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ROYAN, UNE VILLE MEURTRIE Objectif : une sortie pour construire in-situ l'analyse des photographies de Royan en 1945, au programme de l'épreuve d'HDA, et pour trouver l'inspiration nécessaire à la réalisation d'une création artistique en lien avec le thème de la ville meurtrie. Prélude : Je m'informe et je localise la sortie Texte 1 : « La riche histoire d’une cité deux fois détruite » par Charlotte Laroche, journal Sud-Ouest, 28/02/2013 Deux visites guidées ont été organisées pendant les vacances pour la découverte de la ville depuis sa création, il y a deux mille ans. Royan, deux mille ans d’histoire . Afin de découvrir toute l’histoire de la ville depuis sa création au travers d’objets, œuvres d’art, maquettes, cartes et plans anciens, le musée de la ville a organisé deux visites guidées durant les vacances scolaires. Des visites animées par Mathieu Marsan, jeune médiateur du musée, pour qui Royan n’a plus aucun secret. Ville détruite en 1631 . Il y a deux mille ans, Royan qui s’appelait alors Roianum, était une cité qui attirait, par sa position géographique. Les Romains ou encore les Mérovingiens marquèrent la ville par leur passage. Stèle et outils sont aujourd’hui conservés au musée afin de relater cette période historique. Une des raisons pour lesquelles il était indispensable d’organiser cette visite guidée au musée, et non à l’extérieur, car si la visite avait eu lieu dehors, le visiteur n’aurait, par exemple, pas pu découvrir deux des 1600 boulets de canons qui ont été utilisés pour détruire la ville en 1631. En effet beaucoup l’ignorent, si Royan a été détruite pendant la Seconde Guerre mondiale, elle l’avait été, une première fois, en 1631, après le siège de protestants en colère. Une destruction qui fit de Royan une ville en ruine. [...] Vers 15 heures, alors que la visite avait débuté depuis une trentaine de minutes, le visiteur entrait dans la période dorée de Royan. Celle qui commença au XIXe siècle avec l’époque des bains de mer. Une époque où les Bordelais s’installèrent à Pontaillac, et non à Arcachon, tandis que les Parisiens qui, par un trajet en train de sept heures, pouvaient venir se ressourcer à Royan, choisirent le quartier du Parc. Royan était alors devenue une ville balnéaire réputée. [...] Mais cette période où se succéda ce qu’on appelle aujourd’hui la Belle Époque et les Années folles connut un coup d’arrêt avec le bombardement de la ville lors de la seconde guerre mondiale. Le centre-ville fut anéanti à 80%, 3 500 immeubles furent détruits, 5 800 partiellement et seuls 200 restèrent intacts. Le jeune Claude Ferret, alors âgé de 38 ans, fut nommé architecte en chef en 1947. Il avait trois ans pour faire renaître Royan de ses cendres. La ville de Royan, qu’on connaît aujourd’hui, était née. La visite guidée prit fin sur l’histoire de Royan dans les dernières années du XXe. Une autre visite guidée, « Royan, construction et reconstruction », sera organisée pendant les vacances d’avril. Mathieu Marsan s’attardera alors sur l’époque de l’après-guerre. Et, en fonction du succès, ces deux thématiques seront reprises cet été pendant les vacances. L’occasion, pour les estivants, de découvrir l’histoire de leur ville de vacances.

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ROYAN, UNE VILLE MEURTRIE

Objectif : une sortie pour construire in-situ l'analyse des photographies de Royan en 1945, au programme de l'épreuve d'HDA, et pour trouver l'inspiration nécessaire à la réalisation d'une création artistique en lien avec le thème de la ville meurtrie.

Prélude : Je m'informe et je localise la sortie

Texte 1 : « La riche histoire d’une cité deux fois détruite » par Charlotte Laroche, journal Sud-Ouest, 28/02/2013

Deux visites guidées ont été organisées pendant les vacances pour la découverte de la ville depuis sa création, il y a deux mille ans. Royan, deux mille ans d’histoire. Afin de découvrir toute l’histoire de la ville depuis sa création au travers d’objets, œuvres d’art, maquettes, cartes et plans anciens, le musée de la ville a organisé deux visites guidées durant les vacances scolaires. Des visites animées par Mathieu Marsan, jeune médiateur du musée, pour qui Royan n’a plus aucun secret.

Ville détruite en 1631. Il y a deux mille ans, Royan qui s’appelait alors Roianum, était une cité qui attirait, par sa position géographique. Les Romains ou encore les Mérovingiens marquèrent la ville par leur passage. Stèle et outils sont aujourd’hui conservés au musée afin de relater cette période historique. Une des raisons pour lesquelles il était indispensable d’organiser cette visite guidée au musée, et non à l’extérieur, car si la visite avait eu lieu dehors, le visiteur n’aurait, par exemple, pas pu découvrir deux des 1600 boulets de canons qui ont été utilisés pour détruire la ville en 1631.

En effet beaucoup l’ignorent, si Royan a été détruite pendant la Seconde Guerre mondiale, elle l’avait été, une première fois, en 1631, après le siège de protestants en colère. Une destruction qui fit de Royan une ville en ruine. [...]

Vers 15 heures, alors que la visite avait débuté depuis une trentaine de minutes, le visiteur entrait dans la période dorée de Royan. Celle qui commença au XIXe siècle avec l’époque des bains de mer. Une époque où les Bordelais s’installèrent à Pontaillac, et non à Arcachon, tandis que les Parisiens qui, par un trajet en train de sept heures, pouvaient venir se ressourcer à Royan, choisirent le quartier du Parc. Royan était alors devenue une ville balnéaire réputée. [...]

Mais cette période où se succéda ce qu’on appelle aujourd’hui la Belle Époque et les Années folles connut un coup d’arrêt avec le bombardement de la ville lors de la seconde guerre mondiale.

Le centre-ville fut anéanti à 80%, 3 500 immeubles furent détruits, 5 800 partiellement et seuls 200 restèrent intacts. Le jeune Claude Ferret, alors âgé de 38 ans, fut nommé architecte en chef en 1947. Il avait trois ans pour faire renaître Royan de ses cendres. La ville de Royan, qu’on connaît aujourd’hui, était née.

La visite guidée prit fin sur l’histoire de Royan dans les dernières années du XXe. Une autre visite guidée, « Royan, construction et reconstruction », sera organisée pendant les vacances d’avril. Mathieu Marsan s’attardera alors sur l’époque de l’après-guerre. Et, en fonction du succès, ces deux thématiques seront reprises cet été pendant les vacances. L’occasion, pour les estivants, de découvrir l’histoire de leur ville de vacances.

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Texte 2 et photographies de Royan en 1945Extraits de « Le bombardement de Royan » dans La bombe – De l'inutilité des bombardements aériens, de Howard Zinn, éditions Lux, Québec (Canada), 2011.

Réponse du colonel H. A. Schmidt, du bureau de l'histoire militaire à la demande d'information d'Howard Zinn qui étudie le bombardement de Royan alors qu'il y a lui-même participé en tant que membre de la 490 ème unité de bombardement de l'armée américaine :

La libération du port de Bordeaux exigeait le nettoyage des têtes de pont de Royan, de la pointe de Grave et d'Oléron. De toutes les garnisons allemandes s'accrochant à leurs positions dans les environs de Bordeaux, la plus importante se trouvait dans le secteur de Royan et constituait donc la priorité de cette opération. La Huitième Force aérienne des États-Unis a préparé le terrain aux forces terrestres alliées en procédant à des bombardements intensifs.

Reportage du New York Times en provenance de Londres, 15 avril 1945 :

Toute la force de la Huitième Force aérienne des États-Unis a été déployée hier contre l'un des fronts européens oubliés : le foyer de résistance allemande de la Gironde, qui domine le grand port français de Bordeaux […] Rappelons que de 30 000 à 40 000 soldats nazis avaient été coincés dans l'estuaire de la Gironde l'été dernier, alors que la marée de la guerre déferlait autour d'eux, les évitant.

Pour préparer le terrain à l'offensive victorieuse d'aujourd'hui, plus de 1300 Flying Fortress et Liberators ont inondé de 1,8 million de litres de

feu liquide les positions et poches de résistance de l'ennemi, qui contrôlait la route de Bordeaux en occupant les deux rives de la Gironde. La 8ème n'avait jamais utilisé cette nouvelle bombe auparavant. Une substance inflammable est chargée dans des réservoirs que des détonateurs font exploser lors de l'impact. Le contenu embrasé de chacun d'eux se répand sur environ 50 mètres carrés.

Témoignage d'un officier français en 1946 :

Il eût été plus logique d'attendre la capitulation et d'éviter ainsi de nouvelles pertes de vies humaines et de nouvelles destructions matérielles [...] L'objection ne manque pas de valeur mais fait abstraction de facteurs essentiels d'ordre moral »

Témoignage d'un royannais extrait de Royan, Ville martyre publié en 1965 par Ulysse Botton, imprimeur et résistant.

Certes, la destruction de Royan, le 5 janvier 1945 a été une erreur et un crime ; mais ce qui confine à la folie, c'est l'ultime raid de l'aviation déversant sur ces ruines, et aussi sur des immeubles moins atteints, et sur d'autres miraculeusement épargnés à la périphérie, son infernale cargaison de bombes incendiaires. Ainsi s'est accomplie une œuvre de mort d'une inutilité manifeste et ainsi fut révélée au monde la puissance destructrice du napalm.

Source :ECPAD (photohèque et vidéothèque de la Défense), auteur inconnu, -Opération des 14 et 17 avril 1945

Source :ECPAD, auteur inconnu, -Opération des 14 et 17 avril 1945

Source :ECPAD, auteur inconnu, -Opération des 14 et 17 avril 1945

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Texte 3 : Tel le Phénix, Royan (depuis 1945), dans Royan, de Thierry SAUZEAU, Collection « Petite Histoire », Geste éditions, 2006

Les cicatrices de janvier 1945 sont-elles refermées ? Préparant le tournage de son beau documentaire sur « L'Art de la reconstruction », Philippe Maillot a été confronté à l'amnésie de l'élu, à la pudeur du rescapé, à l'enthousiasme de l'architecte, au doute du Royannais d'aujourd'hui...Royan détruit puis reconstruit ne laisse personne indifférent.

New York, 11 septembre 2001, le drame est encore dans nos têtes. Les Royannais du 5 janvier 1945 perdirent eux aussi leurs proches, mais encore leurs maisons et leurs biens. Ils durent se relever sans publicité, sans solidarité, sans compassion planétaire. Le deuil des 350 morts fut aussi celui des remords et des regrets. Les responsables sont demeurés introuvables. Le maire proclama sa ville «anéantie par erreur ». Royan était détruit à 80%, miné et truffé d'explosifs. Un siècle de poussée urbaine anarchique gisait aux pieds des rescapés et des propriétaires, bordelais ou parisiens, groupés en trois associations de sinistrés. Leur colère fut assourdie par les frustrations d'un pays dont la libération n'avait mis fin ni aux pénuries, ni aux salaires de misère, ni au rationnement. Il fallut se faire au ballet des bulldozers et à l'idée d'une nouvelle ville

En 1946, le ministre chargeait l'urbaniste bordelais Claude Ferret d'une mission devenue légendaire : « Vous avez 3 ans ! Ou bien vous réussirez, ou bien vous serez fusillé ! » Ce fut à peine le temps nécessaire au déblaiement des ruines... L'axe du boulevard Briand fut traité le premier. Sur des gravats et des pilotis, deux immeubles néo-classiques s'élevèrent dans le val du Font-de-Cherves. Le relèvement du centre se poursuivit par un remembrement qui divisait le nombre de parcelles par deux ! Il allait falloir se familiariser avec l'habitat collectif...

Au tournant des années 1950, la mairie prit ses distances en allant s'installer avenue de Pontaillac. Le reconstruction du front de mer était programmée. Des concepts d'avant-garde décidèrent de deux immeubles de trois étages, 600 mètres de balcons sur la Grande Conche avec un portique de liaison au centre. Il flottait un air de samba sur cette architecture « tropicalisée » inspirée du Brasilia d'Oscar Niemeyer. A l'arrière, tuile saintongeaise et jardins en « U » devaient rendre à la ville sa filiation. L'automobile en décida autrement...

La fin de la décennie fut celle de la technologie, autour de trois édifices majeurs. La toiture en voile mince de béton s'adapta parfaitement à la « coquille » du marché et à la « selle de cheval » de Notre-Dame. Les murs en « V » de l'ingénieur Lafaille jetèrent vers le ciel l'église qui sert de demeure à Guillaume Gillet, son architecte. Le vaste volume du Palais des Congrès, avec sa façade convexe rehaussa Foncillon. Fixée à la naissance de la Grande Conche, la salle circulaire du Casino devint l'étape obligée des artistes en tournée.

En 1958, le gaullisme tirait la République de l'ornière et gagnait la ville. Après un mandat de l'amiral Meyer, de Lipowski prit en main le destin des 18 000 habitants. L'aménagement du quartier du port, ouvert aux plaisanciers, annonçait la rupture. Vieillissement prématuré d'édifices bâtis au rabais, hostilité populaire, projets de substitution décidèrent coup sur coup de la destruction du casino puis du portique, des rénovations irrévérencieuses du Palais des Congrès et de la Poste. Notre-Dame, classée en 1987, bénéficie d'un respect sacré et des attentions budgétaires de la municipalité...

Administrée depuis 1989 par le Dr Most, la fille du baby-boom s'est reconvertie en « cité du bien vieillir » et les balcons de son secteur protégé se ferment de vérandas. Royan sait aussi que son développement passe par ce « tourisme des quatre saisons » dont le député Didier Quentin, président du comité départemental du Tourisme est l'actif promoteur. C'est désormais au sein d'un Pays royannais dont elle est capitale, que se dessine l'avenir de la « ville debout ».

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Site et plans de Royan

Que faire avec ce corpus documentaire ?- je localise Royan avec précision

- je relève le vocabulaire important (noms propres, courants artistiques, les mots que je ne connais pas) => je demande aux professeurs de me définir les mots que je ne connais pas

- je sélectionne les grandes dates de l'histoire de Royan (5 ou 6) pour faire une frise chronologique => je pense à l'échelle et au titre de la frise

- à la fin de la visite j'utilise ces informations (et celles du blog HDACB) pour compléter mon analyse.

Source: http://www.

royan-royan.com

Source : Royan, de Thierry

SAUZEAU, Collection « 

Petite Histoire  », Geste

éditions, 2006

Source : Royan, de Thierry

SAUZEAU, Collection « 

Petite Histoire  », Geste

éditions, 2006

Plan des fortifications de Royan, dessin de René Barry, 1622.Source : http://www.c-royan.com/

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Dans la ville et au musée: Je repère, je prends des notes, je fais des croquis et des photos, je cherche l'inspiration

Photographies de la reconstruction

Vocabulaire de l'architecture royannaise : la Résidence des Congrès (1962, L. Simon) et la villa « Grille Pain » (1956, P. Marmouget et E. Pinet): indiquez sur les photos ce vocabulaire, typique des « Unités d'habitation » imaginées par …..................................................... et dont se sont inspirés les architectes de Royan : TOIT TERRASSE – BRIQUES DE VERRE – CADRES DE FAçADE – PILOTIS – LOGGIAS – CLAUSTRAS – FENÊTRES EN LONGUEUR - SOUBASSEMENTS

Un artiste inspiré par Royan (titre, auteur et date à retrouver au musée)

Source : carte postale Gaby de Raymond Delvert, pilote photographe, date inconnue - http://archipostcard.blogspot.fr

Source : Antoine-Marie PREAUT, Royan 1950, Guide architectural, éditions Bonne anse, 2006.

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Vue satellite de Royan : localisez les principaux monuments royannais témoignant de l'histoire de la ville

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La visite au musée (1) : Les grandes périodes de l'histoire de Royan

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La visite au musée (2) et le Fort de Suzac : La poche de Royan et le Mur de l'Atlantique1. En quoi Royan est-il un site stratégique pendant la Seconde Guerre mondiale ?

Quel statut est donné à la ville par les Nazis en 1944 ?

De quel grand ensemble de fortifications Royan fait-il partie ? Quelles traces en sont encore visibles? Décrivez-les.

2. Montrez que les conditions de l'occupation sont difficiles pour Royan, surtout à partir de 1941.

Combien de Royannais ont été déportés vers les camps nazis ? Pour quelles raisons ?

Certains ont résisté aux Nazis. Décrivez en quelques mots-clés le parcours d'un de ces réseaux (QQQO) :

3. Qu'est-ce qu'une « poche » ?

Quand les bombardements ont-ils eu lieu? Dans quel but ?

Quel bilan humain et matériel peut-on dresser ?

En quoi peuvent-ils être considérés comme une erreur militaire ?

Les « poches » sur le littoral atlantique en 1945 : 100 000 soldats nazis

résistent à la Libération de la France(source : INA)

Le Mur de l'Atlantique, 1942-1944(source : Wikipédia)

Blockhaus de Saint-Palais(source : M. Marchand)