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FADO, ou la transformation d’une culture populaire 1

FADO, ou la transformation d’une culture populaire

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FADO, ou la transformation d’une culture populaire. Une culture des paradoxes?. - PowerPoint PPT Presentation

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FADO, ou la transformation d’une culture populaire

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Une culture des paradoxes? • Le fado fait aujourd'hui partie du paysage

musical international. Témoignage d'une culture spécifiquement urbaine, le fado de Lisbonne s'exporte, comme le flamenco de Séville ou le tango de Buenos Aires. Sa diffusion fait d'ailleurs souvent de l'ombre à la richesse des autres traditions musicales portugaises.

• Mais si aujourd'hui le fado trouve les conditions pour s'apprécier à grande échelle, grâce à des disques ou des concerts qui permettent à une poignée d'artistes de scène de vivre de leur art, ce chant est aussi, et avant tout, une pratique locale, un chant qu'on interprète de manière spontanée, en amateurs, entre voisins, amis, ou encore attablés à une fête de famille.

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Fado(s)• Mais comme toute expression d'origine populaire, le fado, au fil de son

évolution, a connu une certaine censure. Il a pris des formes variées et parfois contradictoires

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Etymologie • 1. Richesses d'un mot : fado• L'acceptation du mot fado dans le sens de chanson populaire est relativement moderne;

ce n'est qu'après 1850 que cette désignation passe de l'argot au vocabulaire musical. Ainsi, il faut attendre la septième édition du , dictionnaire Moraes (1878) pour trouver cette définition : «musique populaire au rythme et au mouvement particulier, qui se joue habituellement à la guitarra et dont les paroles sont des poèmes -Appelés fados [...] poèmes vulgaires de caractère narratif, où se raconte une histoire réelle ou imaginaire qui se termine mal, ou bien où sont décrits les maux, la vie d'une certaine classe, comme le fado du matelot, le fado de la religieuse, etc.»

• Antérieurement à ce sens musical, le mot fado - dérivé du latin fatum - est rattaché depuis plusieurs siècles dans la langue portugaise à l'idée de «destin», renvoyant au champ lexical du «sort», de la «fortune», ou encore de la «chance». Mais il est plus qu'un simple synonyme du mot destin, traduit en portugais par destino ou sorte, car il s'inscrit dans un discours qui porte toujours la marque d'une intériorité- Le fado appartient à l'ordre de l'affectif et de l'individuel : il est le destin en tant qu'appropriation par une parole subjective. Le mot latin fatum est lui- même dérivé du verbe fari, «dire» : dire dans un langage humain le destin contenu à l'état de signes dans les astres ou les entrailles d'animaux. Ainsi, le verbe portugais fadar signifie précisément «prédestiner», doter de qualités et aptitudes qui individualisent l'être humain et le distinguent de tous les autres. «Chanter son fado», comme on le disait aux origines, c'est donc se l'approprier, accepter de réaliser son devenir propre, prévu par une volonté suprême que l'homme doit accepter.

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Origine• Dans les années 1930, Luis Moita, virulent

détracteur du fado, écrivait : «Les origines du fado se trouvent plongées dans une légende plaintive que le peuple du sud du Portugal, et principalement celui de Lisbonne, berce sur ses genoux et avec laquelle, rêveur, il s'endort...» Il se réfère ici aux régions portu gaises qui sont restées le plus longtemps régies par «l'ennemi» maure, jusqu'au xnf siècle : Alentejo, Algarve et région de Lisbonne où siégeait alors le pouvoir. Cette filiation historique a parfois servi à stigmatiser le fado comme une chanson «dégénérée et impure».

Caricature de Rafaël Bordalo Pinheiro représentant le fado batido et mettant en scène les «coups» reçus par Zêpovinho, personnage incarnant le peuple.

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fado

• -les mots sont l’essence du fado.

• Vers improvisés ou poésie savante…

• “le fado est un état d’esprit” (Amalia Rodrigues)

• http://www.youtube.com/watch?v=5kEElwXUJHk

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Fado au 19e siècle• Il s’agit des liens avec la prostitution,

marginalité, la vie bohème de Lisbonne

• Par contre en 1994 Lisbonne fut capitale européenne de la culture et il y a eu une grande exposition e Fado !!!

• Severa, chanteuse gitane de fado - L'art tsigane, première chanteuse du Fado? Première moitié du 19e siècle

• http://www.youtube.com/watch?v=sarXK-0Kr_o&feature=related

• http://www.youtube.com/watch?v=dKlY1F8aziE

• http://www.youtube.com/watch?v=br_1XFJK400&feature=relmfu

• http://www.youtube.com/watch?v=S9YLx7jyvuA&feature=relmfu

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fado

Le fado (mot qui vient du latin fatum, qui signifie « destin ») est un genre musical portugais (la chanson traditionnelle portugaise) qui prend la forme d'un chant mélancolique généralement accompagné par des instruments à cordes pincées (traditionnellement il est accompagné par des accords d’instruments acoustiques, guitare portugaise – douze cordes, guitare classique – six cordes, et guitare basse – quatre cordes). Teintée de fatalisme et de nostalgie (saudade), chant monotone, douloureux et enjoué à la fois. La sobriété de l’accompagnement instrumental impose aux chanteurs un abandon total du corps et de l’âme. Les fados ne sont jamais pareils, leur interprétation dépend fortement de l’état d’esprit de celui qui chante et de la façon dont il sent ceux qui écoutent. Le chanteur de fado ou fadiste (fadista) exploite en général des thèmes récurrents : l’amour inaccompli, la jalousie, la nostalgie des morts et du passé, la difficulté à vivre, le chagrin, l’exil... Ce chant fut d'abord chanté dans les quartiers mal famés avant d'atteindre la bourgeoisie.

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Origine(s) du fado?

• Origine arabe?• Les chants marins?• influence africaine et brésilienne?• Synthèse de genre musicaux et de danses

populaires à Lisbonne au début du XIXe siècle.

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Chant de la mer

• Le Fado do marinheiro (Fado du marin) • http://www.youtube.com/watch?v=rB1MAAB48OQ• est quant à lui très souvent cité comme un des tout premiers fados. • Le personnage du marin permet ainsi de donner une certaine homogénéité aux premiers chanteurs de fado, ce qui

flatte également l'idée d'une diffusion du fado vers d'autres pays accessibles par la mer, donnant lieu à des traditions musicales proches comme la morna du Cap-Vert ou le samba-cançâo du Brésil.

• Meu amor é marinheiro• Mon amour est un marin• E mora no alto-mar • II demeure dans la haute mer• Coraçâo que nasceu livre• Un cœur né libre• New se pode acorrentar• Rien ne peut l'enchaîner.• Manuel Alegre• http://www.youtube.com/watch?v=rc1NhDcbS-E

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influence(s) –origines arabe?• Une parenté sémantique et phonétique relie en effet

fado et hado, lequel est évoqué dans certains romances de la littérature ibérique dès XVe siècle. Un de ces romances raconte par exemple le désarroi du roi Abdallah l'Infortuné, dernier roi arabe de Grenade qui, remettant en pleurs les clefs de lAlhambra, s'enfuit en haut d'une montagne vers l'exil, pour «éprouver son hado». Hado, qui renvoie lui aussi au destin, pourrait donc, par une évolution phonétique propre à de nombreux autres termes portugais d'origine arabe, être devenu fado.

• http://musique.arabe.over-blog.com/article-34333967.html

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Fado comme rituel

• Le look• Hexis corporel du fado:les yeux fermés, tete en

arrière, robe nore et chale

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1er phase du fado

• Un fado populaire et spontané (1830-1869)

• Fado-prostituton-marginalité

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Femmes du fado et maison du plaisir

• Quem tiver Jilhas no mundo• Qui donne le jour à une fille• Nâo fale das desgranadas• Ne peut parler des filles malheureuses• Porque as fûhas du desgraça• Car les filles tombées en disgrâce• Também nasceram honradas.• Sont nées tout aussi honorables• Fado choradinho: Inscrit dans les brèches de la vie urbaine, en dehors des temps dévolus au travail, le

fado devient l'apanage des maisons closes, appelées aussi casas de sofrer, espaces confinés aux ruelles obscures, où tentent de se faire oublier certaines souffrances de la vie. Mais avant même de désigner un chant pratiqué dans les maisons closes, le fado renvoyait déjà à l'univers de la prostitution : les «femmes du fado», «femmes fatales» ou «femmes de lafatalité» désignent les filles de joie, qui peu à peu deviennent des fadistonas, chanteuses et colporteuses du fado.

• http://www.youtube.com/watch?v=VrrUMJ6S_P4 • Alexandre Rey Colaço (1854-1928): "Fado nº9" (Fado Choradinho) for Piano• http://www.youtube.com/watch?v=k6xcOoZTzNU• Alexandre Rey Colaço (1854-1928): "Fado nº8" for Piano

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Femmes du fado

• Le fado A casa da Mariquînhas (La maison de Mariquinhas) retrace cette dialectique de l'acceptation et de l'interdit, décrivant l'ambiance liée à la prostitution et au travestissement :

• Ê numa rua bizarra Elle est dans une rue bizarre• A casa da Mariquinhas La maison de Mariquinhas• Tern na sala uma guitarra Y a dans la salle une guitare• Janelas com tabuinhas Et des jalousies aux fenêtres• (...)• Afin de se faire remarquer Elle porte des choses étranges Force dentelles, force rubans Des foulards très

bigarrés. Demandée, désirée Hautaine comme une reine Elle rit de toutes celles, les pauvres Qui la blâment rudement

• Por verem cheia de gente Parce qu'elles voient pleine de gens• A casa da Mariquinhas La maison de Mariquinhas

• http://www.youtube.com/watch?v=klN-sakwnl8 (Alfredo Marceneiro - A Casa da Mariquinhas)17

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Fadista• Le fadista défend aussi ses propres règles de

justice, dont il marque son territoire, et cultive ainsi une certaine fascination pour le règlement de comptes individuel, en affirmant l'hypocrisie de la justice officielle et du crime collectif de la guerre

• Mon destin, c'est de mourir Tout au bout d'un couteau Toute ma vie, on m'a toujours dit : — Un homme, ça meurt sur le champ de bataille !

• Le couteau, camouflé dans les plis d'un vêtement, devient un attribut essentiel du fadista. S'il est devenu l'expression d'une sorte de fierté mythique, il correspond surtout à un besoin réel de pouvoir se défendre, au sein de ruelles où la police ne s'aventure pas. Ce couteau, malgré la fierté virile qu'il dégage, est aussi utilisé par des femmes, comme «la Barbue», dont on disait qu'elle le cachait dans sa jarretière.

• http://www.youtube.com/watch?v=ezIr0rY12hQ

• http://www.youtube.com/watch?v=-DikpKYZSNg

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fadista, figure de la marginalité urbaine• Au XIXe siècle, fadista et faia (voyou) sont synonymes.

Aujourd'hui encore, le fado amateur qu'on revendique à Lisbonne comme le plus authentique, le plus racé (fado castiço), s'appelle aussi «fado vagabond» ou «fado voyou» (fado vadio) : le fado «vrai», celui qu'on ne chante pas pour de l'argent, mais qui se situe dans une tradition d'indépendance et de sincérité.

• Si depuis quelques années le fado vadio est devenu aussi une étiquette commerciale qui fait vendre, il continue de faire référence au mode de vie marginal des fadistas, longtemps associés à la pègre urbaine.

• Au XIXe siècle, les fadistas vivent principalement d'activités illégales et clandestines, vols, mendicité, trafics ou proxénétisme. Les tavernes où ils se retrouvent, également appelées à cette époque botequins de iepessont marquées par un climat de déclassement social. De nombreuses figures de la seconde moitié du XIXe siècle illustrent ainsi le caractère indocile du fado.

• http://www.youtube.com/watch?v=kDg8IPwogNI

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2e phase

• Fado aristocratique et littéraire (1869-1890)

• Ascension sociale du fado jusque dans les salons et les résidences balnéaires de la bourgeoisie lisboète?

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Bohèmes et marginaux• Bohème et touradas• Les modifications engendrées par le régime libéral, qui s'implante à

partir de 1834, font peu à peu vaciller l'aristocratie qui perd l'assurance de son statut et ses valeurs de référence, notamment celle de la propriété foncière. En quête d'une nouvelle légitimation sociale, la jeune noblesse s'adonne alors à ce qu'on a appelé la «manie du vagabondage élégant». Elle se manifeste, comme en témoigne d'ailleurs la relation entre le comte de Vimioso et Severa, par la fréquentation et la subornation financière de prostituées, ainsi que par une appropriation progressive du chant de fado pratiqué dans l'environnement populaire de ces femmes. Sous l'impulsion de la jeune bohème, le fado se déplace ainsi vers des formes de divertissement dominées par l'aristocratie, tout en favorisant un illusoire rapprochement de classes entre la noblesse et le peuple. http://en.wikipedia.org/wiki/Count_of_Vimioso

• Les nouveaux adeptes aristocrates du fado non seulement apprécient et encouragent le fado, mais le pratiquent. Plusieurs personnalités mondaines, ou demi-mondaines, se construisent ainsi une grande réputation en chantant ou jouant le fado à la guitarra, dans l'arène, pendant toute la nuit : le comte de Vimioso, le comte de Castelo-Melhor,

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mauvaise réputation : émergence d'une littérature contre le fado

La morale bourgeoise, quant à elle, donne forme à une réaction de peur vis-à-vis du fado… Parfois présenté sous les traits uniformes du parasite, le fadiste cristallise les angoisses sécuritaires de l'élite en une seule et même figure qui réunit toutes les tares et tous les péchés possibles imaginables.

Un texte de Ramalho Ortigào qui paraît en 1878 dans As Farpas décrit en ces termes le fadiste : « Il ne travaille pas et ne possède pas non plus de capitaux provenant d'un travail antérieur. Il vit de son habileté à exploiter son prochain. Il est ordinairement entretenu par une femme publique qu'il roue de coups systématiquement. Sans domicile fixe, il habite successivement la taverne, le tripot, le bordel ou le poste de police. Il est complètement atrophié par l'oisiveté, les nuits blanches, l'abus de tabac et d'alcool. C'est un anémique, un lâche, un imbécile. Il a de la toux et de la fièvre ; sa poitrine est concave, ses bras sont fragiles, ses jambes arquées ; ses mains, fines et pâles comme celles des femmes, transpirent; il a les ongles longs comme les vagabonds; ses doigts, brûlés et noircis par la cigarette; ses cheveux, fétides, enfarinés de poussières et de pellicules, reluisent de graisse. Ses outils de travail sont une guitarra et un Santo Cristo, désignant un coutelas pointu... » 22

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Mauvaise réputation

• Le chant du fadiste est lui-même présenté comme une excroissance méprisable, comparable à celui d'un animal. Certaines descriptions évoquent d'ailleurs explicitement le chant d'un loup lancé au clair de lune : «Il chante parfois la main sur la hanche, cigarette accrochée au bout des mains, tête haute, étirant ses cordes vocales pour entonner la mélopée des fados [...] la voix sanglotant, brisée dans le larynx, accompagnée de l'expression phy- sionomique d'un sentimentalisme de cachot, gueux et misérable. »

• Ainsi, vers la fin du xixe siècle, le fado devient un argument intellectuel alimentant un débat sur la décadence nationale, dans la continuité de ces propos d'Eça de Queiroz qui, en 1867, résume de sa plume ironique l'apport de Lisbonne dans la culture européenne : «Athènes produisit la sculpture, Rome a fait le droit, Paris inventa la Révolution, l'Allemagne le mysticisme; Lisbonne a inventé le fado. Fatum était un dieu de l'Olympe; là- bas, dans ces quartiers, c'est une comédie. Vous voyez un orchestre de guitares, et une congestion de tabac. La pièce est meublée comme un grabat. La scène finale se passe à l'hôpital ou en pri son; la toile de fond est un linceul.» (Gazeta de Portugal)

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Tableau du Malhoa• En 1910, pour la première fois, un peintre

académique reconnu par l'École des beaux-arts élit le fado comme thème d'étude. José Malhoa (1855-1933), peintre naturaliste spécialisé dans la peinture des modes de vie des campagnes, compose ce tableau emblématique » 0 Fado - inspiré d'une toile antérieure du peintre, Os Bêbados (Les Ivrognes).

• Dès sa première présentation à Lisbonne en 1917, alors même qu'il commence par faire scandale, 0 Fado est acheté par la Ville. Témoin de cette reconnaissance, ce tableau est aujourd'hui présent sous forme d'illustrations plus ou moins fidèles (parfois même caricaturées) dans de très nombreux lieux de fado.

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• Ce tableau est illustré au cinéma34 et au théâtre, donnant lieu également au Fado Malhoa interprété par Amâlia Rodrigues :http://www.youtube.com/watch?v=ZNCfktEU5L8

• Faz rir a ideia de ouvir C'est drôle, l'idée d'entendre• Corn os olhos, senhores ? Avec les yeux, messieurs ?• Fard, mas nâo quem Oui, mais pas celui• Jâ o vite, mas em cores! Qui l'a vu de ses yeux, en couleurs !• Ha vozes de Alfama II y a les voix d'Alfama• Naquela pintura Dans cette peinture• E a banza derrama Et au son de la guitare• Cançôes de amargura. Vibre toute l'amertume des chants.• José Galhardo (1948)

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INSCRIPTIONS SOCIALES ET IDÉOLOGIQUES• Dans plusieurs lieux de fado, on peut encore lire sur un mur

ou une illustration cette affirmation d'appartenance : «Je suis du fado. »

• Depuis ses origines, le fado constitue non seulement une expression artistique mais le lieu d'une revendication identitaire, plus ou moins consciente. À la charnière des XIXe et XXe siècles, ce phénomène s'accentue avec l'affirmation d'une classe ouvrière. Creusant peu à peu au sein de la ville un espace d'expression de plus en plus légitimé, le fado se constitue comme un outil d'intervention auprès du peuple et prend la parole dans les débats de son temps.

• http://www.youtube.com/watch?v=FsUWNbMHijo (left fado)

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Fado comme phénomène social• Avec l'instauration de la République en 1910, les réseaux de solidarité sociale

se structurent dans les quartiers grâce à l'apparition des salles communales telles que les collectivités, tertû- lias, clubs, sociétés récréatives, groupes sportifs et autres salles associatives gérées en commun. On y organise des activités de loisirs et d'instruction à destination des habitants : activités sportives, parties de cartes, jeux de société, cours et ateliers divers. Souvent dotés d'une grande salle, ces lieux servent aussi à organiser de temps en temps une nuit de fado exceptionnelle qui réunit jusqu'au petit matin de nombreux chanteurs devant un public familial qui se retrouve autour de tables où un repas simple est proposé.

• Ces nuits de fado ont toujours un objectif social : les bénéfices recueillis par les droits d'entrée, généralement peu élevés, et les consommations, sont destinés à une cause précise, annoncée par avance et mentionnée durant la nuit : contribuer aux dépenses médicales coûteuses d'une personne âgée, aider une famille en difficulté à prendre en charge l'enterrement d'un proche ou encore financer un voyage vers un village de l'intérieur où plusieurs personnes du quartier ont de la famille. Il s'agit d'un véritable système d'aide mutuelle qui fonctionne encore aujourd'hui.

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Fado sous dictature• En 1926, le régime autoritaire met en péril cette proximité

intergénérationnelle qui caractérise cet espace privilégié de la sociabilité populaire, en interdisant aux mineurs de moins de 15 ans de rester dans une taverne «plus que le temps nécessaire pour un achat». Le pouvoir salazariste a ensuite réuni tous ses efforts pour stigmatiser la taverne comme un lieu de débauche, niant par là même l'apprentissage informel et la communication qui s'y opèrent, aujourd'hui encore.

• Pourtant, l'univers de la taverne, avec ses fadistes et ses habitués, compose un lieu de créativité qui revendique son originalité. Chaque quartier lutte pour son fado et des rivalités d'esprit peuvent naître. Ce fado de 1874 imagine ainsi un défi chanté à l'échelle de la capitale. Plus qu'un récit réaliste, on peut y voir une occasion de réunir dans un seul et même chant les fadistes du tout Lisbonne, associés à leurs quartiers d'origine.

• http://www.youtube.com/watch?v=HW26VoEhF5k

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Fado sous dictature• Le 6 mai 1927, le régime autoritaire publie en effet le

décret 13564, élaboré par l'Inspection générale des théâtres, qui régle mente le fonctionnement des spectacles publics. Il s'agit d'une véritable promotion forcée qui interdit purement et simplement le fado amateur, réduit à la clandestinité. En effet, tout chanteur doit désormais posséder une carte qui lui confère le statut pro fessionnel d'artiste pour pouvoir se présenter en public, si réduit soit-il. Ce décret impose ainsi au fado de devenir un exemple de travail, une profession véritable qui donne lieu à des contrats47. Dans la pratique, la délivrance de cette carte pro fessionnelle exclut tous ceux dont le casier judiciaire n'est pas vierge. Dès 1933, la Police de vigilance et de défense de l'État est créée par Salazar. Parmi ses missions de contrôle, elle doit dissiper le moindre groupe formé hors du cadre familial.

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Fado sous dictature

• les chanteurs de fado amateurs n'ont désormais plus le droit de chanter, et, quelques années plus tard, les chanteurs professionnels ne peuvent chanter que les chants qui sont passés par le filtre de la censure.

• Chaque maison de fado doit établir une liste préalable très précise des textes qui seront interprétés durant les sessions, ainsi que de leurs paroles. Les chanteurs sont sommés de s'en tenir à ce programme, l'improvisation constituant un délit qui menace à la fois le chanteur et la maison où il se produit. Le texte écrit vaut pour modèle et il ne peut en aucun cas être trahi : pas question de rajouter un couplet ou de changer un mot.

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Fados dans les salons

• L'introduction du fado dans les salons, en rompant cette unité forgée à l'échelle des quartiers, provoque une dissension entre deux courants qui divisent certains milieux fadistes.

• Certains veulent promouvoir cette ascension sociale du fado dans les salons, où son mode de consommation implique une certaine appartenance sociale. D'autres souhaitent le préserver au sein des ruelles et des tavernes, lieux publics ouverts à tous, afin que puisse s'épanouir son véritable rôle social.

• En 1923, ce type de débat sera à l'origine d'une scission au sein du journal Guitarra de Portugal, entre d'une part les adhérents du Cercle artistique les amis du fado (Gremio Artístico Amigos do fado) qui souhaitent encourager le fado à devenir exclusivement chanté dans les salons, et d'autre part le groupe Solidarité propagande du fado (Solidariedade Propaganda do Fado), qui se désolidarise de ce journal, et crée, derrière Manuel Soares (surnommé «L'Intendant») et José da Silva («La Morue»), le journal O Fado, défendant le rôle éducatif du fado au sein des lieux de vie populaires.

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Anticléricalisme et pacifisme• À partir de la fin du XIXe siècle et jusqu'au régime autoritaire dans les années 1920, la

critique sociale du fado s'inscrit peu à peu dans la vie des quartiers, notamment à l'occasion des cegadas38 : petites pièces de théâtre improvisées dans la rue au moment du carnaval. Par l'intermédiaire du déguisement et du travestissement qui permettent de revêtir l'identité d'un autre, elles autorisent la transgression des conventions sociales, levant interdits et tabous. L'anonymat et le masque permettent de transmettre des messages licencieux, de médire contre son voisin, ou encore de faire des farces aux personnes les plus respectables. Le fado y devient le porte-voix d'une critique sociale chantée à ciel ouvert, en pleine rue, sous la vigilance de quelques policiers chargés de contrôler les débordements...

• Cette critique sociale se fonde généralement sur une représentation institutionnelle de l'État, incarné par ses différents corps, notamment le clergé et l'armée. Le personnage de la religieuse permet par exemple d'aborder la question de la censure catholique des sentiments : le Fado da freirá (Fado de la religieuse) raconte ainsi le scandale provoqué lors du décès d'une sœur, dont on découvre que toute sa vie durant elle a porté autour du cou une médaille représentant non pas le Christ, mais le portrait d'un homme aimé dans sa jeunesse. Les textes se nourrissent ainsi d'un anticléricalisme fervent :

• http://www.youtube.com/watch?v=gKLBle7kt-8 • Deus, diabo, inferno e céu Dieu, diable, enfer et cieux• Baptismos e confissôes, Baptêmes et confessions• Sermôes e missas cantadas, Sermons, et messes chantées• Tudo isso sâo palôes. Tout ça, ce sont des sornettes

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Fados politiques, fados syndicalistes

• Dès la première moitié du XIXe siècle, les quartiers de fado, notamment Mouraria, sont très souvent associés à la contesta tion politique. Les prostituées, accusées de cultiver un esprit de sédition, y sont fréquemment expulsées - la police procédant à de nombreuses arrestations contre « des espions et d'autres per sonnes qui parlent contre le gouvernement et la police». Avant l'établissement du régime libéral, deux prostituées du quartier sont même emprisonnées pour avoir fredonné à leur fenêtre l'hymne constitutionnel.

• Lors de la montée d'un important mouvement anarcho- syndicaliste, dans les premières décennies du XXe siècle, le fado devient une véritable parole ouvrière, assumant au sein de textes résolument prosélytes des revendications politiques et sociales. Le fado devient, jusqu'à l'avènement du régime autoritaire, une arme de lutte idéologique, dont la dimension révolutionnaire est explicite.

• Mais le fado ne se réduit pas à une seule ligne politique. L'esprit critique fadiste semble insatiable; après 1910, une fois la République instaurée, les fados s'en prennent à la République elle-même, pour défendre, cette fois, le socialisme :

• Bravos herois do progressa Braves héros du progrès• Avante p'lo grande ideal! En avant vers le grand idéal !• - A República nâo basta La République ne suffit pas• P'ra esmagar o capital ! Pour écraser le capital !•

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Le fado à Porto et les débuts de l'industrie du disque

• La capitale du Nord, Porto, ville marquée par ses activités commerciales et également centre universitaire -, ne reste pas en marge du mouvement d'expansion du fado. En effet, à partir de l'introduction du gramophone au Portugal en 1905, l'industrie du disque se développe, notamment à Porto, ce qui va contribuer à la fixation du fado comme genre artistique de mieux en mieux défini.

• Entre 1903 et 1915, alors que le marché du disque est encore très libre (absence de contrats d'exclusivité), il enregistre à lui seul 140 fados auprès de 9 éditeurs, tous étrangers (dont l'allemand Odeon et le français Pathé). À partir de 1925, la Gramophone Company, éditeur anglais qui passe un accord avec le Grand Bazar de Porto - et également avec la Valentim de Carvalho (studios à Lisbonne dans la rua Augusta) -, devient un des piliers de l'industrie du disque au Portugal. Pour le label His masters voice sont ainsi enregistrés de nombreux chanteurs, difusés dans les plus grandes villes portugaises : Adelina Fernandes, Maria Silva (Mariasinha) ou encore le guitariste Armandinho. Les enregistrements ont majoritairement lieu à Lisbonne mais tout le travail de production, de fabrication et de mise en vente est géré depuis Porto, en lien avec le siège anglais de Hayes (Middlesex).

• http://www.youtube.com/watch?v=2mX1JDG1xI0 • http://www.youtube.com/watch?v=s0j5yVIKzE4

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3e phase (1930-1970)• Professionnalisation• Élimination de l’improvisation.• Essor de radiodiffusion, des

enregistrements et des films qui ont contribué à la diffusion du fado.

• Fado comme “chant national”, “l’ame portugaise”. Contre ceux qui insistent, critique son univers social, ses limites musicales.

• Mais après la révolution des Oeillets en raison de sa “compromis” avec l’ancien régime une période d’activité ralentie…

• http://www.youtube.com/watch?v=jzvLD8PG7SQ

• http://www.youtube.com/watch?v=GoU33TXMdwU

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Nouveau folklore?• Au cours des années 1930, le fado devient un spectacle à part entière,

fait par des professionnels, pour un public au pouvoir d'achat conséquent.

• Il pénètre ainsi de nouveaux espaces de diffusion plus sophistiqués, aux critères de confort bourgeois : salles de théâtre rénovées, mais aussi nouvelles maisons de fado.

• Par conséquent, le fado qui jusqu'ici avait toujours dû se forger une place là où il pouvait se trouve, presque du jour au lendemain, circonscrit dans des lieux choisis qui désormais lui sont exclusivement dédiés.

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utilisation des médiasDès l'avènement du régime autoritaire, le fado devient un sujet polémique très virulent dans la

presse, notamment la presse spécialisée, apparue dans les années 1920 - A Guitarra de Portugal en 1922, A Cançâo do Sul en 1923, O Fado

Les quotidiens nationaux, proches du régime, tels que le Diário de Noticias, divulguent une image d'abord très dépréciative du fado : « Des maisons pour souffrir, avec des tables, des chaises et des boissons, tristissimes ! et fréquentées par tous ceux qui aiment pleuer en public, sans peur du ridicule. Venez et vous verrez!51» Cependant, si le recours à la caricature permet de rendre certaines prises de position envers le fado plus accessibles pour un public qui ne sait pas lire, seule une faible partie de la population peut accéder à ces débats développés dans la presse écrite.

Dans les années 1930, la radio devient l'outil privilégié de l'État Nouveau. Alors que depuis 1925 l'activité des stations de radio amateurs est intense le régime décide en 1935 de créer la monopolistique Emissora Nacional.

Une campagne d'émissions radiophoniques sur le fado y est conduite par Luis Moita en 1936, donnant lieu la même année à la publication de l'ouvrage Fado, chanson de vaincus dédié à la Jeunesse portugaise. Il réunit des discours haineux contre le fado, qualifié morbide et diabolique : «Le fado, tant par ses paroles que par la mélodie spéciale qui le caractérise, est la négation de tous les idéaux nobles de la vie. [...] Il amollit les nerfs, affaiblit la volonté et abrutit l'intelligence, comme l'opium. » Ou…« Le fado exprime l'état d'inertie et d'infériorité sentimentale dans lequel notre pays est plongé depuis longtemps et dont il est urgent qu'il sorte. Le Portugal est en effet un malade moral et le fado suffit à en diagnostiquer la maladie. »

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Fado dans les medias

• L'utilisation des médias de masse - la radio, suivie dans les années 1950 par la télévision - permet de véhiculer et d'ancrer dans les mémoires les thèmes favoris du régime. Ainsi, le Fado de cada um (Le Fado de chacun), qui rythme le film Fado, histôria d’uma cantadeira (Histoire d'une chanteuse), fait du destin une notion catholique absolument pacifiée. Il devient un leitmotiv fataliste qui tend à uniformiser la vie de fadiste, et par identification la vie de toute femme portugaise :

• Bem pensado Quand on y songe• Todos temos nosso fado ! Nous avons tous notre fado !• E quem nasce mal fadado, Et celui qui naît dans la

malchance,• Melhor fado nâo terâ. Ne connaîtra pas de jours meilleurs.• Fado ê sorte... Le fado, c'est le sort...• E do berço até à morte Et du berceau jusqu'à la mort

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Uma casa portuguesa

• D'autres textes tels que Uma casa portuguesa (Une maison por tugaise) idéalisent et banalisent l'acceptation de la pauvreté :

• Numa casa portuguesa fica bem Dans une maison portugaise, c'est bien• Pào e. vinko sobre a mesa Le pain et le vin sur la table• Quando à porta humildemente bate alguém Quand quelqu'un frappe humblement à la porte•

Sentase á mesa da gente (...) Fica bem esta franqueza fica bem Que o povo nunca desmente A alegría da pobreza Está nesta grande riqueza De dar e ficar contente.

• On l'invite à s'asseoir à table (...) On est bien avec cette franchise Que le peuple jamais ne trahit L'allégresse de la pauvreté Fait toute cette grande richesse D'être content de donner.

• http://www.youtube.com/watch?v=NzJdN4-NkaQ •

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Résistances et clandestinité • Si le fado devient incontestablement pour le régime un instrument de

propagande, ses acteurs restent attachés à sa liberté d'expression. Un fado clandestin s'organise dans les quartiers.

• N'y participent que les chanteurs déjà connus, dont la fidélité est assurée au sein de ces cercles initiés. On y chante les fados interdits. Ainsi, Mae prêta,

• http://www.youtube.com/watch?v=5NX32PqN9QY évoquant l'esclavage, traverse plusieurs décennies de dictature; malgré son interdiction, il se transmet d'une génération à l'autre. Sa musique marquée par le Brésil - le guitariste de viola frappe la caisse de son instrument, à la manière d'une percussion africaine - reste également vivace à travers le nouveau poème que David Mourâo Ferreira écrit dans les années 1950, à la demande d'Amâlia Rodrigues : Barco negro (Bateau noir). http://www.youtube.com/watch?v=HgkowHa2jZ4&feature=related

• Par ailleurs, la voix de certains chanteurs, politiquement marqués, symbolise une certaine lutte associée à l'extrême gauche, à travers des personnalités comme celle de Carlos do Carmo, dont la popularité s'affirme après la révolution des Œillets.

• http://www.youtube.com/watch?v=_Fr-ulGQi4Q

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La transition démocratique : le fado en crise• Plusieurs décennies après la fin de la dictature, on présente encore le fado, jusque dans

les guides touristiques actuels, comme un des «3 F» de l'État Nouveau : fado, Fâtima, football - un chant, un sanctuaire, un sport; trois pôles d'un cercle obscurantiste tracé par le régime autoritaire autour d'une population fortement rurale et analphabète.

• L'apprentissage de la démocratie portugaise est ainsi marqué par des expiations collectives et surtout par le besoin de trouver des symboles pour cette dictature pernicieuse et diffuse, dont tout le pays était si imprégné. Le fado, amputé d'une grande partie de son histoire, dut faire les frais de cette stigmatisation réductrice. En oubliant l'autodéfense à laquelle le régime l'avait contraint, on accusait le fado de ne pas avoir été suffisamment un chant de révolte, une arme d'attaque.

• De vieux arguments de faiblesse et de défaitisme ont ressurgi durant cette période post-révolutionnaire, faisant étrangement écho aux chefs d'accusation utilisés quelques décennies plus tôt, non par les opposants au salazarisme, mais par ses plus ardents défenseurs, qui justifiaient ainsi la nécessaire transformation du fado. Ainsi, pendant très longtemps - et dans une certaine mesure, aujourd'hui encore - le fado reste socialement identifié par les élites portugaises comme un chant de droite.

• http://www.youtube.com/watch?v=HPbRpqBKKL0 • http://www.youtube.com/watch?v=OfL8beUReNA

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Fado pour touristes

• L'objectif principalement touristique de ces endroits s'affirme de plus en plus tout au long des années 1950 et 1960. Caractérisés par un décor et une mise en scène travaillés, ces lieux entourent le fado de codifications prestigieuses (l'estrade, le châle et la tenue des chanteurs) tout en désamorçant les interactions avec le public. Ici, l'assistance n'a plus comme seule liberté que de suivre les indications données par le chanteur qui invite ou non à frapper dans ses mains ou à entonner un refrain... http://www.youtube.com/watch?v=gH81R5UmLAo

• D'une expression spontanée, le fado prend ainsi des allures de folklore réglé et codifié, vendu au regard consommateur des touristes et de la bourgeoisie. Ainsi mis en scène, le fado, qui perd son caractère d'accessibilité, est proposé comme une consommation non participative, fermée aux interactions avec la salle.

• Désormais, chaque chanteur ou guitariste est l'acteur d'une nouvelle performance d'interprétation qui se doit d'être de plus en plus virtuose. Car, parallèlement, les enjeux financiers deviennent de plus en plus importants; une bonne prestation peut conduire au renouvellement d'un contrat ou à un enregistrement pour la radio.

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Novo fado

• Naissance d'un nouveau regard institutionnel À partir de 1986, l'entrée du Portugal dans l'Union européenne engendre de profondes modifications au sein de la société portugaise, et le statut du fado change sensiblement tout au long des années 1990, bénéficiant d'un nouveau regard institutionnel qui le décloisonne. Le fado cesse en effet d'être un tabou, il devient une réalité historique à comprendre et un nouvel objet d'étude. En 1994, dans le cadre du programme «Lisbonne, capitale européenne de la culture», une très belle exposition sur le fado à portée scientifique et documentaire est organisée par le musée d'Ethnologie : «Fado, voix et ombres». Cet événement culturel, qui rencontre un grand succès, joue un rôle charnière dans l'évolution de l'image du fado, qui devient connu, et reconnu, en tant que pratique sociale urbaine.

• Sous l'impulsion de cette exposition, naissent plusieurs autres initiatives : l'Académie des amis du fado et lAcadémie de la guitare portugaise et du fado69, visant entre autres à collecter d'anciens disques 78 tours enregistrés dans les premières décennies du siècle, et dont de nombreux exemplaires avaient brûlé avec les archives de la Valentim de Carvaîho dans l'incendie du Chiado en 1988. 48

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Novo fado 2• Toujours dans les années 1990, l'étude de la guitare portugaise est introduite au

Conservatoire de musique de Lisbonne, tandis que la Mairie s'apprête à ouvrir un nouvel équipement culturel : la Maison-musée du fado et de la guitare portugaise, projet inclus dans un plan de réhabilitation du quartier d'Alfama. Cette dernière ouvre ses portes en 1998 dans l'édifice du Recinto da Praia (ancienne station d'élévation des eaux). L'ensemble comprend des espaces de promotion de l'histoire du fado : en plus d'un centre de documentation, d'un auditorium pour l'organisation de conférences et de concerts, des expositions permanentes et temporaires mettent en valeur un fonds de douze mille pièces (photographies, extraits sonores, partitions, instruments, affiches, périodiques).

• Aspect plus inédit, la Maison-musée du fado propose également des espaces pour apprendre le fado, à travers des cours payants, prenant aussi le contre-pied de la notion traditionnelle d'apprentissage oral et informel du chant : cours de chant, cours de guitare portugaise, cours de viola de fado, cours de versification pour apprendre à composer des vers pour le fado. Certaines de ces activités ne fonctionnent pas de façon régulière, par manque d'inscriptions. En revanche, des écoles de fado associatives, qui fonctionnent grâce au bénévolat, se multiplient dans la région de Lisbonne, organisant avec l'aide de musiciens expérimentés des séances d'entraînement gratuites, plusieurs soirs par semaine.

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Fado au rang des musiques du monde

• http://www.youtube.com/watch?v=XdOE5ERp-s4 • Le fado au rang des musiques du monde : la nouvelle génération• Dans la continuité de ce nouvel intérêt public pour le fado, resté toujours très présent sous sa forme

populaire à l'échelle locale, celui-ci est également devenu ces dernières années un genre diffusé sur les scènes internationales. Profitant de l'ouverture du marché mondial aux musiques du monde, parmi lesquelles les musiques lusophones ont largement conquis leur espace, le fado devient un véritable produit culturel à la mode, déjà apprécié depuis plusieurs décennies en Asie, par exemple, et redécouvert plus récemment dans de nombreux pays.

• L'idée d'une renaissance du fado est déjà exploitée depuis le début des années 1990 à travers le concept commercial du Fado novo, désignant essentiellement des artistes n'ayant parfois qu'un lien ténu avec le fado (Amélia Muge) ou bien des interprètes de fado qui revendiquent - non nécessairement dans leur discours mais dans leur art - une certaine rupture avec la tradition (Dulce Pontes, Paulo Bragança).

• http://www.youtube.com/watch?v=QoEZB0XvEZQ• http://www.youtube.com/watch?v=NYlMdxp7Y9c

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Musée de Fado

• Le Musée de Fado ou Maison de Fado e Guitare Portugaise, a été inauguré le 25 septembre 1998, est un musée consacré au monde du fado et de la guitare. Le musée est situé dans le quartier d'Alfama, à Lisbonne, au Portugal.

Cet espace culturel, est actuellement une référence entre les lieus culturels de Lisbonne. Il dispose d'un noyau musée avec une exposition permanente, un espace pour les expositions temporaires, un centre de documentation, boutique, auditorium, un restaurant et de l'école, où les cours sont donnés en guitare portugais et viole de Fado, et où vous pourrez assister à un séminaire pour les paroliers et un cabinet de tests pour les interprètes.

L'exposition permanente est de fournir un hommage au fado et à son culte, en l'honneur des auteurs et des interprètes. Le musée raconte l'histoire du fado à travers différents environnements, où le Fado est important rôle, les ruelles et de voies de tavernes et les salons aristocratiques, le théâtre de la revue, la Fondation De La Chanson De Fado, la radio, l'enregistrement record, le cinéma, la télévision et Les Maisons De Fado. Il est également exposé une importante collection de copies de la guitare portugaise, appartenant à des enseignants et des artisans.

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Le monde du fado

• instruments• Guitarra • Viola –guitare classique• Harmonie musicale et personnelle, fadistas

choississent eux-memes les instrumentalistes.

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Le monde du fado -textes

• Maisons clos – vieux quartiers• Personnages liés au fado• Sentiments (amour, jalousie, vengeance,

haine)

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Le monde du fado - lieux

• Plusieurs sortes d’établissement.• Teatro revista• http://www.youtube.com/watch?v=

i2HpDaQwtow

• Casas tipicas –aussi pour une clientèle de touristes.

• http://www.youtube.com/watch?v=i-CW0JuIl6c

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Fado de Coimbra

• Fado des étudiants – fin 19e siècle

• Style différencié.• Une diffusion aux régions

rurales du Portugal par les émissions de radio.

• http://www.youtube.com/watch?v=XZX1si-4yTA

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Fado de Coimbra

• Dans la seconde moitié du xixe siècle, de nombreux étudiants, depuis la capitale et la province, partent pour leurs études dans la ville universitaire de Coimbra. Cultivant l'art de la guitare portugaise, ils développent un type particulier de sérénade qu'on appelle «chanson», «ballade» ou encore, par association à la tradition lisboète, «fado de Coimbra». Interprétée par des hommes, étudiants ou professeurs, cette chanson amoureuse et nostalgique se chante traditionnellement sous les fenêtres des belles amoureuses - les roulades vocales des chan teurs devant atteindre les fenêtres et conquérir leurs cœurs. Aujourd'hui, le fado de Coimbra est toujours interprété lors des rites de passage universitaires, notamment en fin d'année, aux mois de mai et juin.

• Cette chanson romantique plus élitiste donne lieu à la fabrication d'un certain type de guitare portugaise de Coimbra qui se reconnaît, outre sa forme plus arrondie et son accordage plus bas, par le motif en forme de larme qui ornemente la tête de l'instrument.

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Fado de Coimbra

• L'âge d'or du fado de Coimbra se situe dans les années 1920 et 1930, autour de figures telles que Edmundo de Bettencourt - étudiant en droit, originaire de l'île de Madère, également chanteur et poète –http://www.youtube.com/watch?v=xeRu3-zs9rEou encore Artur Paredes (1899-1980), grand guitariste qui permet une utilisation très innovante de l'instrument.

• http://www.youtube.com/watch?v=88SQggA1pto . Le docteur en médecine Antonio Menano (1895-1969), interprète et compositeur, s'illustre lui aussi, notamment à travers le Fado da Sé Velha, composition originale qu'il enregistre à Paris en 1927 et qui est restée un classique.

• http://www.youtube.com/watch?v=s0j5yVIKzE4Ce type de fado plus intellectuel et plus érudit musicalement se distingue radicalement de celui

de Lisbonne, notamment de par l'influence du bel canto italien. Le rythme du chant, plus traî nant, joue plus sur les changements de dynamique que sur la syncope du chant, et les mélodies sont plus élaborées. Les voix sont plus fortes et l'accompagnement à la guitare est techniquement plus riche. Le fado de Coimbra propose aussi de très nombreuses compositions pour guitares seules. 59

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• Fado traditionnel de Coïmbre lié aux traditions académiques de l'université de Coimbra. Il est chanté uniquement par des hommes dans la rue ou en société. Les chanteurs comme les musiciens sont en général habillés de l'habit académique traditionnel noir, pantalon, habit long et veste de laine. Les chanteurs qui chantent comme les troubadours du temps des rois, s'adressent aux « donzelles » (les étudiantes). Ce chant se pratique le soir, dans les rues et sur les places. Il est également courant d'entendre des sérénades, chants au-dessous de la fenêtre d'une dame que le chanteur tente de séduire.Le chant peut se pratiquer en groupe, appelé « tuna ». Ces groupes existent dans toutes les universités portugaises. Il arrive désormais également que de trouver des groupes féminins. Une rencontre annuelle de groupes de chant est organisée à Porto et rassemble des chanteurs provenant aussi bien d'Espagne, d'Italie que d'Argentine.Le fado de Coimbra peut être accompagné aussi bien à la guitare portugaise qu'à la guitare espagnole. La sonorité des fados de Lisbonne et de Coimbra sont cependant complètement différents.Les thèmes les plus chantés concernent les amours d'étudiants, l'amour à travers la ville, l'amour dans le voyage, ainsi que les références ironiques et critiques à l'esprit conservateur des professeurs d'université.

• Dans les années 1950, les nouveaux chanteurs de Coimbra se sont mis à adopter des thèmes folkloriques. On commença également a chanter les grands poètes classiques et contemporains, comme une forme de résistance à la dictature de Salazar.

• http://www.youtube.com/watch?v=2qB_4_aUsqE

• http://www.youtube.com/watch?v=81ZEe61wnGY

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• Le Fado de Lisbonne • Ce genre est originaire des quartiers populaires de Lisbonne. Il est pratiqué aussi bien par des hommes que par des femmes. • Les thèmes les plus chantés de ce fado sont la saudade, la nostalgie, la tristesse, les petites histoires du quotidien des quartiers

typiques. Il s'agissait des thèmes autorisés sous le régime de Salazar avec le fado tragique, de tristesse et des passions résolues dans la violence, avec sang et pleurs. Les paroles en rapport avec des problèmes sociaux et politiques, ou bien les textes revendicatifs étaient censurés.Les fadistes de ce genre « classique » les plus connus étaient Carlos Ramos, Alfredo Duarte Marceneiro, Berta Cardoso, Maria Teresa de Noronha, Hermínia Silva, Fernando Farinha, Fernando Maurício, Lucília do Carmo, Manuel de Almeida, entre autres.Le fado moderne a connu son apogée avec Amália Rodrigues Ce fut elle qui popularisa l'usage de textes de poètes célèbres.Le renouveau du fado est également associé au nom de João Braga, en raison de la qualité des poèmes qu'il chanta et mit en musique. Il a été une source d'inspiration pour toute une nouvelle génération de fadistes.Ce soin pour les paroles fut associé à de nouvelles formes d'accompagnement musical par de grands compositeurs. Il faut en particulier remarquer le travail d'Alain Oulman, mis en avant par Amália Rodrigues.

• Le fado de Lisbonne est connu aujourd'hui pour être fréquemment accompagné au violon, au violoncelle ou à l'orchestre, mais il ne se dispense pas de la guitare portugaise. La guitare espagnole est également un instrument incontournable. Actuellement, une génération de chanteurs jeunes qui participent à la popularisation de genre musical.Le fado dit « typique » est de nos jours chanté principalement à destination des touristes, dans des établissements spécialisés, notamment dans les quartiers historiques de Lisbonne.

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Amalia Rodrigues

• Amalia Rodrigues (1920-1999)• Elle a fait des opérettes entre 1940-47• Passé en Espagne en 1943, Brésil en 1944.• Des enregistrements en 1945• 11 films• http://www.youtube.com/watch?v=K6gTbDhP7eU• http://www.youtube.com/watch?v=VGhFk72TMbg• http://www.youtube.com/watch?v=aAwx5gkEgQ8 • http://www.youtube.com/watch?v=8rzMKV0ruhk&f

eature=related• http://www.youtube.com/watch?v=5Z9lkr-imtQ&fea

ture=relmfu• http://www.youtube.com/watch?v=YBX80AsYSGs&f

eature=relmfu

• http://www.youtube.com/watch?v=ZNCfktEU5L8&feature=related

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Novo fado - exemples

• http://www.youtube.com/watch?v=5ElLSBx9Jo8• http://www.youtube.com/watch?v=cZllAPWMOIw• http://www.youtube.com/watch?v=lh9YHtZzHfk• http://www.youtube.com/watch?v=Cp02OFhifhY• http://www.youtube.com/watch?v=dmxUN5LiqQs• http://www.youtube.com/watch?v=yejaUUBqtr0&feature=rel

ated

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livres

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albums

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Fado dans l’espace virtuel

• Sites :

• http://www.clube-de-fado.com/pt/intro.html

• http://www.ofado.com/

• http://www.portugalmania.com/culture/fado/fado1.htm

• http://www.bibliomonde.com/donnee/portugal-musique-202.html

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Page 68: FADO,  ou  la  transformation d’une culture populaire

Fado à l’Eurovision

• http://www.youtube.com/watch?v=_bsJiAN8PFM

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Fado et gentrification???

• http://www.leparisien.fr/flash-actualite-culture/a-lisbonne-le-quartier-de-la-mouraria-veut-redorer-son-image-grace-au-fado-31-07-2012-2108921.php

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A Lisbonne, le quartier de la Mouraria veut redorer son image grâce au fado 31.07.2012, Le Parisien.

• La Mouraria, l'un des plus anciens quartiers de Lisbonne, souvent associé aux problèmes de drogue et de prostitution, veut changer son image grâce au fado, ce chant traditionnel mélancolique né dans ses ruelles au 19e siècle. | Patricia de Melo Moreira

• La Mouraria, l'un des plus anciens quartiers de Lisbonne, souvent associé aux problèmes de drogue et de prostitution, veut changer son image grâce au fado, ce chant traditionnel mélancolique né dans ses ruelles au 19e siècle.Exclu des circuits touristiques, méconnu des Lisboètes et longtemps ignoré par les pouvoirs publics, la Mouraria, dont le nom renvoie aux Maures qui y ont habité il y a plus de neuf siècles, ne manque pourtant pas d'atouts.

• Avec son dédale de venelles étroites, ses escaliers en pente, ses places pavées, ses fontaines en pierre, ses vieux immeubles décrépits, le linge qui sèche aux fenêtres, ce quartier populaire où cohabitent Portugais, Indiens, Pakistanais, Africains et Chinois, est l'un des plus authentiques de la capitale portugaise.Décidés à redorer l'image de leur "bairro", des habitants, regroupés au sein de l'Association "Renovar a Mouraria" (Réhabiliter la Mouraria) créée en 2008, ont eu l'idée d'organiser des visites chantées gratuites pour faire découvrir, avec des artistes du fado, leur quartier dédaigné."Le but de cette initiative est de rendre ce quartier plus vivant, de faire venir aussi bien les Portugais que les touristes", explique Inês Andrade, présidente de l'association.Jusqu'à fin septembre, du vendredi au dimanche, des guides bénévoles donnent rendez-vous aux curieux en fin d'après-midi à l'entrée de la Mouraria, au pied de la petite chapelle blanche surmontée d'une croix noire en fer forgé, Nossa Senhora da Saude."Pendant de nombreux siècles ce quartier a été oublié à tort", lance le guide Nuno Franco, un habitant du quartier âgé de 54 ans entouré de musiciens et chanteurs. 70

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A Lisbonne, le quartier de la Mouraria veut redorer son image grâce au fado Le Parisien, 31 juillet 2012

• Le berceau du fado"Le fado est né ici, à partir des chansons traditionnelles africaines. Il est rapidement devenu le chant des classes populaires et des marins de passage" au retour de leurs expéditions maritimes, poursuit le guide devant un monument en pierre en forme de guitare rappelant qu'on entre ici "dans le berceau du fado".C'est dans l'une des ruelles du quartier qu'est née au XIXe siècle Severa, la première grande chanteuse de fado, dans une petite maison en pierre.Arrêt obligatoire devant la petite place qui porte son nom pour un "fado à desgarrada", un chant où s'affronte un couple de chanteurs dans une joute improvisée.Après environ une heure, la visite se termine par un célèbre fado sur Lisbonne, rendu célèbre par la diva Amalia Rodrigues. La foule reprend le refrain en coeur, en frappant des mains: "cheira bem, cheira a Lisboa (Ca sent bon, ça sent Lisbonne)...", sous le regard des habitants accoudés aux fenêtres."C'est une façon très originale de découvrir un quartier", confie ravi Pasquale Rubino, un touriste italien."J'habite ici depuis plus de cinquante ans et j'ai appris plein de choses", se réjouit une Lisboète sexagénaire qui s'est glissée dans le groupe au cours de la visite.Cette initiative, soutenue par la mairie de Lisbonne, fait également partie des engagements pris auprès de l'Unesco, qui a inscrit l'année dernière le fado à son patrimoine culturel immatériel."Notre objectif est que ceux qui habitent ici retrouvent leur fierté, d'attirer de nouvelles personnes et aussi d'aider l'économie du quartier", durement frappé par le chômage, indique le maire socialiste de Lisbonne, Antonio Costa."Nous pensons que le fado peut être un bon moyen d'y contribuer", ajoute le maire qui a installé l'année dernière ses bureaux à quelques rues de la Mouraria, au coeur de l'une de zones les plus mal famées de la capitale, afin dit-il "d'envoyer un signal de confiance".

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Fado comme patrimoine culturel

• Le 27 novembre 2011, le Fado a été inscrit au Patrimoine culturel immatériel de l’Humanité

• http://www.courrierinternational.com/breve/2011/11/28/le-fado-patrimoine-de-l-humanite

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