fatigue Cas clinique n°1
Mme G. 40 ans Secrétaire administrative Mariée, 2 enfants âgés de
12 et 8 ans Pas d’intoxication alcoolo tabagique Très sportive:
gymnastique, natation…. 52 kg pour 1m65 OMS=0
Autopalpation d’un nodule du sein droit mammo-echo: opacité
spiculée du quadrant supéro externe de 34X25mm microbiopsie:
carcinome canalaire infiltrant de grade 2, RE 2/6, RP 6/6, HER2-
11/4/10: tumorectomie + curage axillaire RCP: chimiothérapie
adjuvante puis radiothérapie puis hormonothérapie
A reçu 6 cycles de chimiothérapie: 3 FEC 100 et 3 taxotère plutôt
bonne tolérance du traitement:
- pas de toxicité hématologique - légère toxicité digestive:
nausées gérées par trt symptomatique quelques douleurs abdominales
- alopécie complète - asthénie surtout en fin de traitement à
partir de la 4ème
cure - a arrêté son activité professionnelle pendant le traitement
mais pratiquait régulièrement du sport
Consultation 1 an après la fin de la radiothérapie: - a repris son
travail à mi-temps - décrit des troubles de l’attention,
distractibilité… - poursuit son activité sportive
Définition
asthénie: sensation subjective de fatigue anormale, sans cause
immédiate ( absence d’effort ou effort minime) non améliorée par le
repos et cliniquement significative.
physique: asthénie prédominant le soir ou en fin d’après- midi
psychique: asthénie prédominant le matin et souvent accompagnée de
symptômes de la lignée psycho- pathologique
« Je ne me souviens pas d’avoir été épuisé après une longue journée
de travail » « Parfois, j’avais un coup de pompe après le repas
mais cela ne durait pas »
Epidémiologie
Fréquence de la fatigue: 80% des patients atteints de cancer 60 à
100% expérimentent une fatigue au cours de leur prise en charge,
dont 50% dès le début de la prise en charge 80% rapportent une
fatigue persistante à distance du traitement. 17 à 38% décrivent
une fatigue sévère après la fin du traitement
Un DEPISTAGE systématique de la fatigue en cancérologie est
nécessaire, même en l’absence de plainte
Physiopathologie
Très complexe, et non élucidée Apparition d’un hypercatabolisme
musculaire et d’un hypoanabolisme Inflammation chronique:
augmentation du taux de cytokines ( TNF, IL-1, IL-2 et IL-6)
Perturbation du nycthémère et du rythme du sommeil (rôle de l’EGFR,
taux de cortisol et de sérotonine) Perturbation des différents
contrôles de l’axe hypothalamo-hypophysaire
Décrire sa fatigue pour une meilleure prise en charge
Peu de plaintes de la part des patients Apprendre à reconnaitre les
symptômes de la fatigue pour adapter son mode de vie Pas d’outil de
mesure standard Différents questionnaires:
échelle de fatigue révisée de Piper 1998 questionnaire de l’INCA
questionnaire FACT-F EVA de la fatigue
Echelle de fatigue révisée de Piper (1998)
Quatre dimensions:
la dimension comportementale/sévérité: (mesure l’intensité de la
fatigue et son impact sur les activités physiques et sociales) 6
items
la dimension affective: (mesure le ressenti du patient concernant
sa fatigue) 5 items
la dimension sensorielle: ( mesure les caractéristiques et nature
de la fatigue éprouvée par le patient) 5 items
la dimension cognitive/humeur: ( mesure l’impact de la fatigue sur
la cognition et l’humeur) 6 items
Diagnostic, évaluation de la fatigue
Le malade se plaint de fatigue
Interrogatoire, examen clinique - facteurs aggravants (
douleur,
dyspnée, nausée…) - éléments d’orientation - évaluation de la
fatigue
Rechercher une fatigue, car absence fréquente de plainte
spontanée
Fatigue importante avec retentissement sur la vie
quotidienne:
- faire un bilan
NonOui
Bilan: interrogatoire, examen clinique éliminer une rechute bilan
de 1ère intention: NFS, iono, albumine, calcémie, glycémie bilan
2ème intention: Mg2+, TSH, cortisol, vitamine D, CPK, bilan
hépatique, radio pulm, écho abdomino-pelvienne….
Causes de la fatigue: maladie considérée en rémission
Eliminer une rechute Sd de déconditionnement physique ou
désadaptation à l’effort Séquelles ou complications des traitements
Autres:
• asthénie d’origine psychique • asthénie d’origine infectieuse •
asthénie neurologique • asthénie hématologique • asthénie d’origine
digestive • asthénie d’origine toxique, iatrogène
TRAITEMENT SPECIFIQUE DE LA CAUSE
Cas clinique n°2
Mr P. 70 ans, retraité, ancien instituteur marié, vit avec son
épouse âgée de 72 ans maison à la campagne avec extérieurs pas
d’aide au domicile 75 kg pour 1m72
Diagnostic en 2010 d’un adénocarcinome de la prostate avec
métastases osseuses devant des lombalgies
- traitement antalgique - biphosphonates - hormonothérapie
2012: progression osseuse et apparition de métastases
ganglionnaires Mise en place d’une chimiothérapie par taxotère (1
cycle toutes les 3 semaines)
Cycle n°5 de taxotère le 4/4/12: bonne tolérance des traitements
douleurs stables sous oxycontin 20mg*2/j, oxynorm 5mg si besoin,
lyrica 50mg*2/j appétit bon, poids stable fatigue: ne peut plus
faire son jardin, sieste tous les jours de 1 à 2 heures
Prise en charge: cancer évolutif en cours de trt
Bilan à adapter en fonction de l’état du patient: interrogatoire,
examen clinique examens de 1ère intention: NFS, iono, Ca2+,
albumine, glycémie examens de 2ème intention: selon le contexte:
RP, echo, TDM, bilan biologique (TSH, vit D, bilan
hépatique…)
Causes de fatigue: cancer évolutif en cours de trt
le cancer • anémie • infection • syndrome paranéoplasique
endocrinien ou métabolique • dénutrition
dépression traitements
comorbidités • insuffisance d’organe (cardiaque, respiratoire…),
diabète
douleur chronique
Dénutrition et cancer
Réduction des apports et de la disponibilité des nutriments •
trouble de la déglutition • douleurs au cours de l’alimentation:
mycose… • anorexie:
- dépression ou anxiété - tr de l’odorat, ou du goût
• complications des traitements: - nausées, vomissements - mucite -
xérostomie - troubles du transit
Perturbations métaboliques liées à l’interaction hôte/tumeur •
fonte des réserves musculaires et lipidiques • catabolisme
protéique accru • synthèse hépatique des protéines inflammatoires
au dépens des protéines de l’anabolisme
Prise en charge symptomatique de la fatigue
Rassurer les patients Ne pas conseiller le repos ou la sieste: un
repos trop important dans la journée peut perturber le sommeil
nocturne Favoriser des siestes courtes Poursuite de l’activité
professionnelle +/- :
permet de garder un équilibre permet de ne pas toujours penser à la
maladie possibilité d’adaptation du temps et du poste de travail
rôle du médecin du travail
Favoriser les techniques d’économie d’énergie
Hiérarchiser les objectifs journaliers Garder l’énergie pour ce qui
tient à cœur Déléguer certaines tâches Répartir les tâches
ménagères sur la semaine Aménager des pauses dans la journée
Organiser la garde des enfants
Aide à domicile Intérêt des relations avec les organismes sociaux
Organiser des séjours de répit L’hospitalisation à domicile
Réhabilitation physique +++
Diminution de 30% du niveau de fatigue quelque soit le stade de la
maladie Planifier une activité physique dès le début de la prise en
charge Préconisation d’au moins 30 min, 2 à 5 fois par
semaine
Activité physique
Tout mouvement corporel qui produit une augmentation marquée de la
dépense énergétique par rapport à la dépense de repos. Ne se réduit
pas à la pratique sportive mais inclut les activités de la vie
quotidienne: tâches domestiques, travail, transport, loisirs…
Activité physique adaptée
Moyen qui permet la mise en mouvement de personnes qui en raison de
leur état physique, mental ou social ne peuvent pratiquer une
activité physique dans les conditions habituelles
Rôle des médecins:
information sur l’intérêt de l’activité physique encourager sa
pratique dépister les facteurs limitants nécessitant des
investigations complémentaires ou une adaptation spécifique de
l’activité physique (APA):
affection cardiovasculaire ou respiratoire localisations osseuses,
musculaires ou articulaires troubles neurologiques avec risque de
chute troubles biologiques à risque infectieux ou hémorragique
plaies cachexie sévère
=> CERTIFICAT MEDICAL D’APTITUDE
Prise en compte
Du patient: ses craintes (douleur, blessure, fatigue), ses
capacités physiques, ses préférences en matière d’exercice, son
état psychologique, ses attentes De la maladie: stade, traitement,
pronostic De l’environnement: humain (proches, soignants…) et
technique
=> Accompagner la personne pour qu’elle trouve « son » APA, « sa
» façon de la pratiquer, qu’elle s’inscrive dans ses habitudes de
vie et dans son projet de soins.
Prise en charge nutritionnelle
Evaluation nutritionnelle: • Clinique: interrogatoire (mode de vie,
conditions sociales, habitus…) • Poids/taille •Variation de poids
et vitesse d’amaigrissement • Enquête alimentaire: évaluation de la
prise alimentaire • Biologie: albumine et pré-albumine
Détermination des besoins énergétiques: • Augmentation de 50% des
dépenses chez un patient atteint d’un cancer • Besoins énergétiques
de bases: 25-35 kcal/kg/jour (70% glucides, 30% lipides)
Stratégies de prise en charge nutritionnelle
Différentes possibilités: • pas de dénutrition: surveillance
alimentaire • dénutrition modérée: intervention diet
(supplémentations maison, compléments nutritionnels oraux +/-
nutrition artificielle) • dénutrition sévère: discussion d’une
nutrition artificielle
Dans tous les cas: • privilégier la voie orale • réévaluation
fréquente • assurer une bonne hydratation
RESPECTER LE PATIENT, SON CONFORT, SES DESIRS
Approche médicamenteuse
traitement d’une anémie, hypothyroïdie traitement de la douleur pas
d’intérêt des corticoïdes, progestatifs, L Carnitine pas rapport à
un placebo intérêt potentiel du Guarana intérêt non confirmé des
amphétamines, du Ginseng inclusion dans des protocoles
Anémie et fatigue
Prise en charge • supplémentation vitaminique • EPO • transfusions
de concentrés globulaires
Approche psychologique
favoriser la verbalisation rechercher des symptômes de dépression
intervention du psychologue si impact sévère sur la vie
quotidienne, la qualité de vie se sentir mieux dans son corps
(socio-esthétique, kiné, activité physique…)
Conclusion
symptôme très fréquent en oncologie peu évoqué ou abordé impact
important sur la qualité de vie peu de ressource
médicamenteuse
Prise en charge globale
Intérêt de l’information des patients, soignants et de
l’entourage
MERCI DE VOTRE ATTENTION
•Velthuis MJ, Agasi-Idenburg SC, Aufdemkampe G, Wittink HM. The
effect of physical exercise on cancer-related fatigue during cancer
treatment: a meta-analysis of randomised controlled trials. Clin
Oncol (R Coll Radiol)2010; 22(3):208-21.
•Schmitz KH, Courneya KS, Matthews C, et al. American College of
Sports Medicine roundtable on exercise guidelines for cancer
survivors. Med Sci Sports Exerc 2010; 42(7):1409-26.
•Cramp F, Daniel J. Exercise for the management of cancer-related
fatigue in adults. Cochrane Database Syst Rev
2008(2):CD006145.
•Mustian KM, Sprod LK, Palesh OG, et al. Exercise for the
management of side effects and quality of life among cancer
survivors. Curr Sports Med Rep 2009;8(6):325-30.
•National Comprehensive Cancer Network (NCCN). Cancer-related
fatigue (2010).
http://www.nccn.org/professionals/physician_gls/f_guidelines.asp
(septembre 2010)
•Minton O, Richardson A, Sharpe M, Hotopf M, Stone