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REVUE FRANCOPHONE DES LABORATOIRES - JUIN 2010 - N°423 // 87 l’hémisphère nord, c’est l’infection transmise par des tiques la plus fréquente en Europe. Cette maladie est très fréquente dans les prairies et les forêts, sauf sur le pourtour méditerranéen et en altitude. La lutte contre les vecteurs de la borréliose, les tiques (du genre Ixodes en France) est délicate étant donné le biotope de ces arthropodes. Ainsi, en l’absence de vaccin, la prévention de la pathologie transmise par les tiques est principalement basée sur des mesures environnementales et des mesures individuelles. Mesures environnementales : aménager l’environnement (jardins…) afin de limiter la présence des tiques et des grands mammifères, réservoirs de la bactérie (barrières physiques, débroussaillage, tonte…). Mesures individuelles : port de vêtements couvrants (poignets et chevilles), s’inspecter minutieusement après des expositions à risque (promenade en sous-bois) afin d’ôter rapidement les tiques. Des informations sont également délivrées aux professionnels à risque, tels les forestiers, et au grand public, à travers diffé- rentes plaquettes d’information, élaborées par les régions les plus concernées. Ainsi en 2009, une plaquette d’information nationale a également été éditée et distribuée par la Mutualité sociale agricole (MSA) en lien avec la Direction générale de la santé (DGS), l’Institut de veille sanitaire (InVS), l’Institut Pasteur et l’Institut national de recherche et de sécurité pour la prévention des accidents du travail et des maladies professionnelles (INRS). Cette plaquette est accessible sur les sites internet de ces orga- nismes, y compris celui du ministère de la Santé : http://www. sante-sports.gouv.fr. À la demande de la DGS, un groupe de travail du Haut Conseil de la santé publique (HCSP) a été constitué pour proposer des stratégies de prévention et de communication concernant cette maladie. Il devrait rendre son rapport ce printemps. Fibromyalgie, maladie sans marqueur ni traitement Une nouvelle question de parlementaire sur la fibromyalgie attire de nouveau l’attention du ministère de la Santé sur « cette affec- tion encore si mal connue en France [qui] touche pourtant près de 3 millions de personnes », dit Olivier Dussopt, député. Elle se caractérise notamment par des douleurs chroniques, une fati- gue persistante profonde et des troubles du sommeil. A priori, compte tenu du nombre de sujets concernés, on devrait mieux la comprendre « mais les causes de cette maladie sont à ce jour inconnues, et les traitements [proposés] actuels ne s’attaquent donc qu’aux symptômes de la maladie ». Bref que fait le gou- vernement pour intensifier la recherche et identifier les origines de la maladie. Les députés Marc Dolez et Michel Liebgott font la même démarche Au risque de se répéter, le ministère rappelle que la fibromyalgie [littéralement : douleur des fibres musculaires] toucherait en France 3,4 % de femmes et 0,5 % d’hommes, que c’est un syndrome douloureux chronique ET diffus, s’accompagnant de fatigue (asthénie) ET de souffrance psychologique, dont la cause reste inconnue malgré les nombreux travaux menés actuellement en France et dans le monde. Le problème est qu’elle ne comporte aucun signe (marqueur) spécifique : clinique, biologique, radiolo- gique, histologique… Son diagnostic est posé le plus souvent par un rhumatologue, un généraliste, un médecin de la douleur. Aucun traitement spécifique ne peut non plus être proposé ce jour. On propose des médicaments : antalgiques, antidépresseurs, psychotropes, et kinésithérapie, balnéothérapie, thermalisme, exercices physiques, psychothérapie, relaxation, acupuncture, neurostimulation, etc. Plusieurs équipes médicales françaises « internationalement recon- nues » travaillent à explorer et comprendre la fibromyalgie, approche fondamentale ET médicamenteuse. « L’importance de ce trouble fonctionnel doit inciter les chercheurs et les organismes de recherche à s’impliquer encore plus dans le champ de la fibromyalgie », tel le Plan d’amélioration de la prise en charge de la douleur. Démarche essentielle, le ministère de la Santé a demandé à l’Académie nationale de médecine un rapport complet sur la fibromyalgie (remis le 16 juin 2007), travail dense très complet qui synthétise les données de la littérature scientifique sur le sujet et comportant des recommandations sur la prise en charge pluridis- ciplinaire des patients. Dans ces recommandations, elle reconnaît (officiellement) l’existence de ce syndrome et la nécessité d’un traitement individuel le plus souvent pluridisciplinaire Si la fibromyalgie ne peut être inscrite sur la liste des affections de longue durée (ALD.30), en revanche pour tout cas reconnu comme grave par un médecin et nécessitant des soins coûteux, le patient bénéficie de l’exonération du ticket modérateur (ALD.31), précise le ministère. NB - Journée mondiale de la fibromyalgie le 12 mai de chaque année. Vaccin grippal par le nez La grippe à virus H1N1 pandémique (critère géographique, non de gravité) a suscité nombre de questions de parlementaires, parfois critiques. Le député Éric Raoult a demandé à la ministre de la Santé l’opinion de ses services sur l’emploi aux États-Unis d’une alternative au vaccin injectable : le spray nasal vaccinant : selon un quotidien américain, « l’utilisation d’un simple jet dans le nez pourrait constituer un moyen plus rapide et plus efficace pour une vaste campagne de vaccination » comme celle programmée en France. Argument : cette vaporisation nasale pourrait être utile au cas où une revaccination se révélerait nécessaire (en cas de seconde vague ?), cette forme de vaccination « semblant avoir un effet plus immédiat ». Sa mise en place serait utile, quelle est la position de la ministre sur ce dossier ? Pour le ministère, le spray nasal est bien une alternative mais peu de laboratoires maîtrisent ce nouveau domaine techno- logique. Les premiers essais aux États-Unis se sont révélés prometteurs mais les capacités industrielles sont trop faibles pour une demande de plusieurs millions de doses et le vaccin n’a pas obtenu d’autorisation de mise sur le marché (AMM) : c’est un vaccin à virus vivants atténués qui a de nombreuses contre-indications. En conséquence, le gouvernement français a porté son choix sur d’autres vaccins injectables des laboratoires Baxter, GSK, Sanofi-Pasteur et Novartis. Dépistage du cancer du sein : à partir de ou avant 50 ans ? Le député Jean-Paul Dupré pose à la ministre de la Santé une question qui suscite bien des débats dans plusieurs pays, encore récemment aux États-Unis, avec une certaine tension dans la population féminine. « Le dépistage automatique du cancer du sein s’adresse aux femmes de 50 à 74 ans, il est organisé dans tous les départements et cible 40 % des Françaises dans la tranche d’âge la plus à risque. Or de nombreuses études sem- blent montrer que 30 % des cancers se déclarent avant l’âge de 50 ans, d’où la nécessité qu’il y aurait, de l’avis de certains spécialistes, d’avancer l’âge du dépistage automatique et gratuit DROIT I GESTION I FINANCES I PATRIMOINE I TEXTES JURIDIQUES I ECHOS PARLEMENTAIRES

Fibromyalgie, maladie sans marqueur ni traitement

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REVUE FRANCOPHONE DES LABORATOIRES - JUIN 2010 - N°423 // 87

l’hémisphère nord, c’est l’infection transmise par des tiques la plus fréquente en Europe. Cette maladie est très fréquente dans les prairies et les forêts, sauf sur le pourtour méditerranéen et en altitude. La lutte contre les vecteurs de la borréliose, les tiques (du genre Ixodes en France) est délicate étant donné le biotope de ces arthropodes. Ainsi, en l’absence de vaccin, la prévention de la pathologie transmise par les tiques est principalement basée sur des mesures environnementales et des mesures individuelles.

Mesures environnementales : aménager l’environnement (jardins…) afin de limiter la présence des tiques et des grands mammifères, réservoirs de la bactérie (barrières physiques, débroussaillage, tonte…).

Mesures individuelles : port de vêtements couvrants (poignets et chevilles), s’inspecter minutieusement après des expositions à risque (promenade en sous-bois) afin d’ôter rapidement les tiques.

Des informations sont également délivrées aux professionnels à risque, tels les forestiers, et au grand public, à travers diffé-rentes plaquettes d’information, élaborées par les régions les plus concernées. Ainsi en 2009, une plaquette d’information nationale a également été éditée et distribuée par la Mutualité sociale agricole (MSA) en lien avec la Direction générale de la santé (DGS), l’Institut de veille sanitaire (InVS), l’Institut Pasteur et l’Institut national de recherche et de sécurité pour la prévention des accidents du travail et des maladies professionnelles (INRS). Cette plaquette est accessible sur les sites internet de ces orga-nismes, y compris celui du ministère de la Santé : http://www.sante-sports.gouv.fr.

À la demande de la DGS, un groupe de travail du Haut Conseil de la santé publique (HCSP) a été constitué pour proposer des stratégies de prévention et de communication concernant cette maladie. Il devrait rendre son rapport ce printemps.

Fibromyalgie,maladie sans marqueur ni traitementUne nouvelle question de parlementaire sur la fibromyalgie attire de nouveau l’attention du ministère de la Santé sur « cette affec-tion encore si mal connue en France [qui] touche pourtant près de 3 millions de personnes », dit Olivier Dussopt, député. Elle se caractérise notamment par des douleurs chroniques, une fati-gue persistante profonde et des troubles du sommeil. A priori, compte tenu du nombre de sujets concernés, on devrait mieux la comprendre « mais les causes de cette maladie sont à ce jour inconnues, et les traitements [proposés] actuels ne s’attaquent donc qu’aux symptômes de la maladie ». Bref que fait le gou-vernement pour intensifier la recherche et identifier les origines de la maladie. Les députés Marc Dolez et Michel Liebgott font la même démarche

Au risque de se répéter, le ministère rappelle que la fibromyalgie [littéralement : douleur des fibres musculaires] toucherait en France 3,4 % de femmes et 0,5 % d’hommes, que c’est un syndrome douloureux chronique ET diffus, s’accompagnant de fatigue (asthénie) ET de souffrance psychologique, dont la cause reste inconnue malgré les nombreux travaux menés actuellement en France et dans le monde. Le problème est qu’elle ne comporte aucun signe (marqueur) spécifique : clinique, biologique, radiolo-gique, histologique… Son diagnostic est posé le plus souvent par un rhumatologue, un généraliste, un médecin de la douleur.

Aucun traitement spécifique ne peut non plus être proposé ce jour. On propose des médicaments : antalgiques, antidépresseurs, psychotropes, et kinésithérapie, balnéothérapie, thermalisme, exercices physiques, psychothérapie, relaxation, acupuncture, neurostimulation, etc.

Plusieurs équipes médicales françaises « internationalement recon-nues » travaillent à explorer et comprendre la fibromyalgie, approche fondamentale ET médicamenteuse. « L’importance de ce trouble fonctionnel doit inciter les chercheurs et les organismes de recherche à s’impliquer encore plus dans le champ de la fibromyalgie », tel le Plan d’amélioration de la prise en charge de la douleur.

Démarche essentielle, le ministère de la Santé a demandé à l’Académie nationale de médecine un rapport complet sur la fibromyalgie (remis le 16 juin 2007), travail dense très complet qui synthétise les données de la littérature scientifique sur le sujet et comportant des recommandations sur la prise en charge pluridis-ciplinaire des patients. Dans ces recommandations, elle reconnaît (officiellement) l’existence de ce syndrome et la nécessité d’un traitement individuel le plus souvent pluridisciplinaire

Si la fibromyalgie ne peut être inscrite sur la liste des affections de longue durée (ALD.30), en revanche pour tout cas reconnu comme grave par un médecin et nécessitant des soins coûteux, le patient bénéficie de l’exonération du ticket modérateur (ALD.31), précise le ministère.

NB - Journée mondiale de la fibromyalgie le 12 mai de chaque année.

Vaccin grippal par le nezLa grippe à virus H1N1 pandémique (critère géographique, non de gravité) a suscité nombre de questions de parlementaires, parfois critiques. Le député Éric Raoult a demandé à la ministre de la Santé l’opinion de ses services sur l’emploi aux États-Unis d’une alternative au vaccin injectable : le spray nasal vaccinant : selon un quotidien américain, « l’utilisation d’un simple jet dans le nez pourrait constituer un moyen plus rapide et plus efficace pour une vaste campagne de vaccination » comme celle programmée en France. Argument : cette vaporisation nasale pourrait être utile au cas où une revaccination se révélerait nécessaire (en cas de seconde vague ?), cette forme de vaccination « semblant avoir un effet plus immédiat ». Sa mise en place serait utile, quelle est la position de la ministre sur ce dossier ?

Pour le ministère, le spray nasal est bien une alternative mais peu de laboratoires maîtrisent ce nouveau domaine techno-logique. Les premiers essais aux États-Unis se sont révélés prometteurs mais les capacités industrielles sont trop faibles pour une demande de plusieurs millions de doses et le vaccin n’a pas obtenu d’autorisation de mise sur le marché (AMM) : c’est un vaccin à virus vivants atténués qui a de nombreuses contre-indications. En conséquence, le gouvernement français a porté son choix sur d’autres vaccins injectables des laboratoires Baxter, GSK, Sanofi-Pasteur et Novartis.

Dépistage du cancer du sein :à partir de ou avant 50 ans ?Le député Jean-Paul Dupré pose à la ministre de la Santé une question qui suscite bien des débats dans plusieurs pays, encore récemment aux États-Unis, avec une certaine tension dans la population féminine. « Le dépistage automatique du cancer du sein s’adresse aux femmes de 50 à 74 ans, il est organisé dans tous les départements et cible 40 % des Françaises dans la tranche d’âge la plus à risque. Or de nombreuses études sem-blent montrer que 30 % des cancers se déclarent avant l’âge de 50 ans, d’où la nécessité qu’il y aurait, de l’avis de certains spécialistes, d’avancer l’âge du dépistage automatique et gratuit

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