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1 UNIVERSITÉ LARBI TÉBESSI, TÉBESSA Faculté des lettres et des langues Département de lettres et langues étrangères Mémoire présenté pour l‟obtention du diplôme de master Option : sciences du langage et didactique Dirigé par Présenté par M. MENACER Djemai M. HARRATS Abdenour M. BENDJEDDA Mounir Année universitaire 2015/2016 Analyse sémiotique du verbal et du non-verbal dans les spectacles de l’humoriste algérien Mohamed FELLAG : Cas de spectacle intitulé : « le dernier chameau »

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UNIVERSITÉ LARBI TÉBESSI, TÉBESSA

Faculté des lettres et des langues

Département de lettres et langues étrangères

Mémoire présenté pour l‟obtention du diplôme de master

Option : sciences du langage et didactique

Dirigé par Présenté par

M. MENACER Djemai M. HARRATS Abdenour

M. BENDJEDDA Mounir

Année universitaire 2015/2016

Analyse sémiotique du verbal et du non-verbal dans les

spectacles de l’humoriste algérien Mohamed FELLAG :

Cas de spectacle intitulé : « le dernier chameau »

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Dédicaces

À la mémoire de ma mère.

Je dédie ce présent travail à mes chers parents qui m‟ont encouragé de le préparer.

À tous les membres de ma chère famille sans exception qui ont eu le courage de

supporter mon isolement pour arriver au bout de ce travail.

À ma chère toujours qui je ne l‟oublie jamais C. AMIRA. Qui m‟a aidé a tout

moment.

B. Mounir

Je dédie ce modeste travail à mes chers parents.

A mes frères et sœurs et à mes aimables nièces et neveux: Aymouni, et Nazouma, Lina et

Amani, sans oublier Majouddi.

A mes chers amis.

A.HARRATS

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Remerciements

Je tiens à remercier mon directeur de mémoire qui nous a aider à développer ce

mémoire de recherche et dans le suivi et la correction.

Je remercie infiniment aussi tous les professeurs qui grâce à eux j‟ai pu préparer ce

travail de recherche qu‟on a élaboré pendant les derniers mois, pour leur patience et leur

conseils durant toute mes années d‟études, ainsi qu‟à tous ceux qui ont participé de loin ou

de près.

Recevez mes remerciements les plus chaleureux.

B. Mounir

Je remercie tout d'abord vivement le professeur M. MENACER Djemai, pour m'avoir

fait l'honneur d'accepter d'être mon guide dans ce projet, pour ses conseils éclairés et pour ses

encouragements.

Je tiens à remercier également, l'honorable jury qui a accepté de lire et juger mon

travail.

Je remercie tous les professeurs du département de français pour leur disponibilité et

leur enseignement précieux.

Enfin, un grand merci à mes amis et mes collègues et spécialement ma chère Maroua

qu'elle m'a toujours soutenu.

A. HARRATS

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TABLE DE MATIERES

DEDICACE ………………………………………………......................................2

REMERCIEMENTS ……………………………………………………………...3

TABLE DE MATIERES ........................................................................................4

INTRODUCTION GENERALE …………………………………………………8

LA PREMIERE PARTIE

CHAPITRE I : L’ANALYSE SEMIOTIQUE

I. Définition de la sémiologie/ sémiotique …………………………………………11

II. Sémiologie ou sémiotique ?....................................................................................12

III. Une comparaison entre les deux disciplines : sémiologie/sémiotique…………12

IV. Analyse sémiotique .................................................................................................13

IV.1. La sémiotique verbale ……………………………………………….13

IV.1.1. Le matériel verbal ………………………………………………………...13

IV.1.2. Schéma de communication de Jacobson ……………………..14

IV.2. La sémiotique non-verbale ………………………………………….15

IV.2.1. Le langage du corps et la gestuelle…………………………...15

IV.2.2. Les mouvements corporels dans la communication .................15

IV.2.3. Les champs de la sémiotique non-verbale ……………………16

IV.2.4. Les émotions de bases selon Paul EKMAN ………………………………17

IV.2.5. Les expressions de visage …………………………………….18

IV.2.6. Schéma de communication non-verbale ………………………...19

V. la sémiotique théâtrale…………………………………………………...20

V.1.La sémiologie de texte dramatique …………………………………20

V.2.La sémiologie de l'acte théâtral ……………………………………..20

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V.3. La sémiotique du texte spectaculaire ……………………………….21

CHAPITRE II : L’HUMOUR : tentative de définition

I. Définition de l’humour……………………………………………………….22

II. La diversité terminologique ………………………………………….23

II.1. Humour/ironie/comique…………………………………………………..........23

III. La structure de l’humour……………………………………………..23

III.1. Acteurs dédoublés (personnages)……………………………………….............23

III.2.Cible (personne attaquée) …………………………………………….26

III.3.Point de vue (message)…………………………………………………………26

III.4.Stratégie de communication (gestuelle, proxémique, intonation etc.)……..28

III.4.1. Les signes statiques ……………………………………………...28

III.4.2. Les signes “cinétiques rapides”……………………………………..30

IV. Les jugements implicites de l’humour ………………………………..31

IV.1. Jugement comique………………………………………………...31

IV.2. Jugement affectif………………………………………………….32

IV.3. Jugement moral ………………………………………………….32

IV.4. Jugement philosophique ………………………………………….32

V. l’humour et ses rapports avec le sérieux et le non-sérieux……………..33

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DEUXIÈME PARTIE

CHAPITRE III : L’ANALYSE SEMIOTIQUE DU SPECTACLE DE M.

FELLAG

I. Le corpus et son analyse…………………………………………………...34

I.1. La présentation du corpus ………………………………………….35

I.2.Le portrait de M. FELLAG…………………………………………..37

I.3.Analyse du code verbal et non-verbal de spectacle de FELLAG…42

II. La conclusion …………………………………………………………………...68

RÉFÉRENCES BIBLIOGRAPHIQUES …………………………………...69

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« C’est cette fameuse philosophie qui

permet, grâce à son dos qu’on appuie

sur un mur spatiotemporel, d’accéder à

de très hauts niveaux de spiritualité

transcendantale ».

Fellag, à propos du « Hittisme »

(Le Dernier Chameau)

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INTRODUCTION GENERALE

Dans le monde ou nous vivons, dans notre vie quotidienne, et même dans la

professionnelle on utilise tous une stratégie pour perfectionner toute chose, pour simplifier

n'importe quelle complexité, une magie qu'on a tous en soi et on la croise quotidiennement

sans rendre compte. Pour bien éclaircir, on a tous cette magie humoristique, cette réalité

esthétique de la vie, qui peut rendre tout possible, même pour entamer un acte sérieux.

Dans les discours professionnels, politiques ou intimes, on trouve une sorte

d'humour qui assure l'efficacité de ce discours, une force de convection qui nous met tous

en complicité. Même en matière d'enseignement, l'humour est très présent pour faciliter

l'apprentissage de tout savoir.

Pour nous, en tant qu‟algériens, l'humour c'est une communication, un lien entre

les membres de la famille, entre amis, c'est un savoir vivre qui rend tout beaux et qu'il peut

servir à tout.

L‟idée de ce travail de recherche résulte d‟une convergence de faits, d‟envie, de

talents, de confiance et d‟une opportunité. Dans son intention, cette recherche est la

réponse provisoire d‟une question tellement était posée par plusieurs gens, c‟est sur

laquelle on va traiter par la suite l‟idée de montrer que l‟humour a une langue universelle

qui ne présente aucun cloisonnement ni blocage, c‟est par cet esprit magique ou cette

miracle qui d‟abord vient de l‟amour et de la tendresse qui a l‟humoriste devant son public.

On croit qu‟il y‟a une espèce de préjugé très tenace comme tous les préjugés qui les

français faisaient dites y‟a longtemps, que les algériens n‟avaient pas d‟humour, mais c‟est

un préjugé dit toujours par les autres, par contre dans notre intimité à nous, le rire est un

moyen de communication extraordinaire dans les familles, entre les frères et les sœurs,

souvent on passe des messages par le rire, même des messages graves, par exemple le fils

pour se marier il invente des blagues pour dire à son papa et tout.

Le spectacle comme de coutume chez FELLAG parle de la société algérienne et de

ses tabous. L‟histoire tourne autour de l'influence du cinéma dans l'Algérie de sa jeunesse

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pour décrire son peuple. L'artiste affirme également sa volonté de parler des gens par le

truchement des films, qui lui servent de point de départ pour aborder des thèmes plus

sérieux, comme la colonisation. L‟humour reste d‟après l‟humoriste le seul endroit où on

peut s‟exercer beaucoup de chose en toute liberté, égalité, fraternité. Ainsi, On peut être

démocrate, apostat, islamiste, évangéliste, athée, hindouiste, blanc, jaune, noir, un idiot

international, un imbécile du Djurdjura ou un crétin des Alpes.

On trouve que les gens ont une intelligence de débrouille pour quand tourner les

problèmes de quotidien, alors tous les petits peuples peuvent inventer des choses pour se

sortir de leurs misères et de leurs problèmes.

FELLAG touche dans son discours comique souvent plusieurs phénomènes sociaux de

beaucoup de domaines de la vie quotidienne. On consulte un vaste sens au contact de

langues et aux productions lexicales.

Notre recherche en sciences du langage ayant pour intitulé l’analyse sémiotique du

verbal et non-verbal d’un spectacle humoristique se propose l‟étude analytique d‟un

corpus constitué d‟un ensemble de phrases et de néologismes relevés de spectacle du

monologue algérien à savoir Le Dernier Chameau. A partir de ce corpus nous avons fait

une analyse d‟un code Switching, du croisement linguistique et de la créativité des lexiques

en français dans un pays de l‟Afrique du Nord, l‟Algérie.

Dans le premier chapitre on a entamé de parler de manière large sur l‟humour et ses

diversités terminologiques, ainsi que sa structure et sa philosophie.

Le deuxième chapitre traite la distinction entre les différentes définitions de la

sémiotique et la sémiologie, et surtout sur la sémiotique de l‟humour spectaculaire et

théâtral.

Le troisième chapitre est inhérent à l‟analyse sémiotique du verbal et du non-verbal de

l‟un des spectacles de FELLAG, on a choisi deux séquence sur lesquelles on va faire

l‟analyse sémiotique d‟après avoir présenté le corpus et le portrait du monologue. En

concentrant sur les trois aspects de l‟étude, l‟aspect des phonèmes, l‟aspect syntaxique et

l‟aspect lexical.

L‟objectif de notre choix de sujet est pour savoir dans quelle mesure l‟humour est

considéré comme l‟unique remède qui peut calmer les nerfs des gens sans les faire

s‟endormir, il donne aussi à l‟esprit et place dans les mains de l‟homme. La question qui se

pose et qui constitue notre problématique est la suivante :

Qu'est-ce que l'humour ?

Pourquoi on trouve plusieurs définitions à propos de ce sujet ?

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Quel rapport entre l'humour et les autres thermes comme l'ironie, le comique et le rire?

Pourquoi y a-t-il plusieurs disciplines qui s'intéressent à l'humour ?

De quelle analyse peut-on mener pour atteindre l'étude du signe humoristique, la

sémiologie ou la sémiotique ?

Comment l'humoriste Mohamed FELLAG réussit il à faire rire tout le monde en utilisant le

français, l'arabe et le berbère ?

Est-ce que le rire est le jugement final de n'importe acte humoristique ?

Pour trouver des réponses à nos questions, plusieurs hypothèses peuvent être

formulées, nous suggérons que :

C‟est par amour qu‟on peut faire rire une autre personne, ainsi que La communication non-

verbale a une langue universelle et non culturelle

Pour atteindre ces objectifs nous avons opté pour une méthode qualitative, une démarche

analytique pour faire analyser la communication verbale et non-verbale dans un contexte

humoristique pour déchiffrer les secrets et les miracles de l‟humour, ces caractéristiques et

son usage d‟utilisation au sein de la société.

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PREMIÈRE PARTIE

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CHAPITRE I

L’ANALYSE SEMIOTIQUE

I. Définitions générales de la sémiologie/sémiotique

I.1. Sémiologie

« Le développement de la sémiologie en Europe c‟était par Ferdinand de Saussure

en 1857, il la définit comme : « la science qui étudie la vie des signes au sein de la

vie sociale.»

Le terme de sémiologie, qui se maintient, concurremment avec sémiotique, pour

désigner la théorie du langage et ses applications à différents ensembles signifiants,

remonte toujours à Ferdinand de Saussure qui appelait de ses vœux la constitution,

sous cette étiquette, de l'étude générale des « systèmes de signes » Quant au

domaine du savoir (ou du vouloir-savoir) que ces deux termes recouvrent, il s'est

constitué d'abord en France, dans les années 1960, dans le cadre de ce qu'on appelle

le structuralisme français.

Dans l‟autre coté, aux états unis, l‟américain Charles. S. Pierce a développé

la sémiotique en 1967, selon lui : « la sémiotique est l‟autre nom de la logique. ».

Elle a pour objet l‟étude des signes et de la signification. »1

I.2. Sémiotique

« Au sens large, la sémiotique (dans certains cas appelée aussi « sémiologie ») est

l‟approche et la discipline, fondée entre la fin du XIXe et le début du XXe s., qui

étudie la production, la dynamique interne et l‟interprétation des objets signifiants,

c‟est-à-dire qui produisent du sens (textes, photographies, tableaux, etc.), et des

phénomènes qui les constituent (signes, signifiants, signifiés, sémiose, signification,

énonciation, etc.).

1 Greimas A. J., Coutès J. Sémiotique dictionnaire raisonné de la théorie du langage, Hachette Université, Paris

1980, pp 335-338. Écrit par Administrator Lundi, 26 Juillet 2010 16:35

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Nous avons distingué ailleurs (Hébert, 2003) la sémiotique théorique (la

théorie est une fin) et la sémiotique appliquée, laquelle nous subdivisons en

sémiotique appliquante (la théorie est un moyen utilisé pour connaître un objet

particulier) et sémiotique applicable (s‟il y a objet particulier analysé, il est surtout

un moyen pour illustrer les outils disponibles pour des applications ultérieures).

Les trois tendances peuvent cohabiter, avec différentes proportions, dans un

même texte de sémiotique. La même triple distinction peut s‟appliquer à d‟autres

disciplines. »2

II. Sémiologie ou sémiotique ?

« Là il s'agit plus d'une question de choix de mot. Le mot sémiotique vient de

Peirce, le mot sémiologie vient de Saussure : comme terme désignant une science

générale du sens, le premier mot est plus américain et le second plus européen

(sémiotique tend à se généraliser) →Dans notre usage, le mot sémiotique désigne la

science générale, et le mot sémiologie l'étude d'un système particulier (cf.

phonétique/phonologie). La sémiotique a un champ d'intérêt plus vaste que la

sémiologie. »3

III. Tableau comparatif de la sémiologie et de la sémiotique.

La sémiotique La sémiologie

- Fait partie de l‟école américaine

- Elle étudie tous les signes y compris le

signe linguistique.

- Privilégie l‟étude des signes en

situation.

- Sa paternité revient à Charles

Sanders Pierce (1839-1914).

- Fait partie de l'école européenne

- Elle étudie des signes ayant un aspect

particulier, non linguistique.

- Privilégie l‟étude des signes organisés

en systèmes.

- Sa paternité revient à Ferdinand De

Saussure (1857-1913).

2 Idem

3 IUT de Bobigny, licences professionnelles service et réseaux de communication Pascal VAILLANT

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IV. Analyse sémiotique

IV.1. La sémiotique verbale

IV.1.1.Le matériel verbal

« Le matériel verbal n‟est pas un donné brut : c‟est l‟objet que la linguistique

s‟est construit au cours de sa propre histoire. Bien entendu, les linguistes travaillent

à partir d‟un matériau empirique, à savoir les signes vocaux ou écrits que produisent

les membres d‟une même communauté. Mais ce matériau brut est modélisé par la

théorie linguistique qui ne retient que certaines données parmi celles qui sont

matériellement disponibles. Le modèle linguistique “classique” a élaboré

prioritairement trois types d‟objets théoriques : au niveau phonologique

(constituants élémentaires), au niveau morpho-syntaxique (les règles d‟assemblage),

au niveau lexical (où se fait le lien avec toutes les disciplines intéressées par la

sémantique).

Bien entendu cette présentation est rudimentaire. Je voudrais seulement

rappeler que ce cadre épistémologique est par conséquent celui de la linguistique de

l‟humour. L‟approche linguistique de l‟humour propose d‟identifier les propriétés

spécifiques du matériel verbal humoristique :

- au niveau des phonèmes, on va décrire tous les procédés humoristiques qui

utilisent des identités, des permutations, des ressemblances entre unités

phonologiques pour produire ce qu‟on appelle généralement les jeux de mots ou les

calembours (voir par exemple Vittoz-Canuto 1983 et Attardo 1994, chap.3);

- au niveau syntaxique, on va décrire des utilisations humoristiques de

l‟ambiguïté, des constructions doubles, des segmentations irrégulières, des pseudo-

erreurs de construction, etc.

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- au niveau lexical, on va décrire l‟utilisation de la polysémie, du double-sens,

d‟absurdité, de rupture de registre, etc.

Ces trois niveaux constituent le noyau du modèle linguistique : il a été enrichi

dans d‟autres directions, comme par exemple la dimension énonciative, la

dimension pragmatique, la dimension textuelle, la dimension sémantique, etc. Il

n‟en reste pas moins fondé sur l‟observation de faits de langue qui peuvent être

enregistrés par l‟écrit : ces faits constituent ce qu‟on appelle le matériel verbal. »4

IV.1.2. Schéma de communication de Jacobson

4 J.C. Chabanne - 1999 : « Verbal, paraverbal et non-verbal dans l‟interaction humoristique », dans Approches du discours

comique, actes de la journée d‟étude Adiscom-Corhum (juillet 1995), dir. J.-M. Dufays et L. Rosier. Bruxelles : Mardaga, ,

coll. «Philosophie et langage », pp. 35-53

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IV.2. La sémiotique non-verbale

IV.2.1. Le langage du corps et la gestuelle (kinésique)

« La communication non verbale constitue l‟un des champs les plus

importants de fonctionnement des signes et de l‟information signalétique, et elle

occupe une place importante dans la vie des hommes et des sociétés. Pour souligner

cette importance, on dit même que « l‟homme utilise les mots quand le reste a

échoué » (c‟est-à-dire quand les autres systèmes de communication ont été

employés sans succès).

On propose de nommer « sémiotique non verbale » la science qui étudie la

communication non verbale et plus généralement les comportements non verbaux et

les interactions entre les gens.

La sémiotique non verbale, en tant que discipline scientifique, n‟en est qu‟à

ses débuts. Elle est composée de disciplines particulières plus ou moins étudiées

qui, souvent, ne sont pas reliées entre elles. Dans ce contexte, il est nécessaire de

trouver une approche sémiotique unique pour étudier les moyens verbaux et non

verbaux utilisés par les gens lorsqu‟ils communiquent. Seul un tel cadre peut fournir

au comportement non verbal de l‟homme, et plus particulièrement à la tradition non

verbale russe, une explication complète et pertinente.

IV.2.2. Les mouvements corporels dans la communication

Les gens, chaque jour, communiquent non seulement à l‟aide de mots, mais

aussi par des mouvements corporels. Tous les attributs du corps, qu‟il s‟agisse de la

forme, de la dimension, de la situation ou du poids, expriment ou transmettent une

certaine signification dans des circonstances déterminées.

Même la non utilisation d‟un geste, par exemple, quand un individu ne laisse

apparaître ni la joie ni l‟amertume (nous disons souvent dans de tels cas que rien ne

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transparaît sur le visage de l‟individu ou qu‟il a un visage impénétrable) est porteur

d‟autant de sens que le rire ou les larmes. L‟âge, le niveau d‟études, la joie de vivre

ou l‟infortune, les sentiments et les pensées, tout cela laisse des « traces » sur le

corps humain et trouve son expression dans les comportements non-verbaux de

l‟homme. Le corps, ses mouvements et ses actions constituent, selon les mots du

grand historien et philosophe russe M. Ja. Gefter, « des documents historiques,

témoignant du passé aussi bien qu‟un journal ou qu‟un texte officiel ».

Au fil de l‟histoire, beaucoup de gestes se reproduisent, depuis les signes des

icônes jusqu‟aux symbolistes, depuis la codification de sens concrets et simples

avec l‟aide de formes iconographiques jusqu‟à l‟expression des idées les plus

abstraites.

Les Bédouins de la péninsule arabique par exemple, affirment clairement

qu‟un homme « mène la discussion » à l‟aide des mains, des doigts, de bâtons ou de

pierres. »5

IV.2.3. Les champs de la sémiotique non verbale

On souhaite maintenant présenter une liste des champs à partir desquels se

construit actuellement la sémiotique non verbale. J‟y ajoute une courte description

lorsque cela se révèle nécessaire.

a) « La paralinguistique (science des codes sonores dans la communication non

verbale)

b) La kinésique (science des gestes et des mouvements gestuels, des processus et des

systèmes gestuels

c) L‟occulecique (science du langage des yeux et du comportement visuel des

individus en train de communiquer)

d) L‟auscultique (science de la réception auditive des sons et du comportement auditif

des individus en train de communiquer)

e) La gaptique (science du langage des contacts et de la communication tactile)

5 Idem

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f) La gastique (science des fonctions communicatives et symboliques du manger et du

boire, de la façon de se nourrir, des fonctions culturelles et communicationnelles de

l‟alimentation et de la déglutition)

g) L‟olfactique (science du langage des odeurs, des sens transmis à l‟aide des odeurs,

du rôle des odeurs dans la communication)

h) La proxémique (science de l‟environnement de la communication, de sa structure et

de ses fonctions)

i) La chronémique (science du temps dans la communication, de ses fonctions

structurantes, sémiotiques et culturelles)

j) La systémologie (science des systèmes d‟objets dont les gens s‟entourent, de la

fonction et du sens que ces objets prennent à l‟occasion du processus de

communication) »6

IV.2.4. Les émotions de bases selon Paul EKMAN7

Selon EKMAN les expressions faciales sont universelles et n‟ont pas

culturelles c‟est-à-dire que toutes les êtres humains expriment ces émotions de la

même façon. En 1972, EKMAN fait sa première des émotions de bases :

- L‟expression de la peur se fait par un regard fixe, renfrognement du

visage, serrement des sourcils et de la mâchoire.

- L‟expression du mépris se fait par une unique expression

asymétrique, contraction d‟une extrémité des lèvres.

- Le dégout est exprimé par un rétrécissement des yeux, une grimace de

la bouche, plissage du nez.

- La surprise peut être exprimée par un écarquillement des yeux,

ouverture de la bouche, relèvement des sourcils.

6 Le langage du corps et la gestuelle (kinésique) comme champs de la sémiotique non-verbale : idées et résultats

Grigorij KREJDLIN (RGGU, Moscou)

7 Paul EKMAN : psychologue américain

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- La tristesse est exprimée par un abaissement des coins de la bouche,

un regard tourné vers le bas, affaissement général des traits.

- L‟expression de la joie se fait par un plissement des yeux, une

ouverture de la bouche, rehaussement des joues.

- L‟expression de la peur se fait par un écarquillement des yeux, une

ouverture de la bouche, tremblement de visage, relèvement de la

partie intérieure et abaissement de la partie extérieure des sourcils.

Ensuite en 1990, il a ajouté à cette liste d‟autres expressions qui sont :

l‟amusement, la satisfaction, la gêne, la culpabilité, le soulagement, le plaisir et la

honte.

IV.2.5. Les expressions de visage

Des scientifiques américains viennent d'identifier 21 expressions faciales sur

le visage humain.

« Partant du principe que le visage ne montre pas que du bonheur ou de

la tristesse, des chercheurs de l'université d'Ohio aux Etats-Unis ont entrepris une

analyse des expressions faciales avec un nouveau logiciel. "En sciences cognitives,

nous avons cette hypothèse de base que le cerveau est un ordinateur, a expliqué le

Dr Aleix Martinez auteur des recherches.

Nous voulons trouver l'algorithme mis en œuvre dans le cerveau qui nous

permet de traduire les émotions via les expressions du visage. Plus que ça, l'analyse

des émotions peut aider à mieux comprendre certains troubles du comportement et à

développer de nouvelles thérapies.

"Imaginez que vous sentez une mauvaise odeur"

Les scientifiques ont photographié 230 étudiants - 100 hommes, 130 femmes

- en train de faire des grimaces répondant à différents signaux verbaux censés

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déclenchés des émotions. Par exemple, on leur a dit : "Vous venez de recevoir une

bonne nouvelle inattendue", "Vous sentez une mauvaise odeur".

Les scientifiques ont ensuite observé les différences et similitudes entre les

5000 clichés pris et les ont comparés à une base de données d'expressions

communément utilisés. Au final, 21 émotions ont été identifiées de façon plus

subtile que les 6 classiquement connues (bonheur, tristesse, peur, colère, surprise et

dégoût). »8

IV.2.5.1. La liste des 21 émotions du visage

Voici les 21 émotions enregistrées par les chercheurs : « bonheur, tristesse,

crainte, colère, étonnement, dégoût, agréablement surpris, heureusement dégoûté,

malheureusement craintif, malheureusement en colère, malheureusement surpris,

malheureusement dégoûté, terriblement en colère, surpris craintivement,

craintivement dégoûté, dégouté en colère, surpris et dégoûté, consterné, haineux,

surpris/bluffé. »9

IV.2.6. schéma de communication non-verbale

8 http://www.huffingtonpost.fr/2014/04/01/21-expressions-faciales_n_5070110.html

9 Idem

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V. La sémiologie théâtrale

Pour une sémiologie théâtrale on doit passer par trois pistes qui font l'objectif de

cette analyse. D‟abord, on doit prendre en main le texte de cette pièce théâtrale, ce qu'on

appelle le texte dramatique, et non seulement le texte mais l'espace et les conditions

spécifiques de théâtre et puis on analyse le texte spectacle.

V.1. La sémiologie de texte dramatique:

Un texte qu'il est écrit pour être joué, il est composé de deux niveaux de discours,

ayant chacun un énonciateur différent : l'auteur et le personnage. Le premier est le niveau

didascalique ou tout ce qui relève de l'indication scénique, c‟est-à-dire toutes les

informations que l'auteur juge pertinent de donner à un metteur en scène éventuel pour

guider le travail d'actualisation de son texte à la scène: noms de personnages

enseignements (âge, sexe, caractéristique physique, etc.) entrées et sorties, changements

d'interlocuteur sou actions quelconques, informations sur l'espace et le temps dramatique,

ou encore des didascaliesà fonction dite "mélodique ", qui spécifient une modalité

d'énonciation en proposant une attitude, une mimique est de proposer une typologie de ces

didascalies.

Le deuxième niveau de discours est celui de la parole du personnage. Cette parole

peut se présenter sous des formes différentes, le dialogue, le monologue, le chœur. Décrire

la particularité langagière de ces discours apparait immédiatement comme une autre

tâchesusceptible d'occuper les sémiologues.

V.2. La sémiologie de l'acte théâtral:

La sémiologie ne doit pas considérer seulement le texte dramatique, mais elle

s'impose aussi à l'analyse des conventions du spectacle sur lesquelles l'événement théâtrale

est fondé. Ainsi la communication théâtrale est-elle régie par des codes spécifiquement

théâtrale dont relève, par exemple, des signes comme le lever du rideau ou les trois coups

traditionnels qui signifient le début du spectacle, la fonction ludique des éléments de la

scène, les entrées et les sorties qui ponctuent les scènes, ce sont des conventions culturelles

instituant un contrat entre les émetteurs et les récepteurs du spectacle.

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V.3. La sémiotique du texte spectaculaire:

« C'est justement cette différence d'objet qui fonde la distinction entre sémiologie et

sémiotique. En effet, si l'école européenne, dans le sillage de la linguistique saussurienne,

s'est d'abord intéressée à ce phénomène du code théâtral (qui concerne le texte

dramatique), on peut dire que ceux qui ont plutôt opté pour une analyse de la manifestation

spectaculaire, la production et la réception d'un spectacle, se situent du côté de la

sémiotique qui se veut une séance de la signification des signes en contexte, s'inspirant des

théories de l'Américain Charles S. Peirce. Il ne s'agit plus alors d'une sémiologie du code

mais d'une sémiologie du message. On pourrait alors avancer que la sémiotique théâtrale

est une critique d'interprétation méthodique, c‟est-à-dire une critique qui passe par une

description de l'objet à interpréter, élaborer à partir d'une théorie de la signification.

Inspirée de la sémiotique américaine qui, depuis Peirce et Morris, considère qu'un

exercice sémiotique doit être mené aux trois niveaux de la sémantique, de la syntaxe et de

la pragmatique, la sémiotique du spectacle d'écrit le spectacle en fonction de ces relations

avec son collectif d'émetteurs, ses récepteurs et ses cadres de références. »10

10

« Les objets de la sémiologie théâtrale : le texte et le spectacle » Louise Vigeant Horizons philosophiques, vol.

1, n° 1, 1990, p. 57-79.

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23

CHAPITRE II

HUMOUR : tentative de définition

I. Qu’est ce que l’humour ?

Dans le Larousse, l‟humour est défini comme « raillerie que se dissimule

sous un air sérieux »11

. Quant à la première partie de cette définition, on observe

que l‟humour serait donc un synonyme de raillerie, ce qui ne nous révèle pas en

quoi consiste vraiment l‟humour, car un terme remplace l‟autre sans que l‟on sache

ce que signifie vraiment chacun d‟eux. Quant a la deuxième, c‟est-a-dire l‟air

sérieux de l‟humour n‟est correct ni précis, car intuitivement on le sent bien,

l‟humour tout d‟abord aurai pour fonction de prêter au rire ou faire un amusement,

ce qui l‟oppose diamétralement au sérieux. Autrement dit, l‟humour est l‟antonyme

de sérieux.

Donc, cette définition en plus de précaire, est aussi contradictoire.

Dans le Grand Robert, l‟humour est défini sous la manière suivante : « […]

forme d‟esprit qui consiste à présenter la réalité de manière a en dégager les aspects

plaisants et insolites parfois absurdes, avec une attitude empreinte de détachement

et souvent de formalisation. »12

Freud (1905), en parlant des mots d‟esprit signale quelque caractéristique

de l‟humour en ces termes psychanalytique : « L’humour a non seulement quelque

chose de libérateur analogue en ce là a l’esprit et au comique, mais encore quelque

chose de sublime et d’élevé très qui ne se retrouvent pas dans ces deux autres

modes d’acquisition du plaisir par une activité intellectuelle. »13

11

Dictionnaire LAROUSSE Maxipoche de la langue française 2011, p 685 12

Dictionnaire LE Grand Robert de la langue française, version numérique 13

« Le mot d'esprit et ses rapports avec l'inconscient »ouvrage écrit par Freud, 1905

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II. La diversité terminologique

II.1. humour/ironie/comique

humour, ironie, mot d‟esprit, trait d‟esprit, moquerie, plaisanterie, absurde,

ridicule, comique, jeu de mot… la liste des termes qui renvoie a la notion de

ludisme d‟une manière générale est très longue. Nous les avons rencontrés au fil de

notre parcours bibliographique et selon les auteurs ils peuvent renvoyer à des

phénomènes très différents ou au contraire quasiment similaires : humour = ironie ;

l‟humour est une forme d‟ironie ; l‟ironie est une forme d‟humour ; l‟humour est

une forme de comique ; l‟humour = comique … comment faire la part des choses ?

Plus important encore, est il nécessaire de parvenir à la faire ? Deux attitudes sont

ici possibles et dépendent de l‟objectif que l‟on poursuit lorsque l‟on commence une

recherche sur l‟humour.

Si le but est de parvenir à une définition de l‟humour, alors oui, la

terminologie est importante mais si l‟on souhaite avant tout rendre compte du

fonctionnement de l‟humour dans une situation de communication particulière,

alors ce choix terminologique ne peut aboutir qu‟à des querelles stériles.

Qu‟importe le nom du phénomène que l‟on observe, l‟essentiel étant que l‟on

étudie ce qui nous est donné d‟observer. Telle est la position adoptée par la majorité

des chercheurs anglo-saxons et, d‟une manière générale, par les personnes qui

travaillent sur des données réelles

III. La structure de l’humour

III.1. acteurs dédoublés et la cible

L‟acte humoristique comme acte d‟énonciation met en scène trois

protagonistes :

Le locuteur, le destinataire et la cible. Le locuteur est celui qui, à l‟intérieur

d‟une certaine situation de communication, produit l‟acte humoristique : le locuteur

dans des conversations, le publicitaire dans une annonce, le chroniqueur ou le

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caricaturiste dans un journal, l‟animateur d‟une émission de radio ou de télévision,

etc. Le problème qui se pose à lui est celui de sa légitimité, de ce qui l‟autorise à

produire dans cette situation un acte humoristique.

Car ne produit pas un acte humoristique qui veut, sans tenir compte de la

nature de son interlocuteur, de la relation qui s‟est instaurée entre eux, des

circonstances dans lesquelles il est produit. Selon les cas, un acte humoristique peut

blesser l‟autre ou le rendre complice.

« Le locuteur doit donc avoir vis-à-vis de son interlocuteur une position qui à

la fois légitime son énonciation humoristique et justifie, voire explique, le jeu

langagier auquel il se livre à propos de tel thème, en visant telle cible. Parfois, c‟est

la place qu‟il occupe dans la situation de communication qui le légitime : dans les

caricatures, le dessinateur est par définition un humoriste ; dans les annonces

publicitaires, le publicitaire s‟autorise, pour séduire le consommateur, à jouer avec

le langage ; dans les chroniques journalistiques d‟humeur, le chroniqueur commente

l‟actualité en émaillant son texte de traits humoristiques. Dans d‟autres cas,

particulièrement ceux de la conversation spontanée, le locuteur doit se donner les

moyens de justifier son énonciation humoristique car il risque d‟être mal considéré

par son interlocuteur.

Mais il peut se faire que le locuteur raconte ce que l‟on appelle une histoire

drôle. Il met alors en scène un personnage qui devient à son tour locuteur-

énonciateur dans l‟histoire racontée. On a affaire ici à un énonciateur-personnage de

l‟histoire dont il faut considérer l‟identité, car c‟est sur elle que repose le trait

humoristique. Telle réplique n‟est drôle que parce qu‟elle provient d‟un Belge

(pour les Français), d‟un New fie (pour les Québécois), d‟un Portugais (pour les

Brésiliens), d‟un homme marié (pour les histoires de cocu), d‟une femme (pour se

moquer des machistes), d‟un enfant (pour se moquer du sérieux des adultes comme

le fait Raymond Queneau dans Zazie dans le métro), d‟un notable (pour montrer sa

suffisance comme le fait Jacques Brel dans Les Bourgeois), etc. Ainsi voit-on

s‟installer dans les histoires populaires des personnages types qui ont l‟identité du

naïf, de l‟ingénu, du bête, ou au contraire du malin et astucieux : le renard-rusé vs le

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loup-fort, mais balourd, dans les fables ; le « papagayo », perroquet malicieux au

Brésil ; le « Jaímito », impertinent en Espagne, la « Mafalda » naïvement insolente

des Argentins etc. »14

Le destinataire mis en scène par l‟acte humoristique peut être mis en lieu et

place de complice ou de victime. Comme complice, il est appelé à entrer en

connivence avec le locuteur, énonciateur de l‟acte humoristique. Qu‟il s‟agisse du

consommateur d‟une publicité, du lecteur d‟un journal, de l‟auditeur d‟une émission

de radio ou de l‟interlocuteur d‟une conversation, il est appelé à partager la vision

décalée du monde que propose l‟énonciateur, ainsi que le jugement que celui-ci

porte sur la cible.

Il est comme un témoin de l‟acte humoristique, un destinataire-témoin –

Freud (1905) parle ici de « tiers » – qui serait susceptible de co-énoncer

(phénomène d‟appropriation) l‟acte humoristique. Comme victime – ce qui se

produit plutôt dans des situations dialogales –, il est à la fois destinataire et cible de

l‟acte humoristique, un destinataire-cible qui a toutes les raisons de se sentir

agressé.

L‟interlocuteur ne pourra donc s‟en sortir qu‟en répliquant de la même

façon, en acquiesçant comme s‟il acceptait de rire de lui-même ou en faisant la

sourde oreille. Cela se produit parfois avec l‟ironie, lorsqu‟une réplique adressée à

l‟interlocuteur fait de celui-ci la victime d‟un jugement négatif : « Tu veux que je

t‟aide ? ! », dit un père à son fils qui met les doigts dans son nez ; « Oui, papa »

pourrait répondre celui-ci, mais l‟osera-t-il ?

III.2. La cible

Est ce sur quoi porte l‟acte humoristique ou ce à propos de quoi il s‟exerce.

Ce peut être une personne (individu ou groupe), en position de troisième

protagoniste de la scène humoristique, dont on met à mal le comportement

psychologique ou social en soulignant les défauts ou les illogismes dans ses

14

Des catégories pour l‟humour ? PATRICK CHARAUDEAU Centre d’analyse du discours Université Paris

13

, Revue Questions de communication n°10, Presses Universitaires de Nancy, Nancy, 2006.

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manières d‟être et de faire au regard d‟un jugement social de normalité (Freud ici

parle de « victime »), comme on le voit dans les caricatures de presse qui mettent en

scène des hommes politiques ; cela peut également être une situation créée par les

hasards de la nature ou les circonstances de la vie en société dont on souligne le

caractère absurde ou dérisoire, comme cela apparaît dans certains titres de faits

divers (« Cambriolé trois fois, il met le feu à sa maison ») ; cela peut aussi être une

idée, opinion ou croyance, dont on montre les contradictions, voire le non-sens.

C‟est par l‟intermédiaire de la cible que l‟acte humoristique met en cause des

visions normées du monde en procédant à des dédoublements, des disjonctions, des

discordances, des dissociations dans l‟ordre des choses.15

III.3. Le message

On se contentera donc de souligner deux points. L‟un est qu‟il ne faut pas

mettre dans le même panier procédé linguistiques et procédés discursifs. Les

procédés linguistiques relèvent d‟un mécanisme lexico-syntaxico-sémantique qui

concerne l‟explicite des signes, leur forme et leur sens, ainsi que les rapports forme-

sens. Ils jouent tantôt sur le seul signifiant, comme dans les calembours,

contrepèteries, palindromes, mots-valises et autres défigements; tantôt sur le rapport

signifiant-signifié des mots homonymes ou polysémiques qui permet de passer

d‟une isotopie de sens à une autre (le mot « brique » signifiant « matériau de

construction » et « million », on peut dire : « Ce n‟est pas cher de se construire une

maison, il suffit de trois briques »)16

. Tantôt, c‟est un jeu de substitutions de sens

qui permet de s‟exprimer en nommant la partie pour le tout (« C‟est trois euros par

tête de pipe »)17

ou le négatif pour le positif (« C‟est pas bête, ce que tu dis »)18

.

15

Des catégories pour l‟humour ? PATRICK CHARAUDEAU Centre d’analyse du discours Université Paris

13

, Revue Questions de communication n°10, Presses Universitaires de Nancy, Nancy, 2006. 16

Idem 17

Idem 18

Idem

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28

Tantôt, ce sont des comparaisons ou des métaphores (« Il a un visage en tranche de

cake »)19

.

Les procédés discursifs, eux, dépendent de l‟ensemble du mécanisme

d‟énonciation déjà décrit, et donc de la position du sujet parlant et de son

interlocuteur, de la cible visée, du contexte d‟emploi et de la valeur sociale du

domaine thématique concerné. Les procédés linguistiques ne sont pas porteurs en

soi de valeur humoristique, ils peuvent être utilisés par différents genres discursifs

parmi les plus sérieux comme la poésie. L‟antiphrase, par exemple, est un procédé

linguistique qui consiste à dire le contraire de ce que l‟on pense, et qui peut donner

lieu à diverses catégories discursives telles le mensonge, l‟ironie ou le paradoxe.

Le deuxième point est que, à l‟intérieur des catégories discursives de

l‟humour, il convient de distinguer celles qui résultent d‟un jeu avec des procédés

d‟énonciation et celles qui résultent du sémantisme des mots à l‟intérieur même de

l‟énoncé. Les procédés d‟énonciation sont ceux qui jouent entre ce qui est dit

(explicite) et ce qui est laissé à entendre (implicite), comme est le cas de l‟ironie

(« Bravo ! » dit-on à un enfant qui vient de commettre une bêtise)20

. Les procédés

qui portent sur l‟énoncé sont tout entier contenus dans celui-ci en jouant sur la

dissociation d‟isotopies. Dire : « Le comble du coiffeur est de sortir de chez lui en

rasant les murs »21

n‟est pas laisser entendre une intention différente de ce qui est

dit, mais jouer sur la polysémie du verbe « raser »

19

Idem 20

Idem 21

J.C. Chabanne - 1999 : « Verbal, paraverbal et non-verbal dans l‟interaction humoristique », dans Approches du discours

comique,

actes de la journée d‟étude Adiscom-Corhum (juillet 1995), dir. J.-M. Dufays et L. Rosier. Bruxelles : Mardaga, , coll.

«Philosophie et langage », pp. 35-53

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29

III.4. Stratégies de communication

III.4.1. Les signes statiques

III.4.1.1. Caractéristiques corporelles

Comme l‟accent ou les particularités de la voix, l‟apparence physique peut

être considérée comme un signe qui, sous certaines conditions, interagit avec le

matériel verbal.

« L‟effet comique produit par le contraste entre l‟apparence corporelle et

certains traits verbaux et non-verbaux : personnages d‟enfants doublés par des voix

d‟adultes (publicité en ce moment quel produit?), inversement personnages adultes

à la voix d‟enfant, voix de femme dans un corps d‟homme, etc. Il paraît clair que

l‟effet humoristique dans de telles situations n‟est pas dépendant du matériel verbal

(qui apparaîtrait parfaitement congruent en une situation modifiée) ni du matériel

non-verbal isolément. C‟est précisément la production d‟un tel discours dans un tel

corps qui produit le mécanisme de l‟incongruité, comme si une règle empirique liait

une certaine voix à un certain corps. »22

On pense en particulier à telle scène de crocodile Dundee dans laquelle le

héros rencontre dans une soirée new-yorkaise une femme à la voix grave et à la

stature mâle, dans laquelle il hésite à voir une vraie femme.

Dans cette perspective, on aurait à critiquer le modèle de la double-lecture

proposé par certaines théories de l‟humour verbal. Selon celles-ci, l‟auditeur

procèderait à une première interprétation du matériel verbal qu‟il prendrait à sa

valeur habituelle, sur le mode sérieux (bona-fide mode). Il buterait alors sur un

élément “déclencheur” (script switching trigger), qui serait incompatible avec la

première interprétation.

Pour résoudre cette rupture de cohérence sémantique, il faudrait au locuteur

se rabattre sur un deuxième cadre interprétatif, le mode non-sérieux (non bona-fide

mode). A partir du déclencheur, l‟auditeur repartirait en arrière (backtracking) pour

22

J.C. Chabanne - 1999 : « Verbal, paraverbal et non-verbal dans l‟interaction humoristique », dans Approches du discours

comique, actes de la journée d‟étude Adiscom-Corhum (juillet 1995), dir. J.-M. Dufays et L. Rosier. Bruxelles : Mardaga, ,

coll. «Philosophie et langage », pp. 35-53

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réinterpréter le matériel, afin d‟en dégager le contraste qui serait le principal ressort

sémantique de l‟humour (Attardo 1994 : chap. 9.4.1, 286-288). Ce modèle ne me

paraît pas généralisable, car dans bien des cas, des indices très perceptibles

signalent d‟emblée qu‟on est dans le mode NBF, comme par exemple les signaux

non-verbaux ou para-verbaux. « “L‟humour spontané a aussi ses signaux,

quelquefois très subtils : une lueur dans le regard du créateur, l‟esquisse d‟un

sourire, un temps infime de suspension dans l‟attente d‟un effet…; s‟ils ne sont pas

des révélateurs ils sont au moins des confirmations”, écrit F. Bariaud (1988 : 60),

qui signale aussi que la maîtrise de ces signaux, comme les autres compétences

verbales, s‟acquiert progressivement.

Parmi les signaux corporels, il faut faire sans doute une place à part à la

physionomie (à la forme générale du visage et de ses traits) : une tête à elle seule

peut être chargée de signaux comiques - que dire alors de ce qu‟elle peut énoncer ?

III.4.1.2.Vêtement, coiffure, parures et accessoires à fonction symbolique

Un autre exemple d‟interaction entre matériel non-verbal et matériel verbal

peut être donné par les incongruités produites par le non-respect de la concordance

empirique entre le discours tenu par un personnage et les signes de son rôle social

constitués par son vêtement, ses accessoires, etc.

Un exemple limite : le grand succès de montages vidéo qui donnent des voix

humaines à des animaux, saisis dans des comportements rendus ainsi comiquement

anthropomorphes (Réalisateur : Patrick Bouchitey)23

.

Inversement, on peut aussi considérer comme des signaux non-verbaux les

vêtements, la coiffure, le maquillage, et les accessoires des personnages comiques

traditionnels, comme par exemple, dans nos sociétés, le clown de cirque. On peut

concevoir ici qu‟un lien se fait entre le domaine du linguistique et celui de diverses

sémiologies (voir les commentaires de D. Bertrand sur les personnages de tableaux :

Bertrand 1992). Reste que la fonction linguistique du non-verbal est essentielle : il

fournit les cadres mêmes de l‟interprétation : “le matériel paraverbal et non-verbal

constitue pour l‟interaction une mine inépuisable d‟indices de contextualisation, 23

Patrick Bouchitey : acteur et réalisateur français

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c‟est-à-dire qu‟il fournit des indications nombreuses et diverses sur les

caractéristiques biologiques, psychologiques et sociales des interactants” (C.

Kerbrat-Orecchioni 1990 : 147). »24

III.4.2. Les signes “cinétiques rapides” :

III.4.2.1. Les regards

Fonction du regard dans la gestion de l‟attention du public : à mettre en

parallèle avec du paraverbal (élévation de l‟intensité, brusque changement de

tonalité, émission de phatèmes : “chut! psst ! hého!”, etc.) et du verbal :

Au cours d‟un enregistrement télévisé, R. Devos énonce un jeu de mots :

puis enchaîne rapidement, le public ne réagissant pas aussitôt. Mais dans la suite

immédiate, on entend nettement un rieur isolé, qui semble réagir à la chute

escamotée : sur le gros plan qui nous montre l‟artiste à ce moment-là, on le voit

nettement tourner la tête, sourire en plissant des yeux tout en s‟arrêtant de parler,

comme s‟il accusait réception de cette réponse (même décalée) à sa proposition

humoristique.

Autre exemple : les moments où le regard du comédien se tourne visiblement

vers la salle au moment où une chute est énoncée, ou immédiatement après : marque

de connivence ou appel à une réaction que le comédien juge méritée? Là encore se

marque le processus de co-énonciation : le locuteur se règle en permanence sur le

feed-back produit par le public pour gérer le détail de son énonciation.

III.4.2.2. Les mimiques

Elles participent à la genèse des compétences humoristiques : savoir décoder

puis produire de l‟humour. G Tessier observe comment se met en place le savoir-

faire humoristique, grâce à des modèles familiaux : “l‟initiative de l‟aîné fournit un

„étayage‟ (selon le mot de Vygotsky)25

à un comportement nouveau. La mimique et

24

Les caractéristiques biologiques, psychologiques et sociales des interactants” (C. Kerbrat-Orecchioni 1990 :

147) 25

Lev Semionovitch Vygotski : psychologue biélorusse

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l‟intonation servent d‟indices du „pas-sérieux‟ et méta-communiquent sur le

message” (Tessier 1988 : 30).

Dans certains cas, les mimiques suffisent à elles-seules à transformer en

matériel verbal ce qui n‟est qu‟un son musical :

* dans un sketch de Devos, il joue de la guitare en imitant le bruit d‟une

altercation entre les deux membres d‟un couple de duettistes : ce sont les mimiques

qui font qu‟on interprète la mélodie jouée à la guitare comme une “mélodie

conversationnelle”; cela est d‟autant plus clair que ce jeu non-verbal est mêlé sans

transition à des énonciations, des interjections ou des impératifs;

* Michel Leeb a popularisé en France ce même mécanisme comique

emprunté à J. Lewis : faire des grimaces synchronisées avec un fond musical : la

musique représentant une sorte de contour intonatif approximé, les mimiques faisant

de ces contours un pseudo-discours.

III.4.2.3. Les gestes

Les signaux mimo-gestuels constituent un langage qui a été étudié isolément

mais qui est généralement co-occurent de signaux verbaux (CKO 1994 : 20-22 pour

une revue rapide et les références).

Toujours dans un sketch de R. Devos et M. Marceau, le mime caché derrière

RD laisse passer ses deux bras sous les aisselles de RD et accompagne d‟un

discours improvisé de gesticulations qui ne sont autres que des “gestes”

identifiables (se gratter le menton, ouvrir les mains, montrer du doigt, etc.)

IV. Les jugements implicites

« Le mécanisme fondateur de l'humour c'est la suspension des jugements implicites

qui infrastructures nos actions et nos réactions quotidiennes.

En étudiant la sémiotique de l'humour. R.Escarpit en s'appuyant sur la théorie de

L.Cazamian, il distingue 4 types de jugements selon lesquels varie la matière de l'humour.

IV.1. Jugement comique

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C'est l'acte fondamental de tout humour, mais il y a des humours qui ne sont fondés

que sur lui, c‟est-à-dire sur le contraste entre l'air imperturbable du narrateur

IV.2. jugement affectif

Est également très répondu. Il peut intéresser les sentiments les plus élevés. Cette de

carabin qui ignore systématiquement les nausées de l'auditoire , a la cruauté bon enfant de

beaucoup d'humours professionnels, médecins, chasseurs, soldats, juges qui découlent

d'une sensibilité émoussée par l'usage.

IV.3. jugement moral

Conduit à un humour cynique et chargé de causticité. D‟où vient le succès de

l'humour sexuel, sexiste ou raciste. Cet amoralisme peut aller jusqu'à un immoralisme par

inversion des valeurs.

IV.4. jugement philosophique

M.Cazamian précise qu'il entend surtout par cela " l'abdication apparente de la

faculté généralisatrice". Ramené brusquement à une sorte d'infantilisme mental volontaire,

l'humoriste est privé de sortir du concret et du présent, il est prisonnier de la sensation, de

l'émotion passagère. »26

V. L'humour et ces rapports avec le sérieux et le non-sérieux :

Pour qu'on puisse analyser l'humour et d'essayer de le mettre dans une cage

définitoire, on va tenter de chercher qu'est-ce que le contraire de ce terme indéfinissable.

Pour quelques psychologues comme M. Jean Château qui a commencé en analysant

le sérieux comme l'opposé crucial de l'humour.

" Tout se passe comme si nous nous trouvions en face de deux monde différents qui ne

peuvent s'accorder l'un à l'autre: un monde sérieux, le monde ordinaire de notre travail,

de notre vie de chaque jour, et un monde non sérieux parcellaire, en contradiction avec le

premier"27

26

« Que sais-je ? L’humour » écrit par Robert ESCARPIT. (P.77/80) 27

Que sais-je ? L’humour. R. ESCARPIT (P.84)

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Dans ce passage on peut comprendre qu'il y a deux réalités différentes, deux état

d'âmes, deux monde totalement différents l'un à l'autre, chacun ces obligations, ces

conditions psychiques, et on peut jamais se retrouver dans les deux à la fois.

Contrairement à la théorie bergsonienne qui a argumenté que l'humour n'est qu'un

"mécanique plaqué sur du vivant"28

Le plaquage ou la rencontre entre les deux mondes est brusque, les deux réalités

refusent d'être coopérer, mais pour un passage d'un monde à l'autre se fait par un

glissement imperceptible.

Mais ajoute M. Jean Château, je ne puis rire de mon angoisse que si je m'en

détache.

Il faut donc que je ne prenne pas en sérieux l'humoriste qui joue avec ma sécurité, il

faut que je croie à l'absence de mauvaises intentions chez lui. Ainsi je pourrai, l'esprit

dégagé, me regarder trébucher en passant d'un monde à l'autre.

« " Le non-sérieux peut être amour mutuel, communication. La plaisanterie est un lien

social; elle continue la sourire, ce vestibule de l'humain. Sourire c'est parfois montrer que

l'on n'est pas si sérieux qu'il semble c'est atténuer les reproches, assurer une communion

spirituelle que l'homme très sérieux ne connait pas. Sourire c'est parfois détourner autrui

du monde compact des intérêts pour l'appeler à la communion dans le non-sérieux. A plus

forte raison, le rire cimente-t-il l'union des rieurs; il a un rôle social (sinon une source

sociale, comme l'a cru Bergson), comme l'humour, ce mixte de sérieux et non-sérieux " »29

Henri Bergson a tenté d'analyser l'humour en étudiant ces finalités. Le rire c'est la

réaction de n'importe acte humoristique, sur cette base M .jean Château a refusé de voir

l'humour à la même attitude que le rire, l'allusion final à l'humour est très prudente. Il faut

se débarrasser de la superstition terminologique. Entre le rire, phénomène physique et

l'humour, phénomène complexe, à la fois psychologique, esthétique et social. Il n y a pas

de frontière très nette. Certains rires sans humour et certains humours sont sans rire. Il nous

faut donc transcender ces deux concepts étroits et envisager tout un ensemble de

démarches dont l‟ensemble constitue le comportement non sérieux.

28

« Le rire » ouvrage écrit par Henri BERGSON 29

Idem

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35

LA DEUXIEME PARTIE

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36

CAPITRE III : L’ANALYSE SEMIOTIQUE DU SPECTACLE DE M.

FELLAG

I. La présentation du corpus

Le corpus qu'on a choisi et sur lequel on va faire une analyse sémiotique, est

l'un de spectacle de Mohamed FELLAG, s'intitule « le dernier chameau ».

Plus précisément on a pris quelques passages différents de tout ce spectacle.

Dans ce spectacle, l'humoriste algérien se base sur l'influence du cinéma dans

l'Algérie de sa jeunesse pour décrire son peuple. L'artiste affirme également sa

volonté de parler des gens par le truchement des films, qui lui servent de point de

départ pour aborder des thèmes plus sérieux, comme la colonisation.

I.1. Le portrait de M. FELLAG

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Fellag est né en 1950 en Kabylie. Il se forme à l'Institut national de théâtre d'Alger

de 1968 à 1972 et suit une carrière d'acteur dans des théâtres régionaux. En 1978, il émigre

au Canada, puis en France. Il revient en Algérie en 1985 et intègre le Théâtre national

d'Alger. Il y est comédien et metteur en scène. En 1987, il crée son premier one-man-show.

En 1994, il quitte l'Algérie, et, après un passage en Tunisie, s'installe en France. Il y crée,

en 1997, Djurdjurassique Bled, qui lui vaut en 1998 le prix de la révélation de l'année du

Syndicat de la Critique Dramatique. Ce spectacle raconte l'histoire du peuple algérien, ses

angoisses et ses petits travers. Fellag crée Le dernier Chameau en 2004. Dans ce spectacle,

c'est à travers l'importance du cinéma dans l'Algérie de son enfance que Fellag dépeint son

peuple. Dans le projet de Fellag, comme auteur et comme acteur, il y a l'idée fondamentale

de partager sa vision de l'Algérie, de dévoiler les mécanismes de pensée et l'esprit, la façon

dont les Algériens regardent le monde. Reflet de la culture algérienne, l'humour de Fellag

repose sur une grande part d'autodérision : pour mieux faire comprendre son peuple, Fellag

rit avec lui de ses travers et des clichés dont on l'affuble parfois. Il s'inspire de ses

souvenirs et de sa vie en Algérie, de l'actualité politique et sociale de ses compatriotes,

pour les transformer en anecdotes humoristiques, parfois tendres, parfois cruelles, mais

exprimant toujours l'amour de l'auteur pour ses origines et pour son peuple. Fellag

construit son humour sur sa position d'étranger : cultivant un accent prononcé dans les

spectacles, utilisant volontiers des expressions arabes pour ponctuer son discours, il évoque

toujours dans ses spectacles les liens particuliers qui ont uni l'Algérie à la France, dont elle

fut une colonie, se jouant de ce passé et des situations absurdes qu'il a pu créer. Les thèmes

les plus graves – la colonisation, la montée de l'islamisme en Algérie, la politique – sont

abordés avec un sens unique de la dérision, qui a valu à Fellag le Prix de l'humour Noir

pour son spectacle Un bateau pour l'Australie.

L’explication de quelques expressions citées en arabe dans le spectacle « le dernier

chameau »

Le vocable "nalwaldik" est une expression d‟insulter en arabe, elle équivaut en

français familier à que "la malédiction soit sur tes parents".

Pour faire harmoniser les paroles et les actes, l‟humoriste a utilisé l‟expression la

plus connue chez les algériens "hittisme" (hitt en arabe qui veut dire un mur en français)

et qui signifie le fait de se tenir allongé les jeunes chômeurs qui n‟ont rien a faire dans

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leurs vie sur un mur en restant debout pendant des heures et des heures. En ajoutant le

suffixe français (isme) pour rendre toute l‟expression en français.

Pour donner une cohérence, l‟humoriste dans son spectacle dit le mot "ḥalāl", (en

arabe : حالل [ḥalāl], « permis », « licite ») désigne tout ce qui n'est pas interdit par la charia,

la loi islamique.

De l‟arabe maghrébin et même du berbère (tamazight) le mot "walou" qui a une

origine un peu différente de l‟arabe classique "la chay" (« pas quelque chose »), au

premier lieu était "wa law chay" signifiant "pas même une seule chose". Mais son

utilisation inchangée par les locuteurs berbères.

"yakhi Smata yakhi" c‟est ridicule cette expression dans le parler algérien et en

« derja » qui veut dire que quelque chose a perdu sa douceur ou sa beauté mais la matière

reste la même. On dit à quelqu‟un que tu es un grand "samet" quand il fait déranger

quelqu'un d'autre.

"Wesh ambalek" ou (qu‟est ce que tu croix en français), "wesh" d‟après le

dictionnaire est souvent employé pour saluer ou apostropher d‟autres personnes. En y

mettant le ton, il sert aussi d‟avertissement, si quelque chose ne plait pas. Mais si

l‟expression est liée avec le mot "ambalek" le sens tout change.

"Salamalekoum" un rayon de soleil avec le salut de Maghreb (« que la paix soit

sur vous ») est une formule de salutation. N‟oubliez pas de répondre "alekoum

salam" (« sur vous soit la paix.»). En inversant la formule de salutation, on met plus

d‟emphase dans la réponse.

"Aya kawkaw ya lkhawa", c‟est cette célèbre formule que les vendeurs en marché

noir disent pour vendre les cacahuètes.

"chmata" Toute joie et exultation calamité des autres ou des ennemies, est une

formule d‟insulter quelqu‟un.

"Adana hak dine yemek" il veut jurer mais la vraie manière de jurer en islam

c‟est de réciter l‟expression "wallah", emprunté à l‟arabe, signifie littéralement (« par le

droit de ta maman »), pour attester la véracité d‟un propos.

"Yechveh amou roumi" ce qui explique cette expression dite en kabyle qui veut

dire (« tu es beau comme un français »).

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I.3. Analyse du code verbal de deux séquences de spectacle « le

dernier chameau »

Séquence 1 : cinq dans tes yeux

(…)"aux années 70, c'est au cinéma que nous faisons notre apprentissage de la

vie"(…) : dans cette expression FELLAG a voulu dire que pendant cette époque l'Algérien

n'a que le cinéma pour apprendre à vivre et à réagir

2- (…) "chef chef" (…) : en chargeant une arme, l'humoriste à tenter d'imiter une

onomatopée.

(…) "Chez nous l'ail ça va mais la croix ça ne marche pas"(…) : fait signe que

la croix ne fait pas partie de notre tradition et en plus c'est totalement contradictoire avec

notre religion, tant que la croix est un signe religieux de chrétiens

(…) "Même les vampires ils te voient avec ta croix ils te croient pas"(…) : le

vampire est un personnage mythique dans l'histoire des chrétiens, pour un musulman c'est

étrange. Et c'est réciproque même pour le vampire, qu'il ne croit pas qu'un musulman porte

une croix.

Il utilise aussi un jeu de mot avec une certaine ressemblance entre les unités

phonologiques "croix" et "croient"en changeant juste l'unité grammatical

(…) "On va leurs montrer un croissant"(…) : il utilise toujours les jeux de mots

avec le mot « croissant ».

On peut dire aussi qu'il procède une répétition « croix », « croient » et « croissant » ce qui

a accomplis l'acte humoristique.

(…) "On va leurs réciter un verset coranique"(…) : tant que la procédé

chrétienne n'est pas fiable, on a passé à l'exorcisme musulman en récitant des versets

coraniques, et cela c'est une tradition musulmane si on est dans un grand problème.

(…) "C'est notre vade retro satana"(…) : il ajoute en expliquant que c'est notre

« vade retro satana » une expression latine qui veux dire « va-t-on saton » et dans ce cas,

FELLAG veut expliquer une situation arabo-musulmane par une autre purement

chrétienne. Et c'est ici on voit le glissement entre les deux sociétés.

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(…) "Ils ne comprennent pas l'arabe les vampires"(…) : c'est une vérité caché

qui fait un acte humoristique, Parce que c'est de la mythologie occidental.

(…) "On va leur montrer la main de Fatma"(…) : FELLAG a révélé une

tradition très fréquente dans la société algérienne « la main de Fatma » une croyance, pour

écarter la malédiction.

(…) "Voilà 5 dans tes yeux yawahd l'vampire"(…) : en expliquant c'est quoi la

main de fatma, il nous montre que c'est les cinq doit de la main, en prononçant un

bilinguisme par une expression arabo-argotique qui veut dire « espèce de » pour montrer

la rage, et cette impression ne peut être exprimé que par la langue mère.

(…) "Chez nous le diable se cache dans les corps de nos amis nos cousins et nos

voisins"(…) : signe de mal intention, mauvaise impression envers les autres, comme si le

diable est caché dans les corps des êtres humains qui nous regarde et nous jette la mauvaise

œil. C'est un sujet très fréquent dans notre société, la supériorité ou la satisfaction aux yeux

des autres c'est qu'ils nous jettent la malédiction

(…) "Quand quelqu'un dit à quelqu'un d'autre que dieu te donne une longue

vie mon frère le vrai message qu'Allah te désintègre NAAL WALDIK "(…) : dans ce

petit passage FELLAG fait appel aux deux actes littéral et dérivé. Une technique

humoristique qui consiste la suppression de la lecture imposé pour favoriser la lecture

exposée.

Avec un bilinguisme en utilisant une expression de parler algérien qui indique un

insulte.

(…) " Des histoires d'amour clé en main"(…) : une technique humoristique très

fréquente.

Pour cette expression l'humoriste a qualifié l'abstrait par une description purement

concrète, l'expérience sentimentale facile à avoir

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(…) " La virginité chez nous c'est le capital"(…) : c'est une évidence sacret pour

la société algérienne, dont FELLAG a révélé un tabou pour expliquer l'importance de ce

sujet.

L'humoriste a affranchi les lignes rouges de la société algérienne, et c'est une technique

humoristique très efficace. Et sur tout pour une culture algérienne très réservée.

(…) "sa séance de hittisme matinal"(…) : pour faire harmoniser les paroles et les

actes, l'humoriste a utilisé l'expression la plus connu chez les algériens "hittisme" (hitt en

arabe qui veut dire un mur en français ) et qui signifie le fait de se tenir allongé les jeunes

chômeurs qui n'ont rien à faire dans leurs vie sur un mur en restant debout pendant des

heures et des heures. En ajoutant le suffixe français "isme".

C'est un néologisme pour créer l'humour.

(…) " Les murs chez nous sont des centres culturels"(…) : une comparaison très

étrange qui fait signe à une réalité tragique dont le jeune algérien a toujours vécu. Un jeune

qui traine toute la journée à cause de chômage au lieu de passé le temps dans des centres

culturels

(…) "Djamel à 15 ans il était déjà 4eme d'Anne "(…) : une graduation utilisé

généralement dans les arts martiaux, pour décrire l'état de Djamel et tellement il passe tout

le temps planter à côté d'un mur. FELLAG dans ce passage a fait rire son auditoire par une

graduation inattendu.

(…)" De la limounadegazouz"(…) : une expression de parler algérien qui veut

dire « gazeuse » une mal prononciation avec le changement du phonème « eu » par « ou »

car le deuxième ne figure pas dans leur langue maternelle.

(…)" Vous avez des jus d'orange d'abricot"(…) : la disponibilité d'un seul jus

dans les marchés algériens pendant des langues années. Crée une habitude que n'importe

quel jus c'est le jus d'orange. Un acte humoristique basé sur des traditions linguistique.

(…)"Il fait ces 8 heures de calage"(…) : un phénomène très fréquent dans la

société algérienne, un tabou qui n'a jamais été évoqué au paravent, un genre d'harcèlement

sexuel dans les moyens de transport.

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Séquence 2 : l’histoire des familles algériennes

(…) "C’est le nom di prophite missiou"(…) : une mal prononciation, le citoyen

ici a trompé pendant la prononciation d‟un mot au lieu de dire prophète il a dit prophite,

c’est un acte humoristique « les fausses expressions » il a procédé à la conversion

verticale en changeant la catégorie sémantique d‟une catégorie nominale pour une

catégorie verbale.

(…) "Pardon !qui profite ?, moi je profite ? "(…) : la mal compréhension ici

signifie qu‟à cause de la mauvaise prononciation de citoyen qui a mal utilisé l‟expression,

une espèce d‟une catégorie sémiotique qui permet à l‟humoriste de jouer avec les mots

qu‟il a choisi.

(…) "Ah non, li prophite di toi c’est l’autre(…), comment tu t’appellé toi ?

Morrice, c’est ça li prophite di toi c’est Morrice"(…) : un acte ironique qui montre ce

que le monologue a cru que même les autres qui ont une religion différente que les

musulmans ont les mêmes traditions que nous, c‟est pour cela il a cru que l‟autre s‟appelle

Morrice alors donc il doit prendre le même nom que son prophète.

(…)"Ti sour ti comproni li françi toi ? ti sour ti as étit a l’écoule ?"(…) : le

fonctionnaire français tellement il a vu le citoyen algérien ne maitrise pas bien le français

c‟est pour cela il était doublement mystifié.

Dans les passages précédents, l‟humoriste a utilisé une certaine façon de permutation pour

produire ce qu‟on appelle généralement les jeux de mots ou les calembours, quand il a cité

les deux expressions (prophite, profite), la première désigne le messager ou l‟envoyé, la

seconde signifie le verbe profiter.

(…)"tu t’appelles Mohamed ben Ali ben Mohamed ben etc.", pas ben etc. !

Ben Mohamed « wesh bik ?» (…) : cette façon d‟exclamation de manière drôle qui fait

rire tout le public, de la part d‟un citoyen algérien, à cause de son incompétence

linguistique. Pour lui le mot « ben » précède toujours un nom propre, ce que lui donne

l‟impression qu‟il a trompé d‟un de ces parents

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(...)" je m’appelli Mohamed parce que je suis ni li premi di coti di père, lui

c’est mon frère s’appelli Mohamed parce qu’il ni li premi di coti di sa mère" ici il a

commis une erreur lexicale. Il s‟agit d‟une fausse-coupe [né, le premier] d‟où le résultat

[ni, li premi]. « Les fausses expressions» se considèrent aussi comme un acte humoristique

qui attirent l‟attention du public et leur provoquer pour rigoler.

A ce moment de spectacle, l‟humoriste a joué un double rôle totalement différent,

le premier est celui d‟un citoyen qui tente d‟expliquer des situations difficiles à un

fonctionnaire français qui fait parti de l‟administration coloniale, le second est le

fonctionnaire français lui-même qui essaye de sa part de déchiffrer la langue que le citoyen

l‟a maitrisé de manière médiocre.

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I.4. L’interprétation des expressions du visage (mimiques/grimaces).

1/

2/

Sourcils levés, yeux ouvertes,

bouche entre-ouverte avec un

sourire signe de la joie et le

bonheur

Sourcils levés, les yeux semi-

ouverts un regard serré, une

bouche fermée signe de

rancune

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4/

5/

Sourcils croisés, le regard très

serré la bouche moins ouverte

et de lèvres serrées aussi

expriment la colère et la

haine.

Sourcils levés, les yeux

ouverts et la bouche aussi

ouverte et la tête penchée un

peu vers le droit signe de

réclamation.

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6/

8/

Les sourcils levés, les yeux

ouverts et la bouche fermée

exprime le surement

Les sourcils levés, les yeux

ouverts et la bouche semi-

ouverte, en suite la tête est

penchée un peu vers la droite

et les mains presque posées

sur la poitrine extérieurement

expriment l‟innocence.

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9/

10/

Les sourcils levés, les yeux

moins ouverts et les lèvres se

resserrent formant un cercle

étroit un signe de moquerie ou

de raillerie

Les sourcils serrés les yeux

moins ouverts la bouche

fermée la tête tournée vers la

droite signe de tristesse ou du

chagrin.

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I.5. L’interprétation des gestes (mouvements corporels)

11/

12/

Le fait de montrer la main

avec cette manière c‟est

comme faire un signe à

quelqu‟un d‟autre, ou c‟est

le meilleur bouclier contre

le mauvaise œil que les gens

vous jettent.

La tête tournée vers la

droite les mains dans les

poches le pied droit posé

par terre sur la pointe

exprime le prestige et le

confort.

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13/

14/

Les deux bras sont collés au

niveau de la ceinture de fellag

qui veut dire qu‟il est en train

de jouer le rôle d‟une femme.

Les deux bras sont penchés les

doigts des deux mains sont

totalement fermés et serrés

signe d‟explication, un réflexe

de quelqu'un qui parle.

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15/

16/

Les deux bras sont penchés en

parallèle un peu vers le haut

les doits des deux mains sont

bien serrés. Signe de la

conduite en prenant un volant

de voiture

Les deux mains dedans de

poche la tête montée vers le

haut un peu un signe d'une

supériorité.

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17/

18/

Montrer l‟index et le pousse

de la main gauche en avant, le

bras droit est penché vers le

bas, signe pour faire montrer

quelque chose à quelqu‟un

d‟autre

Mettre les mains ouvertes et

projetées a la poitrine avec des

yeux fermés et des lèvres

serrées expriment l‟arrogance et

le prestige.

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19/

20/

La distance entre les pieds en

bas et la position proche des

mains au cou en formant une

forme d‟un papillon exprime

l‟explication d‟une chose très

importante.

La position des bras demi-

écartés demi-levés exprime la

mesure de la taille de telle

chose.

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21/

22/

La position de la main gauche

baissé et la main droite ouverte

et levée vers le haut expriment

la salutation ou la paix

Le fait d‟exposer la main

droite tout droit en avant avec

une petite distance entre les

doigts ajoute une autre

signification que le geste

précédent exprime le fait

d'arrêter telle chose.

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23/

24/

La position basse de la main

gauche et posée sur la jambe, la

main droite levée au niveau

d‟épaule droite avec la distance

entre l‟index et le pousse de la

main droite exprime la petite

mesure d‟une telle chose.

Les mains rapprochées entre

eux presque posées sur la

poitrine à l‟extérieur des deux

mains et avec les épaules

montées un peu en haut

expriment le refus

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25/

26/

Mettre la main droite sur la

jambe et lever l‟index gauche

tout seul expriment la demande

de la permission de faire ou de

dire quelque chose.

Incliner le dos un peu en

arrière en posant les mains sur

les genoux, la poitrine avancée

en avant exprime l‟ostentation

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27/

28/

Mettre la main droite sur la

jambe et lever l‟index gauche

tout seul expriment la

demande de la permission de

faire ou de dire quelque

chose. Mais le grimace avec

la forme arcure de lèvres

montre la peur

La position de prendre quelque

chose pour défendre par la main

droite exprime la menace

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29/

30/

Poser la main sur l‟un des

cotés de la tête quelque soit le

coté exprime la douleur ou la

fatigue

Le cas de poser l‟index de telle

main sur la poitrine exprime la

confusion et inculpation.

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31/

32/

La position de deux bras

renversés signe de deux

trajectoires de sens opposés

Incliner la tête à droite signe

d‟ennui et de la fatigue

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33/

34/

Les deux mains levées et

projetées à la tête est un signe

de la première action que le

musulman doit faire quand il

veut prier

La position de la main levée et

ouverte, l‟index et le pousse

sont collés et formés un cercle

c‟est un signe d‟explication

exacte.

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35/

Le fait de poser la main sur la

bouche signifie le silence.

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I.4.L’interprétation des expressions du visage (mimique/grimace)

36/

37/

La clôture des yeux, des

sourcils levés et de la bouche

un peu ouverte est un signe

d‟imagination et de rappeler

quelque souvenirs

La position de deux doigts

l‟index et le pousse sur la partie

entre le nez et les yeux signifie

le vertige.

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38/

39/

La vue d‟un œil ouvert et

l‟autre fermé, les lèvres très

peu ouvertes signe de la nausée

ou du manque de sommeil.

Des sourcils levés, des yeux

bien ouverts, la bouche très

ouverte avec de la langue

projetée un peu vers la partie

avant de la bouche signifie le

sommet de l‟incertitude

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40/

41/

Sourcils levés, les yeux ouverts, la

bouche semi-ouverte avec une

apparition de la dentition

inférieure signe de l'évidence

Les sourcils levés, les yeux

ouverts et la bouche fermé signe

de menace, colère et désaccord

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CONCLUSION GENERALE

Comme on l'a déjà vu, d'une part, beaucoup de philosophes et de psychologues ont

parlé de l'humour, d'autre part, des sémiologues, sémiologues et même des théologiens

ont consacré et consacrent encore leurs études à l'analyse de l'humour, ce qui sans nul

doute atteste la complexité de ce sujet. Au début de notre recherche, on a cru que l'humour

était facile à décrire. Cependant, au fur et à mesure qu'elle avançait, l'humour dévoilait plus

de significations que l'on pensait y trouver.

Nous avons cité au début de cette recherche non seulement diverses définitions de

l'humour mais aussi des autres thermes qui peux probablement être en égale avec notre

sujet, comme l'ironie et le comique. Qui font une certaine ambigüité au cours de notre

travail.

En ce qui concerne les études et les remarques sur l'humour, on a constaté que ce

sujet est figuré dans plusieurs disciplines, on s'est trouvé devant une grande

indisciplinabilité, une matière de neuroscience, un cas dans la psychologie ou un

phénomène qui propage dans une société qu'il faut le voire d'une vision sociologique. Une

liste de spécialités qui peuvent évoquer l'humour comme un objet d'étude. Dans ce sens,

nous avons décidé de voir l'humour avec une optique sémiotique, qui nous permet de

l'étudier dans son usage.

Ainsi, pour décrire et analyser l'humour on a tenté de se débarrasser de cette grande

problématique éternelle entre la sémiologie et la sémiotique. Pour assurer la spécificité de

notre travail, on a rendu compte que l'analyse sémiotique est la plus fiable pour notre.

Dans ce modeste ouvrage on a pris le risque de mener une analyse sur le code et le

signe humoristique. D'abord on a essayé d'identifier les pôles de ce genre d'énonciation, la

structure de code qui réunit un multiple d'éléments qui assurent l'efficacité de cet acte. Au

niveau de l'énonciation il existe deux acteurs complice: l'émetteur, doué de savoir

linguistique et encyclopédique et de faire croire, et un récepteur possesseur d'un savoir-

faire interprétatif qui lui permet d'accéder au sens caché. Et au niveau de l'énoncé il y a un

complice et un acteur innocent, victime de la signification.

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Un homme qui possède tous ce savoir-faire et savoir croire, producteur d'un

humour qui met deux sociétés comme victimes, l'une pour l'autre en croisant leurs

frontières culturelles. Un homme de lettre qui est algérien de naissance, et français de

formation. C'est notre corpus Mohammed FELLAG dans l'un de ces spectacles " Le

dernier Chameau ", un spectacle humoristique qui nous a aidés de concrétiser notre

recherche.

Dans le chapitre qui est consacré d'analyser le code humoristique, verbale et non

verbale, on a essayé de donner un ordre de démarche pour une parfaite analyse sémiotique

qui ce base sure la sémantique, le lexique et la pragmatique. Avec quelques ajouts

interprétatifs.

Est-ce qu'on a fini par dire tout sur l'humour? On croit bien que non. Parce que cette

indisciplinablité nous complique la tâche, mais à la fois nous donne le curieux pour essayer

et réessayer. Et on espéré toujours avoir des nouveaux tant que cette science du langage

évoluent et se perfectionnent.

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RÉFÉRENCES BIBLIOGRAPHIQUES

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Corpus

Le spectacle de Mohamed fellag qui est disponible sur You tube,

https://www.youtube.com/watch?v=0tZUYttO10k&list=PLMXr1StRiJ4vrwlsbxy2Gs

tw41hB4DqxG&index=1

Ouvrage

1. ESCARPIT, Robert. L’humour. Que sais-je ? Bordeaux : Seuil, 1976

2. BERGSON, Henri. Le rire. essai sur la signification comique. Publication du groupe

« Ebooks libres et gratuits », 1900 in : www.ebooksgratuits.com

3. CHARAUDEAU, Patrick. Des catégories pour l’humour ? : Centre d‟analyse du discours

Université Paris 13, Revue Questions de communication n°10, Presses Universitaires de

Nancy, Nancy, 2006.

4. SIGMUND, Freud. Le mot d'esprit et ses rapports avec l'inconscient. Vienne : 1905

5. VIGEANT, Louise. Les objets de la sémiologie théâtrale : le texte et le spectacle. 1990

Mémoires et thèse

1. J.C. Chabanne - 1999 : « Verbal, paraverbal et non-verbal dans l‟interaction

humoristique », dans Approches du discours comique, actes de la journée d‟étude

Adiscom-Corhum (juillet 1995), dir. J.-M. Dufays et L. Rosier. Bruxelles : Mardaga, coll.

«Philosophie et langage », pp. 35-53

2. Le langage du corps et la gestuelle (kinésique) comme champs de la sémiotique non-verbale : idées et

résultats Grigorij KREJDLIN (RGGU, Moscou)

3. IUT de Bobigny, licences professionnelles service et réseaux de communication Pascal

VAILLANT

4. Greimas A. J., Coutès J. Sémiotique dictionnaire raisonné de la théorie du langage,

Hachette Université, Paris 1980, pp 335-338. Écrit par Administrator Lundi, 26 Juillet

2010 16:35

Dictionnaires

1. Dictionnaire LAROUSSE Maxipoche de la langue française 2011, p 685

2. Dictionnaire LE Grand Robert de la langue française, version numérique

Page 68: Faculté des lettres et des langues Département de … · Faculté des lettres et des langues ... De quelle analyse peut-on mener pour atteindre l'étude du signe humoristique, la

68

Sitographie

1. Les expressions de visage, EKMAN Paul http://www.huffingtonpost.fr/2014/04/01/21-

expressions-faciales_n_5070110.html