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Fiction de l’origine au XVIIIe siècle 2013-2014 Modalités d’évaluation : soit des interventions orales, soit mémoire mais axé dans la thématique, pas nécessairement centré sur la chronologie ou dissertation. (10-12 pages dactylographiées) – Consigne de présentation du mémoire. Exposés oraux possibles, exposés écrits : les sujets peuvent être plus larges, des sujets qui ne porteraient pas sur la littérature du XVIIIe siècle (avec la problématique fiction de l’origine). Etude de textes réunis par la question de l’origine, de la fiction de l’origine. [email protected] Problématique historique : Origine = donnée de base de toute mythologie à tout siècle, pourquoi poser cette question plus particulièrement au XVIIIe siècle ? On sait qu’au XVIIIe siècle, il y a une hantise, presque une obsession, de cette question de l’origine : on se pose la question de l’origine pour toutes sortes de choses (langage, inégalité, terre, origine des fables – Fontenelle – Essai sur l’origine des connaissances…). Beaucoup manifestent un intérêt majeur pour cette question de l’origine. Articulation philosophie et littérature essentielles au XVIIIe siècle. Auteurs : Condillac, Rousseau Les Confessions, livre 1, une origine nécessairement fiction, les premiers linéaments de l’humanité échappe à la mémoire humaine, obligation de fabuler, quelque soit le pacte autobiographique que noue Rousseau avec son lecteur ( Lejeune), Fontenelle L’origine des FablesDimension étiologique des contes qui développent une fiction autour d’une origine. Les utopies (Jean Michel Racault) : reconstitution de l’origine, il s’agit de faire concurrence au récit biblique, une manière de toucher à la question de l’inceste qui touche de près à la question de l’origine. Questionnement sur l’origine à faire remonter au XVIIe siècle : il commence à émerger dans la deuxième moitié du XVIIe siècle. Pourquoi surgit la fiction de l’origine à ce moment-là ? Contemporanéité exacte de tous ces questionnements avec l’émergence d’une critique textuelle de la Bible (Richard Simon, il tente d’étudier ce texte non comme un texte révélé, anhistorique qui émanerait de Dieu, mais avec une critique textuelle historique, il met en lumière des strates, des contradictions sont mises en lumière : cf. bien plus tard Le dictionnaire philosophique de Voltaire, cherche à diffuser ce type d’approche.) La bible avait vocation à répondre à ce type d’interrogations sur l’origine : toutes les réponses normalement se trouvent dans la Bible. Ce surgissement du questionnement incessant sur l’origine, cette hantise de l’origine est profondément corrélative de l’ébranlement d’une croyance (mais au début, cette étude ne concerne qu’un petit nombre d’érudits, mais une minorité qui se répand dans l’aristocratie cf. Don Juan, figure qui pose les questions radicales). Ce type de questionnement surgit au moment où il y a un ébranlement de la croyance dans les réponses qu’offraient traditionnellement les récits bibliques. Lapeyrère : théories sur les préadamites, les hommes qui auraient précédé Adam, théorie subversive.

Fictions de L'origine, XVIII siècle

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Fiction de l'origine

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Fiction de lorigine au XVIIIe sicle

Fiction de lorigine au XVIIIe sicle2013-2014

Modalits dvaluation: soit des interventions orales, soit mmoire mais ax dans la thmatique, pas ncessairement centr sur la chronologie ou dissertation. (10-12 pages dactylographies) Consigne de prsentation du mmoire.Exposs oraux possibles, exposs crits: les sujets peuvent tre plus larges, des sujets qui ne porteraient pas sur la littrature du XVIIIe sicle (avec la problmatique fiction de lorigine). Etude de textes runis par la question de lorigine, de la fiction de [email protected] historique: Origine = donne de base de toute mythologie tout sicle, pourquoi poser cette question plus particulirement au XVIIIe sicle? On sait quau XVIIIe sicle, il y a une hantise, presque une obsession, de cette question de lorigine: on se pose la question de lorigine pour toutes sortes de choses (langage, ingalit, terre, origine des fables Fontenelle Essai sur lorigine des connaissances). Beaucoup manifestent un intrt majeur pour cette question de lorigine. Articulation philosophie et littrature essentielles au XVIIIe sicle. Auteurs: Condillac, Rousseau Les Confessions, livre 1, une origine ncessairement fiction, les premiers linaments de lhumanit chappe la mmoire humaine, obligation de fabuler, quelque soit le pacte autobiographique que noue Rousseau avec son lecteur (Lejeune), Fontenelle Lorigine des FablesDimension tiologique des contes qui dveloppent une fiction autour dune origine. Les utopies (Jean Michel Racault): reconstitution de lorigine, il sagit de faire concurrence au rcit biblique, une manire de toucher la question de linceste qui touche de prs la question de lorigine.

Questionnement sur lorigine faire remonter au XVIIe sicle: il commence merger dans la deuxime moiti du XVIIe sicle. Pourquoi surgit la fiction de lorigine ce moment-l? Contemporanit exacte de tous ces questionnements avec lmergence dune critique textuelle de la Bible (Richard Simon, il tente dtudier ce texte non comme un texte rvl, anhistorique qui manerait de Dieu, mais avec une critique textuelle historique, il met en lumire des strates, des contradictions sont mises en lumire: cf. bien plus tard Le dictionnaire philosophique de Voltaire, cherche diffuser ce type dapproche.)La bible avait vocation rpondre ce type dinterrogations sur lorigine: toutes les rponses normalement se trouvent dans la Bible. Ce surgissement du questionnement incessant sur lorigine, cette hantise de lorigine est profondment corrlative de lbranlement dune croyance (mais au dbut, cette tude ne concerne quun petit nombre drudits, mais une minorit qui se rpand dans laristocratie cf. Don Juan, figure qui pose les questions radicales). Ce type de questionnement surgit au moment o il y a un branlement de la croyance dans les rponses quoffraient traditionnellement les rcits bibliques. Lapeyrre: thories sur les pradamites, les hommes qui auraient prcd Adam, thorie subversive. Les Caractres de La Bruyre: tout est dit et tout vient trop tard, depuis 7000 ans quil y a des hommes, ce chiffre vient dun calcul li au livre biblique, la Gense, calcul en remontant de patriarches en patriarches. Mais on commence souponner par des dcouvertes diverses que ce chiffre est peut soutenable, une interrogation surgit: les pradamites et la remise en cause du pch originel, varit de doctrines trs grandes chez les philosophes du XVIIIe sicle mais la totalit de ceux qui sont philosophes des lumires saccordent rcuser le dogme du pch originel. La problmatique du bonheur au XVIIIe sicle se substituant celle du salut, cest lici-bas, ici et maintenant qui devient centrale. Des questions comme: Do vient linterdit? Ex: interdit de linceste, Les Lettres persanes: Uzbek se demande do viennent les interdits religieux, pourquoi le porc est-il un animal immonde? Question sous-jacente quantit de textes. Historiographie: Michel Foucault, Les Mots et les Choses, p. 340 (Seuil): cette question de lorigine ne se pense dans toute sa complexit qu partir du XIXe sicle avec lmergence de ce quil nomme une pense moderne, le XVIII et le XIX sont englobs au sein dune mme pistm: une mme structure mental, commune. Rupture pistmique: la fin de la Renaissance, XVII-XVIII puis lavnement de la modernit. Au XIX ses yeux: une problmatique de lorigine fort complexe et fort enchevtre, ce qui sous-entend quau XVIIIe sicle fort simple qui se rsumerait aux genses du XVIIIe sicle: des textes qui adoptent une perspective empiriste, une perspective philosophique qui dcoule de la philosophie de John Locke, une philosophie empiriste qui fait driver toutes les connaissances de lexprience physique, sensorielle de lindividu, (rien dans lintellect qui nait t avant dans nos sens). Ce faisant John Locke rcusait les principes innistes de Descartes, les ides innes chez Descartes (tendue, infinie) taient des ides innes en lhomme, ne faisant pas lobjet dune acquisition, que le cerveau humain porterait en lui ds la naissance. Alors que lempirisme fait driver toutes les connaissances mme les plus abstraites dexpriences sensorielles rudimentaires, celle de lenfant qui dcouvre le monde.Dmarche de la philosophie du XVIII: profondment gntique, point commun: on considre que pour comprendre lorigine dune ide il faut en faire la gense. Tenter de rendre compte dune ide par une gense quelconque: pour Locke, empirisme, toutes nos ides drivent de nos expriences.Condillac: toutes les connaissances dans les sens, le sensualisme.Condillac = SENSUALISME Locke = EMPIRISME Descartes = Ides innes contredites ensuite par Locke.Rousseau adopte ce schma gntique, cette interrogation gntique la constitution de son tre, il ne cesse de le rpter dans le 1er livre des confessions, faute de le comprendre, il choisit dcrire un texte Les Confessions, il faut tenter de se faire comprendre: il faut en faire la gense, gense des expriences considres comme primordiales, fondatrices, toutes les particularits du caractre de Rousseau sont traques dans la petite enfance, reprer des faits traumatiques, importants qui expliqueraient la personnalit de Rousseau.Pour Foucault: ces genses vont apparatre comme des chimres, et la science moderne se penserait sur lide quil faut renoncer penser lorigine des choses: la science du XIXe sicle rompt avec les schmas gntiques qui prvalaient au XVIIIe sicle.Foucault: XVIIe-XVIIIe sicle comme un seul bloc = Lpistme classique XIXe=Epistm moderne.Foucault: il a une conception simpliste de lorigine au XVIII = il lidentifie une pense de lorigine comme une pense du commencement absolue au XVIIIe sicleXIXe: une pense de lorigine qui nidentifie plus origine et pense absolue. Foucault historicise le rapport lorigine.Gilbert Durant tudie Junget Bachelard : il y aurait une structure mythologique de lorigine universelle presque intemporelle de lesprit humain quon retrouve dans toutes les mythologies. Contrairement Gilbert Durant, on mne une approche historique, on ne repre pas les invariants, les structures mythiques communes tous les tres humains. Problme de lapproche historique de Foucault: il pose des blocs comme lpistme classique (XVII-XVIIIe sicle), un bloc, il est donc oblig de reporter toutes les ruptures la fin du XVIIIe sicle. En ralit: des ruptures trs profondes entre le XVIIe et le XVIIIe sicle: entre classicisme et Lumires, Classicisme sachve vers 1680, priode intermdiaire jusqu 1720: moment charnire o se joue des interrogations essentielles. Paul Hasard: La crise de la conscience europenne, 1935, 1680-1720, il ose la notion de crise. Michel Foucault naccentue pas les ruptures fortes de cette priode. Michel Foucault attribue une pense de lorigine comme une pense du commencement absolue au XVIIIe sicleEn fait, cest plutt une pense relative des commencements, caractristique des pr-lumires. Une pense qui envisage une succession de commencements. On envisage une histoire de lesprit humain, puisquil ne sort plus tout arm des mains de Dieu, il est lobjet dune histoire, corrlativement la pense de lorigine est marqu par lide de commencements successifs. Rousseau propose un schma chronologique qui montre quil y a des tapes successives (comme Les Confessions, Livre 1), il nobit para un schma simpliste, le paradis de lenfance et puis jai sombr dans les malheurs! Il y a des tapes trs finement articules par Rousseau, il ny a pas un basculement du tout au rien, on nest pas dans le commencement absolue mais une pense historique des commencements. Comment et pourquoi articuler origine et fiction cette priode? Les significations du mot fiction (diffrentes significations).Une partie lie de ces deux notions, lorigine a au XVIIIe sicle partie lie avec la fiction. De plusieurs manires: 1. une fiction de lorigine dans la mesure o dans une perspective critique, philosophique au sens des lumires, le temps des origines est par dfinition celui de la fabulation = leitmotiv de la littrature philosophique ou libertine (Libre pense, esprit fort pour La Bruyre et ses contemporains). Au XVIIIe sicle: On considre que le phnomne religieux relverait de la fabrication de fables. Point de vue radical dvelopp par les tenants de lathisme. Les lumires radicales = phnomne religieux li une explication politique, une manipulation politique pour asservir les peuples, on a invent des dieux, un processus radical de dnaturalisation de la religion. Toutes ces religions sont des impostures, donc des fables, elles sont parties lies la religion, la religion serait lie du ct de limposture! Trait des trois imposteurs: les trois grands monothismes crit clandestin anonyme, fin du XVIIe et tout au long du XVIIIe sicle, circulation par des rseaux manuscrits. Du ct de ces manuscrits clandestins: religion associe la fable ds la seconde moiti du XVIIe sicle, toute religion devient doublement fictive: elle est fictive parce quelle est le produit dune imposture destine assujettir les peuples, des peuples crdules, on les effraie avec le chtiment divin et on les soumet au bon vouloir des princes machiavliques. Doublement fictive: parce que dans ce type dexplication, les dieux deviennent des tres de fiction, ils nont aucune ralit, des figures tout fait imaginaires. Dans cette perspective, ces textes trs militants sont conus comme des rcits dorigine alternatif, ils racontent lorigine de la religion: ce rcit est cens se substituer limposture. Ce sont des anti-fictions, les rcits quils laborent pour objet de combattre les dangers de limposture religieuse, ils doivent enrayer le mensonge, ils dmystifient.La pointe extrme du radicalisme par des textes manuscrits qui circulent sous le manteau.2. Autre type de texte, ils recourent dautres subterfuges: De lorigine des fables, il est compos par Fontenelle dans la dernire dcennie du XVIIe sicle. A priori, Fontenelle ne sen prend pas aux religions rvles, ni la religion chrtienne, il sen prend aux fables et aux fables grco-romaines, aux religions paennes. Il prolonge la tradition libertine car les mcanismes de fabrication des fables quil analyse sont trs facilement transposables la religion chrtienne, il suffit de transposer les fables paennes pour voir un accord entre lAncien Testament et celles-ci. Mais le jeu est de ne pas le dire, de le signifier. Leo Strauss: ds les annes 40-50, nomme cela les arts dcrire: des techniques labores par les auteurs dcrits subversifs en temps de contraintes, de censures. Fontenelle se situe dans les arts dcrire, techniques pour diffuser des crits subversifs mots couverts, qui ncessite une activit interprtative, une logique diffrente de celle des manuscrits clandestins. Lorigine des fables sefforce de contribuer une histoire des erreurs de lesprit humain, sefforce de mettre de ct toute allusion la religion chrtienne.Lessai de Fontenelle nest pas rductible une critique pure et simple de la religion, une originalit trs forte: son originalit est de ne pas multiplier les origines des fables De lorigine des fables, Encyclopdie: Article Fable, Diderot et dAlembert noncent toute une srie de causes de naissances des fables quand Fontenelle renonce cette hypothse simpliste de limposture des prtres. Fontenelle = les fables paennes ne viennent pas dune volont dimposture des puissants, lorigine des fables est imputable au fonctionnement mme de lesprit humain. Cette origine pour Fontenelle nest autre que notre dsir de savoir, la libido sciendi est dclenche, catgorie augustinienne les trois grandes libido: libido dominandi, scientienti (li aux sens, dimension physique, sensuelle, gourmandise) libido sciendi: ce que les augustiniens nomment les triples concupiscences. Dsir essentiel de savoir dans lme humaine: naissance des fables pour Fontenelle = rsultat du dsir de savoir, aucun mpris lgard, perspective anti-augustinienne, pascalienne, le dsir de connaissance est source de plaisir pour Fontenelle. En donnant, cette origine, on entrevoit un dsir de savoir tout fait lgitime, pas de condamnation radicale, elles sont source derreur mais au dpart elles ne sont quun effort pour comprendre le monde qui lentoure, mais pour Fontenelle a ne signifie pas que ce sont des vrits!LIliade et LOdysse dHomre ne seraient que des dformations de la Bible, doctrine du XVIIe sicle et du XVIIIe sicle = dfense des textes de lantiquit, les partisans des anciens (querelle des anciens et des modernes) soulignent que ces textes ne sont pas monstrueux, ils portent la parole biblique dforme, Homre serait tout proche de la parole rvle. On relie les textes antiques en essayant de trouver des semences de la Bible, on lit allgoriquement les textes mythiques. Fontenelle comprend que du point de vue anthropologique il y a des points communs, il a lide que ces mythologies pourraient avoir des structures communes avec les mythologies grco-romaines. Il y a une structure commune qui serait celle dune humanit dans son enfance. Les mythes maas ne sont ni plus ni moins les mythes contemporains. Proposition scandaleuse lpoque de Fontenelle, car il y a une sacralit au texte grco-romain quon rapproche des textes aztques. Fonctionnement de lesprit humain = balbutiant dans son origine, invente des explications, des rcits qui peuvent nous sembler comiques. Cette manire invite trouver un mcanisme de lesprit humain mme sil reprend des qualificatifs comme monstrueux. Une imagination grossire mais cest un premier effort dexplication des phnomnes naturels, il y a une racine commune la fabulation. Cf. Lire le texte, description prosaque et comique, verser de leau sur la tte, ce contemplatif qui a eu cette ide aurait t un Descartes dans ce sicle-ci, un esprit humain suprieur ses contemporains qui a eu lide dlaborer cette fable pour tenter de rsoudre lnigme. Le moteur premier est le dsir de savoir: la libido sciendi chez les Augustiniens. Arrire-plan polmique sur le dluge chez Fontenelle: trouve-t-on des traces du Dluge. Fontenelle invente ce type de fable pour rendre raison de ce type de tonnerre de foudre, on invente des fables susceptibles de rpondre aux interrogations sur lorigine.Conclusion pour Fontenelle: les fables ne sont pas que des fables, elle procde dun dsir de savoir qui est aussi la source de la philosophie moderne. Dimension dmystificatrice trs forte. A la fois, une perspective de dmystification radicale, toute fable, toute religion dnonce, une fascination pour la fable et notamment pour les fables de lorigine, qui explique lengouement prodigieux dun genre qui nat cette poque: le conte de fe, autour de 1690. Pratique de raconter des contes dj existante, mais lengouement culturel des lites europennes et franaises pour ce genre: contemporain aux questions de la fiction de lorigine. Perrault, les contes, de Mme dAulnoy, traduction des Mille et une Nuit par Antoine Gallant, engouement prodigieux pour ce dernier recueil. Les contes de fe: conte merveilleux donne accs au lecteur contemporain des mythologies alternatives ce qui donne un autre regard sur la mythologie grco-romaine (livres et grandes uvres de lantiquit) ne sont plus des normes sacres inaltrables (comme dans limitatio), cette mythologie est perue dans un autre espace mentale comme pouvant avoir des alternatives. Les contes des mille et une nuit relve du mme registre que les fables grco-romaines. Le regard sur la fiction est fait la fois dune dimension critique (on ne se laisse pas berner navement) mais engouement (ces mythologies nous parlent dune mythologie en son enfance. XVIIIe sicle, deux pendants contradictoires = priode hypercritique des crits philosophiques + priode dengouement prodigieux pour les contes (orientaux, fantaisistes, primitifs), le texte de Fontenelle permet de comprendre la racine commune cette double polarit du XVIIIe sicle. Engouement prodigieux pour un imaginaire chimrique. Les contes de fes parodient de manire fantaisiste les rcits dorigine, ce sont des facties autour de lorigine. Cf. Bibliographie. La Dispute de Marivaux sinterroge sur lorigine de linconstance, la premire inconstance est-elle masculine ou fminine? Une interrogation plutt galante, mais une fiction mta-thtrale qui met en scne une interrogation sur lorigine, une marquise et un prince sont dans un dbat sur lorigine de linconstance, pour rsoudre la question, le prince a pour rponse une exprimentation de rapprocher des adolescents mthodiquement pour voir comment ils vont tomber amoureux et tre soumis linconstance ou non. Htrognit des textes sur lorigine, des textes de philosophie, et de petits contes de fes factieux sur des origines fantaisistes. A la fin du XVIIe sicle: une approche critique du processus de la fabulation qui touche la religion, il fait partie de lessence de lesprit humain dans son enfance dimaginer des fables pour expliquer les phnomnes auxquels cet esprit humain, insatisfait, ne peut rpondre. La Bible apparat comme une fable parmi dautres pour certains penseurs, cette approche critique merge et se fortifie jusqu connatre lge de Voltaire une diffusion massive. Fontenelle combine deux attitudes essentielles au XVIIIe sicle: 1. Mcanique, lorigine des fables renvoie un mcanisme humain, chercher expliquer lorigine du monde par linvention de mythes et fables. Mais leffort de Fontenelle, instrument dasservissement des peuples, il sappuie sur la crdulit des peuples et utilise la religion pour manipuler les peuples, Fontenelle tend dpasser cette approche libertine assez simpliste. Il prfre dire que les fables viennent de la tendance de lesprit humain trouver des rponses aux nigmes essentielles que lesprit se pose face lunivers, une approche quasi-anthropologique. Son attitude amorce une rflexion sympathique au sens de lorigine (tentative de comprhension sympathique) Fontenelle adopte ce processus, adopte un regard hroque sur ces fables, il salue la curiosit des hommes contrairement Saint Augustin o la libido sciendi est une des concupiscences de lhomme qui le conduit se dtourner de lhomme.Les premiers hommes avaient des modes de rflexions rudimentaires, ils ont donc trouv comme ils pouvaient des rponses lorigine du monde. Pour Fontenelle, il y a un mme ressort dans lactivit cratrice et lactivit philosophique, il ny a pas de tension, contrairement aux libertins Fontenelle ne disjoint pas lactivit fabulatrice, archaque de lactivit critique. Ces deux activits de lesprit pour Fontenelle ont une racine commune, le dsir de savoir.Pour penser ltat prsent des choses au XVIIIe sicle, on en vient se dire quil faut retrouver le commencement des choses, comment expliquer la situation intellectuelle? On constate une ingalit semblant structurante entre les hommes, do vient-elle? Commet lexpliquer? Mcanique de lesprit au XVIIIe sicle. Ce nest pas une interrogation purement rudite, la question porte sur le prsent. Lobsession de lorigine renvoie une interrogation sur le prsent, il convient de faire le gense des structures des temps prsents, comment en est-on arriver l?Rousseau dcrie la politesse, les murs urbaines au contraire de Voltaire.Lenqute historique repose par dfinition sur des documents, cest comme cela quune histoire moderne se dfinit fin XVIIe sicle et tout au long du XVIIIe sicle. Lorigine par dfinition na pas de source, inaccessible aux historiens, do la ncessit de chercher dans les configurations spcifiques du prsent pour comprendre lorigine, do lintrt pour les peuples sauvages.Le Mythe du bon sauvage: la plupart des auteurs sont extrmement prudents et ne pensent pas que lhomme sauvage soit lhomme de lorigine. Ils refltent un tat social trs avanc, il peut puiser des exemples chez les peuples sauvages nanmoins il sait que ces peuples sauvages ne nous renvoient pas immdiatement lorigine, ils sont dj ancrs dans un mouvement de corruption. Comment trouver au sein du prsent des configurations qui pourraient nous donner lide de lorigine? On articule Phylogense et ontogense (lhumanit lindividu).Cest avec lempirisme et John Locke quon commence porter un autre regard sur lenfance, un regard sur des tres quon trouvait peu intressants.E. Badinter qui plaide pour lamour maternel au XXe sicle, elle dresse lhistoire de la petite enfance et des relations mre-enfant. Lenfant na pas beaucoup dintrt au XVIIIe sicle, il est vou plutt aux forces du pch, il est le reflet dune nature corrompue. Intrt nouveau pour lenfance, et philosophique en tant que lenfant qui doit nous ramener lontogense: on sintresse lveil au monde de lenfant et ses apprentissages par linfluence de la philosophie empirique, tout dcoule de nos expriences premires. On sintresse aux sauvages, aux enfants. Arlequin poli par lamour, on ne sait pas sil incarne le sauvage, lenfant, la fiction thtral nous montre quil y a un lien entre les deux, il incarne un stade archaque sur lontogense (origine de lindividu) et la phylogense (origine de lhumanit). Marivaux cre une figure qui incarne lenfant et le sauvage la fois.Intrt nouveau pour lenfance, lenfance devant nous renvoyer une dimension plus naturelle. Citation 1 Locke: il ny a aucune ide inne dans lhomme, anti-innisme. Pour convaincre son lecteur, il lui offre une exprience de penser. On a faire la Tabula rasa, la table rase empirique, lenfant est une sorte de page blanche vide de tout caractre, au fur et mesure de ses expriences, lenfant va dvelopper des ides de plus en plus complexes. Locke et dautres empiristes vont distinguer deux types dides, celles qui viennent de la sensation, lide de chaleur, les ides de sensations, puis les ides de rflexion qui viennent dun retour de lesprit sur ses propres actions, lide de grandeur, de beaut, de vertu, ides abstraites qui ne viennent pas directement des sensationsLocke a recours des expriences hypothtiques, des expriences de pense. Une tendance frquente chez les auteurs et philosophes du XVIIIe sicle proposer des expriences de pense autour de lenfance. Les enfants sauvages, cette interrogation sur lorigine tait corrle un intrt nouveau sur lenfance, un intrt renouvel pour les enfants sauvages, les cas denfants sauvages sont particulirement tudis au XVIIIe sicle, au point daboutir au rapport Itard dbut XIXe sicle, il est nourri de philosophie empiriste. Buffon dans LHistoire naturelle: seconde citation: tous ces cas sont un spectacle curieux pour les philosophes, rapport Itard apport un dmenti. Idalisation dun enfant isol dans la fort, une fascination pour ces cas rels denfants sauvages ou enfants ensauvags. Ces cas sont trs ambigus, on observe des altrations du comportement, parfois des signes darriration mentale, des retards intellectuels, des difficults dacquisition du langage. Linterrogation sur lorigine ne trouve pas une rponse satisfaisante, on ne sait pas si leur arriration est la cause ou la consquence de leur caractre sauvage? De nombreux penseurs supposent alors que la socit est ncessaire pour que lhomme puisse dvelopper des savoirs complexes la socialisation. Dbat du XVIIIe sicle: la sociabilit est-elle naturelle? Rousseau rpond que non. On ne connat pas lorigine de ces enfants sauvages, on suppose quils ont t abandonns. Ces enfants sauvages sont lobjet dun grand intrt mais ne permettent pas dapporter des rponses satisfaisantes. Lorigine apparat alors comme un objet de pense qui conduit mme le discours le plus thorique adopter des sortes de fiction. A plusieurs reprises ces textes recourent des micro-fictions, des mcanismes imaginatifs, spculatifs qui relvent de la fiction. Lorsquon souhaite parler de lorigine, ces philosophes vont recourir limagination soumise des rgles qui se veulent rigoureuses de vraisemblance, des rgles qui puissent tre admises par le lecteur comme acceptables. La ralit nest pas satisfaisante, donc recourons limagination. Cf. Condillac citation 4, Charles Bonnet 5, Buffon, citation finale. Ils sont confronts une srie de problmes qui ne peut pas tre rsolue avec les mcanismes de pense employs en philosophie (induction, dduction). Faute de donnes empiriques, il faut recourir la spculation, le second discours de Rousseau (Discours sur lorigine de lingalit 1754) est introduit par une formule fameuse: Commenons donc par carter tous les faits, formule troublante, Le mot fiction recouvre nombre de ralits: du conte de fe fantaisiste aux expriences de pense. Les Principes de la Philosophie, Descartes a recours ce quil nomme la fable du monde. Ce mcanisme de pense ne nat pas avec le XVIIe sicle mais il est particulirement en usage au XVIIIe sicle parce que la philosophie empiriste souhaite revenir au premier commencement mais ces premiers commencements sont inaccessibles. Lhypothse du malin gnie ne se proccupe pas de vraisemblance, instrument de la pense. Le grand reproche la philosophie de Descartes, mais hommage au Descartes du dbut du Discours de la Mthode, le Descartes qui met en doute la philosophie scolastique, il reproche Descartes linvention de mondes chimriques. Commenons par carter tous les faits au dbut du second discours, pour tirer de la nature des choses ce qui est le plus probable, il sagit dlaborer des hypothses mais ces hypothses ne sont pas chafaudes trop chimriquement, elles doivent tre soumises des rgles de probabilit. On va se situer dans le registre des possibles et si possible du probable. A distinguer: le vraisemblable, le possible, le probable.Commenons par carter tous les faits = 1. Tenir lcart le rcit biblique, dimension factuelle du rcit biblique mais ces faits sont carts, dimension polmique et tactique, se tenir lcart du rcit religieux. 2. Enclencher le mcanisme dune spculation probable qui souhaite obir des rgles de probabilit qui suscitent ladhsion du lecteur. Locke: deux types de rcit, la philosophie empirique qui a, par dfinition, tendance tre fortement narrative: elle dcrit des genses, des passages dun tat lautre, les rgles de la narration, une histoire de lesprit humain. On fait de petits rcits (ex: sur lenfance). 3me citation: Exprience de pense, donne de base assez chimrique (univers noir et blanc) mais les consquences quon en tire se soumette des rgles de vraisemblance. Dispositif exprimental 3 lments: 1. Le sujet de lexprience, sujet thorique, lenfant. 2. Un dispositif isolant, laboratoire, un lieu o il ne vt que du blanc et du noir, lieu clos qui retient lenfant, lieu thorique, ce lieu permet de slectionner les expriences sensibles de lenfant, on filtre ses perceptions. 3. Lexprimentateur lui-mme mais prsent en creux dans la tournure passive retenu dans un lieu. Ce type dexprience est discrtement narrativis, recours ce que Genette nomme une ellipse, rapport entre le temps du rcit et de la narration: on passe de lenfant lge adulte. Locke emploie une comparaison: il prouve le besoin dappuyer son argument au moment dun exemple pris dans lunivers probable, enfant qui naurait ni got ni huitre, ni ananas, il pose une quivalence avec lignorance de la couleur mme, il y a un processus analogique, il y a un glissement entre deux formes dexprience: lexprience de pense et lexprience intrieure du lecteur, le lecteur doit tre convaincu en ayant recours sa propre exprience, chacun peut faire un retour sur soi-mme. Il y a une zone commune entre lactivit intellectuelle de ces philosophes et lactivit de fiction puisque la rgle du vraisemblable se dveloppe en fonction dun univers commun. Vraisemblance et motivation, figure II, Genette, le rcit vraisemblable na besoin daucune motivation, la conduite dun personnage lorsquelle est vraisemblable na pas besoin dtre justifi. Vraisemblable = conforme un univers de rfrences commun, ce quil est dusage daccepter comme normal. Le philosophe et le romancier jouent sur un ressort commun qui est lexprience banale, ce sont les rgles de la vraisemblance qui sont en cause mme si la donne de base est invraisemblable. Au XVIIIe sicle = des contaminations entre texte littraire et texte philosophique, des principes de fictions se retrouvent dans des textes de philosophie, pour imaginer des possibles quon ne peut pas observer.Origine par dfinition ni de lordre du fait et inaccessible.

Molineux: Un aveugle de naissance qui on rendrait la vue pourrait-il avec son seul sens de la vue reconnatre une forme gomtrique? Lui qui naurait lexprience que par le sens, reconnatrait-il un carr? Comment accde-t-on lide de carr, de rond? Par les sens, le toucher? Exprience de pense et projet dexprimentation.Rousseau accorde une importance capitale la notion dorigine mais il donne galement au mot rvolution des lments qui vont conduire lavnement dun sens moderne. On constate rtrospectivement une sorte dhantise de lorigine, elle introduit une conception relative des commencements. Discours sur lorigine de lingalit: sous le mot origine, des moments pluriels dans la pense de Rousseau, lorigine de lingalit connat des phases essentielles, un temps long, presque immmorial. Une origine qui nest plus considre comme un absolu, dictionnaire du dbut du XVIIe sicle: Le trsor de langue franaise, 1606, le mot origine, quivalent de deux mots latins: origo de orior et initium, deux distinctions: une apparition premire quil propose de distinguer dune origine quil nommerait inchoatif, initiant un mouvement, un processus. Cette deuxime accession est riche dans la conception du XVIIIe sicle.On est dans lmergence dun sens causal, les origines, on nest plus dans un principe unique de pense. Rousseau ne cherche pas savoir quand est apparu lhomme comme tel, il le suppose comme identique lhomme contemporain pour voir comment il a pu interagir avec son environnement cartons tous les faits, il ne sagit pas situer le moment sminal. On pense des tapes, un processus.

Rvolution = conception cyclique, Rvolution = ce qui recommence, A. Arendt, la notion dorigine ds lors na pas une trs grande valeur. Le XVIIIe sicle dveloppe paralllement des rflexions approfondies sur ces deux notions pour que des acceptions modernes. Il sagit de penser le passage dun tat de nature la socit civile, avec lensemble des transformations que ce passage entrane dans la condition de lhomme. Ce passage ne peut pas sexpliquer par la constitution naturelle de lhomme. Pour penser le passage de ltat de nature des tats sociaux, il faut penser une srie de ruptures.Il sefforce de penser une srie de ruptures qui ont eu lieu des moments diffrents, la thse selon laquelle le passage la socit civile ne peut pas sexpliquer par la constitution de lhomme. Rousseau pense donc que ce passage est contingent, a aurait du ne jamais se passer comme cela: une srie de hasards funestes qui ont conduits linstitution des socits. Sortie trop prolonge en dehors de Genve, portes fermes, et cest ce qui le jette dans une srie daventures, un devenir qui aurait du jamais navoir lieu (il applique la mme structure sa biographie), une srie de hasards funestes qui lon poussait ne pas tre cet humble artisan qui aurait men une vie paisible, la place, il a men une existence quasi prsente comme une maldiction. Accs lcriture qui est lui aussi une maldiction pas un chtiment divin il se rpte lchelle de lindividu Rousseau, une histoire qui marque lespce humaine. Elle y a accd peut-tre pour son bonheur mais surtout pour son malheur. Il sagit de penser une srie de rupture dans Le Discours sur lingalit, la premire partie sefforce de penser cette contingence. La deuxime partie va sefforcer de penser par conjectures les ruptures. Une rupture fondatrice: linstitution de la proprit foncire, des ruptures instituantes qui conduisent tablir le rgne de la proprit prive, linstitution des gouvernements. Pour qualifier ces deux ruptures, il recourt au terme de rvolution, il voque dabord les lents et insensibles progrs apports par la cueillette, la chasse, la pche, qui vont crer les conditions de possibilit de cette rupture fondatrice. Ces progrs permirent aux hommes den faire dautres, lge des cabanes: on commence vivre non plus comme individu isol dans des forts, ne vivant que par rencontre. Un deuxime tat de nature = premire rvolution, une pense de la rvolution qui nest plus purement cyclique, abandon de la reprsentation cyclique, plus un retour en arrire mais lmergence de quelque chose de radicalement nouveau. Ce qui produit cette rvolution, ce nest pas un fait singulier mais une volution gnrale de lhumanit. Cette rvolution a un caractre inaugurale, elle constitue la famille, une sorte de petite socit, une sorte de proprit, on nest pas encore dans une rupture instituante mais dans une rupture inaugurale. Des phases, des moments qui dclenchent des phnomnesCest aussi en +terme de rvolution parle de lavnement de la mtallurgie, on exploite son potentiel, ces deux phnomnesRousseau parle ici de grande rvolution, parce quelle affecte profondment la nature de lhomme: lge des cabanes aurait du ne jamais subir une autre modification parce que la nature de lhomme ntait pas encore affect profondment par cette modification.P. Le Jeune, il estime que lorsque Rousseau parle dge dor, il parle du moment de lge des cabanes. Jusqualors lamour nexiste pas, aucune naturalit: cest un phnomne qui une histoire, il est troitement li au processus davnement dune sorte de socit puis de la socit civilise. Ce qui fait rvolution chez Rousseau) ce qui affecte en profondeur la nature de lhomme, la grande rvolution de la mtallurgie et de lagriculture produit une rupture irrversible: les effets sont dcupls, Il se produit des effets vertigineux, on introduit un tout nouveau rgne de lhumanit, une humanit qui vit sous le rgne de lartifice, du regard pour autrui, de la volont de puissance. Cette origine est une grande rvolution. La rvolution chez lui est la fois commencement et fin (quelque chose que lon ferme et que lon ouvre). Elle clt une phase de lexistence humaine et en ouvre une autre (origine et rvolution sarticulent). Les expriences de pense sont pratiques au XVIIIe sicle: le type dargument philosophique, au XVIIIe sicle se dveloppe une srie dexpriences de pense particulires qui ont pour but de pense un tat originel de lhomme: ni les tribus sauvages, ni les enfants sauvages noffrent des matriaux pour donner lieu rflexion ou observation.Lhistoire et la nature noffrant pas dlments suffisamment probants, un moyen commode est de recourir lexprience de pense notamment sur lexprience de pense imaginant des enfants dveloppant des enfants sans approche humaine, pour penser un tat originel. Les aptitudes supposes chez le philosophe: chez Condillac, il reprend un problme philosophique classique au XVIIe sicle, quel est le rle des sens dans lapprentissage des sens, il dveloppe une fiction thorique, imaginons une statue qui originellement naurait aucune ide du monde, naurait pas le moindre lment dune conscience de soi. Le travail mthodique de Condillac, cest dattribuer ces statues tour tour chacun des 5 sens, puis en faisant interagir les sens les uns avec les autres. Il faut le toucher pour accder la conscience de soi. On se met la place de la statue que nous allons observer, il sagit de se faire statue durant le temps de la lecture. Un effort didentification que demande le philosophe son lecteur, cest un effort qui nest pas totalement tranger des pratiques de lecture que le lecteur peut dvelopper. XVIIIe sicle = le roman la premire personne: Manon Lescaut, La Vie de Marianne, Le Paysan parvenu: suppose un effort didentification et de prise de distance.Condillac demande de se mettre la place de la statue, un effort didentification bien plus suprieure: quelle prouesse que celle dun philosophe qui se moule dans le corps de la statue. Nous ne saurions nous rappeler lignorance dans laquelle nous sommes ns, cest un tat qui ne laisse pas de traces aprs lui. Il faut se reporter ce moment inaugural, dignorance absolue, la prouesse de lnonciateur, laborer une exprience de pense fonde sur un savoir, qui a trouv en lui de quoi imaginer un apprentissage originel des sens et qui nous aide restituer cette gense de nos sensations. Il y a des comptences philosophiques qui finissent par croiser certaines comptences attribues au romancier, ils sont censs avoir des comptences dans la comprhension de la psych humaine, Marivaux comme mtaphysicien du cur. On reconnat Marivaux laptitude danalyser les ressorts du cur humain jusque l inconnu. Le romancier a du sappuyer lui-mme sur son exprience existentielle, le romancier a trouv en lui de quoi dcrire des passions lmentaires. Il faut un effort dintrospection qui sappuie sur lexprience existentielle de lindividu, lexprience de pense na pas dautres socle: la procdure daccrditation, il va essayer de faire retrouver au lecteur des expriences, do limportance des critres de vraisemblance. On est dans un univers hors du rel, mais en revanche la suite du raisonnement se dveloppe strictement selon les rgles de la vraisemblance. Condillac toutes les consquences quon en tire sont attestes par notre exprience, tmoignage, chacun peut tre tmoin, une supposition initiale puis un dveloppement rigoureux des consquences: cration de chimres artificiels, partir dun lment chimrique, il faut faire retour sur soi, sur son exprience pour accrditer la fiction cr. Mme sans donne objective: Lexprience de pense na pas besoin de preuve dans le monde extrieure: elle nest pas l pour apporter des expriences nouvelles mais pour dissiper des erreurs de jugement, issus principalement de la tradition mtaphysique cartsienne, ces expriences sont soumises aux rgles de la vraisemblance. Zone de croisement entre roman et fiction thorique: cf. Extrait de Buffon, dernire citation. Buffon essaie de penser lveil au monde dune crature adamique, Buffon introduit une sorte de pacte romanesque dont lextension est limite par les italiques. Le narrateur est une crature adamique qui relatera un rcit postriori, revenant sur ses premires impressions. Condillac sur le texte de Buffon qui pour lui nest pas assez rigoureux. Cette conscience de soi nest quun moment tardif du dveloppement de cette crature dont les sens sveillerait brutalement.Guillard de Bordlieu: Il invente la fiction dun enfant qui se serait retrouv isol dans une le, enferm dans une cage, ne connaissant ni autrui, ni lexprience du soleil, ni les autres animaux: dveloppement des sens pour le jeune homme. La Dispute, pasle mme veil au monde, des expriences tellement limites quils nont pas lide de lautre sexe. Le projet dexprimentation: le glissement entre le projet dexprimentation et lexprience de pense, on est dans un genre que lon pourrait appeler: les genres de lincitation laction, proposition de J-M. Adam, il a propos de dfinir une catgorie de textes, il propose de les dfinir comme des genres de textes ayant pour objectif dinciter leurs lecteurs laction. Lexprience de pense est purement thorique, elle a une prmisse thorique, le projet dexprimentation se dveloppe sous forme de fiction. Montesquieu: ce type de texte dveloppe une rverie, le passage lacte est plus quimprobable. Une rminiscence dont il na pas le souvenir clair: texte dHrodote, Exprience de Psammtique, dont Hrodote relate lhistoire, chapitre II, il relate lexprience dun souverain gyptien qui a eu le dsir, Marivaux aussi a pu en garder le souvenir, il voulait savoir quelle tait la langue originelle: cest postuler que les langues sont dorigine divine et quelles naissent dans ltre humaine. Il cherche savoir comment ferait des enfants qui entreraient en contact sans avoir eu dapprentissage de la langue. Il aurait donc fait lever deux enfants lcart de toute socit avec un berger ayant pour consigne de nourrir du lait de ses chvres les deux enfants qui vivraient dans une cabane, le berger serait muet, au bout de deux ans, les enfants disent Bcosse il comprend du phrygien, bcosse = pain. Les projets dexprimentation se modlent partir de ce modle au XVIIIe sicle. Ils formulent ce projet dexprimentation disoler des enfants. Des textes qui laborent des fictions thoriques, exprimentales autour des interrogations sur lorigine: sous deux formes, typologie 1. Les expriences de pense, ne recourent pas des vrifications empiriques, purement mentales et qui incitent le lecteur imaginer des expriences fictives, des expriences intrieures, la prmisse est invraisemblable mais les consquences obissent aux rgles strictes de la vraisemblance, celles-ci sont lies une qute de lorigine qui ne peut sappuyer sur des documents (premires citations) 2. A distinguer les projets dexprimentation, pousss par lessor des sciences naturelles, des sciences de la vie qui incitent un passage lacte: usage abondant du conditionnel, de lirrel, si on pouvait: cela continue de situer ces expriences sur lorigine dans un registre que les poticiens nommerait non-thtique, qui pourrait tre mener bien. Mais un autre rapport aux donnes empiriques, dans lexprience de pense au contraire on carte tout ce qui relve des faits, on pense en dehors des contraintes du monde empirique qui prsenterait des lments parasites, un souci de puret de mthode, mental uniquement. Mais on demeure dans un registre optatif, on espre que a pourrait advenir. J. M. Adam, thoricien linguiste suisse, il propose de distinguer les textes de lincitation laction, ce qui se dessine au XVIIIe sicle: le dsir dun passage lacte mme sil ne se ralise pas. Un seul doute dexprience concrtis: Caspar Ausen au dbut du XIXe sicle, un enfant quon na retrouv qui a subi une exprience de squestration. Hrodote lui-mme est sceptique sur la vracit de ce quil rapporte propos de lexprience de Psammtique, exprience denfermement enfantin: elle a souvent t mise en doute par la suite. Problme pistmologique: imitation des chvresLexprience de Psammtique donne la structure quon retrouve au XVIIIe sicle: 1. Un dispositif disolement, des gardiens muets, une le, un lieu isol (Q. comment nourrir les enfants sans perturber le cours de lexprience, sans acculturer les enfants? Maintenir un environnement naturel sans influer sur lexprience) 2. un prince philosophe 3. Le sujet dexprience, un ou plusieurs enfants, en tant que lenfant ne soit pas corrompu, appartenant encore la natureLa Dispute: un prince philosophe, pouvoir de mener bien lexprience, ayant lautorit sur des sujets qui peuvent autoriser lexprience + pouvoir politique donc + pouvoir conomique + philosophe ayant le dsir de savoir ncessaire la ralisation de cette exprience. Lidal est de runir souverain et philosophe comme dans lexprience de Psammtique.Wieland: Il se moque de ces projets dexprimentation, ncessit de maintenir les enfants en vie.Le despotisme clair = le rve dun prince suffisamment philosophe pour mener bien des expriences qui puissent donner des rponses la question de lorigine, des implications politiques ce questionnement sur lorigine, une rflexion en arrire plan sur un idal du savoir et du pouvoir. Attention nouvelle lenfant au XVIIIe sicle (cf. Badinter): lenfant apparat comme tant dot dun statut particulier, il touche la question de lorigine, il est peut-tre dtenteur dun savoir que nous avons perdu, alors que traditionnellement dans la conception influenc par lglise chrtienne, lenfant tait associ lide de pch et derreur (avant le baptme il est du ct du mal, du ct de la nature par la nature corrompue par le pch originel), au XVIIIe sicle, un basculement: lenfant acquiert un nouveau statut, il est cens tre porteur dun nouveau savoir, non pas un savoir quil dtiendrait en toute connaissance de cause, un savoir quil aurait sans le savoir, sur lorigine, sur la nature, quil porterait en lui et quil appartiendrait au philosophe de dceler. Lenfant porte en lui une vrit perdue de la nature humaine pour distinguer clairement ce quil en est de la nature, ce quil en est de la culture. Do les exprimentations rves autour de lenfant. Cf. citations: Le premier projet de Montesquieu, 1720: une forme condense, des notes, la forme nous donne de manire conomique le rve mme qui va se formuler chez dautres philosophes. Exprience de Tournefort, phrase de Fontenelle: ce savant avait russi prendre la nature sur le fait, rotisation discrte et mythique, ide de suspendre la nature la drobe comme si elle avait un secret, la mission des philosophes serait dimaginer les conditions qui permettrait enfin de lui drober ce secret sur lorigine. Cf. Citations: deux phases logiques: la phase disolement puis celle dinstruction positive o on observe les rsultats, on a essay de conserver ltat naturel ces enfants pour observer leur dveloppement; Montesquieu conoit quil faudrait une instruction seconde.Lenfant est figure de lorigine, objet dexpriences qui doit tre bnfique aux progrs de lhumanit. Deux figures de lenfant: 1. Comme objet pdagogique, intrication des deux pdagogies, si lenfant est duqu, cest uniquement pour se faire notre tour llve de lenfant, on lui enseigne pour apprendre de lui une vrit plus essentielle qui touche la question de lorigine. Ladulte doit reconnatre en lenfant une figure idalise qui serait dbarrasser de tous les lments de la culture, de tous les prjugs qui dfigurent lhomme naturel. En germe dans le texte de Montesquieu, une dissociation de la figure de lenfant, cest la fois une matire brute, lantithse du prince philosophe runissant le pouvoir et le savoir, il na ni pouvoir ni savoir, dans un deuxime temps, il est celui qui est porteur du savoir suprme, normalement le philosophe peut accder par lenfant au secret ignor, le secret-mme de la nature.Le philosophe construit son antithse un tre rduit une activit purement vgtative, aucune activit intellectuelle pourtant se faisant, le philosophe doit faonner mieux quun double un philosophe idal par lequel on pourra accder une vrit de la nature: une origine absolue. LEmile de Rousseau: la mme logique, il est lenfant quil faut prserver de toute forme de corruption de la culture, on carte de lui tous les livres, un tat dignorance. A 12 ans, pas de problme sil ignore quelle est sa main gauche ou droite, aucun savoir positif nest enseign Emile, il sagit dveiller la nature en lui, crer les conditions pour que la nature en lenfant se dveloppe librement, aucun savoir positif. Double phase de lenfant tout fait structurante. Citation de Rousseau: ltat de nature nest pas de lordre des faits, mme une entreprise comme Emile ne cherche pas restituer la nature originaire, cest une tentative pour rgnrer cette nature. La nature originaire de lhomme est inaccessible. Peut-tre pas tout fait:Texte toujours au conditionnel: formulation qui renvoie la forme mme du discours que Rousseau est en train de dvelopper, comme dans le premier discours, Rousseau suggre un autre sujet: quelles expriences seraient ncessaires pour connatre lhomme naturel. Cette exprience engage presque deux gnrations: 20 annes plus tard. Il faut donc une succession de lumires. Il faut que cette alliance improbable du philosophe et du souverain devrait se faire mais galement persvre sur deux gnrations, concours qui devient trs difficile de voir raliser un jour, un scnario de transmission gnrationnel de lexprience.La ralisation de lentreprise est presque irralisable. Logique trs abusive de Rousseau qui suggre un renoncement, il faut carter tous les faits (formule fameuse du second discours), cest une manire polmique dcarter la factualit du rcit religieux (laissons de ct le Gense), on est oblig dcarter les faits car il ny a pas de donnes empiriques qui nous permettent daccder lorigine. Ce qui touche lorigine naturelle de lhomme na pas laiss de trace que lon puisse consulter ou dceler, il faut donc recourir la conjecture faute de faits. Avant den venir ce raisonnement conjectural, Rousseau en vient indiquer une autre voie, difficile mener bien mais pas totalement chimrique. Faute de pouvoir sappuyer sur des faits, des expriences, on a recours la spculation. Il y a en somme un dsir dexprience qui est avort, frustre, nonc puis cart comme extraordinairement difficile raliser, le second discours et lEmile sont des moyens de prolonger ce dsir dexprience par dautres moyens. Citation du manuscrit Favrede Rousseau: Wieland dit que la naissance-mme suppose lacculturation, pour Wielandde nombreuses questions : o trouver des enfants cobayes? Les historiens actuels montrent limportance de ce dbat, des problmes dontologiques commencent se poser: peut-on exprimenter sur le vivant? Un contexte pistmologique et moral: est-il lgitime dexprimenter soit sur des orphelins ou des tres misrables en priphrie des villes? Comme si le bnfice pour lhumanit devait tre suprieur la considration de ces individus misrables. Chez Sade, on retrouve des personnages de mdecins exprimentateurs dont les actions sont lgitimes pour le bien-tre de lhumanit au dtriment des individus. Wieland ironise sur linconvnient quil y aurait agir de la sorte, il ne reste quune solution: imaginer une fabrique denfant pour ces exprimentations, il se lance dans un calcul ironique. Il insiste sur la contradiction inhrente sur le risque dacculturer les enfants en pourvoyant leur existence. Il ironise sur les nourrices sourdes et muettes. Le paradoxe: Wieland dveloppe sous la forme ironique lune des plus longues exprimentations sur les enfants qui se veut dceptive et ironique. Mrian veut faire un sminaire daveugles artificiels, aveugler des enfants pour les dsaveugler exprimentalement quelques annes plus tard.Fontenelle = Extraits de deux textes, Discours sur la nature de lglogue: origine de la pastorale aborde (la posie pastorale tant considre comme la forme la plus originaire). Des extraits De Lorigine des fables, comment peut-on imaginer la manire dont sont nes les premires fables. Tout une veine pastorale qui court jusquau XVIIIe sicle: La peinture pastorale (Boucher, nomm Le Fontenelle de la peinture), LAstre dans le roman, au thtre et en musique. La pastorale: Un genre essentielle dans la culture de lpoque, qui est en outre conue comme originaire dans les formes de la posie.La nature de lglogue, il est du ct des modernes, il adopte leur principe des contestations des modles de lantiquit, toute une dimension de critique des pomes antiques. Pour Fontenelle, la beaut de la pastorale ne tient pas dans les murs rustiques mais bien plutt lide de tranquillit et de douceur par opposition la vie de cour. Analyse de Norbert Elias, philologue et sociologue allemande, La socit de cour: il analyse lengouement prodigieux pour toute lesthtique pastorale comme une forme de nostalgie de la noblesse pour des formes idalises de la vie la campagne, nostalgie lie sa curiarisation, la noblesse est contrainte de vivre la cour loigne de ses territoires dlection, originels qui fondait sa lgitimit. Une critique vive de Louis XIV, la logique versaillaise dune vie entirement tourne autour du Roi Soleil, comme compensation a ce qui a t perdue: la tranquilit dune vie exempte dune vie de la comptition. Le monde dpeint par la pastorale est essentiellement ngatif. Il en vient critiquer durement les imitateurs (Longepierre voulait imiter Thocrite), on arrive un raffinement nouveau et il nous faut inventer des murs littraires plus adquats au raffinement nouveau de la socit des lettrs. Ces textes comme ceux de Thocrite sont parfois grossiers, la pense de Fontenelle est dialectique, il montre que la source de la posie est lie cet tat originel de lhomme. Ltat de posie actuel renvoie un tat dgalit naturelle entre les hommes.Fontenelle: Il articule une rflexion anthropologique et une dimension esthtique. Trs court essai de 24 pages mais dense, qui a exerc une influence importante. Discours indissociable dun contexte sur la querelle des anciens et des modernes, une dimension polmique dans le texte mais le texte est loin de se rduire cette dimension unique.Il contredit les Anciens, et incite les Modernes continuer le travail dimitation des Anciens, faut-il promouvoir une nouvelle forme dinvention? Ou continuer imiter les auteurs antiques?Effort darticulation des formes esthtiques au temps prsent. Dimension de rponse Longepierre, plus un geste archologique qui peut annoncer Rousseau, une influence de la rflexion de Fontenelle sur Rousseau (cf. Lorigine sur la mlodie, lorigine des langues) Fontenelle essaie de remonter la premire forme de posie chante. Il rapport cela un tat social: il essaie de penser une solidarit entre des formes esthtiques une forme de posie , et un tat social donn (comme le font toujours les modernes), penser cet tat social primitif, des socits de berges, en des temps agrestes. Il reprend les arguments de Longepierre, la posie bucolique convient au statut de berger, elle est inspire par la nature. Fontenelle dcrit un tat de nature, un tat social primitif o les hommes sont occups damour et travail quelque peu lexploitation de la terre, un labeur peu contraignant avec des loisirs nombreux. Cette oisivet des premiers hommes non contraints par une structure sociale est propice aux dveloppements des chants: affirmation que lon retrouvait chez Longepierre et des thoriciens italiens sur la posie bucolique. Mais une dimension demeure discrtement subversive: Juvenelle de Carancas veut corriger dans la perspective de Fontenelle, cest lide que la posie pastorale serait la plus ancienne, il essaie de rappeler dans une perspective orthodoxe que la posie doit tre pense comme contemporaine lhomme admire le spectacle de la nature, ide apologtique cf. vulgarisation des sciences de la nature lAbb Pluche, la posie na rien voir avec des berges, un tat social, cest ltat premier de lhomme qui devant la magnificence du don offert par Dieu aux hommes adoptent le chant et la posie. Dans ce schma de Fontenelle, une forme de dgradation de la posie, si on privilgie les anciens et les belles lettres: cest parce quelles sont plus nobles et plus sacres, plus la proximit au geste crateur est grande, plus nobles seront les formes potiques. Tout leffort doit tre de retrouver cet lment primitif et dimiter les rgles des anciens. On valorise Homre en tant quil serait plus proche de la cration du monde. On considrait que les fables grco-romaines taient des dformations du rcit biblique. Autre thoricien de lglogue: en 1707, labb Genest: il essaie de concilier une origine pastorale avec le rcit biblique, cf. Abelest un berger qui soccupe de ses animaux et pour les assembler et les nourrir, il se sert du chant et de la musique. Il est croire que les animaux paisibles qui offrent nos premiers parents des mamelles pleines de lait, de l vient ensuite lexercice dAbel, tat idyllique sans violence, ge dor pastoral, plus reprendre une catgorie essentielle de Fontenelle, le caractre paisible loppos de la socit courtisane li la vie de cour, des tracas par les obligations rendre au roi, ce rapport harmonieux offre une condition ont la douceur est plus propre quaucune autre faire natre le chant et la musique. Labb Genest rcrit Fontenelle en gommant le ct sourdement inquitant de Fontenelle (Marc Fumaroli). Il ny a pas une dimension provocatrice mais une subversion douce et sournoise. Fontenelle: il est trs vraisemblable, registre de lhypothse, tranquillit et oisivet, un tat dgalit sociale il navait personne au-dessus deux: aucune dpendance lgard dun quelconque souverain. La socit se perfectionna, ou peut-tre se corrompit: superposition, figure de rhtorique, lpanorthose, figure de correction, il pense la solidarit entre ce phnomne de perfectionnement de ltre humaine avec un phnomne de corruption: il laisse une hsitation. Fontenelle incidemment soulve la question du fondement de la socit humaine, manifestement cette socit humaine ne rpond aucune volont divine. On clbre les troupeaux, les bois, les fontaines, pas dides de dons divins aux hommes, la socit parfaitement galitaire ne discerne pas de figures patriarcales. Un tour politique est donn lorigine de la posie, cette libert est la suprme richesse. La vritable richesse est la libert, cest cela qui suscite le chant et la posie: un dveloppement indissociablement fait de perfectionnement et de dgradation. Fontenelle publie ce texte en appendice des pomes pastoraux quil a crit. Mais il met en garde son lecteur: ceci nest pas une thorisation que les pomes illustreraient: il a dabord crit les pomes puis ensuite crit cette thorisation. Une posie qui a t critique par les contemporains pour son extrme raffinement: aucune rfrence une rusticit. Il pense que ce qui fait le plaisir de la posie pastorale cest que cela nous renvoie un tat social que lon idalise parce quil est le contraire de ce que les hommes connaissent: un tat doisivet qui a disparu. Pour Fontenelle, on ne peut pas revenir cet tat comme tel, on peut peut-tre exprimentalement, trouver des formes potiques qui rinstaurent des rapports plus justes entre les hommes dans un cadre parfaitement conventionnel et artificiel: il ne sagit pas de mettre bas larticulation politique. Fontenelle suggre dj cette dialectique, la nouvelle potique de la pastorale de Fontenelle promeut un idal de socit apaise. Sa posie exalte la fois des valeurs modernes, tout ce qui permet de rompre avec un loge de la violence. Comme si la politesse moderne tait une manire de retrouver des valeurs originelles qui taient celles des socits des bergers, socit primitive. Do la posie trs raffine de Fontenelle, mais qui au fond essaie de renouer avec certaines valeurs dun tat primitif. Fontenelle peut dresser un portait idyllique de la posie sans en tirer la conclusion des Anciens: ne pas imiter la rusticit des anciens, on peut retrouver quelque chose de cet tat primitif, mais il ne sagit pas dimiter la grossiret de cet tat perdu. Les tableaux que nous offre la vie pastorale des premiers temps nous renvoie une image antithtique la vie de cour. ont toujours quelque chose de je ne sais quoi de riant [] une cour ne nous donne que lide de plaisirs contraints et forcs, 1688, on rcuse toute une dimension des ftes galantes versaillaises, des plaisirs contraints parce que pris dans une logique de courtisanerie. Elle nous renvoie un tat primitif o lon tait sans tutelle royale, un dsir dombre par rapport au roi soleil, ce quoffre la posie pastorale, dans lombre des rayons du roi Soleil. La cour est dcrite comme un espace politique, leurrant, on essaie dtre regard par le roi. Comme si implicitement, la posie pastorale est un moyen dchapper cette contrainte: la socit se perfectionna ou peut-tre, se corrompit. Fontenelle fait cho des thmatiques libertines qui staient dvelopps sous le rgne de Louis IV dans des manuscrits clandestins o lon valorisait un tat de nature o les hommes ne connaissait ni les rapports de la loi ou de domination: une entire communaut de toute chose, nobissant qu la loi naturelle. Critique en creux dune forme de dnaturation prsente dans la civilisation moderne, o Fontenelle peut rejoindre la rflexion de son contemporain Fnelon (plutt du ct des Anciens.) Le Tlmaque est crit pour, il crit un livre dducation du prince en opposition Louis XIV. Mais chez Fontenelle, il ne sagit pas de valoriser en arrire le principe de la Bible, la rflexion de Fontenelle. Clbration des divinits paennes adaptes la modernit que souhaite clbrer Fontenelle. De lOrigine des fables: une vision critique des temps de lorigine, ce serait la monstruosit; Fontenelle adopte- un point de vue pistmologique,dun ct valorisation de la posie pastorale mme grossire, et de lautre, une grossiret chre au premier homme, la monstruosit des fables. Les fables primitives sont des tranges production de lesprit, la raison en son enfance produit des monstres qui sont des mythologies. Pourquoi le rcit biblique chapperait-il cette critique? Le pratique dimplication indirect des noncs, on ne remet pas en cause directement le rcit biblique, on dnigre les fables paennes et on suggre que le mme raisonnement peut-tre tre appliqu au rcit biblique. Le XVIIIe sicle sait que la rationalit cartsienne est le fruit dune longue conqute dont les origines se trouve dans les fables primitives. Une histoire de lesprit humain, le fruit dune trs longue histoire qui commence ces fables primitives, non une relation seulement antithtique mais une consquence. Pas une seule dnonciation des extravagances de lesprit humain dans ses premires productions, il considre que les fables primitives renvoient une forme primitive de rationalit, lune des originalits majeures de Fontenelle consiste dire que les fables primitives sont orientales, explicitement Fontenelle rcuse cette origine: je lattribue lignorance des premiers hommes, on retrouve une exprience de pense qui a valeur argumentative pour rfuter. Il ny a aucune explication part les climats qui puisse tenir pour Fontenelle, ce nest mme pas limagination comme telle qui est le ressort essentiel dans limagination des fables. Originellement, le principe dexplication est lignorance des hommes, toute loriginalit du texte de Fontenelle est dans le singulier du titre: il y a une commune origine toutes les fables. Fontenelle esquisse une sorte de comparatisme entre les fables que lon trouve en Amrique, si lon sexerait cette comparaison: on trouverait des points communs entre les fables des amrindiens et les grecs, cf. Comparatisme que lon retrouvera au XXe sicle dans lanalyse anthropologique des mythes. Immdiatement, il assimile fable et fiction: des rcits ex nihilo qui sortent de lesprit humain et qui nont pas dautres origines. Il fallait considrer que ces fables taient des dformations de la bible, des textes sacrs. Elle renvoie toute un mme mcanisme de lesprit humain qui tente de rpondre ce quil ne comprend pas et invente donc des fables. Cest parce quil y a ce mme mcanisme quil y a des analyses possibles dans toutes les analogies. Huet, Lettre sur lorigine des Romans: Richard Simon, des rudits rationalistes qui sefforaient de dceler dans la Bible, dans la Vulgate, des strates historiques distinctes, appliquer la Bible une approche critique, philologique: consistant dire que tout ntait pas de la Bible, des traces humaines, lesprit tait divin mais la lettre tait certainement humaine. Ils essayaient de reprer des dformations. Un travail critique pour tablir un texte, une histoire, pas une vrit biblique de lordre divin, un idal. Recomposer un texte biblique le plus correct possible en cartant les erreurs que les transmissions des hommes ont accumul sur le texte au fil des sicles.Fontenelle:Lettres Persanes de Montesquieu: le style sublime que lon trouve dans le coran. Le XVIIIe sicle a le moins idalis et sacralis lorigine, il ne faut pas confondre obsession et sacralisation. Il y a une hantise, une obsession, une rationalisation, le rcit originel nest quune fable primitive parmi dautres, lorigine il ny a quune grande interrogation, un effort pour comprendre le monde: une position matrialise et libertine de Fontenelle, il ny a aucune fable qui ne soit plus originaire que lautre, elles sont poses sur le mme plan dgalit, elles viennent pallier le manque dincomprhension. Sa capacit dinvention ne renvoie qu elle-mme, la fable est entirement sortie de lesprit humain tout commence par un effort au dbut trs maladroit pour rendre compte dun certain nombre de phnomnes, ce sont des ttonnements. Lucrce insistait sur une thrapeutique des craintes, les hommes pour tenter de se rassurer invente des fables, un principe picurien, au contraire Fontenelle suggre que cest un vritable dsir de savoir, un vritable dsir de comprhension qui na pas seulement comme dsir de surmont la peur. Il y a une logique cartsienne, comprendre lorigine des fables: cest se protger, la raison doit se protger de lerreur de lextravagance, elles ne renvoient pas un tat tellement loign du dveloppement humain, ce ressort est toujours rcent dans lhumanit moderne, il faut toujours craindre que lesprit humain dveloppe des extravagances.Do lintrt dune science des erreurs (que Voltaire dveloppe), ce nest pas du scepticisme, cest plutt lide quune science des erreurs et des extravagances et peut-tre plus utile quune histoire de la vrit. Lhistoire de lesprit humain est trs lente, trs ttonnante et on ne peut jamais se promettre quelle dbouche sur une vrit acquise. Des rsistances de tout ordre que Freud appellera les blessures narcissiques au niveau de lhumanit, il essaie dexpliquer pourquoi certaine grande conqute de lesprit humain ont t si difficiles: renoncement au gocentrisme et passage lhliocentrisme, blessure narcissique difficile accepter. Fonction prophylactique: Cest une hygine de la raison humaine qui peut la mener driver vers lextravagance.Entre pense rationnelle et pense fabulatrice: une continuit profonde entre les deux, loriginalit majeure de Fontenelle. Article Fable du chevalier de Jaucourt: tout une srie de causes dinventions des fables paennes, lignorance des causes physiques, seulement le 12me rang. Fontenelle insiste sur un seul ressort: lignorance des causes physiques, Fontenelle est conscient de faire une proposition trs inhabituelle. Il ya un effort de rflexion proprement philosophique, la fois un discours trs ironique et en mme temps, il explique trs srieusement quil y a l de la philosophie: notre philosophie nen na point dautre. Les fables primitives ont-elles-mmes une valeur tiologique. Les fables bibliques sont une premire manire dexpliquer des phnomnes, le commencement du savoir nest pas radical, Fontenelle se spare de Descartes, Discours de la mthode, il proposait une origine absolue du savoir, garantir un savoir absolument sr qui ne peut pas tre susceptible dtre remis en cause, irrfragable. Pour Fontenelle, il y a continuit profonde, ce qui prvaut, cest la continuit, il ny a pas de relle coupure pistmologique entre les extravagances des anciens et les conqutes rationnelles des modernes. Le critre du vraisemblable est rcus par Fontenelle au bnfice dune logique des possibles, pour Fontenelle, quasiment au contraire une source derreur, rester prisonnier dune logique qui veut quon rapporte linconnu au connu, parfois il faut avoir laudace.John Locke = lun des fondateurs de la pense des lumires, rfrence constante dans les textes du XVIIIe sicle. Influence forte chez Voltaire et chez Rousseau, et essentielle probablement chez Marivaux, lanthropologie marivaudienne ne peut gure se concevoir sans Locke ni sans lempirisme. Gense = ce que sefforce de dcrire Locke, des phnomnes gntiques, la Gense des connaissances parce quils sparent lorigine du langage ou des ides de Dieu, pas un modle bas sur une origine divine, grand axe dopposition avec linnisme, on dcentre le point de vue. Dans ce modle philosophique, on se prononce: lide de Dieu mme, il sagit den comprendre la Gense, ce nest plus lappui de tout le systme, cest un lment parmi dautres, on comprend cette ide par la comprhension des ides simples. On substitue une sorte didalisation de lorigine, de mythe de lorigine, une gense des premiers lments qui ne renvoie pas une transcendance mais qui renvoie une sorte de narrativisation. John Locke ne cesse de dcrire la Gense, le mcanisme cognitif. Il recourt une mthode historique par dfinition: on dveloppe un rcit, il a un stade antrieur, et entre temps on dveloppe un stade dacquisition dun certain nombre de connaissances cognitives ou langagires, il sintresse particulirement al question pdagogique, il accorde une place nouvelle lenfance, ds quon attribue une importance fondamentale au processus de Gense, ncessairement la phase de lenfance devient un enjeu crucial. Un ancrage essentiel, dgager schmatiquement nos oprations de lme pour examiner quelles connaissances sont acquises travers ces processus, il tente de dgager une gense schmatique qui part des matriaux de lentendement pour recomposer ces modes de penses et tenter de comprendre ces capacits de connaissance. Comment partir dexpriences rudimentaires, extrmement simples, premires, on en vient perfectionner lentendement par degr (ide essentielle), sous forme dune chelle plusieurs degrs: une mthode progressive, un cheminement quon comprend qui part dun tat initial. On ne se trouve pas dans un modle o il y aurait avant la nuit et ensuite la lumire: des schmas gntiques qui sefforcent de dcrire des cheminements. Locke devient une rfrence absolument essentielle pour Voltaire, comme lest Newton sur le plan scientifique (fondement essentiel et dterminant pour la pense des Lumires). Condillac inflchit la pense de Locke, Rousseau sen inspire mme sil la conteste.Philosophie qui adopte une forme de narrativisation frquente, dcrivant des genses, elle est structure sur le modle du rcit. Deux aspects de cette narrativit: 1. Sur lobservation, lenfant qui applique le mot or la queue du paon, tout objet qui cette couleur 2. Mettre en lumire des mcanismes qui chappent lobservation, tout un ensemble dexpriences de penses qui cherchent retrouver ce quil peut en tre de lorigine de telle ou telle de nos connaissances, une rflexion, rien de probant: argumentation en ayant recourt contre Molyneux lexprience de pense. Il y a aussi linfluence de Locke par limplication dune toute autre conception didentit du sujet. Etant donn lextrme diversit des expriences du sujet (il nest pas le mme entre le petit enfant et ladulte), la seule chose qui fonde lidentit: la conscience qui se fonde essentiellement sur la mmoire, laptitude mettre en relation des expriences passes avec des expriences prsentes, on compare des ides simples, rudimentaires, complexes, cest ce qui fonde le mcanisme de la mmoire et cette mmoire elle-mme joue un rle essentiel comme unique principe didentit dun sujet dont lhistoire joue un rle essentiel pour la constitution de son individualit, notion cardinale. Mais cet individu possde une identit problmatique: grand monologue de Figaro, Le Mariage de Figaro, 5me acte. Le vertige de Figaro se retournant sur son pass, quest-ce qui fait lunit de son tre, quest-ce qui garantit finalement lidentit de lindividu, problmatique centrale pour Rousseau. A la fois, le sentiment dune identit irrductible, et en mme temps tranger lui-mme quand il refait le parcours de ses expriences. Nouvelle anthropologie implique par la philosophie lockenne, une manire trs spcifique de poser les questions dorigine. Marivaux: Comdie qui offre une image comique, fascinante et pleine de charme, dune origine de lamour, dune humanit primitive, Arlequin poli par lamour.A la fin de sa carrire, La Dispute, il sinterroge sur la hantise de lorigine qui habitait Marivaux, mta discursive, dispositif complexe qui renvoie au public limage de sa propre fascination sur lorigine. Texte: Arlequin poli par lamour, 1720, production dj abondante de Marivaux mais non dans le thtre, il a plus crit que publi: les romans de jeunesse, Tlmaque travesti, des romans parodiques pour lessentiel, du moins le choix dun genre plutt mpris: le roman, et pratiquer une version parodique des romans hroques Des effets surprenants de la sympathie, il explore plutt des genres mineurs, en marge de la comdie et tragdie.La rgence = rintroduire une troupe italienne qui avait t bannie du Royaume sous linfluence de Mme de Maintenon, fin des annes 1690. Exprience de John Low, il essaie dintroduire le systme, un dispositif conomique fond sur une compagnie de commerce et lmission de billets de banquesArlequin poli par lamour, Arlequin = grossiret de conduite, il est dot dun masque brun qui lui couvre le visage ce qui signifie que le type de personnage que reprsente Arlequin ne va pas pouvoir dvelopper de fins effets dexpressivit dans le visage: rle masqu. Lhabit losanges = une pure de schmatisation et de stylisation de ce qui devait tre un vtement de pices cousues les unes aux autres, extrme pauvret. Arlequin: peut tre une figure de lorigine, grossire par son comportement, absence de politesse, de civilit, et une figure du peuple puisquil renvoie lextrme misre de pauvres hres, incapable de pouvoir sacheter un habit. Grossiret de langage et dattitude, gourmand, incarnation des apptits de la nature, Arlequin devient une figure prfre des spectateurs franais. Arlequin revt diffrents rles au fil des comdies, zanni personnage de valet. Arlequin Poli par lamour: mtamorphose mta-thtrale, ce grossier personnage de comdie, je vais en faire quelque chose, il va inflchir le type traditionnelle du thtre italien, tout en jouant de la potique des corps, dimension physique et incarne du jeu italien mais en le couplant un raffinement beaucoup plus subtil du dialogue.Il sinspire dun conte de fe licencieux de Mme de Murat, il attnue les aspects les plus licencieux, lintrigue se situe tout de mme dans un cadre merveilleux: la scne reprsente au dpart le jardin dune fe, cest une fe qui est en situation dtre fiance au grand magicien merlin. Elle est tout de suite prsente comme infidle. Le moment de son rveil: circonstanciellement assoupi, et moment de son veil lamour, il est dans un tat apathique, presque bestial et la fe dploie ses sorts pour lveiller lesprit et lamour. habit de conqute = dshabill galant. surprise, mot cl du thtre marivaudien, cette surprise est reporte. Il sveille, faux-effet dveil, un veil qui ne fait que prolonger le sommeil de lesprit, sommeil de la raison, srie de mtaphore, sensibilit endormie. Scne topique = Arlequin que la fe a surpris endormi dans les bois (cf. scnes mythologiques o lamour est surpris endormi dans les bois, et normalement un pige, il dploie ses piges) mais dceptive. Thme de la surprise, exprience premire du sujet, laccs la conscience premire de soi: se sentir, implique de faire retour sur soi avec lexprience de contact avec autrui, pas de conscience de soi si on ne dveloppe pas une relation avec autrui. Condillac: Trouver la diffrence entre toucher un objet extrieur et se sentir: on accde au processus de rflection, retour sur soi: sensation double sens.Comment interprter cette fiction de lorigine? Presque une fable, sinspire dun conte et le texte joue se faire superposer plusieurs strates de significations: il sagit de relater une mtamorphose, conte de fe, mais elle naura rien de merveilleux, la fe se retrouve dans la situation dincapacit produire la situation. La fe se retrouve dans limpuissance mtamorphoser Arlequin. Le prodige de lamour: cest la nave bergre Silvia qui va parvenir susciter ce prodige que la fe a t impuissante susciter. Diffrence avec LEcole des femmes, la mtamorphose dAgns est larrire-plan, ce nest pas cde qui constitue lobjet mme de la dramaturgie de Molire, il ny a pas de scne qui mettent en prsence Horace et Agns. Marivaux veut montrer en acte la mtamorphose la fois physique, intellectuelle et sensible. Deux mtamorphoses: celle dArlequin et celle de Silvia. Obstacle extrieur = la fe qui soppose lunion dArlequin et Silvia, une situation qui peut rappeler Molire, fe, des traits raciniens: la figure de la grande dame, habit transparent, statut de fe peut apparatre comme une mtaphore pour dsigner une femme en situation de pouvoir, pouvoir quon confronte limpuissance de pouvoir veiller lamour: scne topique chez Racine! Marivaux dplace cette topique racinienne. Il y a superposition de niveaux de signification dans la comdie par le biais de cette intrigue, la force symbolique de la pice est de tlescoper des moments qui dans lexistence de plusieurs individus sont spars par plusieurs annes: apprentissage du langage, de lamour et de la sexualit: point commun avec La Dispute, mais fruit dune exprience disolement enfantin qui conduira ce tlescopage des temporalits. Mais ici: un tlescopage trange, apprentissage lexicale, du langage, de conduite, de manire de se tenir: il essaie de faire en sorte quArlequin se tienne bien comme avec un enfant: puis tlescopage, un apprentissage du dsir, des sentiments et de la sensualit. Pas dvocation mme abusive une sexualit: tout est fait pour que limagination du spectateur puisse vagabonder librement en superposant Arlequin une figure de lenfant, de ladolescent, une figure de ltre qui ne connat pas les usages de la cour, tout une srie de rfrents qui pourraient convenir Arlequin mais aucun de ceux-ci ne fonctionnent. La fable se prte une interprtation littrale et aussi plus mtaphorique, on a deux manires de prsenter la situation initiale: Arlequin, sans apptence aucune pour la gente fminine, il ignore lamour et le dsir. Ce qui attire la fe dans Arlequin: le bel imbcile, ltre de la campagne, pure force de la nature sans aucun raffinement, une insensibilit, un rapport grossirement physique purement sexuel. Insensibilit dArlequin: elle souhaite devenir objet damour, situation racinienne, elle sefforce de susciter chez son prisonnier un dsir proprement amoureux.Thtre classique, didascalies brves, mais le jeu acrobatique sur scne nest pas limit sur scne, Arlequin donne une image concrte.Travail de polissage dArlequin, Marivaux reprennant une figure apprcie par ses contemporains, proposer un nouvel Arlequin un Arlequin plus raffin dont on voit le raffinement en acte, un spectacle agrable mais qui donne penser sur lorigine, en Arlequin se superpose la figure du sauvage, la figure de lenfant et la figure de ladolescent en ge daimer. Arlequin = une crature sylvestre qui garde les moutons, lhumanit primitive avant les premiers lments interviennent (lecture rousseauiste). Arlequin = primitivit de lindividu, lenfant; ou une primitivit de lespce humaine = lhomme, tous ses apptits sont tourns uniquement vers la subsistance, lalimentation, il nest que gourmandise, la lecture rtrospective peut tre intressante, pour Rousseau lamour nest pas un sentiment qui caractrise lhumanit primitive, cest un sentiment dont le raffinement suppose un haut degr de raffinement culturel et civilisationnel.Il y a quelque chose qui relve de la corrlation de deux phnomnes indissociables: amour et socit. Une lecture rtrospective la lumire des catgories penses par Rousseau, la fable nous dit qu ltat de nature cet Arlequin ignore tout de lamour, cette dimension de pur dsir, de pur apptit qui le caractrise peut tre considr comme une mtaphore dun apptit purement charnel. Cest par rencontre pour Rousseau que les hommes saccouplent et donnent naissance des enfants. Le schma de Marivaux est plus incertain, beaucoup moins thorique, lmergence du dsir va nanmoins intervenir chez des tres, laccs lautre se fait vraisemblablement sur fond de ressemblance, lcart entre Arlequin et la fe trop vaste, une crature presque dune espce distincte et impropre susciter un dsir: la naissance du dsir, dune relation dobjet entre un sujet, la fin dun tat purement narcissique o le sujet est tourn vers lui-mme, doit se faire sur fond dune certaine ressemblance, il faut pouvoir se reconnatre en lautre. Amour de soi = sentiment naturel qui caractrise lenfance, il na rien dun vice constitutif, il dsigne pour lessentiel le dsir de persvrer dans son tre. A distinguer de lamour propre = sentiment li une corruption sociale, une comptition des gaux, qui cherchent dans une comptition vaine obtenir le plus possible de gratification, tre reconnu comme l plus fort, une course labyme dont le ressort est lamour propre pour Rousseau, vision clairant de Rousseau pour lire Marivaux; la thorisation rousseauiste sapplique parfaitement bien Marivaux.Nulle trace damour propre chez Arlequin qui mne la fe chouer dans ses tentatives amoureuses, chec de la fe sduire Arlequin, une absence totale de communication entre deux tre qui nappartiennent pas au mme stade.Le tout puissant est souvent attir par le faible, chez Racine: celui qui a tout pouvoir tombe amoureux de celui qui tombe entre ses mains, Asymtrie entre celui qui aime et celui qui le pouvoir, schma racinien.La Double inconstance: le prince se fait aimer de Silvia, comment le puissant peut se faire aimer faible, stratgie qui est lobjet mme de la double inconstance. Le dialogue de Silvia et Arlequin tranche avec la scne 2. Lchec de la fe permet par jouant au volant: image de lenfance, cf. tableau de Chardin. Il faut donner limage dun Arlequin totalement auto-suffisant, tourn vers lui-mme. Art du jeu typiquement italien, canevas souple, la longueur de la didascalie ici implique que Marivaux ne peut pas sappuyer sur un lazzi connu comme auparavant le lazzi des mouches! Un lment dramaturgique et visuel scne trs important: figuration scnique dun processus dhominisation, Arlequin se redresse, quasi perspective hroque et dans un sens anthropologique, Arlequin nest plus marcher 4 pattes, il se redresse par secousses, mouvement progressif! Il doit figurer un mouvement de redressement en apercevant Silvia. Sentiment de honte comme une manire de rcrire le rcit de la gense, la rencontre entre Adam et Eve dbouche sur le sentiment de la honte, aprs quils aient mang le fruit de larbre de la connaissance, leurs yeux souvrent et ils saperoivent quils sont vus, la honte est un sentiment indissociable de cette premire transgression. Nouveaut de sa dramaturgie par rapport au modle Moliresque, au modle de la comdie classique: ce qui fait obstacle lamour ce ne sont pas des lments externes mais des sentiments intrieurs, les sujets refusent de se laisser aller lamour, presque systmatiquement cette position de refus de fuite, on esquisse chez Silvia ce premier mouvement. Mouvement de recul quimplique la dcouverte de lamour, la rencontre avec autrui suscite un premier sentiment qui est celui de peur parce quon fissure la position, la forteresse narcissique, le moi autosuffisant nayant pas immdiatement besoin dautrui. On accde plus lordre du besoin mais celui du dsir. Lgre asymtrie entre les deux personnages, Silvia a dj conscience de certains interdits, Arlequin est adns une situation bien plus problmatique alors quArlequin est prisonnier dune fe. Un mouvement dramaturgique que Marivaux explore dans la suite de ses comdies, on voit seffacer les obstacles extrieurs, il y a le berger qui peut susciter la jalousie, la fe qui souhaite obtenir lamour dArlequin.Les thoriciens du droit naturel considraient quil tait naturel de vouloir vivre en socit et de vouloir aimer. Chez Marivaux et Rousseau = un mouvement commun qui consiste dnaturer lhomme de presque de tout, il na plus de caractristiques naturelles qui rendaient la sensibilit, lamour, la haine comme des dispositions naturelles: Marivaux suggre par le biais de la fable, et Rousseau le thorise par une exprience de penser: ces dispositions sont extrmement raffines et ne sont gure naturelles!Dpouillement radicale de la figure de lorigine = point commun chez Marivaux et Rousseau, lhomme nest pas grand-chose, il na pas beaucoup de caractristiques, Arlequin est tout simplement un apptit, Marivaux et Rousseau tirent au fond des consquences des principes lockens, dans la perspective lockenne ltre originel est une tabula rasa, par les moyens de la fiction thtrale, Marivaux nous donne une figure de lorigine qui nest pas contradictoire avec la fiction de lorigine. Arlequin: Un corps inerte ni anim par lamour, la haine ou aucune forme de sociabilit, ou dintelligence, Rousseau critique Locke, si on parle de Tabula Rasa, il faut aller au bout du raisonnement et ne pas supposer que la sociabilit est naturelle, mais quelle fait lobjet dun processus dacquisition tout fait complexe, Marivaux, revivifie ce qui tait un clich. Nouvelles, fictions, contes qui relatent lveil de limagination par lamour = Cervants par exemple, LEcole des Femmes de Molire, mais chez Marivaux cest la transformation du sujet par lamour, lapprentissage du langage de lamour qui suppose bien dautres apprentissages, des apprentissages sociaux et intellectuels dans lesquels lamour ne serait rien. La Dispute: Nous ramne lautre bout de la production de Marivaux, lune des dernires comdies de Marivaux en 1744, une pice qui a t joue sans succs la comdie franaise. Mise en scne clbre en 1973 de La Dispute par Patrice Chreau. La dispute de Marivaux illustre la thorie lockenne selon laquelle un tre lev hors de la socit naboutirait qu tre un tre au stade animal, en resterait un tat sauvage. La Dispute nest-elle pas sa manire une illustration de cette thse. Question dj souleve par la prciosit: qui de lhomme ou de la femme est vou la frivolit? Dbat amoureux que lon peut retrouver dans LAstre, qui de lhomme ou de la femme est port linconstance, question banale dans la casuistique amoureuse, dans la galanterie. Mais originalit de Marivaux = contraste spectaculaire avec la tradition galante, dans le dbat amoureux, il a appliqu de ce qui se pratiquait dans la rflexion du temps: un dispositif exprimental concernant la nature de lhomme, interrogation pose chez Buffon, Maupertuis, qui sinterrogent gravement sur lorigine de la connaissance, un dispositif exprimental: qui suppose lisolement denfant, comment parvenir isoler des enfants tout en assurant leur moyens de subsistance, comment sassurer que lexprimentateur reste neutre, ne viennent pas corrompre la nature de ces enfants quil sagit disoler, comment leur donner les moyens de survie sans les acculturer. Tout ce protocole exprimental, parascientifique, est appliqu lobjet le plus frivole quon puisse imaginer: la question de linconstance, on isole des enfants pour enfin rpondre une interrogation galante: qui de lhomme ou de la femme est le premier inconstant. Un lment dironie gnral qui nous montre que Marivaux ne nous montre pas du tout la mme question dans lArlequin poli par lamour. Ces questions sont traites dans une comdie qui sinspire dune fable avec des lments merveilleux, sans rapport avec un protocole scientifique, harmonie. On peut seulement dire que dans ce cadre conventionnel, Marivaux donnait accs des interrogations scientifiques assez srieuses. Il pose des problmes anthropologiques qui nous clairent sur la rflexion sous-jacente de Marivaux. Dans La Dispute, une sorte de malaise, une interrogation sur ce contraste vertigineux, tait-ce la peine disoler des enfants depuis 20 ans pour savoir ce quil en tait des hommes et des femmes, la voie dune interrogation plus large, cela vaut-il la peine disoler des enfants pour rpondre une question de la nature? Il se plat offrir une distinction comique entre les moyens et les finsen r exploitant la hantise de lorigine qui traverse le XVIIIe sicle: protocole trs complexe et la fin, une rponse qui est infidle dabord en amour. Certes, ce peut tre une interrogation biblique mais cest avant tout un dbat de casuistique amoureuse.hauteur prodigieuse des diffrents murs: contraste entre la fin et les moyens, des moyens dmesurs pour rpondre la question que nous agitmes hier au soir, elle a le sentiment dtre introduite dans un espace singulier. Une forteresse o doit avoir lieu une fte. Contraste entre la question et le cadre de la fte, ce cadre na a priori rien dune fte. Un discours qui sappuie sur une doxa partage par tousmais qui ne sappuie sur rien: la pudeur naturelle des femmes, il y a contradiction dans le discours dHermiane, il ny a pas de pudeur et de timidit engendres par le pch originel. Un discours de rouerie, limplicite du discours du prince, la rplique dHermiane, elle soutenait sa position par un prsuppos: une pudeur et une timidit naturelles aux femmes, linverse le prince va jouer sur une autre rfrence la nature: une manire scientifique de parler de la nature. Le prjug contre le discours rationaliste. Tout le dispositif est conu pour faire parler la nature elle-mme selon une mtaphore. Hermiane = un obstacle naturelle au dsir fminin, la pudeur et la timidit comme ralit naturelle, mais vhmence du discours, le prince rintroduit lide de nature dans le dbat mais il ne lrige pas en prjug mais en instance dnonciation, elle va rsoudre le conflit, le naturel invoqu par Hermiane se retrouve relgu au statut de prjug, il sagit de voir la nature en elle-mme et de la faire parler.Epreuve au sens dexprimentation, de lempirisme scientifique qui se met en place durant les Lumires. Ces serviteurs noirs ne leur donne pas accs un alter ego. Marivaux = ami de Montesquieu, il invite dans Lle des Esclaves se reconnatre dans les serviteurs, fragilit mthodologique dune exprimentation pseudo-scientifique, en pistmologie, un biais: protocole exprimental mal pens, biais. Autre biais: on leur a appris lusage de notre langue: tout un ensemble de concepts acquis, mais ils ignorent le genre grammatical, ce qui est sens neutraliser la diffrence des sexes. Ds la scne 1, certaines formulations pouvaient tre assez troublantes, le mme tat de cur, une surenchre qui laisse songeur.La figure de la correction, une panorthose, ou du moins tels quils ont du tre, contemporains de Marivaux, formule clbre de La Bruyre, Racine peint les hommes tels quils, Corneille tels quils auraient du tre, que reprochait La Bruyre Corneille, une idalisation chimrique, ils nont aucun rapport avec des hommes clbres, Racine est clbr comme faisant le portrait de lhomme-mme. Au lieu de faire rapparatre les premiers hommes ont a le sentiment quil sagit de faire paratre devant nos yeux des cratures un peu chimriques, ce dispositif exprimental est spculaire, contrairement Arlequin polie par lamour: ne pas nous donner le spectacle dune fable de lorigine mais un dispositif conu par des personnages qui veulent se donner le spectacle de lorigine. Tout se passe comme si Marivaux renvoyait en miroir au spectateur ce dsir quil a visiblement peru: le dsir dune exprimentation sur lorigine, ce dispositif srieux appliqu une question trs frivole est sournoisement fragilis par cette srie dindices qui rend le protocole suspect: