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www.ifrc.org Sauver des vies, changer les mentalités. Centre Psychosocial Face à la LETTRE D'INFORMATION 2/2012 Les enfants peuvent s'adapter Dossier spécial :

Face à la crise 2-2012 / Coping with Crisis FR

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Coping with Crisis, French version, 2-2012

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  • www.ifrc.orgSauver des vies, changer les mentalits.

    Centre Psychosocial

    Face la

    Lettre d'InFormatIon 2/2012

    Les enfants peuvent

    s'adapter

    Dossier spcial:

  • Cette publication est ralise par le Centre de rfrence pour le Soutien Psychosocial de la FICr.

    Bureau de rdaction: nana Wiedemann et Lasse nrgaard. Conception et mise en page: Simone von Burgwald.

    Dsistement: les opinions exprimes sont du ressort des signataires et ne sont pas ncessairement celles du Centre Psychosocial de la FICr.

    22

    Le SP travers le monde Les enfants dans les conflits

    Les enfants et la maltraitance Les enfants et le VIH

    Les enfants dans les catastrophes Intervenir avec l'art-thrapie

    Photo de couverture: Crdit Ana Kari/Save the Children.

    Sommaire: Octobre2012

    18

    4

    16

    8

    14

  • 3Comment participer ?Vos ides, lettres et articles sont les bienvenus. Envoyez-nous un e-mail : [email protected]. Pour en savoir plus sur le Centre Psychosocial et notre travail, veuillez consulter : www.ifrc.org/psychosocial.

    WeAllEdit.com nous a gnreusement accord la permission d'utiliser son logiciel en ligne pour traduire le magazine en toute fluidit.

    ditorial

    Le souhait de tous les enfantsJe viens de rentrer

    d'Hati o, deux ans

    aprs le sisme dv-

    astateur qui a touch

    prs de trois millions

    de personnes, la vie commence revenir la normale, grce

    l'assistance humanitaire de nombreuses organisations

    internationales.

    Chaque fois que je me rends dans un pays frapp par une

    catastrophe ou un conflit, plus que tout, ce sont mes rencontres

    avec les enfants qui m'meuvent ils ont perdu leurs parents,

    leur maison, ils ont t blesss ou se retrouvent handicaps,

    ou touchs d'une faon qui change profondment leur vie.

    Cette fois encore, j'ai t interpele par l'extrme vulnrabilit

    des enfants, mais aussi par leur stupfiante rsilience. Les voir

    dessiner, chanter, discuter et rire j'ai clairement vu combien le

    petit peu d'aide que nous pouvons fournir avec les programmes

    psychosociaux a aid ces enfants tourner la page aprs le

    sisme.

    J'ai souvent entendu les enfants touchs par une crise ou un

    conflit dire qu'ils allaient mieux aprs tre retourns l'cole,

    ou quand les programmes psychosociaux ont commenc dans

    leur cole. Ils ne cessaient de rpter qu'ils voulaient que tous

    les enfants participent ces programmes.

    Le Programme de renforcement de la rsilience des enfants:

    soutien psychosocial l'intrieur et en dehors du cadre sco-

    laire a donc vu le jour. De longue date, le Centre et Save the

    Children avaient pour priorit de concevoir une mthode de

    travail avec les enfants dans quatredomaines essentiels: les

    catastrophes, les conflits, la prvention de la violence et de la

    maltraitance, enfin, et non le moindre, le VIH et le sida.

    Dans ce numro de Face la Crise, nous avons pris le parti de

    nous concentrer sur ces domaines, avec des articles sur les

    enfants soldats, les enfants vivant avec le VIH/sida, ou d'autres,

    victimes de maltraitance, mais aussi des histoires de recon-

    struction positives, des articles sur les tout derniers outils et

    matriels mis au point par le centre PS pour aider les enfants

    s'adapter ces problmes l'intrieur et en dehors du cadre

    scolaire.

    J'ai le sentiment que le soutien et les outils dont nous dotons

    les prochaines gnrations, pour qu'elles se construisent un

    futur solide, sont une part essentielle du travail du Centre

    PS. J'espre que vous trouverez ce numro non seulement

    informatif, mais aussi pertinent votre travail et vos objec-

    tifs. Comme toujours, vos observations et vos rcits sont les

    bienvenus.

    En toute cordialit,

    Nana Wiedemann

    Vous voulez votre propre exemplaire de Face la crise ? Un

    nombre limit d'exemplaires est disponible en contactant le

    Centre Psychosocial l'adresse : [email protected]

    Retrouvez-nous sur Twitter, YouTube et Facebook !Rejoignez notre communaut en ligne et restez au courant des dernires informations et des vnements les plus rcents.

    www.facebook.com/psychosocial.center

    IFrC_PS_Centre psychosocialcentre

  • Divers clairages du monde entier sur le soutien psychosocial offert par les Socits nationales, selon les appels et les rapports de la FICR ainsi que les contributions des professionnels de sant et du personnel charg de la communication. De nombreuses autres Socits nationales offrent et tendent en permanence leurs activits de soutien psychosocial.

    Le soutien psychosocial travers le monde4

    Afghanistan

    en juillet, la Socit de la Croix-rouge afghane (arCS)

    et la FICr, appuyes par la Croix-rouge danoise, ont

    anim un cours de formation lmentaire auprs

    de 40chefs d'quipe bnvoles des provinces de

    Jalalabad et d'Herat.

    Les bnvoles de l'arCS sont frquemment exposs

    des vnements potentiellement traumatisants dans

    leur communaut, notamment rcuprer des corps

    aprs l'explosion de bombes, sauver et soutenir des

    survivants aprs des inondations et des sismes, traiter

    avec des personnes atteintes du VIH.

    La formation de cette quipe de chefs d'quipe

    bnvoles s'est axe sur la mise en place et l'entretien

    d'un systme viable de soutien par les pairs,

    notion qu'ils ont ensuite transmise leurs propres

    bnvoles. Par ailleurs, il a t demand aux dirigeants

    d'encourager les bnvoles exprimer leurs opinions

    lors d'entretiens individuels et de discussions collec-

    tives. Les leons apprises grce ce programme pilote

    permettront l'arCS et la FICr de dployer un projet

    complet l'chelle nationale bnficiant des milliers

    de bnvoles qui, au fil des ans, dispensent premiers

    soins et soutien aux communauts afghanes locales.

    Bolivie

    Lorsque des pluies intenses ont caus d'immenses

    inondations et des glissements de terrain dans les

    environs de La Paz et de Cochabamba, 17765foy-

    ers ont t touchs. Bien qu' l'origine, la Croix-rouge

    bolivienne n'ait pas t incluse dans l'appel d'urgence,

    elle a dcid d'organiser des activits rcratives pour

    les enfants des camps temporaires installs pour

    accueillir les familles dplaces. dguiss en clowns,

    les bnvoles de la CrB de La Paz ont offert un espace

    ludique et un rpit divertissant aux enfants.

    Chine et Pakistan

    Changer les mentalits amliorer les vies est le

    titre d'un nouveau recueil de photographies publi par

    la Socit de la Croix-rouge pakistanaise. Ce livre

    montre les efforts, les obstacles et les russites de

    la Croix-rouge danoise dans le programme sanitaire

    communautaire qu'elle a lanc aprs le grand sisme

    de 2005. L'objectif de ce programme tait d'instiguer

    des changements dans les comportements et les atti-

    tudes susceptibles de conduire un dveloppement

    durable.

    asifamanKhan, coordinateur pays, explique: Le

    tout tait de travailler avec des bnvoles des com-

    munauts elles-mmes, qui engageraient le dialogue

    avec tous les membres d'un foyer. C'est ce qui a permis

    d'obtenir la participation et l'engagement de tous.

    Les succursales sichuanaise et yunnanaise de la

    Socit de la Croix-rouge chinoise ont galement

    publi des recueils de photographies tmoignant

    des effets et des russites des projets de soutien

    psychosocial. Ces ouvrages contiennent aussi des

    rcits de bnvoles communautaires.

    Colombie

    Les bnvoles de diffrentes succursales ont particip

    un atelier de formation sur quatrejours ayant pour

    thme le soutien psychosocial communautaire.

    L'objectif premier de cette formation tait de renforcer

    les aptitudes des bnvoles uvrant dans les

    programmes psychosociaux de la CrC. elle se basait

    sur la trousse de formation du Centre PS pour la

    programmation psychosociale lmentaire et couvrait,

    entre autres, les thmes de la gestion du stress, des

    premiers soins psychologiques et de l'appui de la

    communication.

    Rpublique dominicaine

    La Croix-rouge dominicaine a offert du soutien

    psychosocial aux survivants de l'pidmie de cholra

    dans les provinces de Santiago et d'espaillat. Les

    habitants des zones touches souffrent encore des

    pertes subies cause de l'pidmie et ils expriment

    une crainte constante de son retour.

    Nigeria

    Quand un avion s'est cras dans un quartier

    rsidentiel prs de Lagos, 165 bnvoles ont t

    dtachs sur place pour aider dgager les restes

    humains des dbris et pour apporter leur soutien aux

    personnes touches, y compris aux gens vivant prs

    de la zone du crash.

    Pour beaucoup de bnvoles, le traumatisme a t

    tel que, suite cet pisode, la Croix-rouge nigriane

    a inclus le soutien psychosocial au personnel, aux

    bnvoles et aux bnficiaires dans sa demande de

    fonds d'urgence pour les secours.

    deux membres de la liste de rserve du Centre

    PS, m.alexSimbwa, Croix-rouge ougandaise, et

    mmemwangovyaHellen, Croix-rouge knyane, ont

    t dtachs pour une mission de deuxsemaines

    visant fournir du soutien psychosocial, raliser une

    valuation et aider la Socit nationale concevoir un

    nouveau programme prenant en compte le personnel,

    les bnvoles et les survivants touchs par le crash

    arien, mais aussi par les troubles d'alors et les

    attaques terroristes. FICR Bolivie

    FICR. Formation en Afghanistan

  • www.ifrc.org/psychosocial 55au cours de cette mission, 30 membres du

    personnel et bnvoles ont t forms en valuation

    et en soutien psychosocial, et, actuellement, la

    Croix-rouge nigriane redouble d'efforts pour

    laborer un programme psychosocial complet.

    Norvge

    des bnvoles de la Croix-rouge norvgienne

    ont soutenu des tmoins et d'autres personnes

    pendant la traque d'andersBehringBreivik, plus

    tard condamn pour l'attentat la bombe d'oslo

    et pour la fusillade d'Utya, qui ont fait 77morts.

    Ces bnvoles taient prsents au tribunal

    principal d'oslo, ainsi que dans les 17tribunaux

    en streaming organiss sur le territoire norvgien et

    qui retransmettaient en direct le procs tenu oslo.

    Le programme de soutien des tmoins n'est pas

    nouveau, plus de 300bnvoles ont t forms et,

    l'anne dernire, ils ont aid plus de 9000tmoins,

    dans 30 tribunaux, dans des affaires bien moins

    publiques et mdiatiques que celle-ci. La Croix-rouge

    norvgienne continue soutenir les survivants et les

    familles depuis les terribles vnements de juillet2011.

    Phi l ippines

    Premiers secours, soutien psychosocial, assistance et

    secours d'urgence ont t apports aux communauts

    philippines touches par le dluge qui a inond

    manille et ses environs, faisant au moins 19morts et

    290000dplacs. Le personnel et les bnvoles de la

    Croix-rouge philippine se sont immdiatement rendus

    dans les zones touches par les inondations, vacuant

    les rsidents, dispensant les premiers secours et

    acheminant l'aide d'urgence. La CrP a mobilis plus

    de 800membres du personnel et bnvoles qui ont

    contribu secourir plus d'un millier de personnes et

    en vacuer plus de 8000.

    Russie

    des inondations clairs, provoques par des pluies

    torrentielles, ont balay la rgion russe de Krasnodar,

    tuant au moins 171personnes. Beaucoup de personnel

    et de bnvoles de la Croix-rouge russe y ont t

    dtachs pour dispenser du soutien psychosocial

    aux familles touches. L'quipe psychosociale a

    collabor avec des psychologues du ministre russe

    des Situations d'urgence. ensemble, ils ont pu porter

    secours plus de 600familles. en vue de renforcer

    les capacits de ses bnvoles, la Croix-rouge a

    organis un atelier de formation bas sur les matriels

    de formation du Centre PS sur le soutien psychosocial

    communautaire.

    Syrie

    avec une situation quotidienne instable, des milliers de

    personnes ont fui leur domicile vers d'autres districts,

    d'autres rgions ou des pays limitrophes. La peur des

    combats, l'inscurit et la duret des conditions de

    vie, avec des denres de base dont le prix augmente

    tous les jours, plongent les gens dans la prcarit. Ils

    ont besoin de soutien psychosocial et ce soutien est

    l'un des services que fournit le Croissant-rouge arabe

    syrien, avec l'appui de la Croix-rouge danoise.

    La population est traumatise, elle a peur non

    seulement de ce qui est en train de se passer, mais

    aussi de ce qui arrivera, une fois les combats termins.

    Il rgne une atmosphre de peur, d'inscurit et de

    manque de confiance , rapporte mads Brinch,

    directeur rgional de la Croix-rouge danoise au

    moyen-orient.

    Tanzanie

    Les sauveteurs ont secouru 146survivants aprs le

    naufrage d'un ferry tanzanien, prs de Zanzibar. La

    Socit nationale a install une unit d'intervention

    dans le port de Zanzibar pour y prodiguer les premiers

    soins et fournir des informations aux proches des

    passagers. Par ailleurs, une quipe de bnvoles

    offrant du soutien psychosocial s'est positionne

    sur le port, dans cinqtentes quipes de fournitures

    d'urgence, notamment des couvertures, et s'est tenue

    prte accueillir les survivants.

    Venezuela

    Plus de 80 bnvoles ont t forms en soutien

    psychosocial dans le cadre des ef for ts de

    renforcement de cette activit engags par la Croix-

    rouge vnzulienne. La formation comprenait la

    formulation de projets et portait galement sur la

    sant communautaire. Les bnvoles sont dsormais

    actifs et travaillent notamment auprs d'enfants dans

    cinqdistricts touchs par les glissements de terrain en

    2010. Les bnvoles ont utilis des jeux, des techniques

    de relaxation, et des activits artistiques. La CrV

    prvoit bientt une srie d'activits qui contribuera

    renforcer les capacits du programme psychosocial,

    notamment la formation psychosociale de base et la

    formation des bnvoles au soutien par les pairs.

    Vietnam

    La Socit nationale et la dlgation de la FICr ont

    t invites partager leurs expriences en soutien

    psychologique communautaire lors d'une grande

    confrence sur le soutien psychosocial en cas de

    catastrophe, organise par l'ambassade de norvge

    Hano.

    Leur prsentation traitait du soutien offert aprs le

    passage du typhon Ketsana et, bien que de nombreux

    participants connaissaient le rle actif jou par la Croix-

    rouge en rponse cette urgence, trs peu taient

    au courant des activits de soutien psychosocial

    organises.

    La Croix-rouge vietnamienne s'est servi de la trousse

    de formation du Centre Psychosocial pour dvelopper

    ses matriels et lancer des projets pilotes. Son intention

    est d'inclure la formation au soutien psychosocial

    en cas de catastrophe et la sant communautaire

    au niveau du district et de la section, hauteur des

    financements disponibles.

    Ouganda

    aprs la confirmation d'une pidmie de fivre

    hmorragique virus bola dans l'ouest de l'ouganda,

    la succursale de Kibale a mobilis 220bnvoles

    de la Croix-rouge et les a prpars impliquer les

    communauts dans des activits de lutte contre la

    maladie et de soutien psychosocial. Cette maladie

    tant mortelle et contagieuse, les personnes infectes

    doivent tre soignes par des professionnels, et les

    familles sont souvent exposes la stigmatisation et

    la discrimination. L'intervention de la Croix-rouge

    ougandaise consiste fournir du soutien psychosocial

    aux 300patients tirs d'affaire et autres 600membres

    de leurs familles.

    Syrie, photo d'Ibrahim Malla

    FICR Venezuela

  • Dossier spcial: Les enfants peuvent s'adapter6

    Je suis vraiment ravie qu'il soit si flexible, dit Anne-Sophie Dybdal, conseillre principale sur la protection de l'enfance auprs de Save the Children, Danemark. On peut s'en servir pour travailler sur un sujet, on peut lancer tout le programme ; il est autonome mais il peut aussi complmenter d'autres interventions.

    Auteure principale, la psychologue Pernille Terlonge, en convient. Sa flexibilit et l'agencement de ses matriels sont l'une des forces majeures du kit d'information. Tous les matriels sont disponibles en version lectronique et, en tant qu'animateur, vous pouvez choisir de raliser une srie d'ateliers pr-programme, ou de dvelopper vos propres ateliers partir de l'immense varit d'activits disponi-ble dans la banque d'activits.

    Le kit d'information pour la mise en place du programme consiste en deux brochures d'information, deux livres d'ateliers et une banque d'activits lectronique utile pour crer des ateliers complmen-taires ou alternatifs (voir pp. 12-13).

    Ce programme de multiples facettes , explique Pernille Terlonge. L'lment principal, ce sont les sries d'ateliers pour enfants. Toutefois, les runions et le dialogue avec les parents et les aidants, la formation des animateurs, et l'implication de la direction scolaire, ou d'autres membres communautaires, sont tout aussi importants l'exploration des moyens d'amlioration du bien-tre et de la protection des enfants.

    En Sude ou en Afrique du SudLe kit d'information est fond sur les meilleures pratiques testes par diffrentes organisations travaillant avec les enfants dans diff-rents pays et contextes. Elles ont bien voulu autoriser le Centre Psychosocial et Save the Children utiliser certaines de leurs activi-ts et ides dans ces livres. D'autres activits ont t labores spcifiquement pour ce kit. Nous avons revu et analys bon nombre de matriels et modalits existants utiliss dans les catastrophes et les conflits. Nous avons donc, d'une part, quelque chose qui se fonde sur les droits des enfants et qui est centr sur la protection de l'enfance, et, d'autre part, un instrument extrmement flexible. Que vous cherchiez dmarrer des activits sur la maltraitance, le VIH, un conflit ou une catastrophe, vous pouvez vous en servir en Sude, en Afrique du Sud, en Core ou en Bolivie. Vous pouvez galement utiliser

    Ce mois-ci, le Centre Psychosocial et Save the Children ont lanc leur Programme de renforcement de la rsilience des enfants , un programme complet de soutien psychosocial l'intrieur et en dehors du cadre scolaire. Le kit d'information pour la mise en place du programme a t test en pilote et il est dj utilis dans le monde, avec des rsultats encourageants. Il s'agit d'un programme mondial qui peut tre utilis en entier ou en partie, dans tout pays. Nous avons parl avec certains des architectes de ce programme.

    par Lasse Norgaard, Coordinateur Communication Zone Europe FICR

    Flexible et fabuleux Photo : Romulo Godinez, Croix-Rouge philippine

  • Pour en savoir plus sur le Programme de renforcement

    de la rsilience des enfants

    lire les pages 12-13 de ce numro.

    www.ifrc.org/psychosocial 7le kit d'information pour complter des programmes, notamment sur les chti-ments physiques et humiliants, sur les droits et les besoins des enfants, sur la formation des adolescents aux aptitudes la vie quoti-dienne , explique Anne-Sophie Dybdal.

    En effet, le kit d'information et le programme ont t tests en pilote dans le monde entier et ils ont t ajusts en fonction des retours d'information. Et bien qu'il n'ait t lanc qu'au dbut de ce mois-ci, le kit d'information est dj en usage dans diffrents pays et types de structure.

    Tout a commenc avec le tsunamiNana Wiedemann, directrice du Centre de Rfrence pour le Soutien Psychosocial, a ralis quel point le programme tait flexible aprs avoir vu son application dans des situations de catastrophes naturelles.

    C'est aprs le tsunami que, pour la premire fois, j'ai pris conscience des effets positifs de l'approche scolaire sur les enfants touchs par des catastrophes naturelles. Avant cela, j'avais surtout vu le programme appliqu des enfants touchs par un conflit. Depuis lors, le Centre PS a eu pour ambition de crer une trousse outils complte spcifiquement conue pour les enfants dans une grande varit de situa-tions stressantes, un kit pouvant facilement tre mis en place par les Socits nation-ales , dit Nana Wiedemann.

    Anne-Sophie concorde. Nous consta-tons l'extrme reconnaissance des ensei-gnants et des parents pour ces outils , ajoute-t-elle. Le retour d'informations qu'ils nous ont fourni partir des essais pilotes montrait qu'eux aussi souhaitaient des activits qui s'intgrent ce qu'ils essayaient dj de faire, ou qui leur permet-taient de commencer parler de sujets difficiles aborder. Le kit d'information est facile utiliser et il peut, s'il est bien anim, donner excellents rsultats. En apportant une comprhension des questions impor-tantes et en augmentant la confiance en soi, il peut aider les enfants et les parents devenir des personnes plus rsilientes.

    Avant, ils se tapaient dessus Nous avons des rapports qui arrivent du Sud Soudan, dans lesquels les enfants disent dsormais qu'ils aiment aller l'cole parce qu'il y a le programme et parce que les niveaux de violence dans les coles ont beaucoup diminu , expose Anne-Sophie Dybdal. Alors qu'avant ils graient les disputes en se frappant les uns les autres, maintenant, ils ont appris d'autres moyens de rsolution des conflits. Je pense que l'essentiel est qu'il s'agit d'une ducation centre sur l'enfant, qui implique les enfants tout autant qu'elle implique et soutient les enseignants et les parents.

    Pernille Terlonge ajoute : Le programme de renforcement de la rsilience des enfants mane d'un changement d'axe relativement

    rcent, qui est pass de l'identification des rsultats et des ractions ngatives des vnements pnibles l'tude de ce qui rend les gens plus forts et de ce qui les aide mieux s'adapter et trouver des moyens de soutien.

    Selon Nana Wiedemann, le programme de renforcement de la rsilience des enfants s'est rvl tre une avance positive dans le champ du soutien psychosocial.

    Le fait que nous disposions dsormais de cet outil convivial pour soutenir les enfants dans de nombreuses situations est un immense pas en avant pour les efforts du Centre PS dans la promotion du bien-tre psychosocial , dit-elle.

    NanaWiedemann est psychologue et direc-

    trice du Centre Psychosocial de la FICR. Elle

    est l'une des deuxrdactrices en chef de ce

    kit d'information.

    Anne-SophieDybdal est pdopsychologue

    clinicienne et conseillre en protection de

    l'enfance auprs de Save the Children. Elle

    est galement rdactrice en chef de ce kit

    d'information.

    PernilleTerlonge est psychologue. Elle

    termine actuellement un doctorat sur la

    promotion de la rsilience des enfants dans

    des situations d'aprs catastrophe.

  • Joignez-vous moi, enfants, et mourrez

    Lasse Norgaard, Coordinateur Communication Zone Europe FICR

    Les anciens enfants soldats souffrent de traumatismes psychologiques et d'ostracisme dans leur commu-naut lorsqu'ils reviennent chez eux aprs avoir t exploits dans des conflits. Avec l'aide de programmes psychosociaux, certains enfants ont pu rintgrer leur communaut, tre soulags et emprunter la voie de la reconstruction.

    Il est deux heures de laprs-midi et il fait environ 40 de-grs Celsius. Sous l'ombre d'un grand arbre, parmi les cases de boue

    sche et les enfants qui jouent, un groupe de jeunes gens s'est runi

    sur les anciens rails de train, impatients de commencer. C'est le moment

    de la formation o ils vont parler de la guerre, de ce que la guerre fait

    aux gens. La journe a commenc par un jeu de rle sur un litige dans

    un village, et la discussion s'est poursuivie sur la faon dont la guerre

    affecte la communaut, les familles et les individus. Au fur et mesure

    que la discussion progresse, l'atmosphre se tend. Ce qui semble n'tre

    qu'un simple jeu pour un observateur extrieur est un flash-back sur des

    vnements vcus pour ces jeunes survivants, et d'horribles souvenirs

    refont surface.

    Gulu, dans le nord de l'Ouganda, est une rgion affecte par 22 ans de

    conflits, par intermittence, et en ralit, depuis bien plus longtemps que

    cela. Pour nos jeunes participants, parler d'enrlement militaire forc

    n'est pas de la fiction. Vivre dans la peur permanente au milieu de com-

    bats arms, avec peu ou pas de scolarit, sans possibilit de faire des

    plans d'avenir, cela non plus n'est pas de la fiction. C'est la ralit quoti-

    dienne des enfants et des adolescents de Gulu.

    Tout le monde ici a t touch par la guerre, d'une faon ou d'une autre,

    y compris les bnvoles de la Croix-Rouge ougandaise, qui animent ce

    jeu de rle dans le cadre d'un programme en deux ans sur les aptitudes

    la vie quotidienne.

    Les fournitures de secours n'taient d'aucun secoursPour le personnel de la Croix-Rouge, il devint vite vident qu'il fallait ap-

    porter bien plus que du rconfort physique ces enfants pour les aider

    se reconstruire. Nous avons commencce programme aprs avoir r-

    alis que les enfants et les jeunes continuaient pleurer mme aprs

    la distribution des fournitures de secours , raconte Alex Simbwa, di-

    recteur adjoint pour le dveloppement communautaire auprs de la

    Croix-Rouge ougandaise.

    C'tait en 2008. Depuis, plus de 2 500 enfants et jeunes ont particip au

    programme psychosocial, soutenu par la Croix-rouge danoise - Jeunesse.

    Aujourd'hui, ils essaient de briser les tabous. Les bnvoles guident les

    participants pour qu'ils parlent des cauchemars, des crises d'angoisse,

    des larmes et du besoin de solitude, des ractions courantes aux situ-

    ations extrmes qu'ils ont vcues. Aborder ces sujets dans une sance

    collective permet ces jeunes de raliser qu'ils ne sont pas seuls, et que

    ce qu'ils ressentent est non seulement habituel, mais aussi prsent chez

    les autres. Ce sont ce que les psychologues appellent des ractions

    normales des vnements anormaux.

    Photo Eduard Korniyenko / Reuters

    8 Dossier spcial: Les enfants peuvent s'adapter Les enfants dans les conflits

  • Notre approche est holistique , explique M. Simbwa. Nous traitons

    tous les aspects : le conseil, les soins la maison, les questions de rin-

    tgration et la formation aux aptitudes la vie quotidienne. Le but est

    d'aider les jeunes non seulement grer leurs traumatismes, mais aussi

    devenir les citoyens autonomes d'une communaut productive.

    Soldats, esclaves et espionsUtiliser les enfants dans les guerres et les conflits n'est pas nouveau. Au

    milieu du dix-huitime sicle, avant une grande bataille, on dit que Fr-

    dric II de Prusse aurait lanc : Joignez-vous moi, enfants, et mourrez

    pour cette grande nation qui est la ntre !

    On ne sait pas vraiment s'il y avait des enfants dans son arme ou s'il

    exprimait sa nature paternaliste, mais les enfants et les jeunes ont t

    et sont toujours recruts par les armes rgulires et rebelles, et pas

    uniquement dans les pays pauvres.

    Certaines organisations estiment le nombre d'enfants soldats dans le

    monde entre 250 000 et 300 000, et le plus triste est que, malgr tous les

    efforts engags pour protger les enfants, ce chiffre augmente. D'autres

    mettent ces chiffres en doute - chiffres difficiles obtenir par nature - et

    estiment qu'ils diminuent du fait de la diminution des conflits arms.

    Nanmoins, de nombreux enfants appartiennent encore l'arme ou

    des groupes rebelles et l'on estime que 40 pour cent sont des filles.

    Elles ne participent pas toutes activement aux combats mais font office

    d' pouses pour les soldats masculins, d'infirmires et/ou de sages-

    femmes. Filles et garons peuvent aussi servir de cuisiniers, d'espions, de

    coursiers et d'interprtes.

    Des enfants utilesParfois espions ou envoys en premire ligne, nombreuses sont les raisons

    pour utiliser les enfants comme soldats. On peut facilement leur bourrer

    le crne, ils posent peu de questions, et ils s'adaptent plus facilement que

    les adultes de nouvelles conditions de vie. Les enfants mangent moins

    et demandent moins de solde, de permissions et d'quipement.

    On suspecte certaines armes rebelles de laisser dlibrment les en-

    fants commettre les pires atrocits car ils sont mineurs et ne peuvent pas

    tre envoys dans des prisons normales s'ils sont capturs par les forces

    gouvernementales. Les enfants sont galement contraints, enlevs ou

    enrls de force dans les armes, parfois en change de scurit.

    Il existe aussi des exemples d'adolescents qui rejoignent l'arme ou les

    groupes d'opposition par idologie ou pour des raisons financires ou

    autres, et des armes qui intgrent et s'occupent d'orphelins dans des

    conflits. Beaucoup d'enfants sont entrans et forcs commettre des

    atrocits, parfois contre leurs anciennes communauts, voire contre leur

    propre famille, afin de couper les liens . Il va sans dire que les squelles

    sont profondes et durables sur ces enfants, cause de ce qu'ils ont vu et

    fait pendant leur service.

    Se rinsrerRintgrer les anciens enfants soldats dans une famille ou une commu-

    naut aprs un conflit est un norme dfi. Non seulement parce que les

    enfants ou les jeunes ont psychologiquement peur et qu'ils sont habitus

    une vie aux rgles et aux conditions diffrentes, mais aussi cause des

    ractions de leur famille et de leur communaut envers eux.

    Parfois, les communauts apprhendent et se mfient, parfois les

    familles sont sceptiques au nom de la communaut , dit Victor Fornah

    de la Croix-Rouge sierra-lonaise. C'est simple, les enfants soldats qui

    reviennent sont de 'nouvelles personnes', cheveux rass, autres habits,

    rgles diffrentes. Pour certains de ces soldats qui rentrent, la vie au vil-

    lage peut tre trs diffrente de celle dont ils ont pris l'habitude.

    La Croix-Rouge sierra-lonaise mne, comme les Socits nationales du

    Liberia et d'Ouganda, des programmes pour aider les enfants soldats

    se rintgrer, et les communauts les accepter. Jusqu' ce jour, plus de

    9 000 enfants ont particip ce programme commenc en 2001, avant

    mme le cessez-le-feu.

    Cela va dans les deux sens. Certains enfants, certains jeunes veulent

    pratiquement se rinsrer, et leurs familles sont partages entre joie et

    scepticisme. Nous nous efforons de raliser des sances dans lesquelles

    nous indiquons clairement que ces enfants n'auraient pas fait ce qu'ils ont

    fait s'ils n'y avaient pas t forcs. Nous essayons galement d'apprendre

    la communaut ce qu'est la vie dans la brousse. Certaines communau-

    ts dcident de pardonner et de rintgrer les enfants si ces derniers par-

    lent ouvertement de ce qu'ils ont fait et s'ils en prouvent du remords.

    Victor Fornah cite l'exemple d'une petite fille qui tait premire de la

    classe. Elle avait t enleve, torture et viole. son retour, sa famille et

    sa communaut l'ont rejete. Une fois le conflit termin, elle a t place

    dans une autre ville et a particip un programme qui aidait les enfants

    touchs par la guerre terminer leur scolarit. Aujourd'hui, elle a fini ses

    tudes universitaires et elle est professeur.

    Armes = respectPour beaucoup d'enfants, il existe un autre dilemme. En tant que soldats,

    ils se sont habitus ce que les civils les respectent parce qu'ils taient

    arms. Or, au moment o ils sont confronts au mpris et au manque de

    confiance, ils peuvent tre tents de reprendre leur arme et de revenir

    la vie qu'ils connaissent. Tandis que les garons peuvent tre perus com-

    me dangereux, les filles, elles, sont souvent vues comme des victimes.

    Toutefois, certaines filles reviennent au village avec un petit, aprs avoir

    t maries ou violes, et cela pose d'autres obstacles se faire ventu-

    ellement accepter par leur communaut.

    www.ifrc.org/psychosocial 9

  • L'une de nos tches est de plaider en faveur

    de ces petits et de ces enfants, afin qu'on les

    inscrive l'tat civil. Et ce n'est pas chose fac-

    ile , raconte Victor Fornah.

    Certains dilemmes sont encore plus complex-

    es. L'argent des donateurs est parfois octroy

    aux anciens enfants soldats et leurs familles,

    ce qui pousse les autres membres de la com-

    munaut se demander s'il est juste de les

    rcompenser pour avoir t des tueurs. Des

    avantages en nature proposs aux anciens sol-

    dats, tels que des vtements ou des outils, sont

    parfois taxs de 'prix du sang'.

    On demande aussi aux enfants de parler de

    leurs expriences pour les aider grer leurs

    traumatismes, mais comment cela peut-il

    fonctionner dans des socits o les bons en-

    fants sont ceux qui se taisent ? Enfin, il y a de

    rares cas o les communauts persuadent les

    enfants de raconter leurs expriences en les

    exagrant car la prsence d'un ancien enfant

    soldat peut gnrer de l'argent des donateurs

    pour l'ensemble de la communaut.

    Est-ce qu'on coute vraiment?Bien que les organisations soient nombreuses

    tre devenues plus professionnelles et re-

    sponsables, des efforts bien intentionns font

    encore parfois plus de mal que de bien. En Si-

    erra Leone, on a demand une petite fille de

    dmonter et de remonter une arme automa-

    tique devant tout le village afin de prouver

    qu'elle avait t soldate. En Afghanistan, un

    jeune travailleur humanitaire, la formation

    psychosociale restreinte, avait appris que la

    gurison passe par l'expression motionnelle.

    Ainsi, tous les jours, il rassemblait un groupe

    d'enfants et leur demandait de dessiner la pire

    chose qui leur tait arrive pendant la guerre.

    Malheureusement, il n'avait pas appris que

    l'expression motionnelle doit s'accompagner

    d'un processus sr et appropri, dit travail ,

    guid par un psychologue ou un travailleur

    social spcialis, et supervis. Il n'avait pas

    non plus envisag que des problmes psy-

    chologiques graves peuvent surgir des annes

    aprs.

    L'exemple qui suit est tir d'un article du pro-

    fesseur Michael Wessells, Columbia University,

    sur les difficults qu'il y a fournir du soutien

    psychosocial sans causer de dommages. Le

    professeur Wessells, galement conseiller en

    protection de l'enfance, a particip un smi-

    naire sur les enfants dans la guerre, organis

    par le CICR Genve, l'anne dernire.

    Wessells crit : Bien que les organisations

    soient nombreuses tre devenues plus re-

    sponsables et plus professionnelles, il existe

    toujours une lacune de l'coute. Nous savons

    que la participation communautaire est ex-

    trmement importante, mais la recherchons-

    nous toujours ? Nous devons en apprendre

    plus sur les soutiens naturels dont les com-

    munauts disposent et les impliquer davan-

    tage les groupes fminins et religieux, les

    pratiques locales de gurison, etc. Puis, nous

    devons nous reposer sur eux et les intgrer

    dans le processus de radaptation. Il plaide

    pour que les organisations prennent le temps

    ncessaire pour comprendre la culture locale

    et trouver des agents du changement au

    sein des communauts.

    La confiance, ce qu'ils ont perdu de plus cherLes enfants touchs par les guerres sont bien

    plus nombreux que ceux prenant une part

    active aux combats. De 1996 2006, plus de

    40 millions d'enfants dans le monde ont t

    privs d'opportunits ducatives, sanitaires et

    sociales car ils vivaient dans des zones de con-

    flit. Bien que certaines tudes prsupposent

    que les enfants ont la capacit de naviguer

    au travers de terribles traumatismes, ils sont

    toujours considrs comme plus vulnrables

    au stress traumatique car ils ont moins de res-

    sources, manquent d'aptitudes d'adaptation et

    sont encore en dveloppement.

    Pour beaucoup d'enfants, la confiance est ce

    qu'ils ont perdu de plus cher. Un enfant pense

    que ses parents le protgent, mais que se

    passe-t-il lorsqu'une voiture s'arrte et que

    quatre personnes en descendent et enlvent

    son pre ? Ou lorsque sa mre et sa sur

    sont violes par un groupe de soldats devant

    le reste de la famille ? Et qu'en est-il de ces

    deux petits retrouvs prs de leur mre morte,

    plusieurs jours aprs qu'elle ait t tue par

    l'explosion d'une grenade ?

    Un des programmes rcemment conus pour

    aider les enfants touchs par un conflit a com-

    menc en Libye. Un groupe de bnvoles du

    Croissant-Rouge a t form pour raliser

    des ateliers dans des camps pour dplacs

    internes. Aprs leur formation, les bnvoles

    menaient des groupes de 15 20 enfants au fil

    des exercices par priode de trois mois.

    Des effets positifs L'objectif de ce programme, soutenu par la

    Croix-Rouge italienne et danoise et le Crois-

    sant-Rouge palestinien, est d'amliorer le bien-

    tre psychosocial des enfants touchs par des

    Bien que les organisations soient nom-breuses tre devenues plus responsables et plus professionnelles, il existe toujours une lacune de l'coute.

    10 Dossier spcial: Les enfants peuvent s'adapter Les enfants dans les conflits

  • troubles, et de les aider retrouver un quili-

    bre et reprendre leurs activits quotidiennes

    au plus vite. Les bnvoles ont reu des retours

    d'information positifs aprs ce programme au-

    prs de groupes d'enfants.

    Nous les avons aids amliorer leur inter-

    action sociale, leur estime de soi, leur com-

    munication, et leurs aptitudes diriger et

    rsoudre des problmes , fait remarquer un

    bnvole. Un autre ajoute : Mme si les s-

    ances ne durent qu'une heure, c'est incroyable

    comme elles ont t efficaces. En plus, c'tait

    tonnant de voir comment on pouvait utiliser

    le jeu pour aider les autres. On s'est beaucoup

    amuss, mais c'tait aussi trs mouvant.

    Mme s'ils ont essay de slectionner les en-

    fants en grand besoin pour les ateliers, les b-

    nvoles ont t dpasss par la participation,

    fratries et parents y participaient galement.

    Une mre a fait remarquer qu'elle avait autant

    besoin de soutien que ses enfants ; personne

    n'a t exclu. Un des directeurs d'atelier racon-

    te : Je ne m'attendais pas ce que le projet

    ait un effet si positif, si joyeux mme, sur les

    enfants, sans parler de moi.

    MouvementAider les enfants touchs par la guerre est une

    activit en augmentation au sein du mouve-

    ment de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge.

    De nombreuses Socits nationales y sont

    engages. Il existe des partenariats tels que

    ceux de la Croix-Rouge Norvge - Jeunesse et

    de la Croix-Rouge Danemark - Jeunesse avec

    des socits en Afrique, ainsi qu'entre soci-

    ts donatrices qui soutiennent le programme

    de dfense et de radaptation des enfants en

    Sierra Leone et au Liberia.

    L'change des meilleures pratiques a t ren-

    forc en 2011, avec un atelier du CICR qui d-

    battait des programmes en faveur des enfants

    touchs par des conflits arms et autres situ-

    ations violentes. Des reprsentants de tout le

    Mouvement et des experts externes ont parl

    des programmes de radaptation en Afrique,

    des programmes psychosociaux au Pakistan et

    dans les territoires palestiniens occups, et des

    initiatives de prvention de la violence en zone

    urbaine en Amrique latine, o la majorit des

    victimes et des auteurs de violences sont des

    enfants et des jeunes.

    De nombreuses Socits nationales en Amri-

    que latine, soutenues par les Socits donatri-

    ces, ralisent des programmes de prvention

    de la violence et, rcemment, le CICR a ren-

    forc son soutien aux Socits nationales et

    aux ministres de l'ducation pour attnuer

    les consquences de la violence urbaine. Au

    travers de projets scolaires dans des zones

    marginalises, des jeunes en situation de ris-

    que apprennent des aptitudes la vie quoti-

    dienne, des principes humanitaires de base et

    amliorent leur estime de soi en contribuant

    leur communaut par de petits projets qu'ils

    conoivent.

    Parmi d'autres initiatives du CICR, on compte

    la publication rcente du mini-EDH, une ver-

    sion abrge du programme Explorer le droit

    humanitaire, qui permet aux jeunes gens, au

    personnel de la Socit nationale et aux b-

    nvoles de matriser rapidement les principes

    de base du droit international humanitaire

    (DIH). Les supports pdagogiques sont tirs

    de situations relles, qui montrent comment

    le DIH vise protger la vie et la dignit hu-

    maines lors des conflits arms. En tudiant le

    comportement de personnes relles et leurs

    dilemmes, les lves gagnent de nouvelles

    perspectives et commencent comprendre le

    besoin de rgles pendant la guerre, et la com-

    plexit de leur application. Le CICR poursuit

    galement ses activits traditionnelles de pro-

    tection et de restauration des liens familiaux

    dans les situations de conflit et d'aprs conflit.

    La dlgue la jeunesse Semine Brorson, le psychologue dlgu Bassam Marshoud et la psychologue Louise Kryger, du Centre PS, ont contribu cet article. Photo : Jean-Patrick di Silvestro/CICR

    www.ifrc.org/psychosocial 11Dossier spcial: Les enfants peuvent s'adapter Les enfants dans les conflits

  • Publications PS12

    Manuel de l'animateur (premire partie) : la mise en route vous guide pas pas dans l'implmentation d'ateliers d'activits. Les cinq pre-miers ateliers sont recommands pour tous, et pour tous les contex-tes. Ils sont axs sur se familiariser les uns avec les autres , ma vie , notre communaut , les droits et les besoins des enfants , et les enfants dans notre communaut . Ils s'accompagnent de chansons et d'activits stimulantes. Ce livret contient aussi trois atel-iers sur apprendre couter , parler de moi et travailler ensemble qui peuvent servir d'ateliers alternatifs ou complmen-taires pour tout module d'atelier prprogramm. Enfin, ce livret con-tient aussi deux ateliers dont l'un devra tre choisi pour terminer le programme.

    Aider les enfants s'adapter Dsormais, organiser des activits psychosociales pour les enfants l'intrieur et en dehors du cadre scolaire est chose facile. Le nouveau kit d'information de Save the Children et du Centre PS de la Fdration internationale est disponible en version lectronique et en version papier, en anglais et en franais. Il est compos de quatre livrets et d'une banque d'activits sur cl USB. Il n'est pas obligatoire de mettre en place toutes les activits et tous les modules, mais leur ensemble vous aidera planifier et choisir vos activits.

    Comprendre le bien-tre des enfants aidera les ensei-gnants, les parents et autres aidants comprendre comment les enfants ragissent aux circonstances difficiles et pourquoi. Il explicite les ractions des enfants la maltraitance, la violence et le chagrin et ce que vous pouvez faire pour les protger et les aider. Mme si la plupart des enfants sont gnrale-ment rsilients et aptes grer les expriences pni-bles, ils n'en ont pas moins besoin de soutien pour se reconstruire. Ce livret peut galement servir de support pour d'autres programmes pour enfants et il peut tre command sparment.

  • www.ifrc.org/psychosocial 13

    Si votre exprience de la planification et de l'organisation d'activits de rsilience pour les enfants est limite, le Manuel du gestionnaire de programmes vous sera trs utile. Ce livret vous guidera au travers des phases de pr-planification, de plani-fication et de mise en place. Une section sur les valuations y figure galement. Le livret approfondit sur ce qu'il faut prendre en compte avant de commencer, les donnes, les partenariats, et les autorisations dont vous aurez besoin, et la manire dont vous pouvez impliquer les enfants, les parents et la communaut. Une orientation sur le budget et des informations sur les stratgies de dsengagement sont galement fournies.

    Vous trouverez galement quatre modules prprogramms, plus longs, dans le Manuel de l'animateur (2me partie) : Module d'ateliers. L, vous pourrez choisir un ou plus-ieurs modules sur la protection contre la maltraitance , la vie dans une communaut taux lev de VIH/sida , les enfants dans les conflits , et les enfants dans les catas-trophes . Chaque module comprend 10 ateliers sur mesure, l'exception du module sur les communauts VIH/sida, qui comprend 15 ateliers. Ce module contient galement des fiches pdagogiques expliquant le VIH, le sida et les ARV.

    Vous voulez traduire certaines activits, en imprimer, en savoir davantage sur elles ou en crer vous-mme? Utilisez la banque d'activits prsente sur la cl USB. Vous y trouverez la version lectronique de toutes les activits des livrets, ainsi qu'une foule d'autres suggestions. avec un modle et la com-mande recherche vous pourrez aussi facilement crer vos propres activits.

  • Un enfant reprsente une vie nouvelle et des possibilits neuves. Il in-carne donc la rsilience naturelle. Malgr cela, les enfants sont aussi vul-nrables. En 2002, lors de ma premire visite communautaire dans un petit village de l'Inde, j'ai interview plusieurs personnes sur le stress et sur les moyens qu'ils avaient de grer un stress lev. mon tonnement, une femme m'a dit : Quand je suis stresse, je frappe mes enfants. Depuis, j'ai travaill dans diffrents contextes et j'ai vu l'vidence :pour beaucoup d'adultes, les enfants se transforment en cible facile qui les libre de leur stress, leur colre et leur lubricit.

    Je vis actuellement Porto Rico, un endroit des tats-Unis qui ne fait pas exception en matire de maltraitance infantile. De temps autre, aux actualits, on entend des horribles histoires de ngligence, de mal-traitance physique, psychologique et sexuelle. Mais c'est encore plus marquant quand la victime est quelqu'un qui vous est proche. Une amie chre, Maria, (prnom chang des fins de confidentialit) m'a racont son mouvante histoire, que je transmets au lecteur pour cas d'tude.

    Violence psychologique et physiqueMaria ne se souvient d'aucune priode de son enfance sans violence do-mestique. Elle est la deuxime d'une fratrie de quatre, dans une famille de Porto Rico. Quand Maria avait 12 ans, sa mre s'est marie un al-coolique qui la maltraitait elle et ses enfants. Il ne semble pas qu'il y ait

    eu de maltraitance sexuelle envers les enfants, mais une violence psy-chologique et physique substantielle. Quand Maria a eu 16 ans, sa mre, de guerre lasse, est partie de la maison pour pouser un autre homme. Le pre de Maria est entr en cure de dsintoxication et la sur ane de Maria s'est marie. Maria s'est retrouve soudain seule, lever ses deux petits frres, avec quelques coupons alimentaires. Suite cela, ses relations et sa structure quotidienne se sont brises.

    Un problme mondialLa maltraitance infantile est un problme mondial qui ne se limite ni aux pays pauvres ni aux situations de conflit arm ou de catastrophe. Le Sys-tme national des donnes sur la maltraitance et la ngligence l'gard des enfants (NCANDS) est un effort fdral qui recueille et analyse les donnes annuelles sur la violence et la ngligence l'gard des enfants aux tats-Unis. Le rapport de 2010 indique que sur 75 512 062 enfants dans le pays, 688 251 cas de maltraitance infantile ont t signals. Il existe en outre des cas qui ne sont pas rapports et qui ne sont donc pas quantifiables. D'autres pays occidentaux ont galement t confronts de graves cas de maltraitance et de ngligence infantiles ces dernires annes, la Belgique et le Danemark notamment. Maltraits, les enfants se sentent coupables, terrifis, dsesprs et impuissants et certains viv-ront toute leur vie avec des squelles psychologiques.

    Reconnatre la rsilienceEn reconnaissant l'importance du renforcement de la rsilience, de nom-breux facteurs, diffrents niveaux et/ou tapes, entrent en jeu. Maria est une survivante qui a eu (a) la force intrieure de rebondir chaque situation difficile et (b) le soutien extrieur mme mince de son en-vironnement immdiat.

    La violence sur les enfants est un problme courant. Elle est prsente dans tous les groupes ethniques et toutes les communauts de la plupart des cultures et des pays. Elle ne se limite pas aux conflits et aux catastrophes,

    bien que les incidents de maltraitance et de violence soient souvent plus frquents dans ces situations.

    Anjana Dayal De Prewitt, Croix-Rouge amricaine

    Enfants particulirement vulnrables la maltraitance

    Enfants non accompagns, spars ou orphelins Enfants placs en institution Enfants non inscrits l'tat civil Enfants ayant enfreint la loi Enfants en situation d'extrme pauvret Enfants qui travaillent Enfants qui n'ont pas accs l'ducation Enfants avec des handicaps ou des besoins spcifiques Enfants marginaliss Enfants en situations d'urgence Mres adolescentes et enfants chefs de famille

    Quand je suis stresse je frappe mes enfants

    Photo : Antipolo, Rizal, Philippines. Cheryl Ravelo, indpendante/FICR

    14 Dossier spcial: Les enfants peuvent s'adapterLes enfants et la maltraitance

  • Aujourd'hui, Maria est non seulement heureuse en mariage et maman comble de deux jolies petites filles, mais elle s'occupe aussi de sa nice qui tait nglige par ses parents. Maria russit dans sa carrire ; elle travaille pour le gouvernement fdral. Lorsqu'on lui demande quoi elle attribue sa rsilience, Maria explique qu'elle s'est appuye sur sa foi religieuse et sur sa structure personnelle, ainsi que sur sa commu-naut, notamment sur une femme de son entourage, ses professeurs et ses pairs. Enfin, Maria cite sa volont et son propre dsir d'accder quelque chose de mieux.

    Ce que recommande cet article pour renforcer la rsilience, des lves plus particulirement, est bas sur les sources auxquelles Maria a puis sa force. Les facteurs protecteurs tels que (a) les particularits indivi-duelles, c.--d. les croyances positives, la dtermination et la flexibilit, et (b) le soutien extrieur, c.--d. un environnement familial positif, des amis, une exprience scolaire positive et une communaut saine peu-vent contribuer ce que l'enfant dveloppe une vision positive et agisse pour un meilleur avenir (voir Comprendre le bien-tre des enfants, 2012, l'un des quatre livres du nouveau programme).

    Ce concept peut prendre la forme d'un entonnoir dans lequel, selon le survivant et le contexte, les ingrdients et les mesures peuvent tre ajus-ts pour parvenir une vision et des actions appropries qui renforcent la rsilience chez un enfant.

    Croyances et valeursCroire en une puissance suprieure et/ou avoir des valeurs telles qu'aider les autres peut conduire l'espoir et la ralisation. Cela peut galement aider grer la culpabilit qui va souvent de pair avec la mal-traitance. Maria croit que la prsence de Dieu, alors qu'elle tait au cur de ses problmes, l'a aide tourner la page et russir. Les croyances et les valeurs guident le processus de pense et de prise de dcision du survivant.

    Dtermination et flexibilit Les enfants sont naturellement flexibles et ils ont tendance s'adapter et exceller dans diffrentes situations plus facilement que les adultes. Cela dit, pour russir il faut tre dtermin. Maria indique : Je ne voulais pas finir en statistique ; j'tais dtermine parvenir un meilleur futur . Certains enfants maltraits deviennent des adultes qui sapitoient sur ce qu'ils ont souffert ; d'autres passent de la piti la fiert de ce quoi ils sont parvenus, malgr leurs souffrances. La dtermination, allie la flexibilit, constitue la meilleure recette de rsilience psychologique. Nanmoins, un certain support extrieur est essentiel pour nourrir la d-termination.

    Soutien extrieurPour encourager et protger le bien-tre des enfants, il nous faut inclure une vaste gamme de soutien socital, y compris celui des communauts ducatives. Si des membres de la communaut voient quelque chose d'inhabituel, il faut qu'ils le signalent aux autorits comptentes. Les enfants maltraits ont besoin de soutien et de validation dans leurs ef-forts de salut car le blme et le manque de soutien peuvent mener une rgression.

    Respecter les enfantsLes catastrophes ou les crises se traduisent souvent par une augmenta-tion des maltraitances infantiles. C'est pourquoi la politique de confor-mit et d'thique de la Croix-Rouge amricaine mandate son personnel et ses bnvoles signaler les maltraitances infantiles observes ou sus-pectes aux autorits comptentes. La Croix-Rouge canadienne a labor plusieurs directives et matriels de formation sur la violence au travers de son programme RespectED. Ils sont distribus aux coles et aux or-ganisations dans tout le pays sous la forme de cours en une journe l'attention des enseignants et d'autres aidants, afin d'amliorer leurs connaissances sur la manire de grer les cas d'abus sexuels commis sur des enfants. Le programme RespectED a cr une plateforme pour des programmes similaires pour un grand nombre de Socits nationales dans le monde.

    Mme si l'on sait que les enfants sont naturellement rsilients, rien n'est jamais acquis. Un suivi et un soutien constants sont ncessaires pour re-connatre et renforcer la rsilience des enfants pendant et aprs un v-nement dfavorable dans leur vie. Un enfant reste un enfant, quelle que soit la situation. Rien n'est plus naturel pour lui ou pour elle de grandir et de s'panouir et il est de la responsabilit de la socit qui l'entoure de lui fournir un environnement favorable. Comme le dit un proverbe africain : Il faut un village pour lever un enfant .

    Anjana Dayal De Prewitt est agente de liaison gouvernementale pour le sige national de la Croix-Rouge amricaine bas Washington DC. Elle a travaill avec la Croix-Rouge amricaine, la FICR, et le CICR pendant plus de 10 ans, sur diffrentes catastrophes, s'occupant intensivement des questions psychosociales. Sa dernire publication est Women, Reli-gion, and Trauma Healing: their Mutual Impact (propose et accepte par l'Institut des tats-Unis pour la paix, Washington DC).

    Figure1: entonnoir de la rsilience chez

    l'enfant

    Formes de maltraitance

    La maltraitance des enfants correspond toute forme de mauvais traitements physiques, sexuels ou psychologiques ou de manque de soins prjudiciable un enfant. Parmi les diffrents types de maltraitance infantile, on compte:

    l'enrlement dans des forces armes la violence familiale, tels que les coups, l'humiliation ou

    l'isolement d'un enfant la violence psychologique, par ex. atteintes ritres

    l'amour-propre d'un enfant la violence physique, par ex. donner des coups ou coups

    de pied, secouer, brler, gifler la ngligence, par ex. manquement conscient pourvoir

    aux besoins lmentaires d'un enfant l'abus sexuel

    www.ifrc.org/psychosocial 15

  • Dossier spcial : Les enfants peuvent s'adapter

    Dans un monde qui ne pense qu' pargner les mauvaises nouvelles aux en-fants, comment dire un enfant qu'il a le VIH/sida ? Et quand il le sait, comment l'empcher de sombrer dans la dpression et le dsespoir ?

    De surcrot, que faire quand un enfant est orphe-lin, aprs que ses parents soient morts du VIH/sida ? Comment cet enfant peut-il grer ces ob-stacles apparemment insurmontables ?

    Ces dilemmes, et beaucoup d'autres, sont le quo-tidien des membres du projet de soutien psycho-social de la Croix-Rouge franaise (CRF) Phnom Penh, Cambodge.

    Selon les estimations de l'ONUSIDA, de l'OMS et de l'UNICEF, prs de 3,4 millions d'enfants dans le monde vivaient avec le VIH/sida fin 2010. Parmi ceux-ci, on estime qu'environ 150 000 enfants en Asie du Sud et du Sud-est, et 8 000 enfants en Asie de l'Est, vivaient avec le VIH/sida, la plupart infec-ts par la transmission mre-enfant.

    La stigmatisation et la discrimination associes est un norme problme pour ces enfants. Le voisin d'un enfant cambodgien lui a demand : Pour-quoi veux-tu aller l'cole ? Tu devrais avoir hon-te, tu as le virus. Un autre enfant a dit un assis-tant social : Le plus souvent, je reste la maison avec ma sur. Les autres enfants ne jouent pas avec moi parce que je suis 'malade'.

    Nouvelle approche holistiqueLa Croix-Rouge franaise aide les enfants et les ad-olescents infects par le VIH depuis 2004. Elle leur prodigue soins mdicaux et conseil, et travaille avec des patients ambulatoires par le biais de la clinique de l'amlioration de la sant de l'enfant de l'hpital pdiatrique national. En partenariat avec la Croix-Rouge cambodgienne, elle fournit galement des soins domicile aux personnes in-fectes par le VIH.

    Mais une nouvelle intervention psychosociale en trois ans a commenc en janvier 2010. Elle ap-porte une approche plus holistique la dlivrance des soins. Ce projet s'appelle Amlioration de l'esprance de vie et du bien-tre des enfants et adolescents vivant avec le VIH/sida.

    Un nouveau centre de soins de jour appel Maelis (jasmin en khmer) a t mis en place en partenar-iat avec la Croix-Rouge cambodgienne. Il fournit du soutien psychosocial et ducatif aux enfants orphelins et vulnrables vivant avec le VIH/sida. L'Agence francaise de Dveloppement cofinance ce programme. Ses objectifs sont simples : Am-liorer l'esprance et la qualit de vie. Mais ses dfis le sont moins.

    Le psychologue et coordinateur de projet auprs de la Croix-Rouge franaise, Kleio Iakovidi, expli-que : Les dfis sont normes pour les enfants et leurs parents ou leurs aidants. Il y a le 'poids motionnel' de vivre avec une maladie chronique, la tristesse et la peur de mourir pas toujours expri-mes ouvertement, les problmes comportemen-taux associs, les soucis de l'adolescence qui af-fectent l'observation du traitement, la violence domestique et la pauvret.

    ProgresserKleio Iakovidi souligne un autre dfi : la relative nouveaut du concept de soutien psychosocial ici. Les gens ne sont pas familiariss avec sa pra-tique et ses avantages, encore moins avec le fait de parler de leurs difficults psychologiques. Btir assez de confiance pour que les gens disent com-ment ils se sentent, cela prend du temps.

    Malgr les difficults, des indicateurs positifs montrent que le programme fait la diffrence.Fin juillet cette anne, prs de 1 250 enfants in-fects par le VIH ont t admis dans la clinique de l'hpital pour des soins mdicaux et psy-chologiques et du conseil. Parmi ceux-ci, 448 en-fants taient inscrits au centre Maelis pour davan-

    tage de soutien psychosocial et/ou ducatif.Une quipe pluridisciplinaire, compose de m-decins, psychologues, travailleurs sociaux, ani-mateurs et bnvoles sanitaires, mne une ap-proche holistique. Elle consiste encourager l'observation du rgime de traitement antirtrovi-ral et raliser des activits destines renforcer l'estime de soi, telles que le tutorat en khmer, les leons d'informatique, l'art-thrapie et les leons de danse.

    Nous aidons aussi sur des choses pratiques, telles que l'obtention de papiers d'identit ou d'actes de naissance et l'aiguillage vers les sp-cialistes , indique M. Kleio.

    Par l'attention et le respectL'quipe de soutien psychosocial et les organisa-tions partenaires y trouvent aussi des avantages, comme l'encadrement, le soutien technique, la formation et la gestion des cas. Les orphelinats sont aussi cibls, au travers d'une formation sen-sibilisatrice sur l'attention apporter aux enfants touchs par le VIH/sida.

    Directeur de la dlgation cambodgienne de la CRF, Josselin Lon affirme : La dtermination, la patience et les comptences de l'quipe ont per-mis aux enfants de recevoir un soutien tangible pour leurs difficults quotidiennes. Par l'attention et le respect, la cration d'un espace sr et scuri-sant, et l'abord des problmes et des solutions possibles, l'quipe encourage les enfants et ren-force leurs aptitudes s'adapter.

    Les mots des enfants tmoignent de la russite du programme. Un petit garon commente : Le 'matre' de ma discussion dirige de groupe m'a appris connatre les mdicaments et mes re-sponsabilits. Maintenant, je prends mes mdi-caments tout seul, je suis plus responsable, et je rappelle mme ma mre de prendre ses mdica-ments.

    Continue ton traitement... Continue ta vie

    Les enfants vivant avec le VIH ou le sida ont des problmes quotidiens que d'autres enfants n'ont pas. Les programmes de soutien PS appren-nent aux enfants surmonter les obstacles, tre responsables, et partager leurs expriences avec d'autres enfants comme eux.

    Sue Nelson

    Dossier spcial: Les enfants peuvent s'adapterLes enfants et le VIH16

  • L'histoire de Sophea

    Sophea est une jeune fille de 14 ans, infecte par le VIH, et vivant Phnom Penh. Elle prend un traitement antirtroviral de seconde intention et elle effectue des visites rgulires la clinique de l'hpital pdiatrique national.

    Sophea a t aiguille vers le centre Maelis 12 ans car elle re-fusait de prendre ses mdicaments. Au personnel, elle a expli-qu que les comprims avaient mauvais got et qu'ils taient si gros qu'ils lui donnaient mal au cur. Et aussi, qu'elle tait triste parce qu'on se disputait souvent dans sa famille.

    Sophea a particip diverses activits psychosociales au cen-tre Maelis, notamment des leons de dessin et de danse, des discussions diriges de groupe pour adolescents, et de l'art-thrapie. Sa mre, elle aussi, a consult le psychologue et un travailleur social et particip aux discussions diriges de groupe pour les parents. Peu peu, Sophea s'est sentie plus encourage.

    Elle n'aime toujours pas le got de ses mdicaments, mais dsormais elle sait combien il est important de les prendre rgulirement. Elle comprend pleinement les risques pour sa sant et l'ventuelle rsistance aux mdicaments de sec-onde intention ne lui laisse pas beaucoup d'options thrapeu-tiques. Mais grce son interaction avec d'autres enfants du centre Maelis, Sophea est plus motive et elle a repris espoir en l'avenir.

    Elle est actuellement animatrice paire dans des discussions diriges de groupe pour enfants et elle encourage d'autres jeunes enfants infects par le VIH ne pas laisser tomber le traitement... et la vie. Ce sont ses mots : Maintenant, je sais comment tre responsable de moi-mme, et je dois partager mon exprience avec d'autres enfants. Sophea participe aussi aux leons de danse en tant que professeur de danse paire. Son rve est de devenir un jour professeur de danse professionnelle.

    L'pidmie de VIH au Cambodge

    L'pidmie de VIH au Cambodge remonte 1991. Aprs une hausse initiale rapide, les niveaux d'infection au VIH ont baiss aprs la fin des annes 1990 et vers 2003, la prvalence du VIH tait estime 1,2 %.

    Les rsultats de la premire enqute nationale sur la population, publis en 2009, estimaient la prvalence du VIH 0,6 %. On pense que les interventions menes auprs des professionnel(le)s du sexe par le gouvernement et les organisations non gouvernementales ont jou un rle dans cette baisse.

    L'adoption d'une politique 100 % prservatif faisant respecter l'utilisation du prservatif dans les maisons de prostitution a conduit une chute substantielle des niveaux d'infection au VIH parmi leurs professionnel(le)s. L'utilisation des prservatifs est passe de 40 pour cent en 1997 90 pour cent en 2010, et les nouvelles infections sont descendues 2 000 par an.

    L'ONUSIDA estime que, sans ces efforts de prvention, ce chiffre aurait dpas-s 50 000. Toutefois, parmi les proccupations actuelles, on trouve les faibles niveaux d'utilisation du prservatif chez les hommes ayant des rapports avec des hommes, une augmentation du travail sexuel hors des maisons de prostitution (rendant difficile les interventions auprs de ces professionnel(le)s du sexe), et la transmission mre-enfant du VIH (prs d'un tiers des nouvelles infections se produisent par ce mode). Au Cambodge, le VIH se transmet majoritairement lors de rapports htrosexuels, et le nombre de femmes maries infectes par leur mari est de plus en plus proccupant. (Source : AVERT.org)

    Le soutien psychosocial est probablement le plus important des soutiens pour les enfants vivant avec le VIH/sida , expose le Dr Jintanat Anan-woranich du Centre de recherche pour le sida de la Croix-Rouge thalandaise, Bangkok. Peut-tre plus important que le soutien mdical. Le centre travaille avec prs de 400 familles depuis 2003.

    Le VIH/sida est une maladie sociale et quand un enfant est infect, presque toujours plus d'un membre de la famille est touch , dit-elle. Les enfants en-durent tellement. Ils sont souvent trs pauvres, la mort est dans leur famille, ils manquent l'cole cause de la maladie et ils sont souvent stigmatiss. C'est pour-quoi une leon en 10 minutes qui vous dit qu'il faut prendre vos mdicaments, cela suffit rarement. L'enfant vous dit qu'il prend ses mdicaments mme si ce n'est pas vrai.

    Quand dire un enfant qu'il est malade est une question pineuse, ajoute le Dr Jintanat. Il n'y a pas de rgles strictes.

    Cela dpend beaucoup de la maturit de l'enfant et de sa capacit garder un secret , dit-elle. En gnral, nous commenons tt, six ou sept ans, en expli-quant la maladie sans utiliser le mot 'VIH', et en leur disant qu'en prenant leurs mdicaments, ils resteront en bonne sant.

    Normalement, vers 10 ans ou plus, mais avant l'adolescence, nous prparons les parents ou les aidants la manire d'aborder la question. Les parents sont gnralement rticents, mais ds que la rvlation a lieu, les relations familiales s'amliorent souvent.

    L'un de nos objectifs majeurs est d'essayer de maintenir les enfants scolariss, surtout l'approche de l'adolescence. La dlinquance est courante et environ 15 pour cent des enfants ou des jeunes sont hors du systme scolaire officiel. Parfois, ils sont aussi gravement maltraits chez eux. Dans ce cas, nos travailleurs sociaux plein temps sont pratiquement comme des parents. Notre bureau leur est toujours ouvert, s'ils ont besoin d'aide.

    Le Dr Jintanat est particulirement fire des efforts de l'quipe qui ont aid prs de 10 de leurs bnficiaires aller l'universit. D'autres sont retourns l'cole. Certains de nos adolescents deviennent aussi des pairs ducateurs. Ils sont vraiment solides, ils ont travers tellement de difficults. Ils sont formida-bles.

    Cambodge, 2012. Photo : Crdit Croix-Rouge franaise

    www.ifrc.org/psychosocial 17

  • Pour mieux comprendre comment nous pouvons aider les enfants aprs les catastrophes, nous avons rencontr sparment quatre praticiens experts en soutien psychosocial : Zenaida Beltejar, responsable des services sociaux de la Croix-Rouge philippine, le Dr Toshiharu Makishima, de la Socit de la Croix-Rouge japonaise, qui a jou un rle cl dans l'introduction du soutien psychosocial au Japon, Abu Kolofele, expert en protection infantile auprs de Save the Children, qui travaille actuellement en Somalie, et le Dr Jeyathesan Kulasingam, qui a aid mettre en place le programme soutenu par la FICR aprs le sisme de Sichuan en 2008.

    Y a-t-il de grandes diffrences dans la faon dont les enfants ont t touchs par les diffrentes catastrophes dans lesquelles vous avez t impliqu(e) ? Et si oui, quelles en sont les facteurs responsables ?

    ZENAIDA : Les enfants exposs une catastrophe peuvent souffrir de consquences psychologiques ngatives graves, comprenant le stress post-traumatique, mais aussi d'autres troubles psychologiques. De mon exprience, il y a une grande diffrence dans la faon dont les enfants sont touchs par diffrentes catastrophes, et beaucoup de facteurs influencent la faon dont ils ragissent. (Voir encadr.)

    ABU : Dans notre cas, il s'agit d'une catastrophe prolonge d'origine humaine, plus de 20 ans de guerre civile ont affect directement et indirectement toute la Somalie. Nous travaillons avec les enfants. Certains n'ont aucune connaissance ni exprience d'une vie autre que celle des circonstances prsentes, dans des camps de dplacs. Pour eux, par exemple, il n'y a rien de bizarre dans les tirs d'armes. Ils sont surpris que les gens des autres communauts qui en entendent aient peur. Ils n'ont pas conscience que quelque chose ne va pas dans leur mode de vie, et ce schma de pense affecte leur attitude envers les initiatives de soutien psychosocial. Comment peut-on penser que leur mode de vie n'est pas normal ? Aprs tout, ils ne connaissent que celui-ci, pour eux, c'est cela, la normalit.

    DR JEYA : Il est important de noter la dure pendant laquelle la vie normale d'un enfant est interrompue par le processus de reconstruction. Plus l'interruption de l'enfance (jeu, cole et routines familiales) est courte, mieux c'est pour l'enfant. La nature de l'enfant a tendance lui permettre de se reconstruire plus rapidement aprs des catastrophes

    grce sa capacit aller de l'avant, mais cette capacit doit tre soutenue par diffrentes mthodes de reconstruction holistique. Le processus de comprhension, d'acceptation et de renforcement de la rsilience est capital.

    quel point les enfants souffrent-ils du stress et des difficults des adultes, et quel point les enfants s'adaptent-ils leurs propres difficults ?

    DR TOSHI : Pendant le grand sisme qui a frapp l'est du Japon, beaucoup d'enfants ont perdu un ou plusieurs membres de leur famille, ou ceux-ci n'ont jamais t retrouvs. Dans ces conditions, leur niveau de stress tait extrmement lev et leurs besoins de soutien psychosocial, immense. De plus, les maisons s'taient croules ou avaient t emportes, forant les survivants vivre dans des centres d'vacuation pendant plus de six mois, puis emmnager dans des maisons temporaires. Rentrer chez eux tait difficile parce que la zone avait t dclare trop dangereuse pour y vivre. Cela signifie que les enfants ont perdu leur communaut, leurs liens avec leur cole, leurs amis et leur famille.

    Face cela, les enfants ragissent comme les adultes, et leur culture les influence. Au Japon, cela signifie qu'on n'exprime pas ses sentiments ; en s'efforant de conserver les liens qu'ils partagent avec leurs parents, les enfants essayent d'tre sages en tant silencieux. Les parents ont aussi des difficults exprimer leurs motions et bien accepter les sentiments de leurs enfants. Si la communication entre membres de la famille est faible, les enfants ne peuvent pas s'exprimer et s'ils ont vcu un vnement critique, ils peuvent finir par dvelopper des problmes psychologiques.

    ABU : C'est un monstre ttes complexes. l'cole, par exemple, certains enfants ont des difficults s'identifier leurs enseignants et leurs pairs. Les salaires des professeurs sont en retard, impays ou sont grandement insuffisants, et les frais de scolarit pays en retard ou impays contribuent encore une situation dj stressante. Cette montagne de frustration se traduit par de la colre, un langage violent et des chtiments corporels. Quand ils rentrent chez eux, les enfants sont accueillis par encore plus de frustration, surtout si les parents n'ont pas pu se procurer assez de nourriture pour la journe, ou s'ils se dbattent dans des problmes d'adultes.

    Avec un peu d'aide... Les enfants sont forts

    Personne ne peut anticiper la faon dont les enfants vont ragir aux catastrophes et d'autres vnements graves. Toutefois, plus un sentiment de normalit est rapidement restaur, plus la reconstruction commence tt, plus les chances que les enfants se servent de leurs aptitudes pour aller de l'avant sont grandes.

    Francis Markus, Directeur de la Communication

    rgionale pour l'Asie de l'Est

    18 Dossier spcial: Les enfants peuvent s'adapterLes enfants dans les catastrophes

  • C'est dans l'ordre des choses, les enfants finissent aussi par ragir violemment et pourtant, ils ne voient pas ce que leur comportement a d'anormal.

    ZENAIDA : La dynamique familiale affecte les ractions comportementales des enfants. Les parents qui paniquent, qui sont incapables de grer ou qui montrent des signes de dsespoir ou d'impuissance risquent d'influer sur les ractions motionnelles de leurs enfants. La peur et l'anxit sont des ractions types chez l'enfant, la peur que l'vnement ne se reproduise et qu'il ou elle se retrouve seul(e). Ils s'accrochent leurs parents ou leurs ans et montrent parfois des signes de rgression tels que de l'nursie ou le fait de sucer son pouce.

    Selon mon exprience sur le terrain, les enfants exposs au stress de leurs parents (ou celui d'autres proches) dveloppent des ractions phobiques qui dclenchent des rponses comme la peur du noir, la peur de l'eau ou des pluies diluviennes. Certains font des cauchemars ou ont des problmes d'endormissement.

    Certains parents, incapables de s'adapter, ont recours l'alcool ou la drogue, aggravant encore les peurs de leurs enfants. Il peut aussi arriver que les incidents de maltraitance infantile s'intensifient aprs de grandes catastrophes. Mais il faudra rsoudre des problmes conceptuels et mthodologiques avant de rpondre de manire plus catgorique la question de savoir si la maltraitance infantile augmente ou non suite des catastrophes naturelles.

    DR JEYA : Les enfants ont leurs propres difficults parce qu'ils dpendent davantage de leur famille et de leur communaut. Le processus d'apprentissage d'un enfant se dveloppe dans un climat familial et communautaire, d'o se construit sa personnalit. Pendant et aprs catastrophe, ce processus d'ducation informelle est interrompu parce que la famille et la communaut sont temporairement distraits par le relvement et la reconstruction de la vie. L'enfant perd l'opportunit d'assimiler les outils d'apprentissage et le soutien ncessaires que la famille et la communaut sont supposes lui fournir ce stade de sa vie. Cette opportunit manque sera comble par d'autres aptitudes telles que l'aptitude survivre, ou assumer davantage de responsabilits d'adulte du fait de la perte de la structure familiale habituelle. Les

    enfants endossent trs rapidement des rles et assument des responsabilits d'adulte mal remplies cause de la catastrophe.

    Quelle importance cette socit en gnral, ou les autorits ducatives, donnent-elles la gestion des rpercussions psychologiques d'une catastrophe ? Par exemple, leur axe est-il plac sur une exhortation tourner la page, ou sur un espace pour la commmoration ?

    ABU : Les populations somaliennes ont une forte croyance en Dieu. Les enfants naissent dans cette croyance, et l'Islam est leur religion. Les enseignements religieux sur le pardon, le partage et d'autres vertus ont une forte influence sur le mode de vie dans ce pays. Bien que certains individus ou groupes gostes aient utilis la religion pour en supprimer d'autres, il est sr que les aspects positifs de la religion ont donn sa tonalit gnrale la gestion du stress et ce, tous les niveaux dans le pays. La religion est un mode de vie ; c'est presque une tradition, une culture dans ce pays.

    ZENAIDA : La faon dont la socit et l'cole donnent le ton pour s'adapter aux rpercussions psychologiques de la catastrophe est trs importante parce que la russite de toute intervention dpendra de la rponse fournie par l'tat. L'accs aux installations et aux services de sant mentale est une autre proccupation qui peut faciliter l'adaptation et le rtablissement prcoce du traumatisme li la catastrophe chez les enfants.

    Les campagnes ducatives et le soutien psychosocial doivent tre intgrs au programme scolaire. L'implication des professeurs est trs importante dans le sens o beaucoup d'lves les coutent.

    DR JEYA : Donner un espace pour la commmoration des catastrophes est vital pour que les survivants fassent leur deuil et rcuprent motionnellement des pertes qu'ils ont subies. Parfois, les commmorations incitent les familles aller de l'avant car elles symbolisent le temps coul. Raliser sa force dans l'adaptation la perte est une motivation importante.

    quel point est-il facile ou difficile de juger, long ou moyen terme, si les enfants ont pu mettre le traumatisme de la catastrophe derrire eux ? Qu'y a-t-il de commun entre les interventions les plus russies ?

    DR JEYA : Un indicateur cl de la russite d'une intervention est le degr d'adaptation et de rintgration d'un enfant dans le rseau social, parmi sa famille et ses amis, ainsi que la rapidit avec laquelle il ou elle est devenu(e) un contributeur positif son processus de reconstruction motionnelle. Il faut reconnatre que la reconstruction est un processus, mais les enfants ont tendance se reconstruire plus vite que les adultes. Les interventions psychosociales russies sont progressives et elles se basent sur des conditions et des besoins locaux ; c'est important car il nous faut diffrents niveaux et styles d'interventions ou de mcanismes de soutien.

    Photo : Philippines. Rob Few/FICR

    www.ifrc.org/psychosocial 19

  • Facteurs pouvant influer sur la faon dont les enfants ragissent aux catastrophes

    ge stade de dveloppement et niveau de dpendance

    Ractions et soutien de la famille

    Rsilience et soutien communautaires

    Normes socioculturelles

    Caractristiques individuelles (par ex. vulnrabilit et mcanismes d'adaptation)

    Camarades

    Sentiment de scurit, not. proximit de la zone endommage et perception de la gravit

    Zenaida Beltejar est responsable du dpartement des services sociaux de la Croix-Rouge philippine. Elle a travaill dans les suites de nombreuses catastrophes et urgences, y compris le tsunami en Asie du Sud-Est, le coup dtat aux Philippines en 1986, l'affaissement de la dcharge de Payatas, l'ruption volcanique du Mont Pinatubo et plus de 100 typhons, glissements de terrain et autres inondations aux Philippines, sur une carrire de plus de 30 ans auprs de la Croix-Rouge.

    Le Dr Jeyathesan Kulasingam est l'un des premiers consultants de l'Institut du dveloppement humanitaire de Kuala Lumpur. Il est intervenu sur le sisme du Sichuan, le tsunami et des sismes en Indonsie et au Pakistan.

    Abu Kolofele a travaill avec des enfants soldats en Sierra Leone et dans la sous-rgion de l'Afrique de l'Ouest, ainsi qu'avec des rfugis et des enfants dplacs internes au

    Kenya et en Somalie. Il a particip l'organisation d'initiatives de soutien psychosocial pour les enfants et leurs communauts, aidant des enfants ayant enfreint la loi, tablissant et renforant les structures communautaires de protection et autonomisant des groupes d'enfants.

    Le Dr Toshiharu Makishima dirige actuellement le Dpartement des secours mdicaux internationaux au sein du Centre mdical de la Croix-Rouge japonaise. Il est professeur invit au Muroran Technical Institute et au Nursing College de la Croix-Rouge japonaise d'Akita. Il a particip de multiples missions mdicales, de la Roumanie, en 1989, l'Afrique de l'Ouest en passant par la Sibrie, agissant souvent en tant que chef d'quipe d'une UIU. En 2011, il a dirig l'quipe de soutien psychosocial aprs le sisme en Nouvelle-Zlande, et en 2012, il a coordonn le soutien psychosocial de la Croix-Rouge japonaise suite au grand sisme de l'est du Japon.

    DR TOSHI : Il est trs difficile d'valuer le niveau de stress ou la raction au stress de chaque enfant car ils ragissent tous trs diffremment ou n'expriment pas forcment leurs sentiments de manire vidente. Un soutien personnalis combin pour les enfants, leur famille et leur communaut est essentiel.

    ABU : Un aprs-midi, un agent de programme rentre au bureau visiblement enthousiaste. Et de s'exclamer : Le soutien psychosocial, c'est vraiment bien. La plupart des enfants taient trs timides au dbut des ateliers. Ils taient dans leur coin, certaines petites filles, surtout, ne mangeaient mme pas la nourriture qu'on leur servait. mi-parcours des ateliers, les enfants sont si contents. Ils jouent et sont plus amicaux les uns avec les autres, ils font des comptitions pendant les sances de dessin et ils interagissent beaucoup plus librement maintenant.

    D'autres agents de programme, enseignants et parents sont du mme avis lors des sances d'valuation interne et externe du projet.

    Ceci dit, je dois admettre que juger ou mesurer le changement dans la vie des enfants en rsultat du soutien psychosocial s'est rvl l'un des plus grands challenges de notre quipe. Nous sommes toutefois persuads que certains enfants sont devenus plus amicaux, qu'ils interagissent davantage les uns avec les autres et qu'ils sont plus solidaires grce aux ateliers pour la rsilience des enfants.

    Que cela puisse tre accept comme une solution permanente aux effets d'expriences traumatiques vcues par les enfants reste pour nous un nouveau champ d'apprentissage.

    Photo : Hati/FICR

    20 Dossier spcial: Les enfants peuvent s'adapterLes enfants dans les catastrophes

  • La nouvelle trousse outils :

    Le Centre Psychosocial de la FICR vient de lancer Aider les volo-ntaires, outils de soutien psy-chosocial , qui aidera les Soci-ts nationales prparer leurs volontaires, d'une part, et les soutenir pendant et aprs les ca-tastrophes, les conflits et d'autres vnements dramatiques, d'autre part. Cette trousse contient les outils pratiques permettant de se pr-parer aux crises et leur gestion, et d'envisager le soutien par les pairs et la communication. Elle inclut en outre un chapitre sur le suivi et l'valuation des efforts des volontaires. Certains outils peuvent tre imprims pour les gestionnaires sur le terrain et pour les volontaires.

    Maintenant que le soutien psychosocial est une activit intgre dans de nom-breuses Socits nationales, nous constatons une demande croissante de direc-tives et d'outils sur la faon d'aider nos propres bnvoles et notre personnel. En d'autres termes, nous devons d'abord placer nos propres masques oxygne avant d'aider les autres, comme on dit dans les avions , remarque Nana Wiede-mann, directrice du Centre Psychosocial de la FICR. C'est exactement ce que la nouvelle trousse outils va nous aider faire. Elle nous aide nous prparer, mais elle aide galement les volontaires sur le terrain, tout en mesurant l'impact et en amliorant les efforts ds la prochaine occasion , ajoute-t-elle.

    La trousse outils reprend des citations de volontaires du monde entier. Leurs expriences refltent ce qui a fonctionn et ce qui peut tre amlior. La trousse outils se commande en version papier auprs du Centre psychosocial. Elle est disponible en anglais, arabe, franais, russe et espagnol. La version lectro-nique est disponible sur la page www.ifrc.org/psychosocial

    AIDER LES VOLONTAIRESOutils de soutien psychosocial

    www.ifrc.org/psychosocial 21

  • De la peinture claboussant violemment la toile, de l'argile mticuleusement sculpt ou une voix, porte son plus haut, voici des exutoires sans danger pour des motions intenses, douloureuses, voire destructrices. Pour les victimes d'un trauma-tisme, vocaliser la peine, la terreur, la perte, la crainte ou toute au-tre motion forte peut paratre crasant. Les mots peuvent sonner comme une entrave ou tre trop concrets pour un patient qui voud-rait exprimer exactement ce qu'il ressent ou ce qu'il a vu.

    Dans ces cas-l, il existe une forme alternative d'aide psychologique : l'art-thrapie. Par la musique, l'argile, les pinceaux ou les crayons, l'art-thrapie peut fournir un exutoire moins restrictif que le tradi-tionnel cadre conseiller-patient, offrant une opportunit pour ceux qui souffrent de faire un travail sur des sentiments trop dominants, et contribuant faire natre un sentiment d'apaisement et de com-prhension de soi.

    Ouvert au publicActif dans toute la Cisjordanie, y compris Jrusalem-Est et Gaza, la Socit du Croissant-Rouge palestinien (SCRP) offre des services es-sentiels aux plus vulnrables parmi la population palestinienne. Le soutien psychosocial est primordial parmi ces services, dans un d-partement psychosocial dont l'objectif principal est d'aider les gens renforc-er leurs mcanismes d'adaptation et amliorer leur bien-tre dans le stress de la vie en Palestine.

    Rcemment, le dpartement psycho-social a fond le Centre d'art-thrapie expressive et de dveloppement des capacits (EATCBC). Il est ouvert au public et permet aux enfants et aux familles de profiter d'activits pra-tiques. Le centre a pour but d'atteindre les bnficiaires, notamment les en-fants traumatiss par les effets du conflit persistant, par le biais de l'art-thrapie.

    Libert et relaxationLa pratique de l'art-thrapie est fonde sur la croyance que le proces-sus cratif convoqu dans l'auto-expression artistique aide les gens rsoudre les conflits et les problmes, dvelopper des aptitudes interpersonnelles, grer leur comportement, rduire le stress, et accrotre l'estime et la conscience de soi, ainsi que la perspicacit. Par le biais de modles reconnus de conseil et de psychothrapie, le thrapeute guide son patient au travers d'exercices appelant dif-frentes formes artistiques.

    Il existe deux principes majeurs sous-jacents ce processus et la russite de l'art-thrapie l o d'autres mthodes chouent. Une sance traditionnelle avec un conseiller peut produire un excs d'anxit ou de stress pour le patient, dcoulant de l'impression de devoir jouer ou dire ce que l'on attend de vous. L' art-thrapie , elle, est utilise pour que les gens sentent, ressentent et pren-nent conscience d'eux-mmes , explique le Dr Fathy. De plus, elle procure une sensation de relaxation, libre les tensions et rduit les niveaux d'anxit.

    Il poursuit : Ensuite, en utilisant l'art, les patients ont la possibilit d'auto-contrler leur processus thrapeutique, sans tre mis sur la sellette, ni devoir rpondre des questions envahissantes. L'art leur

    pour le bien-tre L'art peut tre une mthode thrapeutique efficace chez des personnes traumatises, comme en tmoigne l'initiative du Croissant-Rouge palestinien.

    Simone von Burgwald, assistante en communications, Centre PS

    L'art...

    Crdit photo : Socit du Croissant-Rouge palestinien

    22 Intervenir par l'art-thrapie

  • donne la libert de mener la sance de la fa-on la plus confortable pour eux.

    L'art est plus efficaceTous les thrapeutes qui travaillent l'EATCBC ont soit une formation en art-thrapie, soit un master en cours, auquel cas ils agissent sous la supervision d'un art-thrapeute ex-priment de la Socit nationale.

    En nous appuyant sur notre comprhen-sion du besoin et de l'importance de l'art, nous avons conu un programme dans lequel l'art est utilis comme mthode d'intervention dans les services de soutien psychosocial , explique le Dr Fathy Flefel, directeur du dpartement psychosocial de la SCRP. En tant qu'art-thrapeute profes-sionnel, le Dr Fathy rvait d'intgrer l'art dans le programme d'intervention psychoso-ciale depuis ses dbuts dans ce domaine, en 1998. Il a lanc cette ide la Croix-Rouge, qui aidait au dveloppement du centre, et aujourd'hui, l'art-thrapie est mme utilise dans les plus grands projets psychosociaux destins aux enfants touchs par les conflits arms.

    Le Dr Fathy pense que les avantages de l'art-thrapie sont multiples lorsque l'on traite des personnes affectes par diffrents types de traumatismes. L'art est la manire la plus efficace de donner aux gens l'espace ncessaire pour parler d'eux-mmes, plus spcialement pour ceux qui sont incapables de parler , explique-t-il.

    Une jeune fille de treize a