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107 FINANCEMENT DE L’INFRASTRUCTURE EN AFRIQUE : NOUVELLES STRATÉGIES, NOUVEAUX MÉCANISMES ET INSTRUMENTS MESSAGE CLÉS L ’excès d’épargne dans de nombreux pays développés pourrait servir à financer des projets d’infrastructures rentables en Afrique. Cette transaction de niveau mondial, rentable et réciproquement avantageuse, n’a pourtant pas lieu et incarne l’un des plus grands paradoxes de notre époque. Au niveau mondial, les investisseurs institutionnels et banques commerciales gèrent plus de 100 billions de dollars. Les pays d’Afrique à la recherche de ressources disposent désormais d’une multitude d’options qui vont bien au-delà de l’aide extérieure. De nombreux nouveaux mécanismes de financement pourraient être mis en place dans tous les pays africains, compte tenu de la situation économique particulière et des structures de production des économies nationales. Il serait préférable que les pays exploitent les fonds publics et les investissements infrastructurels tout en encourageant la participation du secteur privé. Les différents niveaux de développement des économies africaines appellent cependant à une approche spécifique à chaque pays. Un accès généralisé à des infrastructures de haute qualité ne peut être qu’un objectif à long terme. Les gouvernements qui ont essayé de l’atteindre sans disposer des ressources nécessaires ont dépensé bien trop d’argent dans des projets à faible rendement et à faible impact sur la croissance industrielle et la création d’emplois. Cependant, il n’est pas nécessaire pour le pays africain de résoudre tous leurs problèmes d’infrastructures avant de pouvoir réaliser une croissance soutenue et inclusive. Le gouvernement devrait se focaliser sur la meilleure utilisation de leur budget limité leurs infrastructures avec pour objectif d’atteindre des rendements économiques et sociaux les plus élevés possibles. 4

FINANCEMENT DE L’INFRASTRUCTURE EN 4 … · Ce Fonds mobiliserait l’excès d’épargne des économies avancées et émergentes ainsi que des investisseurs institutionnels comme

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    FINANCEMENT DE LINFRASTRUCTURE EN AFRIQUE: NOUVELLES STRATGIES, NOUVEAUX MCANISMES ET INSTRUMENTS

    MESSAGE CLS

    L excs dpargne dans de nombreux pays dvelopps pourrait servir financer des projets dinfrastructures rentables en Afrique. Cette transaction de niveau mondial, rentable et rciproquement avantageuse, na pourtant pas lieu et incarne lun des plus grands paradoxes de

    notre poque.

    Au niveau mondial, les investisseurs institutionnels et banques commerciales grent plus de

    100billions de dollars. Les pays dAfrique la recherche de ressources disposent dsormais

    dune multitude doptions qui vont bien au-del de laide extrieure.

    De nombreux nouveaux mcanismes de financement pourraient tre mis en place dans tous

    les pays africains, compte tenu de la situation conomique particulire et des structures de

    production des conomies nationales.

    Il serait prfrable que les pays exploitent les fonds publics et les investissements

    infrastructurels tout en encourageant la participation du secteur priv. Les diffrents niveaux de

    dveloppement des conomies africaines appellent cependant une approche spcifique

    chaque pays.

    Un accs gnralis des infrastructures de haute qualit ne peut tre quun objectif long

    terme. Les gouvernements qui ont essay de latteindre sans disposer des ressources

    ncessaires ont dpens bien trop dargent dans des projets faible rendement et faible impact

    sur la croissance industrielle et la cration demplois.

    Cependant, il nest pas ncessaire pour le pays africain de rsoudre tous leurs problmes

    dinfrastructures avant de pouvoir raliser une croissance soutenue et inclusive. Le gouvernement

    devrait se focaliser sur la meilleure utilisation de leur budget limit leurs infrastructures avec pour

    objectif datteindre des rendements conomiques et sociaux les plus levs possibles.

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    Aligner lpargne excessive et les

    opportunits dinvestissement

    au-del des frontires nationales

    permettrait de crer des situations

    gagnant-gagnant pour tous les

    acteurs

    Lexcs dpargne observ dans de nombreux pays avancs constitue lun des traits marquants de lconomie mondiale de ces deux dernires dcennies. Cette pargne pourrait financer des projets infrastructurels rentables dans les rgions en dveloppement, notamment en Afrique, afin datteindre lobjectif dindustrialisation du G20. Il est donc tout fait paradoxal, lheure actuelle, que cette transaction mondiale mutuellement pro-fitable ne se fasse pas.

    Certains des principaux problmes cono-miques du monde (ralentissement de la crois-sance, chmage mondial, changement clima-tique, migration incontrle) ne seront rsolus que si lAfrique devient conomiquement prospre. Le dveloppement industriel induit par les infrastruc-tures permettrait non seulement dattnuer la dou-leur et de soulager la souffrance des 1,3 milliard de personnes qui y vivent, mais contribuerait ga-lement rduire la pauvret mondiale qui alimente la violence, le terrorisme, les tensions sociopoli-tiques, les migrations massives de main duvre non qualifie et le chmage lev dans certains pays avancs, notamment en Europe.

    Les pays riches ont une pargne excessive pendant que les pays pauvres affichent des dfi-cits dinvestissement qui pourraient tre absorbs par les abondantes ressources financires (et le savoir-faire) des premiers. Lexcs dpargne cre des problmes financiers et conomiques dans les pays riches (tels que des taux dintrt beau-coup trop bas) et les dficits dinvestissement rduisent les perspectives de croissance tout en perptuant la misre conomique et sociale dans les rgions en dveloppement. Cette inadquation est une faiblesse majeure du moteur de la crois-sance mondiale, une inadquation qualifie autre-fois par lancien prsident de la Rserve fdrale amricaine, Ben Bernanke, dexcs dpargne lchelle mondiale ou de pnurie dinvestis-sements . La faiblesse des taux dintrt actuels est la preuve de cet excs : il y a plus dpargne en qute de rendement que dopportunits claires dinvestissement rentables.

    Trois solutions simples soffrent la commu-naut financire internationale pour rsoudre la question de lexcs dpargne : Adopter, tout dabord, une politique de taux

    dintrt rels encore plus ngatifs dans les

    pays revenu lev (ce qui pourrait gnrer de linflation), mais cette option est techniquement et politiquement difficile.

    Utiliser, ensuite, lexcs dpargne pour finan-cer les investissements publics dans les pays riches. Par exemple, un rcent rapport gouver-nemental a soulign le besoin de rparation de 44% des ponts allemands, une action encore une fois difficile mettre en uvre politique-ment au regard des rticences vis--vis de mesures additionnelles de relance budgtaire et des dficits budgtaires croissants dans les conomies riches.

    Faciliter, enfin, lafflux de capitaux vers les pays en dveloppement o il existe de nombreuses opportunits dinvestissement rentables qui ncessiteront lacquisition de biens dquipe-ment auprs des conomies industrialises.Chaque banque centrale du G7 stant enga-

    ge appliquer sur une longue priode de faibles taux dintrt, les organisations de gouvernance mondiale telles que le G20 et les organismes privs internationaux tels que lAssociation mon-diale des agences de promotion des investisse-ments pourraient faire valoir deux arguments : la priode actuelle caractrise par une faible inflation est idale pour investir dans des entre-prises concurrentielles (en fait, malgr lincerti-tude, les avantages potentiels de linvestissement dpassent les cots potentiels); et les capitaux provenant de pays revenu lev ou interm-diaire devraient tre utiliss pour encourager lin-vestissement dans les pays faible revenu o les besoins sont normes.

    UN PACTE MONDIAL POUR FINANCER LES INFRASTRUCTURES EN AFRIQUE ET STIMULER LINDUSTRIALISATION DEVRAIT GNRER DIMPORTANTS DIVIDENDES LCHELLE MONDIALE

    Aligner lpargne excessive et les opportunits dinvestissement au-del des frontires nationales permettrait de crer des situations gagnant-ga-gnant pour tous les acteurs. Les dcideurs des

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    Les pays en dveloppement en qute de financements disposent dsormais dun large ventail doptions qui vont largement au-del de laide trangre

    pays avancs et en dveloppement devraient sefforcer de mettre en place les conditions dun dveloppement harmonieux et de maintenir, voire gnrer une prosprit durable. Les acteurs privs du monde entier recherchent des projets rentables, avec des niveaux de risque raison-nables, puisquils doivent faire des bnfices pour continuer leurs activits. De leur ct, les organi-sations de la socit civile veulent offrir de bonnes opportunits tous les citoyens et crer une paix sociale. Ces acteurs sont guids par diffrentes motivations, mais visent, tous, une croissance plus rapide et une prosprit plus soutenue. Mais les politiques conomiques tant encore large-ment conues et mises en uvre lintrieur des frontires nationales au bnfice des groupes dintrt nationaux, lconomie mondiale nen-grange pas les dividendes potentiels de la coop-ration internationale.

    Dans une approche continentale, la Commis-sion de lUnion africaine, lAgence de planification et de coordination du NEPAD et la Banque afri-caine de dveloppement ont mis en place des instruments financiers pour remdier au dficit din-frastructures sur le continent. Par ailleurs, le plan daction pour les infrastructures du G20, le Consor-tium pour les infrastructures en Afrique, le Fonds fiduciaire UE-Afrique pour les infrastructures et le Diagnostic des infrastructures nationales en Afrique soulignent tous la ncessit dinfrastructures rgio-nales pour stimuler la croissance de lAfrique.

    Au plan mondial, la communaut internationale pourrait lancer un pacte global pour financer lin-frastructure africaine et stimuler lindustrialisation. Ce pacte qui ressemblerait plus au Fonds mondial de transformation structurelle recommand par les conomistes Justin Lin et Yan Wang (Encadr 4.1), permettrait lAfrique de rsoudre ses grands problmes conomiques et sociopolitiques et doccuper sa place naturelle dans le monde, en tant que contributeur important la demande mondiale. Il offrirait galement aux conomies avances, la possibilit de placer leur excs dpargne dans des entreprises dinvestissement productives et de crer des emplois dans de nombreux secteurs lintrieur de leurs frontires. En dfinitive, lAfrique pourrait devenir un nouveau march encore plus large et contribuer davantage la demande mondiale.

    UNE NOUVELLE APPROCHE AU FINANCEMENT DES INFRASTRUCTURES EN AFRIQUE : DES DFICITS INFRASTRUCTURELS UN CIBLAGE STRATGIQUE

    Il est communment admis, sur la base des ana-lyses menes, que des ressources financires supplmentaires seront ncessaires pour que les pays africains puissent dclencher ou acclrer leur processus dindustrialisation et de change-ment structurel. Cette affirmation semble logique de prime abord. Aprs tout, il est de notorit que les infrastructures pilier de la croissance sont insuffisantes ou en mauvais tat sur le continent et dans de nombreuses parties du monde. Cepen-dant, les chiffres avancs et le raisonnement peuvent tre trompeurs.

    En premier lieu, beaucoup de ressources financires sont sous-utilises, que ce soit dans le systme international ou au niveau national dans tous les pays en dveloppement. Selon certaines estimations, 120 billions de dollars US seraient grs par des investisseurs institutionnels et des banques commerciales dans le monde. Les pays en dveloppement en qute de financements dis-posent dsormais dun large ventail doptions qui vont largement au-del de laide trangre. Les envois de fonds des diasporas (remittances) ont atteint 430 milliards de dollars US en 2016, soit plus du triple du volume de laide internationale. Les dons privs par des philanthropes slvent rapidement. En plus, les recettes fiscales, qui slvent dj quelque 500 milliards de dollars US en Afrique, pourraient augmenter considra-blement en rationalisant les politiques fiscales, en largissant lassiette fiscale et en renforant la perception des recettes. Il convient galement de noter le rle des fonds souverains, des marchs financiers et des investissements directs tran-gers de plus de 1 billion de dollars US par an.

    En deuxime lieu, le principal problme de lapproche du dficit infrastructurel est lhypo-thse sous-jacente selon laquelle lAfrique et le monde puissent un jour le rsoudre. Pourtant, le dficit infrastructurel est un problme rcurrent des politiques publiques qui nest sans doute pas prs dtre rsolu, surtout dans un monde o le

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    ENCADR 4.1 Un fonds mondial de transformation structurelle

    Pour viter de rester bloqu dans la nouvelle norme de la croissance lente, avec un taux de chmage lev, une forte volatilit conomique et un faible rendement des investissements finan-ciers, Lin et Wang (2013) proposent la cration dun Fonds mondial de transformation structurelle. Ce Fonds mobiliserait lexcs dpargne des conomies avances et mergentes ainsi que des investisseurs institutionnels comme les fonds souverains, afin de soutenir les projets infrastructu-rels favorisant la croissance verte et remdiant aux goulets dtranglement dans le monde entier.

    Contrairement aux mesures de relance keynsienne traditionnelles, le Fonds propos devrait avoir plusieurs caractristiques uniques :

    En premier lieu, il augmenterait la demande court terme ainsi que les perspectives de crois-sance plus long terme au lieu daccrotre les dpenses publiques pour soutenir la consomma-tion, ou creuser un trou et le combler dans les conomies avances. Les mesures de relance traditionnelles orientent les dpenses vers lconomie nationale, alors que la prsente proposition recommande une initiative coordonne lchelle mondiale en investissant lpargne mondiale dans la cration demplois ayant un plus grand impact sur le dveloppement et les projets aux taux de rentabilit sociale les plus levs. Les projets financs devraient accrotre la demande et les emplois dans les pays avancs et compenser leffet de contraction pendant la mise en uvre de rformes structurelles par ces pays. Cest pourquoi : Investir dans linfrastructure des pays en dveloppement pourrait attnuer certains des pro-

    blmes de la crise post-2008 auxquels font encore face certains pays avancs, favoriser la cration demplois et gnrer de la croissance dans les conomies avances. Les biens dqui-pement, tels que les turbines et les excavateurs pour construire les centrales lectriques, les systmes dgouts et les routes, sont, pour la plupart, produits dans les conomies avances. Les investissements infrastructurels dans les pays en dveloppement augmenteraient ainsi la demande de biens manufacturiers dans les conomies avances. Chaque dollar investi dans les pays en dveloppement rapporte 50 cents sous forme de biens dimportations. Environ 70% des biens dimportation des pays en dveloppement sont acquis auprs de pays revenu lev, ce qui implique une hausse de 35% des exportations de ces derniers pour chaque dollar supplmentaire investi dans les pays en dveloppement.

    Les investissements infrastructurels peuvent galement crer des emplois et amliorer la com-ptitivit. Aux tats-Unis, 1 milliard de dollars US dans de nouveaux investissements (trans-ports, coles, rseaux dadduction deau et nergie) pourraient crer 18 000 emplois,2 dont 40% environ dans la construction et 10% dans lindustrie, les deux secteurs les plus dure-ment touchs par la rcession de 20082009. Soutenir le secteur industriel, en dclin depuis longtemps aux tats-Unis et dans plusieurs conomies europennes, crerait des possibilits demploi grande chelle, notamment dans les secteurs forte intensit de capital o la pro-ductivit de la main duvre correspond aux revenus des pays avancs.En deuxime lieu, investir dans des infrastructures remdiant aux goulets dtranglement pour-

    rait accrotre les taux de rentabilit sociale et financire tout en crant des emplois et en rduisant la pauvret sur le long terme. Le Fonds propos devrait permettre dutiliser lexcs de comp-tences et dpargne dans les conomies industrielles et mergentes. Au Japon, une grande partie de lpargne des mnages est soumise des taux dintrt extrmement bas et nettement inf-rieurs 1% pour un emprunt dtat 10 ans. Aux tats-Unis, le taux dintrt des bons du Trsor 10 ans avoisine 2%. En Chine, le taux dintrt nominal des emprunts sur les obligations dtat 10 ans des projets de la Banque Mondiale valus sur la priode 19831992 tait de 11% pour les

    (suite)

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    Le fonds mondial de transformation structurelle augmentera la demande court terme ainsi que les perspectives de croissance plus long terme

    dveloppement technologique est en constante volution. Les pays en dveloppement nont pas besoin de rsoudre tous leurs problmes din-frastructures pour parvenir une rduction de la pauvret et une prosprit partage. Sils arrivent mobiliser et utiliser plus judicieusement les ressources existantes dune part et investir de manire plus stratgique pour soutenir les indus-tries compatibles avec les avantages compara-tifs de leurs conomies dautre part, ils pourront atteindre et maintenir des taux de croissance levs afin de sortir de la pauvret.

    Par ailleurs, le dfi infrastructurel de lAfrique nest pas insurmontable. Le dficit dinfrastructures

    du continent nempche pas ses pays, mme les plus pauvres, damorcer un processus de crois-sance conomique durable et inclusive. Dans lhis-toire de lhumanit, aucun pays na dmarr son processus de dveloppement conomique avec de bonnes infrastructures certainement pas la Grande-Bretagne la fin du XVIIIe sicle, encore moins les tats-Unis au dbut du XIXe sicle et la Chine la fin du XXe sicle, quand il ny avait quun petit rseau de grandes routes. Certes, de mauvaises infrastructures constituent un vritable obstacle la performance conomique. Mais cet obstacle nest pas insurmontable pour enclencher une transformation conomique, notamment dans

    ENCADR 4.1 Un fonds mondial de transformation structurelle (suite)

    est de 3%, avec un taux dintrt rel proche de zro. Le taux moyen de rentabilit conomique projets dlectricit et 29% pour la construction de routes. Le taux de rentabilit estim des units de production dlectricit pourrait atteindre 100% par an (en 1985, pour le Bangladesh, le Kenya, la Bolivie et la Chine), mais chuter jusqu 10% (voire un taux ngatif) dans certains pays.2

    En troisime lieu, les investissements infrastructurels ne peuvent eux seuls relancer le moteur de la croissance et crer des emplois, moins dtre combins des actifs productifs et du capital humain. On croit souvent tort que le manque dinvestissement dans les infrastructures est toujours la raison du manque de cration demploi par le secteur priv. Les causes de cette faiblesse de lemploi peuvent en fait tre lies un dveloppement inadquat des agglomrations ou des grappes, ou encore des problmes lis aux actifs productifs, voire au capital humain ou aux comptences.

    En quatrime lieu, en ce qui concerne les lacunes en termes de financement de grandes infrastructures et en termes de comptences dans les pays en dveloppement, en particulier pour les nergies renouvelables et la technologie verte, le Fonds pourrait aider attirer des finan-cements et accrotre lutilisation des technologies vertes en rendant les villes cologiques. Cela encouragerait les conomies mergentes telles que le Brsil, la Chine et lInde et celles des pays arabes investir ltranger et transfrer une partie de leur capacit de production excdentaire vers les pays en dveloppement faible revenu o la demande existe.

    En cinquime lieu, linfrastructure est compose de biens publics, semi-publics et privs. Le budget de ltat et laide publique au dveloppement devraient financer des biens publics tels que leau potable et lassainissement. Dautres sources de financement (y compris les IDE) pourraient soutenir des biens semi-publics, tels que llectricit, les routes, les ports et les aroports. Le Fonds mondial de transformation structurelle serait un fonds relais visant inciter au financement du dveloppement partir dautres sources. Les investissements dans les infrastructures doivent tre associs aux projets damnagement urbain ou zonal, tels que les zones conomiques sp-ciales et les parcs industriels, qui sont susceptibles de favoriser une transformation structurelle.

    Notes1. Heintz Pollin et Garrett-Peltier (2009).

    2. Canning et Bennathan (2000).

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    Certes, de mauvaises

    infrastructures constituent un

    vritable obstacle la performance

    conomique. Mais cet obstacle nest

    pas insurmontable pour enclencher

    une transformation conomique

    le cadre de la globalisation actuelle des cono-mies, la dcentralisation des chanes de valeur au niveau mondial, la libralisation des changes, la mobilit des flux de capitaux et la migration des travailleurs qualifis. Il ne faut pas attendre des pays ayant des ressources financires et adminis-tratives limites quils attaquent de front et simul-tanment la longue liste des rformes ncessaires pour construire toute linfrastructure dont leur co-nomie a besoin comme conditions pralables la croissance conomique.

    Le dficit infrastructurel de lAfrique pourrait bien ne jamais tre combl, mme lorsque le continent aura atteint un niveau de revenus levs. Le dveloppement et lentretien des infrastruc-tures constituent une proccupation constante des dcideurs mme les pays revenu lev ont besoin dune modernisation industrielle et techno-logique continue. Une approche plus pragmatique serait de concentrer les ressources et la capacit de mise en uvre limites des gouvernements sur la cration dlots dexcellence ou de zones soi-gneusement slectionnes, avec une infrastruc-ture solide et un environnement daffaires sain (mme si ces deux lments sont mdiocres dans lensemble du pays) pour faciliter lmergence dindustries concurrentielles qui exploitent lavan-tage comparatif latent dune conomie.1

    ATTIRER LE FINANCEMENT DES INFRASTRUCTURES EN AFRIQUE : RISQUES

    Pour valuer lattractivit des projets et pro-grammes dinfrastructure en Afrique, les investis-seurs publics et privs utilisent un ensemble de paramtres et de critres cls. Ils se proccupent notamment du niveau de risques perus et des moyens de les attnuer. Leur gravit varie selon le pays et le secteur. Les problmes concernent tous les aspects de la planification, de llabora-tion et de la mise en uvre du projet. Les flux de trsorerie gnrs par les projets sont au cur de tout plan de financement et la disponibilit de cette trsorerie est un facteur de risque dter-minant pour ladoption de toute proposition din-vestissement. Les investissements infrastructurels peuvent fournir des flux de trsorerie relativement

    stables sur une longue priode, do la ncessit pour les tats africains de mettre en place des rgimes contractuels appropris qui permettront de crer cette prvisibilit financire.

    Capacits au niveau national Une capacit laborer et mettre en uvre

    des programmes infrastructurels efficaces et attractifs.

    Labsence dune bonne capacit de gestion dans le pays contribue la mauvaise perfor-mance du projet.

    Le manque de capacits de gestion chez les preneurs potentiels et les prestataires de ser-vices publics peut entraner une performance infrieure aux normes et constituer un obsta-cle majeur un recours accru au financement priv, par exemple les producteurs dnergie indpendants (PEI).

    Gouvernance Un soutien est ncessaire au plus haut niveau

    de ltat. Linfrastructure doit tre une priorit sectorielle

    et nationale. Les projets dinfrastructures coteux doivent

    saligner sur le cadre budgtaire. Les dficits budgtaires doivent rester des

    niveaux soutenables et tre en cohrence avec une stabilisation macroconomique crdible.

    Planification des infrastructures Il y a un manque gnral de plans directeurs

    dinfrastructure et de capacit de planification infrastructurelle, et les activits de planification sont mal intgres.

    Les pipelines de projet ne sont gnralement pas bien dvelopps.

    Peu de projets sont suffisamment dtaills pour permettre la participation du secteur priv (un projet est bancable sil propose un systme dincitations qui pousse les prteurs envisa-ger de le financer.)

    Fonds et financement Un financement national ou un soutien public

    travers le financement sectoriel peuvent ne pas tre disponibles. Il peut savrer difficile de trouver des investisseurs privs nationaux,

  • F I N A N C E M E N T D E L I N F R A S T R U C T U R E E N A F R I Q U E 113

    Les principaux organismes daide et de financement, tels que la BAD, offrent un large ventail dappuis

    ayant des attentes ralistes ou une exprience des financements complexes.

    Les contraintes qui psent sur les institutions de financement de laide au dveloppement rallongent les dlais de prparation et ajoutent des exigences administratives, mme si cer-taines entits telles que lAgence multilatrale de garantie des investissements (AMGI) sont en train de simplifier leurs processus.

    Dans le cas des obligations, il faut sassurer que les obligations dendettement seront cou-vertes par les revenus dinfrastructures vrai-ment productives.

    Les temps de latence entre lmission de lemprunt et la mise en uvre du projet en rduisent lefficacit, en particulier pour les missions obligataires.

    Risques lis la contrepartie La construction des infrastructures ncessite

    souvent que le secteur priv tablisse des partenariats avec des entits gouvernemen-tales nationales et infranationales, y compris des entreprises dtat. Ces entits publiques prsentent un risque de contrepartie pour toute partie prive quil sagisse dun opra-teur priv agissant pour le compte dune entit publique ou dune entit publique responsable du remboursement dun financement commer-cial, comme cest le cas lorsquune entreprise publique met une obligation sur les marchs financiers.

    Risques lis au pays et au secteur La prudence est de mise lorsquon value leffi-

    cacit des dispositifs politiques, rglementaires et institutionnels long terme, mme si des instruments existent pour attnuer les risques politiques ou les risques de change.

    laboration et gestion de projet Peu de projets sont suffisamment importants

    pour susciter lintrt des principaux acteurs privs (y compris les acteurs nationaux) afin de permettre des conomies dchelle dans les cots de financement.

    Il ny a pas assez de projets bien dfinis avec des tudes de prfaisabilit et de faisabilit appropries.

    Il ny a pas de donnes sur ltat ou les rsul-tats attendus des actifs.

    Il existe peu de financement appropri pour la prparation des projets, bien que ce pro-blme soit abord un certain degr par des institutions telles que le Fonds de conseil en infrastructure publique-prive de la Banque Mondiale, le Groupe de dveloppement des infrastructures prives (PIDG) du Royaume-Uni, Infra Co. et dautres mcanismes similaires.

    Pour les PPP, la capacit des contreparties (gouvernements, administrations locales, entreprises dtat) grer la relation avec le secteur priv, y compris les changements de conditions pour les contrats long terme, est trs rare.

    Passation des marchs Une passation des marchs transparente et

    cohrente simpose. Les institutions multilat-rales de dveloppement intervenant en Afrique demandent que les procdures utilises soient conformes leurs propres normes de passa-tion des marchs, mais ces systmes varient encore normment.

    Les critres de prise de dcision du gouverne-ment peuvent ne pas convenir pour la slection des projets.

    Le continent manque de formulaires contrac-tuels communs tous les pays.

    Les difficults pour appliquer les normes de transparence et de clart des rgles de passa-tion des marchs abondent.

    Il est courant davoir des dlais et des temps de transaction longs.

    Les processus dappel doffres sont inefficaces.Cette liste nest pas exhaustive, mais illustre

    les risques et les problmes prendre en compte lors de llaboration et de la mise en uvre des programmes dinvestissement infrastructurel. Les investisseurs seront confronts des risques propres leurs activits. Les principaux orga-nismes daide et de financement, tels que la BAD, offrent un large ventail dappuis pour rsoudre ces problmes travers des processus rigoureux, un appui technique et un renforcement des capa-cits de planification, dvaluation et de mise en uvre toutes les tapes du cycle des projets dinfrastructure.

  • 114 F I N A N C E M E N T D E L I N F R A S T R U C T U R E E N A F R I Q U E

    Les plateformes multi-donateurs

    telles que le Global Infrastructure

    Facility (dont la BAD est un partenaire)

    se sont mises octroyer des fonds de dveloppement

    plus cibls

    Dautres entits telles que la Socit Financire Internationale (SFI filiale dinvestissements privs de la Banque Mondiale) apportent un appui pour laborer des projets et attirer des investissements privs, avec des fonds tels que le PPIAF pour la prparation de projets PPP.

    Plus rcemment, les plateformes multi-do-nateurs telles que le Global Infrastructure Facility (dont la BAD est un partenaire) se sont mises octroyer des fonds de dveloppement plus cibls et couvrant tout le cycle du projet. Les ressources financires pour llaboration du projet (gnrale-ment un don ou un prt remboursable seulement si le projet est mis sur le march avec succs) sac-compagnent dun appui au projet. Ce type dappui financier aux projets en est toujours au stade de la conception. Cependant, lon sait dj quil pour-rait mettre des fonds disposition dun projet pour rehausser le crdit ou permettre dautres appuis financiers, tels quune rduction du cot total du capital sous la forme dun financement compen-satoire destin assurer la viabilit du projet. Plu-sieurs entits dont lAMGI, la BAD, GuarantCo et InfraCredit du Nigeria- proposent des mesures dattnuation des risques, une amlioration de la cote du crdit et des garanties en appui aux dispo-sitifs financiers, des PPP, et un accs aux marchs financiers locaux et internationaux (Encadr 4.2).

    NOUVELLES SOURCES POTENTIELLES DE FINANCEMENT DES INFRASTRUCTURES AFRICAINES

    Depuis la forte inflation des annes 1970, les taux dintrt mondiaux ont chut. Aujourdhui, de vastes volumes de capitaux sont en qute de ren-dements suprieurs ceux des pays de lOCDE. Certains pays africains profitent de ces faibles taux (encadr 4.3). Les principales tendances sont la titrisation dmetteurs souverains comme le Mozambique et le Ghana, ainsi que lallongement des chances de la dette en monnaie locale.

    Fonds souverainsLes fonds souverains oprent dans 60 pays et grent 7,2 billions de dollars lchelle mondiale.

    Les fonds souverains africains (plus de 20) repr-sentent une part modeste, mais croissante denvi-ron 1,6 milliard de dollars. Ils ne sont pas encore trs prsents dans les infrastructures, bien que plusieurs dentre eux aient des mandats qui favo-risent le dveloppement des infrastructures et de lindustrie. Vu que les fonds dpendent des prix du ptrole ou dautres matires premires, le climat conomique de ces dernires annes sest avr ne pas tre le meilleur pour certains dentre eux.

    Fonds de pensionLes fonds de pension sont potentiellement une source inexploite trs apprciable pour le finan-cement des infrastructures. Lpargne-retraite est trs liquide, mais les fonds sont peu enclins prendre des risques. Mme si les rendements peuvent tre levs, ces fonds ne reprsentent quune faible part des investissements africains dans les infrastructures.

    Investissement direct trangerLIED, lune des formes dinvestissement les moins fluctuantes, reprsente 70% des flux de capitaux privs vers lAfrique. Bien que la plu-part des flux soient dirigs vers les ressources minires (y compris le ptrole et le gaz), il existe un certain potentiel au niveau des infrastructures, tel que les accords de PPP dans le secteur de llectricit.

    Marchs obligataires internationauxLentre de lAfrique sur le march des euro-obli-gations sest acclre par rapport lmission obligataire ghanenne de 2007, qui avait remport un vif succs. Cette situation est alimente par la faiblesse des taux dintrt internationaux et, dans la rgion, par la faiblesse de la dette publique et une croissance domestique rapide. Le march des euro-obligations offre un crneau pour le financement des infrastructures.

    Fonds lis aux infrastructuresLe Fonds pour linfrastructure Africa50 compte 25 actionnaires ayant des liens dinvestisse-ment avec lAfrique, y compris des souscrip-tions de la BAD dun montant de 830 millions de dollars au capital initial. Cr pour faciliter le

  • F I N A N C E M E N T D E L I N F R A S T R U C T U R E E N A F R I Q U E 115

    Aujourdhui, de vastes volumes de capitaux sont en qute de rendements suprieurs ceux des pays de lOCDE

    dveloppement des infrastructures en Afrique, ce Fonds sert de pont entre les secteurs public et priv, les entreprises prives jouant un rle moteur dans la structuration des projets. Il inter-vient en tant quinvestisseur stratgique minori-taire, tirant parti des fonds dautres investisseurs. Le premier investissement sera destin un pro-ducteur indpendant dlectricit solaire photo-voltaque au Nigria.

    Autres institutions financires internationalesLa Nouvelle Banque de Dveloppement (NDB), active lchelle internationale, soutient le finan-cement des nergies vertes et renouvelables. Son premier engagement en faveur du dveloppe-ment des infrastructures en Afrique a t un prt de 180 millions de dollars en 2016 la compa-gnie dlectricit publique sud-africaine, pour des

    ENCADR 4.2 Fonds de prparation des projets infrastructurels pour lAfrique

    Consortium pour les infrastructures en Afrique (ICA) : hberg par la Banque africaine de dve-loppement, lICA est plus un catalyseur de projets quune agence de financement. Sont membres de ce consortium, lensemble des pays du G8 et du G20 ainsi quun ventail de banques rgio-nales et multilatrales.

    Groupe de dveloppement des infrastructures prives (PIDG) : cr en 2003, le PIDG est une organisation multi-donateurs administre par des agences de dveloppement.25 Ses membres utilisent diffrents mcanismes pour engager des fonds. Il sagit notamment dun dispositif das-sistance technique, dun mcanisme dappui la prparation de projets de faon favoriser la participation du secteur priv (DevCo) ; de InfraCo Africa qui investit dans des projets bancables, mais non dvelopps cause de risques levs aux premires tapes ; du Fonds mergent pour linfrastructure en Afrique (EAIF) qui octroie des prts long terme des projets infrastructurels privs ; et GuarantCo qui offre des garanties en monnaie locale. Plus rcemment, le PIDG a ga-lement apport son soutien la cration dInfraCredit, un fonds de garantie pour le Nigria, lequel a rcemment approuv sa premire structure locale.

    EAIF : cr en 2002, lEAIF met en commun les fonds provenant des IFD et des banques com-merciales prives. Gr par Investec Asset Management, il fait partie du PIDG, une organisation multi-donateurs, o sont prsents sept pays et le Groupe de la Banque mondiale. la fin de 2017, il avait financ 67 projets, pour un montant total de 16 milliards de dollars US.

    Power Africa : lance par les tats-Unis, cette initiative est lun des plans les plus ambitieux pour le dveloppement de linfrastructure rgionale. Son plan stratgique quinquennal prvoit de doubler laccs llectricit en Afrique subsaharienne, avec 50 millions de bnficiaires dici 2020. Power Africa regroupe des experts techniques et juridiques, le secteur priv et des gouvernements du monde entier. Son objectif est daugmenter le nombre de personnes ayant accs llectricit. Le cadre prend en compte le financement par des banques commerciales, des socits de capi-tal-investissement et de grandes entreprises nergtiques. Linitiative est un point focal pour les activits dinfrastructure nergtique de plusieurs agences amricaines, y compris Export-Import Bank, Agency for International Development et Overseas Private Investment Corporation.

    Fonds fiduciaire UE-Afrique pour les infrastructures : ce Fonds, qui bnficie de lappui de 12 tats membres de lUE, utilise ses dons pour mobiliser des financements supplmentaires auprs des IFD de lUE.

  • 116 F I N A N C E M E N T D E L I N F R A S T R U C T U R E E N A F R I Q U E

    La participation prive dans

    linfrastructure (PPI) est largement considre comme

    une stratgie destine amliorer

    lefficacit des oprations

    lignes de haute tension qui permettront de raccor-der au rseau une centrale dnergie renouvelable dune capacit de 500 MW.

    La Banque asiatique dinvestissement dans les infrastructures (AIIB), bien quelle ne soit pas encore active en Afrique, a dclar quelle tait dispose envisager des investissements sur le continent pour renforcer lintgration rgionale et la coopration Sud-Sud.

    ATTIRER LES INVESTISSEURS INSTITUTIONNELS

    Les investisseurs institutionnels ne sont pas trs reprsents dans les infrastructures africaines. Cependant, les fonds de pension et les fonds sou-verains pourraient tre importants (encadr 4.4),

    mais des rformes nationales et de nouveaux ins-truments financiers sont ncessaires pour les attirer.

    Obligations souverainesDes obligations souveraines sont mises par un nombre croissant de pays africains et dinstitutions para-tatiques. Celles-ci devraient tre potentiel-lement attrayantes pour les fonds de pension et les fonds souverains, mais les risques de march potentiels semblent freiner les investisseurs les plus rticents au risque. Certains partenaires au dve-loppement, comme lAgence Franaise de Dvelop-pement (AFD), dveloppent des instruments finan-ciers pour attirer cette classe dinvestisseurs. Dans le mme but, les partenaires au dveloppement cherchent des moyens de garantir ou dattnuer les risques lis aux projets pour attirer les investisse-ments institutionnels et les capitaux privs.

    ENCADR 4.3 Les pays africains ont emprunt des taux infrieurs ceux des conomies de la zone euro

    Les pays africains ont emprunt des taux infrieurs ceux de certaines conomies de la zone euro. Les rendements de la Zambie en 2012 ont t infrieurs ceux de lEspagne ; les taux du Nigria ont t infrieurs ceux de lIrlande. Parmi les principales missions obligataires :

    La Zambie a mis une euro-obligation de 750 millions de dollars sursouscrite 10 ans avec un rendement de 5,6% en septembre 2012, les fonds tant rservs un certain nombre de projets dinfrastructure.

    Le Nigria a fait ses dbuts sur le march obligataire en 2011 et est revenu avec une mission de 1 milliard de dollars en 2013. Les rendements ont t de 5 6% sur une mission quatre fois sursouscrite. Plus rcemment, le Nigria a mis des obligations internationales pour 300 millions de dollars, chant en 2022, assorties dun coupon de 5,625%.

    Le Rwanda a mis une obligation de 400 millions de dollars avec un coupon de 6,8% qui a t neuf fois sursouscrit en 2013, et une obligation infrastructurelle dune valeur de 15 milliards de francs Rwandais (200 millions de dollars) en 2015.

    Le Ghana a mis une euro-obligation de 750 millions de dollars en 2013, soit trois fois plus que le taux de sursouscription (7,8%). Le produit a t affect linvestissement en capital et la rduction de la dette publique. Au total, 22 394 transactions ont t effectues sur le march entre aot et dcembre 2015, la valeur des obligations atteignant 1,5 milliard de dollars et la valeur mensuelle moyenne des transactions avoisinant les 258 millions de dollars.

    Le Mozambique est entr sur le march pour la premire fois avec une obligation de 500 mil-lions de dollars sept ans mise par une agence finance par le gouvernement, avec un rende-ment de 8,5%.

    Le Gabon a lev 1,5 milliard de dollars dans le cadre dune mission deuro-obligations 10 ans sursouscrite et dun change de dette (2013).

    Source : http://www.cbonds.com/countries/.

    http://www.cbonds.com/countries/

  • F I N A N C E M E N T D E L I N F R A S T R U C T U R E E N A F R I Q U E 117

    ENCADR 4.4 Investisseurs institutionnels africains

    En Afrique, les actifs grs par les investisseurs institutionnels africains devraient passer de 670 milliards de dollars en 2012 1,8 billion de dollars dici 2020 (tableau 1).

    Les fonds de pension africains se sont dvelopps dans plusieurs pays, offrant une option viable pour le financement long terme. La croissance conomique de lAfrique avec lessor de la classe moyenne du continent, lapprofondissement des marchs financiers et les changements rglementaires qui amnent un plus grand nombre de personnes dans les filets de protection sociale a contribu lex-pansion de ces fonds de pension. Price Wate-rhouse Coopers estime que lactif sous gestion des caisses de retraite dans 12 marchs afri-cains atteindra environ 1,1 billion de dollars dici 2020, contre 293 milliards de dollars en 20081. Plus de la moiti de la croissance dmographique mondiale dici 2050 est attendue sur le conti-nent. Et la classe moyenne africaine devrait atteindre 1,1 milliard de personnes dici 2060, soit 42% de la population. Jusqu prsent, seulement 5 10% de la population dAfrique subsaharienne est couverte par un systme de pension (sauf en Afrique du Sud), loin des 80% de lAfrique du Nord.

    Si lon se fonde sur la taille des actifs en pourcentage du PIB, les trois principaux fonds de pension sont en Afrique du Sud (87%), en Namibie (77%) et au Botswana (47%). LAfrique du Sud a environ 258 milliards de dollars dactifs, mais la croissance est forte ailleurs sur le continent. Au Nigria, o des modifications rglementaires ont t mises en uvre en 2006, les fonds de pen-sion ont accumul plus de 30 milliards de dollars dactifs et le fonds de pension du Ghana a atteint 2,1 milliards de dollars en 2014. Les fonds de pension en Afrique ont gnralement investi massi-vement dans la dette intrieure. Le Nigria, la Tanzanie et lOuganda se concentrent sur les actifs revenu fixe, principalement des obligations dtat, tandis que le Botswana, la Namibie, lAfrique du Sud et le Swaziland investissent davantage en actions.

    La croissance des fonds souverains africains est due laugmentation importante des recettes provenant des matires premires, notamment dans les pays exportateurs de ptrole (Libye, Nigria et Tchad). Les fonds souverains africains grent 154 milliards de dollars dactifs, soit 2,1% des fonds grs par les fonds souverains au niveau mondial, et leur nombre est pass de 15 en 2011 21 en 20162. Environ 83% des actifs des fonds souverains africains proviennent des recettes ptrolires et 17% des produits miniers et autres matires premires. Selon lIE-SWFLab 2016, le Fonds Algrien de Rgulation des Revenus est le plus grand fonds fiduciaire en Afrique, avec des actifs de plus de 77 milliards de dollars, suivi par lAutorit Libyenne des Investissements, avec plus de 60 milliards de dollars3. En Afrique subsaharienne, le Fonds Pula du Botswana et le Ghana Petroleum Fund sont deux fonds bien grs qui ont fait leurs preuves en matire dinvestissement. Ces deux fonds cherchent prserver les revenus futurs et inves-tissent dans lconomie locale.

    Les compagnies dassurance africaines, troitement lies la croissance conomique, repr-sentent 1,6% du march mondial de lassurance. Par rapport au taux de pntration moyen de

    (suite)

    TABLEAU 1 DE LENCADR 4.4 Investisseurs institutionnels africains, projections jusquen 2020

    Catgorie dinvestisseurs

    2012 ($ milliards)

    2020 ($ milliards)

    Fonds de pension 300 1,100

    Socits dassurance 200 445

    Fonds souverains 170 300

    Total 670 1,845

    Source : Analyse base sur PwC Asset Manage-

    ment (2016) et Okpamen (2015).

  • 118 F I N A N C E M E N T D E L I N F R A S T R U C T U R E E N A F R I Q U E

    En Afrique, les actifs grs par

    les investisseurs institutionnels

    africains devraient passer 1,8 billion

    de dollars dici 2020

    Capital de dveloppementPlusieurs institutions financires de dveloppe-ment (IFD) cherchent promouvoir une approche de capital dveloppement, comme la CDC au Royaume-Uni, Norfund en Norvge et lAFD en France. Habituellement, il sagit de mener les pro-jets une clture du financement avec une stra-tgie de sortie planifie. titre dexemple, lAFD investit 664 millions de dollars en fonds propres sur cinq ans, avec un accent sur les producteurs dlectricit indpendants et les aroports. Par ail-leurs, la SFI sest engage hauteur de 413,3 mil-lions de dollars en 2016, avec des dboursements de 203 millions de dollars au secteur priv, y com-pris le financement par emprunt. Les projets com-prenaient des installations de tlcommunications ainsi que des installations de production et de distribution dlectricit, laccent tant mis sur les nergies renouvelables.

    PARTICIPATION PRIVE AU FINANCEMENT DES INFRASTRUCTURES EN AFRIQUE

    La participation prive dans linfrastructure (PPI) est largement considre comme une stratgie

    destine amliorer lefficacit des oprations, de lentretien et de la gestion long terme du cycle de vie des actifs (encadr 4.5). Elle peut se faire sous forme de PPP ou de mobilisation des capitaux privs partir de prts commerciaux (mme sils sont octroys des entits publiques telles que les EP) et via les marchs financiers (locaux et inter-nationaux). Pourtant, les chiffres concernant la PPI sont globalement bas.2 LAfrique subsaharienne a enregistr, en 2016, 11 projets infrastructurels pour un montant total de 3,3 milliards de dollars US, soit 5% des investissements PPI lchelle mondiale. Il sagit dune baisse de 48% par rap-port au total des investissements de 2015 et la moyenne quinquennale (6,4 milliards de dollars US pour les deux). Neuf oprations ont t ralises dans le secteur nergtique en 2016 contre deux dans celui des transports. LOuganda a eu quatre projets contre deux pour le Ghana et le Sngal. Les deux projets du Ghana Amandi Energy Power Plant (centrale lectrique de Amandi) et Tema Port Expansion (expansion du port de Tema) de 552 millions de dollars US et de 1,5 milliard de dollars US respectivement ont permis dinvestir 2,05 milliards de dollars US en 20163 ; pendant que lOuganda clturait quatre projets dun mon-tant total de 64 millions de dollars US (Encadr 4.6). En comparaison, la rgion comptait 24 projets

    ENCADR 4.4 Investisseurs institutionnels africains (suite)

    10% de lOCDE, les compagnies dassurance africaines ont un taux de pntration faible denviron 3,5% du PIB. Avec 46 milliards de dollars, lAfrique du Sud est le plus grand march de lassurance en Afrique (72%). Les autres marchs comprennent lgypte, le Maroc, le Kenya et le Nigeria.4

    Lindustrie de lassurance du continent continue de crotre malgr le rcent ralentissement co-nomique. Des compagnies dassurance de niveau mondial comme Axa et Allianz ont rcemment relanc leurs investissements sur le continent, couvrant certaines activits dassurance. Axa a rcemment acquis des compagnies dassurance locales au Nigria (Mansard) et en gypte (CIB) et considre lAlgrie comme un march potentiel.

    Notes1. PwC (2015).

    2. IESWLab (2016). Sovereign Wealth Funds 2016.

    3. Bien quon sattende une baisse considrable des actifs de ces deux fonds suite la chute des cours ptroliers.

    4. Sondage sur les rgimes dassurances en Afrique, 2017.

    Source : BAD, paratre.

  • F I N A N C E M E N T D E L I N F R A S T R U C T U R E E N A F R I Q U E 119

    Dautres partenariats entre les entreprises mondiales et des socits nationales deviennent de plus en plus frquents

    en 2015 dont 22 dans le secteur de lnergie, et 1 dans celui du transport et de leau.

    POSSIBLES NOUVEAUX MCANISMES DE FINANCEMENT POUR SOUTENIR LINFRASTRUCTURE AFRICAINE

    En dpit des dfis que pose le dveloppement dinfrastructures productives en Afrique, il y a des exemples de projets dinfrastructure exprimen-taux qui ont russi sur le continent et travers le monde. Nombre de ces mcanismes pourraient tre mis en uvre dans tous les pays africains, en tenant compte des circonstances conomiques spcifiques et des structures productives de leurs conomies.

    Les projets dinfrastructure en tant que classe dactifs pour attirer les investisseurs institutionnelsLa dette lie aux infrastructures na pas encore t largement considre comme une classe dactifs majeure par les investisseurs en Afrique. Mais cer-tains pays du continent utilisent un large ventail de mcanismes de financement pour soutenir les investissements dans linfrastructure, et celles des nouvelles approches qui ont fait leurs preuves

    devraient tre tendues. Cela inclut la cration dune classe dactifs dinfrastructure pour attirer les investisseurs institutionnels ainsi quune utili-sation accrue des garanties par le gouvernement ou par les IFD, ce qui peut rduire le risque peru par les acteurs du secteur priv et attirer ainsi des financements.

    Apprendre de lexprience dans le lancement de produitsLes dcideurs africains devraient galement tirer parti de lexprience que les institutions financires internationales ont acquise dans la conception et le lancement de produits financiers innovants visant mobiliser des sources internationales de financement pour les infrastructures (tableau 4.1).

    Des produits financiers innovants pour linfrastructureLes pays africains peuvent attirer de nouveaux financements dans linfrastructure soit par le biais de PPP, soit par le biais des marchs financiers locaux et internationaux. Lefficacit des dpenses publiques est un souci de plus en plus partag, et, en fonction de la situation macroconomique et des notations dun pays, des produits innovateurs sont proposs pour aider les pays en dveloppe-ment crer de nouvelles plateformes orientes vers les besoins des investisseurs institutionnels intresss par le financement des infrastructures.

    ENCADR 4.5 Renforcement des partenariats locaux et internationaux en Afrique

    En novembre 2013, la socit dnergie amricaine AES a acquis une participation majoritaire dans la Socit Nationale dlectricit du Cameroun. Dautres partenariats entre les entreprises mondiales et des socits nationales deviennent de plus en plus frquents : lors de la vague de privatisation au Nigria, qui a atteint un montant de 2,5 milliards de dollars en 2013, les entreprises locales qui avaient form des consortiums avec des acteurs trangers dont Siemens, Manille Electric, Symbion Power et KEPCO sont devenues les grands gagnants de la plupart des projets.

    En 2015, Meridiam a lanc le Meridiam Infrastructure Africa Fund, dot de 300 millions deuros, pour investir long terme dans les infrastructures africaines. Cette approche, et la capacit dagir comme un partenaire valeur ajoute pour les pouvoirs publics, est particulirement adapte au march africain. Le fonds se concentre sur les infrastructures nouvelles, tirant parti de lexpertise de Meridiam dans le dveloppement et la gestion de tels projets.

    Source : http://www.eib.org/products/lending/equity_funds/acp_equity_funds/meridiam-infrastructure-africa

    -fund; http://www.africaprogresspanel.org/publications/2017/.

    http://www.eib.org/products/lending/equity_funds/acp_equity_funds/meridiam-infrastructure-africa-fundhttp://www.eib.org/products/lending/equity_funds/acp_equity_funds/meridiam-infrastructure-africa-fundhttp://www.africaprogresspanel.org/publications/2017/

  • 120 F I N A N C E M E N T D E L I N F R A S T R U C T U R E E N A F R I Q U E

    Mais les exigences de solvabilit de Ble II et III reprsentent des contraintes pour certains acteurs financiers potentiellement intresss par des investissements dans les infrastructures.

    Titres obligataires du projet assortis dune option de venteLes obligations sont conues pour mobiliser les ressources des fonds de pension et dassu-rance-vie ainsi que des fonds souverains pour les PPP dans les conomies mergentes. Elles

    pourraient financer des fonds dinvestissement long terme du dbut la clture dun projet, vi-tant ainsi les risques lis au refinancement. Elles serviraient pour le financement de nouveaux pro-jets. Pour faciliter le financement long terme, une BMD pourrait fournir une option de vente aprs la priode de construction et de dmarrage et rece-voir une prime de garantie. La BMD assumerait les risques lis la construction et au dmarrage de manire faciliter le financement, avec des prts commerciaux en complment, le cas chant.

    ENCADR 4.6 Partenariats publicpriv dans linfrastructure africaine

    Le nombre de PPP en Afrique est infrieur celui des autres rgions en dveloppement.1 LAfrique a enregistr 17 oprations en matire dinfrastructures pour un total de 4,18 milliards de dollars US en 2016, un montant nettement infrieur aux 11,4 milliards de dollars US obte-nus en 2013 pour 29 projets (Figure 1). Onze oprations ont concern lnergie en 2016, deux avaient trait au transport et une portait sur les tlcommunications.

    Les PPPS peuvent galement servir au financement des infrastructures abandon-nes. Dans certains cas, les risques lis ces actifs dj construits ont effectivement t grandement attnus. Un actif totalement op-rationnel peut tirer profit dune gestion prive afin daccrotre son efficacit et son efficience, ou obtenir des capitaux privs pour faire des rhabilitations majeures, des mises niveau ou des extensions. Les banques multilatrales de dveloppement (BMD) peuvent vouloir redou-bler defforts pour : Identifier un stock dactifs o une participation prive permettrait damliorer la gestion, la tech-

    nologie ou les services. valuer si le financement public peut amliorer loffre publique dactifs infrastructurels et attirer

    les investisseurs institutionnels locaux. Identifier des actions complmentaires renforcer la supervision, la lgislation et la rglemen-

    tation institutionnelles qui permettent de librer des actifs mis au rebut.

    Note1. Voir Rapport annuel 2017 de la base de donnes PPI de la Banque Mondiale (Mise jour de janvier-juin,

    p.6) ; et Arezki et Coll (2017).

    FIGURE 1 DE LENCADR 4.6 Investissements PPP en Afrique, 20122016

    Investissement (US$ milliards)

    0

    5

    10

    15

    20162015201420132012

    nergie Transport Eau et assainissementTechnologie de l'information et de la communication

    Source : Banque mondiale, 2017c.

  • F I N A N C E M E N T D E L I N F R A S T R U C T U R E E N A F R I Q U E 121

    Pour rendre la structure bancable, les obliga-tions doivent tre classes investment grade. Supposons quun investisseur institutionnel ayant un intrt pour les investissements long terme ait achet une obligation 20 ans (en supposant 3 ans pour la construction, 2 ans pour le dmar-rage et 15 ans pour lexploitation), avec le prin-cipal et les intrts garantis par la BMD. Aprs

    cinq ans, linvestisseur disposerait dune option de vente pour vendre lobligation la BMD, condition que les projets ne respectent pas les conditions minimales spcifiques (dclencheurs) prdfinies, telles que le bon achvement de la construction, des ratios de couverture minimum, et des conditions de notation de crdit minimum. La BMD dtiendrait une obligation de ce type et

    TABLEAU 4.1 Exemples de projets en Afrique

    Description du projet Risques critiques et mesures pour y remdier

    Projet dnergie olienne du lac Turkana (Kenya)

    Le cot total du projet, estim 680 millions de dollars US, comprend le cot de la ligne de transmission de 400 km prvue du lac Turkana la sous-station de Susua prs de Nairobi, ainsi que le cot de lamlioration de 200 km de routes et de ponts.

    Le projet sera financ par une dette sur fonds propres (25%), une dette mezzanine (5%) et une dette senior (70%).

    Le projet a fait preuve dinnovation dans la gestion du risque de liquidit (par une combinaison de lettres de crdit et darrangements de compte bloqu).

    Structure de PPP pour la production (secteur priv) et ligne de transmission de 428 km (secteur public).

    Le Fonds africain de dveloppement a appliqu sa premire garantie partielle du risque la ligne haute tension pour attnuer le risque de retard de construction de la ligne (qui serait sinon couvert par des obligations de paiements pour retard pays par le gouvernement kenyan la socit du projet et ses prteurs).

    La BAD a utilis sa structure de Prt-B, permettant aux banques participantes de bnficier de son statut de crancier privilgi.

    La Banque europenne dinvestissement, bnficiant dune garantie de lAgence danoise de crdit lexportation (couverture politique et commerciale) et de la garantie de deux banques sud-africaines Standard Bank of South Africa et Nedbank Limited (couverture commerciale), pourrait lever jusqu 200 millions deuros au profit du projet.

    Le recours au Fonds daffectation UE-Afrique pour les projets dinfrastructure (qui associe les fonds dinstitutions de financement de dveloppement et les subventions de la Commission Europenne) a jou un rle crucial pour combler le dficit de fonds propres.

    Projet hydrolectrique du PIE de Bujagali, Ouganda (250 MW)

    Il sagit dun contrat de construction, de proprit et dexploitation de Bujagali Electricity Limited, dont les promoteurs sont Industrial Promotion Services (Kenya) Limited et SG Bujagali Holdings Ltd, une filiale de Sithe Global Power, LLC (tats-Unis). Le total des besoins de financement slve 798 millions de dollars US.

    La structure a mobilis les prteurs commerciaux en offrant une amlioration des termes du crdit et une approche groupe.

    La facilit de crdit consiste en un prt commercial de 115 millions de dollars US, consenti par Standard Chartered et Absa Bank, couvert par une garantie de risque partielle de la Banque mondiale.

    Le reste du financement provenait dautres institutions multilatrales, comme la SFI, qui a engag 130 millions de dollars US de prts, la Banque europenne dinvestissement, qui a prt 140 millions de dollars US, et la BAD, 110 millions de dollars US. Le financement europen des IFD comprend lAgence franaise de dveloppement Proparco, avec un prt de 73 millions de dollars US, la DEG/KfW dAllemagne avec 45 millions de dollars US et le financier nerlandais FMO avec 73 millions de dollars US. Tous les prts de premier rang ont une maturit de 16 ans, avec 627 millions de dollars US financs par la dette et 171 millions de dollars US par des capitaux propres. Le ratio dette/capitaux propres est denviron 78:22. La MIGA a fourni une garantie dinvestissement en actions pouvant atteindre 115 millions de dollars US sur 20 ans.

    Obligations en monnaie locale de la Namibie

    La SFI a lanc la premire obligation dun metteur non rsident sur les marchs financiers namibiens, levant 180 millions de dollars namibiens (12 millions de dollars US) pour le dveloppement du secteur priv.

    Lobligation cinq ans est nomme Namib ( vaste espace ) en rfrence au dsert le plus ancien du monde.

    La structure cherche dvelopper systmatiquement les marchs de capitaux locaux en crant des oprations de rfrence pour les obligations sur le march national. Les revenus qui en dcoulent servent soutenir les entreprises prives qui nauraient pas accs aux capitaux long terme libells en monnaie locale.

    Lobligation fait partie dun programme dmission de billets moyen terme enregistr auprs de la Bourse de Namibie qui permet la SFI dmettre jusqu 10 milliards de dollars namibiens (environ 650 millions de dollars US) en obligations sur le march intrieur.

    La SFI investit les revenus de lobligation pour soutenir le dveloppement priv en Namibie. Le rendement des obligations est de 9,812% par an.

    Standard Bank et IJG Securities (Paty) Ltd sont les principaux responsables de lmission dobligations. IJG Securities est galement lagent change caution de la transaction, tandis que Standard Bank et Transfer Secretaries (Pty) Ltd sont des agents fiscaux.

    Garantie de laccs des entreprises publiques aux marchs des capitaux : Kenya Power and Lighting Company

    Fournir aux entreprises publiques un accs aux marchs des capitaux rduit les cots de refinancement.

    La facilit de restructuration de la dette fait partie dun nouveau financement commercial de 500 millions de dollars US visant refinancer la dette existante de KPLC avec un prt dune dure beaucoup plus longue et avec un taux dintrt plus bas.

    Une garantie de prt de 200 millions de dollars pour assumer le service de la dette de KPLC dans le cadre dune facilit de prt syndiqu de 500 millions de dollars US.

    En fin de compte, la situation financire de KPLC sera renforce avec prs de 180 millions de dollars US conomiss grce la restructuration de la dette.

    Garantie signe en 2015, dune dure de 10 ans.

  • 122 F I N A N C E M E N T D E L I N F R A S T R U C T U R E E N A F R I Q U E

    Certains pays du continent utilisent un large ventail de mcanismes de financement

    pour soutenir les investissements

    dans linfrastructure

    soutiendrait le projet pour quil remplisse ses obli-gations de performance, et pourrait ensuite envi-sager nouveau de vendre lobligation aux fonds de pension. Seuls les projets qui sont solides, co-nomiquement viables et conformes la stratgie dassistance-pays de la BMD seront considrs.

    Structure des obligations non garantiesLide de base est quune BMD fournisse des prts flexibles court terme aux gouvernements pour leur permettre dacheter des obligations non garanties ou des obligations convertibles afin de financer les phases initiales dun projet. Les obligations non garanties seraient mises par une Entit vocation spciale (EVS) contrle par des intrts privs pour construire et exploi-ter linfrastructure et financer la phase initiale du projet. Aprs la construction et aprs la disparition de certains des risques initiaux, le gouvernement vendrait sur le march les obligations non garan-ties et utiliserait les fonds obtenus pour rembour-ser la BMD. Le gouvernement pourrait bnficier de tout succs particulier enregistr par les pro-jets, si les obligations sont convertibles.

    Les avantages de lapproche propose sont quadruples. Elle minimise les cots de finance-ment globaux (et les subventions du gouverne-ment) parce quelle utilise le financement intri-maire du gouvernement dans la phase la plus coteuse du point de vue du secteur priv. Elle maximise limplication du secteur priv puisque tout le financement en viendrait (ce qui serait une incitation une plus grande efficience dans les oprations). Elle soutient le dveloppement du march des capitaux dans le pays daccueil. Et elle minimise lutilisation du capital des BMD, puisque le prt pour le financement des obliga-tions non garanties serait relativement court terme (3 4 ans, contre plus de 15 ans pour les prts aux projets normaux).

    La BMD aiderait le gouvernement concevoir la facilit de financement des infrastructures, ainsi qu structurer linstrument financier (obligation non garantie ou lobligation convertible), et lEn-tit vocation spciale. Cela rduirait galement le risque du refinancement en offrant une flexibi-lit dans le prt, permettant au gouvernement de choisir le moment optimal pour faire flotter lobli-gation non garantie ou lobligation convertible.

    Accords de PPP long terme bass sur les rsultatsCette structure intgre des arrangements bass sur les rsultats. Laide base sur les rsultats (OBA)4 est une stratgie de financement des fonds publics destins soutenir la fourniture du service de base lorsque des proccupations politiques justifient un financement public pour complter ou remplacer les redevances dutili-sation. Le paiement nest gnralement effectu une fois quun rsultat prconvenu a t atteint. Dans le modle propos, le concdant conclut un accord de PPP avec le promoteur. Le promo-teur sengage atteindre les objectifs de perfor-mance spcifis dans laccord de PPP et reoit un financement pour les dpenses en capital qui provient des marchs de capitaux commerciaux. Les recettes de redevances alimentent le flux de trsorerie du promoteur. Elles sont utilises pour couvrir les dpenses dexploitation et de mainte-nance, le remboursement de la dette et le finan-cement des dpenses dinvestissement, le solde tant conserv titre de bnfice. Les recettes de redevances sont compltes par des paiements faits par un fonds de subventions, qui doit payer sur la base de la production. Cela pourrait sappli-quer des secteurs tels que llectricit ou leau et les eaux uses.

    Le fonds de subvention pourrait tre financ par une IFI. La subvention, base sur un niveau de production prdfini qui incite le promoteur fournir le produit, est verse dans un fonds administr sous forme de compte bloqu neutre, contrl par un auditeur indpendant qui confirme la prestation de services. La dette contracte par le fonds de subvention serait de la responsabilit du concdant.

    Le principal avantage de lintroduction des subventions bases sur les rsultats est de limiter pour le promoteur lobligation de recouvrer tous ses cots (dpenses dexploitation et de mainte-nance, remboursement de la dette, financement des investissements et bnfices) par le biais des redevances et des frais de raccordement (enca-dr 4.7).5 Les tarifs peuvent rester bas, et le pro-moteur peut obtenir le recouvrement intgral des cots et, dans certains cas, un retour sur inves-tissement. Les rsultats prdfinis lis aux incita-tions peuvent avoir les caractristiques suivantes :

  • F I N A N C E M E N T D E L I N F R A S T R U C T U R E E N A F R I Q U E 123

    Le modle de concession de type OBA devrait tre utilis lorsque les promoteurs ne peuvent pas fixer les tarifs au niveau ncessaire pour atteindre le recouvrement intgral des cots

    La fourniture daccs au service est dfinie comme la fourniture de connexions en tat de marche dmontre travers une facture deau paye. Dans ce cas, le cot total ou partiel de la connexion est pay par le fonds de subven-tion sur la base de chaque nouvelle connexion. Un avantage supplmentaire est la responsa-bilit accrue qui accompagne ce systme, car les clients peuvent surveiller les performances du promoteur sur la base de la fourniture des connexions.

    Le fait que la subvention soit verse au promo-teur en proportion de la facture du client repr-sente une incitation amliorer et tendre les capacits de facturation et rduire la consommation deau non facture. De cette faon, la subvention est paye la mme fr-quence quun client est factur, ce qui incite le promoteur augmenter la quantit deau factu-re et amliorer la prestation de services. Un autre avantage est la transparence offerte aux clients qui peuvent voir le niveau de subvention sur leur facture.

    Ce systme reprsente une assurance pour les prteurs commerciaux quant aux risques rglementaires et politiques lis au rembour-sement de la dette, puisque la subvention est lie aux rsultats et est paye directement aux prteurs commerciaux.

    Une incitation purer les eaux uses base la subvention sur le volume deaux uses traites.

    Le modle de concession de type OBA devrait tre utilis lorsque les promoteurs ne peuvent pas fixer les tarifs au niveau ncessaire pour atteindre le recouvrement intgral des cots (pour des raisons politiques ou sociales), et lorsque les risques politiques et rglementaires ne sont pas une menace pour le projet et peuvent tre grs facilement. Un agent de vrification indpendant sassure que le rsultat prdfini a t atteint, de manire donner au promoteur une assurance sur le niveau des revenus et ainsi amliorer la bancabilit du systme dans son ensemble,6 et aussi pour viter les conflits entre le concdant et le promoteur. Mme dans ce cas, il faudra pr-voir des dispositions qui permettent dadapter ou de rengocier les contrats afin de pouvoir tenir compte des changements qui navaient pas t anticips par les hypothses initiales de laccord de PPP, notamment les indexations tarifaires et les examens priodiques ou durgence.

    INSTITUTIONS FINANCIRES

    Nouvelle initiative infrastructurelle de lIFCLe Managed Co-Lending Portfolio Program (MCPP), le premier portefeuille de ce type, vise augmenter la capacit de la SFI mobiliser lem-prunt par les investisseurs institutionnels afin de

    ENCADR 4.7 Mozambique : Utiliser des subventions pour renforcer la bancabilit

    Entre 1999 et 2007, deux projets nationaux dans le domaine de leau ont port le taux daccs leau 37% dans les grandes villes de Maputo, Beira, Nampula, Quelimane et Pemba. Ils ont galement permis de renforcer les institutions du secteur et le cadre rglementaire. De plus, ils ont permis de tester le cadre de gestion dlgue, qui spare les actifs des oprations, sous-traite la gestion des oprations des oprateurs privs, et supervise un organisme de rglementation. Ils visent galement assurer le recouvrement intgral des cots par le biais des redevances, sans inclure toutefois les cots de connexion.

    Le Partenariat mondial pour laide base sur les rsultats a fourni 6 millions de dollars US des-tins aux mnages pauvres qui nont pas les moyens de payer les frais de connexion. Les frais dinstallation dune connexion varient denviron 160 plus de 240 dollars. Cette subvention fonde sur les rsultats a encourag les mnages pauvres demander des connexions.

    Source : Mandri-Perrott et Stiggers (2009).

  • 124 F I N A N C E M E N T D E L I N F R A S T R U C T U R E E N A F R I Q U E

    soutenir le dveloppement des infrastructures dans les marchs mergents. Il permettra : De remdier aux contraintes de capacit des

    investisseurs institutionnels en exploitant les comptences de lIFC en termes dlaboration, de structuration et de gestion dun portefeuille de projets infrastructurels bancables ;

    De fournir aux investisseurs institutionnels un portefeuille suffisamment large et diversifi par le biais dune syndication de portefeuille avec un bon rapport cot-efficacit ;

    Damliorer les termes de crdit travers la prise en charge par la SFI dune pre-mire tranche de perte afin de crer un profil risque-rendement de premire qualit, per-mettant ainsi dliminer une contrainte cl en termes de capital.

    La structure du fonds repose sur un partena-riat conclu avec les grants privs pour que la SFI soutienne les nouveaux vhicules de dettes des infrastructures prives. Chaque vhicule investira dans des prts infrastructurels labors par lIFC et syndiqus via la plateforme du programme, en sassurant de rpondre aux exigences commer-ciales et rglementaires des grands investisseurs institutionnels. Il est intressant de remarquer que les investissements de la SFI seront en situa-tion de premire perte, subordonns aux autres investisseurs confirms, ce qui cre pour ceux-ci un profil risque-rendement de premire qualit. Chaque investissement de lIFC dune valeur de 1 dollar permettra de soutenir un investissement supplmentaire de 8 10 dollars par une tierce partie. La diversification naturelle fournie par le

    TABLEAU 4.2 Actifs et ambitions dinvestissements potentiels dans les infrastructures africaines

    Institution

    Actifs en gestion

    (en billions de dollars)

    Horizon de placement

    Propension au risque

    Objectif dinvestissement Risques et contraintes

    Banque commerciale

    40,2 Court terme Faible moyenne Faire des marges nettes dintrts

    Risque de non-concordance de la gestion actif-passifRenforcement de lenvironnement rglementaire : BLE III

    Promoteur dinfrastructures

    3,4 Court terme leve Prendre part au projet en tant que participant

    Capital limit pour investir long terme

    Assurance non-vie

    s.o. Court terme Moyenne Faire face aux cots de financement des engagements calculs par des actuaires

    Risque de non-concordance de la gestion actif-passifRenforcement de lenvironnement rglementaire : International Financial Reporting Standards (IFRS) II, Solvabilit II

    Infrastructures et fdration des fonctionnaires

    2,7 Dpend des caractristiques du fonds

    leve Maximiser la richesse des bnficiaires

    Problme de liquidits d au rachat du bnficiaire

    Socit dinvestissement

    29,0 Court moyen terme

    Dpend du mandat des fonds

    Maximiser les retours de lentreprise

    Problme de liquidits d au rachat du bnficiaire

    Assurance vie et pension prive

    26,5 Long terme Moyenne Faire face aux cots de financement des engagements calculs par des actuaires

    Risque de non-concordance de la gestion actif-passifRenforcement de lenvironnement rglementaire : International Financial Reporting Standards (IFRS) II, Solvabilit II

    Pension publique 10,9 Long terme Moyenne Faire face aux cots de financement des engagements calculs par des actuaires

    Risque de non-concordance de la gestion actif-passifRisque de longvit en accroissement

    Fonds souverain 6,3 Long terme Moyenne leve Maximiser les fonds souverains

    Problme daccord du mandat du gouvernement

    Fonds de dotation et fondation

    1,0 Long terme leve Maximiser la richesse des bnficiaires

    Prsence possible de mandats nautorisant pas les investissements dans les conomies mergentes ou en dveloppement

  • F I N A N C E M E N T D E L I N F R A S T R U C T U R E E N A F R I Q U E 125

    Les gouvernements peuvent diriger linvestissement en priorit dans les projets avec les taux de rentabilit conomique et sociale les plus levs

    portefeuille de la SFI, couple un portefeuille de premire perte innovant, permet la SFI de rehausser le crdit des investisseurs confirms au rang dinvestissement.

    Valeur foncire et dveloppement immobilierLe concept de valorisation foncire fait rfrence aux mcanismes qui montisent laccroissement de la valeur des terres qui se trouvent autour des projets dinfrastructures publics. Par exemple, lors de la construction dun rseau de mtro, le dveloppement immobilier autour des stations illustre bien lexternalit positive qui rsulte des investissements dans les transports. Un mca-nisme de financement qui peut apparatre lors de la planification des projets ferroviaires est ce quon appelle un droit arien , lorsquun promoteur, travers la proprit ou la location dun terrain (ou dun btiment), obtient le droit dutiliser et dam-nager un espace vide au-dessus de la proprit. Construire au-dessus de rails, de quais, de dpts ou de stations peut savrer trs rentable, comme on a pu le voir lors de la construction de plusieurs rseaux de mtro. Plusieurs projets de mtro ont internalis la valeur du dveloppement immobilier pour compenser les pertes dexploitation rsul-tant de linsuffisance des revenus gnrs par la vente des billets. New York, par exemple, la Metropolitan Transportation Authority a vendu des droits ariens aux Jets de New York pour quils construisent un stade au-dessus des voies, prs de Penn Station. Dautres projets de rseaux de transports comme le bus ou le train lger ont reu des financements initiaux (fonds propres ou sub-ventions) de promoteurs locaux dont les autres investissements tirent profit de la cration de nouveaux services de transport. Les promoteurs immobiliers ont galement activement particip des consortiums privs. Par exemple, la Tanayong Company, un des principaux promoteurs immo-biliers thalandais, a particip la construction du Skytrain de Bangkok.

    Toutefois, le dveloppement immobilier nest pas lunique solution pour financer les infrastruc-tures et ne devrait pas se substituer des modes de financement fiables. La planification des projets dinfrastructures doit mettre laccent sur la cration de services de transports intelligemment conus

    et de haute qualit, et non sur la construction de nouveaux centres commerciaux. Une dpen-dance trop importante sur les revenus de projets immobiliers connexes risque rduire le niveau din-vestigation sur le fonctionnement du systme et les prestations de service. Dans certains cas, les partenaires de projets dont les intrts reposent essentiellement sur limmobilier peuvent agir avec un systme dincitation contraire au bien public et promouvoir des projets dinfrastructures sans prendre en compte les critres propres une bonne planification des systmes de transport.

    RECOMMANDATIONS POLITIQUES

    Les pays devraient mieux tirer avantage des fonds publics et des investissements en infrastructure, tout en encourageant la participation du secteur priv. Nanmoins, les diffrents stades de dve-loppement des pays africains impliquent que les approches politiques soient spcifiques chaque pays.

    Renforcer la gouvernance et le cadre institutionnelLes gouvernements africains vont demeurer les principaux acteurs pour le financement, la mise en place du cadre institutionnel et rglementaire, et la mise en uvre des politiques de relance des investissements productifs. Le financement priv des infrastructures continuera, selon toute vraisemblance, ne reprsenter quune petite part des dpenses mondiales consacres aux infrastructures, qui est estime entre 5 et 10%. Tous les projets dinfrastructure ne se prtent pas la formule des PPP, et les obstacles rgle-mentaires entravent une plus grande participation des investisseurs institutionnels. Dautre part, il nest pas ncessaire dinvestir dans de nouvelles infrastructures pour quun pays puisse disposer des infrastructures essentielles la croissance conomique. Dune part, les gouvernements peuvent optimiser lutilisation des infrastructures existantes en rduisant les inefficacits et le gas-pillage, et dautre part ils peuvent diriger linves-tissement en priorit dans les projets avec les taux de rentabilit conomique et sociale les plus

  • 126 F I N A N C E M E N T D E L I N F R A S T R U C T U R E E N A F R I Q U E

    Les gouvernements devraient mettre

    en place des institutions

    capables de grer efficacement le dveloppement

    de nouvelles infrastructures,

    avec en particulier des mcanismes

    de financement autonomes

    levs. Des dispositifs institutionnels efficaces sont donc essentiels pour grer efficacement la complexit des tches de planification, concep-tion, coordination, dveloppement, mise en uvre et contrle des projets.

    Afin damliorer lefficacit de linvestissement, les gouvernements devraient galement prter attention au volet immatriel du dveloppement des infrastructures savoir les questions poli-tiques et rglementaires, lducation et la forma-tion des quipes impliques dans le financement de linfrastructure, ainsi que la veille sur les der-nires volutions du secteur. Un appui immatriel au secteur des transports pourrait inciter les pou-voirs publics adopter une approche multimo-dale dans leur effort pour intgrer les rseaux de transport, liminer les obstacles tarifaires et non tarifaires au commerce, faciliter la circulation des personnes et des marchandises entre les pays et mettre en place un cadre rglementaire capable de dcourager la formation de monopoles et de cartels. Environ 75% des dlais dattente aux frontires sont causs par des contraintes lies la facilitation des changes commerciaux, et seulement 25% sont lis aux infrastructures matrielles.7

    Se concentrer sur lentretien et la productivit des infrastructuresLe manque dentretien est responsable dune grande partie des pertes en infrastructures. Mme quand les projets dinfrastructure sont ra-liss avec un grand soin, le manque dentretien va entraner une dtrioration rapide. En Afrique, il est courant de trouver des centrales lectriques ayant perdu une partie de leur capacit de pro-duction, des conduites deau brises accidentelle-ment ou intentionnellement, ou des routes paves devenues inutilisables. Dans un pays africain type, environ 30% des infrastructures ont besoin dtre rhabilites, principalement les infrastruc-tures rurales et les infrastructures dans les pays en conflit.8 Un entretien rgulier peut prvenir les dtriorations et empcher que des dpenses plus importantes soient engages dans des rpa-rations importantes, la rhabilitation ou mme la reconstruction des infrastructures. Linvestisse-ment pour rduire les pertes dans le transport et la distribution de llectricit et de leau reprsente

    moins de 3% du cot que reprsenterait la mise en place de nouvelles infrastructures dune capa-cit quivalente.9 Dpenser 1$ pour lentretien des routes permet de raliser une conomie de 4$.10 Si les pays africains avaient dpens 12 milliards de dollars de plus pour la rfection des routes dans les annes 1990, ils auraient conomis 45 mil-liards de dollars en cots de reconstruction.11

    Les gouvernements devraient mettre en place des institutions capables de grer efficacement le dveloppement de nouvelles infrastructures, avec en particulier des mcanismes de financement autonomes. Une partie des taxes sur les carbu-rants pourrait tre verse un fonds dentretien routier, et une taxe sur la consommation dnergie pourrait tre affecte lentretien des systmes de transport et de distribution de lnergie. De faon plus gnrale, les recettes provenant des taxes sur les infrastructures pourraient servir financer de nouvelles infrastructures, y compris des coles et des hpitaux. Ce que les gouvernements doivent viter de faire, cest de mettre en place un fonds dentretien qui soit approvisionn partir du budget annuel de ltat, car des considrations politiques pourraient vite aboutir une restriction ou une suppression de cette ligne budgtaire.

    Adopter une approche pragmatique dans la priorisation stratgique des infrastructuresLes projets dinfrastructure sont parmi les investis-sements les plus rentables quun pays puisse ra-liser. Quand ces infrastructures sont productives, elles contribuent soutenir la croissance cono-mique du pays, et par ricochet elles permettent de dvelopper les ressources financires ncessaires pour lensemble des politiques poursuivies. Mais souvent, soit les gouvernements entreprennent trop la fois et, en fin de compte, ralisent peu, soit ils mettent la priorit sur les mauvais sec-teurs et industries et consacrent leurs ressources financires, administratives et humaines, qui sont limites, des activits peu comptitives qui ne peuvent gnrer les ressources ncessaires pour soutenir le dveloppement.

    Chaque anne, lAfrique collecte environ 500 milliards de dollars de recettes fiscales, reoit 50 milliards de dollars daide trangre et 60 milliards de dollars de transferts de la

  • F I N A N C E M E N T D E L I N F R A S T R U C T U R E E N A F R I Q U E 127

    Lapproche la plus efficace consiste construire les infrastructures dans des zones conomiques spciales (ZES) et des parcs industriels

    diaspora (remittances), et bnficie de 59 mil-liards de dollars dIDE. Il est peu probable que ces chiffres augmentent rapidement moyen terme. tant donn que le continent peine financer ses besoins en matire dducation, de sant, de scurit et autres priorits, il est improbable quil puisse dgager les ressources ncessaires pour financer un budget annuel dinfrastructures de 130 170 milliards de dollars. Le dficit din-frastructures de lAfrique ne va donc pas tre rgl rapidement, en particulier dans un monde o la technologie est en constante volution.

    Les besoins de financement des pays post-conflit ou en transition peuvent atteindre jusqu 37% du PIB, un niveau impossible financer pour nimporte quel gouvernement.12 En Rpublique dmocratique du Congo (RDC), la moiti des infrastructures ont besoin dtre rhabilites. En Libye et en Somalie, aprs des annes de conflit et dinstabilit politique, il se peut que les dvelop-pements des infrastructures ncessitent une stra-tgie radicalement diffrente de celle des autres pays africains. Enfin, la capacit attirer des financements privs pour des projets dinfrastruc-ture varie largement dun pays un autre. Par exemple, sur les 39 milliards de dollars de projets de PPP en Afrique en 20122016, les pays faible revenu nont reu que 4% des fonds allous.

    Laccs universel des infrastructures de qualit ne peut tre quun objectif long terme. Tenter dy parvenir avec des ressources limites a conduit les gouvernements trop dpenser sur des projets faible rendement conomique qui ont eu un faible impact sur la croissance indus-trielle et la cration demplois.

    Toutefois, les pays africains nont pas besoin de rsoudre tous leurs problmes dinfrastruc-ture avant de pouvoir parvenir une croissance durable et inclusive. Ils devraient plutt se concen-trer sur la meilleure faon dutiliser leurs faibles budgets dinfrastructures pour atteindre les ren-dements conomiques et sociaux les plus levs. Les rendements conomiques varient selon les types dinfrastructure, et les gains conomiques les plus importants sont obtenus avec les inves-tissements visant accrotre dabord la capacit de production dlectricit, puis la densit tl-phonique et enfin la longueur des routes.13 Le secteur de lnergie est le plus susceptible davoir

    un impact fort14 et aussi le plus susceptible dat-teindre un taux de rendement social lev.15 En revanche, pour les pays enclavs, ce sont les investissements dans les liaisons vers les pays portuaires qui peuvent avoir les meilleurs taux de rendement, car celles-ci dterminent souvent la structure des cots pour les autres types din-frastructure. Ainsi, Kigali, au Rwanda, les cots de transport peuvent reprsenter 40% du cot des matriaux de construction.

    Une planification stratgique qui tient compte de la situation du pays, ainsi que de son avan-tage comparatif dans des secteurs spcifiques, peut aider les gouvernements faire des choix difficiles. La priorit devrait tre accorde aux activits productives, telles que lindustrie manu-facturire, qui peuvent conduire une croissance inclusive par la cration demplois. Telle est la prin-cipale leon que lon peut tirer de lhistoire co-nomique, et plus particulirement de celle de la Chine. Lorsque la Chine a amorc sa croissance spectaculaire de 9,6% par an en moyenne pen-dant 38 ans (19792017), ses dirigeants taient bien conscients que le stock dinfrastructures du pays tait faible, plus faible encore que celui de lthiopie ou de la RDC aujourdhui. Ils se sont galement rendu compte quils nauraient jamais assez de ressources financires et de capacits administratives pour construire dans tout le pays des routes, des autoroutes, des chemins de fer, des ports et des aroports, ou pour favoriser lin-terconnexion rgionale avec les pays voisins (prin-cipalement pauvres).

    La seule solution sense consistait bien dfi-nir leurs priorits et identifier les zones gogra-phiques o une infrastructure de haute qualit tait ncessaire pour soutenir une industrie manu-facturire lgre. Quelques russites rapides dans ces industries, secteurs et zones bien cibls ont permis de dgager des ressources pour finan-cer des projets dinfrastructure dans dautres rgions du pays. Rsultat ? La Chine est en posi-tion aujourdhui de lancer presque nimporte quel projet dinfrastructure dont son conomie pourrait avoir besoin. La stratgie pragmatique de priori-sation et de cblage des industries a galement permis la Chine, dans un premier temps, de construire linfrastructure essentielle dont son conomie avait besoin au fur et mesure quelle

  • 128 F I N A N C E M E N T D E L I N F R A S T R U C T U R E E N A F R I Q U E

    Les pays africains devraient tous

    adopter des cadres juridiques et rglementaires

    efficaces, y compris des lois pour les PPP

    passait dun niveau de dveloppement un autre, et dans un deuxime temps, dtre aujourdhui en mesure de financer des projets dinfrastructure partout dans le monde.

    Remdier au dficit dinfrastructures dans les zones conomiques spciales et les parcs industrielsPour stimuler le dveloppement dindustries com-ptitives, lapproche la plus efficace consiste construire les infrastructures dans des zones conomiques spciales (ZES) et des parcs indus-triels pour favoriser la cration de grappes dans des secteurs et des zones spcifiques. Grce la diffusion des savoir-faire, la mutualisation de la main duvre, les transferts de technologie et la proximit des fournisseurs spcialiss, les grappes suscitent des effets dagglomration qui produisent des externalits positives pour les entreprises.

    Parce quils crent un environnement juridique, rglementaire et institutionnel favorable et four-nissent toutes les infrastructures ncessaires, les parcs industriels attirent les IDE, crent des emplois et gnrent des exportations. Lamliora-tion de lenvironnement des entreprises en Afrique est une recommandation qui a t faite depuis des dcennies, mais les entreprises africaines sont toujours entraves par des cadres rgle-mentaires inadquats, des pnuries dans lappro-visionnement en nergie, de mauvais systmes de distribution et un accs insuffisant au finance-ment. La fourniture dinfrastructures adquates et la simplification des systmes de rglementation que permet un parc industriel peuvent favoriser le dveloppement du secteur priv et la cration demplois.16

    partir de 1978, la Chine avait dvelopp des parcs industriels pour relancer son dveloppe-ment conomique. Les parcs ont galement t utiliss dans le monde entier avec des degrs de succs variables. LAfrique les utilise depuis les annes 1970, avec des rsultats mitigs. Pour tirer les leons de ces expriences, les pays afri-cains doivent identifier les facteurs dterminants du succs et de lchec des premires ZES. Une vaste littrature a explor les facteurs de succs des parcs industriels et la manire damliorer leur performance en Afrique.17 Aprs lle Maurice,

    plusieurs pays africains lthiopie, le Ghana et le Maroc ont cr des parcs industriels qui gnrent dexcellents rsultats en matire de dveloppement.

    Mobiliser les ressources nationales par le biais de subventions bien cibles et dune perception rigoureuse des redevancesPour financer leurs projets dinfrastructure, plu-sieurs pays africains ont mis des titres demprunt en devises fortes par le biais des partenaires au dveloppement ou des euro-obligations. Ces ins-truments alourdissent la dette et restreignent les investissements futurs en capital, surtout si ces fonds ne sont pas employs judicieusement pour des projets dinvestissement permettant dac-crotre la capacit de production du pays. Les pays africains peuvent utiliser dautres moyens pour relever leur financement sans compromettre la stabilit macroconomique, notamment en amliorant llaboration et la mise en uvre des politiques et en demandant aux utilisateurs de services de contribuer davantage. travers le continent, les tarifs de llectricit et de leau ne refltent toujours pas les cots, ce qui est encore aggrav par la sous-facturation et les branche-ments illgaux. Sil est important de garantir lac-cs des mnages faible revenu llectricit, il faut rduire le niveau des subventions en le