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PARTIE I Samedi soir Cela se passait une fois par semaine. Il se rendait après 22h dans un bâtiment grossier sans âme dans la partie nord du XVIème arrondissement de Paris après avoir pris rendez-vous au préalable. À l’intérieur de l’édifice, c’était différent.

Fiction en Afrique : "Pour une poignée de pépites"

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Extrait du roman en ligne sur Amazon Kindle : "Je suis Daniel Daube et c'est mon histoire. Je suis originaire d'Ardèche et suis l'un des meilleurs praticiens du Val-de-Grâce à Paris, l'hôpital des puissants de ce monde, de ceux qui nous gouvernent, où l'excellence médicale le dispute à la préservation du secret. Par un concours de circonstances extraordinaires, à la suite du décès d'un de mes collègues, Sidiki, agent d'entretien, je vais débarquer en Afrique. Là, en Guinée, je vais me rendre compte rapidement que de nombreux événements me lient à Sidiki. Cet acteur de ma réussite professionnelle va me confier en mourant une mission terrifiante. Cette tâche va défier ma logique et bouleverser mon train de vie de cadre supérieur parisien. Entre rêves, passé, présent, je ne savais plus quoi faire de ces mystères, ces doutes et de tout ce tumulte intérieur qui m'assaillaient entre la France, la Guinée, ma famille, le clan McCarthy et la puissante Golden Guinean". Allais-je réussir ?

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PARTIE I

Samedi soir

Cela se passait une fois par semaine.

Il se rendait après 22h dans un bâtiment grossier sans âme dans la partie nord du

XVIème arrondissement de Paris après avoir pris rendez-vous au préalable.

À l’intérieur de l’édifice, c’était différent.

L’espace était très richement décoré, avec goût…Les habitués étaient d’un certain

standing.

Il ne se posa plus la question de savoir pourquoi il fréquentait ce lieu pervers, car il n’y

avait pas d’autre terme plus juste pour qualifier cet univers dans lequel il se réfugiait.

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À force de frustration, de boulot, de stress, au hasard d’une énième dispute, il avait fini

par la suivre…

Il n’avait pas fait ce qu’il aurait dû faire…Au lieu de cela, il avait voulu essayer,

réessayé…

Puis il s’était abandonné, au plus simple, au plaisir…

Une tension sexuelle extrême l’avait envahi à partir de là et il ne s’était plus embarrassé

de règles. Il voulut expérimenter ce monde inconnu qui lui était défendu et auquel il

aurait souhaité ne jamais avoir cédé en son for intérieur.

Honteux, il avait longuement tenté de résister, mais il avait fini par succomber aux

appels, aux sollicitations de son instinct.

La première fois, timide, il s’était perdu, dans les tenues en latex, les combinaisons en

cuir, les talons vertigineux, les menottes, les câbles en tous genres, les fouets luisants, les

engins de torture, les cris simulés ou de douleurs d’hommes à quatre pattes suppliciées

au milieu de maîtresses excitées en cuissardes et d’une musique très suggestive qui ne

semblait jamais pouvoir s’arrêter.

Masque en peau à la tête, il s’était rapidement pris au jeu et avait roulé à terre,

implorant les coups de talons aiguilles des tortionnaires dans sa chair, suppliant comme

d’autres quidams pour se faire piétiner et tirer à la laisse. Hurlant pour se faire

cravacher et à chaque coup sec reçu, laissant échapper des râles de jouissance accentués

par les cris aigus des dominatrices, qui les insultaient, les humiliaient pour enfin les

lâcher demeurés au pied du bar où Suzy avec son costume d’artiste fluorescent ne

manquait pas de les reconditionner pour le prochain tour de piste avec renfort de

cocktails alcoolisés et de produits peu recommandables, tous aussi enluminés les uns que

les autres.

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Il ne se souvenait plus, comment il avait pu en sortir la séance terminée que voilà, il

avait fallu rappeler, prendre rendez-vous et s’y retrouver encore.

Ce n’était pas bien, il en était conscient, mais c’était plus fort que tout ! Enivrant,

piquant, grisant autant que le vent fin qui cinglait sans relâche les vitres de sa voiture.

Et toujours avant ces séances, il se trouvait coincé dans sa berline sportive à l’écart,

dans le parc à voitures de l’établissement de tous les dangers comme de toutes les

voluptés, ne sachant pas s’il fallait aller se livrer ou définitivement renoncer à ce bien-

être mystérieux qui était à chaque fois si particulier, si intense, qui le libérait et le

ligotait à la fois dans la démesure.

Carroll n’avait rien arrangé.

À la maison, il ne la supportait plus quoique, les séances SM (sadomasochiste) les aient

rapprochés.

Ses journées à l’hôpital le saoulaient aussi complètement.

Il ne supportait plus les balades de services en service ! Le matin comme l’après-midi, il

fallait s’occuper de personnalités et leur expliquer tout.

Le pire, c’était avec des patients du genre de monsieur Dumont de Cariolis.

Presque trois heures pour lui expliquer sa dilatation coronaire !

Pourquoi cela ?

Parce qu’il ne souhaitait entendre personne d’autre et qu’il était un contributeur

émérite de l’hôpital et de ses œuvres ! Monsieur Dumont de Cariolis encore, il avait de

l’humour…Alors que la plupart de ses patients étaient des capitalistes véreux, qu’il

devait supporter.

Michel n’en pouvait plus.

C’en était excessif. Il allait droit au mur et il le savait.

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Pourtant et c’est ce qui était absurde, pour rien il n’aurait raté le bonheur que lui

procuraient de tels instants, même éphémères et si risqués.

Il n’aurait qu’à se dissimuler comme les rounds passés.

Ces pensées le détendirent. Il mit alors ses deux mains sur son volant, sa tête suivit,

penchée comme à la recherche de quelque chose. Il ne put s’empêcher de se demander

encore une fois ce qu’il faisait en cet endroit, lui médecin, cadre supérieur à l’hôpital

Cochin ?

Silencieux, les yeux fermés, il pensa fortement à ce qu’il avait réalisé jusqu’à présent et

s’apprêtait à faire, là, encore, maintenant ?

Dans la pénombre, il sentit une larme se dérober à son visage, se fracasser lourdement

sur la toile écarlate de son pantalon. D’autres suivirent au même endroit les unes après

les autres. La noblesse du tissu les aspira aussitôt.

Il profita de ce moment pour se redresser et baisser son carreau. La fraîcheur du soir le

revigora.

Pleurer comme cela tout seul après tant d’années de privations personnelles et

professionnelles lui fit un bien énorme.

Il finit par se calmer pour se diriger prestement comme un zombi vers le vestibule

d’entrée, là d’autres personnes se mouvaient pareillement sans toutefois s’amasser.

Discrétion obligeait.

Carroll, sa compagne, comme d’habitude devait avoir pris possession des lieux avec son

sourire cynique.

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Lundi matin

Le « Val » s’éveillait progressivement. Les couloirs encore mystérieux s’animaient par

moments avec les passages du personnel vêtu ou protégé de blouses blanches ou bleues.

Chacun avait une mission bien précise.

Dehors, la fraîcheur matinale de mi-automne avait fouetté à plusieurs reprises son

visage, la seule partie visible de son corps.

Une erreur de débutant. Il n’allait pas bien.

En presque quarante années de travail, il pouvait compter le nombre de fois où cela était

arrivé : oublier sa cagoule en cette saison !

Ce n’était pas grave. Il était à peu près sept heures et son service allait s’achever. Même

pas la peine de regarder sa montre, de là où il se tenait, il sentait le grouillement du

marché le long du boulevard de Port-Royal, de l’autre côté de la pelouse et de la grille de

l’hôpital.

En rentrant chez lui, il causerait bien sûr avec Jean-Pi. On était mardi, le jour où il

passait voir le Normand, un marchand de fruits qu’il côtoyait depuis plus de dix ans.

Ensemble, ils restaient souvent à discutailler de situations politiciennes et chacun y

trouvait sa vérité. Il repartait toujours avec un panier de fruits goûteux tandis que Jean-

Pierre Duval remarquait que ses ventes explosaient tous les mardis où son ami africain

était présent. Heu oui ! Dix printemps que ceci durait et que ni pour expliquer cela.

Jean-Pierre avait admis qu’il n’y avait rien à comprendre. Il avait fini par avouer que la

complicité qu’ils partageaient lui rappelait en tout point l’union qu’il avait perdu des

années plus tôt suite au décès de son frère jumeau.

Vers sept heures trente, Sidiki sentit une fatigue inhabituelle. Après le rituel de sa

douche et de sa prière, il entama rafraîchi, les salutations d’usage.

- Bonjour docteur Daniel !

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- Bonjour Sidiki ! Les nouvelles du matin ?

- Les nouvelles sont bonnes, docteur, Dieu merci. Je viens de terminer mes tâches et je

passais vous dire bonjour.

- Merci Sidiki. Le service va bien, nous n’avons pas en ce moment un de ces « gros

patients » qui à lui tout seul perturbe la machine. Touchons du bois pour que cela

continue comme on a l’habitude de dire. Et vous, comment vous portez-vous ?

- Al Hamdoulilah ! Je vais bien. Je loue le Seigneur pour ces moments de bonheur tout

simples qu’il nous fait partager. Merci docteur pour ces vies que vous avez sauvées et

que vous continuez de sauver. Que le Seigneur vous fortifie et veille sur vous.

- Amen Sidiki. Merci pareillement. C’est très gentil. Vous savez que ma porte restera

toujours ouverte alors n’hésitez pas si vous avez le moindre souci…De santé, je veux

dire. Je vous trouve épuisé ? Tout va bien ?

- Ce n’est rien docteur. Je vais bien par la grâce de Dieu tout- puissant ! Vous êtes trop

bon de vous intéresser à ma personne. Le Seigneur vous le rendra. Bonne journée

docteur.

Docteur Daniel était amusé par ce petit rituel de politesses matinal auquel il sacrifiait

allègrement depuis plusieurs années avec Sidiki. C’était devenu important pour lui de

prendre « les nouvelles » avec Sidiki. Avec les autres Africains, c’était juste courtois.

Sur ces mots, Sidiki était parti avec une dernière image du hall d'accueil illuminé,

encore désert et qui, avec son train-train allait s'activer bientôt.

Au bout du couloir, son regard se figea soudain sur les armoiries en noir et blanc de

l'Hôpital d'Instruction des Armées du Val-de-Grâce. Ces écritures, il les connaissait, à

force de les avoir croisées depuis toutes ces années.

Il ne savait pas lire…

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Une lumière éblouissante l’aveugla une première fois, le plongeant dans l’obscurité

avant qu’il n’ait eu le temps d’ouvrir à nouveau complètement les paupières.

De petits points lumineux, telles des étoiles dansaient devant ses yeux que des doigts

maladroits exploraient avec une petite lampe.

À force de se concentrer, il reconnut des bruits, des sons qu’il avait déjà entendus… À la

salle des urgences !

- C’est bon, quelles sont ces constances ?

- Tension artérielle ?

- 9/5. Pouls : 140…

- Il est avec nous. Bravo à toute l’équipe et à Sidiki. Nous avons eu une de ces peurs !

À l’évocation de son nom, Sidiki voulut bouger, mais son corps ne répondait plus. Sa tête

était clouée sur place, ses bras anormalement lourds, ses jambes absentes. Il ne savait

pas pourquoi mais il se rappela cette douleur aiguë qu’il avait déjà connue et qui

semblait être revenue. Il avait eu si mal qu’il s’était mordu la langue pour ne pas

gueuler. Il eut un haut-le-cœur, une sensation de vertige et une envie soudaine de vomir.

Sidiki réalisa qu’il était prisonnier du masque à oxygène appliqué sur son visage, de son

brancard et des visages familiers et condescendants qui l’entouraient.

- Ne bougez pas, Sidiki, on va s’occuper de vous.

- Quelqu’un a contacté la famille ?

Il voulut parler, en vain. Sa poitrine lui brûlait et son cerveau bouillonnait. Les seules

parties de son corps qui lui obéissaient encore clignèrent nerveusement et se

refermèrent

- Je m’en occupe personnellement. Je tiens à être informé minute par minute.

Ce fut la conclusion du docteur Daniel qui remercia tout le monde.

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Lorsqu’il se réveilla, Sidiki perdit son sang-froid. Il regagna peu à peu son calme. Il

n’avait aucune idée du temps qui s’était écoulé.

Il ne savait que trop ce qui lui était arrivé dans cette chambre stérile blanche et bleue.

Les bips qu’il entendait tandis qu’il était relié à des tuyaux de plastique transparent

d’un goutte-à-goutte, sa couverture impeccablement rabattue, la brûlure atroce toujours

perceptible, lui imposèrent de se ressaisir.

Des souvenirs très lointains l’assaillirent. Son grand-père, un sage des contrées reculées

du château d’eau de l’Afrique de l’ouest, le Fouta-Djalon, qui l’avait éduqué, lui avait

appris des choses insoupçonnées. Son grand-père lui avait dit un jour alors qu’il était

adolescent, d’avoir soin de son cœur, car ce dernier finirait par le perdre avant de le

terrasser.

N’était-ce pas ce qui était en train d’arriver, de se réaliser, sans parler de son histoire de

cœur…Qu’il n’avait jamais pu ou dut solder.

Elle l’avait trahi, elle à qui il avait tout donné ! Sidiki n’avait touché à aucun de ses

beaux cheveux et chaque jour qui passait, il recevait en plein cœur son coup traître,

mortel qui allait finir par le foudroyer. Il n’avait cessé de regretter sa passivité, mais son

cœur avait fini par dominer sa raison et il n’avait plus réagi…

Il savait que son heure était venue et que sûrement la prochaine attaque serait

fatalement la bonne. Il n’avait donc plus de temps à perdre.

Il lui fallait agir au plus vite !

En bon croyant Sidiki se dit qu’il ne pouvait pas se soustraire à sa destinée et qu’il se

battrait jusqu’au bout pour mener à bien cette dernière mission qu’il se devait

d’exécuter en compagnie du docteur Daniel.

Une voix familière le tira de sa réflexion. C’était justement docteur Daniel, accompagné

d’une infirmière. Ils passèrent le pas-de-porte de la pièce où il était alité. De son lit, il ne

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parvint pas à reconnaître la chambre ou l’aile du bâtiment où ils se situaient. Il

connaissait parfaitement chacun des centimètres de cette gigantesque sphère muette

qu’était l’hôpital du Val-de-Grâce, tellement il avait astiqué, lavé, dépoussiéré, essuyé,

toiletté tous ces lieux.

- Sidiki ! Vous avez vite récupéré.

Il faisait noir à l’extérieur. Sidiki avait perdu la notion du temps. Il s’étonna de pouvoir

répondre.

- Docteur Daniel ? Sylviane ? Je suis désolé.

- Sidiki, allons ! Vous allez vous reposer. Quand je pense que quelques minutes avant

votre attaque, vous étiez avec moi. J’avais remarqué votre mine défaite, mais de là à ce

que vous vous écrouliez quelques secondes après. Je n’aurai jamais parié. Vous avez eu

une crise cardiaque ce matin juste après être passé me dire bonjour.

Vous vous rappelez ?

- Voyons, nous sommes tous abasourdis Sidiki ! C’est Sylviane ! Depuis le temps où nous

avons travaillé ensemble, pas une seule maladie et cet arrêt spectaculaire d’un coup !

Elle s’était approchée, les yeux inquisiteurs. Le docteur Daniel avait repris :

- Vous êtes cardiaque ? Vous avez un passé, des parents malades ? Vous avez remarqué

des signes ? Nous n’avons rien trouvé.

- Oui…Il y a quelques jours, j’ai eu des nausées…J’ai eu chaud, froid et terriblement

mal au bras…Je n’avais jamais eu cela avant…Je me suis reposé…J’avais promis

d’aller consulter. Et voilà…Le plus important docteur…A présent est que je me

repose…

- Bien sûr, Sidiki, nous veillerons à cela. Vous n’avez pas eu de graves séquelles alors dès

maintenant et à vie ce sera un régime. Mais avant nous allons vous laisser dormir.

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- Sidiki tous vos collègues du service vous souhaitent un prompt rétablissement.

Sylviane avait pointé du doigt un immense bouquet d’une grande beauté que Sidiki

n’avait même pas distingué et pendant qu’elle s’éloignait vers la sortie souriante, elle

entendit faiblement :

- Docteur…

- Oui ?

L’infirmière avait disparu. Docteur Daniel s’était vite rapproché au plus près du

convalescent qui arriva à lui souffler :

- Je n’en ai plus pour longtemps. Mais je vais aller mieux…Et rentrer chez moi.

Promettez-moi de venir me voir…J’aurai à vous parler ensuite…Je pourrais aller en

paix…

- Je ne vous comprends pas…Allons du nerf, vous êtes encore jeune ! Vous avez été

secoué, certes, mais avec du repos, cela va aller. Il va falloir dormir. Rassurez-vous, je

vous suis en personne. Nous verrons tout ensemble, tranquillement. C’est parti pour le

repos dès maintenant et surtout pas de visites intempestives ! Je veux parler des parents

Sidiki, car il va falloir se reposer !

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Mercredi soir

Un jour était passé. Sidiki s’était progressivement remis de son accident vasculaire. Il

avait rarement vu autant de manières de traiter et d’expliquer cette chose grave qui lui

était arrivée…Crise cardiaque…Infarctus. On ne s’était jamais autant occupé de lui de

sa pauvre vie. Il avait aussi compris que les cellules de son cœur n’étant plus

convenablement oxygénées par une artère bouchée, elles avaient souffert (d’où la forte

douleur ressentie).

C’était arrivé à l’hôpital…Heureusement, pour ce qu’il avait à faire. Un sursis peut être

qui tombait à pic…

En ce jour d’octobre, à 18h45, docteur Daniel passa devant la chapelle de l’abbaye

royale du Val-de-Grâce, majestueuse promesse de la reine Anne d’Autriche après la

naissance du futur Louis XIV, enfant mâle souhaité de son union avec Louis XIII.

Daniel se signa discrètement, songeant au bonheur qu’il éprouverait avec un enfant, son

enfant. Comment les autres faisaient-ils ou trouvaient-ils la force, à le transformer en

problématique existentielle. Il était cadre supérieur envié, presque cinquantenaire, mais

ce côté de sa personnalité ne prenait pas…

Il traversa l’ancien hôpital militaire, le premier, datant de la Révolution pour sortir par

la rue Saint-Jacques qu’il coupa vivement, distrait, au grand dam d’une conductrice. Il

se retrouva sur la minuscule place rectangulaire du docteur Alphonse-Laveran,

constituée de l’espace, créé devant l’église du Val-de-Grâce par le croisement des rues

du Val-de-Grâce et de Saint-Jacques.

Il s’immobilisa quelques minutes, songeur en face de la fontaine nord ensuite il s’avança

en direction de la rue du Val-de-Grâce qui faisait face à l’édifice. Au premier

croisement, Il tourna à droite et au fur et à mesure qu’il avançait dans la rue Pierre-

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Nicole, en direction de chez Sidiki, des questions absurdes se bousculaient, dans son

esprit.

Par son serment de médecin, Daniel avait le droit de ne pas nuire. Pour la santé de tous

ses patients, il avait le droit de ne faire que le bien et de le promouvoir coûte que coûte.

Le mal de Sidiki avait été identifié et traité, mais ce dernier lui avait-il tout dit ? Daniel

savait qu’on ne lui disait pas tout souvent, comme lui, il ne disait pas tout. Un droit

légitime qui rendait la tâche difficile à toutes les parties. Un jeu qui rendait le travail de

diagnostic fort délicat et périlleux !

À ce moment, il n’était plus dans son cabinet et il n’avait pas pris l’initiative de cette

visite de routine. Qu’allait-il se passer ? Et pourquoi avait-il accepté d’y aller ?

Pour Sidiki, peut-être, un bonhomme si sympathique mais que docteur Daniel n’avait

jamais réussi à cerner. Si, il avait appris par hasard qu’il ne savait ni lire ni écrire alors

qu’il parlait parfaitement le français. C’était dommage, ce qui lui arrivait.

Le constat avait été correct, le traitement suivait, il y avait un statu quo qui allait

déboucher inévitablement vers une guérison. Comme médecin traitant, il aurait alors

droit à une gratification, une reconnaissance. Point final.

Pourquoi s’inquiétait-il alors ? Il était là pour le découvrir. Il n’était pas question de

reculer, mais de s’armer de tout son talent pour savoir et pourquoi ne pas deviner ce qui

n’allait pas.

De toutes les façons, il était trop tard pour reculer. La rue déserte ne l’encouragea pas, à

aucun moment, à renoncer. Rebrousser chemin, il n’y pensa même pas.

Que lui aurait dit son père Albert s’il l’avait vu, vieux médecin de campagne en Ardèche

encore en activité !

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À côté, l’unique commerce des lieux, un magasin discount allait fermer. Passer l’adresse

à atteindre l’amènerait à reboucler l’institut des sourds pour arriver à la rue Saint-

Jacques où il habitait.

Ridicule ! De quoi avait-il peur ? C’était une visite qu’il avait promise à son malade

convalescent.

Résolu, il avala les marches pour accéder à sa démarche.

Au cinquième palier, il trouva la porte recherchée, entrouverte. Il donna plusieurs petits

coups à la porte défraîchie qui ne lui résista pas.

Son regard hésitant balaya une grande pièce mal éclairée surchargée de bagages et de

paquets de toutes sortes.

Il parvint à discerner quelques photos, des gravures jaunies et des statuettes africaines

figées et poussiéreuses.

L’atmosphère était surchauffée, alourdie par une espèce de parfum qui rappela à Daniel

les hammams qu’il avait jadis fréquenté…Et les portes des cours communes de ses amis

d’enfance noirs qu’il avait osé franchir sous les tropiques alors que cela lui avait été

formellement défendu par ses oncles et les usages du service d’assistanat coopérant

français de l’époque.

Il comprit vite.

Sidiki était là. Assis, les jambes fléchies, transpirant à grosses gouttes dans un voile de

fumée. Devant lui, une résine brunâtre aromatique brûlait dans une petite écuelle. Elle

crépitait, ravivée par un tisonnier qu’il tenait à la main, révélant la senteur agréable et

forte, découverte à son arrivée.

Docteur Daniel se précipita, incrédule, incapable d’émettre la moindre protestation. On

aurait dit que les vapeurs l’avaient hypnotisé. Il s’était aussi assis, difficilement, les

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jambes en croix comme son hôte, observant cet homme moribond il y a peu,

parfaitement maître de la situation, couvert de fumerolles.

Sidiki lui prit les deux mains. Docteur Daniel, un des meilleurs praticiens du Val-de-

Grâce, l’hôpital des puissants de ce monde, de ceux qui nous gouvernent, où l’excellence

médicale le disputait à la préservation du secret, pilier du service de la « cardio », cette

partie de la médecine qui étudie le cœur, ses artères et ses veines, ses fonctionnements,

ses maladies et les moyens de les soigner, se mit également à suer.

Il était à la merci de son malade. Il n’eut pourtant pas d’inquiétude quand l’impensable

se produisit.

Docteur Daniel sentit qu’on lui prenait fermement les deux poignées et qu’il était envahi

par une volupté soudaine de ses sens et un ravissement de l’esprit qu’il n’avait jamais

égalé. La fumée se faisait intense et lui montait à la tête. Les deux hommes ne se

distinguaient plus. La voix de Sidiki résonna caverneuse :

- Bonsoir, docteur Daniel d’Aube…Quelles sont les nouvelles du soir ?

Son élocution était soutenue. Docteur Daniel inquiet au début parut plus serein.

- Bonsoir, mon ami Sidiki. Il n’y a rien de grave…Je suis venu vous saluer, m’informer

de l’état de votre santé et honorer la promesse de visite que je vous avais faite…

- Merci docteur. Je mentirais si je vous disais que je vais bien…La félicité, l’aisance

physique, matérielle et spirituelle vont bientôt me quitter…Vous êtes très intelligent et

compétent docteur. Vous avez secouru tant de vies, mais vous ne pourrez pas me sauver

cette fois…Croyez-vous docteur ?

- Oui, je suis croyant.

- Avez-vous peur du Seigneur ?

- Je n’ai peur qu’en notre Seigneur ! Mais là vous me faites peur Sidiki. Votre

comportement n’est point raisonnable, sans parler des propos que vous tenez !

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- Je n’ai également peur que du Tout-Puissant qui nous éclaire. Nous ne sommes

malheureusement que de passage sur cette terre où un jour nous devrons mener un

combat contre la seule chose que nous partageons tous équitablement, la mort…Ce

moment approche pour moi…Et je vais l’affronter…Mais avant de partir, je désire vous

confier une partie de ce que je n’ai pas su faire…Cette partie vous revient. Vous le

méritez.

- Quoi, donc ? Je ne vous comprends pas et je vous demande d’arrêter immédiatement

tout ceci…Dans votre état…Vous allez y rester ! J’appelle une ambulance !

- Écoutez, c’est une chose, simple, naturelle et éternelle. Elle a été usurpée…Il faut la

retrouver et la retourner où elle a été prise, car ceux qui l’ont prise à l’époque, ont été

maudits ainsi que leurs descendants. Je n’aurais pas assez de mots justes pour vous la

décrire…Il est préférable d’en voir les images…Docteur, il est encore temps de dire

non…Car dès que l’affaire aura démarré, elle ne pourra plus être arrêtée…Elle devra

aller à son terme…Pour vous libérer, vous et tous ceux qui étaient liés. Ce sera difficile

docteur, très difficile. Vous aurez peur au début, mais vous y arriverez. Je vous ai vu à

l’œuvre. Beaucoup de gens comptent sur vous…Surtout de l’autre côté de la grande

rive…Ils vous espèrent…Et j’y serai…

- Vraiment ? Qu’est-ce que c’est que cette histoire ?

- Oui…Moi, j’irai auprès de mon Seigneur quoi qu’il en soit. Il m’appelle. À la fin, vous

retournerez à votre vie…Dans la paix retrouvée et l’amour…Maintenant, vous devez me

dire si vous voulez le faire ? Ne vous inquiétez pas, vous êtes capable de tout réaliser et

ils vous attendent tous pour vous aider à chaque étape de votre combat.

Docteur Daniel se sentait de plus en plus dans un état second, enjoué, léger, joyeux. Il

pensa brièvement à Sidiki, il l’avait côtoyé pendant toutes ces années sans vraiment le

connaître. Sa réponse tomba, en trois mots.

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- Je le veux…

Daniel vola aussitôt dans les airs et un ciel éclairci l’aspira. Un bien-être total envahit tout

son corps qui se faufila entre les arbres, les rayons du soleil, les reliefs escarpés et l'eau

étincelante des cours d’eau. A plus de dix mètres du sol, il ne se soucia plus que des vents et

de la grande vitesse avec laquelle il arriva à se déplacer. Il fut si heureux et excité qu’il finit

par aller plus vite et par comprendre que plus bas s'alignaient des tableaux de vies passées

aux quatre coins des parages. Ces fresques sans son étaient en désordre.

Son corps fut parcouru d’un bref tremblement…Il eut froid…Comme dans le temps où, au

bout du surplomb, la vallée s’offrait à lui tout seul, là-bas en Ardèche.

Il se souvint qu’il n’y avait jamais personne aux alentours du mince cours d’eau en

contrebas à part quelques oiseaux d’eau qui se trempaient timidement les pattes,

s’ébouriffant bruyamment le plumage.

Alors, se rapprochant, il se tenait un moment en équilibre sur le pourtour d’un massif

rocheux qui n’avait jamais bougé. Il prenait le temps d’apprécier le reflet que lui renvoyait

la nappe. En face, la bourgade semblait endormie.

L’endroit était calme et reposant. Il entendait le gazouillis des oiseaux doublés du chant du

cours d’eau s’écoulant sans discontinuité.

Daniel était toujours resté sous le charme de cette eau. Jeune, ce lieu avait été magique

pour lui. Il avait fini par acquérir l’habitude de s’y rendre seul, sans son frère Michel avec

lequel il avait passé toute son enfance, pour absorber ses lamentations, apaiser ses peurs,

engloutir ses craintes. Il était happé par le trajet sans fin de cette rivière, flanquée de ses

nombreux arbres débordant de fleurs florissantes qui se faisaient vis-à-vis, telle une pieuvre

avec ses appendices en sommeil.

Daniel s’approchait, absorbé par ce charme tentaculaire et découvrait l’eau qui lui jetait

des réverbérations de toutes les couleurs tandis que la lumière qui s’échappait des

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feuillages du dessus la colorait de lueurs argentées multiples. Le regard enivré, il se

redressait croisant çà et là quelques gros cailloux qui l’invitaient à s’asseoir. Daniel ne

cédait jamais à cette tentation. Promptement il sautait sur chacun d’eux.

En ces endroits, il avait passé tout son temps à chercher ce qui lui avait tant manqué…Des

parents…La présence d’une famille… À la fin de ces instants, quand il fallait retourner à

la maison, il ne retrouvait personne…Sauf, son frère, Michel, toujours habillé comme lui,

et son père, Albert le médecin de ce désert, le seul toubib du coin qui avait pris soin de ses

deux enfants.

Il était encore en activité même après sa retraite. Il n’avait d’ailleurs jamais pu la saisir.

Daniel comme son frère Michel, trop occupé à Paris avait cessé de venir voir leur père en

Ardèche, même pendant les grandes fêtes religieuses. Ils se téléphonaient…

Avant d’être déconnecté, Daniel eut juste le temps de voir son frère Michel immobilisé sur

un lit d’hôpital qui lui tendait une peluche bleue.

Vision ou réalité ? La pensée claire de Daniel le disputait à son imagination confuse

tandis que la voix de Sidiki résonna :

(Il le tutoyait !)

- Retournes d’où tu viens. Pour ne pas te perdre…Tu dois y aller, on a besoin de toi là-

bas. Vous avez besoin ton frère et toi d’y aller…Vous devez y aller…Allez voir les vôtres.

Ne tardez pas…Allez voir votre père…Avant qu’il ne soit trop tard…Et ensuite

seulement toute la vérité éclatera là-bas au loin.

Il y eut un bref silence puis une succession d’images…

Daniel d’Aube fraîchement promu au « Val » recevait un couple en crise…Daniel se

souvint avec précision de ce qui s’était passé…

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L’homme était dans un élégant boubou (longue tunique ample souvent colorée au tissu

léger, portée en Afrique Noire) traditionnel africain assorti à ses sandales ambrées, la

femme était belle et sensuelle fortement préoccupée par l’annonce de sa grossesse

exceptionnelle.

Daniel avait tout mis en œuvre jusqu’au jour de la conférence de presse médicale

annonçant le succès de l’opération pour séparer les sœurs siamoises noires jointes par le

dos à la naissance. Un triomphe pour le docteur Daniel qui était à la tête de l’équipe

d’intervention…Dans la chambre à l’écart, un drame s’était malheureusement joué à

l’avance.

La jeune maman, promise, mariée originaire d’un pays de l’Afrique de l’ouest avait été

damnée et répudiée…Accusée d’adultère par l’homme fort et jeune à l’époque : Sidiki…

Sidiki, trahi et humilié s’était retiré de la vie des hommes. Il s’attela à distance à

l’éducation des jumelles et à d’autres actions simples qui le remplissaient de bonheur…

Comme celle de saluer journellement aux premières heures, docteur Daniel…

À ces souvenirs, Daniel ressentit, un bourdonnement envahit sa tête de bas en haut puis

de haut en bas. Sa vision se troubla.

La température de son corps s’éleva. Il eut très chaud comme Sidiki que Daniel ne

reconnut plus. L’expression bestiale de son visage le paralysa d’épouvante. Sidiki poussa

d’abord des grognements. Il finit par faire entendre d’une voix grave :

- Ne regardez derrière vous que pour mieux avancer !

Le rythme cardiaque de Daniel s’accéléra devant les nouveaux clichés catastrophiques

qui suivirent…

Des lumières grisâtres et rosâtres d’autres contrées l’enveloppèrent. Son pouls cavala. Avec

l’impression d’être toujours en hauteur, il distingua un patchwork de baraquements

sordides faits d’assemblage de bois, de fer, de plastique, de toile de sac, de tentures, de

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voilages, de recyclage. Des nombreuses lampes à pétrole de ces cabanons, s’échappaient de

minuscules flammes vacillantes qui renvoyaient ici et là sur les différentes parois des

formes de dragons qui portaient sur leur tête les arbres de la forêt tropicale voisine.

Dans ce paysage où le vent ne sifflait plus et les arbres ne bruissaient plus, Daniel finit par

distinguer des ombres qui lui rappelèrent des scènes de vie antérieure. Sauf que dans ces

lieux, toute forme de vie respectable semblait avoir déserté les voisinages.

Des femmes décharnées au ventre bien rebondi se tenaient impassibles comme des

sentinelles des lieux avec des marmots s’agrippant à leurs guenilles pendant qu’une morve

verdâtre leur coulait du nez. Toutes les femmes entre 12 et 45 ans paraissaient enceintes.

À côté, d’autres enfants hébétés, affamés, craintifs, terrorisés, au ventre encore plus tendu

et luisant, tremblaient de fièvre ou de faim et suivaient par petits groupes des jeunes filles

faméliques qui attaquaient les derniers morceaux de bois et de buissons d’épineux.

Mais où donc étaient passés les hommes ? La nature avait décidé de punir ces « hommes

ingrats et stupides ».

Les plaintes des mares voisines avaient cessé, car le soleil avait bu l’eau de tous les cours

d’eau de la région, il ne tombait plus une goutte du ciel et comme l’eau ne coulait plus de

nulle part, tout s’était arrêté : les cris d’enfants, le bruit assourdissant des nombreuses

pompes, les disputes, les appels de vendeurs de beignets ou de réparateurs multitâches, les

pilons ébranlant mortiers et terre, les aboiements des chiens répondant aux dindons qui

glougloutaient, irrités par le passage des automobiles des militaires ou des soldats rebelles,

le grincement des turbines, la poussière, le bêlement des chèvres. Oui, tout s’était arrêté.

Car lorsque le malheur s’abattit sur tous ces « bornés », ils ne trouvèrent mieux à faire que

de se précipiter dans les gigantesques fosses à ciel ouvert des villages avoisinants dont les

collines complices cessèrent mécaniquement de pleurer.

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La calamité s’incrustant, ils allèrent alors à la recherche de remèdes auprès des guérisseurs

traditionnels contre la disette, la soif, le paludisme, le choléra, la dysenterie, les piqûres de

serpents, les vols, la violence, la folie des hommes et des animaux.

Les braves de retour virent le corps des bêtes comme le caméléon, la rainette, le boa

constricteur, le crocodile, le léopard, l’araignée, l’antilope, le gorille, se couvrir de

piquants, de grosses écailles, de nageoires ou porter des bois énormes, leur souffle crachant

du feu.

Ces animaux carnivores immenses aux dents carnassières se jetaient principalement sur les

toubabs (blancs d’Afrique) et les descendants de tous ces peuples entreprenants, qui étaient

toujours là, avec des firmes internationales.

Ces hommes perdus dans la gueule de ces gigantesques prédateurs criaient, gesticulaient et

se débattaient de tout leur saoul sans pouvoir se libérer.

- Tu partageras et tu seras toujours pourvu, nanti ! Dit à nouveau la voix caverneuse de

Sidiki…

Daniel voulut s’évader. Sa tentative resta vaine, car il ne sentait plus sa volonté alors que

tout son corps continuait à s’engager dans ce tunnel sans fin d’images irrationnelles.

Un homme d’un certain âge fumait nerveusement, les mains tremblantes…Il rappelait son

père Albert !

Une file de véhicules tout-terrain s'était immobilisée à l'orée d’un village niché dans une

clairière. Les habitations faites de bois et de tôles étaient silencieuses. Daniel remarqua la

couleur du sol rougeâtre interrompue par les herbes, les arbustes et les arbres de la forêt

abondante, toute proche…Il attendait volontaire pour se joindre à un cortège funèbre, en

compagnie de Sylviane…

- Va ! N’aie pas peur ! Tu trouveras la vérité et le bonheur ! Dit encore la voix de Sidiki

plus fortement.

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Daniel se trouva cette fois dans l’un des couloirs de l’hôpital du Val-de-Grâce. Il courait,

renversait tout sur son passage…Il venait de se rendre compte qu’il avait enfin trouvé ce

qu’il avait si longtemps cherché !

Brusquement, les hallucinations de Daniel arrêtèrent. Il sentit ses pieds en feu et essaya

de les bouger. Peine perdue, ils étaient tétanisés.

Il ressentit que Sidiki lui relâchait les poignets. L’étau s’était desserré. Il réussit à ouvrir

les yeux, se libérant enfin de son incroyable affabulation.

La vue d’un mince filet de sang qui s’écoulait de l’une des narines de Sidiki le fit bondir

sur ses deux jambes encore flageolantes. Tout était redevenu subitement limpide pour

Daniel, mais en face Sidiki s’affaissait lentement.

Ce n’était pas bon signe.

Daniel affolé se jeta sur Sidiki pour lui libérer les voies aériennes. Il le plaça

convenablement en position latérale de sécurité.

Vous pouvez retrouver la suite de cette fiction en allant sur le site d’AMAZON KINDLE avec le nom de l’auteur Boubacar N’DOYE.

L’auteur vous en sera reconnaissant.

Il reste persuadé que vous pourrez par la suite partager un avis, une discussion et pourquoi pas se retrouver bientôt pour de nouvelles aventures passionnantes.

Bonne lecture

Boubacar N’DOYE