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f éd ition
Des années qu'on en parle. Lenumérique. L'ère du numérique.Des années que Ia révolution dunumérique est annoncée sans ja-mais véritablement (paradoxeen informatique) être au pro-gramme. À l'approche de 2010,les projections futuristes d'au-trefois semblent plus que jamaisteintées de naiveté anti- ou pro-technologique. On perçoit mieux,en définitive, quel sera l'avenirdes textes.
ormis des puristes attachés à ce
qui la précède pour des laison'cle u qualité ,, d'habitude or.r de
préference artisanale, I'appropriation dumonde en succession de u 1 o et de u 0 ,s'est attirée dans les pa1.s les pius déve-
loppés la sympathie d'un vaste public,toutes classes sociales, gér-rérations et
sexes confbndus. Suivie par un erandnombre de convaincus dans les do-maines de la photographie et
de la musique, qu'elle a re-
modelés de part en part ne
fût-ce qu'en les renc{ant plus
transrnissibles et plus con-sommables que jamais, la ré-
volution numérique avait en-
core à faire ses preuves en
matière de livres. Autant le
dire tout de suite : ce n'estpas faute d'avoir essayé. Maislà oir l'image er Ie son (r'oire
la combinaison des deux, à
travers la vidéo ou la tcjlér.i-
sion numérique) se sont relir-
tircrnertt bien priti. nu icrr.
les difficultés propres aLr
a I'heure du numérique
texte se sont révélées au fur et à rnesure,
au désespoir des investisseurs.
Avant d'entrer dans 1e vif du sujet, en-
core faut-il savoir de quoi il est ques-
tion. Plus qu'aucun autre, le numériquedemeure un terme flou, cuisiné à toutes
les sauces, dont les niveaux d'interven-tion ont tendance à se confondre. Le
site \(/eb de l'éditeur, le portail de ven-
tes en ligne (de tvpe Amazon), le fichierqui circule et se lit sur écran d'ordina-teur, sur reader (tablette de lecture) ousur tout âutre support, autant de cas
concrets bâtis sur les avancées du numé-rique mais finalement âssez pell compa-
rables. Par mesure de clarté, la visite quiva suivre se découpera donc en troisparties ou salles successives. Premièresalle, ce que le numérique a changé au
métier d'éditeur. Deuxième salle, ce que
le numérique apporte à la commerciali-sation du u livre papier'r. Troisièmesalle enfin, ia plus riche en commen-taires de toutes sortes. celle du u livre
P onniers de l'av ation . eux non plus, on ne croya t pas qu'ils arriverarenlà déco ler un 1our. Et pourtant...
électronique u, oii les arbrcs sc discntqu'ils ont tout I'avenir devant eux.
UN OUTIL AU SERVICE DE
tA PROFESSIONParmi les innomblables messages d'au-teurs qui arrivent par mail tous lcs jours,
un PDF qui attire l'attention. Une ban-de dessinée. À moins qu'un des auteurs
de la maison n'ait transmis son dernierroman. Le ficirier circule à nouveau par
mail entre tous les collaborateurs de lamaison. Ça se répond dans tous les
senr. C'est décidé, le manuçcrir,,vaêtle publié. Comme l'auteur n'est pas
un génie du traitement de texte, on de-
mande au responsable de la préparationdes manuscrits de le passer au net-toyâge. En d'autres termes, le fichier est
débarrassé de toutes ses impuretés :
doubles espaces, espaces inutiles avant
les points ou ies virgules... On harmo-nise les notes de bas de page, on choisitun type de guillemets plutôt que trois,
on remplace les apostrophes
droites par des courbes...On voit ce que Word repère
comme fautes d'orthogra-phe. c'err dejà çr de prispour la suite (en particulierpour 1es redoublements de
consonnes, qu'on ne voit pas
toujours à l'ceil nu). Un hu-main se met alors à relire.
Par mail rou jours. meme si
c'est seulement pour quel-ques mètres. le manuscritpurifié est transmis au gra-phiste qui, à l'aide d'un logi-ciel, sans doute Adobe InDesign ou Quark XPress,
mct lc tcxtc cn firrme, tel qu'il apparaî-
tra dans la versiou finale du livre. Pourla première fois depuis lc début des opé-
rations, une première épreuve quitte les
écrans pour ôtre imprimée sur du pa-
picr. Première relecture. Une deuxième
épreuve est imprimée plus tard, apr'ès
report des colrections. Deuxièmc rclec-
turc. Là, lc fichicr est prêt. Dans quel-qLles instants, le graphiste va déposer'
tur le serucrrr de limprimeur. grotdisque dur accessible à distance, les 1l-
chiers prêts à imprirner. Pour la troi-sième fois de l'histoire de cc projet, undocument qui se touche et se lenifle, Ie
bon à tirer, cst produit. Étape ultime de
ia r'érification cle I'aspect définitif dulivre à venir, celui-ci est signé pour ac-
cord, I'impression peut commencer.
En aval de la fabrication, s'il est unetâche de l'éditeur qui s'est trouvée tota-lement bouleversée par I'essor du numé-rique, c'est bien celle de [a promotion.Sorti des presses, le livre doit encoreàire savoir qu'il existe. Même si I'achat
de bannières publicitaires reste souvent
l'apanage des grandes maisons, un véri-table arsenal de possibilités s'ouvre dé-
sormais à l'éditeur soucieux de faireconnaître ses publications.À .o--encer pal le site Internet, cela
tombe sous le sens. La chose n'allaitpourtant pas de soi il v a quelques an-
rrées. Pour s'en convaincre. un petirtour sur http:i/w*.w.alchive .org, mé-moire du \(/eb à trar.ers les âges, ravirales amateurs de curiosités, soir pourconstater I'absence de site d'une mai-son, soit, plus dépa1'sant, pour redécou-r.ril ce que les années 1990 finissantes
ont fait de pire en matière d'utopie es-
Entre gadget inutile et promessetechno ogique, le l-Tech's virtual keyboard.
thétique. Définir sa ligne éditoriale,présenter son équipe, ses publications,apporter de la valeur ajoutée à certainstitres au moyen de documents écrits,audio ou vidéo complémentaires (ainsi
que I'exploite abondammenr le sired'André Versaille, http://rvrvr.v.andreversailleediteur.com), annoncer 1es ac-
tualités liées à tel ou tel ouvrage. Hor-mis quelques pri.es de posirion conrrele lait de porséder son propre sire(comme ce fut longtemps le cas de
L'Association, qui semble néanmoins le
préparer désormais, http://wr.rv.lassociation.fr), ou le manque de temps et
d'effectifs réellement compétents, rares
sont ceux qui fbnt I'impasse sur la u r.i-
trine u, carte de visite au commence-ment de toute autopromotion. C'estaussi, pour certains, le moyen d'établirune communauté de lecteurs, commele montre I'expérience du Routard(http://www.routard.com) et de ses fb-rums : pius de 240 rour de même, à rai-son de I 000 à 2 000 inrervenrions parjour, un total de deux millions de visi-teurs en août. Un portail qui, sans tuerles ventes de guides en pâpier. esr au-
jourd'hui rentable grâce aux annon-ceurs,
Dans le même esprit communautairc, lc
succès considérabie de Facebook. réseau
social permettant dc rcster en contactavec ses u amis , (au sens Ie plus large
du terme), a généré lui aussi quelquesinnovations. Sans véritaLrlement remet-tre en cause la légitimité du site tladi-tionnel, dont il ne recou\rre pas toutes
les fonctions, sans doute vient-il inter-roger la raison d'être du blog, journalen ligne oii se succèdent en allranr drar-ticles les dernières actualités, coups de
cceur, colrps de gueule, qui font la vicd'une maison d'édition. Qrre ce soit par
le biais de u pro{ils , ou de ( gfoupes '),des maisons comme Le Somnambuleéquivoque. Aden, Les Impressions nou-velles, la Maison de la poésie d'Amay,Biliki ou La Cinquième Couche, entreautres, ont investi Facebook et v créent
des pôles d'attraction. Palallèlen.rent aux
éditeurs, les auteurs ne sont pas en
reste. Parmi ceux à s'être approprié I'ou-til le plus naturellement du monde fi-gure Nicolas Ancion qui, relié à plus de
1 500 internautes (probablement le
double après publication de cet alticle),distille quotidiennement de petits faits
imporranrs ou non. Au commaire. toursur qe. rnoirrdres déplacemenrs. ser acri-
vités, ses parutions, bon nombre d'échan-
ges, aussi et surtout, avec les lecteurs. ÀI'arrivée, une fresque en temps réel dontle style n'est pas sans rappeler celui de
l'écrivain. À ceci près que la présence en
continu d'un individu sur Facebook est
uue aune lrorme d'écrirure en soi.
Côté journalistes, le bon vieux n service
de presse reste d'applicarion : en quan-
tité plus ou moins conséquente, unexemplaire de l'ouvrage est adressé à des
destinataires choisis, dans l'espoir qu'ilsen rendent compte dans leurs colonnes.
Parmi ceux-ci, de plus en plus souvent,
des chroniqueurs ou blogueurs dont les
écrits ne se donnent à lire nulle partailleurs que sur la Toile, en raison dusuccès grandissant de quelques plate-Formes cririques - ainsi, pour ce qui est
de la bande dessinée, de sires commeActuaBD (http://www.actuabd.com) oudu9 (http://www.du9.org). Plate-formes
professionnelles ou moins profession-nelles, par ailleurs : des sites gérés par
des lecteurs, de tvpe Critiques Libres(http:/iwww.critiqueslibres.com) ou Za-zieweb (http://www.zazieweb.fr) pour lalittérature et les essais, sont aujourd'huide première importance et s'aventurentréguiièrement dans des sentiers totale-ment délaissés par la critique dite tradi-tionnelle. Malgré toLrt, 1e service de
presse à I'ancienne semble avoir de
beaux jours devant lui : en dépit de
TTUn aperçu partre du ivre Gutenberg 2.0Goog e Lrvres.
quelques tentatives isolées, le numé-rique n'a pas encore réussi à s'imposersur ce terrain-là - ce qui représenterait
pourtant une économie considérable, en
même temps qu'un risque d'inondationplus sinistre encore des rédactions. Ungroupe comme Eyrolles offre bien à lapresse la possibilité de télécharger les fi-chiers de ses couvertures (http://www.couvertures.€yrolles.com), mais ce n'est
pas véritablement là un service de presse.
Dans un tout autre registre tout de
même, en relation avec les libraires cette
fois, des essais ont été menés par la so-
ciété Tite-Live. En juin dernier, celle-ci
foumissait des lecteurs numériques Cy-book Gen3 à une centaine de librairespour découvrir en avant-première pas
moins d'une quarantaine de romans(premiers romans ou premières traduc-tions en français) de la rentrée littéraire2008. Avec des prêts de tablettes numé-riques consentis pour une année, cette
expérience marque peut-êtreJ si elle de-
vait se généraliser, l'entrée dans l'ère du
is;,-,,.-E
service de presse
numérique, et avec
elle la redéfinitionde pratiques anté-
diluviennes.Plus largement, 1a
diffusion de f in-formation passe
aussi assez large-ment par Ia netus-
letter, ott u lettred'information u
en vieux français,
et dont on ne sait
jamais véritabie-ment si elle sera
lue ou pas. Chez bon nombre d'éditeurs,la letrre fair I'objet d'une atrention touteparticulière et son envoi est quelquefois
pris en charge par des logiciels spéci-
fiques, à I'instar de Sarbacane. Grâce à
ceux-ci, l'éditeur gère et cible au mieuxses destinataires (lecteurs, libraires, jour-nalistes, bibliothécaires) et conserve unsuivi de sa ( campagne ,. Plus récem-mentr le développement d'une nouvelleforme de publicité pour le livre a com-mencé, sinon à rencontref quelque suc-
cès, du moins à intriguer tollt le mon-de : \e book trdiler, at livre ce que labande-annonce classique est au film, unextrait vidéo (et donc plutôt une extra-
polation vidéo s'agissant d'un livre). EnBelgique, la parution à la mi-février des
Minutes célibataires, un recueil de nou-velles de Valérie Nimal aux éditionsLuce \7ilquin, s'est ainsi trouvée an-noncée par une courte séquence vidéo.
Rendue accessible sur des plates-formes
comme Skynet, YouTube, Dailymo-tion, Facebook, mais arssi L/t Libre Be/-
gique en lignc, la vidéo poursuit au
moins un double objectif : donner une
idée du contenu du livre, évidemment,mais aussi créer clu buzz, rumeur ram-
pante, en vertu des principes difficiles à
maîtriser du u marketing viral ,. Soit lapropagation d'une information par les
( consommateurs , eux-mêmes, à la ma-
nière d'un gros rhume, propagation fa-
cilitée et démultipliée par Internet oùr
une seule action permet cl'informcr plu-sieurs personnes à la fois. Avant même
la sortie de l'ouvrage, les résultats sont
parlants : de Matin Première à PureFM,du Soir en ligne au Vif en passe par la
D11 et Elle.be, sans compter les blogs à
large audience, le recueil alors en voiede parution bénéficie d'une couverturemédiatique exceptionnelle. Mission ac-
complie pour le buzz.
NUMÉRIQUE ET
COMMERCIAIISATION DU LIVRE6,3 millions de produits commandés(parmi les livres, CD, jeux vidéo et pro-duits électror.riques), soit 72,9 produitsà la seconde, pour une livraison dans
plus de 210 pavs du monde, tels sontles résultats annoncés par Amazon nonpour une année. un rrimestre ou un
mois, mais pour un seul jour : le 15 dé-
cembre 2008. Depuis sa fondation en
1995 par Jeff Bezos, Amazon (http://www.amazon.fr), basé à Seattle, n'acessé de croître à une vitesse fulgurante.10 salariés en 1995, 9 000 en 2005.Une offre qui augmente jour après jouret un€ couverture mondiale imparable(États-Unis, Canada, Royaume-Uni,Allemagne, France, Japon, Chine). En2008, le chiffre d'affàires d'Amazonexplose littéralement : à hauteur de
14,6 milliards d'euror. l'enrreprise enre-
gistre une hausse de 29 o/o par rapport à
2007 (8,4 milliards d'euros pour les
produits u médias ,, progression de
20 o/o). Le bénéfice net s'élève, pour sa
part, à 490 millions d'euros. Unehausse de 36 o/o par rapport à I'année
précédente. Amazon est aujourd'hui in-contournable.Symbole consacré d'une nouvelle formede rapport à la marchandise, Amazonest loin d'être Ie seul modèle du genre et
a fait bon nombre d'émules. En France,
ses deux principaux concurrents sont le
site de la Fnac (http://wwrv.fnac.com)
et Alapage (http://www.alapage.com). Commentexpliquer, un peu
plus de dix ans à
peine après leurémergence, le suc-
cès de ces nouvel-les vitrines ? S'agis-
sant d'Amazon,les raisons ne man-
quent pas. Mieuxque les colpor-teurs, mieux que
1es catalogues de
vente Par corres-pondance, Amazon offre à chacun de
parcourir des milliers de références de-
puis n'importe quel appareil connectéau réseau, de passer commande et d'êtrelivré chez soi. Le choix ne porte pas seu-
lement sur les livres, mais sur les DVD,les ordinateurs, les appareils photogra-phiques, les jouets et bien d'autres pro-duits. Propulsé par des ingénieurs en in-formatique, Amazon est désormais en
mesure de se substituer au n conseil , duIibraire traditionnel. Ainsi. pour une re-
quête effectuée sv Pinocchio deWin-shluss, prix 2009 du meilleur album à
Angoulême, I'acheteur est également di-rigé vers d'autres albums récompensés
lors du festival (Le goîtt du chlore de
Bastien Yivès, Mon gras et moi de Gally)ou du même ton. Avec plusieurs di-zaines de milliers de titres stockés en en-
trepôts, Amazon s'engage à servir rapi-dement ses clients. Champion de laréference dans les résultats des moteursde recherche, Amazon est partorlr,mêrne quar-rd la recherche porte sur le
titre d'un livre. Et comme si cela ne suf-
fisait pas, Amazon invite (et incite fi-nancièrement) 1es développeurs \feb à
implémenter des liens vers Amazon oudes miniboutiques autonomes et per-sonnalisées sur leur propre site Web.Enfin, depuis 2003 aux États-Unis et
2005 en France, la fonction u recherche
au cæur ) permet des recherches sur lecontenu de certains livres, voire leurfeuilletage en ligne avant décision d'achat.
On le devine, l'expansion de ces nou-veaux ( points de vente ) ne s'est pas
faite sans gér-rérer un vaste rnanque à
gagner pour les libraires traditionnels,autrefois en concurrence avec les
grandes surfaces et les chaînes cultu-relles. Or le fait de disposer d'un site
Internet, pour un libraire, n'est pas
forcément signe de succès : 1à oir la ré-
putation d'ur.re enseigne dans une villedonnée n'est plus à faire, la visibilitéd'un site sur la Toile est sensiblementmoir.rs évidente. Depuis la fin des an-
nées 1990, bon nombre de libraires
a-t-il inventé f imprimerie à Mayence ou à Strasbourg ?
fait débat dans ce documentaire de 1978, disponible sur
5
eur0peana
(par lesqr-rels Decitre, Dialogue, Gil-bert Joseph, Mollat, Ombres blanches
ou Sauramps) ont ainsi franchi le cap
de la vente en ligne, sans que leur arri-vée ne casse r'éritablement la baraquepour autant, même si ces portails ap-
portent bien souvent des informationsprécieuses et affichent un dvnamismeincontestable.Un porrril cornme Amrzon esr omni-présent (soit qu'on le consulte par ré-
flexe, soit qu'on y tombe sans le vou-ioir). Qu'un libraire ou\.re son propreportail, et ce ne sont que quelques oc-
tets de plus dans f immensité du Net.Une srrarégie critiquée pal cerrain: a r u
de nombreux libraires indépendants re-joindre Amazon par le biais de
son programme Marketplace,qui permet à des vendeurs ex-
ternes d'inclure leur stock phv-sique dans celui d'Amazon.Dans ce cas de figure, si leclient choisit de passer par le
libraire en question, ce dernierse charge lui-même de l'envoides livres. La crainte évoquée
est que la marge prélevée parAmazon auprès der librairessur le montant des verrres, rai-
sonnaLrle pour f instant) ne se
durcisse avec le temps. Sontaussi pointées du doigt les dé-
faillances éthiques du portail,en particulier du point de vue
des conclitions de travail assez
rudes de ses employés. Pour se
donncr lcs moyens d'apparaîtresur la Toile et contrer la fragili-sation du secteur de façor-r pé-
renne, c'est ainsi qu'est née, au
mois de septemble 2006, au sein duSyndicat de la librailie française, f idée
d'un u Portail de la librairie indépen-dante r.
À l'occasion du Salon du livre de Paris
2007, Renny Aupetit, délégué général
du SLF (environ 500 librairies sur unpeu plus de 2 000 en France), annonce
air.rsi au magazine ZDnet.fr (2 1 mars
2007) le lancement, pour 2008, d'unsite commercial mutuaiisé au bénéfice
des libraires indépendants : u Ce portailra se singulari5cr par rapport rux sires
qui vendent déjà des livres sur Internet,dans la mesllre oir nous, nous avons des
librairies et que c'est un oLrtil qui r.a
nous sen'ir à créer du trafic dans nos li-
Tournage de la bande-annonce du livre les mrnutes céltbataires, deValére Nimal Photo de l'auteur
brairies. Nous allons proposer aux inter-nautes de pouvoir visualiser directementles stocks que nous ar.ons dans nos li-brairies et géolocaliser des livres épuisés,
par exemple, pour trouver Lrn ouvrage
qui selait éventuellement disponible à
I'autre bout de la France. , Chaque li-braire pourrait disposer, à partir duportail, de son propre site en utilisantla base de donnéer collecrive mire en
place et les outils de paiement mutuali-sés. L'un des objectifs annoncés est er-r
effet de resserrer les liens entre lecteuret libraire. Le client serait donc auto-matiquement redirigé vers 1a pageu personnelle , du libraire le plus pro-che de chez lui, oii il pourrait soit aller
chercher le livre en question,soit passer commande pour lerecevoir', cofirme c'est le cas
sur Amazon, à son domicile.On l arrra compris. nul besoin
ici d'entrepôt façon site de
vente traditionnelle. L'cntrc-pôt, c'est le libraire. Un des
libraires répartis sur tout le
rerritoire frrnçais. Et qui srir.demain, les libraires franco-phones belges.
En 2009, le Portail reste en-
core à 1'état de projet. Sur'
fond de conflit avec Amazon,traîné en justice par le SLF
pour non respccr ..le la loi rurle prix unique du livre à tra-vers la glatuité des fi'ais de
port, Ia constitution de la pla-teforme a beau proglesser, elle
bute encore sur de nombreuxdétails. Parmi ceux-ci, le coûtde 1'opération : on parle, pour
sa réalisation, de 500 000 à un milliond'euros, à répartir entre des subventions
et des prêts émanant des instances de la
filière (Centre national du livre et Asso-
ciation pour le développement de la li-brairie de création en particulier), le
tour géré par une société anonl'me rim-plifiée - le Syndicat ne pouvant juridi-quement pas exercer d'activité écono-mique.Dans l'attente, d'autres initiatives méri-tent encore d'être mentionnées. La li-brairie Lekti-ecriture toLlt d'abord(http://www.lekti-ecriture.com), ou F,s-
paces de 1'édition indépendante, issue
en 2003 du magazine littéraire en ligneContre-feux. Partant du constat que laproduction des éditeurs indépendantsmanquait de visibilité sur la Toile,Lekti-ecriture a consisté dans un pre-mier temps en une plate-forme de diÊfusion destinée à faire connaître des
titres peu présents dans les librairies et
peu mis en valeur par les médias. Deuxans plus tard, à la mission de diffusions'est ajoutée celle de commercialisationen partenariat avec des libraires (Clair-Obscur, Floury frères, L'Alinéa, La Li-brairie portugaise, Mémoire du monde,Tschann). Pour chaque commande eÊ
fectuée, I'un de ces libraires se charge de
I'expédition. En Belgique, bien que sa
surface commerciale excède les fron-tières du royaume, c'est à l'heure ac-
tuelle en Rezolibre (http:/iwww.rezolibre.com) que se matérialisent le plusconcrètement les espoirs d'une librairieen ligne alternative. À la différence de
son alter ego français, Rezolibre travaillenon avec les libraires, mais avec les édi-
teurs. Ici plus qu'ailleurs, le choix se
porte sur des catalogues de maisons peuvoire très peu diffusés. Au bout c1u
compte, 1'objectif est identique : inver-ser l'orientation des traditionnels coups
de projecteurJ porter sul le devant de lascène ce qui est condamné aux cou-lisses.
L'ESSOR DU LIVRE NUMÉRIQUELe u livre électronique u ne date pas
d'hier. Aussi étonnant que cela puisse
paraître, son apparition remonte à
1971, avec le lancement du vaste u Pro-jet Cutenberg r, porté par Michael Hartet conçu pour difTuser gratuitement les
ceuvres tombées dans le domaine pu-blic. D'abord elrfecruée par saisie me-nuelle des textes sur clavier, puis scan-
nés mais passés au peigne fin, le toutpar des volontaires, le " Projet " appâ-
raît certes aujourd'hui encore comme le
plus utopique, mais aussi le plus ûable
et le plus ollvert en proposant les textes
numérisés en mode texte (ASCII), d'unesimplicité déconcertante, lisible sLrr tousles supports.
Né avant la création du Web en 1991,le u Projet ) en a suivi toutes les éta-
pes : téléchargement par ligne télépho-nique dans les années l990, collectiondes textes à diffuser le plr-rs largementpossible sur DVD, accès au multilin-guisme avec plus de cinquante langues
répertoriées en 2006, mise en place
d'un moteur de lecherche pour navi-guer dans le corpus, développementd'un outil, Ie Distributed proofreaders,
pour faciliter le travail de correctiond'un même texte entre plusieurs contri-buteurs, lancement aussi, en 2003, de
livres audio lus par des volontaires ou
générés par svnthèse r.ocale. À l'heureactuelle, plus de 27 000 livres ont ainsi
été numérises. acces.iblet gretuiLementsur le site officiel du projet (http://r'vu-w..gutenberg.org). Voilà pour la
naissarrce du livre clecLronique. ici non
commercial s'entend.
Parallèlement à ce projet, d'autres pro-positions voient le jour. L'une des plus
célèbres d'entre elles est inaugurée en
1997 : Gallica, bibliothèque numériquede la Bibliothèque nationale de France,
unc entreplire ritancsque qui compreplusieurs dizaines de milliers de réfé-rences. Malheureusement, la numérisa-tion fait 1'objet d'un choix qui sera
déplor'é par la suite : alors que les docu-ments auraient pu se trouver numérisés
en mode texte (avec reconnaissance des
caractères qui composent les docu-ments), ils le sont en mode image. Enconséquence de quoi Gallica fait officed'album photographique géant, dontchaque page serait 1a photographied'une page de livre.Relativement discret jusque-là, le sec-
teur privé allait pourtant débarquer en
ftnftre el remetrre en quesrion rout ce
qui ar.ait été fait auparavant. Lors de laFoire de Francfort, en octobre 2004, lecélèbre moteur de recherche Googleprésente son nou\reâu projet, . Googleprint for editors ,, destiné à numériserles titres des catalogues éditoriaux afinde les rendre consultables en ligne. End'aurres termes, ofFrir à un inrernaurede parcor.rrir le contenu d'un ouvrage,
moyennant certaines limitations d'ac-cès. Peu de temps après, la firme faitpart de son intention de numériser,grâce à un accord alors conclu avec cinq
7
,t.,..,
8
grândes bibliothèques anglo-saxonnes,
pas moins de quinze millions de livres(u Google print for libraries ,).Le président de la Bibliothèque natio-nale de France, Jean-Noël Jeanneney,réagit aussitôt. Dès la mi-janvier, il en
appelle à la création d'une alternativeeuropéenne pour éviter que la domina-tion américaine ne prenne trop d'am-pleur. Et le 13 juillet 2005, 1e ministrefrançais de la Culture installe un comitéde pilotage, en vue de créer une Biblio-thèque r.rumérique européenne (BNE).
Trois ans ph,rs tard, la bibliothèque de-
vient progressivement opérationnelle,sous l'appellation plus symbolique et
plus <vendeuseu de .Europeana,(http://www.europeana.eu). Au pro-gramme, la mise en commun des res-
sources numériques des 27 États mem-bres, soit non seulement des livres, mais
égalen-rent des photographies et du ma-
tériel audiovisuel. le Lour rran'mis parles bibliothèques nationales, les musées,
les archives, les producteurs audiovi-suels... Issue très nettement de Coogle,qu'elle prolonge tout en voulant lacorriger et la dépasser (en matière de
classement notamment), mais sans laconcllrrencef tout à fait non plus (pas
d'æuvres sous droits), u Europeana u
entend enregistrer I'essentiel du patri-moine européen.
Et à l'échelle de 1a France, la révolutionGoogle n'aura pas non plus été sans
effet : pour laver les erreurs du passé, unu Callica 2 u est lancé en novembre2007. Oubliée la numérisation en modeimage, la nouvelle interface (http://gallica2.bnf.fr) étend son champ d'ac-tion et se lance elle aussi dans I'intégra-
tion d'ceuvres sous droit. Pour celles-ci,
des partenaliats sont mis en place avec
de nouveaux acteurs du commerce de
livres électroniques (à I'instar de Numi-1og, Cyberlibris ou Tite-Live). On me-
sure le chemin parcouru. Avec ces opé-
rateurs, il ne s'agit plus de commanderun livre à distance : de la même façon
que les documents du u Plojet Guten-berg, xlpsnlaient et continuent d'ar-penter la Toile. sans aurre papier que
celui de l'imprimante d'un lecteul en
cas de besoin, mais avec la différencequ€ ces documents, s'agissant désormais
de textes récents, se monnaient, les e-
books se multiplient comme des petitspains.
Pour atteindre cette diversité de l'ofïre,indispensable à l'essor du marché du
;';ud
livre numérique et loin d'être accom-plie, encore failait-il que les éditeurs ac-
ceptent de faire basculer leur catalogue,
en partie ou intégralement, en malge ounon d'une production papier, dans 1'en-
vironnement numérique. En Belgique,l'un des pionniers reste sans contestel'éditeur Luc Pire qui, après sept ans
d'existence, en février 2001, lance son
département numérique : u Luc Pireélectronique u. Soucieux de faire valoir,précisément, sa position de pionnier en
la matière, et plus largement de u vi-sionnaire u du monde du livre. l'éditeurdevient rapidement le porte-parole de 1a
numérisation en marche et des techno-logies nouvelles qui 1'accompagnent :
u Je suis incapable de r.ous dire ce qui va
se passer dans le domaine du livre élec-
tronique dans ies mois et les années à
venir. confie-t-il à la DH le 7 février2001. Tout ce que je sais, c'est qu'on va
y venir. Autant être prêt pour son avè-
nement. L'attitude déraisonnée auraitété, au contraire, d'attendre que tout lemonde dispose d'un e-book, qu'un for-mat technique uniqLle s'impose, pourseulement embrayer. u
L'heure esr à l'expérimentation. et tor.rs
les espoirs sont de mise. Dans les pre-miers mois, Luc Pire s'aventure dans
quatre wpes de livres en ligne : équiva-
lents numériques de livres papier. ver-
sions numériques enrichies (avec duson, des images ou des documents iné-dirs). protorypes numériques qui aurontune version papier si le succès est au
rendez-vous, livres proprement nlrmé-riques enfin - dont le contenu se prête
particulièrement à ce nouveau support,en pârticulier pour les contenus nécessi-
,il.ruchdeq Sehmchr befehli$en l'h{tsre:
oi" ï-l"ln hane gehairen ùbcr dem Nollendorf-
platz, ich wr ausgestiegen und freute mich einmal
nehr a der mir zu FûBen liegenden, von Dônerbuden,
Ca{ê, Ramcblâdes und Blumensrjnden geslumletr,
fat ncmchedeerenYonag nur mein
lnterruptian, magazine lttéraire en ligne ducollectif ONLiT
ffi ,lï1;**)lilfriî"i'l,i;",'"u *n
tant des réactualisations régu-
lières. Malgre la déterminarionde l'éditeur et du fer-de-iancedu projet, Nicolas Ancion, 1e
bilan de ces années resre mi-tigé, pour la bonne et simpleraison que ler conditionsn'étaient pas là. Si certainespublications rencontrent unexcellent accueil (dont les actes
d'un . Colloque sur la crimi-naliré en matière fiscale '. quidémonrrent bien les services
rendus par le numérique dans
un domaine pointu). si cer-
taines collections s'avèrent cul-
turellement riches et portelrses d'avenir(dont u Embarquement immédiat ,,consacré aux nouvelles voix littéraires de
la francophonie et basé sur un partena-
riat de développement durable avec des
éditeurs du Sud), le livre numérique iciconçu s'écarte difficilement du mondeinstitutionnel et. srrrrour. ne parvientpas à quitter la gratuité. Finalement, des
publications qui donnent le sentimentd'être un u bonus , au catalogue de
1'éditeur, éditeur qui aujourd'hui encore(er ce jusque sur le slogan repris sur sa
page d'âccueil : u Éditeur belge franco-phone généraliste et de livres électro-niques à télécharger gratuitement ,)semble ne pas en avoir abandonné tota-lement l'idée. À l'occasion de la reprise
de la collection n Espace Nord ,, il en
avait été vaguement question. Et à
l'heure oii les fonctions de Luc Pire au
sein du Groupe Luc Pire se trouvent sé-
rieusement remises en câuse, un recen-
trage du fondateur sur le numérique est
évoqué.
Lecture d'Alice-s adventures rn Wonderland, de Lewis Carrol, avecAdobe Dlgital Editions.
Les expériences francophones belges
n'en continuent pas moins de se multi-plier dans les registres les plus divers. Enmatière de rer.ues, Bon-à-tirer (au titrefrondeur quand on sait que le u bon-à-tirer u marque, précisément, le coupd'er.rvoi auprès de I'imprimeur pour ledémarrage de f impression) difTuse ainsi
exclusivement en ligne, toutes les deux
semaines depuis 2001, des textes iné-dits, qu'il s'agisse de fiction, d'essais, de
théâtre ou de poésie (http:i/*.ww.bon-a-tirer.com). Pius récent et en pleine eÊ
fewescence, le collectif littéraire ONLiTa fait du numérique, outre une présence
active dans l'organisation d'événements(dont le DJ set littéraire u Albert Camus
lit L'étranger - REMIX,), son instru-ment de prédilection. Piloté depuis2006 par Benoît Dupont et Pierre de
Mûelenaere, le groupe publie une foispar mois le magazine gratuit Interup-tion, pl.acé sous le signe de la brièveté,
avec des interviews, des articles, des
planches de bande dessinée ou encore
des fragments littéraires (http://www.onlit.be). Et pour les re-
vues existant sur papier unique-ment, la numérisation tourneégalement à plein régime - à
f image, d'ailleurs, des transfor-mations de plus en plus accom-
plies de la grande presse. Récem-
ment revu de fond en comble, le
site de la revue Indications pro-pose ainsi désormais les archives
de ses anciens numéros en
consultation gratuite, mais dou-ble également la parution de sa
revue papier d'une revue en
ligne oùr se mêlent articles de lapremière et articles inédits (http://www.indications.be). Mais sans doute les
avancées les plus decisives au niveauéconomique ont-elles été réalisées dans
le domaine de l'édition spécialisée, et
tout particulièrement chez De Boeck(http : /irvww.deboeck.com), fondateurde DBiT (société d'informatique docu-mentaire) en 2001, repreneur de Lexalis
SA et de son site Fiscalnet en 2003.L'un des premiers, aussi, à avoir rejointle projet Google en donnant son ac-
cord, en 2005, pour la numérisationd'un millier d'ouvlages Larcier et DeBoeck Université. Les explorations de la
société dans le numérique seront d'ail-leurs, dans un secteur oir les compé-tences informatiques sont appréciées,
l'un des atouts avancés lors de son ra-
chat par Editis en 2007.En dehors de l'édition spécialisée néan-
moins, la plupart du temps, le débar-quement du numérique est loin d'avoirété suivi, en Belgique comme en Fran-ce. À l'.*ception des plus grands édi-
t,,i,,i
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10
telrrs et des nouvelles maisons qui fontd'emblée du numérique un credo (ainsi
de Pubiie.net, de l'écrivain et désormaiséditeul Flançois Bon, qui travaille ex-
clusivement en numérique), les éditeurs
de taille moyenne et en-deçà souhaitantnumériser leurs contenus en sont géné-
ralement tout à fait incapables, et doi-vent se résoudre à faire appel à des opé-rateurs extéfieurs, avec les conséquences
financières que cela suppose. Car le nu-mérique a un coùr. Les enseignemenrs
et formatior-rs aux métiers du livre au-ront encore, sur ce point, à évoluer et à
délivrer de vraies compétences informa-tiques, entendues non plus ici comme iamaîtrise des logiciels traditionnels maisdes logiciels spécifiques. L'intelna-lisation de la numérisation (des
nouveautés, du fonds) esr à ce
prix er demande, en otrrre. de
H:::.' les enjeux en pré- ,, i
Ainsi, si les nouveaux opéra- '.,,,'
Ieurs se proposent de commer-cialiser des livres numériques. en-
core faur-il que les textes roienrdisponibles dan' Ies formrrs requis.Là oir le u Projet Gutenberg ) pour-suit f idéal d'un texte lisible par tous,les sociétés marchandes du numériquene voient pas les choses de la mêmefaçon et multiplient les formats plusqu'elles ne les rendent universels. Et quipIus esr, exisrer dans l'environnementdes livres numeriques ne va pa: vrai-ment de soi. Aussi les activités d'un por-tail de type Nunilog (http://wivw.numilog.com), fondé en 2000 et depuisrepris pal Hachette, sont-elles loin de se
limiter à la vente. En tant que diffuseur
tout d'abord, Numilog assure la promo-tion d'ouvrages numériques auprès des
librairies en ligne. En tant que distribu-teur ensuite, il permet l'hébergement et
la mise en ligne des fichiers numériquestransmis par les éditeurs, mais aussi leurcommercialisation qui prend la formed'un achat ou d'un prêt limité dans letemps. Pour le client, 1e choix s'effecrueen deux temps. Choix du livre toutd'abord, parmi une offre de plus en pluslarge oii sont représentés des éditeurs, etnon des n.roindres, tels que Gallimard,Albin Michel, Grasset, Fayard, L'Har-mattan, Le Dilettante et bien d'autres.Choix du format ensuite, selon les logi-ciels installés sur le support de lecture
A peine sorti, dé1à démodé : l'antique et mémorableK ndle 1 d'Amazon.
souhaité (ordinateur, Palm Pilot, Poc-ket PC, Tablet PC, Smartphone ou re(t-
der) : PDF (pour lecture avec AdobeReader ou Adobe Digital Editions),PRC (pour lecture avec MobipocketReader) ou l-IT (avec Microsoft Rea-
der). Pour tous ces formats, Numilogpropose un service de conversion auxéditeurs, dans la mesure où la construc-tion d'un fichiel PRC ou d'un LIT n'estpas celle d'un PDF, et échappe dans lagrande majorité des cas aux effectifs édi-
toriaux.Et des formats, il en existe des ronnes.Le 9 février dernier, Amazon a révélé au
public son denier bijou de technologie,le Kindle 2, une o liseuse, de moins de
300 grammes qui permet de stockerplus de 1 500 titres. Rien d'un ordina-
Leur. ici :l'appareil esr uniquemenrdédié à la lecture, mais une lecture
qui, face aux progrès technolo-giques, devient de plus en plus
naturelle. Avec un écran de six
pouces, l'épaisseur d'un maga-
zine, une autonomie annoncée
de quatre jours, seize nuances:,rl, de gris dans I'afûchage, la possi-
bilité de se procurer via un ré-
seau 3G (soir quel que soit I'en-droit) un titre au sein d'une offrede plus de 230 000 références(compter 9,99 $ pour un besr-
seller), et un prix de 359 g (on
ignore encore la date de son entrée
en Europe), le Kindle 2 fait claire-ment colnprendre que la lecture de
textes numériques a désormais ce
qu'il lui manquait : son lecteur - là
oùr la musique, sous la forme de lec-
teurs MP3 de type iPod, avait une
sérieuse longueur d'avance. Et ce n'estlà, bien sûr, qu'un exernple : autrechampion de l'affichage, le Sony Reader
PRS-700 et, prévu pour fin 2009, untout nouveau concuffent lancé par Plas-
tic Logic. Le développement de ces li-seuses ne \.a pas, poul'autant, sans poser
question : si le Kindle 2 permet de lirede nombreux formats, son créa-
reur. Amazon. dispose russid'un format propriétaire, lisiblesur Kindle uniquement, en accès
sur le Kindle Store.
Même combat chez Apple, déjàleader du verrouillage musical (lamusique d'un lecteur iPod ne
pouvant être achetée, aisément dumoins, que sur la boutiqueiTunes, propriété d'Apple), avec le
développement du logiciel Stanza
pour réléphone iPhone : ici comme1à, la simplicité réside dans le fait de
ne pas chercher plus loin. De quoilaisser entendre, si besoin était, quel'édition électronique ne sera pas for-cément cet océan de diversité an-nor-rcé par certains prédicateurs - à
l'instar de Chris Anderton, inventeuren 2004 du concept de u longue traî-ne ), pour lequel lnternet et la numéri-sation mârquent la fin de la tyranniedes b/ockbusters, et 1'avènement su-
prême, en somme, de la diversité cul-turelle. Trouverai-je un jour, dans leKindle Store ou sur Stanza, ce livre quia tant de mal à faire parier de lui ?
Reste que les grands oubliés, dans l'af-faire, sont les libraires. Les nouveauxfournisseurs de contenus numériques,voire les éditeurs eux-mêmes dès lorsqu'ils pratiquent la vente directe de-
puis leur propre site, ne se mblentguère se soucier des relais qui ont fàitleurs preuves sous le règne du papier.La chose est entendue : sirns doute la
librairie, à moyen terme, deviendra-t-elle un lieu de métissage entre des
livres et des livres numériqr,res. Maisquel sera précisément, dans ce nouvel
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Le Krndle 2 d'Amazon. Moins de 3OO gr pourun stockage de 1 500 titres
espace, le rôle qu'elle âura ou pourrâ yjouer - pour autant qu'elle en ait un.
La question reste ouverte, plus mvsté-
rieuse que le design du Kindle 3.
Pas d'excès d'optimisme (ou de déses-
poir, c'est selon) ceper.rdant. Si unmarché du livre reposant sur l'exploita-tion de contenLls numériques com-mence à se mettre en place, s'il est
passé de la période des pionniers à celle
de f ir.rdustrialisation, tout indique que
la révolution numérique ne délogerapas le livre papier definirivemenr et
d'un seul coup. Du côté des lecteurstout d'âbord, ies habitudes de lecturesont plus qu'installées et ne changerontpas du jour au lendemain. La lecturesur écran reste d'usage difûcile pour laplupart des utilisateurs et se prête à
certains types de textes plus qu'àd'autres, textes brefs, textes à consulterpartiellement, d'où le fait que la litté-rature numérique continue à faire l'ob-jet de nombreuses réticences. Autre-ment plus engagés dans le numériquesont les ou\rrages et revues de savoir(droit, médecine, sciences humaines)et 1es ouvrages de référence - soit les
dictionnaires et encyclopédies. Diffi-cile de contester les atouts du numé-rique dans ces secteurs, souvent rapide-ment périmés, et de mar.ripulation(pour les plus gros) parfois très phy-sique ou tout simplement infruc-tueuse. Il n'empêche, comme on I'a vu,des mutations sont d'ores et déjà sen-
sibles dans les domaines de la littéra-ture déjà citée, mais aussi du tourisme,de la bande dessinée, de la vie pratiqueou des beaux-arts.
Tanguy Habrand
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