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Direction Régionale PACA Marché N°2005 33 DDP 01 - lot 21 Diagnostics territoriaux stratégiques dans les domaines de l’intégration et de la lutte contre les discriminations L LES FEMMES AGEES IMMIGREES Adeus groupereflex_ 260 rue Rabelais • 13 016 MARSEILLE • tel : 04 91 03 76 09 • fax : 04 91 03 71 46 • mel : HT[email protected]TH SARL à capital de 7.622 € • Siret 380 354 159 00028 •APE 741 E HT www.adeus-reflex.orgTH EN REGION PACA groupereflex_ Acadie, Paris Aceif.st, Strasbourg Adeus, Marseille Aurès, Nantes Cerur, Rennes Place, Bordeaux Trajectoires, Lyon NOTE 2 : P PROBLEMATIQUES IDENTIFIEES FEVRIER 2006

Femmes âgées Immigrées - Problématiques Identifiées

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Présentation des problématiques rencontrées par les femmes âges immigrées : logement et habitat, accès aux soins et à la santé, accès aux droits...

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Direction Régionale PACA

Marché N°2005 33 DDP 01 - lot 21

Diagnostics territoriaux stratégiques dans les domaines de l’intégration et de la lutte contre les discriminations

LLEESS FFEEMMMMEESS AAGGEEEESS IIMMMMIIGGRREEEESS

Adeus groupereflex_ 260 rue Rabelais • 13 016 MARSEILLE • tel : 04 91 03 76 09 • fax : 04 91 03 71 46 • mel : [email protected]

SARL à capital de 7.622 € • Siret 380 354 159 00028 •APE 741 E HTwww.adeus-reflex.orgTH

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NOTE 2 :

PPRROOBBLLEEMMAATTIIQQUUEESS IIDDEENNTTIIFFIIEEEESS FEVRIER 2006

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Note 2 : Problématiques identifiées – février 2006 page 1 Adeus groupereflex_

Rapport réalisé par :

Maxence MORETEAU – chargé d’étude à l’Adeus groupereflex_

Myriam HOUSNI – Stagiaire dans le cadre du Master Professionnel « Questions Sociales, Action Publique dans l’espace Euroméditerranéen », Université de Provence

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Note 2 : Problématiques identifiées – février 2006 page 2 Adeus groupereflex_

Sommaire

Sommaire ________________________________________________________________2 1. Qui sont les femmes âgées immigrées ? ________________________________5

Femmes et migrantes… ___________________________________________________ 5 L’isolement dans la migration______________________________________________ 7 La situation particulière des « primo-arrivantes » âgées ______________________ 9 Des situations d’isolement synonymes d’exclusion _________________________ 10 Le vieillissement en pays d’immigration : « l’espérance déçue du bénéfice de

l’âge »… ____________________________________________________________________ 10 … mais également le passage à une « prise en compte de soi »____________ 13 Les femmes âgées originaires d’Afrique noire : un public moins connu

institutionnellement, des situations multiples ___________________________________ 13 Le retour au pays ________________________________________________________ 15

2. La faiblesse des ressources financières ________________________________17 Le passage à la retraite des immigrés (enquête CNAV) ____________________ 17 Des revenus liés à ceux du conjoint _______________________________________ 18 Les femmes âgées qui arrivent aujourd’hui dans le cadre du regroupement

familial ______________________________________________________________________ 19 Des femmes en grande précarité du fait de l’absence de revenus _________ 19

3. Le problème de l’analphabétisme et ses conséquences sur l’accès aux droits ________________________________________________________________21 Le passage à la retraite, révélateur des difficultés d’accès aux droits _______ 21 Un thème abordé systématiquement : l’analphabétisme __________________ 21 Des inégalités dans l’accès aux droits entre les femmes âgées présentes

depuis longtemps…__________________________________________________________ 22 … et celles arrivées récemment par regroupement familial ou celles en

situation d’exclusion _________________________________________________________ 23 Passivité et résignation, en partie conséquence d’une politique du « faire à la

place » au lieu d’une politique d’accompagnement et du « faire avec » _______ 24 4. La question du logement______________________________________________25

Des situations différentes selon les profils familiaux _________________________ 25 Une opposition entre quartiers centraux et quartiers d’habitat social________ 26 Une résignation face aux mauvaises conditions de logement ______________ 27 Le logement adapté ou la maison de retraite : des solutions qui sont rarement

envisagées __________________________________________________________________ 27 5. Santé : des inégalités dans l’accès aux soins selon les situations des

femmes âgées _______________________________________________________28 Une bonne connaissance du système de soins, mais parfois des difficultés de

compréhension (traitements…)_______________________________________________ 28 Les plus à la marge sont aussi les plus éloignées du système de soins________ 29 Un suivi des traitements aléatoires et un recours fréquent à l’automédication,

un rejet des médecines dites « traditionnelles » ________________________________ 30 Protection sociale _______________________________________________________ 31 La nécessité d’anticiper les prises en charges (prévention) et d’améliorer le

suivi _________________________________________________________________________ 32 Bibliographie ____________________________________________________________33

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a question des femmes âgées immigrées semble être une problématique qui reste très peu abordée, tant au niveau social qu’au niveau

gérontologique. L

Au niveau local, certains opérateurs associatifs commencent à prendre la mesure de l’importance de ce public, sans mener d’actions spécifiques mais en l’intégrant aux actions (d’accompagnement social ou de socialisation) en directions des femmes immigrées ou des migrants âgés. Seul le Centre Social Belsunce, à Marseille, a identifié cette problématique spécifique, à travers un diagnostic réalisé en 2003 et ayant débouché sur un certain nombre de constats et de projets1, notamment la création d’un café social mixte. Dans le cadre du PIR (« Pôle Info – Ressources » dispositif favorisant l’accès aux droits des migrants vieillissant), la question des femmes a également été relevée, du fait notamment de leur présence qui n’était pas « prévue »2. Le dispositif, visant au départ le public des « isolés vieillissants » masculins tels que répondant aux représentations communément admises, a accueilli une part importante de femmes.

A l’échelle nationale, cette problématique ne semble pas avoir fait l’objet de recherches ou d’études spécifiques. Nous n’avons trouvé que trois articles traitant spécifiquement de cette question3.

1 Centre Social Belsunce « Accompagnement Social des Vieux Migrants sur le territoire de Belsunce 2004-2006 et projet de café social », 2005 2 Création du « pôle info – ressources » - Dispositif favorisant l’accès aux droits des migrants vieillissants - Démarche d’évaluation, rapport final – CCAS de Marseille, Cabinet IcareS, janvier 2005. 3 - LACOSTE-DUJARDIN Camille « Vieilles dames maghrébines immigrées », in Gérontologie et Société – n°91 – Décembre 1999 – pp105-114 - ATTIAS-DONFUT Claudine « Femmes immigrées face à la retraite », in Retraite et Société – n°43 Les femmes et la retraite – Octobre 2004 – Caisse Nationale d’Assurance Vieillesse, La Documentation Française – pp 137-163 - AÏT BEN LMADANI Fatima « Les femmes marocaines et le vieillissement en terre d’immigration », in Confluences Méditerranée - n°39, 2001

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A l’échelle européenne, il semble important de noter l’existence du groupe AGE+ (pour Age+Gendre+Ethnicity)4, qui travaille sur la situation socio-économique des femmes âgées immigrées (older migrant women). Le projet a pour but d’identifier les effets des discriminations multiples dues à l’âge, au genre et à l’appartenance ethnique, sur les femmes âgées de 40 ans et plus. Il n’est pas anodin de constater qu’aucun organisme français n’est représenté au sein de cette institution, portée par la Plate-forme Néerlandaise Vieillesse et Europe (Netherlands Platform Older People & Europe – NPOE).

Cette note s’appuie donc sur les 3 articles déjà cités, sur des informations parues dans des ouvrages sur le vieillissement des immigrés en général, sur les travaux du groupe AGE+, ainsi que sur les entretiens réalisés par notre équipe.

4 Le projet A+G+E fait partie du programme d’action européen pour la lutte contre la pauvreté et l’exclusion sociale, il est cofinancé par la Commission européenne. Les problèmes de la situation des revenus sont considérés de trois points de vue différents: l’âge, le sexe et les origines ethniques. Cinq pays collaborent à ce projet, initié par NPOE, la Plate-forme néerlandaise vieillesse et Europe : NPOE, Pays-Bas, l’EURAG pour l’Autriche, E-Quality Pays-Bas, ISIS, Allemagne, COSPE, Italie et le Réseau «Older Women in Europe» (OWN).

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1. Qui sont les femmes âgées immigrées ?

Il est important de souligner qu’il a fallu que les femmes du Maghreb transgressent un interdit pour venir vivre en France (Lacoste-Dujardin, 1999). Ainsi, les « pionnières », à qui cela fut permis, pendant la guerre d’Algérie, appartenaient pour la plupart à des « bonnes familles » modernistes, et souvent après un deuxième mariage. Cette émigration c’est souvent traduite pour les femmes par un isolement, avant que ne se reconstruisent des réseaux de socialisation.

La vieillesse en France ne répond pas aux représentations que les femmes immigrées pouvaient s’en faire, en ce qu’elles n’accèdent pas au statut espéré de la femme âgée tel qu’il existe au Maghreb. Pour la majorité d’entre-elles, elles n’envisagent pas, pour autant, un retour au pays, leur vie et leur famille étant aujourd’hui en France.

La situation des femmes originaires d’Afrique Noire est différente. La migration féminine est encore peu importante, les aller-retours plus ou moins fréquents du fait du prix élevé des billets d’avion, le retour au pays encore majoritairement envisagé.

Femmes et migrantes…

Au Maghreb, si les hommes ont toujours été facilement mobiles, il n’en était pas de même des femmes, garantes de l’honneur de toute la famille, et qui devaient, en conséquence, rester préservées à demeure à l’intérieur du cercle de parenté masculine où elles assuraient un pôle de stabilité domestique. Jusqu’au début de la deuxième moitié du XXème siècle, il était impensable d’envisager d’enlever des femmes hors du foyer de cette même famille patrilinéaire pour se risquer à les aventurer dans « de lointains pays de l’autre côté de la mer, où elles se trouveraient exposées à tous les dangers » (Lacoste-Dujardin, 1999).

Si le code de l’honneur exigeait bien le maintien de l’épouse et des enfants de l’émigré, au sein de la grande famille, leur présence avait aussi le considérable avantage d’y garantir la régularité des revenus envoyés par les émigrés. Alors, seules les familles traditionnellement puissantes, où une déjà longue tradition d’émigration des

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hommes s’accompagnait d’une certaine modernité, ont alors été assez fortes pour oser, les premières, ces écarts à la règle. Un statut dominant et une réputation d’honorabilité bien établie leur ont donné l’audace d’innover en autorisant certaines de leurs femmes à s’éloigner. Et celles-ci ont ouvert la voie à d’autres femmes qui, plus tard, ont suivi ces premiers exemples.

Il semble que ce soit l’insécurité due à la Guerre d’Algérie qui a incité quelques-uns uns des travailleurs immigrés issues de ces « bonnes familles » modernistes, installés depuis un certain temps en France, à y faire venir près d’eux leurs femmes. La plupart de ces femmes étaient certes récemment mariées, mais plus souvent remariées (Lacoste-Dujardin, 1999). Car l’interdit de mobilité des femmes, jusque là respecté, imposait encore l’exclusion des toutes jeunes mariées de cette première émigration féminine. La plupart de ces « pionnières » avaient au moins vingt ans, étaient souvent déjà veuves ou séparées d’un premier mari, et de surcroît issues de familles – quoique dominantes – fréquemment déstructurées (surtout du fait de la guerre), et presque toujours dépourvues de l’autorité du patriarche. Ce sont donc ces femmes, éventuellement déjà mères, qui, avec des Marocaines travailleuses venues de manière indépendante mais le plus souvent arrivées plus tardivement, constituent aujourd’hui l’essentiel des femmes de l’immigration maghrébine de plus de 60 ans.

Nos recherches nous conduisent à confirmer certains points des travaux de Camille Lacoste-Dujardin.

D’une part, on note, dans l’Atlas statistique5, que le niveau de diplôme des femmes les plus âgées (60 ans et plus) est sensiblement plus élevé que celui de la génération suivante (50-59 ans), ce qui tendrait à vérifier que cette première vague de migrations féminines concernait des femmes au statut social dominant, ayant bénéficiées d’une scolarité parfois longue.

D’autre part, il ressort de plusieurs entretiens une distinction entre ces générations, celle du 4ème âge et celle de 3ème âge. Il semble qu’elles maîtrisent mieux la langue française – elles ont grandit pendant la période coloniale - voire qu’elles aient appris à lire et écrire, éléments que l’on retrouve moins dans la génération suivante. Elles-mêmes

5 Adeus / FASILD : Atlas Statistique Commenté – Les femmes âgées immigrées en région PACA, note 1 – janvier 2006.

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ou leurs enfants présentent leur émigration comme « un défi » : « elles se sont intégrées par fierté6 ». Elles ont souvent travaillé dès leur arrivé en France. Cette distinction est assez répandue dans les entretiens réalisés et oppose notamment, dans les villes polarisant l’espace rural, les femmes âgées d’origine algérienne dont la présence est ancienne, qui maîtrise la langue et sollicitent peu les dispositifs d’accompagnement social, des femmes âgées d’origine marocaine venues rejoindre leur époux (travailleurs agricoles) dont les difficultés sont importantes

Ce n’est qu’à partir des années 1974-1975 que les femmes furent plus nombreuses à rejoindre leur mari, lorsque l’immigration dite « de travail » fut interdite, et seulement autorisé le « regroupement familial » autour de travailleurs installés plus durablement. Cette nouvelle arrivée de femmes, souvent jeunes, a alors profondément modifié la structure par âge et par sexe de la population d’origine maghrébine résidente en France, bientôt voisine de celle de l’ensemble des Français. Mais c’est pourquoi aussi les personnes âgées demeurent sensiblement moins nombreuses parmi les femmes que parmi les hommes, qui, eux, sont souvent d’anciens travailleurs isolés.

L’isolement dans la migration

Ces femmes ont vécu une aventure à laquelle elles n’avaient été nullement préparées. Dans la crainte de « l’étranger » et de ses dangers, elles se sont retrouvées confrontées à l’isolement.

Il s’agit ici d’un isolement multiple : ignorance de la langue, et plus encore de l’écrit, absence du conjoint accaparé par son emploi, elles redoutaient de transgresser les interdits culturels qui, au Maghreb, limitent les déplacements et les relations féminines à l’intérieur du cercle de parenté dont l’absence en France les a ainsi contraintes à l’enfermement dans leur logement (Lacoste-Dujardin, 1977).

Ainsi leur exil les a privé à la fois de leurs propres parents (souvent du même village ou d’un village voisin), comme de la parenté de leur mari, cette grande famille patriarcale où, au Maghreb, les relations solidaires des

6 entretiens

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nombreuses femmes entre elles compensent la ségrégation entre les sexes et le peu de communication avec les hommes – y compris l’époux -, enjoints par le code de conduite.

Or, en émigration en France, dans un cadre domestique étranger et souvent exigu, elles s’y sont retrouvées confrontées à une unique relation duelle et toute nouvelle, seule devant un homme, dans un face à face souvent conflictuel. Elles se sont alors « centrées » sur ce foyer, souvent dans le confinement et la solitude, à travers leurs enfants et les taches ménagères. Néanmoins, on observe qu’elles ont, pour certaines, su trouver leur place dans la vie de la cité, notamment à travers l’engagement associatif.

Cette question de l’isolement revient de manière récurrente, aussi bien dans les entretiens réalisés que dans la littérature existante. « La vieillesse des femmes immigrées paraît devoir être plus solitaire que dans leur société d’origine, car il ne leur reste plus, en France, qu’un rôle affaibli à jouer, du fait de l’éclatement familial. De plus, leurs centres d’intérêts personnels sont limités, entre autre par leur analphabétisme » (LACOSTE-DUJARDIN, 1999).

Cet isolement, subit dès l’arrivée en France, se prolonge donc jusque dans la vieillesse.

Mais cet isolement est-il une généralité ? De nombreux entretiens nous montrent au contraire un vie sociale riche, du fait notamment du « temps libre » offert par le départ des enfants. Certaines femmes âgée mettent alors à profit cette période de leur vie qu’est la vieillesse pour sortir de la place à laquelle elles avaient été assignées – le foyer familial – et expriment leur envie de connaissance, de savoir, de découverte.

Pour certaines, la confrontation à l’isolement ne semble poser problème que lorsqu’elle est liée à des difficultés à se déplacer (impossibilité de marcher, etc.). Il semble que sinon, les femmes âgées ne soient jamais réellement isolées (famille, amies, sorties au marché…). Il semblerait d’autre part qu’elles anticipent ces difficultés par le retour au pays. Ainsi, une femme isolée qui sentirait

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qu’elle devient impotente rentrerait au pays7 afin de retrouver les réseaux familiaux qui lui permettront d’être entourée.

La situation particulière des « primo-arrivantes » âgées

Il nous semble important de faire ici un point sur la situation particulière des femmes arrivant par regroupement familial à l’âge de la retraite du conjoint, ou par regroupement familial par ascendant si ce sont les enfants qui vivent en France.

Il s’agit pour l’essentiel de femmes originaires d’Algérie et du Maroc dont les maris avaient migré pour des raisons économiques dans les années 70 ou 80 avec un projet de retour au pays, projet abandonné aujourd’hui. Seuls dans leur vieillesse, ils entreprennent les démarches de regroupement familial.

Une autre procédure est également utilisée. Il s’agit des travailleurs agricoles ne justifiant pas de revenus suffisant pour un regroupement familial, mais ayant cotisé plus de 30 ans en France. Le droit leur permet dès-lors de bénéficier d’une naturalisation. Ils font ensuite venir leur épouse au titre de « conjointe de français ». Il semble que cette procédure dépende de la qualité des relations entre les opérateurs et les services de l’État.

Ce sont donc des femmes qui arrivent en France alors qu’elles ont toujours vécu au pays. Se posent alors de multiples problèmes, dont le premier est sans conteste la maîtrise de la langue. La plupart des opérateurs de terrain nous ont alertés sur la situation d’isolement dans laquelle se retrouvent très rapidement ces personnes, due à l’absence de réseaux de socialisation (familiaux ou amicaux). Ceci n’est pas sans conséquences sur l’accès aux droits, à la santé. Il semble que cette problématique soit d’autant plus prégnante dans les bourgs ruraux où les communautés sont faiblement représentées. Il s’ensuit souvent des demandes de logement social dans le pôle urbain le plus proche, afin de tenter de réintégrer les réseaux communautaires. Ces faits se vérifient de manière statistique : on remarque sur certains territoires que le

7 Sur cette question du retour au pays, nous avons recueilli des avis divergents : Certains opérateurs nous ont dit que les femmes avaient plus tendance que les hommes à rentrer au pays, notamment lorsqu’elles sont confrontées à l’isolement ou à la dépendance et à la perte d’autonomie. A l’inverse, d’autres nous ont dit que les femmes avaient plutôt tendance à rester en France, principalement pour rester proches de leurs enfants et des services de santé. D’autre part les situations semblent différer selon les pays d’origine.

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nombre de femmes immigrées âgées croît dans les villes polarisant l’espace rural, tandis qu’il tend à diminuer ou à stagner dans les zones rurales.

Il semblerai qu’en l’absence d’enfants, ces femmes retournent au pays lors du décès de leur conjoint. Certaines continueraient à y « vivre par procuration » durant leur présence en France, n’utilisant pas les dispositifs existants.

Des situations d’isolement synonymes d’exclusion

D’autre part, on nous a signalé des formes d’isolement beaucoup plus dures. Il s’agit de femmes ayant cessé toute relation avec leur famille, que ce soit en France (elles sont veuves, divorcées, ont émigré seules, les enfants sont partis…) ou au pays : elles ne veulent pas ou ne peuvent pas envoyer de l’argent, ce qui signifie, pour elle et pour la communauté restée dans le pays d’origine, un échec de leur émigration. « Ce sont des personnes qui ont une grande honte de leur statut, de leur situation, honte d’être restées ici sans avoir fondé un foyer8. » Il semblerait qu’un certain nombre de ces femmes, en l’absence de revenus et donc en très grande précarité, se tourne vers la prostitution.

Le vieillissement en pays d’immigration : « l’espérance déçue

du bénéfice de l’âge »9…

En vieillissant, l’expérience a permis aux femmes âgées immigrées maghrébines de prendre du recul, de la réflexion, et de constater que, malgré leur conduite respectueuse des règles inculquées, elles n’avaient pas mené jusqu’à son accomplissement enfin gratifiant le destin de femmes-mères maghrébines qui leur avait été donné en modèle. Au contraire, dans leur âge mûr, nombre d’entre elles prennent conscience de ce parcours de vie tout à fait inattendu et dont les conséquences les amènent à remettre en cause le modèle prévu.

Elles ont à faire face à la difficile révision de tout le système de valeur acquis, et de bien des perspectives, si différentes entre le « là-bas » et « l’ici ». Ayant dans un premier temps, et en dépit des conditions particulièrement difficiles en émigration, rempli au mieux leurs tâches

8 entretiens 9 Selon l’expression de Camille LACOSTE-DUJARDIN, op. cit.

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maternelles, elles se retrouvent, une fois l’âge venu, privées des bénéfices mérités qu’elles pouvaient alors légitimement espérer, et dont peuvent bénéficier la plupart des femmes de leur même classe d’âge demeurées au pays.

Si la vieillesse des femmes est plus rare et en général plus courte au Maghreb qu’en France (espérance de vie plus courte du fait des conditions), le veuvage des femmes est néanmoins beaucoup plus fréquent (maris en général plus âgés, remariage féminin rare après 30 ans…).

La vieillesse apparaît donc pour la femme maghrébine comme une sorte d’accomplissement, lors duquel elle accède au statut de maîtresse de maison, riche de nombreux hommes, ses fils, couronnement de sa vie de femme et perpétuation du patrilignage de leur époux. Âgées, la femme accède à certains pouvoirs (domination des différentes femmes de la maisonnée, les belles-filles notamment) ou contre-pouvoirs (à la domination masculine). Leur état de femmes infécondes les autorise à maintes libertés de mouvement et de parole (Lacoste-Dujardin, 1999).

En émigration, ce schéma de vie et la représentation que pouvaient en avoir ces dames âgées est remis en cause dans le contexte français, où cet accomplissement de maîtresse de maison mère de plusieurs fils, pourtant légitimement attendu, est compromis. Elles sont en premier lieu, privées de la présence escomptée permanente de ces fils, le plus souvent parti habiter, une fois mariés, en dehors de la maison paternelle. A l’opposé, le maintien au domicile parental de certains d’entre eux apparaît dans la société française comme un échec relatif pour la mère.

En revanche, ces mères âgées bénéficient d’une plus grande proximité affective avec leurs filles, ce qui n’est pas forcément le cas dans la société traditionnelle des pays d’origine. On note ainsi une forte relation entre les mères et leurs filles, alors que traditionnellement – notamment dans les sociétés rurales – le lien fort est entre la mère et son fils, voire sa belle-fille. On observerait donc un déplacement de l’ascendant maternel de la belle-fille vers la fille10, celle-ci restant plus longtemps au foyer tandis que les fils deviennent plus vite indépendants et autonomes. Ces filles, à travers leurs propres aspirations et leur double culture,

10 entretiens

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sont à même de prendre conscience de la vie difficile et des multiples frustrations de leurs mères : absence de vie de couple avec un mari choisi, absence d’épanouissement (tant dans une activité extérieure au foyer, souvent interdite, qu’au-dedans de la famille), et compréhension de la privation de cette forme d’accomplissement de la vieillesse. En ce sens, certains des entretiens réalisés confirment cette vision de « la mère qui gère toutes les contradictions des générations suivantes10 » : elle regrette de n’avoir pas accompli le destin qui lui était promis, tout en ouvrant ses filles sur un autre possible.

D’autre part, le lien parents-enfants, et mères-filles en particuliers, peut nous éclairer sur l’invisibilité des femmes âgées immigrées dans les milieux spécifiques de la gériatrie et des aides aux personnes âgées. La fille, aidant sa mère, fait le vide autour d’elle, c'est-à-dire que se sentant indispensable, l’enfant élimine les autres acteurs éventuels de la prise en charge de la personne âgée. Par conséquent, toutes les sortes d’aides sont vécues de manière négative, car elles procurent un sentiment de culpabilité et d’échec personnel. Cette observation pourrait permettre de comprendre, en partie, l’invisibilité publique de ces personnes (GALINIER-DIDIER, 2002).

Néanmoins, de nombreux entretiens nous confirment une distension des liens « parents âgés – enfants », évolution en cours aussi bien dans les pays d’origine qu’en France. Cette distension serait d’autant plus forte après le décès d’un des conjoints, l’autre se retrouvant seul. Ainsi, plusieurs femmes âgées nous ont affirmé voir rarement leurs enfants, lesquels vivent pourtant à proximité : « Mon fils, je le vois deux fois par an ! pourtant il habite à La Castellane (Marseille 16) et moi dans le 14ème ! Mais maintenant, les jeunes c’est plus pareil… Ils ont aussi des soucis, des choses à faire, trouver du travail, faire garder les enfants… Ils ont plus le temps de s’occuper des vieux, ils ont d’autres priorités… avant, quand il y avait mon mari malade à la maison, c’était pas pareil, les enfants, ils venaient, mais maintenant… 10».

Il faut tenir compte du relâchement des solidarités intergénérationnelles, et prévoir une augmentation du nombre de femmes âgées seules par la logique des disparitions plus précoces de leurs conjoints (DHERBEY, JURDAN, 2002).

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Sur cette question des liens intergénérationnels, il apparaît que les personnes originaires de Turquie y sont encore très attachées, le rôle des enfants dans l’accompagnement des aînés étant primordial. Ainsi, plusieurs acteurs associatifs ont utilisés la même expression « Pour les Turques, ce n’est pas pareil, les enfant s’occupent encore beaucoup des vieux : c’est comme c’était pour nous [les Algériens, ndr.] mais avant, il y a 20 ans ».

… mais également le passage à une « prise en compte de

soi »

Si la vieillesse ne correspond pas aux représentations que les femmes âgées maghrébines pouvaient s’en faire, et du coup aux attentes qu’elles pourraient en avoir, elle ouvre souvent la possibilité d’une forme de « recentrage » sur soi. Après avoir passé une vie à s’occuper des autres – conjoints, enfants, neveux… - la vieillesse est aussi considérée par certaines comme une « délivrance ».

Elles profitent alors du temps libéré pour découvrir, pour apprendre. Le public des cours d’alphabétisation est largement composé de femmes âgées, qui « prennent enfin le temps11 » d’apprendre à maîtriser une langue qu’elles avaient peu l’occasion de pratiquer. Tous les acteurs associatifs nous renvoient au succès auprès de ce public des sorties, des voyages organisés.

C’est ainsi que pour beaucoup d’opérateurs, la vieillesse est également caractérisé pour les femmes comme le moment d’une « soif de savoir, de découverte11 », lié à un fort besoin de socialisation.

Les femmes âgées originaires d’Afrique noire : un public

moins connu institutionnellement, des situations multiples

Bien qu’en augmentation considérable, la population africaine hors Maghreb est peu identifiée, aussi bien par les opérateurs sociaux associatifs que dans la littérature consacrée à l’immigration.

Les renseignements obtenus lors de certains entretiens nous permettent de caractériser essentiellement la population d’origine Sénégalaise. On aurait d’une part une population des ethnies Manjaks (originaire de Casamance, majoritairement de religion catholique),

11 entretien

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Soninké, Bambara ou Peul. Il s’agit ici d’une immigration ancienne, familiale, bien insérée dans la société française. C’est souvent une population ouvrière, à la situation proche de la première génération d’immigrés algériens. L’immigration concernait les hommes seuls, restant de trois à six ans avant de retourner au pays tandis que d’autres plus jeunes venaient les remplacer. Avec l’arrêt de l’immigration de travail en 1974, cette rotation a été bloquée. Poussés à rester, les travailleurs ont fait venir leurs épouses et leurs enfants, à partir de la fin des années 70. C’est essentiellement dans les années 80 que c’est développé cette « familialisation » de l’immigration africaine. Aujourd’hui, les femmes âgées, souvent veuves, peuvent vivre dans l’isolement ou la dépendance par rapport aux enfants, mais les liens communautaires restent très forts.

Une autre part de la population est composée de commerçantes itinérantes, originaires des ethnies Toucouleurs et Wolofs (dont certaines de la confrérie Mouride), de confession musulmane. Il s’agit donc ici majoritairement de femmes seules, s’inscrivant dans une migration économique, constituées en réseaux.

Enfin, certains travaux font état d’une forte augmentation de l’immigration dite « des gens des villes » (BLANCHARD, 2002). Il s’agit ici de personnes originaires d’Afrique côtière (Côte d’Ivoire essentiellement) et d’Afrique Centrale (Cameroun, Congo-Brazzaville, République Démocratique du Congo ex Zaïre). Leur immigration est plus récente et correspond à des initiatives individuelles, motivées par des raisons économiques ou politiques. Ces ressortissants sont en majorité d’origine urbaine, avec un niveau de scolarisation élevé, parlant bien le français et catholiques. Les familles sont de taille réduite et on compte une part importante de familles monoparentales, composées de femmes célibataires ou divorcées ayant émigrées seules avec leurs enfants. Une partie de cette population est en effet de filiation matrilinéaire (les enfants se rattachent à la famille de la mère, et c’est celle-ci ou l’oncle maternel qui est responsable de son éducation). Ceci nous laisse à penser une augmentation à venir du nombre de femmes isolées âgées originaires de ces régions.

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Note 2 : Problématiques identifiées – février 2006 page 15 Adeus groupereflex_

Le retour au pays

La question du retour au pays varie beaucoup selon les origines.

Ainsi, il apparaît très nettement que les femmes âgées d’origine algérienne n’envisagent pas, pour la majorité d’entre-elles, de rentrer « au pays ». Pour elles, après avoir vécu plus de 15 ans en France, « leur pays, c’est ici ». C’est ici que sont nés et ont grandis leurs enfants, ici qu’ils vivent, et puisque eux ne souhaitent pas vivre en Algérie, leur mère non plus : « ici, il y a les enfants, et même s’ils sont grands, je ne veux pas être loin… Eux, même en vacance, au bled, ils veulent pas y aller… On part 15 jours, ils vont sur la tombe de leur père, de leur oncle, et au bout de deux jours, ils disent " je veux rentrer, y a rien à faire ici ". Alors qu’est-ce que je vais faire toute seule, là-bas ? Déjà ici, je les vois pas beaucoup, les enfants, alors…12 ».

Si la situation semble proche pour les personnes d’origine marocaine, les Tunisiennes auraient plus tendance à rentrer au pays.

Il en est de même pour l’immigration noir-africaine (Sénégal, Mali notamment). Immigration plus récente, encore majoritairement masculine, les femmes sont arrivées plus récemment. Il semblerait que la majorité rentre vieillir au pays, les liens avec la France étant moins forts. Cependant, certaines ethnies, particulièrement celles d’Afrique subsaharienne, sont porteuses d’une exigence de reconnaissance et de respect de la part de la France pour tous les services rendus par les leurs à la « patrie » et comme compensation du pillage colonial qu’ils ont subi (TIMERA, 1997).

Mais c’est une hypothèse prospective qui ne trouvera une réponse que dans quelques années, lorsque la diaspora africaine en France sera mieux installée.

Sur cette question du retour au pays, le rapport de la CNAV (GALOU, 2001) nous donne des résultats quantitatifs exprimés sur l’intention de retours, selon les différentes origines. Le tableau page suivante ainsi que son analyse confirment les éléments que nous avons obtenus lors de notre enquête.

12 entretiens

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Note 2 : Problématiques identifiées – février 2006 page 16 Adeus groupereflex_

Tableau : Intentions de retour et d'enterrement dans les différents pays d'origine des immigrés

% Hommes Femmes Pays d'émigration Retour Enterrement Retour Enterrement

Algérie 24 53 12 48 Espagne 12 12 10 13 Maroc 26 52 19 56

Portugal 27 33 27 27 Turquie 25 63 28 70

Afrique Noire 44 48 43 45 Asie du Sud Est 10 10

Source : INED/INSEE, Enquête MGIS 1992.

On peut remarquer que d'une manière générale, le classement des courants migratoires en fonction de la proportion de ceux qui souhaitent retourner correspond assez bien à celui obtenu par l’ancienneté de l’immigration. En bas de l'échelle, parmi ceux qui désirent le moins retourner dans leur pays d'origine, se trouvent les Algériens et les Espagnols, pourvu que l'on ne considère pas les hommes seuls dont la famille est restée au pays. Suivent les courants portugais et turcs, le courant marocain (sans les "faux célibataires") ; le courant noir-africain, le plus récent affiche avec plus de 40%, la plus forte volonté de retour au pays. Le Sud Est asiatique, courant migratoire spécifique car "de rupture", se caractérise par un niveau très bas de projection dans le pays d'origine. Si l’on s’attache à la migration féminine, on note un souhait de retour toujours inférieur à celui des hommes pour les populations originaires du continent africain et pour l’Espagne. La différence entre Hommes et Femmes est même très élevée pour les populations du Maghreb (ici Algérie et Maroc), notamment du fait que les hommes sont plus nombreux à être isolés alors que les femmes vivent plus souvent en famille ou à proximité de leurs enfants, ce qui corrobore les informations obtenues par entretiens.

Les entretiens réalisés nous ont montré une autre facette du retour au pays qui diffère suivant l’âge. En effet, les femmes âgées de 60 ans et plus évoquent le retour au pays sous forme « horizontale », définitive, parce qu’elles voudraient se faire enterrer auprès de leur mari, de leur mère, de leur père, de leur famille, alors que les femmes âgées de 50 à 59 ans l’évoque en faisant référence à l’aspect financier : « les terres sont gratuites en Algérie…je veux pas que mes enfants payent pour ça ». Ainsi, le retour au pays peut être perçu comme symbolique parce qu’elles ne vont pas « là bas » pour y vieillir, mais pour y vivre éternellement, alors que pour les plus jeunes, cette donnée n’est pas présente dans leur discours.

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Note 2 : Problématiques identifiées – février 2006 page 17 Adeus groupereflex_

2. La faiblesse des ressources financières

Les ressources financières des femmes âgées immigrées sont souvent liées à celles de leur conjoint, ou à une pension de réversion s’il est décédé. Très peu d’entre elles ont suffisamment travaillé de manière déclarée pour ouvrir des droits à une retraite.

Elles sont donc souvent contraintes de vivre des minimas sociaux ou de continuer à exercer une activité professionnelle, souvent précaire. Certaines situations familiales (séparées mais non divorcées officiellement) peuvent accentuer ces difficultés.

C’est sur cette question des revenus que le groupe AGE + de l’Union Européenne travaille le plus.

Le passage à la retraite des immigrés (enquête CNAV)

La Caisse Nationale d’Assurance Vieillesse a réalisé, en collaboration avec l’INSEE, en 2000 2001 et 2002 une grande enquête sur le passage à la retraite des immigrés. Elle met en avant les points suivants :

La fin de la vie active s'accompagne de deux problèmes récurrents : des soucis d'ordre pécuniaire et des problèmes de reconstitution de carrière. Les retraites des immigrés sont relativement faibles. Ceci s'explique par le niveau modeste des salaires de base perçus au cours de la vie active, la plus courte durée de celle-ci ou les difficultés à justifier l'ensemble des trimestres nécessaires pour toucher une retraite à taux plein, la plus faible qualification des statuts professionnels et la singulière rareté de leurs ascensions professionnelles (GALLOU, 2001).

Pour ceux qui vivent en France en famille, qui ont opté pour le regroupement familial, la situation est dans l'ensemble bien meilleure que celle des célibataires. Cependant ils partagent avec les autres quelques inquiétudes. Quand elle est significative, la diminution des revenus est difficile à vivre. Les enfants grandissent, les allocations familiales diminuent, les aides au logement aussi, alors que leurs charges sont les mêmes ou même augmentent (loyers, chômage des enfants...). Les répercussions sociales et familiales sont nombreuses : le père est contesté, déstabilisé dans son rôle du chef de famille. Il peut perdre son statut de modèle et apparaître

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Note 2 : Problématiques identifiées – février 2006 page 18 Adeus groupereflex_

comme un homme faible, dont la société ne reconnaît pas la valeur des années travaillées.

Autre point de friction, la différence d'âge entre les conjoints : les femmes sont parfois beaucoup plus jeunes, elles se sont progressivement ouvertes à la vie sociale, notamment par le biais de la scolarité des enfants. Bien que davantage sujettes à l'illettrisme que leurs conjoints, ce sont elles qui passent le plus de temps à aider et veiller aux devoirs. Elles ne se cantonnent pas à leur rôle d'épouse mais interviennent régulièrement dans la vie de leur quartier. A ce propos, Gérard Noiriel dans un rapport pour le FAS a souligné l'importance de la femme dans la gestion de ce tournant de la vie. La situation des femmes est peu abordée, mais il ne faut pas pour autant la passer sous silence. Certes elles sont peu nombreuses à avoir migré pour des raisons professionnelles, mais elles ne sont pas toujours restées en dehors de la vie active. En vieillissant, leur situation apparaît plus préoccupante que celle des hommes. Plus jeunes que leurs conjoints, plus souvent illettrées, elles devront vivre plus longtemps avec très peu de moyens (essentiellement la pension de réversion du mari, peu d'entre elles ayant eu une carrière professionnelle complète).

Des revenus liés à ceux du conjoint

Selon les statistiques du « Pôle Infos-Ressources » (CCAS Marseille - ICARES, 2005), 17,5% des femmes seules perçoivent une retraite ou une pension de réversion, 41% n’ont pas de revenu et 41,5% bénéficient de revenus liés au RMI ou à l’invalidité sur Marseille. « Les situations de précarité sont plus importantes chez les femmes et semblent plus complexes ».

Les revenus dépendent en majorité de ceux du conjoint, même si aujourd’hui l’accès à l’emploi est plus facile qu’auparavant. Mais les revenus restent irréguliers, souvent sous la forme de contrats courts ou de précarité salariale.

On note une représentation de la part de certaines femmes rencontrées, selon laquelle les femmes étrangères toucheraient des pensions de retraite ou de réversion moins élevées que les femmes françaises, ce qui est faux mais traduit bien un sentiment de discrimination. Plusieurs femmes se plaignent de devoir se battre pour obtenir la pension de réversion de leur mari : « Mon mari, il était ancien combattant, et bien quand il est mort, ils m’ont

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Note 2 : Problématiques identifiées – février 2006 page 19 Adeus groupereflex_

donné sa carte d’ancien combattant, mais pas la pension…13 »

Les femmes âgées qui arrivent aujourd’hui dans le cadre du

regroupement familial

Les femmes qui arrivent aujourd’hui ne travaillent pas en général. Se pose d’une part le problème de la maîtrise de la langue [cf. chapitre « Accès aux droits »], d’autre part l’absence de qualification. Et comme le dit une responsable associative : « Pour les formations qualifiantes, passée 25 ans, tu es morte ! alors quand tu es vieille…12 ». Ainsi, si l’accès à une formation ou à un emploi pour les plus jeunes semble s’améliorer, la situation des femmes arrivant après 35 ans est problématique : sans formation, elles ne peuvent travailler et ne cotisent donc pas pour leur retraite.

Le revenu de ces femmes âgées immigrées est souvent réduit au minimum vieillesse ce qui conduit à des situations précaires.

Cette situation des femmes arrivant tard par regroupement familial (du conjoint ou par ascendant) est notée par de nombreux acteurs. Certains soulignent notamment le fait qu’elles fréquentent les formations, les cours d’alphabétisation, les associations d’insertion et autres dispositifs (agence d’intérim spécialisées…) de manière privilégiée si elles ouvrent droit à une rémunération, ce qui nous renseigne sur la précarité de leurs situation économique.

Il est important également de noter la fragilité de leur situation lors du décès du conjoint.

Des femmes en grande précarité du fait de l’absence de

revenus

On peu distinguer deux groupes de femmes âgées immigrées en grande précarité du fait d’une absence de revenus :

⇒ Les femmes isolées, célibataires ou veuves. Elles n’ont pas ouvert de droit à la retraite, ou n’ont pu justifier l’activité de leur conjoint qu’elles ont pourtant toujours vu travailler. Parmi elles, certaines ont bénéficié d’un regroupement familial tardif [voir ci-dessus]. Beaucoup n’ont rien en terme de revenus propres. « Elles vont à la

13 entretiens

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Note 2 : Problématiques identifiées – février 2006 page 20 Adeus groupereflex_

CRAM avec des dossiers énormes, pour tenter de toucher une pension de réversion, mais on leur dit en général qu’elles n’ont droit à rien : le mari n’a pas assez travaillé. Bien qu’elles les aient vus travailler tous les jours, les périodes de travail non-déclaré sont nombreuses, et elles ne le savent pas toujours14 ». Elles sont souvent dés lors dépendantes du minimum vieillesse, qu’elles complètent par des activités informelles : ménages, travail dans les boulangeries.

⇒ Les femmes âgées sans papiers sont dans une situation économique encore plus précaire, puisque leur situation administrative ne leur permet pas de bénéficier des prestations sociales. Présentes en général depuis plus de 10 ans, elles ne peuvent justifier cette présence en France (absence de fiches de paie, de quittances de loyer à leur nom…). Les seules activités pour se procurer des revenus pour ces femmes âgées sans papiers sont le travail non déclaré (ménages, commerces de bouche, ateliers de confection) et la prostitution15, qui toucherait de plus en plus de personnes sexagénaires originaires du Maghreb et d’Afrique subsaharienne. Il s’agit ici de condition d’exploitations manquant à tout les critères de dignité : « …Mais elles sont fréquemment exploitées dans les sous-sols de Noailles, notamment pour faire le pain. Elles touchent 15 à 20 € par jour pour 10 heures de travail. Les commerçants profitent des situations dans les cuisines ou les ateliers de confection. En général, ce sont des femmes isolées, sans conjoint, et qui sont « tenues », car elles ont encore des enfants à charge. Elles sont très vulnérables car âgées et sans hommes pour les défendre. Personne ne dit rien, ne dénonce, car c’est en même temps leur seul moyen de subsistance. Si on le dénonce, le commerçant ouvrira une autre boutique ailleurs, on sait comment ça se passe, tandis que les femmes âgées qu’il employait se retrouveront sans rien.13 »

Enfin, il nous a été précisé que le Crédit Municipal est source de revenus. Les femmes âgées y mettent en gage leurs bijoux.

14 entretiens 15 Plusieurs personnes nous ont relaté une augmentation très importante du nombre de femmes âgées de plus de 50 ans se livrant à la prostitution dans le quartier Noailles çà Marseille. Elles seraient une trentaine, mais « invisibilisée » par leur statut de femme âgée et le fait qu’elles sont en djellaba.

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Note 2 : Problématiques identifiées – février 2006 page 21 Adeus groupereflex_

3. Le problème de l’analphabétisme et ses conséquences sur l’accès aux droits

La vieillesse, et notamment le passage à la retraite, est souvent le révélateur des difficultés d’accès aux droits en confrontant les personnes âgées à la complexité administrative, complexité démultipliée lorsqu’elle se superpose à une mauvaise maîtrise de la langue.

Cette question de la langue est donc le principal facteur d’inégalités entre les femmes âgées immigrées, auquel s’ajoute le fait d’avoir trop souvent « subit » une assistance, sans y être impliqué.

Le passage à la retraite, révélateur des difficultés d’accès

aux droits

Concrètement, le passage à la retraite confronte de nombreux immigrés à une complexité administrative que leurs difficultés à s'exprimer, à lire et à écrire le français rendent d'autant plus obscure. Les nombreuses démarches à effectuer, les formulaires, les imprimés à remplir, les justificatifs à retrouver, l'éloignement géographique avec leur lieu de naissance, les délais à respecter, constituent des obstacles au bon suivi de leur dossier. A cela s'ajoutent les problèmes tels que la retranscription des noms (nombreux litiges sur l'état-civil des Portugais et des Maghrébins), les changements de patronymes, la non-conservation de papiers justifiant les périodes de travail, la difficile validation des périodes de travail en Algérie avant l'indépendance, le service militaire, etc. (GALLOU, 2001)

Ceci est d’autant plus prégnant que pour bénéficier de la retraite, les immigrés doivent fournir plus de documents que les nationaux, documents parfois difficiles à obtenir (fiche individuelle d’Etat civil certifiée conforme dans le pays d’origine par exemple).

Un thème abordé systématiquement : l’analphabétisme

La très grande majorité des opérateurs rencontrés aborde systématiquement la question des femmes âgées immigrées d’abord par le problème de l’analphabétisme. Celui-ci est considéré comme un véritable handicap, très difficile à dépasser avec l’âge. C’est le principal facteur

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Note 2 : Problématiques identifiées – février 2006 page 22 Adeus groupereflex_

d’isolement et un frein très important dans l’accès aux droits. Néanmoins, il est nécessaire de différentier l’analphabétisme de la non-maîtrise du langage administratif et institutionnel.

C’est en effet pour toutes les démarches administratives que les acteurs associatifs et les écrivains publics sont sollicités. Les demandes les plus fréquemment exprimées concernent :

- La retraite (souvent pour la pension de réversion) - Les droits sociaux (allocations, RMI…) - La naturalisation - Le regroupement familial - Les transports publics

Mais il semble que dans tout les cas, ce ne soit pas la démarche en elle-même qui soit impossible pour la personne, mais bien l’analphabétisme qui rend cette démarche compliquée.

En ce sens, nombreux organismes ont insisté sur la nécessité de maintenir des cours d’alphabétisation pour les personnes âgées, la demande étant forte. On note que sur certains territoires (Manosque par exemple), les cours d’alphabétisation sont dispensés par le GRETA, lequel n’accepte pas les personnes de plus de 60 ans, excluant par ce principe une partie du public demandeur. Cette discrimination oblige les opérateurs associatifs à mettre en œuvre leurs propres actions d’alphabétisation ou d’accès aux droits, pour lesquelles ils estiment ne pas avoir toutes les compétences nécessaires.

D’autre part, certains opérateurs dénoncent le « peu d’effort » fait par certaines administrations pour recevoir les personnes maîtrisant mal la langue française, d’autant plus quand le public immigré constitue une part importante de leur public (Caisse de retraite MSA notamment).

Des inégalités dans l’accès aux droits entre les femmes

âgées présentes depuis longtemps…

Plusieurs opérateurs nous ont fait part d’une plutôt bonne connaissance de la part des femmes âgées immigrées quant à leurs droits. Il s’agit ici d’un public présent en France depuis longtemps, essentiellement issu de l’immigration maghrébine ou européenne.

La plupart maîtrisent bien la langue française, ce qui tend à accréditer l’importance de l’analphabétisme dans les difficultés d’accès aux droits. Vivant en France depuis

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plus de 15 ans, elles ont appris – souvent dans un premier temps accompagnées par leurs enfants – à connaître et utiliser le système administratif et social français.

Ainsi, plusieurs responsables d’associations ou professionnels de la santé ont pu nous affirmer que les femmes âgées immigrées savaient parfaitement tirer parti de l’ensemble des possibilités offertes, qu’elles avaient en général une couverture maladie, qu’elles savaient à quelles administrations s’adresser en fonction de la démarche. Certains nous ont même mentionné qu’elles pouvaient parfois s’adresser à plusieurs services sociaux ou associations d’accompagnement social, en fonction de la « performance » de chacun : telle association est identifiée pour aider à monter un dossier de demande de RMI, telle autre pour un dossier de regroupement familial…

Il semble qu’il en soit de même pour une partie de la communauté d’Afrique Noire. Les quelques personnes nous ayant renseigné à ce sujet nous ont affirmé que, de par l’existence de réseaux très bien organisés, les femmes âgées notamment d’origine sénégalaise maîtrisent bien le système administratif et social.

… et celles arrivées récemment par regroupement familial

ou celles en situation d’exclusion

La situation est radicalement différente en ce qui concerne les « primo-arrivantes », qu’elles soient originaires d’Algérie ou du Maroc (arrivées dans le cadre d’un regroupement familial tardif ou par naturalisation du conjoint) ou d’Europe de l’Est.

Pour ces femmes, l’analphabétisme, l’isolement et la quasi-absence de liens sociaux se traduisent par de fortes difficultés dans l’accès aux droits. Ainsi, le mari ou les enfants sont encore souvent chargés des démarches, lorsqu’ils sont présents et en capacité de le faire. Certains travailleurs sociaux nous ont même déclaré avoir des difficultés à rencontrer ces femmes, l’époux étant parfois « réticent » à venir avec son épouse.

Ces femmes sont démunies face à un système administratif qu’elles ne comprennent pas. On est donc ici en présence d’une population réellement très éloignée de toute cette dimension administrative de l’accès aux droits, d’autant plus que ce sont souvent des personnes originaires de milieux ruraux.

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Note 2 : Problématiques identifiées – février 2006 page 24 Adeus groupereflex_

Mais il est également inquiétant que mêmes les opérateurs associatifs, souvent bien identifiés au sein des différentes communautés, se trouvent souvent dans l’incapacité d’accompagner ces personnes. Si l’époux est capable de les solliciter pour la demande de regroupement familial, il semble qu’il y ait une rupture à partir de l’arrivée en France, rupture qui se traduit avant tout par une situation d’isolement social.

Passivité et résignation, en partie conséquence d’une

politique du « faire à la place » au lieu d’une politique d’accompagnement et du « faire avec »

Certains opérateurs nous ont interpellés sur le système d’accompagnement social, qui aurait tendance à renforcer la place symbolique à laquelle est assignée la femme immigrée.

Ils insistent notamment sur le fait qu’on ne leur a pas expliqué, au moment de leur venue, qu’elles disposaient de droits et de devoirs, qu’elles s’inscrivaient dans un système administratif complexe. « Le problème des femmes immigrées est que durant 10 ou 15 ans, elles ont suivi des stages d’insertion, et aujourd’hui, tout ça s’arrête, plus rien ! Elles n’ont jamais été mises au courant de leurs droits. Elles croient que tout est acquis : RMI, CMU, allocations… Elles ne savent pas qu’il y a des conditions (enfants à charges, etc.) ou des devoirs pour bénéficier des aides sociales16. ».

« Il n’y a pas eu d’accompagnement du travail mené, pas de suivi ; on leur a dit : tiens, tu va faire un stage là, prendre des cours d’alphabétisation, on va remplir ces papiers et tu auras droit à telle ou telle prestation sociale… mais elles n’ont jamais été actrice de tout çà… on les a menées de stages parkings en stages parkings…17 »

C’est ce qui expliquerait partiellement, chez certaines femmes âgées, un fatalisme plus présent que pour d’autres parties de la population immigrée. « Des fois, elles ne veulent pas, elles ne se bougent pas.17 » Ce fatalisme de l’âge est en partie culturel. Elles s’aperçoivent qu’elles ont perdu énormément de temps (« demain était un autre jour ») et qu’aujourd’hui il est trop tard. « Souvent, elles baissent les bras et se résignent.17 »

16 entretiens

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Note 2 : Problématiques identifiées – février 2006 page 25 Adeus groupereflex_

4. La question du logement

La majorité des femmes âgées qui ne sont pas isolées (avec des enfants notamment) vivent en général dans des logements grands, pas toujours confortables, mais dans lequel elles souhaitent rester. Les enfants aident souvent à ce maintien. Seules, elles vivent fréquemment dans des conditions identiques aux travailleurs isolés : hôtels meublés, colocations…

La question du logement se pose le plus souvent lorsque le mari, travailleur isolé, souhaite faire venir sa femme dans le cadre du regroupement familial au moment de sa retraite. Les femmes âgées ne s’orientent que très rarement vers des logements spécifiques adaptés aux personnes âgées, d’une part pour des raisons culturelles, d’autre part pour des raisons financières.

Des situations différentes selon les profils familiaux

Lorsqu’elles sont seules (décès du conjoint, divorce, départ des enfants…), les femmes restent en général dans leur logement, même grand, notamment du fait des difficultés d’accès à un nouveau logement. Dans certaines familles, en fonction du lien parents-enfants, les enfants se cotisent pour maintenir leur mère dans son logement, même s’il est grand.

Elles vivent également en meublés, en colocation ou à l’hôtel, où elles se retrouvent après le départ des enfants. C’est ici plus le cas des femmes isolées, de celles en rupture avec leur famille.

Mais dans ces deux cas de figure, la question du logement n’est pas posée en tant que telle, la situation est acceptée avec résignation.

La question du logement se pose en général dans le cadre du regroupement familial. Les hommes retraités font venir leur femme lorsqu’ils ne travaillent plus et se mettent en quête d’un logement, en remplacement de collocation dans le centre ancien ou de chambres en foyer. Le logement est une des conditions pour l’acceptation du dossier de regroupement familial, et c’est dans ce cas l’homme qui pose la question du logement pour la femme. Dans les zones rurales, cette question du logement peut également se poser après l’arrivée de la femme. Ne maîtrisant pas la

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Note 2 : Problématiques identifiées – février 2006 page 26 Adeus groupereflex_

langue, en l’absence de réseaux de socialisation, la femme âgée vit souvent dans des conditions d’isolement très fortes. Elle pousse donc son mari (où dans de rares cas le fait elle-même) à faire une demande de logement social dans le pôle urbain le plus proche, où elle pourra bénéficier d’un voisinage à même de la comprendre et de l’aider dans ses démarches.

Les opérateurs que nous avons rencontrés sont donc globalement peu interpellés directement par les femmes âgées sur la question du logement. Les quelques cas rapportés font état de demandes de logements sociaux (situations sensiblement identiques aux travailleurs isolés faisant une demande pour répondre aux conditions de regroupement familial et faire venir leur femme âgée), mais lesquelles semblent très difficiles à aboutir. Egalement, certains sont sollicités pour des demandes de mutations dans le parc social, au sein d’un même groupe, pour obtenir un logement plus petit.

Une opposition entre quartiers centraux et quartiers d’habitat

social

Les femmes âgées immigrées vivent aussi bien dans les logements anciens des centres-villes que dans les cités d’habitat social. Mais les situations sont semble-il assez différentes.

⇒ dans les cités d’habitat social des grands pôles urbains, il s’agit pour l’essentiel d’une immigration maghrébine, majoritairement algérienne. Les femmes isolées y sont peu représentées, le tissu associatif, le lien social y sont forts. Ce sont en général des femmes arrivées lors des premières vagues d’immigration (avant 1980 en général) ; certaines sont nées en France, leurs parents ayant émigré dans les années 40 ! Dans les cités d’habitat social des pôles secondaires, on trouve des liens sociaux très forts (attachement au quartier, solidarité de voisinage, vie associative), mais pour autant les situations de précarité - du fait de l’inégal accès aux droits et de la non-maîtrise de la langue, en lien avec une immigration marocaine plus tardive - sont très présentes.

⇒ dans les centres anciens des grandes villes et dans les zones rurales, la part des isolées est plus importante, de même que la part des « arrivée récentes » par un regroupement familial au moment de la retraite du conjoint. Les conditions de logement y sont souvent précaires. En plus des femmes d’origine maghrébines, c’est

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Note 2 : Problématiques identifiées – février 2006 page 27 Adeus groupereflex_

dans ces secteurs que vivent les femmes âgées isolées sénégalaises (commerçantes itinérantes), les personnes originaires de Turquie (Kurdes), d’Europe de l’Est, etc.

Une résignation face aux mauvaises conditions de logement

On observe une forme de résignation face aux conditions de logement. Si elles vivent dans de mauvaises conditions (logement petit, insalubre, trop cher…) les femmes âgées préfèrent se contenter de cette situation plutôt que de se plaindre, entamer des procédures, se faire remarquer. Ainsi, plusieurs opérateurs associatifs nous ont signalé des femmes âgées vivant seules, dans un grand logement insalubre, mais qui n’ont jamais voulu mener un recours auprès du propriétaire ou des autorités compétentes, de peur de « représailles ».

Ces conditions de logement sont observées majoritairement dans les centres anciens des pôles urbains et dans les zones rurales.

Le logement adapté ou la maison de retraite : des solutions

qui sont rarement envisagées

L’idée d’un logement spécifique (logement adapté aux personnes âgées, maisons de retraite…) ne leur vient pas naturellement, et sans doutes pour deux raisons.

La première est culturelle. « Au Maghreb, il n’y a pas de maisons de retraite. Nos vieux, on les garde à la maison17. » Dans la loi coranique, les enfants ont obligation de prendre en charge leurs parents âgés. Néanmoins, il s’agit ici d’une représentation plus que d’une réalité.

La deuxième est matérielle : les prix pratiqués ne leur permettent que difficilement d’avoir accès à une maison de retraite. De ce fait, la demande et faible. « Il n’y a pas de possibilité de rentrer en maison de retraite pour les immigrées » ; « Pour une immigrée, pour rentrer dans une maison de retraite, il faut être une mouche » 17.

Les quelques cas mentionnés (dans le centre de Marseille) concernent principalement des personnes grabataires nécessitant un suivi médicalisé.

17 entretien avec des filles de femmes âgées

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Note 2 : Problématiques identifiées – février 2006 page 28 Adeus groupereflex_

5. Santé : des inégalités dans l’accès aux soins selon les situations des femmes âgées

Chez les femmes âgées originaires de pays du Maghreb, il semble que l’on trouve plusieurs types de profils, dont les accès aux soins sont inégaux et en lien avec une exclusion plus ou moins forte. Dans tous les cas, la question de la santé est rarement abordée (difficultés d’ordre culturel, ajoutées à la barrière de la langue) par les femmes. Lorsqu’elle l’est, c’est souvent par le biais d’un prétexte administratif.

Il n’existe pas de pathologies spécifiques, mais plus une spécificité dans l’expression des pathologies, souvent traitées de manière tardive, donc a un moment déjà avancé. Ceci peut être compris à partir du réseau sémantique de la maladie utilisé par les femmes âgées immigrées, et qui diffère suivant les cultures. En effet, l’appartenance à une culture fournit à l’individu le cadre dans lequel s’opèrent ces interprétations touchant les phénomènes du corps et, en particulier, la maladie et ses symptômes. Ainsi, la maladie n’est pas vécue de la même manière selon les cultures, ce qui peut être la raison pour laquelle certaines femmes tardent à consulter, parce qu’elles ne considèrent pas certaines pathologies comme graves : la douleur est intime certes, mais elle est aussi imprégnée de social, de culturel, de relationnel, elle est le fruit d’une éducation (LE BRETON, 2006).

Une bonne connaissance du système de soins, mais parfois

des difficultés de compréhension (traitements…)

Certaines femmes âgées immigrées, malgré les souffrances liées à l’isolement de leur communauté, sont très conscientes des avantages dont elles bénéficient en France, surtout en ville, où elles savent tirer profit d’un meilleur suivi médical et de soins, dont elles ont sciemment fait profiter leurs enfants et elles-mêmes, d’autant plus que leur santé et celle de leur conjoint sont souvent déficiente (Lacoste-Dujardin, 1999). Il semblerait qu’elles aient majoritairement un médecin traitant18. Dans ce profil, les

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femmes consulteraient très facilement leur généraliste, se plaignant de tous les petits maux liés à la vieillesse (en général exprimés par le champs lexical de la fatigue), avec une peur panique de tomber malade. Cette peur panique de tomber malade peut être retraduite en terme de rejet de cette catégorisation. En effet, il n’est pas neutre de désigner quelqu’un comme malade (« si on tombe malade, c’est que l’on a fait quelque chose de mal…19 »), et ceci peut avoir des conséquences défavorables pour le patient, au niveau de son identité sociale.

La majorité des opérateurs rencontrés met en avant une bonne connaissance de système de soins français, même si les récentes réformes de la Sécurité Sociale (Parcours de Soins Coordonné) sont considérées par certains médecins comme une nouvelle difficulté pour ces femmes dans la compréhension globale de leur prise en charge médicale : « Le parcours de soins coordonné va exclure les plus exclues19 ».

La principale difficulté exprimée par les médecins est dans la compréhension par les patientes de leur traitement, du fait de la mauvaise maîtrise de la langue. Ainsi, les posologies, les modes d’administrations, la durée du traitement doivent faire l’objet de beaucoup d’explications de leur part.

Les plus à la marge sont aussi les plus éloignées du système

de soins

D’autres, à l’inverse, parmi lesquelles on retrouve majoritairement des personnes vivant seules et devant subvenir à leurs besoins par leurs propres moyens (isolées, sans papiers…), prennent beaucoup plus de recul face à la maladie. « Elles ne s’occupent de leur santé que lorsqu’elles tombent malade19 ». Elles présentent une sorte de résignation, cachent leur maladie et attendent le dernier moment pour consulter. Elles ont peur que la maladie les oblige à s’arrêter de travailler. Il semblerait que ce ne soit pas par méconnaissance du système, mais par manque de temps, par peur de devoir réduire leur activité professionnelle, qu’elles ne consultent pas : « Ce n’est pas une méconnaissance du système, elles savent, mais elles n’ont pas le temps19 ».

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Note 2 : Problématiques identifiées – février 2006 page 30 Adeus groupereflex_

Il s’agit dans ce cas majoritairement de femmes isolées, d’origine maghrébine ou africaine (commerçantes itinérantes sénégalaise notamment), dont l’activité souvent informelle est l’unique moyen de subsistance.

⇒ Parmi elles, les femmes maghrébines consultent souvent en cas de pathologies lourdes : cancer de l’utérus, cancer du sein… Elles attendent souvent que la maladie en soit à un stade avancé avant de consulter. Elles rentrent dans la pathologie en général par le symptôme le plus lourd (saignements abondants après la ménopause, tumeurs…).

⇒ Les femmes d’origine Africaine consultent semble-t-il pour des pathologies plus « courantes » liées à la vieillesse : hypertension, diabète, rhumatismes… mais ceci diffère suivant l’ethnie d’origine. Des femmes, souvent commerçantes itinérantes, vivent des difficultés de prises en charge de leur pathologie, du fait de leurs voyages réguliers, et donc d’une insuffisance de suivi. Les conditions de logements (humidité, insalubrité) sont parfois des facteurs aggravant des pathologies.

Les questions liées à la sexualité, à la ménopause, sont « un luxe » qu’elles ne se permettent que rarement. Face à ces soucis, elles ont plutôt tendance à se mettre à fumer pour contrôler leur anxiété, à boire de la bière pour supporter les bouffées de chaleur, etc.

En règle générale, les consultations gynécologiques n’ont, pour certaines femmes, pas lieu d’être passées à un certain âge. En effet, ne pouvant plus avoir d’enfants, les femmes ne ressentent ni l’envie, ni la nécessité de consulter dans cette spécialisation, car pour elles « tout est terminé ». Il s’avère que dans tous les cas, les consultations de médecins spécialistes sont plutôt rares, les femmes âgées privilégiant un généraliste avec lequel elles se sentent en confiance.

Un suivi des traitements aléatoires et un recours fréquent à

l’automédication, un rejet des médecines dites « traditionnelles »

Le suivi des traitements ordonnés par les médecins diffère beaucoup selon les situations personnelles et en fonction de différents critères. Nous avons déjà vu que la mauvaise maîtrise de la langue devait s’accompagner d’une forme « d’accompagnement pédagogique » de la

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Note 2 : Problématiques identifiées – février 2006 page 31 Adeus groupereflex_

part du médecin. Prendre « ¼ » de comprimé n’est pas forcément compris facilement. L’autre facteur influant beaucoup sur le suivi des traitements est les conditions de vie, les temps de présence en France : une personne vivant « entre les deux pays » peut difficilement suivre un traitement régulier.

D’autre part, le recours à l’automédication pour les pathologies « courantes » est quasi systématique dans certaines origines, en particulier les femmes issues du Sénégal, où « cette pratique est culturelle » du fait du faible nombre de médecins. Le « traitement qui marche » passe par le bouche à oreille. Mais les médecins mettent en garde du fait que certains traitements sont absolument contre-indiqués pour les pathologies liées à l’âge. Ainsi, certains traitements des infections urinaires occasionnelles ne doivent surtout pas être prescrits en cas d’infections urinaires chroniques de la personne âgée. Les médecins rencontrés nous ont également signalé que les femmes viennent fréquemment « pour ce faire prescrire tel médicament. Elles viennent avec la boîte vide et nous dise : c’est ça que je veux ! »

Enfin, nous avons plutôt observé un rejet des médecines traditionnelles (sorciers, guérisseurs) en France. Il semblerait qu’ils soient considérés en France comme des charlatans, ceux du pays pouvant éventuellement être consultés lors de séjours ponctuels.

Protection sociale

On peut ici dissocier quatre situations :

Une part des femmes, inscrite sous le régime général de la sécurité sociale ou de la MSA, consultent principalement des généralistes, mais ce de manière irrégulière.

Une autre part de ces femmes âgées immigrées bénéficie de la CMU, ce qui leur permet d’avoir un accès aux soins relativement aisé. « Il n’y a pas de problème pour l’accès aux soins. Elles sont en général bien suivies. C’est le seul point positif, car elles ont droit à la CMU.20 »

Un troisième groupe ne peut bénéficier de la CMU, se situant juste en dessus des plafonds. Plusieurs opérateurs associatifs nous ont alerté sur de tels cas, qui limitent beaucoup l’accès aux soins. « Il y a un gros problème

20 Entretiens

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Note 2 : Problématiques identifiées – février 2006 page 32 Adeus groupereflex_

quant aux financements des soins, étant donné qu’elles ne touchent pas la CMU car sont au-dessus du plafond.21 ».

Néanmoins, de nombreux opérateurs aident les personnes à monter un dossier de « crédit d’impôt » leur permettant de bénéficier d’une prise en charge partielle de leur mutuelle, certains étant en lien avec des mutuelles complémentaire offrant des tarifs adaptés22.

Enfin, des femmes isolées sans papier n’ont pas droit à la CMU, et sont prises en charges par l’Aide Médicale d’État (AME).

Néanmoins, les médecins nous ont interpellés sur le fait qu’au vu des nouvelles lois, les problèmes vont se reposer par rapport aux limitations de la CMU et de l’AME.

La nécessité d’anticiper les prises en charges (prévention) et

d’améliorer le suivi

Les femmes âgées immigrées répondent bien aux sollicitations de la Sécurité Sociale en matière de prévention (mammographies, dépistage…), et ce d’autant plus qu’elles sont « socialement intégrées ».

Plus une pathologie est prise en charge tôt, plus il est facile de la traiter, avec des chances plus élevées de guérison mais surtout pour un coût moindre pour la patiente et pour la collectivité. Un diabète détecté précocement est facilement traité, alors qu’un diabète non-traité peut conduire à des dialyses, particulièrement lourdes à gérer.

21 Entretiens 22 Par exemple, l’AGEC (CLIC de Cavaillon) travaille en lien avec l’Association de Prévoyance APS d’Avignon, auprès de qui elle a négocié les tarifs des cotisation pour les bénéficiaires du « crédit d’impôt complémentaire santé ».

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Note 2 : Problématiques identifiées – février 2006 page 33 Adeus groupereflex_

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