblement identique à celle observée pour les financements de la construction de logements. Alors que pratiquement personne ne table sur un besoin de correctif de valeur plus important à court terme, l’image se ternit sensiblement pour l’avenir. À moyen terme, près d’un tiers des banques prévoit une augmentation du besoin; à long terme, elles sont même plus de la moitié.

Ainsi, les banques s’attendent également dans le secteur des crédits aux entreprises à ce que la phase des défaillances de crédit historiquement basses touche lentement à sa fin. Au vu de la hausse des tensions géopolitiques et de la multiplication des indices montrant que le développement économique pourrait avoir atteint son apogée, cette estimation n’est pas surprenante. En cas de hausse des intérêts ou de baisse du cycle conjoncturel, il reste à savoir si les standards d’octroi de crédit sévères des banques suisses pour les financements d’entreprise auront eu effectivement l’effet escompté.

« Comment évaluez-vous, par rapport à l’année dernière, l’évolution du besoin de provision pour risque de crédit (correctifs de valeurs et provisions) pour les crédits aux PME ? »

…mais à long terme, des défaillances nettement plus importantes sont à nouveau attendues.

à court terme (6-12 mois) à moyen terme (1-3 ans) à long terme (> 3 ans)

Baisse du besoin de provision pour risqueInchangéHausse du besoin de provision pour risqueForte hausse du besoin de provision pour risque

65%

46%

1%

89%

9%

35%

1%

52%

2%

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7. Changement structurel et FinTech

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44 | EY Baromètre des banques 2019 | Les signes de l’époque

L’importance des technologies numériques s’est fortement accrue par rapport à l’année précédente. Les avis divergent toujours quant à l’existence d’un changement structurel, mais la proportion des sondés qui sont convaincus d’une transformation durable de la chaîne de création de valeur est en légère hausse. Un quart des banques estime toujours qu’il n’y a pas de changement structurel dans le secteur bancaire.

Il convient en réalité de considérer de manière différenciée l’évolution structurelle du secteur : au cours des dernières années, la branche a connu une première vague de changement structurel, induite notamment par les implications des changements réglementaires. Il faut s’attendre à un changement structurel déclenché par les clients, mais celui-ci n’a pas encore lieu actuellement. On peut supposer que la mutation dans le secteur bancaire interviendra de façon décalée dans le temps et dans différents segments de clientèle. D’autres secteurs (par ex. médias, tourisme) ont été touchés par le changement structurel à une vitesse fulgurante mais qui n’est pas attendue dans le secteur bancaire en raison de différents facteurs. En font partie les réglementations, les ressources limitées, les effets temporaires sur le marché et notamment la rigidité des clients bancaires. Dans ce contexte, la protection de la fortune revêt une importante essentielle :

les clients ne sont vraisemblablement pas prêts à confier toute leur fortune à une banque numérique, ils considèrent comme pénible de changer de banque principale et n’aiment pas rompre avec leurs vieilles habitudes. Des projets de transformation fondamentaux dans le développement de nouveaux modèles d’affaires ne sont pas réalisables aujourd’hui notamment pour les établissements traditionnels en raison de leurs systèmes immunitaires internes.

Les évolutions sur les autres marchés ne constituent pas un indice fiable pour prédire l’avenir en Suisse, mais elles démontrent néanmoins la logique des changements intervenant sur le marché. Une évolution escomptée est que les acteurs du marché devraient se concentrer davantage sur certains secteurs de la chaîne de création de valeur qui étaient jusqu’à présent entièrement réservés aux banques. Dès lors, de nouveaux modèles d’affaires verront le jour; des modèles qui couvrent les interfaces clients (1) et/ou orchestrent des solutions (2), qui proposent une place de marché à des prestataires (3), se concentrent sur des produits (4) ou mettent à disposition l’infrastructure (5). Il reste à savoir combien d’établissements seront nécessaires par catégorie de modèle d’affaires pour couvrir l’ensemble du besoin de financement et les besoins de la population suisse.

« Êtes-vous d’avis que l’industrie financière suisse a entamé un changement structurel fondamental (transformation durable de la chaîne de création de valeur) ? »

Le changement structurel dans le secteur bancaire se matérialise par vagues successives

OuiPlutôt ouiPlutôt non Non

2017

47%

23%

26%

4%

2018

44%

31%

19%6%

Banques cantonales

Banques privées

Banques étrangères

Banques régionales

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45EY Baromètre des banques 2019 | Les signes de l’époque |

« Selon vous, parmi les activités suivantes quelle est celle qui est la plus concernée par ce changement structurel ? »

Les banques s’accordent sur le fait que le trafic des paiements est le plus fortement concerné par le changement structurel (47%). On constate que les résultats deviennent plus équilibrés. L’autre moitié des voix est attribuée de façon relativement homogène aux opérations de crédit, au conseil en investissement et à la gestion de fortune.

Ce résultat implique que le changement structurel concernera d’abord la banque de détail et le segment des clients fortunés. En effet, de nouveaux acteurs du marché se positionnent aujourd’hui majoritairement auprès de ces clients en proposant à des tarifs beaucoup plus bas, voire gratuitement, des prestations de base comme la gestion de compte, les transactions en monnaie étrangère ainsi que les cartes de crédit et les cartes Maestro («free banking »). Pour les banques traditionnelles, ces piliers de revenu sont rentables, mais dans le même temps et pour cette raison aussi, cette évolution les rend vulnérables dans leur création de valeur. D’autres tendances et la dynamique croissante des places de marché/plateformes d’échange sont également un signal indiquant que le changement structurel affectera en premier les activités traditionnelles de dépôts et de crédits ainsi que celles concernant la gestion de fortune. Par la suite, il faut partir du principe que les activités de placement seront touchées par une deuxième vague du changement structurel. Les

gestionnaires de fortune des autres marchés dont le modèle d’affaires se base sur les dernières technologies proposent des prix sensiblement plus avantageux à leurs clients finaux fortunés en raison de leur Expense Ratio bas et associent de plus en plus la gestion de fortune à un conseil complet en placement.

Les opérations d’intérêts et les opérations de commissions et des prestations de service étant les piliers de revenu les plus rentables des banques suisses, il ne faudrait pas sous-estimer les implications potentielles de ces évolutions sur la capacité de création de valeur ajoutée des banques. Il faut par conséquent s’attendre à ce que le fossé entre la création de valeur de l’économie suisse et des banques suisses se creuse. En ce qui concerne la marge, de nouvelles valeurs historiques ne devraient pas être atteintes.

La question clé subsiste de savoir quand un changement structurel induit par les clients se matérialisera. Le cas d’autres secteurs nous enseigne que cela peut être une étape de développement dans la promesse de prestations aux clients. Pour le secteur bancaire, cela pourra être une association de quatre critères différents: conseil, meilleures conditions tarifaires, customisation pour le client et une protection crédible des dépôts et des placements.

Le changement structurel touchera d’abord l’activité de détail et le segment des clients dits « affluents »

Activités de créditConseil en investissement

Trafic des paiementsActivités de dépôt

Aucun

Gestion de fortuneNégoce de titres

2017

20% 55%

13%

2%

8%

2%

2018

17%

47%

13%

3%4%

14%

2%

15%18% 26% 41%

55% 19%3% 10% 6% 7%

12%47% 29% 12%

14%71% 5% 10%

6% 10%7% 32% 32% 3%10%

48% 11%11% 19% 4%7%

61% 6%27 6%

27% 3%3%33% 9% 25%

5%26% 10% 15%38% 3%3%

7%50% 29%14%

6%11% 11% 28%39% 5%

55% 15%5% 5% 5%15%

2018

2017

2016

2018

2017

2016

2018

2017

2016

2018

2017

2016

0% 20% 40% 60% 80% 100%

Banques cantonales

Banques privées

Banques étrangères

Banques régionales

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46 | EY Baromètre des banques 2019 | Les signes de l’époque

La compréhension des principaux moteurs du changement structurel s’est améliorée au fil des années. Ainsi, la conviction (66%) que le progrès technologique et la digitalisation font partie des principaux moteurs qui déclencheront une mutation fondamentale dans le domaine des services financiers a également augmenté. Il y a deux ans encore, elles n’étaient que 26% à partager cette conviction.

Près d’un tiers des banques (27%) ne voient dans la digitalisation qu’un canal de distribution supplémentaire. En effet, de nombreuses banques investissent actuellement dans l’extension de canaux de distribution pour donner aux clients la possibilité de choisir quand, comment et où ils souhaitent effectuer leurs transactions bancaires.

Pratiquement toutes les banques ont intégré la digitalisation dans leur orientation stratégique. Cela a notamment eu pour conséquence que la digitalisation est devenue un phénomène de mode à court terme sur le marché. Concrètement, différentes expériences ont été réalisées dans certaines fonctions et des plateformes d’innovation ont été créées, mais dont les résultats ne sont applicables que de manière restreinte à l’ensemble de l’entreprise.

Le fait de se concentrer sur les initiatives de digitalisation à court terme a fait passer à l’arrière-plan les questions fondamentales du changement structurel. Seuls peu d’établissements ont jusqu’à présent entamé une réflexion globale sur la façon dont peut se présenter le modèle d’affaires durable et évolutif à long terme. Cela confirme le fait qu’un secteur concerné par le changement structurel a tendance à surestimer les implications à court terme de développements structurels essentiels et à sous-estimer au contraire les implications à long terme.

« Quelle importance accordez-vous à la digitalisation et comment évaluez-vous sa contribution potentielle future au secteur financier ? Parmi les affirmations suivantes, laquelle représente le mieux votre point de vue ? »

La digitalisation, principal moteur du changement structurel

La digitalisation va radicalement changer le secteur financierLa digitalisation fournit un canal de distribution supplémentaireLa digitalisation est un phénomène de mode exagéré qui va s’atténuer

2017

43% 52%

5%

2018

27%

66%

7%

Banques cantonales

Banques privées

Banques étrangères

Banques régionales

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Seules 58 % des banques sont persuadées que leur infrastructure informatique est prête à maîtriser les défis du futur (année précédente: 67%). Ce scepticisme accru est perceptible auprès de l’ensemble des groupes bancaires – sauf des banques privées, chez qui on observe une tendance inverse.

Ce résultat peut s’expliquer de différentes manières: d’une part, les attentes des clients à l’égard de la digitalisation sont probablement plus élevées dans le Retail Banking que dans le Private Banking traditionnel. De l’autre, certaines banques privées ont récemment renouvelé les plateformes bancaires majeures et l’infrastructure informatique ou les projets de renouvellement sont encore en cours. Beaucoup de banques cantonales et régionales ont déjà effectué de telles adaptations il y a quelques années. De nombreux projets de digitalisation des banques étrangères, cantonales et régionales impliquent l’acquisition de nouveaux systèmes et applications étant donné que l’intégration dans les applications «Core-Banking» existantes (qui se basent en partie encore sur des systèmes host) n’est pas possible d’un point de vue technique ou reviendrait plus cher que d’acheter les nouveaux systèmes. Les banques qui sont en train d’adapter leurs applications «Core-Banking» peuvent, par contre, en partie tenir compte des exigences de digitalisation pour leurs projets.

Même si les banques cherchent généralement à diminuer le nombre de systèmes et d’applications afin de réduire la complexité de l’architecture/l’infrastructure informatique, la réalité est souvent tout autre. Dans de nombreux cas, de nouveaux projets de digitalisation accroissent encore la complexité actuelle du paysage informatique en raison des nouveaux systèmes et applications mis en œuvre. C’est ce que constatent les banques qui se trouvent à présent dans cette phase de transformation numérique. Les enseignements tirés ont certainement une influence sur leur opinion et alimentent le doute de savoir si l’architecture informatique actuelle est suffisamment parée pour les défis futurs.

« Êtes-vous d’avis que votre infrastructure / architecture informatique est assez « en forme » pour maîtriser les défis de la futur ? »

Le système informatique des banques est-il prêt pour l’avenir ?

OuiPlutôt ouiPlutôt non Non

2017

25%

53%

8%

2018

38%

43%

4%

15%

14%

Banques cantonales

Banques privées

Banques étrangères

Banques régionales

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Pour les banques suisses, les places de marché ou plateformes et la blockchain constituent la menace principale pour leurs affaires. Les banques régionales en particulier (66 %) se sentent fortement menacées par les places de marché et les plateformes d’échange, ce qui n’a rien d’étonnant car souvent, en moyenne 75 à 80% du produit d’exploitation des banques de détail provient des opérations d’intérêt. Les places de marché actuelles accroissent la transparence du marché et proposent des crédits à la consommation et des crédits aux entreprises de même que des hypothèques, à des prix nettement plus avantageux que les banques. En outre, ce phénomène assouplit les barrières de l’accès au marché hypothécaire pour les assurances et les caisses de pension. En raison de l’environnement de taux bas et de la pénurie de placements correspondante, les investissements en hypothèques sont intéressants.

Comme l’an dernier, 28 % des banques indiquent que la blockchain est la plus grande menace pour les établissements financiers. Cela, bien que l’on ne sache pas encore ce que cette technologie signifie pour les nouveaux modèles d’affaires et dans quel cas elle peut proposer une nette valeur ajoutée. En effet, il ne faut pas sous-estimer le potentiel de la blockchain, notamment dans les activités de placement. La protection ou la conservation d’actifs gagnera en importance avec

la digitalisation et la complexité grandissante des cyber-attaques et évoluera, éventuellement, vers une promesse de valeur ajoutée des gestionnaires d’actifs. La technologie de la blockchain est, entre autres, utilisée pour numériser les actifs et les conserver sous cette forme (« tokenization »). Cette technologie peut en outre permettre, le cas échéant, d’exécuter des transactions à moindre coût, directement et sans intermédiaire.

L’Open Banking renforcera ces phénomènes, notamment les places de marché et les plateformes; il n’y a guère de doute que ces modèles d’affaires verront le jour. Grâce à leur capacité à mieux traiter et interpréter les données clients et les appliquer pour créer des solutions individuelles, adaptées aux clients, les entreprises à la pointe des nouvelles technologies bénéficient d’un atout majeur pour acquérir des clients et les fidéliser.

Les plateformes et la blockchain représentent-elles la plus grande menace pour les établissements financiers ?« Selon vous, parmi les phénomènes suivants, quel est le phénomène le plus menaçant pour les banques traditionnelles ? »

Places de marchéMonnaies cryptoRobo-AdvisorsBlockchainPaiements sur internet / mobilesAucun

15%

14%

Banques cantonales

Banques privées

Banques étrangères

Banques régionales

2018

13%

4%

37%

2017

22%

28%

19%

11%

28%

7%

5%

16%

10%

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Alors que, l’an dernier, les voix des banques se concentraient sur les secteurs de l’analyse et des décisions ainsi que du Middle et du Back-office, le résultat de cette année est bien plus équilibré. C’est l’estimation selon laquelle l’intelligence artificielle (AI) et/ou les robots (automatisation des processus pour des étapes réalisées manuellement jusqu’ici) seront également utilisés dans des fonctions centrales comme les finances, les risques et la compliance qui a enregistré la plus forte progression (de 5% à 18%). Il convient par ailleurs de souligner que la part se prononçant contre l’AI ou les robots a diminué de sept points de pourcentage par rapport à l’année précédente.

Comme pour la blockchain, on ne sait pas encore très bien dans quels domaines l’intelligence artificielle peut offrir la plus grande valeur ajoutée aux banques et aux clients. Le marché hésite encore à réaliser des investissements importants. On observe avant tout l’évolution de cette technologie et ce que d’autres acteurs du marché font dans ce contexte. De nombreuses banques adoptent ici une stratégie de «suiveur».

L’atout incontestable des robots est qu’ils sont susceptibles de travailler 24h/24 et affichent un taux d’erreur inexistant pour leur tâche spécifique. Dans la gestion d’actifs, notamment comme fonction de soutien du conseiller à la clientèle basée sur un système, ils peuvent en outre sensiblement améliorer la qualité du conseil ou l’expérience du conseil pour le client.

« Êtes-vous d’avis que vous allez travailler avec AI / des robots dans votre banque ? Si oui, dans quelle domaine vous estimez le plus grand potentiel ? »

Robots et AI - incertitude quant aux possibilités d’utilisation

NonOui Conseil des clientsOui Analyses et décisions (p. ex. proposition d’investissement, décisions de crédit)Oui Middle / back officeOui fonctions centrale (Finance, Risk, Compliance)

2018

24%

29%

18%

19%

26%

5%

10%

Banques cantonales

Banques privées

Banques étrangères

Banques régionales

2017

27%

38%

5%

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50 | EY Baromètre des banques 2019 | Les signes de l’époque

Les banques suisses sont persuadées que la proximité avec les clients (40%) et une qualité élevée du conseil (27%) sont des critères déterminants pour fidéliser la clientèle à l’avenir. Les questions suivantes restent cependant encore sans réponse: Comment mesurer la proximité avec les clients ? Et comment atteindre, dans le contexte du conseil, non seulement la perception de la valeur ajoutée pour le client, mais également comment une augmentation de la qualité du conseil peut être génératrice de valeur ?

L’étude sur la pertinence d’EY (2016) révèle une divergence croissante entre la satisfaction des clients et leur loyauté. Un client final sur deux interrogé en Suisse est satisfait de la qualité du conseil de sa banque, mais il apparaît un potentiel d’amélioration dans d’autres secteurs; selon cette étude, 83% des clients bancaires interrogés sont persuadés que la banque n’agit pas dans leurs intérêts financiers durables. 67% affirment que les produits et services pourraient être mieux adaptés à leurs besoins. 70% des clients bancaires indiquent que la banque ne comprend par leurs exigences individuelles.

En effet, le secteur des prestations financières accuse un recul par rapport à d’autres secteurs en termes de compréhension des besoins des clients. On ne sait toujours pas quels sont les besoins véritables des clients, ni quels moteurs implicites motivent leurs décisions. La segmentation et le traitement des clients selon des caractéristiques classiques ne sont guère judicieux si l’on souhaite disposer d’un modèle d’affaires d’avenir. La clé du succès réside plutôt dans le positionnement du client individuel en adaptant en conséquence les produits, les canaux de distribution et de communication.

Que souhaitent les clients? Les nouveaux modèles d’affaires, qui affichent une croissance supérieure à la moyenne de la base de clientèle, impliquent que les trois prestations suivantes revêtent une importance centrale : solutions financières individuelles avec conseil global (1), la best execution (2) et la commodité de la solution(3), comme les clients d’autres secteurs le connaissent. Dans le conseil en placement notamment s’y ajoute la protection des actifs et des données personnelles (4).

Proximité avec les clients et qualité élevée du conseil pour garantir l’interface clients« Selon vous, quel facteur est déterminant pour assurer la fidélité des clients à l’avenir ? »

Sécurité / stabilité de la banqueProximité avec le clientConseil de haute qualitéExcellente offre en ligneBon rapport qualité prixRéputation de la banqueInnovation

Banques cantonales

Banques privées

Banques étrangères

Banques régionales

2018

3%

10%3%

10%

7%

40%

27%

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8. Thèmes prioritaires en 2019

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Alors que ces dernières années, les banques étaient très occupées par la mise en œuvre des nouvelles dispositions réglementaires, la croissance et l’innovation sont à nouveau à l’ordre du jour aujourd’hui. Ces thèmes sont davantage mis en avant depuis un certain temps déjà. Alors qu’il y a deux ans, seulement 27% des banques interrogées avaient défini la croissance et l’innovation comme des thèmes prioritaires, elles étaient déjà 43% l’an dernier et même près de la moitié (49%) aujourd’hui.

Pour un tiers des banques interrogées, les programmes visant à améliorer l’efficacité et les mesures de réduction des coûts constituent le thème clé des six à douze mois suivants. Cela représente une légère hausse par rapport à la valeur de l’année précédente de 27%.

Bien que les banques n’aient peu d’espoir de voir diminuer la vague réglementaire dans le secteur financier, le programme de réforme réglementaire n’est prioritaire que pour 19% des banques dans les six à douze mois suivants (année précédent : 30%).

Les divergences de priorités stratégiques ne sont contradictoires qu’à première vue. À long terme, il sera en effet déterminant pour les banques de trouver le juste équilibre entre croissance du chiffre d’affaires et hausse de la rentabilité. Au vu des résultats du sondage, il apparaît que les banques souhaitent miser résolument sur l’innovation (et sont obligées de le faire sur le long terme), mais qu’à court terme, elles sont toujours très occupées par les mesures de réduction des coûts, devenues nécessaires suite à l’érosion des marges.

À court terme, les mesures de réduction de coûts peuvent tout à fait permettre d’atteindre l’objectif, cependant, à long terme, les banques devront mieux gérer les possibilités de standardisation et d’automatisation des processus d’affaires sans pour autant négliger le programme des innovations.

« Parmi les thèmes suivants, quel est celui qui, selon vous, devrait dominer au cours des 6 à 12 prochains mois au sein du secteur financier ? »

L’innovation en point de mire – la réduction des coûts comme tâche à accomplir

Innovation et croissance du chiffre d’affairesBaisse des coûts et amélioration de l’efficacitéRisques, compliance et réglementation

Banques cantonales

Banques privées

Banques étrangères

Banques régionales

2017

30%

27%

43%

2018

19%

32%

49%

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53EY Baromètre des banques 2019 | Les signes de l’époque |

D’un point de vue stratégique, les banques souhaitent à nouveau davantage se consacrer à l’innovation et la croissance ainsi qu’à la réduction des coûts et l’amélioration de l’efficacité. Le fait que ces thèmes concrets soient mentionnés reflète la quête d’un bon équilibre entre ces deux orientations stratégiques et l’on retrouve un mélange relativement équilibré de thèmes issus de ces deux domaines.

Cependant, dans le domaine de la sécurité et de la réglementation, la cybersécurité constitue, à l’instar de l’année précédente, l’un des thèmes figurant en tête de la liste des priorités. Ce résultat n’est pas surprenant, car de nombreuses banques considèrent désormais le risque résultant de cyberattaques ciblées comme la plus grande menace pour leur modèle d’affaires.

Par rapport à l’année précédente, l’image est assez équilibrée en ce qui concerne les thèmes prioritaires des banques. Il est surprenant que les banques souhaitent vraisemblablement atteindre la croissance escomptée dans les affaires de placement par des investissements dans les conseils et les canaux de distributions (2e position) et non par la conception de nouveaux produits de placement (19e position). Par ailleurs, les banques sont tout à fait conscientes qu’elles doivent continuer à investir sensiblement dans les mesures

de perfectionnement de leur personnel afin de préparer au mieux leurs salariés aux changements escomptés dus à la digitalisation (3e position). Les vastes implications de la réforme IBOR sont actuellement seulement dans le viseur des grandes banques et nombreux sont les établissements qui, vraisemblablement, les sous-estiment (17e position).

Dans l’ensemble, les thèmes prioritaires des banques pour l’année à venir montrent qu’elles ont plutôt tendance à peu s’occuper d’une possible transformation de leur modèle d’affaires. Ainsi, les thèmes «Transformation vers de nouveaux modèles d’affaires», «Partenariats avec des acteurs non bancaires», «Constitution de nouveaux domaines d’activité» et «Nouveaux marchés et internationalisation» sont plutôt relégués en milieu, voire très loin dans les priorités des thèmes essentiels. La question est de savoir si ce «more of the same» sera vraiment suffisant pour préparer durablement les banques pour l’avenir.

« More of the same » comme positionnement stratégique ?

« Parmi les thèmes et activités suivants, lesquels auront, selon vous, une grande importance au cours des 6 à 12 prochains mois dans le secteur financier ? »

Innovation et croissance du chiffre d’affairesBaisse des coûts et amélioration de l’efficacitéRisques, compliance et réglementation

Ranking 2018 2017 2016Cybersécurité 1 1 2Investissement dans l’interaction avec les clients et les canaux de distribution 2 3 6Investissement dans la formation 3 - -Optimisation des processus et industrialisation 4 2 1Augmentation du rendement et réduction des coûts 5 4 4Culture / comportement / risque en matière de conduite 6 6 8Transformation et poursuite du développement du modèle 7 5 3Big Data 8 - -Risque de crédit 9 13 5Risque de taux d’intérêt 10 8 7Mise en place de partenariats dans le secteur non bancaire 11 7 15Solvabilité 12 16 14Risque opérationnel 13 14 10Acquisitions 14 12 11Mise en place de dispositions en matière de protection des consommateurs 15 9 13Outsourcing et offshoring 16 10 17Changement des taux d'intérêt de référence des taux interbancaires offerts (IBOR) 17 - -Risque juridique 18 15 12Développement de nouveaux produits et services 19 11 9Développement de nouveaux secteurs 20 17 16Conquête de nouveaux marchés étrangers/Internationalisation 21 18 18

1 2 3 4 5

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9. Banking en 7 à 10 ans

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55EY Baromètre des banques 2019 | Les signes de l’époque |

Dans le sillage de la dernière crise financière, les banques ont dû appliquer toute une série de nouvelles réglementations, sur le plan international et national. Dans ce contexte, l’étendue et la complexité des projets réglementaires mis en œuvre étaient en partie considérables. Des exigences de capitaux et de liquidités nettement plus élevées, des réglementations plus sévères dans le négoce des produits dérivés et des dispositions en matière de protection des investisseurs ne sont que quelques mots-clés que l’on peut citer dans ce contexte. De nombreuses faiblesses éclatantes qui existaient déjà avant la crise financière ont entre-temps été résolues et les banques disposent aujourd’hui d’une meilleure stabilité et d’une meilleure résistance à la crise qu’avant la crise.

Bien que de nombreuses avancées aient été réalisées et que les banques s’appuient aujourd’hui sur une base plus solide qu’il y a quelques années encore, la grande majorité des banques suisses (69%) ne s’attend pas à une fin de la vague de réglementation. L’espoir formulé par les banques dans le cadre l’étude de l’année précédente de voir la réglementation du secteur financier plutôt diminuer à nouveau à l’avenir s’est à nouveau amenuisé cette année.

Ce renversement de tendance est perceptible en particulier chez les banques cantonales. Alors que l’an dernier, près de la moitié des banques cantonales interrogées (46%) étaient d’avis que la vague de réglementation avait atteint son apogée, 80% sont à nouveau convaincues que la réglementation du secteur financier s’intensifiera à l’avenir.

« Quelle est votre position par rapport à l’affirmation suivante ? » Le secteur bancaire en Suisse sera encore beaucoup plus réglementé à l’avenir

Pas de fin de la vague de réglementation en vue

Pas du tout d’accordPlutôt pas d’accordPlutôt d’accordTout à fait d’accord

20%

31%

49%

2018

2%

13%

2017

35%

50%

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56 | EY Baromètre des banques 2019 | Les signes de l’époque

En 2017, les banques suisses ont réalisé une création brute de valeur de CHF 31,0 milliards, ce qui représente une part de 4,8% de la création brute de valeur totale de la Suisse. Par rapport à la part relative de 8,6% environ au début du millénaire, cela représente un net recul.

Pour évaluer la capacité de valeur ajoutée du secteur bancaire, il faut cependant tenir compte du fait que les banques sont fortement liées, au niveau économique, à d’autres secteurs. En 2017, la création de valeur supplémentaire générée par d’autres sous-traitants se montait à CHF 16,7 milliards En respectant cette valeur, la création de valeur effective du secteur bancaire se situe à 7,3% au sens large.

Les banques sont cependant peu confiantes quant au développement futur de la création de valeur ajoutée des banques suisses. 63% des banques interrogées estiment que la valeur ajoutée des banques n’augmentera pas à l’avenir. Bien que les représentants de banque sondées soient convaincus que leur établissement poursuivra sa croissance (ils sont bien plus de 80% à partager cette conviction), ils entrevoient l’avenir sous un jour moins brillant pour l’ensemble du secteur.

Le changement structurel qui pourrait voir l’émergence de nouveaux modèles d’affaires ayant un effet disruptif, la digitalisation, la baisse des prix des services bancaires, un cadre macroéconomique exceptionnel, les relations actuellement difficiles avec l’UE, l’érosion des marges dans l’activité bancaire classique: tous ces développements amènent les banques interrogées à la conviction qu’il n’y aura pas d’accroissement sensible de la création de valeur des banques suisses, malgré de bonnes perspectives de croissance pour certains établissements.

« Quelle est votre position par rapport à l’affirmation suivante ? » La valeur ajoutée des banques suisses sera plus élevée dans 7 à 10 ans qu’aujourd’hui

Croissance sans création de valeur ?

1 Polynomics AG: «Wertschöpfung und Beschäftigung im Schweizer Finanzsektor 2017 » (Création de valeur et emplois dans le secteur financier suisse), p. 3

2018

54%

29%

8%9%

Tout à fait d’accordPlutôt d’accordPlutôt pas d’accordPas du tout d’accord

Banques cantonales

Banques privées

Banques étrangères

Banques régionales

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57EY Baromètre des banques 2019 | Les signes de l’époque |

Depuis l’éclatement de la crise financière il y a dix ans, le secteur bancaire a connu des transformations profondes. La vague de nouvelles réglementations a obligé de nombreuses banques à accroître leurs fonds propres et revoir leurs modèles d’affaires. Par ailleurs, le niveau durablement bas des intérêts entame le revenu des banques et engendre une érosion massive des marges. Le résultat: un net recul de la rentabilité des banques suisses. Les banques interrogées ne changeront pas leur avis sur ce point à long terme. 70% des banques estiment qu’au cours des prochaines années, les actionnaires devront se préparer à une baisse des rendements. Elles sont moins nombreuses que l’année précédente à partager cet avis (74%), mais représentent toujours une grande majorité.

Aujourd’hui, de nombreuses banques sont loin d’avoir atteint leur objectif en matière de rendement des fonds propres et à l’heure actuelle, rien ne laisse présager une amélioration de la situation dans un proche avenir. Même si les modèles d’affaires des banques américaines divergent, en partie, largement de ceux des banques suisses, un regard outre-Atlantique peut cependant susciter une lueur d’espoir: depuis quelques trimestres, de nombreux grands établissements américains réalisent à nouveau des rendements enviables dépassant parfois 15%. Cela notamment grâce à des intérêts américains en hausse depuis peu et à la progression des marges en découlant dans les activités de crédit. Au vu de cette évolution, on comprend pourquoi les banques en Europe et en Suisse demandent aux banques centrales de resserrer la politique monétaire.

« Quelle est votre position par rapport à l’affirmation suivante ? » À l’avenir, les actionnaires des banques devront s’attendre à des rendements plus faibles

Des rendements inférieurs à la nouvelle « normalité »

Pas du tout d’accordPlutôt pas d’accordPlutôt d’accordTout à fait d’accord

21%

3%

27%

49%

2018

22%

2017

26%

52%

100%

90%

80%

70%

60%

50%

40%

30%

20%

10%

0%2012 2013 2014 2015 2016 2017 2018

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58 | EY Baromètre des banques 2019 | Les signes de l’époque

Les banques sont toujours majoritairement (66%) d’avis que des concurrents externes au secteur menacent leur position sur le marché. Mais c’est la première fois depuis la réalisation de cette étude que le sentiment de menace ne s’est pas accentué (année précédente: 73%).

Les banques semblent se faire progressivement une idée plus précise des futurs modèles d’affaires dans le secteur bancaire ainsi que des faiblesses éventuelles des modèles d’affaires des prestataires externes à la branche. Cela leur permet de mieux se préparer à la nouvelle situation concurrentielle et de se développer en conséquence. On peut également espérer que les prestataires externes à la branche auront encore besoin d’un certain temps avant de devenir une concurrence sérieuse pour les banques.

Par conséquent, les banques ont un peu plus d’espoir de pouvoir défendre leur position sur le marché à l’avenir et de ne pas devoir céder la place à d’autres prestataires. On observe cette confiance accrue dans tous les groupes bancaires.

« Quelle est votre position par rapport à l’affirmation suivante ? » Des concurrents externes à la branche (Non-Banks) menacent la position des banques sur le marché

Les banques prévoient toujours une concurrence externe à la branche

Pas du tout d’accordPlutôt pas d’accordPlutôt d’accordTout à fait d’accord

14%

2%

32%

52%

2018

22%

2017

27%

51%

100%

90%

80%

70%

60%

50%

40%

30%

20%

10%

0%2012 2013 2014 2015 2016 2017 2018

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59EY Baromètre des banques 2019 | Les signes de l’époque |

Près de deux tiers des banques estiment qu’à l’avenir également, elles pourront défendre l’interface client et être utiles pour la vie quotidienne des consommateurs. Cet optimisme au sein du secteur bancaire n’est guère surprenant en raison de l’importance essentielle de ces deux questions pour le modèle d’affaires des banques. Il est d’autant plus surprenant que près d’un tiers des établissements sont convaincus du contraire, remettant ainsi fondamentalement en question la pérennité de l’activité bancaire dans sa forme actuelle.

Une partie des banques est vraisemblablement persuadée que l’activité bancaire connaîtra un changement fondamental et que les modèles d’affaires traditionnels ne pourront plus fonctionner à l’avenir. En plus du développement technologique, de la digitalisation et des besoins des clients sans cesse changeants, les évolutions dans l’«Open Banking» pourraient expliquer ce scepticisme. Ainsi, les banques en Europe doivent donner aux établissements financiers externes l’accès à leurs systèmes et ouvrir l’interface clients en raison de nouvelles dispositions réglementaires (directive relative aux services de paiement ou PSD2).

Le renouvellement de l’interface clients ou «Open Banking» pourrait conduire à un changement de paradigme dans le secteur bancaire et compromettre les modèles d’affaires traditionnels des banques. Dans ce contexte, il n’est pas surprenant que les représentants de la branche rejettent l’instauration d’une réglementation équivalente à la PSD2 en Suisse et soulignent les risques que cela comporte en termes de sécurité et de protection des données des clients.

Malgré ces doutes partiellement justifiés, il faut s’attendre à ce que l’«Open Banking» continue à se développer même sans réglementation légale et finisse par s’imposer. Dans ce contexte, de nouveaux systèmes économiques et plateformes numériques pourraient voir le jour sous forme modulaire et par conséquent, changer fondamentalement la manière dont les prestations financières sont mises à disposition.

« Quelle est votre position par rapport à l’affirmation suivante ? » Les banques suisses perdront progressivement le contrôle de l’interface client et deviendront de plus en plus de véritables fournisseurs de produits financiers

« Quelle est votre position par rapport à l’affirmation suivante ? » Les banques dans leur forme actuelle seront pertinentes dans la vie quotidienne des consommateurs dans 7 à 10 ans

Les banques entendent défendre l’interface client

Pas du tout d’accordPlutôt pas d’accordPlutôt d’accordTout à fait d’accord

28%

19%14%

3%12%

55%

2018

18%

51%

2018

Tout à fait d’accordPlutôt d’accordPlutôt pas d’accordPas du tout d’accord

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60 | EY Baromètre des banques 2019 | Les signes de l’époque

La grande majorité des banques suisses (78%) ne croit pas que les banques partageront à l’avenir des informations financières sur les clients avec des entreprises technologiques mondiales comme Facebook ou Google.

Au vu des évolutions réglementaires au sein de l’UE, ce point de vue est tout à fait étonnant. En raison de la directive relative aux services de paiement PSD2 entrée en vigueur en janvier 2018, les banques européennes doivent autoriser des tiers légitimes à accéder aux données de compte de leurs clients et à déclencher des paiements. Les banques titulaires du compte ont l’obligation de mettre en œuvre à cet effet les interfaces informatiques nécessaires (API). Aux États-Unis aussi, de plus en plus de signes indiquent que l’échange des données de clients bancaires avec des grandes entreprises technologiques ne devrait plus trop tarder à devenir réalité. Ainsi, selon les médias, les géants technologiques mondiaux comme Google, Amazon ou Facebook ont déjà invité de nombreuses grandes banques américaines à échanger des informations financières détaillées sur leurs clients.

Au vu de ces évolutions internationales, il semble tout à fait possible que le changement vers l’«Open Banking» s’imposera également en Suisse malgré les obstacles réglementaires actuels. Pour les clients privés notamment, un tel développement n’est qu’une question de temps.

Cependant, la question décisive est de savoir si, pour des raisons de commodité, les clients bancaires demanderont un échange accru de données avec des prestataires tiers ou s’ils privilégieront la sécurité des données et la confidentialité.

De nombreuses banques estiment qu’au cours des prochaines années, on observera une tendance inverse vers une ouverture toujours plus grande de l’interface client et des droits d’accès pour des tiers, qui mettra un terme à l’échange de données avec des tiers.

« Quelle est votre position par rapport à l’affirmation suivante ? » À l’avenir, les banques suisses échangeront des informations financières sur des clients avec des sociétés technologiques mondiales telles que Facebook ou Google

Pas d’échange de données avec Facebook ou Google

Pas du tout d’accordPlutôt pas d’accordPlutôt d’accordTout à fait d’accord

2018

53%

1%

21%25%

Banques cantonales

Banques privées

Banques étrangères

Banques régionales

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De plus en plus de concurrents externes au secteur financier entrent sur le terrain des banques et attirent les clients avec des prestations avantageuses. En outre, les clients exigent de plus en plus des solutions numériques pour lesquelles ils ne sont pas disposés à payer un prix élevé. Il n’’est donc pas surprenant que 74% des banques interrogées anticipent une baisse des prix des services bancaires. La pression sur les prix des banques a donc de nouveau augmenté par rapport à l’année précédente (année précédente: 67%).

L’optimisme largement répandu auprès des banques cantonales l’an dernier en termes d’évolution des prix a disparu. Alors que, l’an dernier, nettement moins de la moitié des banques cantonales interrogées (38%) s’attendaient à une baisse des prix pour les prestations bancaires, cette part enregistre une nette progression à 85 %. La grande proximité des clients et la sécurité élevée en raison des garanties de l’État existantes restent des arguments importants pour fidéliser les clients. Cependant, cela ne suffit pas à arrêter à long terme la pression sur les prix.

Dans le Private Banking par contre, on s’attend à une pression sur les prix plus faible par rapport à l’année précédente. 68% des banques privées (année précédente: 78%) s’attendent à ce que les prix des prestations bancaires diminuent au cours des sept à dix prochaines années.

« Quelle est votre position par rapport à l’affirmation suivante ? » Les prix des prestations bancaires diminueront

Pas de fin de la pression sur les prix en vue

Pas du tout d’accordPlutôt pas d’accordPlutôt d’accordTout à fait d’accord

20%

3%

23%

54%

2018

5% 15%

2017

28%

52%

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86% de toutes les banques estiment que le recrutement de talents sera plus difficile pour les banques à l’avenir, ce qui est nettement plus que l’année précédente (70 %). Cette prise de conscience s’est encore accentuée au cours de l’année précédente dans tous les groupes bancaires, notamment les banques privées et les banques de gestion de fortune. 85% d’entre elles estiment que la guerre des talents sera encore plus acharnée (année précédente: 60%).

De nombreuses prévisions partent de l’hypothèse que l’évolution démographique conduira à une pénurie de personnel qualifié. En outre, la digitalisation et le changement structurel transforment le monde du travail. Les anciens profils professionnels sont remplacés par de nouveaux profils plus complexes et exigeants. Cette évolution sera encore renforcée par l’interruption de la chaîne de création de valeur ajoutée et de l’augmentation du degré de spécialisation qui en découle.

Afin de faire face à ce changement, les banques ont besoin de nouveaux collaborateurs mieux adaptés aux nouveaux défis. La recherche de collaborateurs disposant des profils professionnels recherchés devant être encore plus difficile à l’avenir, les banques doivent investir davantage dans des mesures de formation et de perfectionnement. Il est dès lors essentiel pour les banques d’évaluer dès à présent les profils professionnels qui seront déterminants pour le futur succès des affaires.

« Quelle est votre position par rapport à l’affirmation suivante ? » Le recrutement des talents devient plus difficile pour les banques

La guerre des talents s’intensifie

Pas du tout d’accordPlutôt pas d’accordPlutôt d’accordTout à fait d’accord

Banques cantonales

Banques privées

Banques étrangères

Banques régionales

13%

1%

53%

33%

2018

5%21%

2017

25%

49%

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Tout à fait d’accord Plutôt d’accord Plutôt pas d’accord Pas du tout d’accord

Le secteur bancaire connaît aujourd’hui un changement, tant sur le plan international qu’en Suisse. Les banques se voient confrontées à des défis multiples et parfois fondamentaux. Dans ce contexte, la question se pose de savoir quelles seront les perspectives d’avenir des modèles d’affaires établis des banques suisses. Certes, les banques entrevoient toujours des perspectives positives pour l’ensemble des domaines d’activité – à l’exception de l’Investment Banking – mais leur estimation s’est sensiblement dégradée.

Les meilleures perspectives (69%) sont attribuées au Private Banking (moins 10 points de pourcentage), suivi par le Retail Banking et l’Asset Management avec tous deux 56% (respectivement moins 8 et moins 13points de pourcentage). Pour l’Investment Banking, seules 22% des banques considèrent que les perspectives d’avenir sont intactes (moins 26 points de pourcentage).

« Quelle est votre position par rapport à l’affirmation suivante ? » Les domaines d’activité suivants ont-ils de bonnes perspectives d’avenir ?

Les perspectives d’avenir des banques s’assombrissent quelque peu

2018 2018 2018 2018

44%31%

44%

18%18%

52%

54%

52%

60%

2018 2018 2018 2018

35%

54%

2017

19%

56%

2017

30%

55%

2017

47% 43%

2017

4%15%

4% 4%

10%23%

14%

5%1% 2% 1% 5%

Retail Banking Private Banking/WM Asset Management Investment Banking

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10. Messages clés

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L’environnement de marché des banques reste exigeant Plus de 10 ans se sont écoulés depuis l’avènement de la crise financière et économique en 2007. La politique monétaire des principales banques centrales se caractérise depuis par des mesures plutôt non conventionnelles comme des taux d’intérêt négatifs et de vastes programmes d’achat d’obligations. Certes, ces mesures ont eu immédiatement l’effet souhaité et préservé l’économie mondiale d’une spirale négative incontrôlable, cependant, les conséquences indésirables de cette évolution sur le long terme sont maintenant clairement visibles. Les prix de nombreuses valeurs patrimoniales ont atteint de nouveaux records et la dette globale a augmenté de façon spectaculaire. Elle se monte aujourd’hui à plus de 300% du PIB mondiale.

En plus de ces conditions-cadres difficiles sur le plan macroéconomique et monétaire, les banques ont dû mettre en œuvre toute une série de nouvelles réglementations, sur le plan international et national. Outre le net renforcement des dispositions relatives aux fonds propres et aux liquidités, il faut citer également la garantie de la perception des recettes fiscales, qui a mené à une transformation en profondeur de la gestion de fortune transfrontalière des banques suisses. Il convient par ailleurs de constater que les autorités de régulation représentent de plus en plus les intérêts nationaux et posent des exigences supplémentaires aux sites étrangers respectifs, ce qui rend une gestion globale des affaires bancaires nettement plus difficile.

Cette situation pose d’énormes défis aux banques. La politique des taux bas a fait fondre les marges dans les activités de crédit et les produits des intérêts sont restés stables uniquement grâce à une nette progression des activités de crédit. Dans les opérations de commissions et des prestations de service également, les banques ont dû gérer des réductions de marges douloureuses. Les raisons sont multiples: outre la sensibilité généralement plus élevée aux prix de la clientèle de gestion de fortune, la régularisation fiscale des valeurs patrimoniales étrangères auprès des banques suisses effectuée au cours des dernières années en fait certainement aussi partie.

Dans ces conditions difficiles, les banques se sont relativement bien défendues jusqu’ici. Il convient néanmoins de souligner que depuis le début du nouveau millénaire, le résultat consolidé des banques suisses a baissé de 9,1% et la marge brute consolidée résultant de l’activité de 40,9%. Ce développement a également des conséquences sur la création de valeur des banques, qui a diminué, depuis 2000, de CHF 6,8 milliards, soit de 18%. La part relative des banques à la création de valeur globale de l’économie suisse ne se situe aujourd’hui qu’à 4,8%, contre 8,6% en 2000.

Les taux d’intérêt négatifs pèsent toujours lourdement sur les banques – la disposition à répercuter ces coûts augmente, mais pas pour les clients de détail Les banques croulent sous la charge des taux d’intérêt négatifs et, d’année en année, jugent la politique de taux bas de plus en plus négative. Jusqu’à présent, elles ont pu éviter un fléchissement du résultat des opérations d’intérêts grâce à une massive extension du volume de leurs livres de crédit. Mais le marché hypothécaire montre des tendances à la saturation, si bien que la considérable croissance de ces dernières années ne se poursuivra probablement pas à l’avenir. Dès lors, le problème de rentabilité des banques menace de s’aggraver à long terme. Par conséquent, on ne s’étonnera pas que la disposition des banques à supporter à elles seules le fardeau des taux d’intérêt négatifs diminue chaque année. Alors qu’en 2015, encore 70% des banques interrogées avaient catégoriquement exclu de répercuter les taux d’intérêt négatifs, elles ne sont plus que 34% depuis. Par ailleurs, un tiers des banques interrogées indiquent toujours vouloir abaisser bientôt le seuil à partir duquel elles répercutent les taux d’intérêt négatifs. Mais dans le segment de la clientèle de détail, de telles mesures restent impensables pour la quasi-totalité des banques et il n’est actuellement guère envisageable de ponctionner les fortunes de clients inférieures à CHF 100’000 par des taux négatifs.

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Le régime des petites banques est accueilli favorablement – mais les banques ont peu d’espoir de voir une fin prochaine de la vague réglementaire et s’attendent toujours à des coûts de la réglementation élevés La FINMA a lancé en juillet de cette année la phase pilote du «régime des petites banques», qui s’accompagne d’allégements concrets au niveau de la réglementation applicable aux petites banques (c.-à-d. les banques appartenant aux catégories de surveillance 4 et5). La moitié des banques (56 %) – en particulier les établissements de petite et moyenne tailles– saluent l’assouplissement de la réglementation. Mais pour de nombreuses banques, les allégements réglementaires ne vont pas encore assez loin et les banques souhaitent un élargissement du régime des petites banques à d’autres banques ainsi qu’à d’autres domaines de réglementation.

L’espoir clairement exprimé l’an dernier que les efforts de réglementation et les coûts s›y rattachant aient atteint leur point culminant et qu’un retour à la normale avec moins de réglementation et des coûts moins élevés intervienne à présent ne s’est pas encore confirmé. Ainsi, cette année également, moins d’un tiers des banques interrogées s’attendent à ce que le secteur financier soit moins réglementé à l’avenir. En même temps, 82 % des banques pensent que les coûts de la réglementation resteront élevés et ne baisseront pas durablement.

Lutte pour l’accès au marché de l’UE – les banques privées et les banques de gestion de fortune redoutent des conséquences négatives Environ la moitié des fortunes gérées par les banques suisses provient de clients internationaux. Avec une part de marché de 27,5 % dans la gestion de fortune transfrontalière avec les clients privés, la Suisse est même leader du marché mondial dans ce secteur. Pour la compétitivité des banques suisses, il est par conséquent essentiel d’accéder

aux marchés internationaux, notamment au marché européen. Pour garantir l’accès des banques suisses au marché européen, la politique suisse est déjà en train de négocier avec l’UE un accord sur les services financiers devant déterminer les règles principales des futures relations. Sans véritable succès jusqu’à présent.

Malgré la menace de la perte de l’accès au marché européen, les banques suisses gardent la tête froide. Presque de deux tiers des banques interrogées ne craignent pas de conséquences graves pour leur établissement. Les différents groupes bancaires ont cependant un avis très différent à ce sujet. Les banques privées et les banques de gestion de fortune fortement ancrées dans l’activité de gestion de fortune transfrontalière sont nettement plus nerveuses. Seules 27% d’entre elles n’entrevoient pas de répercussions négatives pour leur établissement. La majorité de ces banques serait, le cas échéant, contrainte d’ouvrir de nouvelles agences à l’étranger, voire de délocaliser sur les sites étrangers des secteurs importants de la chaîne de création de valeur ajoutée, et donc également des emplois. Cela serait un affaiblissement de la place financière suisse.

La prise de conscience de l’importance fondamentale de la digitalisation pour le secteur financier augmente d’année en année Les banques suisses sont de plus en plus conscientes que la digitalisation revêtira une importance fondamentale pour les modèles d’affaires des banques. Deux tiers des banques en sont désormais persuadées.

La digitalisation est le facteur le plus important d’un changement structurel à long terme. Il sera intéressant d’observer si suite à la prise de conscience croissante par les banques des répercussions fondamentales de la digitalisation, celles-ci se pencheront davantage sur les problématiques fondamentales du changement structurel et entameront des réflexions globales sur la façon dont peuvent se présenter des modèles d’affaires durables pour les banques dans un monde digitalisé.

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Les banques recherchent toujours la croissance et misent sur les activités de placement – l’innovation figure en tête de l’agenda stratégique Mais malgré cet environnement de marché exigeant, les banques envisagent toujours l’avenir avec optimisme et s’attendent à une hausse des résultats d’exploitation. On retrouve cet optimisme dans tous les horizons de planification. Cet optimisme est tout à fait étonnant dans le contexte global général avec des marges à la baisse et une pression en faveur du changement dans leur cœur de métier ainsi que des tensions géopolitiques et des signes d’une baisse de la dynamique de croissance de l’économie mondiale.

Alors que, ces dernières années, les banques ont enregistré une croissance soutenue en particulier dans les activités de crédit, la majorité d’entre elles considèrent à présent que le potentiel de croissance le plus fort réside dans les activités de placement (conseil en placement et gestion de fortune). Il reste à savoir si cette stratégie de diversification donnera vraiment les résultats escomptés pour la majorité des banques. Les ambitions des banques dans ces activités risquent d’être plus élevées que le potentiel de marché effectif.

Les ambitions de croissance des banques suisses se reflètent également dans leur orientation stratégique générale pour les douze mois à venir. Alors que ces dernières années, les banques ont mis l’accent sur la mise en œuvre des nouvelles dispositions réglementaires, ce sont la croissance et l’innovation qui sont à nouveau à l’ordre du jour aujourd’hui.

Quels sont les signes du temps et comment les banques peuvent-elles y faire face? L’état d’urgence économique persiste depuis quelques années déjà. Plus cet état perdurera, plus les risques de corrections de marché ou de turbulences sur les marchés financiers internationaux sont élevés. Il est aussi vrai que, en raison de la politique monétaire déjà très expansionniste, la marge de manœuvre des banques centrales leur permettant de réagir à une nouvelle crise est fortement réduite. Aux difficultés monétaires et économiques s’ajoutent les tensions géopolitiques sans cesse croissantes. Le protectionnisme commercial grandissant ainsi que l’ascension politique de mouvements nationalistes dans les principales nations industrielles pourraient également constituer une menace pour l’économie mondiale.

D’une manière générale, on peut affirmer que par rapport à ces dernières années, les perspectives d’avenir actuelles sont de nouveau de plus en plus marquées par l’incertitude. Même si les répercussions directes de la crise financière sont moins perceptibles aujourd’hui, force est de constater que les problèmes mondiaux de la dette n’ont toujours pas été résolus en substance.

Que cela signifie-t-il pour les banques suisses ? D’une part, il serait catastrophique de se voiler la face et d’ignorer les signes de notre époque. Une prudence accrue pourrait être le mot d’ordre. Mais de l’autre, il convient également d’identifier les opportunités et d’en faire usage. Précisément en période de turbulences, les forces traditionnelles de la Suisse et de la place financière suisse, à savoir la sécurité et la protection des actifs, sont très demandées. Grâce à leur stabilité et à leur dotation en capital supérieure à la moyenne, à leur expertise de renommée mondiale ainsi qu’à la stabilité politique de la place économique de la Suisse, les banques suisses ont de bons arguments à faire valoir pour attirer la clientèle internationale.

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EY | Assurance | Tax | Transactions | Advisory

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