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© Jeremy FASSIO - Avril 2012 BACHELOR DESIGN GRAPHIQUE Promotion 2011-2012 / IBGD4 Mémoire professionnel Quels Designs pour quelles lectures au 21 e siècle ? COMMENT ENVISAGER LE LIVRE, SA LECTURE ET SON DESIGN APRES LA REVOLUTION NUMERIQUE ? Jeremy FASSIO Directeur de mémoire / Gilles Juan CAMPUS DE LA FONDERIE DE L’IMAGE Cna Cefag - 80, rue Jules Ferry, 93170 Bagnolet - France

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BACHELOR DESIGN GRAPHIQUE

Promotion 2011-2012 / IBGD4

M é m o i r e p r o f e s s i o n n e l

Quels Designs pour quel les

lectures au 21e s iècle ?

COMMENT ENVISAGER LE LIVRE, SA LECTURE ET

SON DESIGN APRES LA REVOLUTION NUMERIQUE ?

Jeremy FASSIO

Directeur de mémoire / Gilles Juan

CAMPUS DE LA FONDERIE DE L’IMAGE

Cna Cefag - 80, rue Jules Ferry, 93170 Bagnolet - France

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Remerciements

Aux formateurs du Bachelor Design graphique promotion 2012 et tout

particulièrement à Monsieur Jérôme Spick et à mon directeur de mémoire Monsieur

Gilles Juan. Je remercie aussi ma mère sans qui je ne serais pas venu au monde mais

également Dietrich Mateschitz ainsi qu'àChaleo Yoovidhya à qui l'on doit la création

d'une fameuse boisson énergisante à base de taurine.

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QUELS DESIGNS

POUR QUELLES LECTURES

AU 21e SIECLE ?

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Sommaire

Introduction .................................................................................................................. 5

I. La lecture numérique, du papier à l'écran : Transformation du livre en machine .... 7

A. Qu’est-ce que le numérique ? .......................................................................... 7 1. La genèse : .................................................................................................. 7

2. Les différents types de livres numériques .................................................... 8 3. Son fonctionnement ..................................................................................... 9

B. Le passage d'un support à l'autre ................................................................... 10

1. La faible qualité graphique de la lecture sur écran ..................................... 10 2. Tend pourtant à s'améliorer ........................................................................ 11

C. Vers de nouvelles dimensions dans l'expérience de lecture ........................... 11 1. La mobilité des supports numériques entraîne un retour vers l'intime.......................... 11

2. La lecture numérique : du lecteur à l'utilisateur .......................................... 12

II. Les graphistes assument-ils les nouveaux supports de lecture ?............................ 14

A. Le passage d'un support à l'autre ................................................................... 14 1. Le mimétisme de la lecture papier ............................................................. 14

2. L'insuffisance du livre homothétique ......................................................... 15 B. Quand les designers assument leurs supports. ................................................ 16

1. Au-delà des limites du papier .................................................................... 16 2. Quand les designers assument le support numérique .................................. 17

3. Le retour au tangible.................................................................................. 20

III. L'évolution du métier de designer du livre ........................................................ 26

A. Le livre Digital vers une pratique en soi ....................................................... 26 1. Vers une approche Transmédia .................................................................. 26

2. Plusieurs types de lectures donc différents besoins .................................... 27 B. La réappropriation par les designers .............................................................. 28

1. La fin de l'hégémonie des techniciens ........................................................ 28 2. Les graphistes ne doivent pas devenir des développeurs ............................ 28

3. Mais travailler en étroite collaboration avec eux ........................................ 29 C. Mais qui nécessite leur évolution .................................................................. 30

1. De nouveaux outils .................................................................................... 30 2. Soutenu par un savoir traditionnel : le design graphique ............................ 31

Conclusion .................................................................................................................. 32

Bibliographie : ............................................................................................................ 35

Annexes : .................................................................................................................... 38

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Introduction

A l'heure de l’avènement d'Internet et de la démocratisation des supports

numériques, des tablettes, des liseuses et autres Smartphones, les hommes n'ont jamais

passé autant de temps devant des écrans et donc autant de temps à lire. En effet, Internet

n'est à la base qu'une succession de pages de textes, constituées d'hyper textes de toutes

sortes et de toutes provenances. Tout un chacun peut lire et écrire des textes et les

diffuser. De plus, l'arrivée des liseuses des géants d'Internet que sont Amazon et Google

montre bien l’engouement d'un nouveau marché en train d'éclore, celui de l'édition

numérique. Une étude réalisée par le Pew Research Center, datant du 4 avril 2012, met

en lumière la considérable progression de la lecture sur support numérique aux États-

Unis, près d’1 américain sur 5 aurait lu un livre sur un support numérique tel que

tablette ou liseuse au cours de l'année 2011. L'Europe n'est pas en reste et la part de

l'édition numérique, même si elle est encore minoritaire, tend à s’agrandir. Les

principaux acteurs de l'édition l'ont bien compris, pour preuve la part plus importante

que les maisons d'édition ont accordé au numérique durant le dernier Salon du livre.

La révolution numérique en marche influence nos habitudes de lecture, on peut

alors se questionner sur la nature même de cette lecture, sur l'avenir du livre tel que

nous le connaissions jusqu'à présent. Quelles formes prendra le livre dans les années à

venir et pour quels usages ? Quels designs pour quelles lectures au 21e siècle ? Plus

précisément, comment envisager le livre, sa lecture et son design en ce siècle, après la

grande révolution des médias numériques ?

J'ai voulu dans ce mémoire me questionner sur l'acte de lire sur les formats

numériques, afin d'imaginer quels designs pourraient en découler mais aussi quelle

influence ces métamorphoses pourraient avoir sur le métier de designer dans le monde

du livre post-révolution numérique.

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Traiter ce sujet pose problème. Tout d'abord l'édition numérique est en pleine

effervescence. Nous en sommes encore aux balbutiements du livre numérique, il évolue

constamment et voit l'apparition de nouveaux formats et de nouvelles applications tous

les jours.

Par conséquent, il n'existe pas encore d'ouvrage exhaustif traitant cette question. La

majeure partie des informations sont pour le moment issues de sites internet, blog, et

réseaux sociaux. Le monde du livre est à l’aube d’un changement profond comme

l'affirme Carin Goldberg designer et professeur à « School of Visual Arts », « le

changement est en marche, et l’avenir du livre se déroule à l’heure actuelle ».

Pour preuve, trois conférences concernant le design et l'avenir du livre ont eu lieu en ce

début d'année, à New York, Boston et Paris.

Deuxièmement, l'aspect du design graphique n'est quasiment pas traité. C'est en

général les points de vue des éditeurs, des auteurs, et des lecteurs que l'on trouve dans

les publication. En effet, alors qu’on trouve un grand nombre d’articles qui traitent du

devenir économique du support numérique, la question du design et de sa création est

pour ainsi dire quasi inexistante.

C’est justement l’objet de ce mémoire. Envisager le livre non pas dans son aspect

économique mais bien sur ses particularités et les possibilités que celui-ci offre aux

designers.

Ce n’est pas tant l'aspect technique mais davantage les nouvelles expériences de

lectures ainsi que l’avenir qui s'ouvrent aux designers qui nous intéressent. Le présent

mémoire a pour objectif de tenter de définir le rôle que pourra avoir le designer

graphique dans le monde de l'édition numérique. Faire découvrir un nouveau champ

d’intervention aux designers graphiques pour un sujet encore majoritairement méconnu

par ceux-ci.

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I. La lecture numérique, du papier à l'écran :

Transformation du livre en machine

L'acte de lire a évolué, dans le temps, au travers d'avancées technologiques,

appelées technologies de lecture. La première évolution fut le passage de la lecture orale

à la lecture silencieuse, l’écriture sur livre relié permit une lecture solitaire personnelle

et intime. L'impression de la Bible à deux colonnes de Gutenberg révolutionna la

production et la diffusion du livre. La création de l'in-octavo, ancêtre du format de

poche, aisément transportable et manipulable et du premier caractère italique par Alde

Manuce furent aussi des avancées technologiques. La création de nouvelles

typographies telles que le Garamond, furent des technologies qui participèrent à la

métamorphose du livre et de sa lecture. Aujourd'hui, nous arrivons à une nouvelle

évolution du livre, qui comme pour la musique ou la vidéo, se dématérialise et

transforme le livre en machine.

A. Qu’est-ce que le numérique ?

1. La genèse :

Les prémices du livre numérique datent du début des années 70, avec l'arrivée des

premiers ordinateurs et avant la révolution Internet. Michael Hart, alors étudiant à

l’Université d’Illinois (États-Unis), crée en 1971, le projet Gutenberg, ayant pour but de

numériser des livres papier, le premier d'entre eux fut la Déclaration d'indépendance des

États-Unis qui correspondra à un fichier de 5 Ko5.

Entre 1992 et 1993, F. Crugnola et I. Rigamonti, pour leur thèse de polytechnique

de Milan, projettent et réalisent le premier e-reader (support électronique pour la lecture

seule de textes) qu'ils nommèrent d'un nom particulièrement révélateur « INCIPIT ».

Par la suite, le Web va booster l'e-book, de plus en plus de textes vont être disponibles

en ligne et en 1993 l'Online Books Page recense l'ensemble des e-books gratuits.

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En 1995 Amazon devient la plus grande librairie Online. Vers la fin des années 90,

les bibliothèques emménagent sur le Web et les bibliothécaires deviennent

cyberthécaires. 2001 voit l'arrivée des Copyrights, Copyleft et Creative Commons. Les

auteurs sont de plus en plus présents sur le Web, et créent des œuvres directement pour

Internet. Vers 2003, les nouveautés ont commencé à sortir en version numérique,

parallèlement aux versions papier.

Depuis 2007, avec l'arrivée de l'Iphone et autres Smartphones, nous lisons sur

divers appareils électroniques. Les liseuses, terme français pour désigner les appareils

qui ne servent qu'à la lecture, se démocratisent comme l'atteste le Kindle d'Amazon à

99 €. Toutes les marques veulent avoir leurs propres appareils, même si toutes les

machines ne lisent pas les mêmes formats de fichiers. Le e-pub3, pour « Electronic

publishing », est le format de référence aujourd'hui. Mais d'un point de vue graphique,

de design et d'interface, l'e-book ne semble pas encore avoir pris son indépendance vis-

à-vis de son aîné papier et il semble même qu'il ait connu une régression concernant sa

mise en page.

2. Les différents types de livres numériques

Il ne faut pas voir le livre numérique comme un produit exportable de support en

support, le livre est contraint par un format qui influe sur son écriture et sa lecture.

Il existe en réalité plusieurs types de livres numériques.

Joseph Esposito, a publié sur le blog « The Scholarly Kitchen » un texte où il

s'interroge sur la nature des livres numériques. Il y distingue 6 formats de livres

numériques :

le livre Homothétique : correspond à la version PDF d'un livre papier, totalement figé.

l'e-book classique : c'est l’e-pub, en fait très proche du livre papier et qui autorise

seulement quelques modifications mineures comme le changement de police, des

annotations, soulignements, dictionnaire. Il peut être lu sur différentes surfaces.

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le livre augmenté : « Enhanced book » : il ne comprend pas seulement du texte, mais

des vidéos, photos, sons.

le livre mobilisateur : « Muscular book »: c'est le livre ré-ajustable, réinscriptible,

annotable, comparable. Livre dont le texte s'étire et n'est pas figé.

le livre social : peut prendre des formes variées : simples commentaires, vote pour

choisir la fin d'un livre, livre Wiki en gestation permanente.

le livre staccato : il s'agit d'un livre écrit selon des contraintes précises, comme celles

de Twitter, 140 caractères maximum. Il évoque donc un livre bref, une suite de mots

articulés en une phrase concise, par de petites touches successives, qu'on réunira pour

former un tout.

Nous nous attarderons principalement sur les 3 premiers types de livres numériques.

Pour ma part, j'englobe également dans les livres homothétiques ce qu'il appelle les

e-books classiques, que je distingue des livres augmentés mais également d'une autre

catégorie, dont nous parlerons dans la deuxième partie, que sont les livres hybrides entre

papier et numérique.

3. Son fonctionnement

Le livre numérique utilise les mêmes langages que le web soit le couple HTML/

CSS. Sans trop rentrer dans les détails un livre numérique est une sorte de site web en

circuit fermé, avec un code légèrement simplifié, pensé dans l'optique de lire et dispo-

sant de spécificités propres. Les liseuses et application sont donc des appareils disposant

d'un simulacre de navigateur web comme chrome ou Internet Explorer, qui interprète du

code HTML. Par exemple, l'Ibooks utilise Webkit basé sur le moteur de rendu de safari

son navigateur web. Simplement, la forme a été quelque peu adaptée pour le livre numé-

rique de sorte qu'au lieu de scroller nous tournons des pages.

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B. Le passage d'un support à l'autre

1. La faible qualité graphique de la lecture sur écran

Avec l'arrivée des premiers ordinateurs grand public et la démocratisation de la

lecture sur écran, nous avons perdu énormément de finesse dans la qualité

typographique avec notamment la disparition d'éléments comme le multicolonnage, de

la plupart des typographies (95 % du Web sont réalisés avec 5 typographies), des

césures, des ligatures, en bref la disparition de la plupart des règles typographiques et de

mise en page, soit des siècles de graphisme. Autant d’ingrédients qui, une fois disparus,

ont appauvri l'expérience de lecture sur écran.

Le design de l'e-book connaît d'autres problèmes. Il n'est pas encore possible

aujourd'hui de reproduire pour les livres numériques tout ce que peuvent afficher nos

navigateurs, nous revenons quelques années en arrière. Ce qui est bien dommage.

Certaines mises en page peuvent complètement sauter sur certaines liseuses et obligent à

standardiser vers le bas et faire d'énormes compromis sur le design.

De plus, les fabricants ou (revendeurs) de liseuses et supports de lecture, ne se sont

pas mis d'accord entre eux, certains comme Apple, exigent qu'une page ait forcément

une marge et il est également impossible de mettre un fond (couleur ou photos) en

pleine page. Ceci n'est pas dû aux capacités techniques de leur machine mais bien à une

intrusion du revendeur dans la mise en page des livres publiés sur leur support. Il im-

pose un droit de regard sur le design, ce qui est particulièrement scandaleux. D'autant

plus que lorsqu'il s'agit d'une application livre il n'exige pas de mise en page particu-

lière.

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2. Tend pourtant à s'améliorer

L'écriture sur format numérique globalement s'est améliorée. Petit à petit,

l'apparition de l'anti-aliasing, pour « lisser » les pixels des typographies à l'écran,

(principe qui consiste à utiliser toute la palette des gris et plus seulement du noir et

blanc pour faire des transitions). La conception de typographie propre à l'écran ou

encore la création du Subpixel Rendering, (la méthode est similaire à l’antialiasing,

mais on utilise des pixels de couleur au lieu des niveaux de gris afin de n'allumer qu'une

partie du pixel, cela permet donc d'afficher des détails plus fins, au prix d'un léger

décalage des couleurs à l'écran. Néanmoins, l’œil humain étant plus sensible à la

luminosité qu'aux couleurs, cela ne pose généralement pas de problème).

La lecture sur liseuses s'est très largement améliorée en délaissant les écrans

rétroéclairés au profit d'encres numériques permettant ainsi une meilleure définition des

caractères. Le contraste entre le fond gris et le texte en noir ainsi que la possibilité

d'agrandir le corps des polices augmentent, là encore, le confort de lecture que certains

trouvent objectivement meilleur que celui sur papier.

Ces avancées techniques sont importantes mais c'est surtout l’exigence de

nombreux designers qui permettra de réamorcer la qualité de la typographie, de la ligne

du paragraphe, de la lecture sur écran en général.

C. Vers de nouvelles dimensions dans l'expérience de lecture

1. La mobilité des supports numériques entraîne un retour vers l'intime.

La démocratisation des différents lecteurs numériques portables permet, comme

pour le livre papier, de pouvoir lire partout et quand on veut. Le livre numérique prend

une forme réelle, physique, il devient un objet personnel, intime, en même temps

montrable à d'autres personnes et permet ainsi à nouveau l'échange. On peut partager et

discuter de ses lectures du moment, nous ne somme plus seuls devant un ordinateur.

Bien que pour le moment, en raison des droits d’accès, il ne soit pas encore possible de

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prêter un e-book (ces droits n'étant accordés qu'aux machines appartenant à l'acheteur) il

permet cependant de pouvoir télécharger le livre sur différents lecteurs à partir du même

compte, on pourra donc commencer à lire un livre dans le métro sur un Kindle,

poursuivre la lecture sur l'ordinateur de bureau et finir la lecture sur un Smartphone. Il

permet également de pouvoir transporter un grand nombre d'ouvrages et même si, pour

certains, ce point peut paraître superflu, de pouvoir transporter toute sa bibliothèque.

Il semble tout de même très avantageux de pouvoir se référer quand on le souhaite à un

de ses ouvrages. Le livre numérique, par ce biais, se place dans l'ensemble des situations

de notre réel, avec lesquelles nous pourrons être intimement liés.

2. La lecture numérique : du lecteur à l'utilisateur

Geoffrey Dorne dans un article sur son blog Graphisme & interactivité intitulé Les

nouvelles expériences de lecture du 16 mars 2012, explique que le lecteur est devenu

un utilisateur (Cf. Partie I), il fait chaque jour l'expérience de nouvelles formes de

lecture parfois très éloignées du livre, du journal et de l'objet imprimé.

La lecture sur support numérique et plus précisément Internet a modifié nos habitudes

de lecture. L'utilisation des réseaux sociaux, des blogs et des Wikis, a apporté son lot

d'innovations notamment celle de l'hypertexte. Catherine Becchetti-Bizot, Inspecteur

général de lettres, définit dans Les Dossiers de l'ingénierie éducative, n° 61, mars 2008,

la lecture hypertextuelle de cette manière : « C'est effectuer une série d'opérations

manuelles (cliquer sur des liens, ouvrir des fenêtres, faire apparaître ou défiler des pages,

mettre en relation des documents), mais aussi visuelles et auditives qui induisent des

postures intellectuelles nouvelles, où le lecteur est à la fois un explorateur, un spectateur

et un intervenant ou un auteur, impliquant de nouvelles responsabilités. »

Cette définition met l'accent sur la part importante qu'a le lecteur sur sa lecture, il

est défini par le terme explorateur. Il a à sa disposition, au sein même d'un texte, des

liens qui lui permettent d'approfondir des notions, il est actif dans sa lecture. Dans les

réseaux sociaux, ce sont d'autres utilisateurs qui vont pouvoir l'aiguiller sur une notion,

qu’il va s'approprier s’il le désire.

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De document inerte, le livre va devenir une véritable machine. Il n'y aura pas de

limites au champ de la fiction. Le livre numérique ne pourra pas être seulement la

transposition d'une œuvre papier au format numérique car, comme le dit Gwendal Bihan,

fondateur de la librairie numérique Leezam, « On ne pourra pas passer autant de temps à

lire sur l'écran que sur du papier mais on pourra picorer de la littérature, des textes

courts, comme on pioche des news et des contenus sur le Web. »

Pour Nils Aziosmanof, le Président du Cube, « L'histoire deviendra de plus en plus un

dispositif mettant en scène le lecteur, un scénario dynamique évoluant en fonction de

ses interactions. Le style portera sur la qualité du mode de relation entre le lecteur et

l’œuvre, sur les nouvelles expériences de lecture. Le numérique ouvre l'ère du « livre

d'attraction », un monde à inventer. »

Le support numérique apporte donc au lecteur différentes formes d’enrichissements, on

peut imaginer la possibilité d'écouter les récits interprétés par leurs auteurs, des essais

enrichis par leurs lecteurs, des romans plus immersifs, ou des manuels scolaires plus

didactiques.

Maintenant que nous cernons mieux ce que peut être un livre numérique, les limites

qu'il peut avoir dans le cas du livre homothétique ainsi que les nouvelles expériences

qu'il produit, nous allons voir comment les designers prennent possession des nouveaux

supports de lecture à leur disposition.

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II. Les graphistes assument-ils les nouveaux supports de lecture ?

Nous allons voir, dans un premier temps, que les designers ont pour le moment été

assez timides sur le support numérique, puis nous verrons des exemples de ce que peut

produire comme nouvelles expériences de lecture un support bien assumé ainsi que les

expériences hybrides entre papier et numérique.

A. Le passage d'un support à l'autre

1. Le mimétisme de la lecture papier

Nous sommes passés ces dernières années, concernant la production d'ouvrages

numériques, par une phase de mimétisme assez simpliste. Nous avons été envahis par

des carrousels et des livres en flash avec des pages qui se tournent. Tout a été fait pour

rappeler la manière de lire sur format imprimé, quitte à être dans un premier degré

réducteur. Cette première phase de mimétisme a laissé place à une seconde dans laquelle

nous sommes encore et qui est celle de la métaphore du livre. Nous sommes à un degré

de mimétisme légèrement moins direct qui retranscrit l'expérience du livre papier mais

en passant par des « indices ». L'apparition de coins de page pliés, des textures de papier

contenant du grain, les typographies vieillies ou même, comme dans une des

applications de Sherlock Holmes sur Ipad, le bruit des pages qui se tournent.

On peut se questionner sur l’intérêt de tels dispositifs dans l'expérience de lecture,

qui ressemblent d'avantage à une démonstration technique et ne permettent pas de

s'éloigner radicalement du livre homothétique.

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2. L'insuffisance du livre homothétique

Il faut différencier le livre numérisé « homothétique », qui n’est qu’une

reproduction telle quelle du contenu d’un livre papier et le livre numérique « natif » qui

est une création à part entière, incluant de nouvelles fonctionnalités.

Est défini par l’appellation « homothétique » le livre qui est la numérisation du livre

papier, comme le fait la BNF qui scanne une partie de ses ouvrages en vue de leur

conservation. Mais également Google avec Google Livre, qui numérise de manière

intensive des ouvrages afin de les rendre consultables sur sa plate-forme qui contenait

déjà 15 millions de livres en 2010, mais pour seulement 3 millions d'ouvrages

réellement consultables notamment à cause de nombreux problèmes de droits d'auteur.

Autres ouvrages que je caractériserai par l’appellation « homothétiques », ce sont

les livres étant la simple transcription numérique du livre papier. Ils sortent en parallèle

du format papier, en général au format PDF (Portable Document Format) ou bien au

format e-pub non enrichie. Ils sont une reproduction numérique des ouvrages avec le

même contenu que les livres papier. Même si, pour certains d’entre eux, ils sont une

solution tout à fait acceptable (tous les livres n'ont pas à être forcement interactifs) la

retranscription dont ils font preuve en numérique est globalement en général en deçà de

la version papier.

Ces ouvrages sont limités. Ils correspondent à une transposition sans modification

du format papier au numérique, qui, même si elle permet l'archivage et la pérennité des

millions d’œuvres déjà écrites ainsi que l'élargissement de sa diffusion (possibilité

d'obtenir un livre sans devoir attendre sa réédition), est insuffisante lorsqu'il s'agit de

nouveaux ouvrages. La transcription brute d'un livre papier au format numérique ne

permet pas d'apporter une spécificité et une singularité au format digital. C'est pour cela

que la vente de livre numérique n'a pas encore explosé, le lecteur ne percevant pas

forcément l'avantage d’acquérir une version similaire pour un prix quasiment identique

mais nécessitant, en plus, l’obtention d'un lecteur spécifique s’il veut pouvoir exercer sa

lecture de manière nomade.

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Après avoir souligné l'insuffisance des livres homothétiques, nous allons voir les

nouvelles dimensions de lecture que proposent les livres dits « natifs ».

Que se passe-t-il lorsque les designers prennent réellement possession de leurs supports ?

B. Quand les designers assument leurs supports.

1. Au-delà des limites du papier

Il y a eu déjà une volonté dans le support papier d'expérimenter, de repousser les

limites du support et de proposer d'autres formes de lecture. Stéphane Mallarmé, dès

1897 dans Un coup de dés jamais n'abolira le hasard, réfléchissait à la mise en page de

ses textes qui participaient à l'expérience de lecture. C'est également le cas de Massin

dans sa célèbre mise en page de La Cantatrice Chauve et de Raymond Queneau

dans Cent mille milliards de poèmes , Paris, Gallimard, 1961 avec son livre en éventail.

Ou bien l'exemple de James Patterson qui fournissait des CD audio afin de pouvoir

profiter pleinement de la lecture de ses textes. Les livres pour enfants Pop-up sont aussi

un très bon exemple du questionnement du support 2D. Marion Bataille a d’ailleurs

travaillé sur un Abécédaire avec cette technique.

On voit bien par ces différents exemples, que de tout temps, le support livre a été

questionné. Afin de repousser ses limites, certaine personnes ont tenté de contourner la

lecture traditionnelle, de jouer avec elle dans le but de la libérer. Nous allons maintenant

voir que c'est aussi le cas aujourd'hui avec les livres numériques.

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Mise de page de Massin, La Cantatrice Chauve,1964

2. Quand les designers assument le support numérique

En janvier, dans un article publié sur le site Actualité, le designer Chris Stephens,

qui s'est occupé de l'application Alice for Ipad, était désespéré par le niveau de design

des livres numériques, au point de conclure « rien ne m'a encore sauté au yeux »

Pourtant certain designers, à mon sens, prennent réellement possession du support

numérique.

Prenons comme exemple l'application Marvel Comics, disponible pour les

Smartphones et les tablettes graphiques. Il s'agit d'une application où l'on peut acheter

des comics au format numérique mais surtout qui propose plusieurs façons de lire.

On peut, par exemple, faire défiler les planches comme des PDF les une après les autres,

par le biais d'une arborescence proche de l'interface bien connue d'Adobe Reader. C'est

une façon de poursuivre sa lecture plutôt linéaire et assez traditionnelle. Nous avons une

planche comprenant plusieurs cases dans lesquelles nous effectuons une lecture de

gauche à droite et de haut en bas.

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Découpe d'une case Application Marvel Comics

Il existe une deuxième méthode de lecture bien plus intéressante, l'application va

décomposer la planche au travers de ses cases. Un principe de scrolling (défilement) à la

fois vertical et horizontal va nous faire passer d'une case à l'autre. Ce découpage a pour

conséquence de la mettre en valeur et évite de devoir perpétuellement zoomer sur

chaque case pour la lire. De plus, l'arrière-plan change de couleur en passant d'un fond

noir à un fond blanc, en valorisant le dessin. En outre, dans le cas d'une scène

horizontale on peut aisément tourner son appareil afin que la case s'étale sur l'ensemble

du format et augmente le confort de lecture. Le passage d'une case à l'autre se fait en

effectuant un mouvement latéral de la main, s'ensuit un scrolling qui rend la lecture

dynamique.

On peut se rendre compte avec cette application que les concepteurs ont réfléchi

aux contraintes qu’entraîne la lecture sur écran afin de proposer une alternative plus

pratique, ludique et surtout apportant une valeur ajoutée qui justifie davantage l'achat

d'un comics sur ce support, contrairement aux simples scans pirates que l’on peut

trouver sur le Net.

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Nous venons de voir un principe de lecture par découpage dynamique en réponse au

support, nous allons maintenant envisager un autre principe de découpage du texte mais

qui, cette fois-ci, fait sens avec le contenu du texte.

Composition N°1 inspirée d'un texte de Marc Saporta, créée par Visual Edition et

disponible sur Ipad est une application qui propose de lire le texte de manière aléatoire.

Le texte initial fut publié en 1960, il s'agit

d'un recueil de récits, il fut le premier livre

publié sous forme de feuilles volantes,

chaque page contenant un récit autonome.

Le lecteur pouvait ainsi à sa guise

commencer sa lecture par l'histoire de son

choix. L'application en question réinvente le

livre en permettant à l'utilisateur de lire les

textes de manière aléatoire. Une page

d’accueil fait office de couverture, elle correspond à une carte composée d'une

multitude de lettres dans laquelle on peut se déplacer et interagir. Lorsqu’on le décide

on peut d'un simple clic générer aléatoirement un texte qui correspond à l’un des récits

du livre originel. La lecture est ici non linéaire et respecte particulièrement l’œuvre

originale. Les concepteurs se sont appuyés sur les particularités techniques du support

tout en faisant sens avec l'écrit, sans fioritures technologiques.

Mike Matas, ergonome chez Push Pop

Press, a participé à la création du premier

livre long métrage interactif sur Ipad et

Iphone, Notre choix, qui est la suite d'Une

vérité qui dérange d’Al Gore. Il contient

des vidéos et des graphiques mais

également des pistes audio. Les images sont

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glissables et les visualisations de données sont interactives. Il y a plus d'1 h 30 de vidéos

dans ce livre application soit l'équivalent de la durée d'un film. L'ergonomie très

travaillée et son contenu à la croisée de différents médias ont éveillé la curiosité des

professionnels des médias numériques et a conduit Facebook à racheter ce brevet en vue

de son utilisation prochaine sur son réseau social.

3. Le retour au tangible

Le retour au tangible correspond au retour à l'objet livre mais en prenant appui sur

des nouvelles technologies et en les utilisant. Ne pas s'arc-bouter sur des positions

fermées comme peuvent le faire certains designers qui dénigrent les nouveaux formats

ou au contraire ne prônent que le numérique. Il s'agit de ne pas considérer le livre

numérique comme une rupture mais comme une évolution où le designer aurait sa place,

une place légitime. Cette approche me semble des plus intéressante et Geoffrey Dorne

qui se passionne pour cette notion de tangible la définit ainsi « Nos habitudes de lecture

viennent à l'origine du papier, de la typographie, de la mise en page, etc. Ces habitudes

constituent l'élément clé de l'expérience de lecture et poussent les designers à réfléchir

autrement sur les nouveaux supports (Kindle, Ipad, tablettes et autres Smartphones en

tout genre) (...) La prochaine étape est selon moi un retour à l'objet, connecté mais

matériel, en bois, en tissu ou en papier, (…) Un retour à l'affect. »

Voici quelques exemples de ce qui semble être selon moi un retour à l'objet, des

hybridations entre papier et numérique.

Le premier exemple est celui des livres en réalité augmentée de Camille Schener.

Jeune designer Suisse diplômée de l’École cantonale d'art de Lausanne, elle réalisa

durant l'année 2008 deux livres en réalité augmentée, The Haunted Book et Le monde

des montagnes. La réalité augmentée est la possibilité d'incruster des éléments virtuels

en temps réel au sein de l'environnement qui nous entoure. Pour The Haunted Book par

exemple, le livre est présenté devant une webcam branchée à un ordinateur, le lecteur se

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retrouve entraîné dans une maison funèbre et horrifique dans laquelle des corbeaux

perchés côtoient des mains de squelettes. Dans le deuxième livre Le monde des

montagnes, des cours d'eau débordent de la page, des poissons surgissent, les nuages

flottent dans le livre. Dans ces deux productions, l'arrière-décor en mouvement stimule

les récits pour les inscrire dans une dimension fantastique.

Techniquement voici ce qui se passe : la caméra filme le livre, envoie l'image au

logiciel, qui ensuite, dès qu'il reconnaît une des images du livre (préalablement

enregistrée), ajoute au bon endroit les animations et les adapte dans l'espace en temps

réel. Les images sont des sortes de codes-barres visuels pour le logiciel.

Les animations réalisées sont bluffantes et apportent une valeur ajoutée aux histoires

imprimées. Qui n'a jamais rêvé de voir, lors de la lecture d'une bande dessinée, les

personnages s’animer ? Il est nécessaire d'utiliser une caméra pour pouvoir retranscrire

les animations mais on peut facilement imaginer qu'elles puissent être remplacées par la

caméra de nos téléphones. Le logiciel pourrait de retrouver sous forme d'application que

l'on téléchargerait en même temps que l'achat du livre. Cette technique apporte une

innovation certaine et semble réalisable et commercialisable très rapidement.

Installation pour le Monde des montagnes

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Le monde des montagnes

Autre exemple de designers s’intéressant à de nouvelles manières de lire, Étienne

Mineur et Bertrand Duplat, créateurs des Éditions volumiques. Voici un extrait de leur

site dans lequel ils décrivent leur démarche. « Les éditions volumiques sont une maison

d’édition dédiée au livre en papier considéré comme une nouvelle plate-forme

informatique, ainsi qu’un laboratoire de recherche sur le livre, le papier et leurs rapports

avec les nouvelles technologies. » Regardons plus précisément plusieurs de leurs

travaux.

Certaines de leurs productions sont expérimentales comme le jeu de plateau

(i)pirate. Il s'agit d'un jeu d'aventure sur plateau utilisant le téléphone comme pion

interactif. Le téléphone sert de vaisseau voguant sur les océans de la carte. Il utilise

l'accéléromètre présent dans les téléphones qui permet de déterminer les mouvements

du pion et les garde en mémoire. Le téléphone devenu pion permet d'afficher les

animations des batailles navales.

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(i) Pirate, Edition Volumique

Le livre Pierre et le loup est une autre expérimentation. Il s'agit d'un livre papier

dans lequel on glisse un Smartphone. Il apparaît que, selon le grammage et au travers

d'un certain nombre de pages, le papier peut conduire l'électricité et faire fonctionner le

téléphone. Lors de certains passages du livre il est demandé d'appuyer sur un coin de la

page qui correspond à une touche du téléphone en dessous et lance la lecture. Ici, c'est la

capacité à produire du son qui est utilisée sur le téléphone. Etienne Mineur voudrait

approfondir l'expérience en exploitant la mémoire du téléphone permettant ainsi

d'obtenir un autre extrait audio lorsque l'on revient sur une page antérieure.

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The Night of the Living Dead Pixels est un livre graphique à lecture combinatoire

utilisant un système de pliage qui permet d'appréhender le livre par différents parcours

de lecture. Grâce au Smartphone, le livre suit le cheminement effectué et propose en

fonction des vidéos originales qui complètent l'histoire.

Les Éditions volumiques expérimentent et créent des prototypes afin de trouver des

nouvelles solutions pouvant par la suite intéresser des éditeurs et être commercialisées.

En voici deux exemples.

Ils ont réalisé une encyclopédie pour Milan jeunesse, qui prend la forme d'un atlas

classique mais, grâce à l'utilisation d'un téléphone, permet de se balader dans la carte et

d'avoir un supplément d'informations. L'application comprend près de 400 vidéos

supplémentaires qui agrémentent la lecture.

Balloon, quant à lui, est un livre jeu application composé d'un livre papier illustré,

contenant en son sein un pop-up en forme de montgolfière avec lequel on va pouvoir

interagir sur l'Ipad. Le jeu démarre lorsque l'on pose la montgolfière sur la tablette, cette

dernière se déplace alors dans un monde virtuel au gré du vent, dans un monde poétique

quoique, pour certains, peut-être un peu contemplatif, à mi-chemin entre le livre papier

et le jeu vidéo.

Pour les Éditions volumiques, il ne s’agit plus d’opposer le livre numérique au livre

papier, mais d’enrichir le rapport tactile, émotionnel et intime qu’offre le livre papier,

avec les dimensions nouvelles qu’apporte le numérique.

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Balloon, Editions Volumiques

Les Éditions Extraordinaires, constituées de deux jeunes français, Charles Beauté et

Juliette Goiffon s’intègrent, elles aussi, dans cette mouvance de détournement du livre

traditionnel. Ils ont par exemple utilisé pour leurs éditions des imprimantes 3D ou bien

réalisé un journal économique constitué de plaques de verre gravées. Ils cherchent à

réinventer une manière de produire dans chacune de leurs éditions et se questionnent sur

la manière actuelle de lire et de produire.

L'arrivée prochaine du e-paper, comme futur support de lecture, ouvrira la voie vers

d'autres possibilités encore mais avec également un retour à l'objet. Il existe plusieurs

prototypes réalisés par différents constructeurs, de supports électroniques tactiles,

souples et enroulables, proches visuellement d'une feuille de papier. L’apparition

également du papier haut-parleur imaginé par l'université de Warwick,. Il 'agit d'un haut-

parleur flexible fin comme une feuille de papier, qui permet par l’intermédiaire de deux

feuilles conductrices, de réaliser des vibrations et donc du son. On peut facilement

imaginer son application pour des magazines et qui, contrairement aux tablettes,

possédera une tenue souple et permettra d'oublier la technologie intrinsèque. Un retour à

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la simplicité, à l'immédiateté d'utilisation, la technologie atteint son évolution ultime

quand elle sait se faire oublier.

Prototype de e-paper, LG, 2012

III. L'évolution du métier de designer du livre

A. Le livre Digital vers une pratique en soi

1. Vers une approche Transmédia

En dehors des débats sur le tout-numérique ou la défense des valeurs du papier, il

est intéressant de constater que le design de livres numériques devient une pratique en

soi. Il correspond à une approche transmédia du design graphique, de la mise en page

pour l'écran à la création de sommaires interactifs, de couvertures animées, d'intégration

de vidéos et des contenus hyper textuels ou bien de la création d'applications livre-jeu, il

semble que l'édition numérique se démarque suffisamment et englobe des champs

d'intervention assez larges pour devenir une pratique en soi assez riche. Elle marque une

vraie rupture dans l'histoire de l’évolution de l'édition de textes. Comme il existe

actuellement des designers graphiques en packaging et des designers Web, on

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commence à voir apparaître des designers spécialisés dans l'édition numérique. C'est le

cas des Editions Walrus qui concentrent leur activité dans la création d'e-pubs

homothétiques mais aussi d’applications livres. Ils vont jusqu'à produire les contenus

multimédia, sonorisations, vidéos, animations 3D ou clips et autres graphique interactifs.

Ils ont, entre autres, réalisé le livre Kadath numérique basé sur l'univers de Love Craft

pour le compte des Editions Mnémos, qui sortira en Mai prochain, basé sur le css3 qui

permet une expérience de lecture enrichie originale. Un autre exemple de l'approche

transmédia de l'e-book est le designer de couvertures de livres numériques Charlie Orr.

Il a réalisé une série de couvertures animées comme «Wake Up Sir!», «Smilla’s Sense of

Snow» et «Tintin and The Secret of Literature». Il ne s'agit pour le moment que

d'animations mais on peut imaginer par la suite des couvertures interactives à l'image de

Composition n°1 (cf. Partie2) mais c'est surtout le fait que la réalisation de couvertures

animées puisse devenir un nouveau métier spécifique pour les designers qui est

intéressant. Le monde du livre numérique va devenir un domaine à part entière, avec

son lot d'animateurs, de développeurs et de designers.

2. Plusieurs types de lectures donc différents besoins

Comme nous avons pu le constater, il existe en réalité différents types de lectures

(la lecture de journaux, de romans interactifs, d'ouvrages homothétiques, d'applications

livre) qui recoupent des médias variés (transmédiarité de l'e-book) et entraînent

forcement des besoins spécifiques. Le designer doit répondre à ces différents besoins en

proposant des designs adaptés à l'utilisateur. Plus que jamais, le designer devra se mettre

à la place de l'utilisateur, car contrairement au livre papier qui est une « technologie »

que l'on a tous appris à manier (cadre scolaire, notamment) l'utilisation des livres

numériques n'est pas encore acquise. L'importance de l'établissement d'une cible devra

impérativement être faite, et ce même pour des romans. Toute nouvelle technologie

amène des nouveaux usages et le designer devra, en plus du design, davantage prêter

attention à l'ergonomie, en rendant l’expérience de lecture la plus instinctive possible.

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B. La réappropriation par les designers

1. La fin de l'hégémonie des techniciens

Carin Golderg, professeur à la School of Visual Art, a souligné, lors d'une

conférence sur l'avenir du livre digital, l'importance pour les designers de s'accaparer le

livre numérique. Selon elle, qu'on le veuille ou non, la majorité des livres publiés dans

un futur proche seront des e-books. Il faut s'intéresser à cette technologique très

rapidement. La technologie est un challenge, il y a une transition très importante en ce

moment, les technologies n’arrêtent pas de changer.

« Il ne faut pas que notre métier soit le dernier à évoluer. » Il ne faut pas que,

comme pour le Web où, selon elle, les geeks ont pris le pouvoir, le livre numérique soit

dominé par les développeurs. Il ne faut pas qu'on ait trop de sentiments pour le livre et

se laisser dépasser par la technologie. Il faut prendre le pouvoir. Elle ne dénigre pas le

livre numérique et veut que ses élèves soient curieux de ces nouveaux supports. Elle

aimerait susciter des vocations chez ses étudiants afin qu'ils s'accaparent le livre digital

et produisent de beaux objets.

2. Les graphistes ne doivent pas devenir des développeurs

Je suis en accord avec la vision de François Brument, enseignant à l'ENSAD de

Saint-Etienne. A la question « Qu’est-ce qui fait qu’un designer, encore aujourd’hui, ne

se confond pas totalement avec un programmeur, un développeur ou un ingénieur ? » il

répond : « Je pense que c’est sa capacité à toujours envisager le projet dans son rapport

à l’usage, à la fonctionnalité, à l’étude d’un contexte et à lui apporter une réponse. En

tout cas, le travail du designer ne se confond pas, ni ne se réduit, à celui du

développeur »

Affirmer leurs capacités à concevoir la forme (esthétisme graphique, réhabilitation dans le

numérique des codes typographiques, des césures, etc.) mais aussi dans le fond, dans la manière

même de concevoir l’expérience de lecture.

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Je suis assez d'accord avec son avis. Selon moi, il faut prendre en considération la technique,

le fonctionnement du support, mais il faudra une nécessaire séparation entre le designer et

l’informaticien.

3. Mais travailler en étroite collaboration avec eux

Les designers doivent s’adapter, mais pour devenir à mon sens davantage des

concepteurs et non pas des développeurs ou informaticiens qui oublient tout sens

esthétique. Ils doivent travailler main dans la main avec ces derniers, créer

des « teams » à l'image des duos DA et concepteur rédacteur dans la publicité, et

proposer de nouvelles manières d’appréhender les supports. Les deux métiers ne

doivent pas se confondre, je ne crois pas que l'on puisse être à la fois un développeur et

un graphiste performants. Du moins, même si certains peuvent l'être, la charge de travail

pour une seule et même personne est telle qu'elle en devient difficilement viable dans un

rapport de temps/commandes, et cela malheureusement dans la plupart des cas au

détriment de la qualité graphique. Alors que nous sortons actuellement des productions

froides et sans âme sur le Web, il ne faudrait pas qu'à nouveau dans le domaine du livre

digital nous passions par une longue phase de gestation où les productions graphiques

médiocres soient la norme. Il est cependant nécessaire que les graphistes se forment à

ces nouvelles technologies, car il faudra plus que jamais qu'ils soient au courant des

aspects techniques de la réalisation du projet. Il paraît invraisemblable qu'un graphiste

dans l'édition print ne soit pas au courant de la manière dont le document va être

imprimé, il en est de même pour un graphiste Web qui connaît forcément comment

fonctionne techniquement un site qu'il a designé et ce sera également le cas pour un

designer de livre digital.

.Il est important de garder la part de rêve que peut amener le graphiste, qu'il se libère de la

technique, qu'il laisse libre cours à son imagination. Le designer est-il toujours payé pour

produire ou ne doit-il pas être davantage une force de réflexion et de propositions variées ?

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C. Mais qui nécessite leur évolution

1. De nouveaux outils

Il est vrai que pour beaucoup de graphistes le passage à l'e-book est une crainte

notamment due à la méconnaissance des supports (Kindle, Ipad, e-reader, etc) et des

techniques de création, mais aussi à l'instabilité des formats en évolution. Il semble

cependant qu'un certain consensus se forme autour du format e-pub3. Comme évoqué

précédemment, il existe plusieurs sortes d’e-books qui possèdent différentes méthodes

de création. En réalité, la réalisation d'un livre numérique est dans la plupart des cas

relativement simple.

Les livres numériques les plus nombreux sur le marché sont les PDF interactifs qui

se génèrent très simplement sur Indesign (homothétique à la version papier) et ont

encore un long avenir devant eux car étant suffisants pour beaucoup de productions.

Indesign permet également de réaliser directement des livres numériques au format

e-pub. D’ailleurs, Adobe vient de sortir Digital Publishing une suite contenant des

logiciels spécifiques pour la publication de livres numériques permettant (selon eux) la

création d'applications Ipad telles que des brochures, portfolios et ouvrages

abondamment illustrés sans faire appel à la programmation ni à des développeurs. Reste

à voir si le code généré sera « propre ». Beaucoup de critiques affirment que ce n'est pas

la meilleure solution pour créer des e-books, mais les logiciels s’amélioreront de version

en version et il semble bien qu’Adobe désire, une fois de plus, se placer en tant que

leader sur le marché. Cette suite de logiciels, même si elle reste perfectible, aura au

moins le mérite de rassurer les professionnels du graphisme habitués jusqu'à maintenant

aux interfaces des logiciels graphiques. Mais il semble inévitable que les designers

graphiques vont devoir « mettre les mains dans le cambouis ».

Pour la création de livres applications très spécifiques, comme ceux évoqués

précédemment, il faudra là faire appel à des développeurs et des informaticiens pour la

partie vraiment technique, mais une grande part des e-books pourra être réalisée par les

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créatifs, d'autant plus qu'une partie des technologies comme le html appartiennent déjà à

l'univers des graphistes. La révolution sur ce plan est pour moi moins importante que

lors du passage au Web, ces technologies ne sont pas totalement nouvelles et l'on voit

bien qu'il y a une récurrence dans la façon de penser le numérique. Les créatifs vont

ainsi devoir se former à ces nouvelles technologies s’ils veulent pouvoir être des acteurs

majeurs du monde du livre. Et ce, d'autant plus qu'ils possèdent un attachement

particulier à l’objet éditorial, qui est le socle de base de l'histoire du graphisme.

Il faudra également que l'enseignement du design graphique en France s'adapte, il a

déjà pris du retard.

2. Soutenu par un savoir traditionnel : le design graphique

Il existera un fond commun à tous les designers : le graphisme. L'évolution

technologique allant de plus en plus vite, son obsolescence également, les designers

graphiques devront, selon moi, plus que jamais être ancrés dans l'histoire du graphisme

afin de justifier leur rôle. Posséder un savoir de plusieurs siècles, c'est là que doit se

situer le graphiste. Comme un être pensant, critique, qui réfléchit à l'ergonomie et au

message.

Déjà aujourd'hui, le designer graphique possède un spectre d'interventions très large,

il existe des graphistes pour le packaging, pour l'édition, pour le Web, etc. et ce qui fait

corps et cohérence, ce sont des références communes, des règles et une histoire. Faut-il

des designers génériques, ou bien des designers spécifiques ? Je rejoins Joseph Esposito

sur le fait que chaque livre trouvera son public, et je rajouterai que chaque designer

trouvera son champ d'intervention.

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Conclusion

Le livre numérique est une technologie en devenir. Une technologie complexe avec une

structure particulière englobant en son sein une variété importante de livres apportant des

nouvelles expériences de lecture qui la redéfinissent. Certains annoncent la fin du livre imprimé

en présentant le livre numérique comme son Némésis. Et pourtant le développement du livre

numérique ne diminue en rien l'importance du livre imprimé. Le monde du livre se porte

d’ailleurs plutôt bien. II n'y a jamais eu autant de livres publiés qu’actuellement. Les livres

imprimés ont encore de beaux jours devant eux, les livres électroniques n’ont pas encore

réellement supplanté leurs aînés. La qualité graphique des livres électroniques n'est pas toujours à

la hauteur des possibilités qu’offrent ces nouveaux supports. La faute, entre autres, à un trop

grand nombre de livres homothétiques qui n'apportent pas de valeur ajoutée. La majeure partie

des e-books présents sur le marché ne sont encore que des pâles copies des œuvres imprimées.

Cette expérience de lecture qui se veut le miroir du livre tel que nous le connaissons est

mauvaise. L'erreur, selon moi, est de vouloir à tout prix considérer le livre numérique

comme un miroir du livre papier. La lecture numérique à des spécificité propres, et

celles-ci doivent être prises en compte lors de la création des livres numériques. Imiter

la lecture papier avec le numérique n'est qu'utiliser une infime partie des possibilités du

support. Alors que certains numérisent des œuvres entières (Google Livres) ou miment la

lecture papier, d’autres designers prennent le partie de pousser le concept plus loin encore. Ils

s'approprient ce support en le (ré)inventant, allant même jusqu'à réaliser des expériences hybrides

quelquefois assez éloignées de la lecture traditionnelle papier (Editions Volumiques).

L'évolution du livre entraîne également celle du designer. Celui-ci, devra faire sa place en

affirmant ses compétences propres qui le différencient des développeurs web qui sont mieux

préparés aux changements de l’ère numérique. Les designers ont un retard à combler qui n'est

pas infranchissable du moment qu’ils restent au fait des innovations. Pour cela, il faudra que le

designer se forme à ces nouvelles technologies. D'où la nécessité de s'appuyer sur les savoirs qui

constituent le design graphique et le démarquent du simple technicien. Ceci passe tout d’abord

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par un apprentissage et une formation spécifiques à ces nouveaux médias pour les designers en

herbe.

Au fond peut-être que le fantasme de la disparition du livre papier au profit du livre numé-

rique n’a pas lieu d’être ? Penser ainsi s’avère un peu simpliste et c’est aussi nier les spécificités

de chaque support, leurs inconvénients, leur qualités propres.

Le livre numérique va très certainement servir dans certains cas de première étape d'édition

pour des livres qui, s’ils connaissent un succès, se verront par la suite imprimés. Le livre impri-

mé deviendra dans ce cas l’aboutissement de l'édition d'un livre et les moyens mis en œuvre se-

ront sûrement plus importants

A l’heure actuelle, et à la vue de ce mémoire, il n’est pas certain que l’ère du tout numérique

supplantera le papier. Justement il est probable que les deux systèmes continueront de coexister.

Une nouvelle invention ne supplante pas forcément une autre. Prenons pour exemple le cas de

deux médias de masse : la radio et la télévision. La télévision n'a pas fait disparaître la radio bien

qu’elle proposait à la fois du son et de l'image. Internet qui a suivi dans les années 90 n'a pas non

plus mis fin à la télévision. Une technologie, lorsqu'elle n'est pas une simple innovation mais une

nouvelle technologie avec ses caractéristiques propres, ne remplace pas la précédente. Elle trouve

tout simplement son public et surtout son utilisation. D'où l’importance pour les acteurs du livre,

et particulièrement les designers, de proposer une expérience singulière à l'usage de cette

technologie.

Mac Luhan, professeur en littérature et théoricien de la communication, écrit en 1964 dans

un éssai intitulé « Pour comprendre les médias : les prolongements technologiques de

l'homme » que « le médium est le message ». Il énonce, entre autres, que le fond

(l'important) c'est la forme prise par le média (l'effet de la technologie), ainsi que sa

combinaison avec son message. Cet impact du médium qui outrepasse l’effet du

message lui-même explique, selon le théoricien, que les innovations technologiques ont

bouleversé les civilisations, engendré des modifications du dispositif sensoriel et

intellectuel de l'homme. De plus, un nouveau média se détermine surtout par l'utilisation qu'il

va susciter, qui en général s'éloigne de son but premier, nous n'en sommes qu'aux balbutiements

de l'expérience de lecture numérique.

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Le texte d'un livre numérique est dynamique, le contenu est un flux. Je pense qu'il

faudra trouver des solutions proches du « responsive web design », qui permet une

mise en page s'adaptant à l'appareil utilisé. Il est important que l' e--book design, pioche

des idées sur ce qui a déjà été réalisé pour le Web afin de gagner en qualité et confort de

lecture le plus rapidement possible.

Le design d'e-book est un nouveau champ d'intervention pour les créatifs qui semble fort in-

téressant graphiquement et économiquement. E-book design si on peut l’appeler ainsi, est

une nouvelle niche entre le web design et le book design.

Il est vrai que, si pour certains corps de métiers, comme l'imprimerie ou les maquettistes

exécutants purement Print, l'arrivée du livre numérique risque de compliquer d'avantage leur

situation, ce que l'on peut regretter, pour le designer graphique qui s'aura acquérir de nouvelles

compétences techniques et surtout s'intégrer en s'affirmant, le " book design " offrira sûrement

bon nombre d'opportunités.

Quelle forme va donc prendre le livre digital, comment va-t-il influencer notre

manière de lire et donc par là-même de réfléchir ? Quels usages va-t-on en faire et

surtout quels possibilités graphiques va-t-il nous apporter ?

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Carin Goldberg, Jeremy Clark, Craig Mod. 01/12

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Entre le tangible et le numérique : une tendance qui ré-enchante notre quotidien.

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Jacob, Yvane, « Le livre numérique, c’est pour tout de suite ! » RSLN regard sur le

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Vidéos :

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Annexes :

1-Shéma d'un écran LCD, E-INK Corporation

2-Chemin de fer d'une edition sur Ipad

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3-Prototype de E-paper, LG, 2012

4-Cent mille milliards de poèmes, Raymond Queneau

Paris, Gallimard,1961.

BnF, Réserve des livres rares

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5-La biblie de Gutemberg

6-E-book de la bible de Gutemberg

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7-Shéma de scrolling horizontale sur tablette

8-La liseuse d'Amazone, le Kindle

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9-Mimétisme de la lecture papier

10-ABC3D, Abécédaire en pop-up, Marion Bataille

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11-Couverture animée de Charlie Orr

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12-Couverture animée de Charlie Orr