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partitions circonstancielles du quartier des fougères. Résidence à l'espace Khiasma.
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Partitions circonstancielles
recueillies dans le quartier des Fougères.
Du sonore nomaDe
D’une certaine façon, j’ai une écriture du sonore et du musical qu’on pourrait qualifier « de poche ». « Noter », c’est tout un rituel pragmatique d’organisation de ses poches et du fond de ses poches, pour se rendre disponible au présent. Parce que la pratique de la notation c’est-à-dire la saisie d’une circonstance attend de celui qui s’y adonne une certaine disposition d’esprit et suffisamment de temps pour en saisir le moment. Pour « noter » il faut être disponible, ce qui engendre toute une quantité de préparations et d’agencements méticuleux de ses crayons, carnets et enregistreurs éventuels, qui permettront la pleine réception du présent, d’« ausculter le grand cluster vivant (Claude Ballif) ».
Puis, c’est une gymnastique particulière, une pratique qui suppose d’avoir un œil sur la page, l’autre sur ce qui arrive. Tout le dispositif technique et matériel, préparé pour le
moment de la prise de notes, permet d’« écrire le présent en le notant au fur et à mesure qu’il tombe. Des copeaux de présent, tel qu’il vous saute à l’observation, à la conscience (R. Barthes) » qui suppose de la notation qu’elle soit une activité extérieure et soudaine. Alors, « noter » c’est faire une intersection. La notation est entre la marque, elle isole et elle sacrifie, et le flux, celui du langage de la notation : littéraire, musicale et sonore, graphique... Elle scarifie un mouvement, un déplacement. L’incision est la syntaxe d’une pratique nomade du sonore et du musical.
Voici les quelques éraflures que j’ai pu rapporter de mes promenades autour du quartier des fougères posé lui-même sur une intersection, entre Paris et Les Lilas. Un recueil de tous les moments, sonores et visuels, qui m’ont fait lever la tête et que j’ai sacrifié sur ces quelques pages. Une réécriture du grand cluster vivant comme il tombe.
F.
13 bouilloires électriques remplies d’eau chaude dans une galerie.
+ prise de son.
+ prise de son.
Prendre le son du pain sortant du four.
Jouer de la bétonnière comme on met sa tête dans la gueule ouverte d’un lion. À l’intérieur, à l’extérieur. Racler, frotter, taper.
fff
Rassembler un nombre suffisant d’instrumentistes à cordes pour couvrir le bruit d’un marteau piqueur.
Ils suivront le rythme interne et le grain de la machine.
Ils ne joueront qu’une note.
Ils se répartiront dans l’espace du chantier.
(+prise de son).
Autant de percussionnistes que de bancs dans un square. Ils épuisent, à leur tempo, le réservoir rythmique précédent.
+ prise de son.
Jouer un match de foot en remplaçant le goal par des percussions africaines.L’équipe la plus musicale gagne.
Pour ensemble de percussions.
Les chaussures mouillées dans le hall sec, avant de prendre l’ascenceur.
Faire plusieurs aller-retour.
legatissimo
p
Jouer du piano sur le rebord d’un balcon recouvert de neige.
+ prise de son.
ppp
Pour quatuor à cordes
Les instrumentistes se répartissent dans la rue Noisy-Le-Sec.
Ils jouent les cicatrices du trottoir laissées par les travaux de voirie, en glissandi.
pp
sul ponticello
Jeu normal
p en harmonique
pizz bartok
ff
sul ponticello
decresc.
mp
Jeu normal
sul ponticello
Jeu normal
mf
agitatoen harmonique
ff
ff
decresc.sul ponticello
Jeu normal
mp
agitato
en harmonique
sul ponticello
Jeu normal
cresc.
pizz bartok
fff
écrasé
Autant de violoncellistes que de bancs dans un square.
Ils se répartissent les réservoirs mélodiques suivants:
Tapoter ici en regardant le paysage... ou en faisant tout à fait autre chose.