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AïKiDO m a g a z i n e décembre 2012 céline froissart F édération F rançaise d’ A ïkido A ïkibudo et A ffinitaires rencontre ligue de picardie aïkido handi-valide magali chambenoit-levy l’Aïkido, une philosophie fine et subtile, un art de la relation…

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AïKiDOmagazine

décembre 2012

céline froissart

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rencontreligue de picardie

aïkido handi-validemagali chambenoit-levy

l’Aïkido, une philosophiefine et subtile, un art de la relation…

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AÏKIDO MAGAZINE décembre 2012 est édité par la FFAAA, 11, rue Jules Vallès 75011 Paris - Tél: 01 43 48 22 22 - Fax: 01 43 48 87 91 www.aikido.com.fr - Email : [email protected]

Directeur de la publication : Paul Lagarrigue - Directrice administrative : Sylvette Douche. Réalisation : Ciné Horizon. Toutes reproductions interdites sans autorisation préalable.

Remise du Prix du Ministre des Affaires étrangères japonais à Christian Tissier shihanLe Prix du Ministre des Affaires étrangères japonais a été remis à Christian Tissier shihan par son Excellence Komatsu Ichiro,Ambassadeur du Japon en France, au cours d'une cérémonie solennelle le 25 octobre dernier. M. Komatsu a souligné dans son discours quece prix est destiné à honorer les personnes dont l'action favorise le développement de la culture japonaise et qui induisent ainsi un rap-prochement amical entre les peuples français et japonais. Christian Tissier shihan, par son infatigable travail de développement del'Aïkido en France et dans le monde, est l'un de ceux-là. Puis Christian Tissier shihan a prononcé quelques mots de remerciements dansune brève allocution empreinte de solennité et d'émotion, et terminé, avec un sourire, en rappelant que le prédécesseur de M. Komatsuétait un pratiquant d'Aïkido de haut niveau auquel il avait été honoré de donner son enseignement. u

Gouvernance Une institution n'existe que si elle est indépendante de la vie des femmes et des hommes quise succèdent pour la faire exister. Notre Fédération vient d'élire un nouveau Comité Directeurdont le Président est Paul Lagarrigue.Cet éditorial est un relais par lequel nous montrons qu'il n'y a pas rupture mais passage pourque nous puissions tous continuer à pratiquer cette discipline à laquelle nous avons adhéré,même si, souvent, nous y sommes venus par le hasard d'une renommée attirante par sescontradictions. L'Aïkido, c'est un peu une idée en l'air mais avec les pieds au sol, un art mar-tial, mais avec la force de ne pas s'en servir, un système de fonctionnement unique, mais avecune multitude de styles pour l'enseigner, en un mot, une pensée constamment paradoxalepour inverser voire renverser les forces négatives. Et bien sûr, ces forces contraires il en existeet même, il en faut. Ne pas se faire déborder est tout le sujet sur le tatami bien sûr, mais aussidans la gestion des affaires communes.Le savoir appartient bien évidemment aux professeurs, mais collectivement, c'est pourquoi ilest nécessaire, bien qu'ils ne le comprennent pas toujours, que ce soit des non-professionnelsqui dirigent la Fédération au nom et dans l'intérêt de ceux qui, justement, par pure intuition,ont, un jour, poussé la porte d'un dojo.C'est le même intérêt collectif qui nous a poussés à ne jamais admettre que les grades déli-vrés le soient par affiliation à un seul professeur ou en son nom, ce qui nous distingue desautres Fédérations et écoles qui, sous couvert de compromis, ne recherchent que des affidés.Là-dessus il n'y aura pas d'arrangement viable car l'appropriation commerciale d'un biencommun conduit toujours à la ruine de tous. Ce n'est pas avec des révérences que l'on devientceinture noire. Garder la bonne distance, dans l'espace et sur la durée, est une des leçons dutapis qui est bien utile en dehors.J'ai eu pour cela la chance de pouvoir dialoguer avec ceux qui furent mes professeurs et amis.Certains disent que la chance se mérite, je vous proposerais plutôt de dire que cela s'accueille

et s'exprime comme nous avons toujours voulu le faire, en adressant à cha-cun, chez lui, cette revue confectionnée librement et avec une grande éco-nomie par Jean Paoli, que je tiens à remercier pour sa patience.Si gouverner nécessite du discernement, je vous propose pour cela de garder le souvenir de Marcel Dromer, un des fondateurs de notreFédération, qui clôturait toujours les arguments en demandant quelle étaitla solution favorable, non pour nous, mais pour ceux qui nous suivraient.C'est comme l'Aïkido, une fois que l'on sait, cela paraît facile et peut-être,cela l'est-il.

Maxime DelhommeMembre du Comité Directeur de la FIA

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Congrès de la F.I.A. à TokyoPlein succès pour la France et la FFAAALe congrès de la Fédération Internationale d’Aïkido s'est tenu àTokyo du 17 au 23 septembre 2012.40 pays y étaient présents, plus 4 qui demandaient leur intégra-tion. Les délégués de la FFAAA, seule fédération reconnue par laFIA, représentaient la France et tous les pratiquants français. Ladélégation était composée de Maxime Delhomme, Paul etCatherine Lagarrigue et Jean Liard et, pour les techniciens, deChristian Tissier, Micheline Tissier et Thomas Gavory. Les débatsont d'abord longuement porté sur la modification des statutsproposée par les Anglo-saxons. Ces modifications visaientnotamment à supprimer les langues japonaise et française auprofit de la seule langue anglaise et à intégrer dans la FIAplusieurs groupes ou fédérations pour chaque pays. Ces modifi-cations, qui pouvaient être lourdes de conséquences pour laFrance et la FFAAA, n'ont, en définitive, pas été retenues, au prixd'un important lobbying de nos représentants. Les débats ontégalement porté sur l'appartenance de la F.I.A. à l'organisationinternationale Sport-Accord, sur le dopage et les recommanda-tions de la WADA (World Anti-dopage Association), sur lesmoyens d'accroître la diffusion de l'Aïkido dans le monde, etc. Untrès long moment a été consacré à l'examen des comptes et dubudget prévisionnel. La F.I.A. est redevable de plus de 100 000dollars au Hombu dojo, ce qui la place dans une situation dedépendance que beaucoup estiment inopportune. Un long débatet plusieurs votes ont été nécessaires pour l’intégration desorganisations représentant la Slovénie, la Roumanie, la Lettonieet le Vénézuela, notamment pour la dernière pour laquelle uneopposition forte a été manifestée par le représentant des USA etmaître Yamada. Ces pays ont, en définitive, été intégrés aprèsplusieurs votes. Enfin, notre Président Maxime Delhomme a étéélu membre du nouveau Comité Directeur. Parallèlement auxdébats, un séminaire de 20 cours était organisé, animé par dessensei choisis par le Hombu dojo. L'un de ces cours a été animépar Christian Tissier, comme c'est le cas depuis de nombreusesannées, avec un succès qui ne se dément pas puisque plus de800 pratiquants venus du monde entier étaient sur le tatami.Mais ce congrès a aussi été exceptionnel puisque MichelineTissier, membre éminent du Collège technique national de laFFAAA, a également animé un cours, de même que YokoOkamoto, de l'Aïkikai de Kyoto, toutes deux élèves de ChristianTissier. Là encore, ces cours ont accueilli plusieurs centaines departicipants qui ont exprimé leur satisfaction par des applaud-issements nourris. Enfin, le samedi matin, Micheline Tissier aégalement animé une très belle démonstration pour la Franceparmi 30 pays. En définitive, les relations privilégiées et ami-cales que nous entretenons avec de nombreux délégués de paysdivers ont été renforcées et la position de la France, représentéepar la FFAAA, en est sortie grandie. A noter que les dirigeants de la FFAB sont venus saluer ChristianTissier et se sont excusés pour lui avoir refusé l'attribution dugrade de 8e dan ! u

Autour de Paul Lagarrigue, le nouveau Comité Directeur :

- Paul LAGARRIGUE, président- Jean-Marc ANDRE- Gérard BERLING- Etienne BOULEY, président Aïkibudo- Emmanuel CLERIN- Gérard CLERIN- Daniel CONEGGO- Michel COULON- Michel DESMOT- Francisco DIAZ- Jean-Marc EPELBAUM,

vice-président Aïkibudo- Robert HANNS

- Catherine LAGARRIGUE- Jean-Philippe LARMIER- Jean LIARD- Jacques MAIGRET- Gérard MERESSE- Catherine MONFORT- Gaston NICOLESSI- Jean-Claude PELLE- Luc POTIER- Dany SOCIRAT- Serge SOCIRAT- Jean-Victor SZELAG- Louis VIZZINO

info

sPaul Lagarrigue a été élu nouveau président de la FFAAA lors de l’AssembléeGénérale des 24 et 25 novembre 2012

Paul Lagarrigue, un président aïkidoka

Paul Lagarrigue a débuté l’Aïkido en 1974. Il estaujourd’hui 6e dan. Il a suivi quelque temps les coursd’André Nocquet, puis de Tamura Nobuyoshi. A partirde 1977, il s’oriente plus particulièrement versChristian Tissier qui lui apporte une pratique qu’ilestime plus précise et plus juste de l’Aïkido.Depuis, il a pratiqué avec les plus grands :- au Japon, à l’Aïkikaï de Tokyo où il s’est rendu à plusieurs reprises et aparticipé aux cours de Kishomaru Ueshiba et Moriteru Ueshiba, ainsiqu’aux cours des plus grands professeurs du Hombu dojo,- en France avec Yamaguchi sensei, Saotome sensei (pour la venue duquelil a créé l’association Aïkido Harmonie), Endo sensei, Nishio sensei, Yasunosensei, Fujita sensei et bien d’autres.Titulaire du Brevet d’État d’enseignement de l’Aïkido, obtenu en 1981, puis duDEJEPS, il a enseigné successivement à Nantes, la Roche-sur-Yon, Marseille,Cayenne, Hyères, Carcassonne et formé un nombre important de ceinturesnoires. Il a toujours enseigné bénévolement. Parallèlement, il est aussi parmiles membres fondateurs de la FFAAA, dont il a été vice-président depuis plusde 20 ans. A ce titre, il participe tous les 4 ans au Congrès de la FédérationInternationale d’Aïkido, en qualité de représentant de la France.Paul Lagarrigue est également Président de la Commission nationale desgrades Aïkido (CSDGE), nommé à cette fonction par arrêté du Ministre dessports du 17/06/2003. u

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AÏKIDO

Pour le Kinomichi, Lucien Forni, disciple de la première heure de Masamichi Noro, a parfaitement démontré l’harmonieuse évolution de l

Dominique Valéra, 9e dan, champion du monde de Karaté qui a répondu présent à l’invitation de son ami Christian Tissier, a subjugué son

A l’origine de cette très belle fête de l’Aïkido, l’amicale complicité qui lie Christian Tissier shihan, 7e dan, à Maxime Delhomme, président d

Tous autour de Christian Tissier et Dominique Valéra pour graver cette fête sur la plaque numérique. Venu des USA à l’invitation de son a

Paul Muller, 7e dan, a montré toute la maîtrise qui est la sienne pour l’enseignement aux armes notamment.

Malcom Tiki-Shewan, 7e dan, théoricien reconnu de l’Aïkido, mais également grand expert sur le tatami. Pour l’Aïkibudo, Alain Floquet, 8

faisons une fête

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Pourquoi une grande fêtede l’Aïkido ? Pour unifier,pour découvrir. Nous avons commencé cecycle cette année. Nous n’avons pas eu beau-coup de temps pour cettepremière. Ce que nous voulons, c’est montrer ladiversité de notre fédé-ration. C’est intérressantque les divers pratiquantsse rencontrent, se mélan-gent, qu’ils fassent del’Aïkido, du Kinomichi, del’Aïkibudo, du Karaté ou unautre art, en rapport avec

ce que l’on fait, de façon à ce que tous les profes-seurs comprennent qu’ilsont une liberté d’ensei-gnement. Ils peuvent enseigner cequ’ils veulent à conditionde rester fidèles avec leprincipe unique d’harmo-nie qui détermine l’Aïkido.

Maxime Delhomme

e l’art de son sensei, qui fut lui-même élève direct de Morihei Ueshiba O sensei.

n audience par l’ampleur de sa technique et la qualité de sa transmission.

nt de la FFAAA de 1988 à 2012.

n ami Maxime Delhomme, Stanley Pranin, auteur de livres sur l’Aïkido a donné une conférence exceptionnelle.

8e dan, a montré, une fois encore, l’étendue technique de cette voie authentique.

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Les 23 et 24 juin dernier, à Paris, la FFAAA a proposé aux pratiquants de tous horizons, une grande fête de l’Aïkido, à laquelle ils ont répondu en très grand nombre. En invités exceptionnels, le grand champion Dominique Valéra ainsi que StanleyPranin, aïkidoka, chercheur, historien, auteur de publications remarquables, qui adonné, pour la première fois en France, une conférence particulièrement appréciée.

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Avant tout, comment l’Aïkido vousest parvenu ?

Pratiquant le Viet Vo Dao durant 10 ans, l'Aïkido m'est parvenu, ainsi que leKaraté-do, lors de ma rencontre avecMochizuki Hiroo senseï en 1968, auprès dequi j'ai pris mes premières licences dans ces disciplines.

Quelles ont été vos influences lesplus marquantes ?

Mochizuki Minoru senseï, élèvedirect de O senseï, Noro senseï, Kobayashisenseï, Saotome senseï, Christian Tissiershihan.

Quand et comment avez-vousdécidé de vous engager dans cette respon-sabilité de président de votre ligue ?

Cette responsabilité m'a ététransmise par Louis Speck, mon prédéces-seur dans la ligue de Picardie. En 2002,Louis quittait la région et comme j'allais metrouver disponible avec ma retraite profes-

sionnelle, j'ai accepté cette marque deconfiance.

Concernant les effectifs, votreligue est en plein développement, quelle estvotre marge de progression ? Commentvous organisez-vous ?

Nous étions une petite ligue par la

quantité des effectifs. Louis Speck attachaitune grande importance au développementdes qualités techniques et pédagogiques desenseignants. Ce sont des facteurs primor-diaux pour susciter l'intérêt, gagner de nou-veaux pratiquants et les retenir. J'adhérais àce choix et j'ai poursuivi le travail en ce sens.L'Aïkido est une discipline. A ce titre, elle

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RENC

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Eligue de picardierené georges

Président d’une des plus petites ligues au sein de la FFAAA, René Georges, 3edan, n’a de cesse de faire progresser l’Aïkido de son territoire,

avec un certain succès, à l’ombre de la grande Île-de-France.

la force de l’esprit

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intéresse plutôt les adultes. Soit pour leurpratique personnelle, soit, en tant queparents, pour les valeurs éducatives qu'ellevéhicule (respect, bienfait corporel, non-vio-lence affichée, absence de compétition)auprès des enfants.Avec les clubs de la ligue nous avons essayéde faire découvrir aux jeunes (de 6 à 15 ans)cette activité. Je dois dire que nous avons for-tement progressé sur ce créneau. Nous res-tons cependant réalistes. L'absence de com-pétition et donc de résultats visibles auprèsdu grand public ne favorise pas notre disci-pline au travers des médias. L'engouementde masse n'existe pas en Aïkido mais cet artrépond à l'aspiration de tout un public sou-cieux d'une démarche de bien-être global.

Quelles difficultés particulièresrencontrez-vous ?

La Picardie est une vaste région detrois départements : l'Oise (137 h/km²), laSomme (92 h/km²)et l'Aisne (73 h/km²). Lesdeux fédérations officielles y sont présentesselon une répartition liée à l'historique d'im-plantation pour chacune d'entre elles. Pour promouvoir l'Aïkido, il faut bien entenduqu'il y ait les structures (et les municipalitésqui les ont sont bien souvent réceptives)mais, avant tout, il faut un enseignant. Unediscipline exige des « disciples », des pas-sionnés, capables de transmettre la forme etle fond. Nous avons des pratiquants dans laligue qui le sont ou le deviendront mais, lamobilité professionnelle devenant incontour-nable, les savoir-faire se « délocalisent ». Jene suis pas impatient pour l'accroissementdes effectifs, cela viendra avec le temps.

Des clubs peuvent-ils encore secréer en Picardie ?

Entre 2010 et 2012 deux nouveauxclubs sont nés : un dans l'Aisne et l’autredans l'Oise. D'autres ouvertures serontencore possibles dès que les enseignants

seront là. Je n'oublie pas que nous avonsquatre pratiquants FFAAA pour 10 000 habi-tants sur l'ensemble de la Picardie. C'est en-deçà de la proportion nationale. Il n'y aucuneraison que nous ne progressions pas.D'autant que nous bénéficions de la qualitéde l'École des cadres de la région parisienne,dont Bernard Palmier est le promoteur etl'animateur avec ses assistants. De plus,notre DTR, Pascal Norbelly (6e dan, élève deChristian Tissier) intervient sur notre liguedepuis que j'en ai pris la présidence. Cettecontinuité dans l'enseignement nous semblepréférable. Elle ne sera, certes, pas éternellemais elle donne jusqu'à présent de bonsrésultats. Et puis les pratiquants et ensei-gnants sont toujours libres de diversifierleurs connaissances par les nombreuxstages dispensés par tous les experts denotre fédération ou invités par elle.

Quels sont les points forts d’unesaison dans votre ligue ?

Le stage national, longtemps animépar Christian Tissier et maintenant parBernard Palmier, les stages de ligue dirigéspar Pascal Norbelly. Pour maintenir la notoriété de notre discipline,les diverses manifestations locales, aux-quelles nos clubs peuvent être amenés à par-ticiper, sont aussi des moments importants.

A titre personnel, qu'est ce quivous impressionne le plus dans l'Aïkido ?

C’est, je crois, la richesse de cet artmartial qui conjugue le travail sur le corps etl'esprit. L’Aïkido nous amène à avoir une atti-

tude. Je dirais même une Attitudeavec un grand A, celle de la verti-calité qui nous fait grandir à tousles niveaux. Une attitude verticalequi n'est jamais statique ou figéepuisque nous pratiquons en utili-sant la spirale ; notre esprit sedoit d'être constamment ouvert,sans crainte, pour recevoir l'at-taque du partenaire. Ni catégorie,ni genre, ni âge sont des caracté-ristiques de l'Aïkido. u

Propos recueillis par Albert Wrac’h

René Georges, président-pratiquant,entouré de quelques-uns des techniciens de Picardie et de leursélèves, de tous âges, de tous niveaux,lors du cours du samedi matin.

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L’Aïkido nous amène à avoir une attitude. Et même une Attitude avec un grand A, celle de la

verticalité qui nous fait grandir à tous les niveaux. C’est,je crois, la richesse de cet art martial qui conjugue le

travail sur le corps et l'esprit…

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Vous êtes un des hauts gradés devotre ligue. Quels ont été vos senseï ?

J'ai commencé l'Aïkido en 1972 auJudo Club Daumesnil dans le 12e arrondisse-ment, à Paris. Mon professeur d'Aïkido, Monsieur Pierrard,était très marqué par les maîtres Noro etMochizuki auxquels il faisait beaucoup réfé-rence lors de ses démonstrations et explica-tions. Nous naviguions donc, nous autresélèves, dans deux approches distinctes del'Aïkido, à travers les techniques qui nousétaient expliquées. Dans mes souvenirs,lointains mais toujours présents, apparais-saient à la fois, chez notre professeur et sesassistants, une recherche de belles tech-niques et d'efficacité. La notion d'attitudemartiale était forte. Dans les années 1970, je participai à toutessortes de stages. Les professeurs étaientTamura, Chiba, Sugano, Kobayashi, Nocquet,Noro.Je trouvais indispensable de chercher, auxtravers des écrits de référence dont nouspouvions disposer, la connaissance néces-saire de cet art japonais dont la beauté d'exé-cution me retenait. J'avais acheté, rue laMontagne-Sainte-Geneviève, le livre de O.Ratti et A. Westbrook « Aïkido and the dyna-mic sphere », très beau livre, format à l'ita-lienne, que j'ai prêté par la suite et jamaisrécupéré. Je m'efforçai de le traduire de l'an-glais. Les dessins des auteurs, par leurbeauté circulaire, me paraissaient représen-ter, à l'époque, ce que devait être l'Aïkido etce vers quoi il fallait tendre. J’avais vu à mesdébuts, présenté par André Nocquet aprèsun stage qu’il avait animé, le film de MichelRandom « Les arts martiaux – ou l’esprit desbudo ». Il n’y avait pourtant qu’un cours pas-sage sur l’Aïkido. Ce documentaire m’avaitdonné envie de poursuivre la voie des artsmartiaux. Puis, par la suite, j'ai eu l'occasion

de suivre des cours dispensés par maîtreTissier. La première fois que je l'ai vu, c'étaitil y a fort longtemps, à Paris, rue Daguerre,dans le 14e arrondissement. J'avais trouvé sapratique très dynamique et vivante. J’avaispensé que, dès que possible, après mon ser-vice militaire, je suivrais ses cours.Ma vie professionnelle, puis familiale, ne mepermettant pas une disponibilité très flexible,je n’ai pu, en définitive, que suivre ses stages,à son cercle, à Vincennes. Je continuai à pro-fiter d’autres stages, animés par des maîtres(Noël, Endo, Ikeda, Yasuno, Osawa,Yamashima, Arikawa).Mais c’est avec maître Tissier que j’ai pucomprendre et apprécier la richesse tech-nique de la pratique. Son enseignement estvraiment intéressant, tant sur le plan de lapédagogie que sur celui du sens de larecherche personnelle, qu’il sait insuffler auxpratiquants.

Pouvez-vous nous dire comments’organise l’enseignement en Picardie ?

La ligue construit son enseigne-ment autour de deux axes :1- l'enseignement dispensé aux pratiquantsdébutants et confirmés :les clubs, comme partout, ont la charge depréparer chaque pratiquant à pouvoir se pré-senter, le moment venu et s'il le souhaite, aupremier examen (ceinture noire shodan) quiconsacre un premier niveau, celui de l’appli-cation formelle des techniques. Puis, par lasuite, vers les autres niveaux, nidan, etc.Cependant, le club ne peut pas être le seullieu d'expertise pour y parvenir.La ligue bénéficie de stages (5 par an) animéspar le Délégué Technique Régional, en l’oc-currence, depuis plusieurs années, PascalNorbelly, 6e dan. Ces stages de ligue permet-tent d'avoir son avis, en plus de bénéficier deson enseignement, sur le progrès technique

des pratiquants, de mois en mois et d'annéeen année. La ligue organise un stage natio-nal annuel. Jusqu’à présent, les intervenantsont été, jusqu'à présent, les maîtres Tissier etPalmier. En dehors de ces rendez-vous, il estpossible pour les pratiquants et enseignantsd'assister aux stages privés des maîtres. Laligue de Picardie (Oise, Somme et Aisne)n’est guère éloignée de la région parisienneoù il n’y a pas pénurie de savoir.2- La formation des enseignants :pour enseigner dans un des clubs de la ligue,il est nécessaire de posséder le BF ou le BE,bientôt remplacé par le CQP option Aïkido.Pour le démarrage d'un nouveau club, uneautorisation d'enseigner validée par le prési-dent de ligue et le DTR peut être provisoire-ment suffisante, sousréserve de l'engage-ment du bénéficiaire decette autorisation à seformer au BF ou auBE/CQP.Les stages de ligue permettent au DTR de serendre compte de l'évolution des participantset, par voie de conséquence, de la qualité del'enseignement des clubs.Être peu éloignée de la région parisienneoffre la possibilité à une petite ligue, commecelle de Picardie, de pouvoir se rattacher àl'École des cadres de l’Ile-de-France. Lesenseignants peuvent s'y recycler, participer,en tant que tuteurs, à la formation au BF.C'est un atout primordial. Autant les stagesde ligue, nationaux ou privés, sont un gage deprogrès technique et de compréhension, ausens large, de l'Aïkido, autant l’École descadres est indispensable pour la formationdes enseignants à la pédagogie.Quelle que soit la matière ou l'art enseigné ilconvient, dans un premier temps, de se l'ap-proprier (être un pratiquant confirmé), puisd'apprendre à le transmettre. L’Aïkido ne se

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Dominique Capes, 4e dan, a gardé de l’enseignement reçu auprès des plus grandssenseï une ouverture d’esprit qui témoigne parfaitement de sa conception de l’Aïkido,et dont profitent tous ses élèves de Picardie.

La technique doit transformer la confrontation et la contrainteen une forme de résolution duconflit ouvert.

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dispense pas dans un cercle confidentield'initiés ; il est offert à tous les publics dontl'intérêt pour la pratique est très diversifié,ainsi que les aptitudes corporelles (l’âge, lacorpulence, etc.) C'est pourquoi, la liguedemande à ses enseignants de passer parl’École des cadres auprès de laquelle, grâceà son animateur, Bernard Palmier, et à sesassistants, ils trouvent une méthode pédago-gique ouverte et évolutive. En dehors del’École des cadres, des stages de formation,nécessaires à un enseignement rationnel etobjectif sont dispensés. Ainsi, le regrettéJean-Michel Mérit avait-il formé à l'ensei-gnement des jeunes ceux des enseignantsde la ligue qui s'y prédisposaient.De même, le stage à l'évaluation des gradesest enrichissant, non seulement pour lesquelques jurés de passage de grades shodanet nidan, mais aussi pour tous les ensei-gnants qui font passer les kyu en club.

Si l’on convient que le dojo est lelieu consacré de l’Aïkido, que doit y apporterle pratiquant ?

La première fois que le pratiquantmonte sur le tatami, c'est lui-même, noviceet dans l'attente, que le club (le dojo) reçoit.La première chose, c'est de ne pas décevoirson attente, quelle qu'elle soit : lien social,sport de combat, loisir, bien-être corporel. Cen'est pas une mince affaire. L'enseignant

imprime l'esprit du dojo, mais il doit êtrerelayé par les pratiquants. Le nouveau venudoit être respecté et pouvoir rapidement êtreconforté dans son choix. C'est toute la subti-lité de l'Aïkido que de répondre à de multi-ples approches qui, en fin de compte, conver-gent vers un but unique : la réalisation de soi.Par la suite, par ses progrès, le pratiquantcontinuera d'être un aspect de la diversité dugenre humain qui contribuera à l'enrichisse-ment de ses partenaires, à travers une pra-tique qui ne s’enferme dans aucune catégoriede poids, de taille, de genre, de forme. Mêmesi, pendant les cours, il est utile, parfois et nonpas systématiquement, pour la compréhen-sion de la technique et sa bonne réalisation,de regrouper par catégorie (ex : apprentis-sage de koshi nage… 55 kg vs 90 kg).

Pourquoi cette absence revendi-quée de compétition en Aïkido ?

Le fondateur de l'Aïkido, MoriheiUeshiba, n'a pas développé un art martialsportif, mais une pratique constructive poursoi-même : « L'Art de la paix commence parvous » et « Il n'y a pas de conflit dans l'Aïkido »disait-il.Cela ne signifie pas qu'il n'y ait pas usaged'une certaine violence maîtrisée dans lapratique, puisque nous avons recours à laconfrontation, à la contrainte par desfrappes, des coupes et des saisies. De celles-

ci doivent émerger des techniques dedéfense : une immobilisation, une clé surune articulation ou une projection. Mais il n’ya pas de vrai perdant, pas de destruction, pasde hors-jeu, seulement la préservation del’intégrité de l’un et de l’autre. Il y a réversibi-lité, que ce soit dans l’action (tori et uke) etdans la finalité (la destruction devientconstruction).La compétition répond à une autre aspira-tion : celle de gagner, d'éliminer. C'est lalogique du dominant, du meilleur, du plusfort. Elle n'est pas condamnable, elle répondsimplement à une autre voie de la réalisationde soi, peut-être plus éphémère que celleque propose l'Aïkido qui peut se poursuivretout au long de la vie d'un pratiquant quiaurait commencé jeune. Comme elle peutpermettre à un autre pratiquant qui auraitcommencé bien après le printemps et mêmel'été de la vie de se réaliser à travers une pra-tique adaptée.L'Aïkido ne demande pas d'autres qualitéscorporelles que celle d'être en bonne santé(sans contre-indication médicale). Le handi-cap, suivant son degré bien sûr, n'est pas unempêchement.

Pensez-vous, comme l’affirmait lefondateur, que la vraie victoire c’est la vic-toire sur soi-même ?

Bien sûr ! C'est l'universelle valeur

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l’ouverture martiale

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du « Connais-toi toi même et tu connaîtrasl'univers et les dieux», inscription placée surle fronton du temple de la pythie de Delphesen Grèce. Mais qu'on peut aussi bien retrou-ver sous d'autres transcriptions dans lesanciens textes taoïstes chinois, et certaine-ment dans toute autre culture.Prendre conscience de ses limites, du bienincommensurable et inégalable qu'est la vie,la sienne et celle d'autrui. Combien elle esttenace mais pourtant fragile. Le seul vraicombat que nous devons mener est celui demaîtriser le côté destructeur (quelle qu’ensoit sa dimension), que nous avons tous ennous pour le transformer en énergie bienfai-trice. Ce n’est pas autre chose que de se libé-rer des tensions, que notre manque de rela-tivité aux évènements externes a créé ennous. Pratiquer avec les partenaires qui semblentne pas nous convenir participe à cette victoiresur nous-même. L'Aïkido nous apprend àtravailler avec l'autre quelle que soit saforme de travail, sa personnalité, son grade...Accepter de ne pas réussir, d’être confronté àplus confirmé que soit sont des difficultés àsurmonter.

L’Aïkido moderne s’oppose-t-il à latradition martiale ?

Ce qui est martial, guerrier, mili-taire s’est construit, au cours des sièclesautour d’une certaine déontologie qui s’ex-primait aux travers de codes d’honneur, de

règles plus ou moins tacites qui visaient àmagnifier le rôle du guerrier, du chevalier.Cela représentait déjà un progrès dans larelation conflictuelle. Les dernières guerres du 20e siècle, celles-cibien modernes, ont montré l’impasse verslaquelle elles conduisaient l’humanité.Surtout avec l’immense développementtechnique des armes de destruction mas-sive. Les codes d’honneur ne représentaientrien face aux raisons profondes à l’origine deces conflits. Il fallait tuer ou être tué, qu’onsoit l’attaquant ou le défenseur.Les vainqueurs ont compris qu’il ne servait àrien d’enfoncer le vaincu, de le mépriser. Ilvalait mieux à l’avenir prévenir par une édu-cation humaniste et par une force de frappedissuasive. La pensée martiale a su évoluer.Les armées modernes des grands pays ontun rôle essentiellement de défense, voire depolice. La destruction n’est plus acceptée.Désarmer sans détruire, vaincre sans tuersont les objectifs des démocraties.En cela, l’Aïkido, créé par Morihei Ueshiba en1942, a été moderne dès son émergence.L’Aïkido est un art vivant, évolutif, dont lesformes ne sont pas figées mais portées pardes principes fondamentaux bien plusimportants que la simple réalisation de telleou telle technique. Ces principes, le prati-quant les découvrira au fur et à mesure de sapratique en club, de sa participation auxstages des maîtres de haut niveau, de sonintérêt culturel pour l’Aïkido. La notion de

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Construire son Aïkido en incluant lapratique des armes, c’est aussi rencontrer l’histoire et la culture desarts martiaux japonais.

RENCONTRE

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bien-être que nous recherchons n’est pas àconfondre avec celle du confort.

Enseignez-vous des formes oudes techniques plus que d’autres ?

Nous sommes tous plus ou moinsimprégnés de l’image que nous a laissée telou tel enseignant ou maître dans son inter-prétation technique de l’Aïkido. Nous noussommes plus ou moins appropriés ce quenous avons vu. Mais ces maîtres nous ensei-gnent le fond par la forme. Ce qu’on ne com-prend pas immédiatement, accaparé quenous sommes par la décomposition desmouvements, la mémorisation du geste quenous voulons reproduire. Pourtant, « la formec’est le fond qui remonte à la surface » (VictorHugo).En ce qui me concerne, enseignant en club,j’essaye de m’en tenir aux principes (dépla-cements, placements, angles, relâchement,etc.), que les pratiquants doivent prendre encompte pour assimiler les techniques, maisje dois dire que j’ai un intérêt particulier pourune pratique non statique et non systémati-quement décomposée. Il me semble intéres-sant de laisser le pratiquant s’exprimer danssa compréhension du moment et de pasavoir à se perdre dans un empilement dedétails. Quant à privilégier des techniques, même sides préférences peuvent exister, un ensei-gnant doit s’en préserver car il doit instruireavec l’ensemble des techniques, frappes ousaisies que devra présenter le pratiquant aushodan. La nomenclature de la C.S.D.G.E. estriche. Il ne faut pas négliger de reprendre ceque nous délaissons. Il est même intéressantde solliciter sur le sujet le DTR lors desstages de ligue. Je considère cependant que ikkyo sur l’at-taque shomen uchi est la technique qui ren-voie sans cesse à l’esprit du débutant. C’estune technique impardonnable, exigeante quinous amène à l’humilité tellement elle estdifficile à réaliser et jamais vraiment bienexécutée. Koshi nage est aussi une techniquequi interpelle : comment l’enseigner et lafaire réaliser par des pratiquants aux gaba-rits variés ? Cette technique démontre com-bien kokyu nage est peut-être l’essence et lafinalité de toute technique.

La pratique des armes est unecomposante de l'Aïkido, demande-t-elleune pédagogie adaptée ?

Les armes de l’Aïkido (aujourd’huile boken, le jo et le tanto) sont très symbo-liques et en cela très riches. Elles sont, pource que je connais de l’historique de l’Aïkido,inhérentes à sa construction. En consé-

quence, il serait vraiment dommage d’ensoustraire l’étude dans l’enseignement.D’autant que des nouveaux élèves, qui peu-vent rencontrer des difficultés dans leur pre-mier temps de pratique avec les roulades(ukemi) et le travail à genoux (suwari waza),sont intéressés d’emblée par la pratique deces armes. C’est aussi un angle d’approchede l’Aïkido pour les débutants. Il convientd’exprimer cette pratique avec les principesque l’on doit utiliser lors de la pratique sansarmes. Espace, vigilance, sécurité, mesuresont indispensables. La notion d’outil péda-gogique prime sur toute autre considération.On retrouve exactement les mêmes notionsde travail avec et sans armes. Ce travailconcrétise des notions qui paraissent parfoisabstraites (angles, distances, atémis,coupes, etc.) dans l’Aïkido à mains nues.C’est aussi un travail personnel, puisqu’onpeut pratiquer seul, pour peu que l’environ-nement s’y prête. Répéter des mouvementsexécutés en club, avec un boken ou un jo,reproduire un kata sont des chemins indivi-duels de progrès.

Quel est, en Aïkido, le rapport spé-cifique entre l’attaque et la défense ?

Sans entrer dans des considéra-tions trop poussées concernant l’émergence,voire l’intention, de l’attaque qui entraîneraune défense plus ou moins en amont de l’ac-tion qui semblera être plus une attaquequ’une défense, nous convenons sur les tata-mis qu’il y a un attaquant et un défenseur. Mais les actions (attaques et défenses) quenous allons opérer ne doivent pas être suc-cessives ou dissociées, à courir l’une aprèsl’autre (attaque/contre-attaque). Avec la pra-tique, la connexion entre défense et attaques’affinera. Il est possible d’annihiler uneattaque à sa source ou de la laisser mouriren étant immédiatement avec l’attaquant etnon plus contre. Le travail est de le faire sans blocage et dansl’harmonie Trouver l’instant et l’emplace-ment pour déséquilibrer et rendre inoffen-sive l’action d’attaque. La technique engagéedoit être fluide et belle. Ce qui est beau estjuste… et vice versa. Dès lors, il n’y a plus deux actions, l’unecontre l’autre, mais une action qui s’harmo-

nise avec l’autre pour ne devenir qu’unejusqu’à sa fin.

Quelle importance accordez-vousaux suwari waza ?

La pratique à genoux est surpre-nante pour l’observateur ou le débutant. Ellechange notre rapport avec le sol, nous quisommes en permanence dans l’élévationdepuis l’enfance : assis sur une chaise oudebout. Cette pratique favorise la mobilité du corps,la souplesse et la rectitude de l’attitude. Jetrouve que c’est le kihon par excellence.Néanmoins, elle ne doit pas être exagérée.Répétitive, c'est-à-dire présente à chaquecours, mais mesurée, adaptée aux possibi-lités de chacun.

En quoi l’Aïkido peut-il façonnerl’humain ?

L’Aïkido, comme le dit BernardPalmier lors de ses cours pédagogiques,c’est un système. Même si, personnelle-ment, je n’aime pas ce mot, peut-être à tort,

pour qualifier notre art, je reconnais que ladéfinition est juste. Un système est unensemble de principes, coordonnés etconçus par l’esprit auquel on adhère ou nonjusqu’à un certain point. Néanmoins, la réalisation des techniquesselon les principes de l’Aïkido nécessite quel’esprit du pratiquant ait accepté et mis enpratique ces principes. L’Aïkido a une dimen-sion culturelle indéniable. La culture éduqueet ouvre l’esprit plus qu’elle ne façonne. Parcontre, le corps, par une pratique régulière,se construit, se façonne, à la fois dans le ren-forcement, l’endurance et la souplesse.

L’Aïkido peut-il sortir du dojo pourpasser dans le quotidien ?

La réalisation de soi, à laquellecontribue l’Aïkido, ne peut se concevoircomme un travail exclusivement techniqueou sportif. Le rapport particulier avec autruisur lequel nous sommes engagés dans lapratique de l’Aïkido ne peut s’arrêter à lafrontière du dojo.

Propos recueillis par Céline Rigodon

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La réalisation de soi, à laquelle contribue l’Aïkido,ne peut se concevoir comme un travail exclusivement

technique ou sportif. Le rapport particulier avec autrui surlequel nous sommes engagés dans la pratique de l’Aïkido ne

peut s’arrêter à la frontière du dojo…

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Pour Valérie Ferrari, 1er dan, BF, très engagée au niveau de sa ligue, l’enseignementde l’Aïkido doit se faire avec le même enthousiasme que sa propre pratique.

ligue de picardievalérie ferrari

Vous êtes pratiquante, ensei-gnante, mais aussi trésorière de la ligue dePicardie, quelles sont les principales tâchesde votre fonction ?

En tant que trésorière, je suis char-gée de suivre et d’assurer la gestion descomptes de la ligue. Je centralise et enregis-tre les dépenses et les recettes concernant :- les cotisations annuelles des clubs,- les recettes des stages et le retour à lafédération de 80% de celles-ci pour lesstages nationaux,- la rémunération du DTR et des autres inter-venants (stages régionaux, stages enfants),ainsi que l’indemnisation des frais de dépla-cement,- les ristournes sur les licences reverséespar la fédération,- dans le cadre de la promotion de la forma-tion des futurs enseignants, nous rembour-sons 50% des frais pour le Brevet Fédéral(hors transport),- l’achat de matériel comme des tapis mis àdisposition des clubs en cas de besoin,- le remboursement des frais de déplace-ment du président de la ligue,- l’indemnisation des jurys pour les passagesde grades,- les achats de passeports pour les clubs.En fin d’année, je réalise le bilan et le compte

de résultat de l’exercice échu. La situationdes comptes et le bilan annuel sont présen-tés en début de saison suivante lors de l’AGde la ligue avec une analyse des évolutionsdes dépenses et des recettes par rapport àl’année N-1.

Quels ont été vos maîtres ? Quelsenseignements avez-vous reçus ?

J’ai découvert l’Aïkido en 2002 avecRené Georges, président actuel de la ligue dePicardie, il a été jusqu’à mon 3e kyu monenseignant principal. En 2003, il m’a confié laprésidence du club, lorsqu’il a été nomméprésident de la ligue, et le cours enfants. Puisen 2008, au départ de mon prédécesseur, ilm’a demandé de reprendre la trésorerie dela ligue. En parallèle à ma pratique en club,ma passion ne cessant de croître pour cettediscipline, j’ai participé à de nombreux stagestant au niveau régional, qu’en inter-ligue etau niveau national. Ainsi, j’ai pu rencontrer denombreux maîtres tels que : Pascal Norbelly,DTR de la région Picardie, Christian Tissier,Josette Nickels, Franck Noël, BernardPalmier ou encore Micheline Vaillant-Tissier.De même, j’ai eu l’occasion de participer àdes stages de maîtres japonais comme Endo,Ikeda, Yasuno, Osawa, Yamashima. Tous cesmaîtres m’ont permis de percevoir la

richesse de l’Aïkido, la diversité des formesde travail ainsi que de voir différentesconceptions d’approche de la discipline et deson enseignement. J’ai beaucoup appréciéaussi la confrontation et la complémentaritédes pratiques occidentales et orientales. Aucours des stages de ligue, j’ai fait la connais-sance de Dominique Capes, actuellementsecrétaire de la ligue de Picardie et ensei-gnant du club de Saint-Quentin à l’époque etde Laon aujourd’hui. Sa pratique fluide, larichesse de son enseignement, la variété desdifférentes formes d’approche des tech-niques, son savoir sur la philosophie de ladiscipline et son expérience à travers sesrencontres avec les plus grands maîtresm’ont fortement séduite et conforté dansmes choix. L’Aïkido était devenu ma disciplinepar excellence. Cette rencontre a été le débutd’une pratique intense et d’une grande com-plicité qui n’a jamais cessé qui m’a menée au1er dan en 2008 et à l’obtention du BF dans lafoulée en 2009. Il enseigne tout ce qu’il sait etsans aucune réserve, ce qui fait toute sarichesse. Je lui en suis très reconnaissante.

Comme enseignante, de qui vousoccupez-vous particulièrement ?

J’enseigne principalement auxjeunes de 6 à 14 ans et occasionnellement

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une recherche de résolution

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aux adultes en l’absence de leur professeur.

Faut-il, pour les plus jeunes, imi-ter pour mieux assimiler ?

Toute pratique commence parl’imitation. C’est elle qui nous permet deconnaître les bases fondamentales, les diffé-rentes formes de travail et de construire parla suite notre propre pratique et conceptionde l’Aïkido. Le tout est de ne pas suivre qu’unseul maître afin de ne pas s’enfermer dansune pratique unique. Nous puisons le savoirà travers la connaissance et l’expérience del’autre. Vient ensuite la période de l’analyse,de la critique constructive, des échanges etde l’introspection qui nous permettent denous situer par rapport aux différentesformes de travail existantes, ce que l’onrecherche, ce à quoi on aspire et par rapportaux autres.

Etes-vous plus dans une pratiqueplus ludique que martiale ?

Concernant les plus jeunes, il estimportant de rester sur une pratique ludiqueafin de ne pas les perdre. L’Aïkido est loind’être une discipline simple. C’est un travailsur soi, une acceptation de l’autre tel qu’ilest. On doit mettre fin à un combat sans uti-liser sa propre force, mais en utilisant cellede l’autre et le déséquilibre. Dit comme çà,pour un enfant c’est très difficile d’imaginerla chose et de le retranscrire dans les faitssans violence ou domination par le plus fort.Par ailleurs, pour les enfants il n’est pas sim-ple de reconnaître leurs erreurs, de seremettre en question, d’accepter l’échec etils jugent facilement l’autre.

Entre 6 et 14 ans les enfants passent beau-coup de temps sur les jeux, le sport doit doncrester pour eux un plaisir, un divertissementplutôt qu’une contrainte ou encore une exi-gence dans le but d’acquérir des capacitésphysiques. De même, un enfant peut seconcentrer environ vingt minutes, ensuiteson esprit est très volatile. D’où l’importanced’alterner jeux et apprentissage afin deconserver leur motivation intacte d’uneannée à l’autre et de les aider à canaliser leuresprit. D’un autre côté, il est important de nepas oublier le côté « martial » de notre art quiest plein de symboles pour l’enfant. Ils onttous vu au moins une fois un film d’arts mar-tiaux. Pour eux, à travers la pratique des artsmartiaux, ils ont la possibilité de s’identifier àl’un de ces super-héros et de pratiquer l’unde ces arts si beaux et puissants qui les ontfait rêver. Le combat est quelque chose d’at-tractif pour les enfants, à nous de leur incul-quer le respect de l’adversaire et de son inté-grité dans la pratique. Au-delà des bienfaitsphysiques (verticalité, construction du corps,souplesse et travail cardio-vasculaire), lapratique d’un art martial permet à l’enfant deconnaître et d’expérimenter des valeurstelles que l’humilité, la modestie, l’entraide,la non-agressivité, le respect. Ils développentaussi des capacités telles que la détermina-tion, la vigilance, la concentration, l’écoute,l’assimilation et l’application de consignes ;autant d’outils qui les aident à l’extérieur,dans leur scolarité et dans leur vie de tous lesjours. Ils apprennent également à être res-ponsables de leurs actes et prennentconscience de leurs possibilités mais ausside leurs limites. Les arts martiaux sont une

école de la vie, une école de conduite. Dansnotre société actuelle, parfois violente, baséesur la performance, la loi du plus fort et lacompétitivité, tous ces apprentissages leurpermettront de mieux appréhender les diffi-cultés avec tout le recul nécessaire pourprendre leurs décisions et faire leurs choix.

Quels sont les grands principesque vous voulez faire passer ?

L’objectif de mon enseignementaux enfants n’est pas d’en faire, forcément,de grands aïkidokas. Les enfants ont du malà rester sur la pratique d’une seule disciplinedurant toute leur adolescence. Ils passentsouvent du coq à l’âne, se cherchent ou sedécouragent facilement. Aujourd’hui, lesenfants n’ont plus le goût de l’effort et ont dumal à se surpasser. Par ailleurs, les médias,internet, les jeux en ligne, les absorbent enpermanence et les coupent de la réalité. Ilssont constamment dans le virtuel, enferméschez eux. Le contact avec les autres et lemonde extérieur devient de moins en moinsfréquent.Mon objectif principal est donc de leur fairepratiquer une discipline sportive avant toutechose, qui leur plaît et leur permet de s’épa-nouir dans leur vie, pour qu’ils retrouvent legoût de l’effort et de la pratique en groupe.Chaque année qui passe est un combat pourles maintenir dans la discipline, capter leurcuriosité, leur intérêt et forger leur détermi-nation pour aller plus loin, tout en intégrant

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La réussite d’une technique passe parune bonne maîtrise de son énergie, unbon contrôle de soi.

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les nouveaux arrivants. Aujourd’hui, j’ai ungroupe de 5 à 6 élèves qui évoluent ensembledepuis plusieurs années, leur motivation esttoujours là et il y a une réelle complicité entreeux. Au-delà de la pratique d’une disciplinequi leur plaît, ils sont très contents de seretrouver et de partager ce moment de com-plicité tout en travaillant. Ils ont appris à seconnaître et à se respecter. Ils apprécientaussi énormément la possibilité qui leur estofferte d’accompagner et d’aider les débu-tants. Ils transmettent ce qu’ils savent,même si ce n’est pas parfait et sans avoir lagrosse tête. J’essaie à travers la pratique de l’Aïkido deles faire progresser sur eux-mêmes, de leurapprendre à se dépasser. Il est importantd’ailleurs de les encourager et de les valori-ser pour qu’ils prennent confiance en eux etse rendent compte de leur potentiel. Ils sonttrès attachés à la reconnaissance qu’on leurdonne. Les voir grandir, progresser, gagneren assurance est un véritable privilège pourmoi et une fierté. Dans ma pédagogie, je suis plus sur uneapproche de la technique dans sa globalité,sur la mobilité et la fluidité au niveau de lapratique. Je suis moins sur la précision desgestes et des placements. Les enfants sontpleins d’énergie, il faut que ça bouge.Par contre, j’insiste beaucoup sur la sincéritédes attaques et sur la non-complaisance. Onne doit pas chuter pour faire plaisir à l’autre,mais parce qu’il y a un réel déséquilibre ouune menace réelle. Il est important que leursrapports ne soient pas faussés, même si latechnique et l’attaque sont convenuesd’avance. Sinon, au niveau des techniques, jetravaille beaucoup les kokkyu, ils leur per-

mettent de gagner en fluidité et d’appréhen-der l’entrée des autres techniques sans tropséquencer. Et pour qu’ils gagnent en assu-rance, je les fais travailler devant tous lesautres, ainsi les passages de grades sontmoins stressants pour eux. Une solide expé-rience et un bon niveau acquis, nous inté-grons les enfants dans un cours adulte, le

samedi, pour qu’ilspuissent travaillerdavantage la préci-sion des gestes etdes placements ainsique la pratique car-dio-vasculaire. Puis, ils commencentà pratiquer lesarmes, le rêve ultimepour eux… Ils adorenttravailler avec lesadultes et récipro-quement. Les enfants corrigentleurs défauts avecl’aide personnaliséede l’adulte et lesadultes apprennent àadapter leur pratiqueen fonction de l’âge,de la taille et duniveau technique del’enfant. C’est un tra-vail très enrichissantde part et d’autre. Pour les décloison-ner, nous leur faisonsfaire également auminimum un stagerégional afin de tra-vailler avec desenfants qu’ils neconnaissent pas etqui peuvent avoir desfaçons de faire diffé-rentes. Ainsi, ils apprennent la diversité del’Aïkido et ne s’enferment pas dans une pra-tique unique. La pratique de l’Aïkido doit res-

ter un plaisir pour l’enfant et un outil qui l’aideà grandir, à se forger tant au niveau du corpsqu’au niveau de l’esprit. Au-delà de l’appren-tissage de techniques, je m’efforce de leurtransmettre un certain nombre de valeurs.J’encourage chacun d’entre eux à allerjusqu’au bout de ses rêves et à trouver toutesles ressources nécessaires en lui-même.

Le sport m’a aidé toute ma vie à meconstruire et à faire face aux plus grandesdifficultés et souffrances. Il a toute sa placedans la vie de l’enfant et fait partie intégrantede l’apprentissage et de l’éducation. On a tropsouvent tendance à considérer l’activité spor-tive comme quelque chose d’inutile, qui n’ap-porte rien et que seule l’activité intellectuellepeut construire un enfant. A travers mon expérience et mon enseigne-ment, j’essaie de faire comprendre auxenfants toute la richesse que peut apporterla pratique assidue d’une discipline sportiveet de leur transmettre ma passion en espé-rant qu’ils en tireront tous les bénéfices pos-sibles et qu’ils transmettront peut-être àleur tour un jour. u

Propos recueillis par Albert Wrac’h

Pratiquer sérieusement sans se prendre au sérieux, toutl’art de transmettre aux plus jeunes.

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Avec les plus jeunes, j’essaie, à travers la pratique de l’Aïkido, de les faire progresser sur eux-mêmes, de leur apprendre à se dépasser. Il est important d’ailleurs de les encourager et de lesvaloriser pour qu’ils prennent confiance en eux et se rendent compte de leur potentiel…

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CALENDRIER DES STAGES BF & EVALUATION2012 / 2013 • Examen CQP les 18 et 19 mai 2013 et rattrapage : 14 et 15 septembre 2013.• Stages de formation nationaux, préparation BF, CQP et DEJEPS : 30, 31 mars et 1er avril 2013 : Gilles Luc.

-PARIS (Ile-de-France)-Formation BF : Bernard Palmier, 19 & 20 Janvier 13, 13 & 14 avril, 25 & 26 mai 13.Examen : 22 & 23 Juin 2013.-Formation à l'évaluation : Pascal Durchon, 23 & 24 février 13. -LYON (Rhône-Alpes)-Formation BF: Luc Mathevet, 9 & 10 Mars 13, 20 & 21 avril 13. Examen : 25 et 26 mai 13. Formation à l'évaluation : Luc Mathevet, 8 & 9 décembre 12. -THIONVILLE (Lorraine)-Formation BF : Gilles de Chénerilles et Paul Muller, 9 et 10 février 13, 23 et 24 mars 13. Examen : 4 et 5 mai 13.-Formation à l'évaluation : Paul Muller, 19 et 20 janvier 13. -MARSEILLE (Provence)-Formation BF : Gilbert Maillot, 2 et 3 mars 13, 23 et 24 mars 13. Examen : 4 et 5 mai 13. Formation à l'évaluation : Luc Mathevet, 19 et 20 janvier 13.-RENNES (Bretagne)-Formation BF : Gilles Rettel, 12 et 13 janvier 13, 2 et 3 février 13, 9 et 10 mars 13. Examen : 4 et 5 mai 13. Formation à l'évaluation à Laval (Mayenne): Joël Roche, 26 et 27 janvier 13. -BORDEAUX (Aquitaine)-Formation BF : Irène Lecoq et Alain Verdier, 12 et 13 janvier 13, 2 et 3 mars 13, 13 et 14 avril 13. Examen : 1er et 2 juin 13. Formation à l'évaluation : Philippe Léon, 19 et 20 janvier 13.

Calendrier des manifestations et des stages nationaux - saison 2012/2013-ALSACE9 & 10 mars 2013 : Mulhouse, Franck Noël-BOURGOGNE3 février 2013 : Dijon, Christian Tissier-BRETAGNE14 avril 2013 : Rennes, Franck Noël-CENTRE10 février 2013 : Blois, Alain Verdier-CORSE19 mai 2013 : Bastia, Christian Tissier-COTE D’AZUR24 mars 2013 : Bouloris, Bernard Palmier-FRANCHE COMTE10 mars 2013 : Lons-le-Saunier, Christian Tissier-GUADELOUPE21 au 24 janvier 2013 : Pointe-à-Pitre, Christian Tissier-GUYANE8 au 15 avril 2013 : Cayenne et Matoury, Arnaud Waltz-ILE DE FRANCE2 décembre 2012, Paris, Christian Tissier24 mars 2013 : Paris, Franck Noël-LANGUEDOC ROUSSILLON2 & 3 février 2013, Perpignan, Franck Noël-LORRAINE6 avril 2013 : Thionville, Franck Noël-MARTINIQUE19 au 23 novembre 2012 : Lamentin, Christian Tissier-NORD2 & 3 février 2013 : Maubeuge & région lilloise, Patrick Benezi-BASSE NORMANDIE8 & 9 décembre 2012, Houlgate, Bernard Palmier-HAUTE NORMANDIE13 janvier 2013 : Rouen, Franck Noël-NOUVELLE CALEDONIE19 au 20 avril 2013 : Nouméa, Bernard Palmier-PAYS DE LOIRE19 et 20 janvier 2013 : Nantes, Franck Noël-PICARDIE3 mars 2013 : Laon, Bernard Palmier-POITOU CHARENTES7 avril 2013 : Poitiers, Bernard Palmier-PROVENCE17 avril 2013 : Marseille, Christian Tissier-LA REUNION2 au 11 juin 2013 : St-Denis, Patrick Benezi

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Stages préparation 3e & 4e dan26 et 27 janvier 2013 – Mare Seye & Marc Bachraty – Paris13 & 14 avril 2013 – Philippe Léon & Joël Roche - Nantes-Formation BF – CQP – DEJEPS30 mars au 1er avril 2013 – Luc Mathevet & Gilles Rettel – Sablé sur Sarthe.-Stage Enseignants des sections «Jeunes» 27 & 28 avril 2013 : Christian Mouza, Vichy. -Formation enseignants et futurs enseignants Du 26 au 30 août 2013 – Bernard Palmier & Arnaud Waltz – Sablé sur Sarthe.Passages de grades nationaux 3e dan- 2 sessions : février & juin- 6 centres : Paris - Bordeaux - Lyon - Marseille - Nancy - Rennes.Nous vous rappelons que ces zones sont ouvertes en fonction des besoins :-Paris, 3 février et 16 juin 2013 - Autres centres, 10 février et 16 juin 2013.Passages de grades nationaux 4e dan-Marseille, 9 février 2013 - Paris, 15 juin 2013.

Stages des techniciens été 2013-Valloire avec Christian Mouza 6e dan, du 17 au 23 mars. Rens.: 0608162488.-Beaugency avec Bernard Palmier 7e dan, du 9 au 12 mai. Rens.: 0609402225.-Vincennes avec Bruno Gonzalez 5e dan, du 4 au 7 juillet. Rens.: 0674975840.-Hartzviller avec Michel Erb 5e dan, du 6 et 7 Juillet. Rens.: 0688679702.-La Claquette avec Bruno Gonzalez 5e dan, du 12 au 14 juillet. Rens.: 0674975840.-Noirmoutier avec Joel Roche 6e dan, du 12 au 14 juillet. Rens.: 0241487566.-Saint-Just d’Ardèche avec Alain Guerrier 7e dan, du 13 au 16 juillet et du 18 au 21 juillet.Rens.: 0680994023 - 0663061400.-Paulhaguet avec Pascal Norbelly 6e dan, 13 au 20 juillet. Rens.: www.aikidobonneuil.com-Porto-Vecchio avec Christian Mouza 6e dan, du 15 au 20 juillet. Rens.: 0608162488.-Saint-Pierre d'Oléron avec Franck Noel 7e dan, 22 juillet au 3 août. Rens.: 0561261031 - 0563335170.

-Roquebrune-sur-Argens avec Christian Tissier 7e dan, du 27 juillet au 2 août et du 4 au 9 septembre. Rens.: 0143282990.-Berck-sur-Mer avec Bruno Zanotti 6e dan, du 27 Juillet au 4 août. Rens.: 0608215226.-La Réunion avec G. Maillot 5e dan du 20 au 28 juillet et du 3 au 11 août. Rens.: 0615200696.-St-Jean-de-monts avec Irène Lecocq 6e dan et Catherine David 5e dan, du 3 au 10 août. Rens.: 0632069486.-Estavar avec Franck Noël 7e dan, du 12 au 17 août. Rens.: 0468731334.-Autrans avec Bernard Palmier 7e dan, du 3 au 10 août. Rens.: 0618330701.-Valloire avec Christian Mouza 6e dan, du 18 au 24 août. Rens.: 0608162488.-Lons-le-Saunier avec Michel Erb 5e dan, 24 et 25 août. Rens.: 0688679702.

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L’Aïkido, comme discipline, est communé-ment admis comme étant un art martial.Pour certains, la question de la martialité etde l’ « efficacité » de l’Aïkido fait débat. Mais ilne convient sans doute pas de rentrer dansce débat sur un premier niveau d’analyse,pour la simple et bonne raison, tout d’abord,qu’on ne vit pas ou plus de situation « guer-rière » à laquelle se référer, dans noscontextes de vie actuelle.En tant qu’occidental et moderne, on est plu-

tôt d’abord amené à vivre l’Aïkido comme uneexpérience à renouveler et à répéter si l’onsouhaite en comprendre le sens.Or, finalement, la pratique technique, à pro-prement parler, nous enseigne qu’il s’agitdavantage d’un art de la relation qu’une ten-tative de maîtrise des techniques par elles-mêmes, bien qu’on ne puisse, évidemment,pas en faire l’économie.Il semble, en réalité, que la plus granderichesse que fournit la pratique de l’Aïkido

n’est pas tant liée à la connaissance destechniques, qu’à la façon d’aborder la repro-duction de ces dernières dans un contextedonné, avec un partenaire donné.Il y a comme un travail permanent de focali-sation et de défocalisation par rapport à des points-clés qui sont condition de la réus-site ou, au moins, de la réalisation d’une technique.

Un ensemble de sensationsÀ titre d’exemple, on peut dire que l’on passed’abord du temps, quand on est débutant, àcomprendre les ressorts mécaniques d’unshihô nage. Puis, alors qu’on pense, aprèsl’avoir reproduit des dizaines de fois, savoirenfin ce qu’est un shihô nage, on se rendcompte (à l’aide des partenaires que l’on ren-contre et de l’apport des enseignants) que latechnique doit s’enrichir d’abord d’un certainplacement (qui n’est pas que mécanique ougéométrique), puis d’un timing, puis d’uneintention. À cela viendra s’ajouter la faculté àenvisager cette technique comme unensemble de sensations, jusqu’à obtenir unepremière vision d’ensemble. C’est seulementà partir de cette première vision d’ensemble

AÏKIDO

Céline Froissart, 3e dan BE, que l’on a vu uke de Yoko Okamoto sensei à Bercy 2012 ou précédemment aux Combat Games à Pékin dans la délégation emmenée par Christian

Tissier shihan, est une aïkidoka très représentative d’une génération. Elle nous fait part de sa vision très moderne de l’Aïkido, dont la richesse se situe,

pour elle, à plusieurs niveaux.

Maîtriser latechnique pourmieux établir larelation indispensable àla réussite del’Aïkido.

céline froissart

l’art de la relation

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qu’on ressent le besoin d’affiner les pointstechniques permettant d’obtenir une visiond’ensemble plus pertinente.C’est ce processus qui permet sans doute dematérialiser l’idée d’amélioration continue.C’est probablement la raison pour laquelle ilest si intéressant et peut-être si nécessaire desuivre l’enseignement de différents sensei.Parce que la pratique de l’Aïkido a pour carac-téristique, me semble-t-il, de générer une sti-mulation intellectuelle, comme moteur del’amélioration, ce qui a été intégré une fois n’aplus besoin de faire débat, mais s’inscrit dansune expérimentation par le corps.Or parfois, à un instant donné, la démarchepédagogique d’un enseignant ne correspond

par forcément à l’endroit où on se trouvedans sa progression personnelle, ce qui faitque l’on ressent bien un décalage entre ceque l’on cherche à obtenir et ce que l’onobtient effectivement. C’est là qu’entre en jeul’importance de la diversité des enseigne-ments ; ils permettent de prendre la mêmechose sous un angle différent.Il m’est déjà arrivé, en suivant un entraîne-ment en stage, de me demander pourquoi tel aspect ou telle technique ne nous avaitjamais été présenté de cette façon particu-lière auparavant. En réalité, il n’y a pas forcément une façonplus pertinente qu’une autre de présenter unenjeu technique, mais l’enrichissement que

propose une nouvelle façon de présenter unetechnique ou un point particulier de cettedernière permet de comprendre ce qui a étéexpliqué d’une autre façon jusqu’alors. Etpuis c’est aussi peut-être une question demoment.C’est me semble-t-il cette compréhensionintellectuelle qui, paradoxalement (ou pas !),permet de « passer à autre chose », tout enlaissant « décanter » la nouvelle acquisition.Le rôle du partenaire est, évidemment, fon-damental.On entend souvent dire par des personnesque l’Aïkido ne fonctionne pas s’il n’y a pas deconnivence entre les pratiquants.Ce n’est pas juste, in fine.En revanche, il peut être intéressant de ten-ter de comprendre ce qui conduit des néo-phytes jusqu’à certains pratiquants fervents,à une telle remarque.Tout d’abord, le concept d’entraînementparle de lui-même : comme il n’y a pas decompétition en Aïkido, il n’y a pas d’occasionvéritable de montrer à quel point une tech-nique peut aboutir tout à fait.

La réaction la plus appropriéeMais surtout, il est inhérent, semble-t-il, à lapratique de l’Aïkido et au respect de ses prin-cipes, que les deux partenaires acceptent de« jouer le jeu » de la discipline. Uke, parcequ’il connaît les enjeux potentiels d’une tech-nique d’Aïkido, une immobilisation par exem-ple, va « accepter » de chuter, pour signifierà tori que la technique est réussie. S’il décidede « résister », il est obligé de se placerautrement et donc de prendre le risque desortir du système ; si uke sort du système, ildoit accepter que tori en sorte également et,martialement parlant, de prendre le risquede recevoir une sanction proportionnelle àson comportement.C’est pourquoi il est important pour progres-ser dans sa pratique quotidienne, de com-prendre que ce n’est pas tori qui produit telleou telle chute de uke ; mais, bien aucontraire, uke qui doit choisir dans l’instant lachute ou la réaction la plus appropriée à lasituation, pour « sortir » de l’action de tori.Il ne s’agit alors, en aucun cas, de complai-sance, mais de réponse à une situation don-née. La relation est alors au cœur de la pra-tique et c’est ce qui rend si intéressant le tra-vail de l’Aïkido.Le travers de l’Occidental et de l’individu « mondialisé » plus généralement,aujourd’hui, consiste à être dans une culturede résultat. Mais notre monde tourne autourde cette notion de résultat et de profit defaçon très binaire, sur le mode de « si ça pro-fite à l’autre, ça ne me profite pas à moi. Je

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dois donc faire en sorte que ça me profite àmoi, quelle qu’en soit la conséquence pourautrui ». La philosophie de l’Aïkido est bienplus fine et bien plus subtile. Elle dit, aucontraire « d’une situation potentiellementnégative (le « conflit ») pour l’autre et pourmoi-même, je construis et réalise une situa-tion profitable à nous deux ». Les deux partenaires doivent donc sortirgrandis de la pratique et c’est ce qui fait del’Aïkido un art martial très particulier, ce quidonne une saveur aussi spéciale à l’entraîne-ment.D’où l’importance, pour le faire comprendreau moins intuitivement, de conserver deséléments fondamentaux de l’étiquette,consistant à saluer puis remercier son parte-naire, user de déférence avec les pratiquantsplus gradés et les enseignants, être attentif àson environnement autour de son espace detravail… Car qu’attendre de personnes quel’on rencontre sur un tatami si l’on n’est passoi-même attentif à observer le respect leplus élémentaire ?Le travail des armes, en plus d’avoir unedimension pédagogique et compréhensiveincontestable pour la pratique à mains nues,permet également d’être sensibilisé encoredavantage à cette question. Ce travail donne,

en tant que prati-quant, tout son sensà la dimension mar-tiale de l’Aïkido. Ilpermet de focaliserle développementde qualités commel’attention, l’inten-tion, la précision, ladécision. Ce sontdes qualités aveclesquelles il est plusdifficile de faire lepoint dans la pra-tique à mains nues,parce qu’on peutcraindre que le par-tenaire se sentebrusqué par la miseen pratique de cesqualités. Avec lesarmes, il n’est paspossible de travail-ler sans une vérita-ble coopération desdeux partenaires.On sait donc que le «tranchant », la « décision », ettoutes ces autresqualités inhérentesau travail des

armes, peut s’exprimer pleinement, et quesinon, ils ne s’expriment pas du tout. C’est cequi permet de rendre plus abouties ces qua-lités quand on repasse à mains nues.Dans le même ordre d’idée, tout aussi fonda-mental, le travail des armes permet égale-ment de comprendre, de façon « dépassion-née » les principes de la pratique de l’Aïkido.Peut-être parce que la pratique à mains nues

implique davantage le rapport au corps del’autre, elle demande un effort dans la rela-tion à l’autre qui peut être long et difficile. Le ken, par exemple, permet de neutraliserle terrain, à différents égards. Contrairementaux partenaires qui sont tous de taille et degabarit différents, le ken mesure toujours1,02 mètres et le point de contact est à peuprès toujours au même endroit. Aussi, le kenpeut se percevoir comme une extension desoi-même (et d’ailleurs il le faut, pour pou-voir s’en approprier le travail), mais qui resteen-dehors de nous. De ce fait, si la relation aupartenaire recèle dans cette pratique davan-tage de tension, parce qu’un coup de bokkenest moins anodin qu’un atemi, elle permetdavantage de sérénité, parce que l’arme estau centre. Et, contre tout a priori, c’est danscette pratique que l’on peut évaluer avecd’autant plus de précision l’engagement du corps.

La mixité dans la pratiqueC’est la raison pour laquelle je trouve, pourma part, le travail du jo plus difficile encoreque celle du ken, parce que la transmissionénergétique se fait dans une arme pluslongue, plus lourde et au contour moins « jalonné ». Ce que je veux dire par là, c’est,pour l’exprimer avec une analogie, que lapratique du jo me fait penser à ce que l’on acoutume de dire du violon, à savoir qu’il faut« fabriquer » ses notes, parce qu’il n’y a pasde repère, comme sur une guitare. Et cettefabrication de notes, doit se faire dans l’ins-tant, pour ne pas rompre l’harmonie du mor-ceau qui est joué. Je pense plus précisémentau kumi-jo, quand je fais cette analogie. Aubokken, on a la représentation de la lame,puis la pointe et la garde, qui donnent despoints de repère, permettant de prendre

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AÏKIDO

céline froissart

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l’arme en main avec un peu plus deconfiance.La richesse de l’Aïkido se situe, en fait, à plu-sieurs niveaux, dont le plus important estpeut-être la mixité des pratiquants. Cettediscipline martiale, parce qu’elle n’est pas

compétitive et que, par ailleurs, le succèsdans la réalisation d’une technique n’a pasde rapport avec la force physique, permet derencontrer toutes sortes de partenaires, tousgabarits et tous âges confondus, hommes oufemmes.

Travailler sur son axeCette particularité conduit à travailler safaculté à s’adapter en permanence, et ainsi àdévelopper notamment les qualités de place-ment et de vision. Cela permet alors de mettre à profit « l’ins-tant » et tout ce qui fait que ce n’est pas tantl’Aïkido qui « fonctionne », mais les principesqui le définissent, c’est-à-dire la façon donton le met en œuvre et l’appréhende, au grédes situations et des partenaires. Par exemple, pour la réalisation d’une tech-nique (depuis l’entrée jusqu’à la projection oul’immobilisation), le placement devra différeren fonction non seulement de la taille et dugabarit du partenaire, mais également de lalongueur de ses bras, par exemple, par rap-port à ceux de tori. Ce dernier point doit pou-

voir s’inscrire dans la vision globale qu’ilconvient de développer pour une pratiqueconstructive et en vue d’une amélioration etd’une progression. Par ce fait même, ladiversité des rencontres permet de multi-plier les cas de figure et de générer un

apprentissage par adaptation. Or, rencontrerdes hommes et des femmes permet, évi-demment, de multiplier les cas de figure etdonc d’enrichir encore la pratique au servicede la compréhension et de la progression.C’est probablement cette variété des rencon-tres qui permet d’intégrer des principes pro-pres et utiles à la pratique de la discipline enelle-même, mais également en-dehorsd’elle. Je pense au placement, à la faculté àprojeter une intention, à l’engagement, à lavision. Mais je pense également à l’intégrité,la prudence, la sincérité, bref, à tout ce quinourrit la progression en Aïkido et à tout ceque l’Aïkido permet de nourrir au-delà de saseule dimension physique. Si on peut considérer que, finalement,l’Aïkido, au-delà de la discipline martiale, estune école de la relation, on comprend alorsquel impact il peut avoir sur la façon de sepositionner dans la vie courante, vis-à-visdes personnes que l’on est amené à fréquen-ter ou à rencontrer. Un des principes fonda-mentaux en Aïkido est celui qui consiste àtravailler avant tout sur son axe propre avant

d’envisager d’avoir un quelconque effet surcelui du partenaire et qu’on n’a finalement deprise véritable que sur son propre place-ment. En d’autres termes, il s’agit de faire ensorte que uke se mette en mouvement « delui-même », parce qu’il en ressent le besoin,parce que dans la relation ça devient unenécessité pour lui. Et si, au contraire, oncherche à forcer le comportement de uke,alors il y aura chez lui une résistance toutenaturelle, qui sera le premier obstacle à laréalisation du mouvement. C’est en travail-lant par rapport à son axe propre que toripeut ensuite obtenir le résultat escompté, ets’il ne l’obtient pas, il reste alors encore bienplacé, c’est-à-dire dans une posture qui n’estni dangereuse pour lui, ni inconfortable.

Idéal à réaliserComprendre ce principe dans son corps per-met de tendre vers sa mise en pratique dansla vie courante. Et en effet, il paraît assez évi-dent, quand on pratique l’Aïkido et qu’on metcette expérience en regard des relationshumaines en-dehors du dojo, qu’il est tou-jours préférable de modifier ses proprescomportements pour obtenir quelque chosequi nous tient à cœur, que de tenter de chan-ger directement autrui… Car le temps quel’on passe à travailler sur soi ne peut pas êtrevain, contrairement à celui que l’on peut pas-ser à vouloir changer autrui à toute force. Etd’ailleurs, au-delà de ça, et par la mêmeoccasion, ce principe met en avant celuid’exemplarité.Il n’est pas rare, sur le tatami, de faire desrencontres un peu déconcertantes, par rap-port aux codes auxquels on peut être habitué.Ce sont ces rencontres qui justement per-mettent de progresser aussi bien dans lapratique, que quant aux vertus relationnellesque l’Aïkido permet de développer. Il s’agit làde travailler à un équilibre entre des certi-tudes nécessaires à la progression et unenécessaire remise en question permanentede certains acquis qu’il est important de neconsidérer que comme temporaires.Bien entendu, un idéal qu’on se propose deréaliser, parcequ’il est un idéal, n’est pastoujours atteint, ni dans la pratique elle-même, bien sûr, ni dans les relations avec lesautres. Mais, si c’est ce qui rend parfois la viecompliquée et difficile, c’est également ce quifait qu’elle est si intéressante et si riche. C’estaussi cette quête permanente qui fait le seld’une discipline comme l’Aïkido qui est, il nefaut pas l’oublier, une « voie ». u

Céline FroissartUkés : Cassandre Chelle et François Pichereau

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Si on peut considérer que finalement l’Aïkido, au-delà de la discipline martiale, est une école de larelation, on comprend alors quel impact il peut avoirsur la façon de se positionner dans la vie courante…

La pratique avec armes demande une coopération plus forte encore entre les deux partenaires.

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Quand et comment êtes-vousvenue à l’Aïkido ?

Je suis de la génération Karaté kidet, comme beaucoup d'enfants de ma généra-tion, l’image des arts martiaux, véhiculée parle 7e art et ses meilleurs spécimens de sérieB, me faisait rêver. Des personnages caricatu-raux, des scénarios simplistes, des répliquescultes et des acteurs aux talents... qui restentencore cachés. Je suis venue à l'Aïkido un peupar hasard à l’âge de 15 ans.

A quelles difficultés avez-vous eu àfaire face ?

« Difficultés », drôle de mot.Souvent les gens ont peur des mots. Dansmon cas, ce n’est plus un problème, c’est uneréalité avec laquelle je dois vivre. J’ai eu lechoix de me battre ou de me laisser assister.J’ai toujours eu des symptômes du syndromediagnostiqué à l’âge de 20 ans, mais je nem’en rendais pas compte. Maintenant, je sais.Mais comme j’ai vécu dans l’ignorance pen-dant longtemps, je me suis forgée, dure avecmoi-même et avec les autres. Je suis exi-

geante. Quand on m’a dit que j’avais une « maladie orpheline », on m’a tout de suiteinterdit de continuer l’Aïkido. Et dans unelogique cartésienne se basant sur un corps «normal », il va de soi qu’on ne trouvera pas debienfaits à la pratique de l’Aïkido avec mapathologie. Elle consiste en un défaut du col-lagène qui a pour effet de modifier toute lastructure et l’élasticité des tissus de tout lecorps : c’est l’une des trois fibres qui forme lestissus conjonctifs, il est présent sur la totalitédes organes. Cela se manifeste par des luxa-tions et sub-luxations, des douleurs, et celan’affecte pas que les articulations. Cependant,mon corps est organisé pour fonctionnercomme cela. Donc, pour la médecine, l’Aïkido(souvent méconnu et assimilé au Judo) com-porte trop de risques, notamment de luxa-tions. Et j’ai mis du temps à faire accepter auxmédecins que l’Aïkido puisse être la meilleurerééducation que j’ai trouvée. Quand j’ai été forcée d’arrêter l’Aïkido, pluspersonne n’a su comment faire fonctionner cecorps, car ayant perdu ma musculature, je netenais même plus assise et le fauteuil élec-

trique était la seule solution car je me luxaisles doigts, les poignets et les épaules sur lefauteuil manuel. Ça a été une période très dif-ficile à traverser. A présent j’ai l’impressiond’être en sursis… c’est pour cela que je vispleinement.

Sur le tatami, les règles s’aména-gent-elles, changent-elles en fonction du handicap ?

Les « règles », me semble-t-il, chan-gent à chaque fois que l’on change de parte-naire. Simplement, elles sont tacites et répon-dent au bon sens. Par exemple, lorsque l’ontravaille avec un enfant, il vient naturellementde se mettre à son niveau, de s’assouplir.Dans mon cas, les professeurs m’encouragentet m’entraînent à dire au partenaire que ces « règles » changent. Effectivement, mon handi-cap est tout à fait invisible. Il paraît qu’il appa-raît quand on le sait. Pour moi, ça reste compli-qué. Je me contente de dire que j’ai les épaulesfragiles. Le souci, c’est que mes luxations fontpeur aux autres. Ils protègent leurs craintes,alors que c’est dans la nature même de mon

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Surmontant les contraintes auxquelles elle doit faire face, Magali Chambenoit-Levy, 2e dan, BF, n’a eu de cesse d’aller à la rencontre de différents sensei et pratiquants pour dévellopper

et perfectionner son Aïkido.

ENTR

ETIE

Naïkido handi-validemagali chambenoit-levy

l’énergie de l’enthousia

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corps que de trouver un équilibre dans l’insta-bilité articulaire. De façon plus générale, face au handicapmoteur, en soi les règles ne changent pas,mais les corps, si.

Quelles qualités, points particuliers,vous faut-il « sur-dévelloper » pour atteindreun bon niveau technique ?

J’ai de la volonté… Mais je crois quec’est du côté des enseignants qu’il faut poser laquestion. J’ai réellement besoin de plus de tra-vail qu’un autre pour arriver à un résultat équi-valent. Mon apprentissage prend plus de tempscar je n’ai pas les repères de mon corps dans

l’espace et qu’aucun repère donné ne convientà ma compréhension du monde et du corps.Quand je suis revenue à l’Aïkido dans le coursde Gérard Dumont, j’ai relevé plusieurs défis.J’aime les challenges et ils me motivent. Avecle recul, je pense que je n’étais pas seule àrelever ces défis, car sans Gérard et sans leclub tout entier je n’aurais pas pu reprendre. Gilbert Maillot m’a dirigée au sein de l’Écoledes cadres. Il m’a dit que pour évoluer il me

fallait apprendre à réagir. En effet, j’ai misbeaucoup de temps à comprendre que je necomprenais pas ; à comprendre que je n’avaispas les mêmes repères que les autres,notamment au niveau des douleurs. Je redé-couvre tous les jours mon corps, chaquematin mes repères sont différents de la veille.Cela dépend des douleurs générales, des sub-luxations nocturnes, de ma fatigue, etc. Etdonc, en tant que uke, je redécouvre toujoursles techniques, je cherche à les ressentir. Achaque fois c’est nouveau. Mais je ne saisjamais si mon corps prend une attitude cor-recte, si ma réaction est logique ou si je memets en danger.

Par ailleurs, il y a laconfiance en moi. Et jene serais pas arrivée àce stade de mon évolu-tion dans l’Aïkido sansmon professeur Jean-Marie Rodriguez deS a i n t - M a x i m i n - l a -Sainte-Baume, qui m’aôté le « handicap dans latête ». Il s’agit de celuiqui pose les limites demon autonomie et medicte ce que « je n’arrive-

rai jamais à faire ». Je continue à douter demon Aïkido et de ma place parmi les valides,mais Jean-Marie m’a allégée des limites quin’existaient que dans mes craintes et dansmes a priori. Il y a quelques années, dans ma vie quoti-dienne, je me sentais plus autonome qu’au-jourd’hui et ma place parmi les « handis » étaitaussi imprécise que parmi les « valides » ; jepense que ces limites me permettaient aussi

d’appartenir à un groupe. Ce n’est pas faciled’accepter, ni d’accepter d’être acceptée avecun handicap que l’on ne ressent pas (dans lamesure où je l’ai toujours connu sans faire lesprésentations). A présent, je ne sais pas si c’est l’autonomiequi baisse ou l’écoute de mon corps quis’améliore. Je me demande combien detemps je pourrai continuer à pratiquer debout.Ce qui me fait peur, c’est que le fauteuil ne soitpas accepté et je crois que c’est pour cela quej’ai commencé à tester l’Aïkido en fauteuil,pour me rassurer sur une suite probable.

La pratique avec armes vousconvient-elle ? Comment l’abordez-vous ?

Je l’aborde avec beaucoup d’hu-mour! J’ai conscience que le travail des armesm’apporte beaucoup dans ma pratique àmains nues. Néanmoins, je rencontre lespires difficultés, surtout au bokken. Je mesens tellement ridicule. C’est assez humiliantde dévoiler à ce point mon handicap et mêmeeffrayant de le voir en face. Il est vraimentrévélé par ce travail. Avant, je trouvais tou-jours une raison de ne pas travailler le bok-ken, mais cette année Micheline Vaillant-Tissier m’a un peu prise en main et plusqu’encouragée à travailler. Comme elle m’in-

timide, je n’ai pas osé me défiler.J’en suis encore à me dire « jen’y arriverai jamais, c’estimpossible »… mais j’ai tout desuite l’image de ces nom-breuses fois où j’ai dit la mêmechose… et où j’y suis parvenue.

Y a-t-il des points detechnique qu’il faudrait faireévoluer ou même changer pourpermettre une meilleure pra-tique ?

Voilà une question tech-nique et je ne suis pas techni-cienne. Donc ma réponse cor-respond à ce que j’ai compris etappris de mes expériences. Jene pense pas qu’il faille modifierla technique pour permettreune meilleure pratique. C’est leregard que l’on a dessus qui

pourrait évoluer. Nous avons ouvert, avecFabien Barjon, un atelier d’Aïkido « handi-valide ». Ce cours est né par hasard…L’objectif de l’atelier handi-valide n’est pas dechanger ou de faire évoluer des points tech-niques, mais de rechercher des aides tech-niques et des outils pédagogiques pour per-mettre un enseignement plus facile de l’Aïkidoaux personnes handicapées. Et donc de leuraméliorer l’accessibilité de l’Aïkido.

Pour Morihei Ueshiba, la pratique de l’Aïkido doit se vivre dans la joie. Magali Chambenoit-Levy vit

pleinement ce principe fondamental.

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L’idée n’est pas de « produire des shodan enfauteuil », ni d’imposer des personnes handi-capées sous prétexte que ce travail est possi-ble. En revanche, au travers des communica-tions de l’atelier d’Aïkido handi-valide, viaFacebook, Youtube et les journées portesouvertes, nous voulons permettre aux profes-seurs de trouver de l’information, del’échange et de la formation, et auxélèves de trouver des professeurs.Tous les professeurs d’Aïkido n’ontpas à s’intéresser au sujet, maisceux qui le sont ou qui sontconfrontés aux difficultés de l’ac-cueil d’une personne handicapéepeuvent trouver des réponses ounous en apporter.De fait, à l’atelier d’Aïkido handi-valide, on essaie de faire de l’Aïkidoet ce travail permet à des per-sonnes handicapées de réaliser demagnifiques progrès en matièred’autonomie dans leur vie privée.

Sur quels points vousappuyez-vous pour développerl’énergie ?

Je ne la développe pas,je la canalise à peine… En dix ans, depuis lediagnostic, je suis passée par toutes sortes decentres de rééducation : Centre pour enfantsEdouard Rist (Paris 16e), pour amputés àl’ADPAT1 de Saint-Cloud, pour lésés médul-laires au Centre Héliomarin de Cerbère et aucentre René Sabran à Giens, pour traumati-sés crâniens à l’hôpital Poincaré de Garches,et même en gériatrie à Saint-Gervais… Ces

séjours m’ont appris beaucoup de choses surle mental des personnes handicapées et surles contraintes auxquelles elles font face.Aujourd’hui, je me sens capable de faire ceque je fais. J’ai besoin de beaucoup d’encou-ragement, j’ai besoin de me sentir soutenue,mais c’est une question de confiance en moi.C’est de la volonté et de l’idéalisme. En faisant mon travail de deuil (acceptation dela maladie), j’ai décrété qu’il fallait être digneet exemplaire. Cela me permet de donner un

sens à tout cela et à mieux l’accepter : aumoins je sers à quelque chose.

La commission fédérale présenteune organisation et un règlement, quelle estson actualité ? Les avancées sont-elles suffisantes ?

Suite à la création de notre atelierd’Aïkido handi-valide, la commission handicap

de la FFAAA m’a offert un poste de membreconsultatif. Ses objectifs sont de trouver des lieux adaptésà la pratique de l’Aïkido, de l’Aïkibudo ou duKinomichi, avec ou sans tatami, d’aider lesenseignants à se former, d’avoir une sécuritéau niveau de l’assurance couvrant la pratique,de mettre à la disposition des enseignants desoutils pédagogiques, de proposer des stages,des séminaires, des formations, etc.Cette année, la commission a initié un état des

lieux visant à savoir combien de personnessont concernées par le handicap dans la pra-tique de l’Aïkido, de l’Aïkibudo ou duKinomichi, combien de clubs, de professeurssont confrontés à des questions relatives auxobjets de la commission. En effet, commentmettre en œuvre des moyens, comment argu-menter un budget si l’on ne peut s’appuyer surdes chiffres. Le questionnaire destiné auxclubs est toujours en ligne et nous attendonsencore de recevoir des réponses de certainesrégions pour pouvoir nous appuyer dessusavec des données quantitatives tangibles.Nous comprenons bien la crainte des per-sonnes handicapées et de certains profes-seurs, qui se sentent soudainement pointésdu doigt, stigmatisés ou marginalisés dansune pratique où jusqu’à présent on les laissaitévoluer « normalement ». Il faut bien com-prendre que la commission handicap est pré-sente pour faciliter la vie des pratiquants etdonner des moyens aux enseignants. Unsecond questionnaire en ligne est mis à la dis-position des pratiquants en situation de han-dicap, pour qualifier leur ressenti.Je profite de l’occasion pour dire à ceux qui

aïkido handi-validemagali chambenoit-levy

Chaque fois que je laisse mes orthèses au vestiaire et que je monte sur un tatami, je me sens « normale ».Mais souvent, le chemin que je dois parcourir entre le vestiaire et le tatami me rappelle que je viens de loin, c’est souvent une épreuve…

Ci-contre, Sylvie Guillard accompagnée de FabienBarjon et d’Araï Garcia qui ont créé la LSA.

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souhaiterez répondre à ce questionnaire enligne, que le plus simple est de m’envoyer uncourriel à [email protected], enmentionnant si vous êtes un pratiquant ensituation de handicap ou un enseignant ouprésident de club, et si vous faites de l’Aïkido,de l’Aïkibudo ou du Kinomichi.Dans notre démarche de sensibilisation auhandicap, l’an dernier, la commission handi-cap a été partenaire des portes ouvertes del’atelier d’Aïkido handi-valide. Les personnesqui sont venues, près d’une quarantaine, ontdécouvert le maniement du fauteuil roulant deville, réalisant des parcours de la vie courantede personnes en fauteuil roulant. Le comitérégional de la FFH et une équipe de basket-fauteuil nous ayant prêté des fauteuils rou-lants, nous avons donné un cours d’Aïkido telque nous le donnons à nos élèves, en laissanttoutefois de la liberté à nos aïkidokas pourqu’ils puissent explorer les possibilités de lapratique en fauteuil roulant par eux-mêmes. A cette occasion, Christian Rocher, photo-graphe, a réalisé des clichés que l’on peutretrouver sur son site internet*. Le 22 avril2012 nous avons organisé à Rocbaron unejournée de sensibilisation au handicap moteur,nous concentrant sur l'utilisation du fauteuilroulant, symbolique du handicap de façongénérale. Pour cette saison, l'atelier d'Aïkidohandi-valide organise un week-end complet

les 27 et 28 avril 2013, où nous aborderons lacécité, la surdité et le handicap moteur.Nous avons également plusieurs nouveautésà faire découvrir, notamment :- le dvd LSA©2, qui propose la codification de lanomenclature de l’Aïkido en langue dessignes, créée au sein du club d’Aïkido deGaréoult, avec Fabien Barjon, Araï Garcia etSylvie Guillard, 4e dan, notre professeur, sousle regard de Micheline Vaillant-Tissier,- un fauteuil spécifique au travail sur tatamisans les abimer, leur design est pensé pour

préserver l’intégrité de uke en réduisant lessurfaces dangereuses et en les protégeant.

Quelles mesures faudrait-il pren-dre en priorité, voire d’urgence ?

Il n’y a aucune urgence. Tout pro-blème a une solution. Il est urgent de laisserle temps aux mentalités d’évoluer. Pour cela,il faut juste communiquer, ne pas avoir peurdes mots ni des maux. Mais qu’est-ce que lehandicap ? Pour moi, le handicap naît d’unesituation qui nécessite une adaptation, l’utili-sation d’une aide technique ou humaine. Dece fait, le handicap ne se résume pas à un sta-tut MDPH3, mais à une situation sociale, médi-cale ou autre. Le handicap n’est pas un pro-blème car le problème n’existe pas sans solu-tion. Il n’y a pas de « solution » au handicap.

Quels sont les moments les plusforts dans votre pratique ?

Chaque fois que je laisse mesorthèses au vestiaire et que je monte sur untatami, je me sens « normale ». Mais souvent,le chemin que je dois parcourir entre le ves-tiaire et le tatami me rappelle que je viens deloin, c’est souvent une épreuve. Ça symboliseune petite victoire… et chaque petite victoire estun moment fort. Il y en a d’autres, plus ponc-tuelles. Et puis, à présent, quand je reconnaisune de ces petites victoires dans le travail del’un de mes élèves « handi », je suis émue. u

Propos recueillis par Albert Wrac’h

*http://www.rocher-photographe.com/1- Association pour l'insertion sociale et

professionnelle des personnes handicapées qui ysont prises en charge.

2- Langue des Signes Aïkido.3- Maison Départementale des Personnes

Handicapées.

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Essai de fauteuil et échauffement pour Claude Boyer avec les participants à lajournee handi-valide du 22 avril 2012.

COMMISSION HANDI AIKIDO

Responsable : Fernand Azzopardi Membres  : Magali Chambenoit-levy, GérardClérin, Claude Boyer.

Projet de notre commission fédérale  : Ouvrirl’Aïkido aux personnes handicapées.

OBJECTIFS :w Pour les pratiquants et les enseignants :- lieux adaptés avec ou sans tatamis,- des enseignants formés au handicap.w État de lieux des ressources humaines :Mieux connaitre les aïkidokas handicapés et leurstypes de handicaps.w Deux questionnaires à l’attention des présidentsde ligues, qui le transmettent aux responsableset enseignants de clubs :- un questionnaire à l’attention des personneshandicapées,- un questionnaire à l’attention des enseignants.Il se remplissent et se valident en ligne (pasbesoin de le renvoyer).w Formation des enseignants qui le désirent versun CQH A, (connaissance générale), CQH B (miseen situation).

ACTIONS :Journée de sensibilisation avec l’atelier Aïkidohandi-valide le 22 avril 2012, animée par MagaliChambenoit, à Rocbaron dans le Var. La Fédération Française du Handi Sport, a parti-cipé à cette journée en mettant à disposition desfauteuils, une personne est venu expliquer lestypes de handicaps aux participants.

PRÉVISIONS :w Mise en place d’une transversalité avec laCommission médicale fédérale, et avec le CollègeTechnique National,w Mise en place de commissions médicale et han-dicap dans chaque ligue.

Fernand Azzopardi.

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FFAAA11, rue Jules Vallès - 75011 Paris

tél : 01 43 48 22 22 - fax : 01 43 48 87 91www.aikido.com.fremail : [email protected]

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